Test Blu-ray / Doom, réalisé par Andrzej Bartkowiak

DOOM réalisé par Andrzej Bartkowiak, disponible en Blu-ray depuis le 16 février 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Dwayne Johnson, Karl Urban, Rosamund Pike, Deobia Oparei, Ben Daniels, Razaaq Adoti, Richard Brake…

Scénario : Dave Callaham & Wesley Strick, d’après le jeu vidéo Doom

Photographie : Tony Pierce-Roberts

Musique : Clint Mansell

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2005

LE FILM

Une chose terrible est arrivée à la station de recherche scientifique Olduvai, basée sur la planète Mars. Toutes les expériences se sont arrêtées, la communication ne passe plus. Les derniers messages reçus sont pour le moins angoissants. Le niveau 5 de quarantaine est déclaré et les seules personnes auxquelles l’accès est autorisé sont les membres du commando des Rapid Response Tactical Squad (RRTS). Mais sont-ils face à n’importe quel ennemi ? Les scientifiques de cette station de la planète rouge ont malencontreusement ouvert une porte dans laquelle se sont engouffrées toutes les créatures de l’enfer. Une armée de créatures de cauchemars d’origine inconnue est tapie derrière chaque recoin des innombrables pièces et couloirs de la base, tuant les quelques rares humains encore présents…

Autant le dire tout de suite, l’auteur de ces mots ne connaît absolument rien de la série de jeux vidéo Doom, dont il s’agit ici d’une « tentative » d’adaptation, la première d’ailleurs, puisqu’on trouve également un Doom : Annihilation sorti en 2019. À la barre de ce Doom de 2005, on découvre le polonais Andrzej Bartkowiak (né en 1950), essentiellement connu pour son travail comme directeur de la photographie, chez Sidney Lumet (Le Prince de New York, Piège mortel, Le Verdict, À la recherche de Garbo et bien d’autres, excusez du peu…), James L. Brooks (Tendres Passions), John Huston (L’Honneur des Prizzi), Ivan Reitman (Jumeaux), Joel Schumacher (Chute libre), Jan de Bont (Speed)…puis, on ne sait pas pourquoi ni comment, le bougre passe derrière la caméra en 2000. « Et là, c’est le drame » comme on dit. En effet, celui-ci enchaînera quelques films agités improbables, Roméo doit mourir Romeo Must Die, avec Jet Li (qui surfait sur le triomphe de L’Arme fatale 4) et Aaliyah, Hors limites Exit Wounds (2001) avec Steven Seagal (son dernier succès au cinéma), petit polar urbain aux scènes d’action gentiment abracadabrantes, En sursis – Cradle 2 the Grave (2003), où il retrouvait Jet Li et DMX…ce qui nous amène à Doom, pour lequel il se voit confier le budget coquet de 65 millions de dollars. Cette production tchéco-anglo-germano-américaine (avec à sa tête Lorenzo di Bonaventura, Transformers, G.I. Joe : Le Réveil du Cobra, The Ryan Initiative, Deepwater) est aujourd’hui considérée, probablement à juste titre, comme étant l’une des transpositions les plus pitoyables d’un jeu vidéo. Même pas amusant, ou si peu, Doom n’est pas un nanar, mais un navet pur et dur, dans lequel l’ancien étudiant de la prestigieuse de l’École de cinéma de Łódź (oui oui, comme Krzysztof Kieślowski, Roman Polanski, Jerzy Skolimowski et Andrzej Wajda) donne le pire de lui-même avec une mise en scène inexistante, une photo hideuse et une distribution où les acteurs rivalisent de froncements de sourcils. Jamais rigolo, juste léthargique.

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Test DVD / La Terre des hommes, réalisé par Naël Marandin

LA TERRE DES HOMMES réalisé par Naël Marandin, disponible en DVD le 4 janvier 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Diane Rouxel, Finnegan Oldfield, Jalil Lespert, Olivier Gourmet, Bruno Raffaelli, Clémence Boisnard, Sophie Cattani, Yoann Blanc…

Scénario : Naël Marandin, Marion Doussot & Marion Desseigne-Ravel

Photographie : Noé Bach

Musique : Maxence Dussère

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Constance est fille d’agriculteur. Avec son fiancé, elle veut reprendre l’exploitation de son père et la sauver de la faillite. Pour cela, il faut s’agrandir, investir et s’imposer face aux grands exploitants qui se partagent la terre et le pouvoir. Battante, Constance obtient le soutien de l’un d’eux. Influent et charismatique, il tient leur avenir entre ses mains. Mais quand il impose son désir au milieu des négociations, Constance doit faire face à cette nouvelle violence.

On peut penser à l’excellent Petit paysan d’Hubert Charuel (il y avait aussi Au nom de la terre d’Edouard Bergeon et La Nuée de Just Philippot), joli succès dans les salles, récompensé par le César du Meilleur premier film, du Meilleur acteur pour Swann Arlaud et celui de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Sara Giraudeau. Il y a en effet dans La Terre des hommes quelques similitudes, dont cette approche parfois documentaire associée à une intrigue qui lorgne sur le thriller psychologique. Mais le deuxième long-métrage de Naël Marandin, comédien vu dans Les Enfants du siècle de Diane Kurys, qui était passé derrière la caméra en 2015 avec La Marcheuse, trouve son originalité et un ton différent en se focalisant sur une figure féminine, en réalisant un portrait de femme, magistralement interprétée par la superbe et magnétique Diane Rouxel. Révélation de The Smell of Us de Larry Clark en 2014, la comédienne a ensuite très vite confirmé son talent dans La Tête haute d’Emmanuelle Bercot (dans lequel elle jouait la petite amie de Rod Paradot), Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico, Mes provinciales de Jean Paul Civeyrac et Volontaire d’Hélène Fillières. Avec La Terre des hommes, elle entre définitivement dans la cour des futures grandes, crève l’écran une fois de plus avec son regard azur enflammé qui contraste avec son visage fermé. L’histoire nous emmène là où on s’y attendait le moins. Mieux vaut en savoir le moins possible, évitez de visionner la bande-annonce donc, et laissez vous triturer les nerfs par cette œuvre hautement recommandable et prometteuse.

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Test Blu-ray / L’Aventurier, réalisé par Marcel L’Herbier

L’AVENTURIER réalisé par Marcel L’Herbier, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 20 juillet 2022 chez Pathé.

Acteurs : Victor Francen, Blanche Montel, Henri Rollan, Gisèle Casadesus, Alexandre Rignault, Kissa Kouprine, Abel Tarride, Lucien Pascal, Jean Marais…

Scénario : Marcel L’Herbier, d’après la pièce d’Alfred Capus

Photographie : Armand Thirard

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h35

Année de sortie : 1934

LE FILM

Dans sa jeunesse, Etienne Ranson a quitté sa famille pour la Tunisie, où il a fait fortune grâce à une mine de sel. Mais ses méthodes sont douteuses : alors qu’il vient de vendre son affaire, une émeute de ses ouvriers éclate, qu’il réprime dans le sang. Ainsi, lorsqu’il retourne à Grenoble auprès de sa famille d’industriels, il est aussi riche que déshonoré. L’accueil est froid. Mais Ranson a beaucoup d’argent et son oncle commence à en manquer…

Dans l’illustre carrière de Marcel L’herbier (1888-1979), L’Aventurier, réalisé en 1933, se situe juste après le diptyque Le Mystère de la chambre jaune / Le Parfum de la dame en noir, d’après Gaston Leroux, suivi de L’Épervier, et juste avant Le Bonheur. Depuis sa transition réussie vers le cinéma parlant, le réalisateur met les bouchées doublées, tournant jusqu’à quatre films par an, avec des moyens toujours aussi conséquents. C’est le cas de cet Aventurier, pas l’opus le plus connu de son auteur, mais qui n’en est pas moins une immense réussite, merveilleusement mis en scène (quel souffle !) et interprété par un casting solidement dirigé, sur lequel trône l’impérial et formidable Victor Francen, dans sa première collaboration avec Marcel L’Herbier, dont il deviendra l’un des acteurs fétiches. Engagé, romanesque, violent, L’Aventurier, inspiré par une pièce de théâtre d’Alfred Capus (comédie en quatre actes créée en 1910 au Théâtre de la Porte-Saint-Martin), demeure un très grand spectacle cinématographique presque 90 ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / Si j’étais un espion, réalisé par Bertrand Blier

SI J’ÉTAIS UN ESPION réalisé par Bertrand Blier, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 20 juillet 2022 chez Pathé.

Acteurs : Bernard Blier, Bruno Cremer, Patricia Scott, Claude Piéplu, Pierre Le Rumeur, Jacques Sempey, Francis Lax, Jacques Rispal, Suzanne Flon…

Scénario : Jacques Cousseau, Jean-Pierre Simonot, Philippe Adrien & Bertrand Blier

Photographie : Jean-Louis Picavet

Musique : Serge Gainsbourg

Durée : 1h34

Année de sortie : 1967

LE FILM

Un docteur s’attire des problèmes à cause de l’un de ses patients. En effet, cet homme dépressif semble recherché par une bande de mafieux. Ceux-ci menacent alors le médecin de s’en prendre à sa fille s’il ne les aide pas… Il va alors tout faire pour sortir de cette situation très dangereuse pour lui et sa famille.

Bertrand Blier Begins ! Il y a eu un avant et un après Les Valseuses, c’est évident. Où en était la carrière du réalisateur avant cette année 1974 centrale ? Né en 1939, le fils de Bernard Blier passe derrière la caméra à l’âge de 24 ans pour un formidable documentaire intitulé Hitler, connais pas, une enquête sur la jeunesse de l’époque, qui passe complètement inaperçu avec seulement 40.000 entrées. Parallèlement, il poursuit sa fonction d’assistant-réalisateur auprès de Georges Lautner (Arrêtez les tambours, En plein cirage, Le Monocle noir, Le Septième juré), dans lesquels joue son père. En 1966, il signe son unique court-métrage, La Grimace, avec Jacques Perrin et Bernard Haller. L’année d’après, Bertrand Blier livre son premier long-métrage de fiction, Si j’étais un espion (sous-titré « Breakdown »), un film d’espionnage qu’il coécrit avec Jacques Cousseau, Jean-Pierre Simonot et Philippe Adrien (Cocktail Molotov de Diane Kurys), d’après une histoire d’Antoine Tudal (Cybèle ou les dimanches de Ville d’Avray). Rétrospectivement, Si j’étais un espion détonne dans la filmographie conséquente de son auteur, car peu d’humour, le ton y est premier degré et il s’agit au passage de son seul opus en N&B (très belle photo de Jean-Louis Picavet, Mille milliards de dollars, I…comme Icare, La Mort de Belle). Bertrand Blier y dirige son père Bernard, qu’il retrouvera pour Calmos (1976) et Buffet froid (1979), et bien sûr le comédien y est cette fois encore prodigieux. En l’état, même s’il n’annonce pas véritablement le « style » Blier à venir, Si j’étais un espion demeure forcément une grande curiosité, que les cinéphiles ne manqueront sûrement pas.

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Test Blu-ray / En attendant Bojangles, réalisé par Régis Roinsard

EN ATTENDANT BOJANGLES réalisé par Régis Roinsard, disponible en DVD et Blu-ray le 11 mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Virginie Efira, Romain Duris, Solan Machado-Graner, Grégory Gadebois, Orianne Daudin, Juliette Blanche, Rose Harlean, Lucas Bléger…

Scénario : Romain Compingt & Régis Roinsard, d’après le roman d’Olivier Bourdeaut

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Clare & Olivier Manchon

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Camille et Georges dansent tout le temps sur leur chanson préférée Mr Bojangles. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Jusqu’au jour où la mère va trop loin, contraignant Georges et leur fils Gary à tout faire pour éviter l’inéluctable coûte que coûte.

Hmmm….non, ça ne fonctionne pas. Enfin, peut-être un peu dans la dernière partie, et encore…dommage…oui c’est bête car Régis Roinsard est un réalisateur prometteur. Ayant fait ses classes dans le clip musical (pour Jean-Louis Murat, Cali, Jane Birkin, Anaïs…), quelques publicités et deux courts-métrages, Régis Roinsard fait parler de lui en 2012 avec son premier long métrage Populaire, un vrai petit coup de coeur à sa sortie pour l’auteur de ces mots, récompensé par cinq nominations aux César, dont celle du Meilleur premier film et lauréat de quatre prix internationaux. Doté d’un budget impressionnant pour une première œuvre d’environ 15 millions d’euros, Régis Roinsard s’inspirait de réels championnats de vitesse dactylo organisés dans les années 40 jusque dans les années 60 et livrait une comédie pétillante, en reconstituant minutieusement les années 50, ses décors, ses costumes, sa musique, son énergie et son insouciance. Il y dirigeait Romain Duris, qu’il retrouve donc dix ans plus tard dans En attendant Bojangles, l’adaptation du roman éponyme et best seller d’Olivier Bourdeaut. S’il aura mis huit ans pour revenir au cinéma avec Les Traducteurs, Régis Roinsard aura enchaîné immédiatement avec son troisième opus qui reprend divers ingrédients de Populaire…mais le cocktail demeure fade. La faute au couple principal, Romain Duris – Virginie Efira (qu’on nous met décidément à toutes les sauces), qui ne fait aucune étincelle, qui fait faux, alors que l’association Romain Duris – Déborah François dans Populaire était merveilleuse, débordait d’énergie, de fraîcheur, de légèreté et de charisme. Là où ces deux derniers prenaient un plaisir évident à se donner la (savoureuse) réplique, tout est éteint et morne dans En attendant Bojangles, qui paraît surjoué, artificiel et très rapidement épuisant.

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Test 4K UHD / Cat’s Eye, réalisé par Lewis Teague

CAT’S EYE réalisé par Lewis Teague, disponible en Combo Blu-ray+4K UHD le 25 mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Drew Barrymore, James Woods, Alan King, Kenneth McMillan, Robert Hays, Candy Clark, James Naughton, Tony Munafo…

Scénario : Stephen King

Photographie : Jack Cardiff

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Trois histoires dont le point commun est un chat errant qui a des visions d’une petite fille l’appelant au secours :

  • Un homme qui a décidé d’arrêter de fumer et qui s’inscrit pour cela dans une clinique spécialisée, avec des méthodes plutôt… étonnntes.
  • Un joueur de tennis rattrapé par le mari de sa maîtresse, un gangster d’Atlantic City, et contraint, pour sauver sa peau, de faire le tour d’un immeuble en marchant sur la corniche.
  • Une petite fille est terrorisée par un lutin nocturne sanguinaire. Son chat, baptisé General, tente de la protéger du mieux qu’il peut malgré l’incrédulité des parents de la fillette, désireux de se débarrasser de lui à tout prix.

Quand Cat’s Eye sort au cinéma en 1985, les adaptations de Stephen King ne sont pas rares, aussi bien sur le grand que sur le petit écran. En 1985, l’écrivain a déjà publié Carrie, Salem, Shining, Le Fléau, Dead Zone, Charlie, Cujo, Christine, Simetierre…et parmi ces romans sept ont connu une transposition par Brian De Palma, Stanley Kubrick, David Cronenberg, John Carpenter, Mark L. Lester, Tobe Hooper et Lewis Teague, sans oublier George A. Romero et son film à sketches Creepshow. Autant dire que le phénomène King est omniprésent. Emballé par sa version de Cujo (malgré son dénouement optimiste), le producteur italien Dino De Laurentiis (qui venait de financer Dead Zone et Charlie), confie au réalisateur Lewis Teague (né en 1938) les manettes de Cat’s Eye, anthologie comprenant les adaptations des nouvelles Desintox, Inc. et La Corniche, issues du recueil Danse macabre Night Shift, ainsi que d’une histoire inédite créée spécialement à cette occasion par le maître de l’horreur. Rôle-titre de Charlie, Drew Barrymore, propulsée par E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg tient cette fois encore le haut de l’affiche de Cat’s Eye, au même titre que James Woods et Robert Hays, le film ayant été mis en route rien que pour elle par Dino De Laurentiis, raison pour laquelle elle joue d’ailleurs deux rôles différents ici. Il en résulte un savoureux opus du genre, composé de trois sketches très réussis, excellemment mis en scène et interprétés, devenu culte avec les années, après un succès somme toute modeste et en dessous des espérances du nabab transalpin.

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Test Blu-ray / Le Secret de l’Épervier Noir, réalisé par Domenico Paolella

LE SECRET DE L’ÉPERVIER NOIR (Il Segreto dello sparviero nero) réalisé par Domenico Paolella, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Lex Barker, Livio Lorenzon, Nadia Marlowa, Germano Longo, Walter Barnes, Pina Cornel, Loris Gizzi, Dina De Santis…

Scénario : Domenico Paolella & Sergio Solima

Photographie : Carlo Bellero

Musique : Gino Filippini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au début du XVIIIème siècle, le corsaire Carlos de Herrera est missionné par le royaume d’Espagne afin de récupérer des documents commerciaux tombés entre les mains du pirate Calico Jack. Il va être en concurrence avec le sergent Rodriguez, alias l’Épervier noir, qui, lui aussi, veut s’emparer des documents.

Non, il ne s’agit pas d’un super-héros, d’ailleurs l’Épervier noir du titre n’apparaît que sporadiquement et n’est même pas le personnage principal du film qui nous intéresse aujourd’hui. À la barre d’Il segreto dello sparviero nero ? Domenico Paolella (1915-2002), que certains pourraient connaître pour Les Pirates de la côte I Pirati della costa (1960) avec Lex Barker, plusieurs opus centrés sur Maciste (Maciste à la cour du Cheik, Maciste contre les Mongols, Maciste dans l’enfer de Gengis Khan), d’autres péplums à la mode (Hercule contre les tyrans de Babylone, Goliath à la conquête de Bagdad, Hercule défie Spartacus), un Eurospy (003 agent secret), un western (Django prépare ton exécution), bref un réalisateur qui a su suivre les goûts des spectateurs et profiter de l’engouement pour les divertissements au budget modeste et au rendement élevé. Et il s’en tire pas mal du tout derrière la caméra pour ce Secret de l’Épervier Noir, film d’aventures ou de piraterie, généreux en batailles, de retournements de situation, de quiproquos, de mystères, de bagarres sur la plage sur fond de soleil couchant, de scènes étonnamment brutales, qui s’avère en réalité un film d’espionnage en costumes. Aucun ennui durant ces 95 minutes, qui filent comme un éclair grâce à un montage nerveux, parfois même surprenant car sec et marqué par des fondus en noir et de légères ellipses de temps. Un bon cru.

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Test Blu-ray / Commando sur Saint-Nazaire, réalisé par Compton Bennett

COMMANDO SUR SAINT-NAZAIRE (Gift Horse) réalisé par Compton Bennett, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 25 mai 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Trevor Howard, Richard Attenborough, Sonny Tufts, James Donald, Bernard Lee, Dora Bryan, Hugh Williams, Robin Bailey, Meredith Edwards…

Scénario : Hugh Hastings, William Rose & William Fairchild, d’après une histoire originale d’Ivan Goff & Ben Roberts

Photographie : Harry Waxman

Musique : Clifton Parker

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Le Capitaine Fraser se voit confier le commandement d’un vieux bateau pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il effectue quelques missions de routine à bord du navire puis ses supérieurs lui demande de mener à bien un raid secret qui consisterait à faire exploser le rafiot ! Problème, cette opération délicate pourrait coûter la vie de nombreux soldats…

En 1940, alors que la Grande-Bretagne luttait pour sa survie, les Etats-Unis prêtèrent 50 destroyers à la Royal Navy. Sorti en 1952, Commando sur Saint-NazaireGift Horse (ou bien encore Glory at Sea aux Etats-Unis) leur rend hommage et s’inspire des aventures de l’un de ces destroyers. Ce film oublié aujourd’hui et passé sous tous les radars à l’évocation de faits réels ayant été illustrés au cinéma, est pourtant une franche réussite, complètement immersive, excellemment mise en scène et interprétée par des acteurs de génie menés par l’immense Trevor Howard. À la fois semi-documentaire quand il évoque le quotidien des hommes à bord, de l’organisation des différents gradés et de leurs missions respectives, mais aussi et avant tout un divertissement où l’on s’attache à l’ensemble des personnages, qu’ils soient capitaine, officier artilleur, chef mécanicien, aussi bien sur le pont que dans leurs vies privées quand ils obtiennent enfin une permission.

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Test DVD / Enquête sur un monde solitaire, réalisé par Maxime Kermagoret

ENQUÊTE SUR UN MONDE SOLITAIRE réalisé par Maxime Kermagoret, disponible en DVD aux Éditions L’Harmattan.

Intervenants : Marine Rosset, Jean-Yves Péron, Josette Bahuon, Sylvain Le Meur, Isabelle Cavil, Patricia Arhuro, Fabien Le Guernevé, Nadine Thouvenin, Christophe Hautot…

Montage : Maxime Kermagoret

Musique : Maxime Kermagoret

Durée : 3h21 + 3h16

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Enquête sur un monde solitaire prend la forme d’une immense fresque sociologique sur l’isolement, qui se décline ici à tous les cas possibles ou presque : numérique, géographique, scolaire, familial, sexuel, économique, médical, générationnel… Qu’il soit rural, urbain ou insulaire. Les rencontres se sont déroulées entre mai 2018 et février 2020, principalement dans le Morbihan et le Finistère, pour des heures de confessions sur les naufrages de l’existence, mais aussi sur l’abnégation et le courage des aidants. Cet héroïsme modeste qui permet à une société de ne pas craquer totalement…

Nous avions découvert le cinéaste lorientais Maxime Kermagoret avec L’Eau douce qui coule dans mes veines, son second long métrage, après Destruction Massive. Produit en toute indépendance, tourné principalement avec une équipe bénévole, mais animé par un vrai désir de cinéma, ce drame psychologique en N&B s’avérait un difficile et complexe portrait de femme interprété par Elodie Vagalumni, une oeuvre souvent percutante, qui démontrait la maturité de son auteur-metteur en scène. Dans ce film, Céline, le personnage principal s’enfonçait dans la solitude (thème déjà central), à la recherche d’un emploi, n’éprouvait plus rien et tentait même de se suicider. Après cet échec, elle se voyait proposer de faire la lecture à un homme en train de vivre ses derniers jours. À son chevet, lisant de la poésie, Céline commençait à renaître. Nous voici rendu à Enquête sur un monde solitaire, film-documentaire fleuve de plus de six heures, divisé en deux volumes, le premier d’une durée de 3h21, 3h16 pour le deuxième. Un titanesque travail d’investigation, de rencontres, d’échanges, de partages, enregistrées pendant près de trois années, durant lesquelles Maxime Kermagoret s’est entretenu avec près de 80 personnes, entre les « aidants », autrement dit les acteurs de diverses associations caritatives (indispensables, les besoins étant toujours plus grands), mais aussi celles et ceux rongés par un mal, la solitude donc, mais qu’est-ce que la solitude ? Car si celle-ci était une feuille, ses nervures représenteraient différentes formes. À l’origine, le réalisateur devait se rendre sur l’île de Groix, dans le Morbihan, pour traiter de l’isolement géographique de ses quelques 2000 habitants. Très vite, Maxime Kermagoret décide d’étendre son récit à d’autres « formes » d’isolement. On peut aussi parler d’abandon, d’éloignement, de confinement (le tournage a d’ailleurs pris fin juste avant la première paralysie française des suites du COVID-19), de délaissement, d’enfermement, d’exclusion, de quarantaine, de réclusion, de retranchement, de séparation…La dépression, la violence faite aux femmes (ou les hommes victimes de violences physiques), le mal-logement, les (toutes) petites retraites, l’environnement professionnel, la phobie scolaire, les travailleurs pauvres, les mères en situation monoparentale et bien d’autres sujets sont abordés au cours de ce film passionnant, parfois dur forcément, mais parcouru par une chaleur humaine particulièrement contagieuse, un humanisme jamais forcé, sans aucun pathos, frontal, mais primordial, qui interpelle, qui laissera divers stigmates chez certains spectateurs et s’inscrira durablement dans nos mémoires.

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Test Blu-ray / Flic Story, réalisé par Jacques Deray

FLIC STORY réalisé par Jacques Deray, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 15 juin 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Alain Delon, Jean-Louis Trintignant, Renato Salvatori, Claudine Auger, Maurice Biraud, André Pousse, Mario David, Paul Crauchet…

Scénario : Jacques Deray & Alphonse Boudard, d’après le livre de Roger Borniche

Photographie : Jean-Jacques Tarbès

Musique : Claude Bolling

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

À la fin des années 1940, l’inspecteur Roger Borniche est chargé de rechercher un dangereux criminel échappé de l’asile, Émile Buisson. Meurtres, prise d’otage, course-poursuite: pendant trois ans Buisson commet crime sur crime et échappe à la traque menée par Borniche. Roger Borniche ‘le Flic’, dans sa traque historique d’Émile Buisson.

Remarquable film policier réalisé par Jacques Deray, tiré d’une histoire vraie, Flic Story relate la traque de l’ennemi public numéro un, Émile Buisson, évadé d’un hôpital psychiatrique, par l’inspecteur Roger Borniche. Alain Delon se glisse dans la gabardine de ce dernier et livre probablement une de ses meilleures prestations, sans doute dans l’un de ses plus grands films. Il y est en tous points parfait, allant jusqu’à imiter la gestuelle du vrai Borniche pour créer son personnage. Jean-Louis Trintignant incarne son adversaire, et s’avère tout aussi hallucinant de froideur, le regretté comédien jouant de son regard perçant, que Jacques Deray n’a de cesse de mettre en valeur. Les deux stars du cinéma français sont épaulées par d’excellents seconds rôles, comme toujours solidement dirigés par le cinéaste, dont la merveilleuse Claudine Auger dix ans après Opération Tonnerre de Terence Young, ainsi que les habitués du genre, André Pousse, Paul Crauchet, Renato Salvatori et dans un registre inhabituel, Henri Guibet, surprenant en adjoint. Jacques Deray instaure un climat grisâtre caractéristique de l’après-guerre, mais non dénué d’humour, servi par des dialogues aux petits oignons signés Alphonse Boudard. Une immense référence qui n’a pris aucune ride, un chef d’oeuvre du polar hexagonal.

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