Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco

LE COEUR FOU réalisé par Jean-Gabriel Albicocco, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Auclair, Ewa Swann, Madeleine Robinson, Brigitte Auber, Jean-Claude Michel, Maurice Garrel, Daniel Cauchy, Marc Michel…

Scénario : Jean-Gabriel Albicocco, Philippe Dumarçay & Pierre Pelegri

Photographie : Quinto Albicocco

Musique : Jean-Pierre Bourtayre

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Journaliste de profession, Serge travaille dans la presse à sensation. Rendant visite à Cécile, son ex-femme, actrice, en cure de repos dans un hôpital psychiatrique, dans le but d’obtenir d’elle une interview,, il fait la rencontre de Clo, une jeune et jolie pyromane. Tombé fou amoureux d’elle, Serge l’aide à s’enfuir. Mais peu à peu, le journaliste perd lui aussi la raison, tandis que les incendies se multiplient au long de leur cavale.

On peut le dire, c’est un choc. On ne s’attendait pas à prendre Le Coeur fou en pleine tronche, en plein estomac aussi. Le quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) demeure encore aujourd’hui totalement méconnu, pour ne pas dire tout simplement inconnu. Sorti en 1970 dans l’indifférence générale, Le Coeur fou est un drame passionnel violent, romanesque, qui s’apparente à un film échappé du Nouvel Hollywood. Chaînon manquant entre Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et Breezy de Clint Eastwood (qui n’apparaîtra pourtant sur les écrans que trois ans plus tard), avec une touche de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces de Bob Rafelson sorti la même année, Le Coeur fou n’a probablement pas d’équivalent en France et l’ancien assistant de Jules Dassin livre une prodigieuse fuite en avant, une cavale sans issue, une balade sauvage magistralement mise en scène et interprétée par le couple vedette Michel Auclair et Eva Swann. Une perle, un bijou noir et pourtant aussi incandescent que les flammes que les deux personnages principaux n’ont de cesse de laisser derrière eux. À voir, à connaître et à relayer autour de vous dans votre réseau cinéphile. Chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Le Roman de Jim, réalisé par Arnaud & Jean-Marie Larrieu

LE ROMAN DE JIM réalisé par Arnaud & Jean-Marie Larrieu, disponible en DVD & Blu-ray le 7 janvier 2025 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Karim Leklou, Laetitia Dosch, Bertrand Belin, Noée Abita, Andranic Manet, Eol Personne, Sara Giraudeau, Mireille Herbstmeyer, Suzanne De Baecque, Sabrina Seyvecou, Marguerite Machuel, Robinson Stévenin…

Scénario : Arnaud & Jean-Marie Larrieu, d’après le roman de Pierric Bailly

Photographie : Irina Lubtchansky

Musique : Bertrand Belin & Shane Copin

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Aymeric, le beau-père de Jim, a rencontré Florence, sa mère, alors qu’elle était enceinte de six mois. Tous les trois mènent une vie heureuse dans le Jura jusqu’à ce que le père biologique, Christophe, revienne suite à une tragédie personnelle. Aymeric ne trouve plus sa place et, éloigné de l’enfant, il décide de partir faire sa vie ailleurs. Mais des années plus tard, Jim, 23 ans, frappe à la porte d’Aymeric.

Autant le dire d’emblée, le neuvième long-métrage de Jean-Marie et Arnaud Larrieu est incontestablement l’un de leurs meilleurs. Les réalisateurs de Peindre ou faire l’amour (leur plus gros succès), Le Voyage aux Pyrénées et Les Derniers Jours du monde, livrent une adaptation à la fois personnelle et fidèle au roman de Pierric Bailly, publié en 2021. Trois ans après l’infernal Tralala (ne tentez pas, vous n’en reviendrez pas indemnes), les Larrieu rectifient le tir, ils ne sont d’ailleurs jamais aussi inspirés que lorsqu’ils ne dirigent pas Mathieu Amalric finalement, et offrent au grand Karim Leklou l’un de ses plus beaux rôles à ce jour. Délicat, à fleur de peau, pudique, Le Roman de Jim frappe le spectateur en plein coeur et l’embarque dans une histoire d’amour contrariée entre un père et son fils, en jouant ouvertement la carte du romanesque. On ne s’attendait pas à pareille explosion des sentiments de la part des deux cinéastes, comme s’ils avaient attendu une « commande » pour démontrer qu’ils savaient aussi exprimer les non-dits de leurs personnages. On ressort bouleversés et les joues inondées de larmes du Roman de Jim, qui donnera sûrement envie aux spectateurs de découvrir l’ouvrage de Pierric Bailly, si cela n’avait pas déjà été fait.

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Test Blu-ray / Dans la poussière des étoiles, réalisé par Gottfried Kolditz

DANS LA POUSSIÈRE DES ÉTOILES (Im Staub der Sterne) réalisé par Gottfried Kolditz, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Jana Brejchová, Alfred Struwe, Ekkehard Schall, Milan Beli, Silvia Popovici, Violeta Andrei, Leon Niemczyk, Regine Heintze…

Scénario : Joachim Hellwig & Gottfried Kolditz

Photographie : Peter Süring

Musique : Karl-Ernst Sasse

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Ayant reçu un appel de détresse provenant de la planète TEM4, le vaisseau spatial Cyrno parvient à s’y rendre, non sans difficultés. Sur place, on fait comprendre à l’équipage qu’il s’agissait d’une erreur. Le chef de la planète invite alors tous les membres du Cyrno à une fête. Seul Suko reste méfiant, et à juste titre : les mines de TEM4 ont besoin d’esclaves…

« Dans la poussière d’étoiles » chantait Jasmine à Aladdin sur le tapis volant…Mais une quinzaine d’années auparavant, dans une autre partie du monde, un autre rêve, non pas bleu, mais rouge, débarquait au cinéma, Dans la poussière des étoiles donc, ultime film de science-fiction allemand produit par la légendaire DEFA. Si l’étoile rouge à cinq branches reste le symbole des États communistes, celles explorées dans cette superproduction est-allemande par Gottfried Kolditz (1922-1982) sont bel et bien celles de l’espace. Déjà à l’oeuvre sur Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer, le réalisateur s’en sort beaucoup mieux, quand bien même les effets spéciaux s’avèrent ici limités. On retrouve par ailleurs les mêmes tares, à savoir des acteurs peu charismatiques, un rythme lent, mais cette fois la pilule passe, sans doute en raison de certaines scènes psychédéliques à la limite du nanar, des coupes de cheveux et des costumes invraisemblables (les pattes d’eph dans l’espace, c’est quelque chose!), mais aussi et contre toute attente grâce à son scénario généreux en rebondissements et en nawak complètement assumé. Si la dernière partie traîne un peu en longueur, Dans la poussière des étoiles est un divertissement désuet qui ne manque pas de charme.

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Test Blu-ray / Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche

EOLOMEA réalisé par Herrmann Zschoche, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livre le 3 décembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Cox Habbema, Ivan Andonov, Rolf Hoppe, Vsevolod Sanaev, Petar Slabakov, Wolfgang Greese, Holger Mahlich, Benjamin Besson…

Scénario : Willi Brückner, d’après le roman d’Angel Wagenstein

Photographie : Günter Jaeuthe

Musique : Günther Fischer

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Dans un futur proche, les hommes ont colonisé la Lune et d’autres étoiles. La station Margot est le centre de relais le plus important de ces colonies. Un jour, huit astronefs partis en exploration disparaissent, et la liaison avec la station est rompue. Après avoir reçu un message codé déclarant « Eolomea », le professeur Maria Scholl, représentant le Conseil Suprême, ordonne un couvre-feu pour tous les vaisseaux, et se rend elle-même sur Margot pour découvrir ce qui se passe.

Après L’Étoile du silence Der schweigende Stern (1960) de Kurt Maetzig et Signal, une aventure dans l’espace Signale – Ein Weltraumabenteuer (1970) de Gottfried Kolditz, la science-fiction allemande n’avait pas dit son dernier mot. Pour preuve, en 1972 débarque Eolomea, réalisé par Herrmann Zschoche, qui prend les manettes de cette grosse production de science-fiction tournée en 70mm. Malheureusement, nous sommes loin de la réussite de la sympathique Étoile du silence et donc plus proche du lénifiant Signal, une aventure de l’espace. La raison? Beaucoup de blablas, une abondance de dialogues qui s’étirent et qui s’avèrent souvent étranges (en bref, qui évoquent une certaine idéologie, sans la nommer ouvertement, mais qui n’en pense pas moins), des répliques hermétiques récitées par des comédiens sans véritable charisme (les coiffures et les costumes n’arrangent rien), qui prennent l’air sérieux, en pensant donner le change. Mais rien n’y fait, on s’ennuie devant Eolomea, dont le charme des effets spéciaux demeure malgré tout, mais qui se perd dans un premier degré qui fait plus bâiller que rire. Dommage…

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Test Blu-ray / Pourquoi tu souris?, réalisé par Chad Chenouga & Christine Paillard

POURQUOI TU SOURIS? réalisé par Chad Chenouga & Christine Paillard, disponible en DVD & Blu-ray le 5 novembre 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : Jean-Pascal Zadi, Raphaël Quenard, Emmanuelle Devos, Judith Magre, Hubert Myon, Anne-Lise Heimburger, Camille Rutherford, Vincent Deniard, Stéphane Pezerat…

Scénario : Chad Chenouga & Christine Paillard

Photographie : Jacques Girault

Musique : Arthur Simonini

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Wisi est en galère. Il débarque à Bordeaux dans l’espoir de trouver un boulot et croise la route de Marina, une humanitaire au grand cœur. Pour se faire héberger chez elle, il prétend être un sans-papier. Un soir, il rencontre Jérôme, lui-même à la rue après le décès de sa mère. Malgré ses propos racistes et son étrange phobie de l’effort, Wisi accepte de le cacher pour une nuit chez Marina. Mais flairant le bon plan, Jérôme est bien décidé à s’incruster. Surtout depuis qu’il a découvert la combine de Wisi pour amadouer Marina…

On connaissait le réalisateur Chad Chenouga pour son très beau De toutes mes forces (2016). Deux ans après Le Principal (2024), celui-ci fait son retour avec Pourquoi tu souris ?, qu’il met en scène avec Christine Paillard, qui se sont rencontrés au cours Florent quand ils étaient élèves, avant d’y donner eux-mêmes des cours. Les deux avaient déjà collaboré en 2007 pour Cash, un documentaire consacré aux gens de la rue, qui trouvaient refuge dans un centre de soins hospitaliers placé à Nanterre, qui accueillait des personnes en grande difficulté. C’est dans cette structure d’urgence constituée de chambres communes et individuelles qu’ils avaient décidé d’aller à la rencontre de ces oubliés, en leur proposant une activité culturelle, en partenariat avec le théâtre des Amandiers, plus précisément un atelier d’improvisations. Plus de quinze ans après, Chad Chenouga et Chrtistine Paillard (également co-scénariste des longs-métrages du premier), qui n’ont jamais oublié cette expérience et surtout ces visages et parcours atypiques, ont décidé de leur rendre hommage dans Pourquoi tu souris ?, qui suit le face-à-face entre deux sans-abris, spécialisés dans l’art de la débrouille, qui parviennent à s’incruster dans le quotidien (mais pas que) d’une bénévole, qui n’était sans doute pas si prête que cela à accueillir chez elle « toute la misère du monde ». Formidablement interprété par un trio vedette aussi complémentaire que charismatique, Jean-Pascal Zadi-Raphaël Quenard-Emmanuelle Devos, Pourquoi tu souris ? est une comédie qui fait du bien, qui évite tout misérabilisme et pathos dégoulinant, qui ne se prend pas au sérieux et qui en dit pourtant long sur l’entraide et le vivre ensemble. Un petit coup de coeur.

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Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi

L’ENFANT DE SATAN (La Bimba di Satana) réalisé par Mario Bianchi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jaqueline Dupré, Marina Hedman, Aldo Sambrell, Giuseppe Carbone, Giancarlo Del Duca, Alfonso Gaita, Mariangela Giordano…

Scénario : Piero Regnoli, d’après une histoire originale de Gabriele Crisanti

Photographie : Franco Villa & Angelo Lannu

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Suite à la mort de sa mère, Miria commence à agir bizarrement. Tour à tour, les proches de la famille et les anciens amants de sa mère disparaissent mystérieusement. Serait-ce son fantôme qui revient d’entre les morts pour se venger, ou son mari qui, par jalousie, décide de faire payer tous ceux qui l’ont rendu cocu ?

Mario Bianchi (1939-2022). Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais ce réalisateur a su oeuvrer de longues années dans le domaine du cinéma populaire italien, y compris dans le registre pornographique (quelques titres explicites du genre Analità profondaOrgasmi del secondo canale, L’Ultimo tango anale, Francesca: Sinfonia anale). Ce qui nous intéresse aujourd’hui – les plus pervers devront attendre encore un peu pour en savoir plus sur sa collaboration avec Rocco Siffredi, la Cicciolina et Roberto Malone – est donc la « première » partie de sa carrière, autrement dit celle où le cinéaste tâtait du western spaghetti (Au nom du père, du fils et du colt…, Poker d’as pour un gringo), du poliziottesco (Provinzia violenta, Les Cinq de la section spéciale) et – un peu plus tardivement – du giallo (Non aver paura della zia Marta). Le film dont nous allons parler s’intitule L’Enfant de SatanLa Bimba di Satana est se situe juste avant que le signore Bianchi se lance à corps perdu dans le X. Thriller surnaturel et horrifique, cet opus ne manque pas d’attraits, d’une part en raison de ses actrices dénudées (souvent sans raison, mais on ne va pas se plaindre), d’autre part pour ses personnages peu aimables, dont on attend patiemment qu’ils se fassent tous assassiner. C’est le cas de l’acteur espagnol Aldo Sambrell, gueule récurrente du cinéma d’exploitation (Tender Flesh de Jess Franco, Les Cruels et Navajo Joe de Sergio Corbucci), mais vu aussi chez Jackie Chan (l’immense Opération Condor), Lucio Fulci (Selle d’argent), Don Chaffey (Charley le Borgne), Tom Gries (Les 100 fusils), Romain Gary (Kill) et même chez Richard Fleischer (Les Complices de la dernière chance). Ce dernier vole la vedette dans la peau du salopard, qui se comporte en seigneur et maître du château, un être impitoyable, omnipotent, prétentieux, prêt à violer une religieuse, sous prétexte que « profaner un temple » a toujours été son rêve. Si le rythme est sans doute un peu lent, la très courte durée du film (73 minutes, génériques compris) fait qu’on ne s’ennuie pas, les meurtres et rebondissements s’enchaînent et l’ambiance est suffisamment immersive pour qu’on se prenne au jeu. Un bon cru.

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Test Blu-ray / Douce nuit, sanglante nuit 2, réalisé par Lee Harry

DOUCE NUIT, SANGLANTE NUIT 2 (Silent night, Deadly night, Part 2) réalisé par Lee Harry, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 18 décembre 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Eric Freeman, James Newman, Elizabeth Kaitan, Jean Miller, Darrel Guilbeau, Brian Michael Henley, Corrine Gelfan, Michael Combatti…

Scénario : Lee Harry & Joseph H. Earle

Photographie : Harvey Genkins

Musique : Michael Armstrong

Durée : 1h25

Année de sortie : 1987

LE FILM

Après la mort de son frère Billy et celle de son père adoptif. Ricky décide de finir « l’œuvre » de son grand frère en continuant le massacre de personnes qu’il juge « vilaines » et retrouver et tuer la Mère Supérieure. Autrefois, pour la Mère Supérieure, Ricky était son chouchou, maintenant, elle est considérée selon Ricky comme la meurtrière de son frère.

En (re)découvrant Douce nuit, sanglante nuit 2Silent Night, Deadly Night Part 2, la tentation est grande et alléchante de procéder comme le réalisateur Lee Harry, à savoir faire un copier-coller de notre chronique du premier opus. En effet, l’histoire est malheureusement connue, cette séquelle qui en tout et pour tout dure 80 minutes, est constituée dans sa toute première moitié de séquences provenant du long-métrage de Charles E. Sellier Jr. ! Autant dire que le spectateur qui arriverait sans avoir connaissance de ce subterfuge (imputable à un manque conséquent de moyens), risque de sentir blousé, avant de crier à l’arnaque pure et simple. Le monteur Lee Harry, ayant fait ses « classes » sur quelques opus inconnus de science-fiction au rabais (PSI Factor, Escape from DS-3, Laboratory) se retrouve à la barre de ce Douce nuit, sanglante nuit 2, son premier film comme metteur en scène (il ne réitérera que deux ou trois fois l’expérience), produite par Lawrence Appelbaum, avec lequel Lee Harry avait collaboré précédemment. Une fois les droits de la franchise dans le besace, que faire ? C’est là que le bât blesse, personne ne semble s’être posé la question. Si récupérer les scènes et bouts de séquences coupés au montage a été tentant, cela n’a pas abouti. De ce fait, le réalisateur et ses coscénaristes Joseph H. Earle (Scarecrows, qui serait en réalité le « vrai » metteur en scène du film), Dennis Patterson (qui fera surtout carrière dans le domaine du son) et les producteurs eux-mêmes ont purement et simplement décidé de reprendre une bonne partie des moments emblématiques du premier volet et de les faire raconter par Ricky, le petit frère de Billy, qui n’était pourtant encore qu’un bébé au moment de l’assassinat de leurs parents. Histoire de bien remettre les personnages dans leur contexte et de rappeler le précédent récit au public, ou parce qu’ils ne pouvaient pas faire autrement comme ils n’avaient pas suffisamment de dollars à disposition, les responsables du bouzin signent donc un best-of de quarante minutes du premier épisode. L’autre moitié ? Mieux vaut en rire. Avec son comédien au charisme du bulot (on le croirait échappé d’un boys band), grimaçant et incapable de déclamer une tirade sans en faire des tonnes, Douce nuit, sanglante nuit 2 est une des pires suites de l’histoire du slasher, sans aucune imagination. Entre le nanar et le navet, voici donc une œuvre hybride, le « narvet », qui ennuie et qui fait rire tout à la fois. À voir pour se rendre compte de la supercherie opportuniste, procédé rare, mais néanmoins déjà vu, à l’instar du faux diptyque de Claude Lelouch, Les ParisiensLe Courage d’aimer.

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Test Blu-ray / Borderlands, réalisé par Eli Roth

BORDERLANDS réalisé par Eli Roth, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 5 décembre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Cate Blanchett, Kevin Hart, Jack Black, Ariana Greenblatt, Jamie Lee Curtis, Florian Munteanu…

Scénario : Eli Roth & Joe Crombi

Photographie : Rogier Stoffers

Musique : Steve Jablosky

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d’Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver, Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tiny Tina ; Tannis, une scientifique fantasque et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore.

C’est en totale ignorance de la franchise de jeux vidéos (apparemment l’une des plus vendues de tous les temps) que l’auteur de ces mots abordera l’adaptation cinématographique de Borderlands. À la barre de cette superproduction au budget de plus de cent millions de dollars (sans compter les reshoots tardifs orchestrés par Tim Miller), on retrouve Eli Roth, découvert en 2002 avec Cabin Fever, propulsé trois ans plus tard avec Hostel. Après la suite de ce dernier, le metteur en scène marquera les esprits avec The Green Inferno (fabuleux hommage aux films de cannibales italiens des années 1970-1980), puis son excellent Knock Knock, avant de livrer un savoureux remake d’Un justicier dans la ville (Death Wish, avec Bruce Willis). 2018, Eli Roth change de registre et se voit confier La Prophétie de l’horloge, transposition du roman La Pendule d’Halloween de John Bellairs, qui connaît un joli succès au box-office. Après une pause, le revoilà donc aux manettes d’un blockbuster, pour lequel il retrouve Cate Blanchett, star de son précédent long-métrage, dans la peau d’une (super)héroïne bad-ass aux cheveux flamboyants et fine gâchette. Elle est ici accompagnée d’un casting sympathique et se fond à merveille au milieu de décors numériques (mais pas que, le film ayant été tourné en Hongrie), de personnages pittoresques. Sans rien attendre du tout de Borderlands, le charme agit. Avec sa photographie bariolée et sa bande d’outsiders, on pense indéniablement aux Gardiens de la galaxie, sur lesquels Borderlands semble prendre un malin plaisir à piétiner les plates-bandes. S’il n’atteint pas les Guardians de James Gunn à la cheville, Borderlands n’a cependant pas à rougir de la comparaison dans les scènes d’action, excessivement généreuses, nawaks, mais avec lesquelles Eli Roth paraît s’amuser. Il y a quelque chose de contagieux dans Borderlands, qui ne révolutionne rien, qui s’inspire ouvertement à droite à gauche (sans « copier » à la Tarantino, ce qui a toujours été une grande différence entre le sieur Quentin et Roth), mais qui le fait bien, en assumant sa condition de sale gosse et sans doute d’ersatz. Un très bon divertissement au final.

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Test Blu-ray / Mortelle randonnée, réalisé par Claude Miller

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MORTELLE RANDONNÉE réalisé par Claude Miller, disponible en Édition 2 Blu-ray le 3 décembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Michel Serrault, Isabelle Adjani, Guy Marchand, Stéphane Audran, Macha Méril, Geneviève Page, Sami Frey, Patrick Bouchitey

Scénario : Jacques Audiard, Michel Audiard d’après le roman de Marc Behm

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Carla Bley

Durée : 1h58 (version cinéma), 1h36 (version TV)

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

L’Oeil, surnommé ainsi pour ses talents de fin limier, travaille pour l’agence de détectives de Madame Schmitt-Boulanger. Divorcé, il est hanté par le souvenir de sa fille Marie qu’il n’a plus revue depuis sa petite enfance, et cherche désespérément à savoir où elle se trouve sur la seule image qu’il possède d’elle, une photo de classe lorsqu’elle avait huit ans…

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Garde à vue ayant été un grand succès public et critique en 1981, Claude Miller a le vent en poupe et devient libre de choisir ses projets. Il jette son dévolu sur le roman Eye of the Beholder – Mortelle randonnée de Marc Behm et confie son adaptation à Michel Audiard et à son fils Jacques. Le réalisateur souhaite prendre le contrepied de son précédent film en voulant tourner aux quatre coins de l’Europe et en misant sur une esthétique sophistiquée. Il engage Pierre Lhomme, directeur de la photographie de Tout feu, tout flamme et Le Sauvage, et bénéficie d’un casting quatre étoiles avec Michel Serrault et Isabelle Adjani en tête d’affiche, accompagnés de Guy Marchand, Stéphane Audran, Macha Méril, Geneviève Page, Sami Frey, Geneviève Page, Patrick Bouchitey et la participation de Jean-Claude Brialy.

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Test Blu-ray / Neuf invités pour un crime, réalisé par Ferdinando Baldi

NEUF INVITÉS POUR UN CRIME (Nove ospiti per un delitto) réalisé par Ferdinando Baldi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Arthur Kennedy, John Richardson, Caroline Laurence, Massimo Foschi, Loretta Persichetti, Sofia Dionisio, Dana Ghia, Rita Silva, Venantino Venantini…

Scénario : Fabio Pittorru

Photographie : Sergio Rubini

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Alors qu’ils passent des vacances sur une île méditerranéenne isolée, neuf invités d’une famille bourgeoise sont traqués et tués un par un mystérieux tueur.

Ils étaient dix, pardon, Dix petits Nègres demeure l’un des plus célèbres romans d’Agatha Christie. Depuis 1939, année de sa première publication au Royaume-Uni, ce livre mythique a très tôt intéressé le monde du théâtre et du cinéma. Si la première mouture sur scène, par ailleurs adaptée par l’auteure elle-même, estimant être la mieux placée pour transposer l’une de ses œuvres, date de 1943, il faudra attendre 1945 pour que Dix petits nègres débarque sur le grand écran et ce sous la direction de René Clair. Ainsi le titre devient Dix petits indiensAnd Then There Were None et réunit Walter Huston, Barry Fitzgerald et Louis Hayward. D’autres adaptations officielles verront le jour (y compris à la télévision), dont la plus connue restera probablement celle signée Peter Collinson, production franco-britannico-italo-germano-espagnol sortie en 1974, qui convoque entre autres Charles Aznavour, Oliver Reed, Stéphane Audran, Gert Froebe, Herbert Lom, Adolfo Celi et la voix d’Orson Welles. D’autres longs-métrages s’inspireront (pour ne pas dire pilleront ouvertement) le roman d’Agatha Christie, de Mario Bava (L’Île de l’épouvante 5 bambole per la luna d’agosto) à James Mangold (Identity). Neuf invités pour un crime Nove ospiti per un delitto fait partie du lot. Plus connu pour ses westerns, parmi lesquels le fabuleux Texas adios, Blindman, le justicier aveugle, Pendez-le par les pieds, Le Dernier des salauds, Le Salaire de la haine et autres réjouissances, Ferdinando Baldi et son scénariste Fabio Pittorru (L’Appel de la chair, La Dame rouge tua sept fois) suivent la trame de Dix petits Nègres et emmènent leur équipe de tournage en Sardaigne, près de la ville de Sassari. Ce thriller « estival » s’avère un divertissement on ne peut plus plaisant, porté par des comédiens judicieusement choisis – en gros, pas un personnage n’est attachant, ce qui ajoute au plaisir de les voir se faire trucider l’un après l’autre – qui prennent un malin plaisir à se voler dans les pattes, jusqu’à ce qu’un assassin décide de parasiter leurs vacances. Solidement mis en scène, Neuf invités pour un crime est hautement conseillé.

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