LES TUEURS DE L’ÉCLIPSE (Bloody Birthday) réalisé par Ed Hunt, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Lori Lethin, Melinda Cordell, Julie Brown, Joe Penny, Bert Kramer, K.C. Martel, Elizabeth Hoy, Billy Jayne

Scénario : Ed Hunt & Barry Pearson

Photographie : Stephen L. Posey

Musique : Arlon Ober

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Une nuit d’éclipse, trois femmes de la même localité de Californie accouchent simultanément de trois bébés en pleine forme. Baptisés Debbie, Curtis et Steven, ils se préparent à fêter leur dixième anniversaire à leur manière. Comme poussés par une force aussi puissante que maléfique, ils éliminent méthodiquement ceux qui ont le tort de leur déplaire. Entre notamment une flèche dans l’œil, une balle dans le coeur et des coups de pelle, ils s’en prennent surtout aux adultes…

Les thrillers avec des enfants tueurs sont plutôt rares. Surtout les bons. Quand on évoque ce sous-genre horrifique, on pense en premier lieu à La Malédiction (1976) de Richard Donner, chef d’oeuvre qui permettra au réalisateur de se voir offrir Superman deux ans plus tard. Citons aussi en vrac Les Enfants du maïs (1994), Dorothy (2008), We Need to Talk About Kevin (2011), Le Village des damnés (1960 et le remake de John Carpenter en 1995), Les Révoltés de l’an 2000 (1976), Les Innocents (1961), The Children (2009) et le méconnu, mais remarquable Attention, les enfants regardent (1978) de Serge Leroy, avec Alain Delon, chasseur devenant la proie de gamins froids comme la mort. Les Tueurs de l’éclipse est un film d’épouvante à la frontière du fantastique, où deux garçons et une fille nés au même moment durant une éclipse solaire, se retrouvent dépourvus de conscience en raison d’un alignement spécifique des planètes et se mettent à tuer leur entourage, ainsi que ceux qu’ils trouvent tout simplement indésirable. Réalisé par un certain Ed Hunt, qui avait signé L’Invasion des soucoupes volantes – Starship Invasions en 1977, avec Christopher Lee et Robert Vaughn, Les Tueurs de l’éclipse – Bloody Birthday surfe sur la vague du slasher alors à la mode, s’avère un opus qui fait froid dans le dos et ce grâce à une très solide distribution menée par trois jeunes acteurs épatants qui campent les effrayants assassins du film. La tension est maintenue du début à la fin, la mise en scène est élégante et prouve qu’Ed Hunt en avait sous le capot, la photographie de Stephen L. Posey (Vendredi 13 – Chapitre 5 : Une nouvelle terreur, Slumber Party Massacre), ainsi que la composition d’Arlon Ober (Le Monstre qui vient de l’espace, le génial Eating Raoul de Paul Bartel) sont très inspirées (même si le second n’hésite pas à piocher chez John Williams et Bernard Herrmann), bref, c’est du tout bon et cela a étonnamment bien vieilli.

Le 9 juin 1970, à l’hôpital général de Meadowvale en Californie du Sud, un médecin arrive pour s’occuper de trois femmes en train d’accoucher en même temps lors d’une éclipse solaire. Deux garçons et une fille sont nés – Curtis Taylor, Debbie Brody et Steven Seton. Dix ans plus tard, le 1er juin 1980, un jeune couple nommé Annie Smith et Duke Benson flirtent dans un cimetière la nuit, lorsqu’ils sont attaqués et tués par des assaillants inconnus. Cette même nuit, Joyce, qui travaille sur son horoscope, surprend son frère Timmy qui se faufile par la fenêtre, celui-ci ayant du mal à se justifier. Le lendemain, le 2 juin, Joyce arrive à l’école élémentaire Thomas Jefferson, où elle fait du bénévolat pour son cours d’éducation civique, et trouve le shérif Brody en train de parler du meurtre à la classe de Mme Davis. Il montre aux enfants un manche de corde à sauter, retrouvé sur le lieu cu crime. Debbie et Curtis échangent des regards mais ne disent rien. Plus tard, Debbie appelle son père à l’extérieur en sautant à la corde. Après avoir échappé de justesse à une planche à roulettes posée par Curtis dans les escaliers, Debbie laisse tomber sa corde à sauter par terre, lui montrant qu’il lui manque sa poignée. Surpris, Steven bat le shérif par derrière avec sa batte de baseball en bois sous le regard de Debbie. Timmy aperçoit Steven, Curtis et Debbie en train de se débarrasser du corps du shérif dans les escaliers, obligeant Debbie à appeler rapidement sa mère, disant que leur père est tombé et s’est blessé. Mais Timmy a tout vu et devient une menace pour les trois tueurs.

De ces gamins à l’air angélique, nous retiendrons surtout cette petite blonde, magistralement interprétée par Elizabeth Hoy, qui apparaîtra dans quelques séries de l’époque (Des jours et des vies, Chips, L’île fantastique) et même dans Les Blues Brothers de John Landis. Si Andrew Freeman, qui incarne Steven, est plus effacé, le troisième (celui à lunettes donc), Billy Jayne, sera le seul à faire carrière et apparaîtra dans Cujo de Lewis Teague, Ma prof est une extraterrestre – Dr. Alien de David DeCoteau, la série Parker Lewis ne perd jamais (Mikey Randall, c’était lui) et tout un tas de produits télévisuels. La première est adepte de la strangulation réalisée à l’aide de sa corde à sauter, tandis que le troisième voue une fascination pour les armes à feu. Le reste du casting est du même acabit et tous pourraient faire partie de la rubrique « On ne sait jamais comment il/elle s’appelle, mais sa tête me dit quelque chose… », à l’instar de K.C. Martel (Amityville : la maison du diable, E.T. l’extra-terrestre, Quoi de neuf, docteur?), auxquels se joignent la mythique Susan Strasberg (Sweet Sixteen, Hurler de peur, Kapò, Picnic) et l’illustre José Ferrer (Dune de David Lynch, Comédie érotique d’une nuit d’été de Woody Allen, Fedora de Billy Wilder).

Rien à redire du point de vue formel, le cadre est classique, mais maîtrisé, les décors ressemblent à ceux d’Halloween, notamment les rues californiennes banales où un individu mal intentionné pourrait apparaître derrière chaque buisson. Les Tueurs de l’éclipse est un modèle de série B soignée, certes opportuniste et sortant la même année que Halloween 2 de Rick Rosenthal, Meurtres à la Saint-Valentin, Carnage, Massacres dans le train fantôme et Le Tueur du vendredi de Steve Miner, mais ambitieuse et audacieuse, qui se démarque par son thème sadique, ses personnages originaux et son concept tordu. Divers plans boobs aussi bien entendu et nous retiendrons la généreuse poitrine de Julie Brown, que le spectateur aura le temps d’apprécier autant que les gamins qui la matent à travers un judas. Alors, qui est le plus pervers ?

LE BLU-RAY

Sidonis Calysta sort cette petite pépite qu’est Bloody Birthday aka Les Tueurs de l’éclipse, en DVD, ainsi qu’en Combo Blu-ray + DVD. Titre jusqu’à présent inédit dans ces conditions en France. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément. C’est là que le bât blesse…Il y avait tellement à dire…Incompréhensible !

L’Image et le son

Quelques poussières et griffures durant la première bobine. Heureusement, le master HD trouve son équilibre immédiatement après. Les couleurs sont fraîches, la copie est stable, les contrastes denses (parfois même un peu trop, seul bémol de cette édition, voir la scène du meurtre au cimetière), le piqué agréable, tout comme la patine argentique bien équilibrée et gérée. Certaines séquences sortent du lot, notamment toutes les scènes en extérieur jour, avec un lot de détails très appréciables, sur les décors, mais également et surtout sur les gros plans. En dehors de divers plans flous et de changements chromatiques sur les fondus enchaînés, la définition demeure très solide et participe à la (re)découverte de ce slasher des années 1980. Vraisemblablement une restauration 2K.

Deux mixages 2.0. au choix. La version française ou la version originale. Du point de vue dynamique, la VF l’emporte parfois avec un report plus élevé des dialogues et de la musique. Sinon, notre préférence se tourne bien sûr vers la piste anglaise, plus harmonieuse, naturelle et percutante. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr