Test 4K UHD / Little Buddha, réalisé par Bernardo Bertolucci

LITTLE BUDDHA réalisé par Bernardo Bertolucci, disponible en Combo Blu-ray+4K Ultra HD le 12 septembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Keanu Reeves, Ruocheng Ying, Chris Isaak, Bridget Fonda, Alex Wiesendanger, Sogyal Rinpoche…

Scénario : Bernardo Bertolucci & Mark Peploe

Photographie : Vittorio Storaro

Musique : Ryuichi Sakamoto

Durée : 2h21

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Jesse Conrad, neuf ans, vit à Seattle avec un père ingénieur, Dean, et une mère enseignante, Lisa. Un jour, ils reçoivent la visite surprise d’une délégation de moines bouddhistes venue du royaume himalayen du Bhoutan sous la conduite du lama Norbu et de son adjoint Champa. Les moines sont persuadés que Jesse pourrait être la réincarnation d’un de leurs plus éminents chefs spirituels. Ils lui offrent alors un livre narrant la vie de Siddhartha et attendent sa visite dans l’Himalaya.

Quand il tourne Little Buddha, Bernardo Bertolucci a laissé son pays natal derrière lui depuis près de dix ans, pour aller « voir ce qui se passe » dans le monde. Ainsi, il devait entamer sa trilogie dite « orientale », qui sera constituée du Dernier EmpereurL’Ultimo imperatore The Last Emperor (1987), triomphe planétaire qui sera récompensé par 9 David Di Donatello, le César du meilleur film étranger, trois Golden Globes, neuf Oscars et trois BAFTA, Un thé au Sahara The Sheltering Sky (1990), dont la sortie sera beaucoup plus confidentielle, et enfin Little Buddha en 1993. Le cinéaste italien renoue avec la fresque grandiose et suite à sa découverte du Bouddhisme, décide de s’adresser avant tout au jeune public, afin de leur donner son point de vue d’occidental sur cette religion et sur cette philosophie pour lesquelles il s’est passionné personnellement. Il en résulte un spectacle extraordinaire, rempli de couleurs, d’émotions, de réflexion, d’humour aussi également. Little Buddha aurait pu tomber dans la lourdeur didactique ou tout simplement dans l’effet bourratif en raison de trop d’excès, mais ce n’est pas le cas. Aujourd’hui encore, trente ans après sa sortie, ce gigantesque divertissement fonctionne à plein régime, auprès des spectateurs de tous les âges et permet de revoir Keanu Reeves avant d’exploser littéralement dans Speed de Jan de Bont et qui venait de se faire remarquer dans Point Break de Kathryn Bigelow, My Own Private Idaho de Gus Van Sant et Dracula de Francis Ford Coppola. Ça c’est du GRAND cinéma.

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Test Blu-ray / Trois noisettes pour Cendrillon, réalisé par Václav Vorlíček

TROIS NOISETTES POUR CENDRILLON (Tri orísky pro Popelku) réalisé par Václav Vorlíček, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 novembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Libuse Sáfranková, Pavel Trávnícek, Carola Braunbock, Rolf Hoppe, Karin Lesch, Dana Hlavácová, Jan Libícek, Vítezslav Jandák…

Scénario : Frantisek Pavlícek, d’après le conte de Bozena Nemcová

Photographie : Josef Illík

Musique : Karel Svoboda

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Suite à la mort de son père, Cendrillon est contrainte à devenir une domestique. Elle doit également subir sa belle-mère opiniâtre ainsi que ses demi-soeurs. Un jour, alors qu’elle se promène dans les bois sur son cheval blanc, elle rencontre un beau prince qui se prépare pour le bal du château. Mais celui-ci doit choisir sa future femme parmi les invités…

Tout le monde connaît l’histoire de Cendrillon, conte repris dans le monde entier, réinterprété et dont la version la plus célèbre demeure sans doute celle de Charles Perrault, puis celle des frères Grimm. Outre des opéras, des ballets, des pièces de théâtre, le cinéma s’est aussi très vite emparé de cette histoire, dès les débuts du cinématographe en fait (même Georges Méliès avait livré son interprétation), dont la version la plus connue reste probablement celle des studios Disney sortie en 1950. Si elle est forcément moins connue en France, la production germano-tchécoslovaque réalisée par Václav Vorlíček (1930-2019) et sortie en 1973, Trois noisettes pour Cendrillon Drei Haselnüsse für Aschenbrödel (en allemand) et Tři oříšky pro Popelku (en tchèque) est un véritable film culte, au point d’être systématiquement diffusé à la télévision en Norvège, en Allemagne, en Slovaquie, en Suède, en Espagne, en République tchèque et même en Suisse, lorsque les fêtes de fin d’année arrivent. C’est donc avec une vraie curiosité que l’on découvre Trois noisettes pour Cendrillon, transposition légère comme une bulle de savon, solidement interprétée par le couple formé par Libuše Šafránková (dans sa première apparition au cinéma) et Pavel Trávníček (également au début de sa carrière), qui incarnent parfaitement Cendrillon et son prince charmant. Dépaysant, curieux et un beau spectacle au final.

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Test Blu-ray / Coeur de pierre, réalisé par Paul Verhoeven

COEUR DE PIERRE (Das kalte Herz) réalisé par Paul Verhoeven, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 novembre 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Lutz Moik, Hanna Rucker, Paul Bildt, Paul Esser, Lotte Loebinger, Alexander Engel…

Scénario : Marieluise Steinhauer, Paul Verhoeven, Wolff von Gordon d’après le conte de Wilhelm Hauff

Photographie : Ernst Kunstmann & Bruno Mondi

Musique : Herbert Trantow

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Le charbonnier Peter Munch travaille dans la Forêt-Noire. Pauvre, sale et négligé, il est la risée des habitants du pays, et la main de la belle Lisbeth lui est refusée. Il va alors demander de l’aide au bon esprit de la forêt. Ce dernier lui accorde la richesse, qui va hélas considérablement changer son comportement.

À la base de Coeur de pierre, sous-titré La Légende de la Forêt Noire pour sa sortie en Blu-ray/DVD dans nos contrées, il y a un conte de l’écrivain et poète Wilhelm Hauff (1802-1827), dont on connaissait la transposition d’un autre récit, L’Histoire du Petit Muck, réalisé en 1953 par Wolfgang Staudte. On retrouve dans Das kalte Herz (littéralement « le coeur froid »), ou Peter le charbonnier (en Belgique), ou bien encore A Lenda da Floresta La Légende de la forêt (au Portugal), les mêmes ingrédients, à savoir un récit initiatique marqué par des éléments fantastiques. Réalisé par Paul Verhoeven, évidemment non pas celui de RoboCop et Total Recall, mais son homologue allemand né au début du vingtième siècle, Coeur de pierre est un spectacle impressionnant (plus de quatre millions de marks ont été alloués à la production du film), qui s’adresse toutefois à un public averti, en raison d’éléments sombres, qui pourraient heurter la sensibilité des plus jeunes. L’esthétique renvoie parfois à un cauchemar éveillé, le personnage principal devient antipathique et glacial, un meurtre est commis, l’ambiance n’est pas à la gaudriole, mais le propos demeure universel et intemporel. Impeccablement mis en scène, très élégant, original, Coeur de pierre apparaît comme un chaînon manquant entre les univers de Charles Dickens et Roald Dahl, preuve de son indéniable qualité et mérite d’être découvert par le plus grand nombre.

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Test Blu-ray / La Vie à l’envers, réalisé par Alain Jessua

LA VIE À L’ENVERS réalisé par Alain Jessua, disponible en DVD & Blu-ray le 6 novembre 2024 chez Inser & Cut/L’Oeil du témoin.

Acteurs :  Charles Denner, Anna Gaylor, Guy Saint-Jean, Nicole Gueden, Yvonne Clech, Jean Yanne, Robert Bousquet, Nane Germon…

Scénario :  Alain Jessua, d’après son roman

Photographie : Jacques Robin

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h35

Date de diffusion initiale : 1964

LE FILM

Jacques Valin, employé dans une agence immobilière de Montmartre, mène une vie sans problème en compagnie de son amie cover-girl. Il décide de l’épouser sur un coup de tête. Incapable de supporter les invités de la noce, dont ses patrons, il quitte le restaurant et déambule dans Paris avec sa femme, ce qui lui vaut de perdre son emploi. Coupé de la routine, il s’enferme dans la solitude et plonge peu à peu dans une folie heureuse.

Premier long métrage d’Alain Jessua (1932-2017), La Vie à l’envers est un film étrange, singulier, unique, percutant et par la suite inoubliable. L’ancien assistant de Max Ophüls, Marcel Carné, Yves Allégret et Jacques Becker signe la première pépite de sa filmographie, sans nul doute l’une des plus étonnantes et originales de l’histoire du cinéma français. Primé à Venise (Grand Prix de la presse italienne et Prix de la première œuvre) et à Cannes, grande inspiration pour Martin Scorsese, La Vie à l’envers, adapté du roman du même nom écrit par le metteur en scène lui-même, impose un univers qui lui est propre, qui a toujours détonné au sein de l’industrie cinématographique hexagonale. Véritable plongée psychologique et psychanalytique, le récit adopte le point de vue de son personnage principal du début à la fin, ne le quitte jamais, ne perd pas le fil de ses pensées, s’attarde sur son visage énigmatique, sans pour autant donner toutes les explications quant à ses agissements. Alors qu’il envisageait tout d’abord Jean-Louis Trintignant dans le rôle de Jacques Valin, Alain Jessua jette finalement son dévolu sur l’immense Charles Denner, qui avait fait précédemment une apparition dans Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle et interprété Landru dans le film éponyme de Claude Chabrol. Comédien exceptionnel et au phrasé inimitable, ce dernier n’a que peu à faire pour apporter à Valin une déstabilisante ambiguïté. Laissant l’imagination du public faire son office, le cinéaste tend à montrer que l’être humain qui ne souhaite pas se conformer aux règles qui lui ont été imposées pour paraître en société, saura trouver le moyen de se préserver en s’extrayant volontairement de la masse, de la faune, quitte à passer pour un fou. Ce qui serait alors vu comme de la démence chez le commun des mortels, ne serait en réalité que le dernier moyen de défense d’une âme qui a pris conscience que le monde allait droit dans le mur et qu’il était encore temps d’en réchapper. Soixante ans après sa sortie, La Vie à l’envers n’a pas fini de subjuguer, de passionner et de questionner.

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Test Blu-ray / Breathe, réalisé par Stefon Bristol

BREATHE réalisé par Stefon Bristol, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Jennifer Hudson, Milla Jovovich, Quvenzhané Wallis, Sam Worthington, Common, Raúl Castillo, Dan Martin, Kaliswa Brewster, James Saito…

Scénario : Doug Simon

Photographie : Felipe Vara de Rey

Musique : Isabella Summers

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maya et sa fille sont obligées de vivre sous terre après que la Terre ait été rendue inhabitable par un manque d’oxygène. Seuls de brefs voyages à la surface sont possibles grâce à une combinaison à oxygène ultramoderne fabriquée par le mari de Maya, Darius, qu’elle présume mort. Lorsqu’un couple mystérieux arrive, prétendant connaître Darius, Maya accepte de les laisser entrer dans leur bunker, mais sont-ils vraiment ce qu’ils semblent être ?

Aaaaah Milla Jovovich…Difficile de résumer plus de 35 ans de carrière au cinéma, tant il n’en ressort pas grand-chose en dehors du Cinquième Élément The Fifth Element de Luc Besson , qui allait la faire connaître dans le monde entier, et les six épisodes de la saga Resident Evil, qu’elle aura porté pendant une quinzaine d’années. Malgré une filmographie conséquente, peu de films sortent réellement du lot, à part bien sûr He Got Game de Spike Lee, The Million Dollar Hotel de Wim Wenders et Jeanne d’Arc – The Messenger: The Story of Joan of Arc, cette fois encore de Luc Besson. Mais ça c’était avant l’an 2000. Depuis, la belle ukrainienne naturalisée américaine collabore souvent avec son mari Paul W. S. Anderson, qui avait emballé quatre opus de Resident Evil, ainsi que l’inénarrable The Three Musketeers Les Trois Mousquetaires (2011) et dernièrement Monster Hunter, adaptation de la série de jeux vidéo du même nom éditée par Capcom. Le pire, c’est que Milla Jovovich est loin d’être mauvaise actrice et elle le prouve une nouvelle fois avec Breathe, réalisé par Stefon Brostol, metteur en scène américain remarqué avec See You Yesterday, qui avait fait un carton sur Netflix en 2019. Cinq ans plus tard, le voilà aux manettes d’un film post-apocalyptique, dont l’affiche est centrée sur Milla Jovovich, mais qui apparaît en réalité comme second rôle, laissant la place principale à Jennifer Hudson et Quvenzhané Wallis. Si Breathe est bien interprété, sauf par Sam Worthington qui comme d’habitude en fait des tonnes, l’aspect fauché de l’ensemble laisse à désirer, l’histoire est redondante et peu de scènes marquent réellement. On peut laisser sans problème son cerveau au vestiaire pendant 1h30, le récupérer à la fin du film, qui ne laissera aucun souvenir une fois les neurones rebranchés.

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Test Blu-ray / Stay Hungry, réalisé par Bob Rafelson

STAY HUNGRY réalisé par Bob Rafelson, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 15 novembre 2024 chez Bubbel Pop’ Édition.

Acteurs : Jeff Bridges, Sally Field, Arnold Schwarzenegger, R.G. Armstrong, Robert Englund, Roger E. Mosley, Woodrow Parfrey, Scatman Crothers, Kathleen Miller, Fannie Flagg, Joanna Cassidy, Richard Gilliland, Mayf Nutter, Ed Begley Jr….

Scénario : Charles Gaines & Bob Rafelson, d’après le roman de Charles Gaines

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Byron Berline & Bruce Langhorne

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Joe Santo doit concilier son entraînement pour le titre de Mister Univers avec sa vie en société. Parallèlement, Craig Blake, agent immobilier, s’intéresse au rachat de son club d’entraînement et tombe amoureux de l’ancienne amante de Joe.

Il existe un film, sans doute l’un des plus beaux de l’histoire du cinéma. Il s’agit de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces, sorti en 1970, durant la pleine émergence du Nouvel Hollywood, réalisé par Bob Rafelson (1933-2022), par ailleurs producteur d’Easy Rider et de La Dernière séance. Ou comment les bases de ce courant cinématographique et même du mythe Jack Nicholson étaient posées. Cinéaste dont le nom est aujourd’hui quelque peu oublié, au contraire de ses longs-métrages à l’instar de ses autres collaborations avec celui qui sera alors son comédien fétiche (Le Facteur sonne toujours deux fois, Man Trouble, Blood & Wine), signe en 1976 l’un de ses opus les plus méconnus et pourtant l’un de ses plus attachants, Stay Hungry. Quasi-inédit dans nos contrées, malgré une sortie – certes discrète – dans les salles françaises, cette comédie mélancolique ou drame léger et sportif se place à un carrefour planté entre deux époques (on imagine et espère que les années 1980 seront plus légères, voire insouciantes), ainsi qu’entre deux ères du septième art. Mais pour l’heure, alors que Rocky devient le plus grand succès de l’année, suivi de près par Les Hommes du président, que La Malédiction de Richard Donner fait frémir les spectateurs, qu’un certain Travis Bickle conduit son taxi dans les rues de New York et que l’Inspecteur Harry en est déjà à sa troisième enquête, Bob Rafelson clôt ce qui apparaîtra rétrospectivement comme une trilogie avec Stay Hungry. Ainsi, après Cinq pièces faciles (1970) et The King of Marvin Gardens (1972), le réalisateur se penche sur la quête existentielle d’un autre jeune, issu ici d’une classe aisée, dont les parents viennent de disparaître dans un accident d’avion. Livré à lui-même, paumé dans sa grande baraque tenue par son valet au service de sa famille depuis un demi-siècle, Craig se voit entraîner malgré lui dans quelques combines immobilières montées par une bande d’escrocs qui souhaiteraient mettre la main sur un pâté de maisons dans une grande ville de l’Alabama. C’est alors qu’il va se prendre d’amitié pour celles et ceux qu’il devait pour ainsi dire mettre à la porte et se découvrir enfin lui-même. Chronique immersive dans le monde du culturisme, radiographie d’une jeunesse américaine en mal de repères (on pense aux futurs personnages de Bret Easton Ellis), pour ne pas dire de piliers, Stay Hungry est tout cela et encore plus. Pierre précieuse du cinéma hollywoodien dissimulé dans une parure de diamants plus célébrés qui lui ont forcément fait de l’ombre, le film de Bob Rafelson est – pour continuer dans le monde de la joaillerie – un diamant à découvrir, à faire connaître, à conseiller entre cinéphiles, qui impose à l’écran l’impressionnant Arnold Schwarzenegger, récompensé par le Golden Globe de la révélation masculine.

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Test Blu-ray / Topaze, réalisé par Marcel Pagnol

TOPAZE réalisé par Marcel Pagnol, disponible le 1er octobre 2024 en Blu-ray, chez CMF (Compagnie Méditerranéenne de Films).

Acteurs : Fernandel, Jacqueline Pagnol, Helène Perdrière, Pierre Larquey, Milly Mathis, Marcel Vallée, Jacques Castelot, Yvette Etiévant, Jacques Morel…

Scénario : Marcel Pagnol, d’après sa pièce de théâtre

Photographie : Philippe Agostini

Musique : Raymond Legrand

Durée : 2h22

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Instituteur à la pension Muche, Topaze, minable répétiteur incapable de tricher sur les notes de riches cancres, est licencié. Réduit au chômage, il donne des leçons particulières au neveu de Suzy Courtois, une demi-mondaine… Il va alors prendre conscience de la vanité de sa mission éducative et devenir une fripouille cynique…

Dans l’oeuvre et la carrière de Marcel Pagnol, Topaze tient une place prépondérante. C’est avec cette pièce de théâtre créée en 1927 à Berlin, puis l’année suivante au Théâtre des Variétés à Paris que l’auteur obtiendra la reconnaissance publique et critique, non seulement en France, mais aussi dans le monde entier. Pourtant, ce n’est pas lui qui l’adaptera au cinéma cinq ans plus tard, mais Louis Gasnier, avec Louis Jouvet dans le rôle-titre. Pour cela, Marcel Pagnol attendra 1936, après une mouture américaine avec John Barrymore et même une version égyptienne, en confiant le personnage principal à Alexandre Arnaudy. Le cinéaste y revient étrangement en 1951, en signant son propre remake, avec cette fois son épouse Jacqueline et Fernandel au casting. Rétrospectivement, Topaze demeure plus connu pour son premier acte, celui où on nous présente le quotidien du professeur, dont nous allons suivre l’étrange parcours. Car Topaze bifurque ensuite vers la comédie de mœurs dite financière, où Marcel Pagnol plonge le dénommé Albert Topaze dans une histoire de magouilles fondées sur le trafic d’influence, la corruption de fonctionnaires et la prévarication, ou plus communément le grave manquement d’un fonctionnaire, d’un homme d’État, aux devoirs de sa charge (abus d’autorité, détournement de fonds publics, concussion). C’est donc un Pagnol différent, plus engagé sans doute, qui étonne même dans le phrasé de ses interprètes, Fernandel jouant ici sans son légendaire accent. Topaze apparaît aujourd’hui comme un film trop long et lent, étouffant (aucune scène n’a été tourné en extérieur et cela se ressent) et reste marqué par de longues tirades sur les « affaires » qui ne nous intéressent guère. Cela étant, les comédiens (est-il utile de préciser qu’ils sont tous extraordinaires) y vont à fond, ont l’air de s’amuser beaucoup et resplendissent de charisme et de talent. Antépénultième long-métrage de Marcel Pagnol, si l’on considère que Manon des sources et Ugolin, sortis en 1952, comme un seul film, Topaze se voit encore comme une curiosité, mais ne possède pas l’aura des autres monuments du cinéaste.

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Test Blu-ray / Naïs, réalisé par Raymond Leboursier & Marcel Pagnol

NAÏS réalisé par Raymond Leboursier & Marcel Pagnol, disponible le 1er octobre 2024 en Blu-ray, chez CMF (Compagnie Méditerranéenne de Films).

Acteurs : Fernandel, Jacqueline Pagnol, Raymond Pellegrin, Henri Poupon, Charles Blavette, Henri Arius, Germaine Kerjean, Paule Langlais…

Scénario : Marcel Pagnol, d’après une nouvelle d’Emile Zola

Photographie : Charles Suin & Walter Wottitz

Musique : Vincent Scotto & Henri Tomasi

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Naïs, jeune paysanne provençale, aime Frédéric, fils débauché des patrons de son père. Elle devient sa « maîtresse des vacances ». Toine le bossu les surprend, mais, par amour pour Naïs, il devient leur complice. Micoulin, le père de la jeune fille, met tout en œuvre pour venger son honneur…

Naïs marque le retour de Marcel Pagnol derrière la caméra, cinq ans après La Fille du puisatier, sans parler de La Prière aux étoiles, entamé en 1941, mais dont le tournage sera interrompu en raison des conditions que l’on imagine difficiles sous le régime de Vichy, qui défendait au réalisateur de se rendre à Paris pour ses prises de vue. Marcel Pagnol, dont Alfred Greven, président de la fameuse Continental, désirait lui confier quelques œuvres de propagande nazie, décide finalement de détruire ce qu’il avait tourné pour La Prière aux étoiles, afin d’éviter toutes récupérations. 1945, Naïs sort sur les écrans, d’après Naïs Micoulin, une nouvelle d’Émile Zola, sur lequel Marcel Pagnol a dû laisser parfois la place à la mise en scène à Raymond Leboursier, qui selon les professionnels n’a quasiment rien tourné en réalité. Néanmoins, Naïs est et restera une œuvre mineure dans la carrière exceptionnelle de son auteur et vaut essentiellement aujourd’hui pour l’excellence et la beauté de ses interprètes, Fernandel en tête bien sûr, bouleversant comme jamais, ainsi que la blonde et diaphane Jacqueline Bouvier, devenue la compagne de Marcel Pagnol. Celle qui inspirera Manon des sources au réalisateur, est resplendissante de naturel et de fraîcheur dans Naïs et ses scènes avec Fernandel sont les plus belles du film, qui montre quelques baisses de rythme. Il n’empêche que même plus « anecdotique », Naïs reste bien supérieur aux drames du même acabit, son propos restant par ailleurs moderne, tout comme certaines répliques qui font encore mouche. Une escapade sous le soleil ardent, au milieu des grillons, avec la divine Jacqueline, cela ne se refuse pas.

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Test Blu-ray / Le Schpountz, réalisé par Marcel Pagnol

LE SCHPOUNTZ réalisé par Marcel Pagnol, disponible le 1er octobre 2024 en Blu-ray, chez CMF (Compagnie Méditerranéenne de Films).

Acteurs : Fernandel, Orane Demazis, Fernand Charpin, Robert Vattier, Pierre Brasseur, Léon Belières, Jean Castan, Enrico Glori…

Scénario : Marcel Pagnol

Photographie : Willy Faktorovitch

Musique : Casimir Oberfeld

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1938

LE FILM

Jeune commis épicier un peu mythomane, Irénée, à qui le cinéma a tourné la tête, est convaincu qu’il deviendra un acteur célèbre. Il rencontre une équipe de tournage qui lui réserve une plaisanterie cruelle. Il arrive aux studios plein d’espoir…

« Quand on fait rire sur la scène ou sur l’écran, on ne s’abaisse pas, bien au contraire. Faire rire ceux qui rentrent des champs, avec leurs grandes mains tellement dures qu’ils ne peuvent plus les fermer, ceux qui sortent des bureaux avec leurs petites poitrines qui ne savent plus le goût de l’air, ceux qui reviennent de l’usine, la tête basse, les ongles cassés, avec de l’huile noire dans les coupures de leurs doigts…Faire rire tous ceux qui mourront, faire rire tous ceux qui ont perdu leur mère, ou qui la perdront…Le rire n’est pas une espèce de convulsion absurde et vulgaire mais une chose humaine que Dieu a peut-être donnée aux hommes pour les consoler d’êtres intelligents. » Marcel Pagnol

Tourné en parallèle de Regain, Le Schpountz est un des monuments de son auteur, Marcel Pagnol (1895-1974). Après le dernier épisode de sa Trilogie marseillaise, le réalisateur confie à nouveau le rôle principal à Fernandel. Ainsi, après Saturnin, le valet de ferme dans Angèle et Urbain Gédémus, le rémouleur de Regain, le comédien endosse l’habit et la raie au milieu d’Irénée Fabre, commis-épicier, persuadé qu’il est fait pour le cinéma, son « talent caché ». Inspiré par une véritable anecdote survenue au moment du tournage d’Angèle en 1934, Le Schpountz révèle l’entre-soi du monde du septième art, où les artistes et techniciens n’hésitent pas à se moquer ouvertement d’un grand garçon benêt (ou un « fada », un « raté », « un bon à rien », « une loque », « une épave », « un pauvre couillon » comme le dit affectueusement l’oncle d’Irénée), persuadé qu’il est fait pour « briller » et mettre les spectateurs à ses pieds. Succession ininterrompue de dialogues anthologiques durant plus de deux heures, cette comédie tragique ou drame comique (cela fonctionne souvent dans les deux sens avec Marcel Pagnol), Le Schpountz possède la même force de frappe qu’un film de Chaplin, son propos est inaltérable, universel et intemporel. Immense chef d’oeuvre.

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Test Blu-ray / Les Misérables, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LES MISÉRABLES – 2 ÉPOQUES réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Gabin, Danièle Delorme, Bernard Blier, Bourvil, Béatrice Altariba, Serge Reggiani, Silvia Monfort, Fernand Ledoux, Jimmy Urbain…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois, Michel Audiard & René Barjavel, d’après le roman de Victor Hugo

Photographie : Jacques Natteau

Musique : Georges Van Parys

Durée : 3h10

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Jean Valjean, un paysan condamné à cinq ans de travaux forcés pour avoir volé un pain, sort du bagne de Toulon en 1815 après y avoir passé dix-neuf ans, sa peine initiale ayant été prolongée à cause de ses multiples tentatives d’évasion. Son destin bascule lorsque l’évêque de Digne, Monseigneur Myriel, se dévoue pour lui éviter d’être de nouveau incarcéré à la suite du vol qu’il a perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s’évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur.

C’est un véritable blockbuster. En 1958, Jean-Paul Le Chanois adapte Les Misérables de Victor Hugo (publié en 1862), avec un casting de luxe, 10.000 figurants et un budget conséquent. Bien avant cela, l’oeuvre de l’écrivain avait inspiré le septième art, dès ses débuts d’ailleurs et ce aux quatre coins du monde. On peut bien sûr citer la version de Raymond Bernard en 1934, avec Harry Baur, Charles Vanel, Jean Servais et Orane Demazis, mais aussi celle (tout aussi virtuose) de Riccardo Freda (sous le titre français L’Évadé du bagne) avec Gino Cervi et Valentina Cortese. Jean-Paul Le Chanois coécrit son film avec René Barjavel, après un départ précipité de Michel Audiard (avec lequel le travail s’est très mal passé) et confie le rôle de Jean Valjean à Jean Gabin. Depuis son retour en grâce en 1954, le « Vieux » enchaîne les tournages et multiplie les succès. En 1955, six films dont il est la vedette sortent sur les écrans (dont French Cancan, Chiens perdus dans collier, Gas-oil) et quasiment tout autant l’année suivante (Des gens sans importance, Voici le temps des assassins, Le Sang à la tête, La Traversée de Paris…). Après un repos en 1957 (avec « seulement » deux films à l’affiche), Jean Gabin est à nouveau omniprésent en 1958 avec un film sortant en moyenne tous les deux mois. Ainsi, après Maigret tend un piège au mois de janvier, le mois de mars est marqué par l’événement cinématographique de l’année, l’arrivée des Misérables, scindé en deux époques pour une durée totale de 3h10 (le premier montage dépassait même les cinq heures, ce qui allait poser moult problèmes au montage), qui va alors attirer près de dix millions de spectateurs en France (on parle même de près de 25 millions en Union soviétique) et restera le deuxième plus grand succès de l’acteur au box-office, derrière les 12,5 millions d’entrées de La Grande Illusion. C’est la seconde collaboration entre Jean Gabin et Jean-Paul Le Chanois, après Le Cas du docteur Laurent et qui continuera après avec Monsieur (1964) et Le Jardinier d’Argenteuil (1966). Spectaculaire transposition du monument littéraire de Victor Hugo, Les Misérables demeure un gigantesque spectacle, qui a peut-être vieilli du point de vue des décors qui font parfois un peu carton-pâte, mais qui n’en reste pas moins passionnant et merveilleusement interprété.

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