Test 4K Ultra-HD / Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju

LES YEUX SANS VISAGE réalisé par Georges Franju, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray, et en Box Ultra Collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray + Livre chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Pierre Brasseur, Alida Valli, Édith Scob, Juliette Mayniel, Alexandre Rignault, Béatrice Altariba, Claude Brasseur, Michel Etcheverry, Yvette Etiévant, René Génin, Lucien Hubert, Marcel Pérès, François Guérin…

Scénario : Pierre Boileau, Thomas Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet & Pierre Gascar, d’après le roman de Jean Redon

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Le Docteur Génessier, chirurgien renommé et spécialiste des greffes de la peau, retient prisonnière sa fille Christiane, défigurée à la suite d’un grave accident de voiture. Louise, son assistante, qui lui est totalement dévouée, sert de rabatteuse et ramène à Génessier des jeunes femmes qui seront sacrifiées dans son laboratoire dissimulé dans une vaste propriété, isolée en banlieue parisienne. Mais la découverte de l’une des victimes, dans une rivière, déclenche une enquête de police. Après plusieurs échecs ayant entraîné une nécrose de la peau, le chirurgien parviendra-t-il à redonner enfin un visage à Christiane ?

C’est une œuvre matricielle, qui n’a eu de cesse d’inspirer les réalisateurs et qui reste d’ailleurs encore une source de création pour de nombreux cinéastes. Les Yeux sans visage est le second long-métrage de Georges Franju, son film le plus connu et le plus prisé des cinéphiles, ainsi que la deuxième association entre le metteur en scène et Pierre Brasseur, quelques mois seulement après La Tête contre les murs. Alors que le comédien interprétait précédemment un inquiétant directeur d’asile psychiatrique, il incarne ici un chirurgien de renom, spécialisé dans les greffes de peau et la régénérescence cellulaire. Le monstre du film, c’est bien lui, un être froid, glacial, peu loquace, Prométhée moderne, qui à l’instar du docteur Frankenstein, va (re)créer le visage défiguré de sa fille victime d’un accident, créature qui finira par lui échapper. D’après un scénario signé Boileau et Narcejac (Sueurs froides, Les Diaboliques), avec la collaboration de Georges Franju et de Claude Sautet (également assistant réalisateur), adapté d’un roman de Jean Redon, Les Yeux sans visage est une pierre fondatrice du cinéma d’épouvante international, dont on ne compte plus les admirateurs, de Pedro Almodóvar (La Piel que habito) à John Woo (Volte/Face), en passant par Leos Carax (Holy Motors) et George Romero (Bruiser). Un modèle de mise en scène, aussi magistrale qu’épurée, un mètre-étalon, une référence ultime, un vrai film culte.

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Test Blu-ray / Anatomie de l’enfer, réalisé par Catherine Breillat

ANATOMIE DE L’ENFER réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Amira Casar, Rocco Siffredi, Alexandre Belin, Manuel Taglang, Jacques Monge, Claudio Carvalho, Carolina Lopes, Diego Rodrigues…

Scénario : Catherine Breillat, d’après son roman Pornocratie

Photographie : Giorgos Arvanitis & Guillaume Schiffman

Musique : D’Julz

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2004

LE FILM

Au bord de l’ennui, une femme seule et déprimée paie un homosexuel pour qu’il se joigne à elle pour une exploration audacieuse de la sexualité qui durera quatre jours et au cours de laquelle tous deux rejetteront toutes les conventions et briseront toutes les frontières, enfermés à l’écart de la société dans un domaine isolé. Ce n’est qu’en affrontant les aspects les plus inavouables de leur sexualité que l’homme et la femme parviendront à une compréhension pure de la façon dont les sexes se perçoivent l’un l’autre.

Anatomie de l’enfer est le dixième long-métrage de Catherine Breillat et sa seconde collaboration avec Rocco Siffredi, cinq ans après Romance, avec lequel la star du porno faisait ses premiers dans le cinéma dit « traditionnel ». La réalisatrice profite du charisme indéniable de sa tête de bite d’affiche et lui offre un rôle étonnant, évidemment à mille lieues de ce qu’il exécute habitetuellement (décidément), avec lequel il prouve une fois de plus un vrai talent dramatique. Le pari était pourtant risqué, d’autant plus qu’il donne la (douloureuse) réplique à Amira Casar, comédienne éclectique, aussi à l’aise chez Thomas Gilou (les trois premiers volets de La Vérité si je mens!) que chez Anne Fontaine (Comment j’ai tué mon père). Celle-ci commençait à prendre un virage dans sa carrière, se tournant de plus en plus vers le cinéma d’auteur (Carlos Saura, Gaël Morel, les frères Larrieu), Anatomie de l’enfer marquant définitivement un carrefour, une rupture dans sa filmographie. On pourra cette fois encore reprocher à la cinéaste un côté hermétique de certains dialogues (« La fragilité des chairs féminines impose le dégoût et la brutalité »), partis-pris qui pourront faire rire de nombreux spectateurs peu habitués à l’univers de Catherine Breillat, mais aussi cette mauvaise habitude de montrer du doigt les hommes qui salissent tout ce qu’ils touchent, les femmes en particulier et même en premier lieu. Mais Anatomie de l’enfer, film à la durée ramassée (1h15 montre en main) parvient sans mal à créer un état d’hypnose, un engourdissement (pour ne pas une dire une léthargie pour certains), pour que l’on puisse aller au bout de cette « expérience » menée à la fois par la réalisatrice, mais aussi de ses personnages-marionnettes.

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Test Blu-ray / Tatami, réalisé par Zar Amir Ebrahimi & Guy Nattiv

TATAMI réalisé par Zar Amir Ebrahimi & Guy Nattiv, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Arienne Mandi, Zar Amir Ebrahimi, Jaime Ray Newman, Nadine Marshall, Lir Katz, Ash Goldeh, Valeriu Andriuta, Mehdi Bajestani…

Scénario : Guy Nattiv & Elham Erfani

Photographie : Todd Martin

Musique : Dascha Dauenhauer

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

La judokate iranienne Leila et son entraîneuse Maryam se rendent aux Championnats du monde de judo avec l’intention de ramener sa première médaille d’or à l’Iran. Mais au cours de la compétition, elles reçoivent un ultimatum de la République islamique ordonnant à Leila de simuler une blessure et d’abandonner pour éviter une possible confrontation avec l’athlète israélienne. Sa liberté et celle de sa famille étant en jeu, Leila se retrouve face à un choix impossible : se plier au régime iranien, comme l’implore son entraîneuse, ou se battre pour réaliser son rêve.

Elle nous avait subjugué dans Les Nuits de Mashhad, thriller d’Ali Abassi, qui lui avait valu le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes en 2022, la franco-iranienne Zar Amir Ebrahimi est de retour devant la caméra, mais aussi cette fois derrière, puisqu’elle coréalise Tatami avec l’israélien Guy Nattiv. Drame sportif inspiré d’une histoire vraie, ce long-métrage s’avère aussi tendu qu’un thriller et rappelle le cinéma d’Asghar Farhadi. Tatami possède cette griffe iranienne, sans doute l’un des meilleurs cinémas du monde, et rend compte de la pression d’un gouvernement qui met tout en œuvre afin d’empêcher les Iraniens et les Israéliens de se rencontrer lors d’événements internationaux. Influencé par l’histoire vraie de plusieurs sportifs Iraniens, dont Sadaf Khadem, première femme boxeuse iranienne, réfugiée en France et devenue porte-parole des droits des femmes, Tatami est une œuvre coup de poing, ou O soto gari plutôt, qui nous tient en haleine du début à la fin, prend aux tripes, bouleverse et joue avec les nerfs. Assurément l’un des grands films de 2024, acclamé par près de 200.000 spectateurs dans les salles françaises.

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Test Blu-ray / Absolution, réalisé par Hans Petter Moland

ABSOLUTION réalisé par Hans Petter Moland, disponible en DVD & Blu-ray le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Liam Neeson, Ron Perlman, Frankie Shaw, Daniel Diemer, Yolonda Ross, Ryan Homchick, William Xifaras, Josh Drennen…

Scénario : Tony Gayton

Photographie : Philip Remy Øgaard

Musique : Kaspar Kaae

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Thug est un homme de main de la mafia sur le déclin qui met tout en jeu pour reconquérir sa famille dont il est séparé et pour tenter une dernière fois de se racheter en démantelant les opérations d’une organisation criminelle rivale.

Liam Neeson n’a jamais autant tourné que dans les années 2010 et ce grâce au carton planétaire inattendu rencontré en 2008 par Taken de Pierre Morel. À 55 ans, le comédien, du haut de son mètre 93, est devenu un spécialiste du bourre-pif. Depuis, les cinéastes ne se sont pas gênés pour lui donner l’occasion de parler à son téléphone portable (son partenaire récurrent) et faire des clés de bras, de Louis Leterrier à Joe Carnahan, en passant par Jaume Collet-Serra (à quatre reprises) et Peter Berg. Entre deux productions destinées à vendre du popcorn, Liam Neeson aime bien rappeler qu’il est aussi demandé par les plus grands, en apparaissant chez Martin Scorsese (Silence) et les frères Coen (La Ballade de Buster Scruggs). Mais le bougre est comme Nicolas Cage et enchaîne tellement les films que le spectateur a tendance à les confondre, tout en oubliant à quel point il peut être puissant quand il s’en donne la peine. C’est le cas avec cet Absolution, non pas un énième ersatz de Taken (qui était un produit issu de chez Wish ou AliExpress), mais un drame psychologique sur le crépuscule d’une existence, celle d’un vieux briscard qui a fait sa carrière le flingue vissé à la pogne, en enchaînant les affaires douteuses, tout en mettant de côté sa vie de famille. On pense alors au superbe Knox de et avec Michael Keaton, sorti en 2023, dans lequel le comédien et réalisateur incarnait un tueur à gages, atteint d’une forme de démence à évolution rapide, qui jure de passer ses derniers jours à tenter de se racheter en sauvant la vie de son fils. Absolution est comme qui dirait un film-jumeau, moins réussi sans doute, mais tout aussi attachant. Le hic provient du fait que, à l’instar de son personnage, Liam Neeson paraît avoir oublié qu’il venait d’interpréter un rôle quasi-similaire dans Mémoire meurtrière Memory de Martin Campbell, où il campait lui aussi un assassin qui commence à montrer des signes de la maladie d’Alzheimer. Tout cela pour dire que si même la star s’emmêle les pinceaux dans ses projets, le spectateur est tout excusé et peut tout de même passer un beau moment devant Absolution.

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Test 4K UHD / Moi Christiane F. 13 ans, droguée, prostituée…, réalisé par Uli Edel

MOI CHRISTIANE F. 13 ANS, DROGUÉE, PROSTITUÉE… (Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo) réalisé par Uli Edel, disponible en Édition collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray le 10 janvier 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Natja Brunckhorst, Thomas Haustein, Christiane Lechle, Jens Kuphal, Bernhard Janson, Christiane Reichelt, Daniela Jaeger, Jan Georg Effler, David Bowie…

Scénario : Hermann Weigel, d’après le livre de Kai Hermann & Horst Rieck

Photographie : Jürgen Jürges & Justus Pankau

Musique : Jürgen Knieper

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Christiane, une jeune berlinoise de treize ans, vit très mal le divorce de ses parents et entretient une relation compliquée avec sa mère. Elle rêve de s’intégrer à une bande d’amis et de s’en approprier les codes. Lorsqu’elle sort en boîte de nuit pour la première fois, la descente aux enfers de Suzanne commence: la drogue puis la prostitution vont venir ternir le reste de sa jeunesse.

C’est un film culte, un vrai, celui de toute une génération et dont l’histoire a su perdurer dans le temps. Mais à la base, c’est aussi un récit biographique, celui de Christiane Felscherinow, écrit par les journalistes Kai Hermann et Horst Rieck. Adapté au cinéma par Uli Edel, ce roman traduit en français et publié en 1981 sous le titre Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… est une histoire sans doute intemporelle et sa version pour le septième art une étape dans une vie de cinéphile. Magistralement mise en scène, cette descente aux enfers d’une adolescente est une plongée viscérale et anxiogène dans la capitale allemande, peuplée de jeunes zombies défoncés par la dope et qui n’hésitaient pas à vendre leur cul pour quelques Deutsche Marks, nécessaires pour aller acheter plus tard leur prochaine dose. Bercé par la voix de David Bowie, Heroes, Station to Station, TVC 15 et autres tubes/classiques tirés des albums Heroes, Lodger, Stage et Low, la star faisant d’ailleurs une apparition centrale dans son propre rôle, Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée…Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo (littéralement « Nous, les enfants de la station Zoo ») est une véritable expérience sensorielle comme seul le septième art est capable d’offrir aux spectateurs. Même plus de quarante ans après sa sortie (triomphale), le public ressort lessivé de ce chef d’oeuvre redoutablement immersif, choquant, frontal, qui malgré les abîmes laisse percevoir l’espoir.

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Test Blu-ray / Les Gens d’à côté, réalisé par André Téchiné

LES GENS D’À CÔTÉ réalisé par André Téchiné, disponible en DVD & Blu-ray le 3 décembre 2024 chez Jour2Fête.

Acteurs : Isabelle Huppert, Hafsia Herzi, Nahuel Pérez Biscayart, Moustapha Mbengue, Stéphane Rideau…

Scénario : André Téchiné & Régis de Martrin-Donos

Photographie : Georges Lechaptois

Musique : Olivier Marguerit

Durée : 1h25

Année de sortie : 2024

LE FILM

Lucie est une agente de la police technique et scientifique. Son quotidien solitaire est troublé par l’arrivée dans sa zone pavillonnaire d’un jeune couple, parents d’une petite fille. Alors qu’elle se prend d’affection pour ses nouveaux voisins, elle découvre que Yann, le père, est un activiste anti-flic au lourd casier judiciaire. Le conflit moral de Lucie entre sa conscience professionnelle et son amitié naissante pour cette famille fera vaciller ses certitudes…

Né en 1943, le réalisateur André Téchiné n’a quasiment jamais arrêté de tourner depuis son premier long-métrage, Pauline s’en va, sorti à la fin des années 1960. S’il avait mis un peu de temps pour livrer son second opus (Souvenirs d’en France, 1975), le cinéaste a enchaîné au rythme d’un film tous les deux ou trois ans. La dernière fois qu’une œuvre d’André Téchiné a attiré plus d’un million de spectateurs c’était en 1993, avec Ma saison préférée, suivi de près par Les Voleurs (1996). Depuis, rares sont ses films qui ont dépassé les 300.000 entrées (Alice et Martin, Les Égarés, Les Temps qui changent, Les Témoins) et son dernier sursaut au box-office remonte déjà à 2014, avec l’excellent L’Homme qu’on aimait trop. Le metteur en scène s’est récemment fait une santé avec le beau succès rencontré par Les Gens d’à côté, boosté sans doute par la présence d’Isabelle Huppert en haut de l’affiche, avec laquelle André Téchiné avait collaboré en 1979 sur Les Soeurs Brontë. La star y donne réplique à Hafsia Herzi, avec laquelle l’alchimie est évidente. Les deux actrices sont formidables et solidement épaulées par le brillant Nahuel Pérez Biscayart, révélé en 2017 avec Au revoir là-haut d’Albert Dupontel et 120 Battements par minute de Robin Campillo, pour lequel il avait reçu le César du meilleur espoir masculin. Si comme bien souvent, le récit pâtit d’un romanesque quelque peu déplacé et de partis-pris qui peuvent parasiter entamer la crédibilité du propos, on s’attache petit à petit aux personnages, suffisamment complexes et qui prouvent qu’André Téchiné a encore des choses à dire sur la société d’aujourd’hui.

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Test Blu-ray / La Traite des blanches, réalisé par Luigi Comencini

LA TRAITE DES BLANCHES (La Tratta delle bianche) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Eleonora Rossi Drago, Marc Lawrence, Ettore Manni, Silvana Pampanini, Vittorio Gassman, Tamara Lees, Antonio Nicotra, Barbara Florian…

Scénario : Luigi Comencini, Massimo Patrizi, Ivo Perilli, Antonio Pietrangeli & Luigi Giacosi

Photographie : Luciano Trasatti

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Dans l’Italie de l’après-guerre, Marquedi, gangster sans scrupule, alimente un réseau de prostitution en organisant des marathons de danse. Aux Petites-Casernes, quartier pauvre de la ville, Michele, porte-flingue du syndicat du crime, vit avec Lucia. Carlo, connu pour délinquance, vit lui avec Alda. Cette dernière s’est enfuie du dernier convoi de jeunes femmes que Marquedi expédiait en Amérique. Pour se venger, il fait arrêter Carlo, ce qui contraint Alda à s’inscrire au marathon pour payer l’avocat. Mais Marquedi convoite aussi Lucia, qui accepte sa proposition de « chanteuse » afin de sortir de la misère. Les rivalités personnelles des hommes vont tourner à la guerre des gangs.

Les cinéphiles l’oublient sans doute souvent, mais quand Luigi Comencini (1916-2007) connaît son premier succès public et par ailleurs son seul triomphe international avec Pain, amour et fantaisie Pane, amore e fantasi en 1953, le cinéaste avait déjà signé une demi-douzaine de films. Tout d’abord destiné à l’architecture de par ses brillantes études, il se tourne finalement vers le monde du cinéma, pour lequel il écrit quelques critiques dans des revues et des scénarios. Après avoir cofondé la Cineteca Italiana en 1947 avec son frère Gianni et Alberto Lattuada, Luigi Comencini se lance dans le documentaire (Bambini in città) et livre son premier long-métrage, De nouveaux hommes sont nésProibito rubare (1948), dans lequel il se penche déjà sur les thèmes de la misère sociale et surtout de l’enfance, sujets sur lesquels il n’aura de cesse de revenir au cours de sa longue et prolifique carrière. Il 1949, il dirige le mythique Totò dans L’Empereur de Capri L’imperatore di Capri, puis reprend les manettes du tournage des Volets clos Persiane chiuse, qui avait été interrompu suite à l’éviction du réalisateur Gianni Pucci par la production, ce qui permet à Luigi Comencini d’aborder la prostitution dans un registre dramatique. Ayant fortement convaincu la profession, le cinéaste enchaîne avec La Traite des blanches La Tratta delle bianche, qui sort l’année suivante et qui explore à nouveau le sujet du trafic de femmes. Cette fois encore très influencé par le film noir américain (l’ouverture est magnifique), La Traite des blanches baigne dans une atmosphère trouble, se focalise sur une jeunesse livrée à elle-même ou dont les idéaux sont déjà tués dans l’oeuf, où l’envie de s’en sortir entraîne vers d’inévitables impasses. Indéniablement une étape dans l’oeuvre de Luigi Comencini, La Traite des blanches entraîne le spectateur dans une spirale infernale, dont la longue séquence centrale, celle du marathon de danse, annonce On achève bien les chevaux de Sidney Pollack. Une rareté, un bijou.

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Test Blu-ray / Sympathy for the Devil, réalisé par Yuval Adler

SYMPATHY FOR THE DEVIL réalisé par Yuval Adler, disponible en DVD & Blu-ray le 6 décembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Nicolas Cage, Joel Kinnaman, Alexis Zollicoffer, Cameron Lee Price, Oliver McCallum, Rich Hopkins, Nancy Good, Kaiwi Lyman…

Scénario : Luke Paradise

Photographie : Steven Holleran

Musique : Ishai Adar

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

David doit rejoindre sa femme à l’hôpital qui doit accoucher. Dans le parking surgit un homme armé qui lui impose de sillonner la ville. Pourquoi l’a-t-il pris en otage ? Ne s’est-il pas trompé de cible ? À moins qu’un passé commun lie les deux hommes ? Un jeu du chat et la souris va s’engager. Mais qui est vraiment le chat ?

L’année 2024 a été très riche et valorisante pour Nicolas Cage, marquée entre autres par son plus grand succès au box-office depuis plus de dix ans avec l’incroyable Longlegs d’Osgood Perkins, qui a remporté cent millions de dollars dans le monde. Mine de rien, le sieur Coppola a repris sa carrière en main avec successivement Pig de Michael Sarnoski, Un talent en or massif de Tom Gormican et Dream Scenario de Kristoffer Borgli, tous loués par la critique et qui ont connu leur succès dans les festivals. S’il continue de se faire plaisir, ou tout simplement s’il choisit mieux ses projets (The Old Way, Renfield, The Surfer), Nicolas Cage a su prouver qu’il en avait encore sérieusement sous le capot (c’est rien de le dire), qu’il est et restera l’un des plus grands comédiens de sa génération. Si Sympathy for the Devil ne fera sans doute pas date, ce thriller psychologique déroule un tapis rouge à sa tête d’affiche, qui ne se gêne pas pour faire une fois de plus la démonstration de sa virtuosité, de son art, en multipliant les coups de génie dont lui seul à le secret. Certains y verront un excès de cabotinage, mais les autres, les fans, les vrais, seront sûrement subjugués par la maestria d’un acteur que beaucoup avaient trop vite considéré comme has-been. On l’aime notre Nicky.

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Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco

LE COEUR FOU réalisé par Jean-Gabriel Albicocco, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Auclair, Ewa Swann, Madeleine Robinson, Brigitte Auber, Jean-Claude Michel, Maurice Garrel, Daniel Cauchy, Marc Michel…

Scénario : Jean-Gabriel Albicocco, Philippe Dumarçay & Pierre Pelegri

Photographie : Quinto Albicocco

Musique : Jean-Pierre Bourtayre

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Journaliste de profession, Serge travaille dans la presse à sensation. Rendant visite à Cécile, son ex-femme, actrice, en cure de repos dans un hôpital psychiatrique, dans le but d’obtenir d’elle une interview,, il fait la rencontre de Clo, une jeune et jolie pyromane. Tombé fou amoureux d’elle, Serge l’aide à s’enfuir. Mais peu à peu, le journaliste perd lui aussi la raison, tandis que les incendies se multiplient au long de leur cavale.

On peut le dire, c’est un choc. On ne s’attendait pas à prendre Le Coeur fou en pleine tronche, en plein estomac aussi. Le quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) demeure encore aujourd’hui totalement méconnu, pour ne pas dire tout simplement inconnu. Sorti en 1970 dans l’indifférence générale, Le Coeur fou est un drame passionnel violent, romanesque, qui s’apparente à un film échappé du Nouvel Hollywood. Chaînon manquant entre Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et Breezy de Clint Eastwood (qui n’apparaîtra pourtant sur les écrans que trois ans plus tard), avec une touche de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces de Bob Rafelson sorti la même année, Le Coeur fou n’a probablement pas d’équivalent en France et l’ancien assistant de Jules Dassin livre une prodigieuse fuite en avant, une cavale sans issue, une balade sauvage magistralement mise en scène et interprétée par le couple vedette Michel Auclair et Eva Swann. Une perle, un bijou noir et pourtant aussi incandescent que les flammes que les deux personnages principaux n’ont de cesse de laisser derrière eux. À voir, à connaître et à relayer autour de vous dans votre réseau cinéphile. Chef d’oeuvre.

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Test DVD / Un homme en fuite, réalisé par Baptiste Debraux

UN HOMME EN FUITE réalisé par Baptiste Debraux, disponible en DVD depuis le 17 septembre 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin, Marion Barbeau, Wim Willaert, Théo Navarro-Mussy, Anne Consigny, Eric Godon…

Scénario : Baptiste Debraux & Armel Gourvennec

Photographie : Fabien Benzaquen

Musique : Feu ! Chatterton

Durée : 1h42

Année de sortie : 2024

LE FILM

Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny…

Un homme en fuite est le premier long-métrage de Baptiste Devraux, jusqu’à présent scénariste et réalisateur d’une poignée de courts-métrages et d’un clip musical pour Ibrahim Maalouf. Co-écrit avec Armel Gourvennec, Un homme en fuite impose immédiatement un auteur, un brillant technicien et un solide directeur d’acteurs. Si la forme l’emporte finalement plus que le fond (somme toute classique), il serait dommage de passer à côté de cette histoire souvent prenante et surtout brillamment interprétée par un casting de haut vol, sur lequel trône une fois de plus la formidable Léa Drucker, décidément en odeur de sainteté. Drame psychologique et polar immersif, Un homme en fuite rappelle le génial Rouge de Farid Bentoumi, avec sa description d’une petite ville ouvrière des Ardennes, dont la jeune population a pris la fuite et où les anciens regardent les jours passer sans plus rien attendre de l’existence. S’il inscrit son récit dans un réalisme social, basé sur une longue documentation concernant l’évolution démographique de la Vallée de la Meuse (dont il est originaire), où les petites bourgades ont perdu pas moins de la moitié de leurs habitants en à peine un quart de siècle, Baptiste Devraux ne délaisse pas pour autant le romanesque, qui sait rester crédible. Assurément un metteur en scène à suivre.

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