Bruno rencontre Roberto. Pendant tout le week-end, ils ne vont plus se quitter. Bruno, très volubile, désinvolte, charmeur et fanfaron, entraîne son nouvel ami à bord de sa voiture de sport pour une série d’aventures insolites.
Le Fanfaron – Il Sorpasso, réalisé par Dino Risi en 1962, demeure l’un des films emblématiques de l’âge d’or du cinéma transalpin. Succès international, malgré des critiques peu enthousiastes au départ, qui a influencé moult cinéastes dont Dennis Hopper pour Easy Rider (si si), ce chef d’oeuvre d’humour et d’émotions, co-écrit par Ettore Scola et interprété par deux immenses comédiens, Vittorio Gassman (le playboy) et Jean-Louis Trintignant (le jeune étudiant candide et mélancolique qui va s’ouvrir à la vie le temps d’un week-end), reste une oeuvre libre, cynique, provocante, hilarante et grave, qui n’a pas pris une seule ride.
Scénario : Romano Migliorini, Roberto Natale, Mario Bava
Photographie : Antonio Rinaldi
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 1h25
Date de sortie initiale : 1966
LE FILM
Le Dr Eswai débarque dans un petit village, sur lequel a l’air de planer une terrible malédiction. Appelé par l’inspecteur Kruger, il va enquêter sur une série de meurtres ou accidents étranges. Une petite fille serait la clé de cette énigme particulièrement angoissante.
Quand il réalise et coécrit Six femmes pour l’assassin avec Giuseppe Barilla et Marcello Fondato, Mario Bava (1914-1980) a déjà une demi-douzaine de longs métrages à son actif en tant que réalisateur, dont Le Masque du démon (1960), La Fille qui en savait trop (1963) qui posait déjà certaines bases, Les 3 visages de la peur (1963) et Le Corps et le fouet (1963). Après avoir fait ses classes en tant que directeur de la photographie, puis dans le domaine du documentaire, Mario Bava commence par « rendre service » aux cinéastes qui l’emploient, disons plutôt qu’il coréalise en réalité à leurs côtés, sans être crédité. Fils d’un sculpteur, Mario Bava a hérité du don de son père pour modeler la matière mise à sa disposition. Ancien des Beaux-Arts, fasciné par les plus grands peintres, Mario Bava use de son talent en tant que chef opérateur pour Roberto Rossellini, Dino Risi et même pour Raoul Walsh sur Esther et le Roi (1960). Six femmes pour l’assassin est un tournant dans la carrière de Mario Bava. Sorti en 1966, Opération peur – Operazione paura apparaît après les westerns Arizona Bill – La Strada per Fort Alamo (1964) et Les Dollars du Nebraska – Ringo del Nebraska (1966), le film de science-fiction horrifique La Planète des vampires – Terrore nello spazio (1965) et le film d’aventure Duel au couteau – I coltelli del vendicatore (1966). Le cinéaste revient à l’horreur pure, teintée de fantastique certes, mais qui embarque le spectateur dans un ride où l’épouvante devient synonyme d’indicible, presque attractive dans le sens où Mario Bava peint littéralement ses plans comme un tableau de maître, dans lesquels on se perd volontiers avec une sensation d’hypnose. Opération peur n’est sans doute pas l’oeuvre la plus célèbre du réalisateur, mais sans aucun doute l’une de celles dont on redécouvre sans cesse la richesse.
MON DIEU, COMMENT SUIS-JE TOMBÉE SI BAS ? (Mio Dio come sono caduta in basso !) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mai 2020 chez LCJ Editions.
Acteurs : Laura Antonelli, Alberto Lionello, Michele Placido, Jean Rochefort, Ugo Pagliai, Rosemarie Dexter…
Scénario : Luigi Comencini, Ivo Perilli
Photographie : Tonino Delli Colli
Musique : Fiorenzo Carpi
Durée : 1h51
Date de sortie initiale : 1974
LE FILM
Sicile, début du XXe siècle. Eugenia Maqueda et Raimondo Corrao, marquis de Maqueda découvrent lors de leur nuit de noces qu’ils sont frère et soeur. Il leur est donc impossible de consommer le mariage. Pour des questions d’apparences à sauvegarder et aussi d’héritage et ils décident de ne rien dire à personne et de vivre dans la chasteté absolue comme un frère et une soeur. Mais les besoins de la belle Eugenia sont de plus en plus pressants…
Comme beaucoup de ses confrères italiens, Luigi Comencini (1916-2007) a eu plusieurs carrières en une. Femmes dangereuses – Mogli pericolise (1958), son douzième long métrage marquait déjà un premier tournant dans la filmographie du mythique réalisateur de Pain, amour et fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise, L’Argent de la vieille et bien d’autres chefs-d’oeuvre. A la fin des années 1950, Luigi Comencini souhaite sortir du carcan du réalisateur de « comédies simples » dans lequel il était enfermé malgré-lui suite au triomphe de Pain, amour et fantaisie (1953) et de sa suite Pain, amour et jalousie (1954). Il commence tout d’abord par refuser le troisième volet, Pain, amour, ainsi soit-il, finalement confié à son confrère Dino Risi. Le cinéaste désirait alors montrer ses capacités techniques en se dirigeant vers une mise en scène plus sophistiquée. Dans ce même objectif, Luigi Comencini, cinéaste moraliste, voulait enfin fignoler ses scénarios et dresser le portrait de ses compatriotes, en révéler les moeurs, les coutumes, les comportements et les rapports de classes. Après La Bella di Roma (1955) avec Alberto Sordi et le drame Tu es mon fils (1957), il entame une trilogie basée sur le couple et ses difficultés, le mariage et ses valeurs, en usant de la comédie pour mieux refléter les éléments dramatiques. Sur le tournage de Mariti in città (1957), il rencontre Giorgia Moll et Renato Salvatori. Enthousiasmé par cette collaboration, il les engage à nouveau dans Femmes dangereuses. C’est à partir de ce film que Luigi Comencini commence à se servir des préjugés sur l’homme italien, dragueur et « quelque peu cavaleur », pour s’en amuser, sans forcément les atténuer. Il en sera de même pour ses films suivants. Luigi Comencini ne cessera jamais d’alterner les films de commande avec les œuvres plus personnelles. Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! – Mio Dio come sono caduta in basso ! date de 1974. Après Un vrai crime d’amour – Delitto d’amore, une œuvre méconnue, pudique, immense de sensibilité et divinement interprétée par le couple Stefania Sandrelli et Giuliano Gemma, Luigi Comencini accepte de mettre en scène Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! avec la star du moment, Laura Antonelli. Considéré à sa sortie comme un film mineur, le film se place bien au-dessus de la prolifique production transalpine. Plastiquement irréprochable, grinçant à souhait envers la vieille aristocratie italienne, Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! exploite la beauté de la comédienne, cette fois encore peu avare de ses charmes, mais lui offre aussi et surtout l’occasion de montrer ses véritables capacités d’actrice, qualités qu’elle allait prouver immédiatement après en collaborant par la suite avec Luchino Visconti (L’Innocent), Mauro Bolognini (Black Journal) et Ettore Scola (Passion d’amour).
MAJIN, LE RETOUR DE MAJIN, LE COMBAT FINAL DE MAJIN(Daimajin, Daimajin ikaru, Daimajin gyakushū) réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi et Kazuo Mori, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.
Les trois longs métrages de la série Daimajin (dans l’ordre : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin) furent tournés simultanément durant l’année 1966. Cette trilogie, affiliée aux genres Kaiju Eiga (films de monstres géants, dont Godzilla demeure le précurseur) et Jidai Geki (en rapport avec l’histoire du Japon médiéval, et notamment le chanbara – film de sabre), développe une thématique commune en fil conducteur. Ainsi, dans chacun de ces films, Daimajin, un géant de pierre, vient aider des villageois opprimés par un seigneur tyrannique. Sorte d’équivalence au Golem issu de la mythologie juive, Daimajin (traduction littérale : « Grand Démon ») est une divinité de pierre endormie, ne se réveillant que pour porter secours au peuple et châtier l’oppresseur. Et ce dernier, qu’il soit chambellan ou monarque, peut alors trembler, car la vengeance de Daimajin n’a aucune limite !
Ou quand la Daiei, société de production cinématographique japonaise fondée en janvier 1942, décide de mélanger les genres, le film historique et le film fantastique, tout en surfant sur le grand succès rencontré par Gamera, réalisé par Noriaki Yuasa et sorti en 1965. Ainsi naît Majin, de Kimiyoshi Yasuda (1911-1983), bien connu des cinéphiles pour avoir mis en scène six des vingt-six films de la série Zatoichi interprétée par Shintarō Katsu. Ici, point de monstre préhistorique ressemblant à une tortue, mais une statue de pierre avoisinant les dix mètres de haut ! En avril 1966, le triomphe de Majin est suivi de deux suites, en fait tournées en même temps, Le Retour de Majin de Kenji Misumi et Le Combat final de Majin de Kazuo Mori, qui sortent respectivement en août 1966 et en décembre 1966. Chaque opus de cette trilogie reprend peu ou prou la même trame (les trois films ont été écrits par Tetsurō Yoshida), mais transposée chaque fois dans une atmosphère différente. Aujourd’hui, revoir les trois épisodes à la suite s’apparente à un récit composé de trois chapitres qui se reflètent et se complètent tout en même temps. Produits par Masaichi Nagata (président de la Daiei), tournés dans de magnifiques décors, naturels ou reconstitués en studio, Majin, Le Retour de Majin et Le Combat final de Majin sont de véritables merveilles cinématographiques, pleines de magie, d’aventures, de combats au sabre, de belles valeurs et de bons sentiments.
LE SEXE FOU (Sessomatto) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 24 juin 2020 chez LCJ Editions.
Acteurs : Giancarlo Giannini, Laura Antonelli, Alberto Lionello, Duilio Del Prete, Paola Borboni, Carla Mancini…
Scénario : Ruggero Maccari, Dino Risi
Photographie : Alfio Contini
Musique : Armando Trovajoli
Durée : 1h55
Date de sortie initiale : 1973
LE FILM
Un valet amoureux de sa patronne, un jeune homme qui souhaite séduire une femme de 70 ans, un couple qui ne prend du plaisir que dans l’agressivité, un autre qui aime les lieux publics pour faire l’amour, un employé qui remplace sa femme par une prostituée, un donneur de sperme, une veuve qui venge son mari en épuisant sexuellement l’assassin, un paysan trompé par la femme qu’il aime, un couple qui invite un employé du mari pour raviver la flamme qui les unit… Tant d’histoires tournant autour de la question de l’érotisme en Italie.
Après Les Monstres (1963), Une poule, un train… et quelques monstres (1969) et Moi, la femme (1971), Dino Risi réalise un nouveau film à sketches en 1973 intitulé Le Sexe fou – Sessomatto. Il y dirige Giancarlo Giannni et Laura Antonelli dans neuf segments à travers lesquels ce magnifique couple endosse plusieurs personnages drôles, mélancoliques, monstrueux, en changeant d’apparences physiques à chaque fois. Avec son sens unique et acéré de la satire, Dino Risi égratigne dans Le Sexe fou les pratiques sexuelles de ses concitoyens tout en dressant un portrait au vitriol de l’être humain.
LE COUTEAU DE GLACE (Il Coltello di ghiaccio) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.
Acteurs : Carroll Baker, Alan Scott, Evelyn Stewart, Eduardo Fajardo, Silvia Monelli, George Rigaud, Franco Fantasia, Dada Gallotti, Lorenzo Robledo, Mario Pardo…
Scénario : Umberto Lenzi, Luis G. de Blain
Photographie : José F. Aguayo
Musique : Marcello Giombini
Durée : 1h31
Année de sortie : 1972
LE FILM
Adolescente, Martha Caldwell a réchappé d’une catastrophe ferroviaire dans laquelle elle a vu mourir ses parents, traumatisme qui l’a rendue muette. Quinze ans ont passé quand Martha, qui vit désormais avec son oncle Ralph, féru d’occultisme, dans une propriété située à Montseny, dans les Pyrénées espagnoles, reçoit la visite de sa cousine Jenny Ascot, célèbre chanteuse résidant en Angleterre. Cette dernière est mortellement poignardée durant la nuit. La police mène son enquête, tandis que d’autres meurtres surviennent. Les soupçons se portent vers une secte sataniste, à moins qu’il ne s’agisse d’un tueur en série isolé. Dans un cas comme dans l’autre, Martha pourrait bien être la prochaine victime…
Umberto Lenzi (1931-2017) est l’exemple typique du réalisateur qui a su suivre la mode, les goûts et les préférences des spectateurs, en passant successivement du film de pirates (Mary la rousse, femme pirate, Les Pirates de la Malaisie) au péplum (Maciste contre Zorro, Hercule contre les mercenaires) dans les années 1960, puis du giallo (Le Tueur à l’orchidée, Spasmo) au poliziottesco (Brigade spéciale, La Rançon de la peur, Le Cynique, l’Infâme et le Violent) dans les années 1970, pour terminer sa carrière dans le genre épouvante (La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse). Un cinéaste prolifique, diplômé du Centro Sperimentale di Cinematografia, avec plus de 60 films à son actif réalisés en 35 ans de carrière. Le Couteau de glace – Il Coltello di ghiaccio (1972) apparaît tout juste au milieu de sa carrière. Pour la quatrième et dernière fois, Umberto Lenzi retrouve la comédienne Carroll Baker, qu’il avait déjà dirigé dans Une folle envie d’aimer – Orgasmo (1969), Si douces, si perverses – Così dolce… così perversa (1969), avec Jean-Louis Trintignant et Paranoia (1970), trois gialli au succès international. Pour cette ultime collaboration, l’ex-star hollywoodienne vue chez George Stevens (Géant), Elia Kazan (Baby Doll), William Wyler (Les Grands espaces), Edward Dmytryk (Les Ambitieux), John Ford (Les Cheyennes) signe une remarquable prestation, tandis qu’Umberto Lenzi assure comme d’habitude derrière la caméra. En dehors d’un final quelque peu abracadabrant, Le Couteau de glace est non seulement un excellent fleuron du genre, mais traverse aussi les années sans prendre trop de rides. Le divertissement est toujours au rendez-vous.
MISSISSIPPI BLUES réalisé par Bertrand Tavernier et Robert Parrish, disponible en DVD depuis le 13 janvier 2012 chez Tamasa Diffusion.
Acteurs : Bertrand Tavernier, Robert Parrish, William Ferris…
Scénario : Bertrand Tavernier, Robert Parrish
Photographie : Pierre-William Glenn
Durée : 1h33
Date de sortie initiale : 1983
LE FILM
D’un long périple sur les routes du « Vieux Sud » américain, les cinéastes Bertrand Tavernier et Robert Parrish ont ramené une moisson d’images pittoresques, hommage sensible à un pays qui, au-delà de ses propres mythes, est resté fidèle à lui-même. Des lieux qui inspirèrent William Faulkner à ceux qui virent gronder la révolte noire dans les années 60, les deux voyageurs n’ont pas hésité à se mêler aux populations locales, dans les églises, les « bars à blues » ou ailleurs…
Le passé n’est pas mort. Il n’est même pas encore passé.
William Faulkner.
Plus que les Etats-Unis, Bertrand Tavernier a toujours été fasciné par l’histoire du Sud du pays. En 1983, il décide de s’y rendre pour réaliser un de ses rêves, faire un voyage de six semaines à travers l’état du Mississippi, bordé à l’ouest par la Louisiane et l’Arkansas, au nord par le Tennessee, à l’est par l’Alabama et au sud par le golfe du Mexique. Avec une équipe réduite, mais aussi avec l’aide du réalisateur-scénariste Robert Parrish, Bertrand Tavernier traverse les routes et part à la rencontre d’hommes et de femmes, d’étudiants et d’hommes d’église, d’afro-américains et de blancs, de chômeurs et d’hommes de pouvoir. En résulte le fabuleux portrait d’un pays figé dans ses traditions, gangrené par le racisme, la suprématie des WASP, rongée par le manque de travail et la pauvreté. Mississippi Blues est un fabuleux film-documentaire, à travers lequel la musique, omniprésente, prend également une place importante et devient une complainte pour résister et survivre.
AVANTI ! réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mars 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : Jack Lemmon, Juliet Mills, Clive Revill, Edward Andrews, Gianfranco Barra, Franco Angrisano, Pippo Franco…
Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond
Photographie : Luigi Kuveiller
Musique : Carlo Rustichelli
Durée : 2h15
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Riche homme d’affaires américain, Wendell Armbruster III débarque sur l’île d’Ischia, en Italie, pour y récupérer la dépouille de son père. Il découvre que celui-ci avait une maîtresse, qu’il retrouvait chaque été depuis dix ans, et dont la fille Pamela loge dans le même hôtel que lui. Wendell souhaite à tout prix éviter le scandale que provoquerait une telle révélation.
Considéré à juste titre comme l’un des plus grands réalisateurs du cinéma américain, Billy Wilder excelle dans la comédie, utilisant un ton moraliste et caricatural. Il n’hésite pas à insérer des sujets audacieux, qu’il traite avec légèreté. Il signe des chefs d’œuvre tels que Sept ans de réflexion, Certains l’aiment chaud, La Garçonnière, Un, deux, trois, Irma la Douce, Embrasse-moi idiot ou encore La Grande Combine.
UN CHÂTEAU EN ENFER (Castle Keep) réalisé par Sydney Pollack, disponible en DVD et Blu-ray le 12 mai 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : Burt Lancaster, Patrick O’Neal, Jean-Pierre Aumont, Peter Falk, Astrid Heeren, Scott Wilson, Bruce Dern…
Scénario : David Rayfiel, Daniel Taradash d’après le roman de William Eastlake
Photographie : Henri Decaë
Musique : Michel Legrand
Durée : 1h47
Date de sortie initiale : 1969
LE FILM
Décembre 1944. Durant la bataille des Ardennes, un groupe de soldats américains se réfugie au château de Malderais, où vivent le comte Henri Texier et sa jeune épouse. Pour les forces allemandes, la prise du château faciliterait leur progression vers Bastogne. Les G.I’s, en trop petit nombre, n’auront que deux options : abandonner le château ou résister le plus longtemps possible.
Sydney Pollack (1934-2008) commence sa carrière en tant qu’acteur. D’abord sur les planches, puis à la télévision, il apparaît dans plusieurs séries comme Playhouse 90, La Quatrième Dimension, ou encore Alfred Hitchcock présente. Ayant du mal à percer en tant que comédien, il décide en 1965 de passer derrière la caméra. Il réalise Trente minutes de sursis – The Slender Thread, inspiré d’une histoire vraie, celle d’une femme qui téléphone à un centre d’appels d’urgence, après avoir avalé des comprimés, afin de parler à quelqu’un avant de mourir. Son deuxième film est Propriété interdite – This Property Is Condemned (1966), qui se déroule durant la Grande Dépression, dans les années 1930. Puis, il réalise un western intitulé Les Chasseurs de scalps –The Scalphunters. En 1968, il remplace son confrère Frank Perry pour terminer le tournage du drame Le Plongeon – The Swimmer, qui propose une critique du rêve américain. L’année suivante, sort sur les écrans Un château en enfer – Castle Keep, où il aborde un autre genre : le film de guerre.
LAURIN réalisé par Robert Sigl, disponible en combo Blu-ray+DVD le 21 avril 2020 chez Le Chat qui fume.
Acteurs : Dóra Szinetár, Brigitte Karner, Károly Eperjes, Hédi Temessy, Barnabás Tóth, Kati Sir, Endre Kátay, János Derzsi, Zoltán Gera…
Scénario : Robert Sigl
Photographie : Nyika Jancsó
Musique : Hans Jansen, Jacques Zwart
Durée : 1h23
Année de sortie : 1989
LE FILM
Mars 1901, dans un village portuaire allemand, Laurin, âgée d’une douzaine d’années, entend l’appel au secours, à la nuit tombée, d’un petit garçon qu’elle voit, depuis sa fenêtre, se faire enlever par un adulte. Au cours de la même nuit, Flora, la mère de Laurin, aperçoit sur un pont le corps inerte du garçonnet et le visage de son assassin ; on la retrouve morte au matin, son corps gisant au bas du pont. Le père de Laurin, marin, étant souvent absent, la fillette, en proie à d’étranges visions, est désormais confiée à sa grand-mère. Elle se lie bientôt d’amitié avec un camarade de classe, Stefan, qui disparaît à son tour. Un tueur d’enfants rôde dans les alentours, et la curiosité de Laurin la met en grand danger…
Quelle immense découverte ! Quelle beauté ! Chef d’oeuvre dissimulé du cinéma allemand, Laurin, est le premier long métrage (à ce jour le seul pour le cinéma) réalisé en 1989 par Robert Sigl, après deux courts-métrages, Die Hütte (1981) et Der Weihnachtsbaum (1983). Né en 1962, le cinéaste, également comédien, signe un film exceptionnel, à la frontière de plusieurs genres, qui s’inscrit dans la droite lignée de L’Esprit de la ruche (1973) de Victor Erice. Film fantastique, drame sur le deuil, thriller teinté de giallo avec certains éclairages baroques qui rappellent le cinéma de Dario Argento et de Mario Bava, Laurin laisse pantois le spectateur par sa beauté plastique et se révèle par strates jusqu’à un final bouleversant.