Test Blu-ray / Capone, réalisé par Josh Trank

CAPONE réalisé par Josh Trank, disponible en DVD et Blu-ray le 15 octobre 2020 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Tom Hardy, Linda Cardellini, Matt Dillon, Al Sapienza, Kathrine Narducci, Noel Fisher, Gino Cafarelli, Mason Guccione, Jack Lowden, Kyle MacLachlan…

Scénario : Josh Trank

Photographie : Peter Deming

Musique : El-P

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Autrefois maître de Chicago, le redoutable Al Capone est assigné à résidence après 10 ans passés derrière les barreaux. Pour protéger sa fortune, il aurait dissimulé des millions de dollars avant son arrestation dans un lieu connu de lui seul et tous veulent s’en emparer. Même affaibli par la maladie, Al Capone est prêt à tout pour protéger les siens… et son argent.

Le réalisateur Josh Trank (né en 1984) n’a pas tout à fait eu le parcours qu’on espérait depuis sa révélation en 2012 avec le formidable Chronicle. Après la débâcle du reboot des 4 Fantastiques, qui a fait un fantastique four (blague éculée), il est envisagé pour un spin-off de Star Wars, qui n’aboutira pas. On le retrouve finalement aux manettes de Capone, dont le titre de travail était Fonzo, film biographique sur les dernières années d’Al Capone. Manque de bol, les conditions sanitaires de 2020 ont entraîné l’annulation du film dans les salles, qui devra se contenter d’une sortie en VOD aux Etats-Unis, ou directement en DVD et Blu-ray dans nos contrées. Bon, on ne va pas se mentir, ce Capone ne révolutionnera pas le cinéma et vaut essentiellement pour le cabotinage éhonté de Tom Hardy, le Francis Huster britannique, qui transforme le film en comédie involontaire, peu aidé par Josh Trank qui se prend pour David Lynch à travers quelques séquences oniriques complètement foireuses. Rien que pour ça, on vous le conseille !

Paul Muni (Scarface de Howard Hawks), Rod Steiger (Al Capone de Richard Wilson), Jason Robards (L’Affaire Al Capone de Roger Corman), Ben Gazzara (Capone de Steve Carver), Robert De Niro (Les Incorruptibles de Brian De Palma), Neville Brand (Les Incorruptibles, la série) et Stephen Graham (Boardwalk Empire) peuvent dormir tranquille, ce n’est pas Tom Hardy qui leur fera de l’ombre. L’un des acteurs les plus surestimés de ces quinze dernières années, révélé en 2001 par Ridley Scott dans La Chute du faucon noirBlack Hawk Down, n’a jamais cessé de tourner, chez Matthew Vaughn (Layer Cake), Sofia Coppola (Marie-Antoinette), Guy Ritchie (RocknRolla), mais c’est avec l’inénarrable Bronson de Nicolas Winding Refn qu’il passe une étape dans sa carrière en repoussant déjà les limites du surjeu. Depuis, très demandé, le comédien né en 1977 a multiplié les films chiants et prétentieux (Inception, La Taupe, The Dark Knight Rises, Mad Max: Fury Road, The Revenant, Dunkerque…il y en a qui vont criser je sais), les performances rigolotes (le sympathique Target de McG) ou étonnantes car sobres (les solides Des hommes sans loiLawless de John Hillcoat, Locke de Steven Knight, Quand vient la nuitThe Drop de Michaël R. Roskam). A l’instar de Legend de Brian Helgeland et Venom de Ruben Fleischer dans lesquels il montrait clairement ses limites et surtout, disons-le vulgairement, où il était mauvais comme un cochon, Tom Hardy est de retour dans Capone dans lequel il s’avère – comme la plupart du temps – totalement en roue libre.

Cigare vissé sur des lèvres gercées, les yeux injectés de sang (avec des lentilles déformantes très apparentes), peau dégueulasse, cheveux gras, n’en jetez plus, c’est trop de bonheur ! Ajoutez à cela Tom Hardy qui prend la voix de Golum, ou de Nick Nolte on ne sait plus, qui tousse en crachant sur tout le monde, qui défèque au lit ou qui se fait sur lui à table, qui bave, le plaisir est total ! Bon, j’exagère sans doute un peu (euphémisme), mais comme Tom Hardy est une de mes têtes de turc depuis des années, disons que Capone permet de me défouler. Toujours est-il que le film ne vaut pas la volée de bois vert reçue lors de ses premières projections, même si on serait tenté de rejoindre l’avis de Variety qui a comparé le film à un sketch du Saturday Night Live.

Il ne s’agit pas d’un biopic sur Alphonse Capone (1899-1947), mais d’une illustration de la dernière année de sa vie. En juin 1931, le célèbre gangster américain d’origine italienne, surnommé Scarface (le balafré), qui a fait fortune dans le trafic d’alcool de contrebande durant la prohibition dans les années 1920, est arrêté non pas pour corruption de policiers ou de figures politiques, de menaces physiques ou pour assassinat, mais pour fraude fiscale dans un premier temps par l’agent du trésor Eliot Ness et ses Incorruptibles, puis par l’agent spécial du service d’enquête de l’Internal Revenue Service Frank J. Wilson. En octobre 1931, il est condamné à 17 ans de prison, dont 11 ans ferme. Ce que la légende oublie, c’est que la figure emblématique du crime organisé est finalement libérée dix ans plus tard. Atteint de neurosyphilis, sa santé mentale et physique s’étaient fortement dégradées en détention. Il est alors rendu à sa famille sous conditions et s’exile dans sa propriété de Palm Island à Miami Beach, où il reste sous surveillance de l’état. Et c’est là que Capone de Josh Trank démarre.

Outre Tom Hardy, dont on ne comprend jamais les dialogues en raison du barreau de chaise qui lui cloue le bec, nous retiendrons tout de même la présence de la belle et talentueuse Linda Cardellini (Freaks and Geeks, Urgences, Bloodline, Mad Men), qui a récemment brillé au cinéma dans Le Fondateur The Founder de John Lee Hancock, L’Ombre d’EmilyA Simple Favor de Paul Feig et Green Book : Sur les routes du sud de Peter Farrelly, et qui tire son épingle du jeu. Mais Capone se focalise essentiellement sur son personnage principal, avec un Tom Hardy de tous les plans. En fait, le film se résume à Tom Hardy qui se pisse dessus, Tom Hardy qui vomit, Tom Hardy qui s’habille en femme, Tom Hardy qui pèche la truite au fusil, Tom Hardy qui tire sur un alligator, Tom Hardy qui chante Le Magicien d’Oz, Tom Hardy qui mange une carotte, Tom Hardy qui tire à la sulfateuse en couche-culotte…105 minutes d’un numéro digne du Plus grand cabaret du monde. Le pire, c’est qu’on ne s’ennuie pas une seconde devant ce spectacle où Josh Trank semble tellement hypnotisé par son comédien, qu’il en oublie totalement de le diriger.

Capone aurait pu être un film intéressant, s’il ne croulait pas autant sous des effets de style inappropriés. Le rythme est lent et jamais maîtrisé, l’ensemble se perd dans quelques digressions supposées représenter la psyché perturbée du personnage principal, qui entraînent soit un ennui poli, soit quelques rires tout d’abord gênés, puis nerveux, puis francs, surtout devant les grimaces à répétition et les grognements de Tom (ou Oliver) Hardy.

LE BLU-RAY

« Rendez-vous directement en DVD et en Blu-ray, ne passez pas par la case Cinéma ! » pour Capone, qui arrive dans l’escarcelle de Metropolitan Video. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Aucun supplément, aucun menu pop-up…rien de rien…

L’Image et le son

En revanche, du point de vue technique, c’est comme toujours irréprochable chez Metropolitan ! Les partis pris esthétiques sont respectés avec une fabuleuse gestion des contrastes et des séquences sombres aussi soignées. Le piqué demeure ciselé tout du long. La très belle photo du mythique chef opérateur Peter Deming (Evil Dead 2 de Sam Raimi, Lost Highway et Mulholland Drive de David Lynch) est superbement retranscrite avec un beau lot de détails sur les séquences diurnes, aux quatre coins du cadre large. Ces dernières sont d’ailleurs lumineuses, la profondeur appréciable, la colorimétrie chatoyante, le relief palpable. N’oublions pas la densité des noirs. Au final, l’éditeur ajoute un remarquable master HD à son catalogue.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux solides mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais. Quelques séquences sortent de lot, à l’instar du rêve-cauchemar de Capone, ou de la fusillade finale. Les mixages imposent une balance imposante des frontales comme des latérales, des effets annexes présents et dynamiques, des voix solidement délivrées par la centrale. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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