Test Blu-ray / Brisby et le Secret de NIMH, réalisé par Don Bluth

BRISBY ET LE SECRET DE NIMH (The Secret of NIMH) réalisé par Don Bluth, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 juillet 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jane Val, Jean Martinelli, Catherine Lafond, Marc François, Micheline Dax, Jacques Balutin, Georges Atlas, Jean Violette, Elizabeth Hartman, Derek Jacobi, Dom DeLuise, John Carradine, Shannen Doherty, Arthur Malet, Wil Wheaton, Peter Strauss…

Scénario : Don Bluth, Will Finn, Gary Goldman & John Pomeroy, d’après le roman de Robert C. O’Brien

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

L’histoire de Madame Brisby, une gentille maman souris qui décide de remuer ciel et terre pour sauver sa famille de la charrue du fermier Fitzgibbon. En chemin, elle reçoit l’aide d’un corbeau en mal d’amour, d’une souris voisine et d’un grand hibou peureux. Malheureusement, Mme Brisby aurait besoin d’un miracle mécanique pour déplacer sa maison. Pour cela, elle doit affronter un mystérieux rat, se débarrasser d’un chat féroce et récupérer une amulette magique…

Brisby et le Secret de NIMH. Mais qu’est-ce que NIMH ? Il s’agit de l’acronyme National Institute of Mental Health, qui n’est autre qu’une authentique institution gouvernementale américaine pour la santé. C’est donc aussi le titre et le sujet du premier long-métrage réalisé par Don Bluth (né en 1937), ancien animateur des studios Disney (ses débuts remontent à La Belle au bois dormant en 1959), qui voyant que la maison Mickey refusait ce projet en raison de son caractère sombre, décide de prendre son indépendance et de fonder son propre studio. Alors que Rox et Rouky est en pleine préparation (et que Disney allait connaître une sale période avec des résultats mitigés au box-office), Don Bluth souhaite retrouver l’âme, l’essence, la poésie et le coeur des films d’animation qui l’ont fait rêver quand il était gamin (Blanche-Neige et les 7 nains sera le catalyseur de sa vocation). Certains confrères lui emboîtent le pas et se lancent dans l’aventure de Brisby et le Secret de NIMH, inspiré par le roman de Robert C. O’Brien, Madame Brisby et le Secret de NIMHMrs. Frisby and the Rats of NIMH, premier volume de la trilogie dite des Rats de NIMH, paru en 1971. La magie opère encore quarante ans après, même si, comme bien souvent chez Don Bluth, à quelques exceptions près (Fievel et le Nouveau Monde, produit par Steven Spielberg), la forme l’emporte sur le fond. En effet, si le dessin subjugue du début à la fin, le récit patine à mi-parcours, avant d’être relancé à fond les ballons dans un dernier acte rempli d’action, de rebondissements et d’émotions. Du point de vue « plastique » (pour ne pas dire celluloïds), il s’agit peut-être du plus beau film de son auteur et surpasse de loin les productions Disney des années 1980. Produit pour 7 millions de dollars, Brisby le Secret de NIMH empoche le double rien que sur le sol américain et attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles françaises. Un pari réussi pour Don Bluth et son équipe et qui connaîtra une suite tardive (en 1998), La Légende de BrisbyThe Secret of NIMH 2: Timmy to the Rescue, exploitée uniquement en vidéo et à laquelle Don Bluth n’a pas contribué.

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Test Blu-ray / Les Barbarians, réalisé par Ruggero Deodato

LES BARBARIANS (The Barbarians) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Peter Paul, David Paul, Richard Lynch, Eva LaRue, Virginia Bryant, Sheeba Alahani, Michael Berryman, Franco Pistoni…

Scénario : James R. Silke

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

La tribu de baladins des Ragniks est attaquée par les troupes du cruel tyran Kadar. Kadar capture Canary, la reine de la tribu, afin de lui faire révéler où elle a caché un rubis magique. Les jumeaux Kutchek et Gore sont également capturés. Des années plus tard, devenus adultes, Kutchek et Gore s’échappent de la forteresse de Kadar et vont s’employer à libérer Canary tout en protégeant le rubis.

Connards les barbants. Nous sommes dans la seconde partie des années 1980 et tout semble encore permis au cinéma. Conan le Barbare ayant été un triomphe planétaire en 1982, cela donne évidemment quelques idées à des producteurs peu scrupuleux, uniquement intéressés par les billets verts que leurs projets peuvent amasser. Dans cette optique mercantile, nous trouvons Les Barbarians (ou The Barbarians si vous êtes pointilleux), mis en scène par ce bon vieux Ruggero Deodato (disparu en décembre 2022) et surtout produit par le fabuleux tandem Yoram Globus et Menahem Golan. Mètre étalon du nanar à classer dans le genre fantasy, Les Barbarians offre la tête d’affiche aux frangins Peter et David Paul, jumeaux, catcheurs (il paraît) et culturistes (paraît-il), dont la prestation fait aujourd’hui penser au détournement de Mozinor, Toto Story, qui reprenait des images du documentaire Pumping Iron. Charisme de bulot, corps huilé et sculpté grâce à des piqûres peu catholiques (ceux qui ont assisté au tournage ont fait part de leur témoignage sur ce sujet), les deux ont l’air tellement peu concernés par ce qui se passe à l’écran que la magie opère. Nous sommes bel et bien devant un monument du mauvais film sympathique, où l’on sent le réalisateur qui a pourtant tout fait pour donner une certaine rigueur à l’ensemble, tout en voyant bien qu’il ne pouvait pas trop espérer de son tandem, à part sans doute leur côté gamin et leur humour potache. À dire vrai, les Paul font tâches puisque le reste du casting semble jouer la carte du premier degré, notamment le légendaire Richard Lynch, machiavélique Kadar, qui sortait d’Invasion U.S.A. de Joseph Zito, qui n’a pas peur de se confronter seul face à ces armoires à glace bodybuildées et décérébrées. Toujours est-il que Les Barbarians est et demeure une référence en la matière et un divertissement aussi séduisant et drôle.

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Test Blu-ray / Le Mal n’existe pas, réalisé par Ryūsuke Hamaguchi

LE MAL N’EXISTE PAS (Aku wa sonzai shinai – 悪は存在しない) réalisé par
Ryūsuke Hamaguchi, disponible en DVD et Blu-ray le 3 septembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Hitoshi Omika, Ryô Nishikawa, Ryuji Kosaka, Ayaka Shibutani, Hazuki Kikuchi, Hiroyuki Miura, Yoshinori Miyata, Taijirô Tamura, Yûto Torii…

Scénario : Ryūsuke Hamaguchi

Photographie : Yoshio Kitagawa

Musique : Eiko Ishibashi

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Takumi et sa fille Hana vivent dans le village de Mizubiki, près de Tokyo. Comme leurs aînés avant eux, ils mènent une vie modeste en harmonie avec leur environnement. Le projet de construction d’un « camping glamour » dans le parc naturel voisin, offrant aux citadins une échappatoire tout confort vers la nature, va mettre en danger l’équilibre écologique du site et affecter profondément la vie de Takumi et des villageois…

Nous en parlions lors de la sortie dans les bacs de Drive My Car, Ryūsuke Hamaguchi est l’un des cinéastes majeurs aujourd’hui et nous attendions de pied ferme son nouveau long-métrage. Le Mal n’existe pas est reparti de la Mostra de Venise 2023 avec le Grand prix du jury, ainsi que du Prix FIPRESCI. Pourtant, même si on ne peut pas parler de déception, on reste un peu plus dubitatifs que d’habitude quant à la nouvelle œuvre du réalisateur de Senses, Asako I & II et de Contes du hasard et autres fantaisies. La faute à un scénario somme toute plus banal ou plutôt prétexte à une succession de plans-séquences, par ailleurs merveilleusement beaux et contemplatifs. Dire que la magnificence des images ne touche pas en plein coeur et subjugue du début à la fin serait mentir. Toutefois, l’émotion peine à s’installer sur Le Mal n’existe pas, magnifique objet cinématographique, mais dont la forme interpelle indéniablement plus que le fond.

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Test DVD / Le Tableau volé, réalisé par Pascal Bonitzer

LE TABLEAU VOLÉ réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD & Blu-ray le 3 septembre 2024 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Alex Lutz, Léa Drucker, Nora Hamzawi, Louise Chevillotte, Arcadi Radeff, Laurence Côte, Alain Chamfort, Céline Karter…

Scénario : Pascal Bonitzer

Photographie : Pierre Milon

Musique : Alexei Aigui

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

André Masson, commissaire-priseur dans la célèbre maison de ventes Scottie’s, reçoit un jour un courrier selon lequel une toile d’Egon Schiele aurait été découverte à Mulhouse chez un jeune ouvrier. Très sceptique, il se rend sur place et doit se rendre à l’évidence : le tableau est authentique, un chef-d’œuvre disparu depuis 1939, spolié par les nazis. André voit dans cet événement le sommet de sa carrière, mais c’est aussi le début d’un combat qui pourrait la mettre en péril. Heureusement, il va être aidé par son ex-épouse et collègue Bertina, et par sa fantasque stagiaire Aurore…

Quasiment dix ans après Tout de suite maintenant, Pascal Bonitzer aborde un nouvel « univers », celui du marché de l’art, autre monde peuplé de requins, comme celui de la finance. Désireux de saisir l’esprit d’une époque dans chacun de ses films, le réalisateur et prolifique scénariste (chez Raoul Ruiz, André Téchiné, Barbet Schroeder, Jacques Rivette, Chantal Akerman, Benoît Jacquot, Jacques Deray, Anne Fontaine et Pascal Thomas), s’il s’était permis une petite parenthèse quasi-inclassable dans sa filmographie avec le superbe Les Envoûtés en 2019, dirige de formidables comédiens et s’inspire cette fois d’une histoire vraie. Celle liée aux Tournesols fanés, oeuvre réalisée par Egon Schiele en 1914 et inspirée des Tournesols de Vincent van Gogh (que le peintre avait découvert en 1906), tableau disparu en 1942, qui a miraculeusement fait sa réapparition en 2003 dans le pavillon d’un jeune ouvrier chimiste de la banlieue de Mulhouse. Celui-ci devait être ensuite vendu en 2005 pour la coquette somme de 17 millions d’euros. Cependant, si le sujet est forcément passionnant, Le Tableau volé n’a pas le même charme que le précédent, et encore moins de Cherchez Hortense (2012) et de Tout de suite maintenant (2015). En éclatant sa distribution, le cinéaste part un peu dans tous les sens et les fils ont parfois du mal à se rejoindre, quand bien même les personnages sont tous bien écrits et dépeints. Mais Pascal Bonitzer n’a cette fois pas bénéficié du concours d’Agnès de Sacy au scénario, contrairement à ses trois derniers longs-métrages, et cela se ressent à plusieurs reprises. Comme en cuisine, il manque à l’ensemble un « appareil » pour consolider le tout, assez lâche, même si les ingrédients sont quand même bon en bouche. Le cinéma de Pascal Bonitzer demeure une valeur sûre.

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Test Blu-ray / La Promesse verte, réalisé par Édouard Bergeon

LA PROMESSE VERTE réalisé par Édouard Bergeon, disponible en DVD et Blu-ray le 17 septembre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Alexandra Lamy, Félix Moati, Sofian Khammes, Antoine Bertrand, Julie Chen, Adam Fitzgerald, Michael Schnörr, Olivier Ythier, Yothin Udomsanti…

Scénario : Edouard Bergeon & Emmanuel Courcol

Photographie : Éric Dumont

Musique : Thomas Dappelo

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Pour tenter de sauver son fils Martin injustement condamné à mort en Indonésie, Carole se lance dans un combat inégal contre les exploitants d’huile de palme responsables de la déforestation et contre les puissants lobbies industriels.

Dans la carrière d’Alexandra Lamy, il y a eu plusieurs étapes. Un gars, une fille bien entendu, puis Ricky de François Ozon (un des films les plus étranges du réalisateur), qui lui offrait son premier grand rôle dramatique. Depuis, la comédienne n’a eu de cesse de passer d’un registre à l’autre, même si le succès avait tout d’abord du mal à suivre. Après quelques apparitions dans Brice de Nice, Les Infidèles et Lucky Luke aux côtés de Jean Dujardin, alors son compagnon, Jamais le premier soir obtient enfin les faveurs du public en 2014. Parallèlement, tout en continuant dans la comédie (Bis, Retour chez ma mère, L’Embarras du choix, Tout le monde debout, Le Sens de la famille, Le Test), Alexandra Lamy continue d’apparaître là où on l’attend le moins, tout en affinant son jeu dans le drame. Possessions, J’enrage de son absence, Par instinct, La Chambre des merveilles et Après moi le bonheur sont tous de grandes réussites. Même chose dans La Promesse verte, second long-métrage d’Édouard Bergeon, qui revient derrière la caméra cinq ans après le hit rencontré par Au nom de la terre (2 millions d’entrées), dans lequel l’actrice trône de façon impériale et s’inscrit définitivement parmi les plus grandes de sa génération. Magistralement mis en scène, passionnant, édifiant, La Promesse verte est une œuvre d’intérêt public, réunit le cinéma populaire et à grand spectacle et s’impose comme étant l’un des films les plus indispensables de l’année 2024.

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Test DVD / 14 jours pour aller mieux, réalisé par Édouard Pluvieux

14 JOURS POUR ALLER MIEUX réalisé par Édouard Pluvieux, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez Wild Side Vidéo.

Acteurs : Maxime Gasteuil, Romain Lancry, Lionel Abelanski, Estéban, Michel Boujenah, Nader Boussandel, Zabou Breitman, Chantal Lauby…

Scénario : Édouard Pluvieux, Lionel Dutemple & Maxime Gasteuil, d’après une histoire originale de Maxime Gasteuil & Benjamin Demay

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Olivier Coursier & Audrey Ismaely

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maxime, cadre ambitieux et cartésien, ne pense qu’à sa carrière et à son futur mariage avec Nadège, la fille de son patron. Au bord du burn-out, seul à ne pas s’en rendre compte, il se retrouve embarqué par son futur beau-frère Romain au beau milieu de son pire cauchemar… Un stage de bien-être encadré par Clara et Luc, un couple de « clairvoyants », avec des stagiaires plus lunaires les uns que les autres. 14 jours pour aller mieux, au cours desquels ses principes et préjugés vont être soumis au régime zénitude et bienveillance !

L’auteur de ces mots ne connaissait pour ainsi dire pas Maxime Gasteuil, humoriste avoisinant le million de followers sur Instagram et dont il avait eu vent tout de même d’un sketch (réussi) sur les prénoms que les bobos parisiens donnent à leurs enfants. Il accède ici au haut de l’affiche, après avoir fait quelques panouilles au cinéma dans Love Addict de Frank Bellocq, Mon bébé de Lisa Azuelos, Andy de Julien Weill, La Vie pour de vrai de Dany Boon ou bien encore Les SEGPA au ski d’Ali et Hakim Bougheraba. Maxime Gasteuil est un nom qui tourne, dont on entend parler. Après la télévision (La Petite histoire de France, D’argent et de sang), le voilà qu’il débarque sur grand écran, avec un projet monté sur ses épaules, dont il a eu l’idée et pour lequel il a coécrit le scénario avec Lionel Dutemple (Les Cadors, Brillantissime), Olivier Ducray (Et plus si affinités, Jumeaux mais pas trop), sans oublier Edouard Pluvieux, ce dernier signant également la mise en scène de 14 jours pour aller mieux. Complice de Kev Adams, dont il a réalisé Amis publics et la série Super High (ainsi que divers spectacles), Edouard Pluvieux livre un travail honnête derrière la caméra, même s’il se contente de suivre efficacement l’abattage de son épatante troupe de comédiens, menés par le dit Maxime Gasteuil. Si ce dernier manque indéniablement de charisme, il reste amusant, sympathique et attachant dans le rôle principal de 14 jours pour aller mieux, mais se laisse systématiquement voler la vedette par ses camarades de jeu, en premier lieu Zabou Breitman, explosive en clairvoyante à qui on ne le fait pas (et pour cause, puisqu’elle devine tout), et Romain Lancry, visage récurrent aux côtés du Palmashow, vu dans Taxi 5, Demi-sœurs, Les Crevettes pailletées (et sa suite) et 10 jours encore sans maman, hilarant dans le rôle du futur beau-frère de Maxime. Les scénaristes prennent pour cible les stages de bien-être et de développement personnel, cible ô combien facile et qui sont des blagues à part entière. Pourtant, 14 jours pour aller mieux s’inspire de ce que les auteurs ont pu vivre ou connaître en se rendant à ce genre de rencontres. Le film part alors dans tous les sens, enchaîne les petits numéros sans véritable rythme, mais avec un sens du joyeux bordel généralisé où Maxime Gasteuil a cette élégance de ne jamais tirer la couverture. Quelques bons mots, des moments drôles aussi bien sûr, mais typiquement le genre de comédie qui s’autodétruit instantanément après visionnage.

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Test DVD / Et plus si affinités, réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance

ET PLUS SI AFFINITÉS réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance, disponible en DVD le 7 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : Isabelle Carré, Bernard Campan, Pablo Pauly, Julia Faure…

Scénario : Olivier Ducray, Wilfried Méance & Jean-Paul Bathany, d’après le scénario original de Cesc Gay

Photographie : Stéphan Méance

Musique : Alexis Rault

Durée : 1h13

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Usé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’idée de Sophie d’inviter à dîner leurs voisins, Adèle et Alban, n’enchante pas Xavier. Il reproche à ce couple, visiblement très amoureux, son manque de discrétion, surtout la nuit ! Au contact de ces voisins aux mœurs débridées, Xavier et Sophie vont devoir se confronter à leur réalité, avant d’être poussés dans leur retranchement par une proposition quelque peu… indécente.

Indiquer sur une affiche de cinéma qu’un film a été « le coup de coeur du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez » n’est certainement pas vendeur auprès du public. Ainsi, après le four monumental rencontré par 38°5 quai des Orfèvres de Benjamin Lehrer, Et plus si affinités d’Olivier Ducray et Wilfried Meance n’a guère traîné les spectateurs dans les salles à sa sortie et ce malgré le double prix d’interprétation remporté au festival en question, sans oublier le Prix du public et le Prix spécial du jury. Il faut dire que cette comédie, par ailleurs remake de Sentimental, film espagnol réalisé par Cesc Gay, ne fonctionne absolument pas, en raison de personnages détestables, méprisants, sectaires et mesquins, nullement sympathiques et qui apparaissent d’emblée antipathiques. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, en premier lieu Isabelle Carré et Bernard Campan, dans leur troisième collaboration après Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman et La Dégustation d’Ivan Calbérac (qu’ils avaient aussi joué sur scène), mais rien n’y fait, on se désintéresse quasiment instantanément du sort de Xavier et de Sophie, petits bourgeois enfermés dans leur petite vie et leur 100m² (au bas mot) dans un beau quartier de la capitale. Mais c’était sans compter sur la rencontre avec un couple de voisins chauds comme la b(r)aise, devant lesquels ils vont enfin se rendre à l’évidence, ils s’ennuient à fond, chacun de leur côté et ils ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. Olivier Ducray et Wilfried Méance, en collaboration avec Jean-Paul Bathany présentent un homme et une femme dont l’aigreur a eu raison de leurs rêves, espoirs, fantasmes, qui vivent cloîtrés entre quatre murs, en apnée. Et plus si affinités est un huis clos qui ne laisse justement jamais respirer ses protagonistes et encore moins les spectateurs (un ou deux plans en extérieur, le même d’ailleurs, histoire d’aérer un peu), qui trouvent le temps long malgré la très courte durée du film (73 minutes, générique de fin compris) et qui n’a de cesse de s’enliser au fil d’un récit extrêmement maladroit et surtout mal écrit.

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Test DVD / N’avoue jamais, réalisé par Ivan Calbérac

N’AVOUE JAMAIS réalisé par Ivan Calbérac, disponible en DVD le 28 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : André Dussollier, Sabine Azéma, Thierry Lhermitte, Joséphine de Meaux, Sébastien Chassagne, Gaël Giraudeau, Michel Boujenah, Céline Esperin, Frédéric Deleersnyder

Scénario : Ivan Calbérac

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Laurent Aknin

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Après 50 ans de mariage, François Marsault, général à la retraite, est encore fou amoureux d’Annie, sa femme. Lorsqu’il découvre qu’elle l’a trompé 40 ans plus tôt, son sang ne fait qu’un tour. Afin de laver son honneur, une seule solution : la quitter et partir manu militari retrouver Boris, l’ancien amant, pour lui casser la figure. Mais à son âge, l’affaire n’est pas si simple…

Ils forment l’un des couples (ou tandems) les plus connus du cinéma français, à l’écran si cela est nécessaire de le préciser. Au cours de ces quarante dernières années, André Dussollier et Sabine Azéma ont partagé la même affiche plus de dix fois, de Tanguy (et sa suite mal aimée) aux Herbes folles, en passant par La Chambre des Officiers, Coeurs, Aimer, boire et chanter…Avec N’avoue jamais, nous ne sommes sûrement pas chez Alain Resnais, qui les a souvent réunis à l’écran, mais cela n’empêche pas les deux comédiens de s’amuser à fond dans ce vaudeville réalisé par Ivan Calbérac (lauréat du Molière de la meilleure comédie 2019 avec La Dégustation), comédie de boulevard que l’on pourrait très bien imaginer être jouée sur une scène, mais qui bénéficie ici de superbes décors naturels et donc d’une respiration bienvenue. Le duo est évidemment parfait, leur alchimie fait le sel de N’avoue jamais, même s’ils sont excellemment entourés par une distribution aux petits oignons. Tout le monde (y compris le public, heureusement) se délectent de dialogues vachards, finement ciselés à leur attention et quand bien même on pourrait critiquer de grandes et grosses facilités d’écriture, on passe un très bon moment devant ce spectacle très frais, bourré d’énergie (contagieuse), qui a su attirer près de 600.000 spectateurs à sa sortie.

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Test DVD / Boléro, réalisé par Anne Fontaine

BOLÉRO réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Raphaël Personnaz, Doria Tillier, Jeanne Balibar, Emmanuelle Devos, Vincent Perez, Anne Alvaro, Sophie Guillemin, Alexandre Tharaud, Serge Riaboukine…

Scénario : Anne Fontaine & Claire Barré, d’après le livre de Marcel Marnat

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Paris, les années folles. Les oreilles de Maurice Ravel bourdonnent quand Ida, chorégraphe sensuelle et audacieuse, lui commande la musique de son prochain ballet. Tétanisé, Ravel ne sait plus où chercher l’inspiration. C’est en puisant dans ses souvenirs et en s’inspirant des femmes de sa vie que le compositeur créera sa plus grande œuvre : Le Boléro.

« Il ne s’écoule jamais plus d’un quart d’heure sans qu’on entende le Boléro de Ravel quelque part dans le monde » indique un panneau en guise de conclusion du film d’Anne Fontaine. Mais près de deux heures avant cela, le générique d’ouverture montre déjà que l’oeuvre du compositeur n’a eu de cesse d’être empruntée, détournée, mixée, samplée ou tout simplement réinterprétée depuis sa création (et son triomphe) en 1928. Boléro, titre simple, concis, entier, est le dix-neuvième long-métrage réalisé par Anne Fontaine en un peu plus de trente ans, qui trois après sa fantaisie où elle imaginait le retour politique de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, unis contre l’imminence au pouvoir de Marine Le Pen dans Présidents, livre un faux biopic, non pas sur la figure même de Maurice Ravel, mais sur celle de la création de son œuvre la plus célèbre au monde, le Boléro. Le film démarre d’ailleurs en 1903, alors que le jeune musicien est âgé de 28 ans, jusqu’à son décès en 1937. Mais le Boléro est et demeure le pivot central du récit, comme il l’a finalement été dans la vie de Maurice Ravel. Anne Fontaine observe son personnage principal avec admiration et aussi beaucoup de questionnements, comme si elle savait elle-même qu’en dépit des moyens présentés par le cinéma, elle ne pourrait pas mettre à jour la face cachée du compositeur, sonder son âme perturbée, décoder ses secrets, dévoiler son processus créatif. La force de Boléro provient de Raphaël Personnaz, indéniablement dans un de ses meilleurs rôles et qui livre sans doute sa plus grande prestation à ce jour. Tout en intériorité, le comédien rend compte du bouillonnement qui s’emparait au quotidien de Maurice Ravel, qui ne vivait que pour la musique, au point qu’il n’arrivait pas à s’exprimer autrement, sans jamais être satisfait de ce qu’il entreprenait, malédiction des artistes. Boléro est un sommet dans la carrière de la cinéaste et de sa tête d’affiche.

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Test DVD / Quelques jours pas plus, réalisé par Julie Navarro

QUELQUES JOURS PAS PLUS réalisé par Julie Navarro, disponible en DVD le 7 août 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Benjamin Biolay, Camille Cottin, Amrullah Safi, Makita Samba, Saadia Bentaïeb, Loula Bartilla Besse, Olivier Charasson, Andranic Manet, Hippolyte Girardot…

Scénario :Julie Navarro et Marc Salbert, d’après le roman de ce dernier, De l’influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire

Photographie : Sylvestre Dedise

Musique : Arnaud Rebotini

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Arthur Berthier, critique rock relégué aux informations générales après avoir saccagé une chambre d’hôtel, découvre que le journalisme est un sport de combat. Envoyé à l’hôpital par un CRS en couvrant l’évacuation d’un camp de migrants, il tombe sous le charme de Mathilde, la responsable de l’association Solidarité Exilés et accepte, pour quelques jours croit-il, d’héberger Daoud, un jeune Afghan.

Oui bon d’accord, le cinéma français bien-pensant blabla, les bobos de cinquante piges, les écouteurs vissés sur les oreilles en train d’écouter The Kinks ou The Zombies, confortablement installés dans leur 50m² à Barbès (car ils aiment le melting-pot), en train de découvrir le monde (les migrants quoi), qui se découvrent une âme de militant (par hasard, après avoir reçu un coup sur la tronche ici) et qui décident (malgré eux) de recueillir un demandeur d’asile. C’est Quelques jours pas plus, premier long-métrage écrit et réalisé par Julie Navarro, ancienne assistante de Véra Belmont, Jean-François Davy, Jean-Marc Vallée et ancienne directrice de la distribution (sur La Science des rêves, Mariage à Mendoza, Hippocrate, Médecin de campagne…). Cependant, si le pitch peut effectivement faire peur, Quelques jours pas plus est une première œuvre extrêmement attachante et contre toute attente, on suit le cheminement de son protagoniste, critique musical qui commence à avoir de la bouteille et qui semble revenu de tout, qui se retrouve embringué dans le quotidien d’une association caritative, spécialisée dans l’accueil des migrants et réfugiés à Paris. Ce dernier est en outre interprété par Benjamin Biolay, qui mine de rien s’est construit une vraie filmographie depuis une quinzaine d’années. Depuis ses débuts devant la caméra de Vincent Dietschy (dans Didine), l’interprète multi-récompensé de Comment est ta peine ? n’a eu de cesse d’enchaîner les rôles (une bonne cinquantaine désormais), en prenant petit à petit une véritable épaisseur et un charisme qui s’est encore plus sculpté avec les années. Après Pourquoi tu pleures ? de Katia Lewkowicz, Personal Shopper d’Olivier Assayas, Irréprochable de Sébastien Marnier, Les Apparences de Marc Fitoussi (pour ne citer que ceux-là), Benjamin Biolay trouve incontestablement l’un de ses meilleurs personnages dans Quelques jours pas plus (adaptation du roman de Marc Salbert, compagnon de la metteuse en scène, dénommé De l’Influence du lancer de minibar sur l’engagement humanitaire publié en 2015 sous Le Dilettante), dans lequel il est criant de vérité. Un joli film sincère, émouvant, drôle aussi, à la frontière du documentaire, qui ne tombe pas dans le piège du message enfoncé à coups de marteau dans le crâne des spectateurs, mais qui lui expose des faits, sans en rajouter. Une belle découverte.

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