Test Blu-ray / Violence à Jericho, réalisé par Arnold Laven

VIOLENCE À JERICHO (Rough Night in Jericho) réalisé par Arnold Laven, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 25 mai 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dean Martin, George Peppard, Jean Simmons, John McIntire, Slim Pickens, Don Galloway, Brad Weston, Richard O’Brien, Carol Andreson, Steve Sandor, Warren Vanders, John Napier…

Scénario : Sydney Boehm, d’après le roman Marvin H. Albert

Photographie : Russell Metty

Musique : Don Costa

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Aux États-Unis, sur le chemin qui mène à la petite ville de Jericho, Alex Flood attaque la diligence en blessant son conducteur Ben Hickman et s’enfuit sans être identifié. En arrivant en ville, Dolan (un shérif reconverti en joueur professionnel de poker), passager de la diligence, apprend que Flood, ex-policier devenu chef de gang, veut prendre le contrôle du service de transport dirigé par Hickman et son associée Molly Lang. Celle-ci s’oppose à Flood et, essayant de rallier les habitants à sa cause, trouve un volontaire en la personne de Dolan qui s’est épris d’elle. Avec l’aide d’une petite troupe, Dolan défie Flood en s’emparant de son bétail et en dynamitant son ranch. S’ensuit une violente fusillade.

Chers cinéphiles amateurs de westerns, nous avons là une petite pépite insoupçonnée avec Violence à JerichoRough Night in Jericho, réalisé par Arnold Laven (1922-2009) et sorti en 1967, à l’heure où le genre américain rendait son dernier souffle et renaissait en Europe, principalement en Italie. L’influence transalpine se ressent d’ailleurs dans Violence à Jericho, film très violent, à tel point que la censure s’en est mêlée. Disons-le, cet opus est immense, dans le sens où nous sommes dans un western pur et dur, interprété par des acteurs aussi charismatiques que bad-ass et talentueux, que l’action est savamment soutenue du début à la fin, que le développement des personnages demeure constamment intéressant. Arnold Laven, qui aura fait la deuxième partie de sa carrière à la télévision en écumant toutes les séries possibles et imaginables (Gunsmoke, L’Homme de fer, Le Magicien, Mannix, L’Homme qui valait 3 milliards), était un réalisateur courtisé par le cinéma, pour son efficacité et son professionnalisme. Il enchaînait les séries B de luxe pour les studios, en dirigeant parfois de grands noms (Edward G. Robinson, Paulette Goddard, Paul Newman, Walter Pidgeon, Dan Duryea et plus tard Burt Reynolds) et signe probablement son meilleur film avec Violence à Jericho, très largement recommandé.

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Test Blu-ray / Canadian Pacific, réalisé par Edwin L. Marin

CANADIAN PACIFIC réalisé par Edwin L. Marin, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 juillet 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Randolph Scott, Jane Wyatt, J. Carrol Naish, Victor Jory, Nancy Olson, Robert Barrat, Walter Sande, Don Haggerty…

Scénario : Jack DeWitt & Kenneth Gamet

Photographie : Fred Jackman Jr.

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Employé de la Canadian Pacific Railroad, Tom Andrews reçoit pour mission de trouver un passage dans les Montagnes Rocheuses pour finaliser un itinéraire de chemin de fer entre le Canada et les Etats-Unis. Une entreprise qui n’est pas du goût de tout de monde, en particulier des trappeurs qui mettent tout en oeuvre pour saboter le projet, allant jusqu’à provoquer une révolte indienne afin de préserver leurs intérêts dans le commerce de la fourrure…

À la fin des années 1940, Randolph Scott tourne pas moins de six westerns avec le réalisateur Edwin L. Marin, avec lequel il s’associera sur près d’une dizaine de longs-métrages au fil de sa carrière. Parmi ceux-ci, deux sont filmés en procédé Cinecolor (moins cher que le Technicolor) pour le compte de la Fox, dans des décors naturels, le premier dans les Rocheuses canadiennes, dans le parc national de Banff, la réserve indienne de Morley en Alberta et le parc national de Yoho en Colombie-Britannique, le second dans le Colorado (Gunnison, Lake City) et en Californie. Deux œuvres jumelles, portées par la même star, signées du même auteur, photographiées par le même chef opérateur (Fred Jackman Jr.) et produites par Nat Holt, Canadian Pacific et La Piste des CaribousThe Cariboo Trail. Ces deux raretés, qui ont pu être sauvées récemment, sont à la fois différents et complémentaires. Dans Canadian Pacific, celui qui nous intéresse aujourd’hui, Randolph Scott est prospecteur, loin du cowboy monolithique et taciturne qu’il incarnera (merveilleusement) par la suite, notamment dans le cycle Ranown chez Budd Boetticher. Le comédien a l’air de prendre un immense plaisir dans la peau de Tom Andrews, homme chaleureux, courageux et déterminé, aimé de tous (ou presque) et auprès duquel les femmes, comme ses amis, se sentent en sécurité. Canadian Pacific est un vrai bijou de série B, mis en scène avec élégance, excellemment interprété, passionnant à suivre et dépaysant, qui n’a sans doute pas les moyens colossaux du magnifique Pacific Express Union Pacific de Cecil B. DeMille, auquel on peut penser, mais qui s’en sort haut la main.

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Test Blu-ray / Le Seigneur de la guerre, réalisé par Franklin J. Schaffner (édition 2023)

LE SEIGNEUR DE LA GUERRE (The War Lord) réalisé par Franklin J. Schaffner, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 juin 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Richard Boone, Rosemary Forsyth, Maurice Evans, Guy Stockwell, Niall MacGinnis, James Farentino, Henry Wilcoxon…

Scénario : John Collier & Millard Kaufman, d’après la pièce de Leslie Stevens

Photographie : Russell Metty

Musique : Jerome Moross

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Dans la Normandie du XI° siècle, le chevalier Chrysagon de la Cruex reçoit un fief avec pour mission de son suzerain normand, le duc de Gent, de le défendre contre les invasions de barbares. Lors d’une chasse, il remarque une belle jeune femme du village sur le point de se marier. Il apprend peu après que de vieilles coutumes païennes, toujours respectées dans le village, accordent le droit au seigneur de passer la nuit de noces avec la jeune épousée…

C’est un film étrange, qui n’a pas eu de succès à sa sortie et qui demeure d’ailleurs encore aujourd’hui méconnu. Le Seigneur de la guerreThe War Lord est pourtant réalisé par Franklin J. Schaffner et interprété par Charlton Heston. Peu diffusé à la télévision, ce drame historique pour lequel la star s’est battue plusieurs années pour le concrétiser n’a eu de cesse d’être redécouvert par les cinéphiles et surtout réévalué. Si le projet a quelque peu muté en raison des studios frileux qui voulaient miser sur les scènes d’action, bien plus intéressantes et vendeuses selon eux que les personnages et les enjeux dramatiques que Charlton Heston voulait mettre en avant, Le Seigneur de la guerre parvient à trouver cet équilibre pour contenter les deux partis. La première heure se concentre sur Chrysagon et ses hommes, sur le dilemme moral du protagoniste, sur son désir de rédemption, tandis que la seconde laisse place à une succession quasiment ininterrompue de séquences de batailles. The War Lord peut donc apparaître comme un film malade comme le définissait François Truffaut, qui laisse souvent entrapercevoir celui que sa tête d’affiche avait à l’esprit depuis longtemps, mais qui a dû se plier aux desiderata d’Universal Pictures, trop heureux de bénéficier d’une belle et grosse production avec Ben-Hur, le Cid et le Major Dundee ! Indéniablement à réhabiliter.

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Test Blu-ray / Le Maître du Monde, réalisé par William Witney

LE MAÎTRE DU MONDE (Master of the World) réalisé par William Witney, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Master haute définition le 15 juin 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Vincent Price, Charles Bronson, Henry Hull, Mary Webster, David Frankham, Richard Harrison, Vito Scotti, Wally Campo…

Scénario : Richard Matheson, d’après les romans Robur le Conquérant et Maître du Monde de Jules Verne

Photographie : Gilbert Warrenton

Musique : Les Baxter

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Un savant fou prénommé Robur entreprend un terrifiant plan : détruire les armées afin de régner sur la planète. L’un de ses quatre otages, membre du gouvernement, parviendra à empêcher ce funeste objectif.

Dès les débuts du cinéma, l’oeuvre de Jules Verne a inspiré les réalisateurs du monde entier. C’est évidemment Georges Méliès qui est le premier à transposer l’écrivain nantais, avec Le Voyage dans la Lune (1920), avec son satellite recevant dans l’oeil l’obus du professeur Barbenfouillis, suivi de près par Le Voyage à travers l’impossible (1904), Vingt Mille Lieues sous les mers (1907) et plus tard par l’extraordinaire À la conquête du Pôle (1912). Parmi les films les plus célèbres on peut aussi citer Cinq semaines en ballon (1962) d’Irwin Allen, L’Île mystérieuse (1961) de Cy Endfield, Voyage au centre de la Terre (1959) de Henry Levin, Les Enfants du capitaine Grant (1962) de Robert Stevenson, Michel Strogoff (1956) de Carmine Gallone (mais pas sa suite foirée), Le Tour du monde en 80 jours (1956) de Michael Anderson et bien sûr 20 000 lieues sous les mers (1954) de Richard Fleischer. D’autres opus demeurent moins connus comme Le Phare du bout du monde (1971) de Kevin Billington, pourtant avec Kirk Douglas et Yul Brynner et le film qui nous intéresse (ou non) aujourd’hui, Le Maître du mondeMaster of the World, transposition de deux romans de Jules Verne, Robur le Conquérant (1886) et Maître du monde (1904). Réalisé par William Witney, renommé pour avoir signé trois très bons westerns avec Audie Murphy, 40 fusils manquent à l’appel, Représailles en Arizona, La Fureur des Apaches, Le Maître du monde resterait complètement anecdotique s’il n’était pas interprété par Vincent Price et Charles Bronson. Mais il faut bien avouer que ce film d’aventures n’arrive pas à la cheville de ceux susmentionnés et ce en raison d’un budget vraisemblablement modeste pour ses ambitions. Néanmoins, avec ses pauvres effets spéciaux, il se dégage une poésie du Maître du monde, même s’il ne vous en restera pas grand-chose après, à part Charles Bronson qui semble n’avoir jamais eu autant de dialogues dans un long-métrage.

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Test Blu-ray / Goodbye & Amen, réalisé par Damiano Damiani

GOODBYE E AMEN réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Tony Musante, Claudia Cardinale, John Forsythe, John Steiner, Renzo Palmer, Angela Goodwin…

Scénario : Damiano Damiani & Nicole Badalucco

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un agent de la CIA en poste à Rome fomente un complot destiné à renverser un gouvernement africain. Mais ses plans s’effondrent lorsqu’il découvre qu’un de ses hommes l’a trahi. Fou de rage, il prend en otage un couple adultère dans une chambre d’hôtel.

Après avoir traité d’un complot d’extrême droite dans Un juge en danger Io ho paura, Damiano Damiani continue sur sa lancée et livre un nouveau thriller, Goodbye & Amen, qui cette fois ne sera pas interprété par Franco Nero ou Gian Maria Volonté, mais par l’excellent Tony Musante. Acteur américain découvert en 1964 dans Les Tueurs de San Francisco Once a thief de Ralph Nelson, ce dernier se fait surtout remarquer trois ans plus tard dans l’incroyable L’Incident The Incident de Larry Peerce, qui lui vaut d’être repéré aussi bien par les réalisateurs US (Gordon Douglas, Richard Fleischer, Robert Aldrich) qu’européens et notamment italiens, puisqu’il tournera avec Sergio Corbucci (El Mercenario), Giuseppe Patroni Griffi (Disons, un soir à dîner) et bien sûr Dario Argento (L’Oiseau au plumage de cristal). Il est impeccable dans Goodbye & Amen (ou L’uomo della CIA), qui n’est sans doute pas l’opus le plus célèbre de son auteur, mais qui n’en reste pas moins un spectacle souvent remarquable, même si moins virulent, politique et inspiré que ses monuments les plus reconnus. S’il n’y a rien à redire sur la force du casting et le déroulé efficace de l’intrigue, quasi huis clos qui se passe essentiellement dans un hôtel de luxe, Goodbye e Amen pâtit d’une esthétique vieillotte et d’une mise en scène qui rappelle une série télévisée de son époque. Ce qui n’empêche pas de prendre un sacré pied.

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Test Blu-ray / Comment tuer un juge, réalisé par Damiano Damiani

COMMENT TUER UN JUGE (Perché si uccide un magistrato) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Françoise Fabian, Marco Guglielmi, Mico Cundari, Renzo Palmer, Ennio Balbo Giancarlo Badessi, Pierluigi Aprà, Luciano Catenacci, Eva Czemerys, Tano Cimarosas Claudio Gora…

Scénario : Damiano Damiani, Enrico Ribulsi & Fulvio Gicca Palli

Photographie : Mario Vulpiani

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un cinéaste décide d’enquêter sur l’assassinat d’un juge sicilien soupçonné de corruption : il se trouve que cette mort est survenue dans des circonstances identiques à une scène de son dernier film.

Comment tuer un juge ou Perché si uccide un magistrato. Un titre qui claque, qui donne le ton, qui en impose et qui sonne comme l’intitulé d’un mode d’emploi. Une chose est sûre, Damiano Damiani veut encore s’adresser à ses concitoyens et également aux spectateurs du monde entier, pour non seulement faire un constat sur la société et sur ceux qui la régissent, mais aussi si possible entraîner un débat devant des faits accablants. Cependant, même si le film demeure ô combien réussi, Comment tuer un juge est somme toute plus classique dans son déroulé, comme si le cinéaste se laissait tenter par un exercice de style à visée plus commerciale qu’à son habitude. Mais n’allez pas croire que Damiano Damianbi met de la San Pellegrino dans son Chianti, bien au contraire, le breuvage est aussi gouleyant qu’amer et laisse au palais un goût d’acier dont il est difficile de se débarrasser. La mécanique du scénario qu’il a coécrit avec Enrico Ribulsi (Achtung ! Banditi !, Les Cent Cavaliers) et Fulvio Gicca Palli (La Victime désignée, La Corruption) est implacable et prend des allures d’engrenages, qui une fois enclenchés s’avèrent impossibles à stopper. Nouvelle grande prestation de Franco Nero, pour sa quatrième et dernière collaboration avec Damiano Damiani (La Mafia fait la loi, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République, Nous sommes tous en liberté provisoire), magistral dans la peau d’un réalisateur engagé (en gros l’alter ego de Damiani lui-même), qui se retrouve rattrapé et même dépassé par les événements qu’il a voulu dénoncer.

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Test Blu-ray / Nous sommes tous en liberté provisoire, réalisé par Damiano Damiani

NOUS SOMMES TOUS EN LIBERTÉ PROVISOIRE (L’istruttoria è chiusa: dimentichi) réalisé par Damiano Damiani, disponible en Blu-ray + DVD + Livre Justice . Politique . Corruption – La Trilogie de Damiano Damiani le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Georges Wilson, John Steiner, Riccardo Cucciolla, Ferruccio De Ceresa, Antonio Casale, Renata Zamengo…

Scénario : Damiano Damiani, Arduino Maiuri & Massimo De Rita, d’après le roman de Leros Pittoni

Photographie : Claudio Ragona

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Une jeune et riche architecte est envoyé en préventive à la suite d’un accident automobile, il découvre alors le monde impitoyable de l’univers pénitentiaire.

Méconnu en France, Nous sommes tous en liberté provisoireL’istruttoria è chiusa: dimentichi (1970) de Damiano Damiani (1922-2013), metteur en scène contestataire et engagé, révèle une autre facette du talent du cinéaste transalpin, surtout réputé chez nous pour sa collaboration avec Sergio Leone pour Un génie, deux associés, une clocheUn genio, due compari, un pollo (1975), pourtant diamétralement opposé à ses thèmes de prédilection. 1971, sort Confession d’un commissaire de police au procureur de la républiqueConfessioni di un commissario di polizia al procuratore della repubblica, chef d’oeuvre âpre sur les relations étroites liant la politique à la mafia italienne. La même année, derrière le titre à rallonge Nous sommes tous en liberté provisoire, très librement adapté du roman de Leros Pittoni, se cache un film percutant qui plus de cinquante ans après n’a rien perdu de son impact et de son efficacité. Exemple type du genre issu du cinéma citoyen créé dans les années 60 avec des films comme Salvatore Giuliano ou Main basse sur la ville tous deux dirigés par Francesco Rosi, le film de Damiano Damiani repose sur les répliques acérées et le jeu monumental de Franco Nero, qui retrouvait le cinéaste pour la troisième fois de sa carrière après La Mafia fait la loiIl giorno della civetta et Confession d’un commissaire de police au procureur de la république. L’acteur rend à merveille toute la complexité de son personnage, loin du justicier incorruptible qu’il interprétait dans le film précédent. Du point de vue technique Damiano Damiani connaît son affaire et enchaîne à la fois les morceaux de bravoure grâce à un montage au cordeau, des dialogues affûtés et un sens indéniable du suspense. Nous sommes tous en liberté provisoire dénonce les conditions de la vie carcérale en prenant pour vecteur un protagoniste forcément inadapté car bourgeois. Damiano Damiani ne cache rien, assassinats, corruption, tout y passe en prison, et livre une réflexion amère sur ce milieu. Un fleuron du cinéma italien révolté.

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Test Blu-ray / La Ville dorée, réalisé par Veit Harlan

LA VILLE DORÉE (Die Goldene Stadt) réalisé par Veit Harlan, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Kristina Söderbaum, Eugen Klöpfer, Annie Rosar, Dagny Servaes, Paul Klinger, Emmerich Hanus, Kurt Meisel, Rudolf Prack…

Scénario : Alfred Braun & Veit Harlan, d’après la pièce de Richard Billinger

Photographie : Bruno Mondi

Musique : Hans-Otto Borgmann

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1942

LE FILM

Anna Jobst, fille d’un riche propriétaire terrien habitant sur les rives de la Moldau, ne rêve que d’aller à Prague, ville native de sa mère, morte de n’avoir pu s’adapter à la vie campagnarde. Le désir d’Anna grandit lorsque son père engage un jeune ingénieur originaire de Prague. Remarquant l’attrait de sa fille pour le nouvel arrivant, son père le remplace mais Anna n’y tenant plus s’enfuit…

Comme nous l’indiquions sur la chronique de La Fille au vautour, nous continuons sur notre lancée du Heimatfilm avec La Ville doréeDie goldene Stadt, sorti deux ans après le film de Hans Steinhoff et réalisé cette fois par Veit Harlan (1899-1964), tristement célèbre pour avoir signé Le Juif Süss en 1940, œuvre de propagande antisémite, projetée dans les pays occupés par l’Allemagne nazie, qui avait rencontré un gigantesque succès commercial en Europe durant la Deuxième Guerre mondiale, en attirant 40 millions de spectateurs. Supervisé par Joseph Goebbels, le travail de Veit Harlan n’en reste pas moins efficace sur le plan technique, comme il le prouve dans La Ville dorée, drame et récit initiatique souvent cruel, sur lequel le Ministre de l’Éducation du peuple et de la Propagande du Reich aura repris la main avant la sortie dans les salles, en imposant au cinéaste de changer radicalement le final, qu’il jugeait trop optimiste. Qui dit Heimat, dit mise en valeur de la terre natale, des traditions, de la famille et le personnage principal, très bien joué par la star de l’époque Kristina Söderbaum (alors la compagne de Veit Harlan), rejetant avant tout le chemin déjà tracé par son père, méritait selon Goebbels qu’on lui donne une leçon, histoire de bien ancrer dans la tête d’une audience au cerveau lavé qu’on ne plaisantait pas avec les us et coutumes ancestrales. En l’état, La Ville dorée est un beau film, élégamment photographié par Bruno Mondo (Casino de Paris, Les Jeunes Années d’une reine, la trilogie Sissi) et qui est entré dans l’histoire du cinéma pour avoir été l’un des premiers longs métrages en couleur réalisé en Europe, l’Agfacolor, dont la technologie venait d’être améliorée.

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Test Blu-ray / La Fille au vautour, réalisé par Hans Steinhoff

LA FILLE AU VAUTOUR (Die Geierwally) réalisé par Hans Steinhoff, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Heidemarie Hatheyer, Sepp Rist, Eduard Köck, Winnie Markus, Leopold Esterle, Mimi Gstöttner-Auer, Ludwig Auer, Maria Hofen…

Scénario : Jacob Geis & Alexander Lix, d’après le roman de Wilhelmine von Hillern

Photographie : Richard Angst

Musique : Nico Dostal

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1940

LE FILM

1840, dans les Alpes du Tyrol, la jeune et jolie Wally est la fille unique d’un fermier. Elle travaille comme un homme pour aider son père et passe son temps libre dans les montagnes, tentant d’apercevoir Joseph, un chasseur, qu’elle aime en secret. Un jour, elle parvient à capturer un vautour, ce qui provoque le mépris de Joseph et l’admiration de son père. Ce dernier veut alors la marier à Vinzenz, un fermier voisin. Wally refuse et, chassée par son père, se réfugie dans les montagnes où elle va vivre avec son vautour.

Quand on évoque le genre Heimat, on pense immédiatement au pari fou entrepris par le réalisateur Edgar Reitz au début des années 1980 : raconter un siècle d’histoire et de cataclysmes sous forme de feuilleton télévisé. À travers le destin de la famille Simon et des habitants d’un petit village de Rhénanie, les trois saisons de la minisérie intitulée justement Heimat – mot intraduisible en français, qui signifie la patrie, le lieu de naissance, la région d’origine, la matrice – réalisées et diffusées en 1984, 1994 et 2004 pour une durée totale de près de 60 heures – dessinaient les contours d’un pays bouleversé par le 20e siècle. En 2013, Heimat : Chronique d’un rêve – L’exode, formaient un tout nouveau volet en deux temps de la saga monumentale et fresque historique d’Edgar Reitz, mais aussi et surtout un préambule aux trois saisons de la série culte qui nous plongeait au coeur du 19e siècle, alliant l’incroyable précision historique avec une dimension quasi-documentaire (à l’instar des métiers d’époque), à la beauté sidérante d’un N&B en cinémascope, parfois marqué par quelques touches de couleurs. Merveilleusement écrit, interprété, mis en scène et photographié, porté par une musique quasi-hypnotique, ces deux épisodes d’Heimat subjuguaient du début à la fin et ravissaient les sens. Mais le genre Heimat remonte en réalité au début du cinéma, inspirant les cinéastes allemands durant plusieurs décennies. L’un des titres emblématiques demeure incontestablement La Fille au vautourDie Geierwally, réalisé par Hans Steinhoff, sorti en 1940, d’après le roman de Wilhelmine von Hillern, déjà adapté trois fois (et ce dès le début des années 1920), qui le sera d’ailleurs encore à cinq reprises par la suite, dont à l’opéra. Très beau film, au charme forcément vintage avec ses décors de carte postale, La Fille au vautour a sous ses allures de bonbon acidulé beaucoup de caractère, à comme le personnage principal, excellemment campé par la belle Heidemarie Hatheyer, alors au tout début de sa carrière.

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Test Blu-ray / L’Odyssée du sous-marin Nerka, réalisé par Robert Wise

L’ODYSSÉE DU SOUS-MARIN NERKA (Run Silent, Run Deep) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 juillet 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Clark Gable, Burt Lancaster, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles, Nick Cravat, Joe Maross, Mary LaRoche, Eddie Foy III, Rudy Bond…

Scénario : Jon Gay, d’après le roman d’Edward L. Beach

Photographie : Russell Harlan

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Année de sortie : 1958

LE FILM

En 1942, pendant le conflit américano-japonais, le sous-marin du commandant Richardson est coulé par le submersible nippon, l’Akikaze. Rongé par ce mauvais souvenir, il se voit confier la direction d’un nouveau sous-marin, le Nerka, au détriment de Jim Bledsoe, son second. Après des mois d’entraînement intensif, Richardson a l’occasion de prendre sa revanche pendant l’attaque de Pearl Harbor.

À la poursuite d’Octobre rouge, Le Bateau, Le Chant du loup, 20 000 lieues sous les mers, USS Alabama, K-19 – Le Piège des profondeurs, U-571, chaque cinéphile visualise immédiatement le sous-marin de ces classiques et même chefs d’oeuvre du septième art. Mais avant ceux-ci, il fait remonter loin, très loin en arrière pour retrouver les origines de ce sous-genre à part entière, autrement dit le film de guerre de sous-marin. Parmi les opus notables et matriciels on trouve L’Espion noir Spy in Black (1939) de Michael Powell, première d’une fructueuse et mythique collaboration qui va durer près de quinze ans avec le scénariste Emeric Pressburger, remarquable film d’espionnage britannique comprenant une dimension documentaire exemplaire, surtout en ce qui concerne les séquences dévoilant le fonctionnement du sous-marin, qui happe le spectateur dès les premières scènes, pour ne plus le lâcher pendant 1h20 jusqu’à l’épatante bataille navale. On doit l’autre étape importante et même décisive à René Clément et à son film Les Maudits (1947), Grand Prix à Cannes, prototype même du film de sous-marin (décor reconstruit à l’échelle dans les studios de la Victorine à Nice) qui explosait alors au milieu des années 40. Témoin de son époque, le réalisateur français se penche sur la déchéance des perdants de la Seconde Guerre mondiale en plaçant ses personnages dans un lieu clôt où émergent petit à petit des règlements de compte souvent fatals. René Clément tire parti de son décor exigu grâce à une réalisation inventive, moderne et raffinée, usant de la caméra portée et d’angles inédits afin de créer une atmosphère étouffante et anxiogène avec un souci constant du réalisme renvoyant au documentaire. Outre-Atlantique, il faut attendre 1957 pour que le film de sous-marin rebondisse à nouveau avec Torpilles sous l’Atlantique The Enemy Below de Dick Powell, avec Robert Mitchum et Cud Jürgens, suivi de près par L’Odyssée du sous-marin NerkaRun Silent, Run Deep (1958). Ce dernier est signé par l’immense Robert Wise, alors entre Femmes coupablesUntil They Sail, avec Jean Simmons Joan Fontaine Paul Newman et Piper Laurie, et Je veux vivre ! I Want to Live!, qui vaudra à Susan Hayward l’Oscar de la meilleure actrice. À l’instar de Richard Fleischer, le cinéaste a toujours su s’approprier un sujet qu’on lui proposait. L’Odyssée du sous-marin Nerka est écrit par John Gay (Le Clan des irréductibles, Soldat bleu, Les Quatre cavaliers de l’apocalypse), habituellement scénariste pour la télévision et qui faisait ici ses débuts au cinéma, d’après un roman d’Edward L. Beach. Si Run Silent, Run Deep n’a pas connu le succès escompté à sa sortie, ses partis-pris sont devenus pour ainsi dire le cahier des charges des films de sous-marin qui allaient suivre. Rares sont les séquences qui se déroulent à l’extérieur du bâtiment, à part bien sûr durant le premier acte qui expose le contexte et les personnages, le principal de l’action étant centrée dans le Nerka avec ses hommes à bord qui communiquent avec le jargon technique approprié. Robert Wise, ancien monteur (chez William Dieterle, Orson Welles et Richard Wallace) apporte sa virtuosité habituelle à ce drame de guerre souvent percutant, qui prend son temps dans la première partie, mais dont la tension n’a de cesse de se resserrer et ce jusqu’à la fin. Une excellente (re)découverte dans laquelle brillent Burt Lancaster et Clark Gable.

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