Test Blu-ray / Didier, réalisé par Alain Chabat

DIDIER réalisé par Alain Chabat, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 2 novembre 2022 chez Pathé.

Acteurs : Alain Chabat, Jean-Pierre Bacri, Isabelle Gélinas, Caroline Cellier, Lionel Abelanski, Chantal Lauby, Zinedine Soualem, Josiane Balasko, Dominique Farrugia, Lionel Abelanski…

Scénario : Alain Chabat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Philippe Chany

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Lorsqu’un homme hérite d’un chien, et que ce chien adopte l’homme, l’homme devient un peu moins chien, et le chien un peu plus homme… Ce n’est pas du tout le jour pour Jean-Pierre, agent de sportifs, empêtré dans ses problèmes – de garder Didier le labrador d’une amie pendant une semaine. Le lendemain, une découverte extraordinaire va l’entraîner dans la plus hallucinante des aventures, où son pire cauchemar risque d’être la chance de sa vie.

« Non, mais… C’est très important, ça. On ne sent pas le cul des gens comme ça ! On ne sent pas le cul. »

C’est ce qu’on appelle un vrai film culte, expression souvent galvaudée et facilement utilisée à mauvais escient. Didier est le premier long-métrage écrit et réalisé par Alain Chabat, sorti trois ans après le succès de La Cité de la peur d’Alain Berbérian, qui avait réuni plus de deux millions de spectateurs. L’humoriste et comédien prend son envol avec ce coup d’essai et coup de maître, qui a frôlé la barre des trois millions d’entrées à sa sortie en janvier 1997, damant ainsi le pion à Fantômes contre fantômesThe Frighteners de Peter Jackson et se classant enfin d’année à la onzième place au box-office, entre Bean et Alien, la résurrection. 25 ans plus tard, un quart de siècle (dit comme ça c’est un peu flippant), Didier n’a rien perdu de sa fraîcheur et demeure indéniablement l’une des plus grandes comédies des années 1990, toutes nationalités confondues. Enchaînement ininterrompu de répliques hilarantes, certaines étant passées dans le langage courant, merveilleusement interprété par des acteurs au sommet de leur forme, rythmé (pas un seul temps mort) et porté par la partition du talentueux Philippe Chany (« Oh Let me be your dog… »), Didier reste un des films français les plus originaux, qui déplie son postulat de départ fantastique de façon continue, en prenant le soin de développer tous les personnages et sans jamais omettre l’émotion. Indémodable, porté par une critique élogieuse, Didier s’est vu récompenser par le César de la meilleure première œuvre en 1998.

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Test DVD / En corps, réalisé par Cédric Klapisch

EN CORPS réalisé par Cédric Klapisch, disponible en DVD et Blu-ray le 3 août 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Marion Barbeau, Hofesh Shechter, Denis Podalydès, Muriel Robin, Pio Marmaï, François Civil, Souheila Yacoub, Mehdi Baki…

Scénario : Santiago Amigorena & Cédric Klapisch

Photographie : Alexis Kavyrchine

Musique : Thomas Bangalter & Hofesh Shechter

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Comment se reconstruire après un changement brutal ? Sommes-nous les prisonniers de nos corps si fragiles, ces derniers déterminent-ils notre destinée ?

Dans ce film, des acteurs jeunes et talentueux et des danseurs professionnels font souffler un vent de fraîcheur sur ce cinéma d’auteur. François Civil réalise une performance d’acteur incroyable par la force des émotions qu’il transmet en incarnant Yann, un kinésithérapeute notamment lors de la scène où il est éconduit par l’actrice Marion Barbeau qui interprète Élise une danseuse classique prometteuse à la personnalité authentique, un rôle qui colle à la perfection à l’actrice. Malheureusement, elle se blesse lors d’une représentation et c’est alors qu’il ne lui sera plus possible de danser à l’Opéra. Désormais sa vie ne sera plus la même et pourtant elle n’aura d’autre choix que de trouver la force d’avancer par un autre chemin que celui qu’elle s’était construit depuis des années. En cela réside la beauté du film qui permet grâce au jeu des acteurs de montrer le courage et la force qu’il faut pour continuer à avancer lorsque l’on est touché dans sa chair, lorsqu’une chape de plomb nous tombe dessus, lorsque l’imprévisible nous atteint telle une flèche atteint sa cible afin de nous ramener au présent, à la vie.

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Test Blu-ray / Le Chat et la souris, réalisé par Claude Lelouch

LE CHAT ET LA SOURIS réalisé par Claude Lelouch, disponible en Coffret DVD et Blu-ray – Edition Collector le 17 novembre 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Michèle Morgan, Serge Reggiani, Philippe Léotard, Valérie Lagrange, Jean-Pierre Aumont, Christine Laurent, Anne Libert, Yves Afonso, Jacques François, Philippe Labro…

Scénario : Claude Lelouch

Photographie : Jean Collomb

Musique : Francis Lai

Durée : 1h48

Année de sortie : 1975

LE FILM

Monsieur Richard, milliardaire, est retrouvé mort, assassiné. L’inspecteur Lechat, aux méthodes peu orthodoxes, soupçonne sa femme de l’avoir tué pour bénéficier de la prime d’assurance, d’autant plus que Monsieur Richard allait quitter sa femme pour une jeune actrice. Mais Madame Richard a un alibi indestructible et Lechat sent très vite qu’il s’agit là d’une affaire insolite…

Réalisé en 1975, la même année que Le Bon et les Méchants, Le Chat et la souris est l’un des meilleurs films de Claude Lelouch. Référence de la comédie policière des années 1970, excellemment écrite, interprétée et mise en scène, cette pépite vaut tout d’abord pour ses fabuleux comédiens. Serge Reggiani est alors au sommet de sa carrière d’acteur, enchaînant Vincent, François, Paul et les autres de Claude Sautet ou encore Touche pas à la femme blanche de Marco Ferreri. Il trouve ici l’un de ses meilleurs rôles avec Le Chat et la souris, dans lequel il incarne l’inspecteur Lechat.

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Test Blu-ray / Les Criminels, réalisé par Joseph Losey

LES CRIMINELS (THE CRIMINAL) réalisé par Joseph Losey, disponible en combo Blu-ray+DVD le 31 août 2022 chez Studiocanal

Acteurs : Stanley Baker, Margit Saad, Sam Wanamaker, Jill Bennett, Patrick Magee, Grégoire Aslan…

Scénario : Alun Owen

Photographie : Robert Krasker

Musique : Johnny Dankworth

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Prisonnier au long cours, Johnny Bannion a profité de son dernier séjour derrière les barreaux pour organiser, en collaboration avec ses complices habituels et grâce au réseau de caïds et de gardiens corrompus de l’établissement pénitentiaire, le casse d’un champ de courses. À sa sortie de prison, les ennuis commencent avec son ex-petite amie qui fait un esclandre lors d’une soirée organisée en son honneur par ses associés. Puis ce sont lesdits associés qui, au grand étonnement de Johnny, ne semblent plus vouloir jouer le jeu selon les anciennes règles…

C’est toujours un bonheur de voir revenir chez plusieurs éditeurs toute une filmographie par petites touches, lorsqu’il s’agit d’un cinéaste aussi énorme et aussi peu considéré que Joseph Losey. Fleuron de sa période anglaise que l’on pourrait qualifier d’intermédiaire, The Criminal (le pluriel du titre français change tout !) est une œuvre extrêmement curieuse, qui pourrait paraître bancale si l’on décidait de ne la regarder que comme un film de genre régi par les motifs et les codes consacrés. Mais elle ne surprendra aucunement de la part de celui qui fut en son temps le plus européen des cinéastes américains, et dont le moins qu’on puisse dire est que le compromis esthétique n’a jamais été son fort ! Quand tel ou tel aspect d’un script n’intéresse pas Losey, on s’en rend compte très vite : ses trajectoires ont souvent de quoi surprendre, mais elles sont toujours franches, on ne peut que s’en féliciter.

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Test Blu-ray / Le Meurtrier, réalisé par Claude Autant-Lara

LE MEURTRIER réalisé par Claude Autant-Lara, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 28 octobre 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Marina Vlady, Robert Hossein, Maurice Ronet, Yvonne Furneaux, Gert Fröbe, Paulette Dubost, Jacques Monod, Harry Mayen…

Scénario : Jean Aurenche, d’après le roman de Patricia Highsmith

Photographie : Jacques Natteau

Musique : René Cloerec

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Walter est marié à Clara, femme d’une nervosité excessive, qui lui rend la vie impossible. Un jour, Clara est retrouvée morte, par suite d’une chute dans un précipice. Walter se sent responsable de ce suicide. N’a-t-il pas dit à Clara qu’il voulait divorcer pour épouser Éllie, l’amie de sa femme ? Mais Clara s’est-elle bien suicidée ? Walter affirme à Éllie qu’il est innocent. Elle l’aime et voudrait le croire, et pourtant… N’a-t-il pas toutes les coupures sur la mort violente d’une autre femme, l’épouse du libraire, retrouvée assassinée au même endroit…

Claude Autant-Lara (1901-2000). Près de 55 ans de carrière, autant de films (courts et longs-métrages compris), plus de cinquante millions d’entrées, son plus grand succès au box-office restant La Jument verte (1959), dont la sortie s’était accompagnée de scandale, d’une interdiction dans certaines villes ou aux spectateurs âgés de moins de 21 ans. Quelques titres en vrac ? Sylvie et le fantôme, Le Diable au corps, L’Auberge rouge, Le Blé en herbe, Le Rouge et le Noir, La Traversée de Paris, En cas de malheur, Le Comte de Monte-Cristo, Les Patates, Le Franciscain de Bourges et tellement d’autres…Si certains le réduisent malheureusement à son rapprochement du Front National après avoir mis un terme à sa carrière à la fin des années 1970, Claude Autant-Lara est et demeure un des réalisateurs français les plus importants de l’après-guerre. Maintenant, il est vrai que ses derniers longs-métrages ne sont pas ceux qui reviennent le plus en mémoire et ce malgré un succès qui ne s’est jamais démenti, comme le triomphe de Journal d’une femme en blanc (1965) avec Marie-José Nat et Claude Gensac. Tout au long de sa vie professionnelle, Claude Autant-Lara n’aura eu de cesse d’expérimenter au cinéma, d’utiliser les nouvelles possibilités techniques mises à sa disposition. Parmi ses dix derniers opus, Le Meurtrier, qui s’était soldé sur un semi-échec (à peine un million de billets vendus), apparaît comme un pur film de mise en scène. Du début à la fin, avec parfois une économie de dialogues (surtout dans la première partie), le cinéaste s’empare d’un roman de Patricia Highsmith (L’Inconnu du Nord-Express, Plein soleil) et en restitue la mécanique quasi-mathématiques avec une réelle virtuosité. Même si tout n’est pas réussi, notamment un surjeu de quelques comédiens, Le Meurtrier n’en reste pas moins impressionnant et déroutant en ce qui concerne le portrait dressé d’un flic schizophrène aux méthodes expéditives, magistralement incarné par Robert Hossein, qui vole la vedette à chaque apparition.

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Test Blu-ray / Adorables créatures, réalisé par Christian-Jaque

ADORABLES CRÉATURES réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 28 octobre 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Martine Carol, Danielle Darrieux, Renée Faure, Edwige Feuillère, Daniel Gélin, Antonella Lualdi, Georges Chamarat, Marie Glory, Marilyn Bufferd, Louis Seigner, Jean-Marc Tennberg, Daniel Lecourtois…

Scénario : Charles Spaak, Jacques Companéez & Christian-Jaque

Photographie : Christian Matras

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

André Noblet a vingt-trois ans. Aujourd’hui il se marie avec Catherine, une adorable créature. Ils viennent de sortir de l’église, et, dans la voiture remplie de fleurs blanches, André, éperdu de bonheur, s’écrie : « je t’aime depuis toujours, et je te le jure je n’ai jamais aimé que toi ! » « Menteur ! » murmure une voix mystérieuse. « Menteur et parjure ! » En effet, André a menti : les adorables créatures, il les a collectionnées…

En mars 2022, nous parlions de Charmants garçons (1957), réalisé par Henri Decoin, pensé comme un pendant féminin de la comédie Adorables créatures de Christian-Jaque (1904-1994), sorti cinq ans auparavant, auquel il était fait référence à la fin, en convoquant un personnage du nom d’André Noblet, héros du « premier » film. Si le metteur en scène n’est pas le même, le talentueux Charles Spaak est l’auteur des deux longs-métrages. Le scénariste du Glaive et la balance, du Dossier noir et d’Avant le déluge d’André Cayatte, de Cartouche de Philippe de Broca, de Katia de Robert Siodmak, de La Grande illusion de Jean Renoir et de Panique de Julien Duvivier s’associait pour la cinquième fois avec Christian-Jaque après avoir signé les dialogues de Sous la griffe (1935), puis les histoires de L’Assassinat du père Noël, Premier bal et D’hommes à hommes. Adorables créatures est un énorme succès en 1952, avec plus de 2,7 millions de spectateurs, année particulièrement faste, puisque pas moins de quinze longs-métrages feront entre deux et trois millions d’entrées, tandis que Le Petit Monde de Don Camillo comptera plus de douze millions de billets dès le mois de juin. Alors que Fanfan la Tulipe (du même Christian-Jaque), Les Feux de la rampe, Le Train sifflera trois fois, Jeux interdits, L’Homme tranquille, Nous sommes tous des assassins et d’autres remplissent les salles, Adorables créatures faisait aussi le plein grâce à un casting féminin de rêve, de Martine Carol à Danielle Darrieux, en passant par Renée Faure, Edwige Feuillère et Antonella Lualdi. Des actrices fantastiques qui écrasent facilement la prestation de Daniel Gélin, qui n’a jamais vraiment brillé à l’écran et dont le charisme lisse est même quelque peu moqué dès le départ à travers une succulente voix-off de Claude Dauphin. À découvrir essentiellement pour ses comédiennes en très grande forme, l’excellence des répliques et ses nombreux sous-entendus sexuels encore étonnants pour l’époque.

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Test Blu-ray / Martin Roumagnac, réalisé par Georges Lacombe

MARTIN ROUMAGNAC réalisé par Georges Lacombe, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 28 octobre 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Marlene Dietrich, Jean Gabin, Daniel Gélin, Lucien Nat, Jean Darcante, Henri Poupon, Marcel André, Margo Lion, Marcel Herrand, Jean d’Yd, Marcel Peres, Paul Amiot, Camille Guerini…

Scénario : Pierre Véry et Georges Lacombe, d’après le roman de Pierre-René Wolf

Photographie : Roger Hubert

Musique : Marcel Mirouze

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Dans une petite ville de province, Blanche Ferrand espère épouser un riche consul, Monsieur de Laubry, dont la femme est gravement malade. Un soir, elle rencontre Martin Roumagnac, entrepreneur en maçonnerie, qui tombe éperdument amoureux d’elle. C’est le début d’une liaison passionnée, à laquelle Blanche se prête d’abord par fantaisie puis par amour. À la mort de la femme du consul, celui-ci somme Blanche de faire un choix.

« Le seul film du couple mythique Dietrich/Gabin » annonçait l’affiche de la ressortie de Martin Roumagnac en mai 2022. À l’origine, celui-ci devait être Les Portes de la nuit, sous la direction de Marcel Carné, mais Marlene Dietrich refusant d’interpréter la fille d’un collaborateur, décline cette opportunité. Possédant les droits du livre Martin Roumagnac de Pierre-René Wolf depuis quelques années (avant même la Seconde Guerre mondiale), Jean Gabin rebondit immédiatement et propose l’adaptation (refusée au préalable par Marcel Carné et Jacques Prévert) au réalisateur Georges Lacombe (1902-1990). Ce sera le retour du comédien sur le sol français après un court exil à Hollywood et son engagement (sous son vrai nom) au sein des Forces françaises combattantes, mais aussi le premier long-métrage de celle qui est alors sa compagne, dans la langue de Molière, dans laquelle elle s’exprime divinement bien. Joli succès dans les salles avec 2,5 millions de spectateurs réunis dans les salles en décembre 1946, la critique n’est cependant guère au rendez-vous. De plus, la fin du tournage a été marquée par la rupture consommée entre les deux stars, Marlene Dietrich voulant retourner sur le sol de l’Oncle Sam, tandis que Jean Gabin désire rester définitivement en France pour relancer sa carrière et pour fonder une famille. Martin Roumagnac demeure donc fondamentalement imprégné par cet événement, mais reste surtout un drame sentimental poignant, merveilleusement incarné par les deux têtes d’affiche, dont la tension sexuelle est par ailleurs fort présente pour un film des années 1940 et qui fera grincer la censure américaine, qui n’hésitera pas à couper pas moins d’une demi-heure pour son exploitation aux États-Unis. Assurément méconnu, Martin Roumagnac offre à Jean Gabin un rôle étonnant, qui rappelle parfois celui qu’il campait dans La Belle équipe de Julien Duvivier dix ans auparavant et qu’il interprétera dix ans plus tard dans Le Sang à la tête de Gilles Grangier. Un colosse aux pieds d’argile, dont la silhouette trapue contraste avec une voix légère et insouciante, face à sa partenaire qui dissimule au contraire une fragilité et un manque d’assurance derrière un masque de femme sûre d’elle et séductrice. La rencontre à l’écran des deux monstres fait bien sûr des étincelles.

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Test Blu-ray / Pétrus, réalisé par Marc Allégret

PÉTRUS réalisé par Marc Allégret, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 28 octobre 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Fernandel, Simone Simon, Pierre Brasseur, Marcel Dalio, Simone Sylvestre, Corinne Calvet, Jean-Roger Caussimont, Jane Marken, Abel Jacquin…

Scénario : Marc Allégret & Marcel Rivet, d’après la pièce de Marcel Achard

Photographie : Michel Kelbert

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Migo, girl au « Frou-Frou » un cabaret montmartrois, tire sur son amant volage, Rodrigue Goutari, le manque et blesse accidentellement Pétrus, qui se trouve, par la même occasion, entraîné contre son gré dans un trafic de fausse monnaie.

En 1939, Marc Allégret (1900-1973) interrompt définitivement le tournage du Corsaire, en raison de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. 1940, le réalisateur démarre les prises de vue de Parade en sept nuits, mais doit là aussi suspendre, cette fois-ci momentanément le tournage, avant de reprendre un an plus tard là où il s’était arrêté. Suivront les drames L’Arlésienne (avec Louis Jourdan et Raimu), Lunegarde et Félicie Nanteuil, ainsi que les comédies-dramatiques La Belle Aventure (avec Claude Dauphin et Micheline Presle) et Les Petites du quai aux fleurs. Marc Allégret n’a jamais cessé d’être actif. Avant son départ pour l’Angleterre, où il signera trois films, il emballe Pétrus (après avoir tenté de transposer L’Armée des ombres de Joseph Kessel), pour lequel il retrouve Fernandel et Simone Simon, avec lesquels il avait démarré au cinéma au début des années 1930 avec les courts-métrages La Meilleure Bobonne, J’ai quelque chose à vous dire et Attaque nocturne, ainsi que le long-métrage L’Hôtel du libre échange (1934) pour le premier, Mam’zelle Nitouche (1931), La Petite Chocolatière (1932) et Lac aux Dames (1934) pour la seconde. Adapté de la pièce éponyme de Marcel Achard, qui aura d’ailleurs participé lui-même aux dialogues avec Marc Allégret, Marcel Rivet (Les Amants du Tage d’Henri Verneuil et Au grand balcon d’Henri Decoin), Pétrus est une comédie-dramatique difficilement classable, dans le sens où le récit semble bifurquer vers le polar dans sa dernière partie et dont les éclairages du mythique chef opérateur Michel Kelbert (Notre Dame de Paris de Jean Delannoy, Un carnet de bal de Julien Duvivier, Le Diable au corps de Claude Autant-Lara, French Cancan de Jean Renoir) renforcent aussi cette impression. Marc Allégret déstabilise autant ses personnages, perdus dans une valse de sentiments, que les spectateurs, qui ne savent plus sur quel pied danser à plusieurs reprises et ce du début à la fin. Outre Fernandel (parfait de sobriété), le charme mutin de Simone Simon et l’excellence de Marcel Dalio, Pierre Brasseur livre une grande prestation dans le rôle du suintant et suffisant Rodrigue Goutari, danseur mondain, qui n’aura de cesse de jouer avec l’amour que lui porte la douce Migo. Un très bon cru d’un cinéaste souvent oublié ou mésestimé aujourd’hui.

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Test Blu-ray / American Siege, réalisé par Edward Drake

AMERICAN SIEGE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 16 novembre 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Bruce Willis, Rob Gough, Anna Hindman, Trevor Gretzky, Cullen G. Chambers, Timothy V. Murphy, Johann Urb, Johnny Messner…

Scénario : Corey Large & Edward Drake

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Ben Watts est shérif d’une petite ville aisée du sud de la Géorgie. Quand trois criminels prennent en otage le médecin local, il est appelé pour régler la situation avant l’arrivée du FBI. Alors que le maire fait pression sur lui pour qu’il lance un assaut rapidement, Ben découvre que le docteur est en fait au centre d’un complot qui entoure la ville…

Si l’on regarde la filmographie mise à jour de Bruce Willis, histoire de voir quand celui-ci a pu emballer American Siege, on constate que ce dernier est la troisième « collaboration » entre le comédien et le « réalisateur » Edward Drake, précédemment responsable de Cosmic Sin, Apex, et qui aura signé depuis (ou commis, c’est selon) Gasoline Alley, ainsi qu’une trilogie sur le Detective Knight, toujours interprété par qui vous savez. Également le scénariste du lénifiant Anti-Life, Edward Drake, parfois crédité sous le nom d’Edward John Drake (parce qu’il se prend peut-être pour John Ford), livre un de ses opus les plus statiques avec American Siege donc, durant lequel l’ami Bruce ne fait rien, mais alors absolument RIEN pendant 1h30, à part écouter ce qui se passe autour de lui, les yeux plissés, les lèvres boudeuses à la Madame de Fontenay, auxquels s’ajoute cette fois un double menton annonciateur des 70 piges (il a encore un peu de temps ceci dit, étant né en 1955). Car dans ce « thriller » bas de gamme, Bruce est comme qui dirait l’idiot du village, placé à un poste qui arrange en fait le maire, qui peut s’adonner à quelques magouilles sans risquer d’avoir des soucis avec la loi. À l’instar de Sylvester Stallone dans le légendaire Copland de James Mangold, le personnage de Bruce Willis est sans cesse rabaissé, jusqu’à ce qu’il prenne enfin son destin en main, prenne la pétoire et décide d’aller régler des comptes. Le problème, c’est que le shérif Ben Watts n’est pas intéressant une seconde, n’aspire aucune empathie et que le retournement (qui n’en est pas un certes) intervient trois ou quatre minutes avant la fin. Durant les 80 minutes déjà passées, et qui peuvent paraître très longues, il faut se farcir des dialogues ineptes (mais rigolos) qui paraissent avoir été pioché au hasard, tant les répliques ne se répondent pas, un jeu d’acteurs pas folichon et une absence d’enjeux assez remarquable. Nous retrouverons encore Bruce Willis dans les bacs en 2023, avec en premier lieu Detective Knight : Rogue du même Edward Drake. En toute logique, nous serons évidemment là pour vous en parler.

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Test Blu-ray / Goliath, réalisé par Frédéric Tellier

GOLIATH réalisé par Frédéric Tellier, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 13 juillet 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Gilles Lellouche, Pierre Niney, Emmanuelle Bercot, Laurent Stocker, Yannick Renier, Chloé Stefani, Marie Gillain, Jacques Perrin…

Scénario : Frédéric Tellier & Simon Montaïrou

Photographie : Renaud Chassaing

Musique : Christophe Lapinta & Frédéric Tellier

Durée : 2h02

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une jeune agricultrice a été emportée par la maladie après avoir utilisé dans son exploitation un produit soupçonné d’être dangereux pour la santé, la tétrazine. Un avocat veut faire reconnaître le lien de cause à effet, confronté au puissant lobby des pesticides dont la zone d’influence s’étend à la communauté européenne entière. Pour se faire entendre, la compagne de la victime se suicide devant le siège de l’entreprise qui commercialise la tétrazine. C’est l’embrasement. Littéralement.

En 2017, le journal Le Monde publiait une enquête fleuve sur les « Monsanto papers », réalisée à partir de documents déclassifiés de la société américaine produisant le glyphosate. Difficile de ne pas faire le lien entre cette affaire et celle « imaginée » par Frédéric Tellier, dont on connaît le penchant pour les films tirés de faits réels. Son premier film, L’affaire SK1, en 2014, impressionnait déjà par la méticulosité de sa reconstitution et par la plongée effectuée dans les coulisses de l’enquête sur les meurtres perpétrés par Guy Georges. On savait donc Tellier minutieux. On le découvre engagé. Il faut l’être, pour filmer avec autant de colère les actes de désespoir d’agriculteurs malades ou endeuillés et la violence de la répression d’Etat contre des militants écologistes armés de leur seule détermination. Difficile de ne pas percevoir le point de vue partial du cinéaste qui en voulant dénoncer le pouvoir écrasant des sphères d’influence, prend le risque d’un certain manichéisme – le lobbyiste incarné par Pierre Niney évoluant dans un luxe indécent par un souci d’opposition presque caricaturale avec les victimes de la tétrazine et l’avocat qui les défend (Gilles Lellouche). Qu’importe. Les gestes partisan et cinématographique se confondent avec assez d’habileté pour qu’on ne puisse en faire le reproche à Frédéric Tellier, tant ce dernier excelle à explorer les mécanismes du lobbyisme et à tenir le spectateur en tension du premier au dernier plan (inoubliable).

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