Test Blu-ray / La Traite des blanches, réalisé par Luigi Comencini

LA TRAITE DES BLANCHES (La Tratta delle bianche) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Eleonora Rossi Drago, Marc Lawrence, Ettore Manni, Silvana Pampanini, Vittorio Gassman, Tamara Lees, Antonio Nicotra, Barbara Florian…

Scénario : Luigi Comencini, Massimo Patrizi, Ivo Perilli, Antonio Pietrangeli & Luigi Giacosi

Photographie : Luciano Trasatti

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Dans l’Italie de l’après-guerre, Marquedi, gangster sans scrupule, alimente un réseau de prostitution en organisant des marathons de danse. Aux Petites-Casernes, quartier pauvre de la ville, Michele, porte-flingue du syndicat du crime, vit avec Lucia. Carlo, connu pour délinquance, vit lui avec Alda. Cette dernière s’est enfuie du dernier convoi de jeunes femmes que Marquedi expédiait en Amérique. Pour se venger, il fait arrêter Carlo, ce qui contraint Alda à s’inscrire au marathon pour payer l’avocat. Mais Marquedi convoite aussi Lucia, qui accepte sa proposition de « chanteuse » afin de sortir de la misère. Les rivalités personnelles des hommes vont tourner à la guerre des gangs.

Les cinéphiles l’oublient sans doute souvent, mais quand Luigi Comencini (1916-2007) connaît son premier succès public et par ailleurs son seul triomphe international avec Pain, amour et fantaisie Pane, amore e fantasi en 1953, le cinéaste avait déjà signé une demi-douzaine de films. Tout d’abord destiné à l’architecture de par ses brillantes études, il se tourne finalement vers le monde du cinéma, pour lequel il écrit quelques critiques dans des revues et des scénarios. Après avoir cofondé la Cineteca Italiana en 1947 avec son frère Gianni et Alberto Lattuada, Luigi Comencini se lance dans le documentaire (Bambini in città) et livre son premier long-métrage, De nouveaux hommes sont nésProibito rubare (1948), dans lequel il se penche déjà sur les thèmes de la misère sociale et surtout de l’enfance, sujets sur lesquels il n’aura de cesse de revenir au cours de sa longue et prolifique carrière. Il 1949, il dirige le mythique Totò dans L’Empereur de Capri L’imperatore di Capri, puis reprend les manettes du tournage des Volets clos Persiane chiuse, qui avait été interrompu suite à l’éviction du réalisateur Gianni Pucci par la production, ce qui permet à Luigi Comencini d’aborder la prostitution dans un registre dramatique. Ayant fortement convaincu la profession, le cinéaste enchaîne avec La Traite des blanches La Tratta delle bianche, qui sort l’année suivante et qui explore à nouveau le sujet du trafic de femmes. Cette fois encore très influencé par le film noir américain (l’ouverture est magnifique), La Traite des blanches baigne dans une atmosphère trouble, se focalise sur une jeunesse livrée à elle-même ou dont les idéaux sont déjà tués dans l’oeuf, où l’envie de s’en sortir entraîne vers d’inévitables impasses. Indéniablement une étape dans l’oeuvre de Luigi Comencini, La Traite des blanches entraîne le spectateur dans une spirale infernale, dont la longue séquence centrale, celle du marathon de danse, annonce On achève bien les chevaux de Sidney Pollack. Une rareté, un bijou.

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Test Blu-ray / Sympathy for the Devil, réalisé par Yuval Adler

SYMPATHY FOR THE DEVIL réalisé par Yuval Adler, disponible en DVD & Blu-ray le 6 décembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Nicolas Cage, Joel Kinnaman, Alexis Zollicoffer, Cameron Lee Price, Oliver McCallum, Rich Hopkins, Nancy Good, Kaiwi Lyman…

Scénario : Luke Paradise

Photographie : Steven Holleran

Musique : Ishai Adar

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

David doit rejoindre sa femme à l’hôpital qui doit accoucher. Dans le parking surgit un homme armé qui lui impose de sillonner la ville. Pourquoi l’a-t-il pris en otage ? Ne s’est-il pas trompé de cible ? À moins qu’un passé commun lie les deux hommes ? Un jeu du chat et la souris va s’engager. Mais qui est vraiment le chat ?

L’année 2024 a été très riche et valorisante pour Nicolas Cage, marquée entre autres par son plus grand succès au box-office depuis plus de dix ans avec l’incroyable Longlegs d’Osgood Perkins, qui a remporté cent millions de dollars dans le monde. Mine de rien, le sieur Coppola a repris sa carrière en main avec successivement Pig de Michael Sarnoski, Un talent en or massif de Tom Gormican et Dream Scenario de Kristoffer Borgli, tous loués par la critique et qui ont connu leur succès dans les festivals. S’il continue de se faire plaisir, ou tout simplement s’il choisit mieux ses projets (The Old Way, Renfield, The Surfer), Nicolas Cage a su prouver qu’il en avait encore sérieusement sous le capot (c’est rien de le dire), qu’il est et restera l’un des plus grands comédiens de sa génération. Si Sympathy for the Devil ne fera sans doute pas date, ce thriller psychologique déroule un tapis rouge à sa tête d’affiche, qui ne se gêne pas pour faire une fois de plus la démonstration de sa virtuosité, de son art, en multipliant les coups de génie dont lui seul à le secret. Certains y verront un excès de cabotinage, mais les autres, les fans, les vrais, seront sûrement subjugués par la maestria d’un acteur que beaucoup avaient trop vite considéré comme has-been. On l’aime notre Nicky.

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Test Blu-ray / Le Coeur fou, réalisé par Jean-Gabriel Albicocco

LE COEUR FOU réalisé par Jean-Gabriel Albicocco, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michel Auclair, Ewa Swann, Madeleine Robinson, Brigitte Auber, Jean-Claude Michel, Maurice Garrel, Daniel Cauchy, Marc Michel…

Scénario : Jean-Gabriel Albicocco, Philippe Dumarçay & Pierre Pelegri

Photographie : Quinto Albicocco

Musique : Jean-Pierre Bourtayre

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Journaliste de profession, Serge travaille dans la presse à sensation. Rendant visite à Cécile, son ex-femme, actrice, en cure de repos dans un hôpital psychiatrique, dans le but d’obtenir d’elle une interview,, il fait la rencontre de Clo, une jeune et jolie pyromane. Tombé fou amoureux d’elle, Serge l’aide à s’enfuir. Mais peu à peu, le journaliste perd lui aussi la raison, tandis que les incendies se multiplient au long de leur cavale.

On peut le dire, c’est un choc. On ne s’attendait pas à prendre Le Coeur fou en pleine tronche, en plein estomac aussi. Le quatrième long-métrage de Jean-Gabriel Albicocco (1936-2001) demeure encore aujourd’hui totalement méconnu, pour ne pas dire tout simplement inconnu. Sorti en 1970 dans l’indifférence générale, Le Coeur fou est un drame passionnel violent, romanesque, qui s’apparente à un film échappé du Nouvel Hollywood. Chaînon manquant entre Bonnie & Clyde d’Arthur Penn et Breezy de Clint Eastwood (qui n’apparaîtra pourtant sur les écrans que trois ans plus tard), avec une touche de Cinq Pièces faciles Five Easy Pieces de Bob Rafelson sorti la même année, Le Coeur fou n’a probablement pas d’équivalent en France et l’ancien assistant de Jules Dassin livre une prodigieuse fuite en avant, une cavale sans issue, une balade sauvage magistralement mise en scène et interprétée par le couple vedette Michel Auclair et Eva Swann. Une perle, un bijou noir et pourtant aussi incandescent que les flammes que les deux personnages principaux n’ont de cesse de laisser derrière eux. À voir, à connaître et à relayer autour de vous dans votre réseau cinéphile. Chef d’oeuvre.

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Test DVD / Un homme en fuite, réalisé par Baptiste Debraux

UN HOMME EN FUITE réalisé par Baptiste Debraux, disponible en DVD depuis le 17 septembre 2024 chez Blaq Out.

Acteurs : Bastien Bouillon, Léa Drucker, Pierre Lottin, Marion Barbeau, Wim Willaert, Théo Navarro-Mussy, Anne Consigny, Eric Godon…

Scénario : Baptiste Debraux & Armel Gourvennec

Photographie : Fabien Benzaquen

Musique : Feu ! Chatterton

Durée : 1h42

Année de sortie : 2024

LE FILM

Rochebrune est au bord du chaos. Johnny, leader du mouvement de protestation de la ville, a disparu après avoir braqué un fourgon. Lorsque Paul Ligre apprend la nouvelle, il revient dans la ville qui l’a vu grandir pour retrouver son ami d’enfance avant la police. Seulement, l’enquête d’Anna Werner la mène inéluctablement vers le secret qui unit Paul et Johnny…

Un homme en fuite est le premier long-métrage de Baptiste Devraux, jusqu’à présent scénariste et réalisateur d’une poignée de courts-métrages et d’un clip musical pour Ibrahim Maalouf. Co-écrit avec Armel Gourvennec, Un homme en fuite impose immédiatement un auteur, un brillant technicien et un solide directeur d’acteurs. Si la forme l’emporte finalement plus que le fond (somme toute classique), il serait dommage de passer à côté de cette histoire souvent prenante et surtout brillamment interprétée par un casting de haut vol, sur lequel trône une fois de plus la formidable Léa Drucker, décidément en odeur de sainteté. Drame psychologique et polar immersif, Un homme en fuite rappelle le génial Rouge de Farid Bentoumi, avec sa description d’une petite ville ouvrière des Ardennes, dont la jeune population a pris la fuite et où les anciens regardent les jours passer sans plus rien attendre de l’existence. S’il inscrit son récit dans un réalisme social, basé sur une longue documentation concernant l’évolution démographique de la Vallée de la Meuse (dont il est originaire), où les petites bourgades ont perdu pas moins de la moitié de leurs habitants en à peine un quart de siècle, Baptiste Devraux ne délaisse pas pour autant le romanesque, qui sait rester crédible. Assurément un metteur en scène à suivre.

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Test Blu-ray / La Vie à l’envers, réalisé par Alain Jessua

LA VIE À L’ENVERS réalisé par Alain Jessua, disponible en DVD & Blu-ray le 6 novembre 2024 chez Inser & Cut/L’Oeil du témoin.

Acteurs :  Charles Denner, Anna Gaylor, Guy Saint-Jean, Nicole Gueden, Yvonne Clech, Jean Yanne, Robert Bousquet, Nane Germon…

Scénario :  Alain Jessua, d’après son roman

Photographie : Jacques Robin

Musique : Jacques Loussier

Durée : 1h35

Date de diffusion initiale : 1964

LE FILM

Jacques Valin, employé dans une agence immobilière de Montmartre, mène une vie sans problème en compagnie de son amie cover-girl. Il décide de l’épouser sur un coup de tête. Incapable de supporter les invités de la noce, dont ses patrons, il quitte le restaurant et déambule dans Paris avec sa femme, ce qui lui vaut de perdre son emploi. Coupé de la routine, il s’enferme dans la solitude et plonge peu à peu dans une folie heureuse.

Premier long métrage d’Alain Jessua (1932-2017), La Vie à l’envers est un film étrange, singulier, unique, percutant et par la suite inoubliable. L’ancien assistant de Max Ophüls, Marcel Carné, Yves Allégret et Jacques Becker signe la première pépite de sa filmographie, sans nul doute l’une des plus étonnantes et originales de l’histoire du cinéma français. Primé à Venise (Grand Prix de la presse italienne et Prix de la première œuvre) et à Cannes, grande inspiration pour Martin Scorsese, La Vie à l’envers, adapté du roman du même nom écrit par le metteur en scène lui-même, impose un univers qui lui est propre, qui a toujours détonné au sein de l’industrie cinématographique hexagonale. Véritable plongée psychologique et psychanalytique, le récit adopte le point de vue de son personnage principal du début à la fin, ne le quitte jamais, ne perd pas le fil de ses pensées, s’attarde sur son visage énigmatique, sans pour autant donner toutes les explications quant à ses agissements. Alors qu’il envisageait tout d’abord Jean-Louis Trintignant dans le rôle de Jacques Valin, Alain Jessua jette finalement son dévolu sur l’immense Charles Denner, qui avait fait précédemment une apparition dans Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle et interprété Landru dans le film éponyme de Claude Chabrol. Comédien exceptionnel et au phrasé inimitable, ce dernier n’a que peu à faire pour apporter à Valin une déstabilisante ambiguïté. Laissant l’imagination du public faire son office, le cinéaste tend à montrer que l’être humain qui ne souhaite pas se conformer aux règles qui lui ont été imposées pour paraître en société, saura trouver le moyen de se préserver en s’extrayant volontairement de la masse, de la faune, quitte à passer pour un fou. Ce qui serait alors vu comme de la démence chez le commun des mortels, ne serait en réalité que le dernier moyen de défense d’une âme qui a pris conscience que le monde allait droit dans le mur et qu’il était encore temps d’en réchapper. Soixante ans après sa sortie, La Vie à l’envers n’a pas fini de subjuguer, de passionner et de questionner.

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Test Blu-ray / Longlegs, réalisé par Osgood Perkins

LONGLEGS réalisé par Osgood Perkins, disponible en DVD & Blu-ray le 15 novembre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Maika Monroe, Alicia Witt, Nicolas Cage, Blair Underwood, Lisa Chandler, Dakota Daulby, Erin Boyes, Rryla McIntosh…

Scénario : Osgood Perkins

Photographie : Andres Arochi

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

L’agent du FBI Lee Harker, une nouvelle recrue talentueuse, est affectée sur le cas irrésolu d’un tueur en série insaisissable. L’enquête, aux frontières de l’occulte, se complexifie encore lorsqu’elle se découvre un lien personnel avec le tueur impitoyable qu’elle doit arrêter avant qu’il ne prenne les vies d’autres familles innocentes.

Après Ari Aster (Beau is Afraid, Hérédité, Midsommar), il faudra désormais compter sur le réalisateur Osgood Perkins (né en 1974) dans le domaine de l’épouvante. Fils du mythique Anthony Perkins, il fait tout naturellement ses premiers pas devant la caméra dans le Psychose II de Richard Franklin, dans lequel il incarne le jeune Norman Bates. On le revoit quelques années après dans Wolf de Mike Nichols, La Secrétaire de Steven Shainberg et dans la série Alias. En parallèle de sa carrière d’acteur, il devient scénariste au début des années 2010 et signe son premier film comme metteur en scène en 2015 avec February, qui est immédiatement remarqué. « Oz » Perkins continue sur sa lancée et livre par la suite d’autres thrillers horrifiques, inédits en France, I Am the Pretty Thing That Lives in the House et Gretel & Hansel. Le succès critique et commercial arrive donc en 2024 avec Longlegs, l’un des films les plus rentables de l’année, puisque produit pour à peine dix millions de dollars, le quatrième long-métrage d’Osgood Perkins a rapporté dix fois plus, accompagné d’une promotion osée et maline, qui ne dévoilait jamais totalement le visage de Nicolas Cage. Non seulement cela, il s’agit du plus gros hit au box-office de ce dernier (également producteur ici via sa société Saturn Films) depuis Ghost Rider 2 : L’Esprit de vengeance, qui livre une nouvelle performance exceptionnelle (inspiré par la schizophrénie de sa mère) comme lui seul en a toujours eu le secret. Méconnaissable, transformé physiquement, il est effrayant dans Longlegs, dans lequel il fait face à la formidable Maika Monroe, révélation d’It Follows de David Robert Mitchell. Chaînon manquant entre Le Silence des agneaux et Se7en, Longlegs est un coup de maître, anxiogène, étouffant, qui met profondément mal à l’aise, qui flatte les sens des cinéphiles (la photographie d’Andres Arochi est à se damner), qui joue avec les nerfs, tout en titillant constamment l’intellect des spectateurs. On ne ressort pas indemne de Longlegs. Et on en redemande.

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Test Blu-ray / Memory, réalisé par Michel Franco

MEMORY réalisé par Michel Franco, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2024 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Jessica Chastain, Peter Sarsgaard, Josh Charles, Merritt Weaver, Jessica Harper, Tom Hammond, Blake Baumgartner…

Scénario : Michel Franco

Photographie : Yves Cape

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Sylvia est assistante sociale. Elle mène une vie simple et bien réglée. Lors d’une réunion d’anciens élèves de son lycée, elle retrouve Saul, qui la suit chez elle après leur réunion. Cette rencontre surprise va les replonger dans leur passé et profondément les affecter.

Le réalisateur Michel Franco (né en 1979) ne s’arrête plus et a même accéléré la cadence depuis 2020, puisqu’il aura signé trois longs-métrages coup sur coup, sachant que son prochain, Dreams est actuellement déjà en post-production. L’auteur de l’immense Despues de Lucía (2012), ainsi que du récent et implacable Sundown, revient avec Memory, peut-être l’une de ses œuvres plus accessibles pour le grand public, interprété par Jessica Chastain et Peter Sarsgaard, le second, engagé sur une idée de la première, ayant été récompensé par la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine à la Mostra de Venise en 2023. Drame psychologique et histoire d’amour contrariée (par la maladie), Memory n’a sans doute rien de révolutionnaire et d’inédit, mais vaut largement le coup d’oeil pour la beauté et l’hyper-sensibilité de ses deux têtes d’affiche, dont l’alchimie est évidente et qui forment l’un des plus beaux couples de l’année.

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Test Blu-ray / Pas de vagues, réalisé par Teddy Lussi-Modeste

PAS DE VAGUES réalisé par Teddy Lussi-Modeste, disponible en DVD & Blu-ray le 20 août 2024 chez Ad Vitam.

Acteurs : François Civil, Shaïn Boumedine, Toscane Duquesne, Bakary Kebe, Mallory Wanecque, Emma Boumali, Marianne Ehouman, Luna Ho Poumey…

Scénario : Teddy Lussi-Modeste & Audrey Diwan

Photographie : Hichaeme Alaouie

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d’autres intentions. Julien est accusé de harcèlement. La rumeur se propage. Le professeur et son élève se retrouvent pris chacun dans un engrenage. Mais devant un collège qui risque de s’embraser, un seul mot d’ordre : pas de vagues…

En deux longs-métrages seulement, Jimmy Rivière (2011) et Le Prix du succès (2017), Teddy Lussi-Modeste (né en 1978) est devenu l’un des réalisateurs français les plus précieux de notre cinéma. Son troisième film, Pas de vagues ne contredira pas cela. Le cinéaste s’inspire d’une histoire vraie, la sienne, quand il était professeur de français dans un collège d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, où il fut accusé à tort de harcèlement par une élève. Forcément très documenté, on ne peut plus personnel, Pas de vagues rend compte du mouvement de libération de la parole des professeurs (qui sera baptisé Mouvement des Stylos rouges, groupe autonome de défense des intérêts du personnel de l’éducation française créé en 2018), face au sentiment d’abandon qu’ils peuvent parfois ressentir de la part de leur hiérarchie, comme cela arrive au personnage de Julien, alors au début de sa carrière d’enseignant. Celui-ci est magistralement interprété par François Civil, incontestablement à un tournant de sa carrière, celui de la maturité, le comédien étant enfin capable de porter définitivement un projet sur ses épaules, même s’il est ici solidement épaulé par un casting au diapason. Pas de vagues est ni plus ni moins l’un des meilleurs films hexagonaux de l’année 2024.

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Test Blu-ray / Immaculée, réalisé par Michael Mohan

IMMACULÉE (Immaculate) réalisé par Michael Mohan, disponible en DVD & Blu-ray le 23 août 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sydney Sweeney, Simona Tabasco, Benedetta Porcaroli, Álvaro Morte, Niccolò Senni, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Giampiero Judica…

Scénario : Andrew Lobel

Photographie : Elisha Christian

Musique : Will Bates

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

Qui arrêtera Sydney Sweeney ? Découverte en 2010 dans The Ward : L’hôpital de la terreur de John Carpenter dans lequel elle interprétait le personnage de Mika Boorem dans son enfance, l’actrice née en 1997 n’a eu de cesse de grimper les échelons. Vue au cinéma par la suite dans Under the Silver Lake de David Robert Mitchell, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, The Voyeurs de Michael Mohan, elle s’impose aussi à la télévision dans les séries In the Vault, Everything Sucks!, The Handmaid’s Tale, Sharp Objects, The White Lotus et surtout Euphoria depuis 2019. 2023, elle passe la vitesse supérieure en tenant le rôle-titre de Reality de Tina Satter, qui la place directement parmi les comédiennes les plus convoitées du moment, enquille avec un énorme succès personnel au box-office avec la comédie-romantique Tout sauf toi Anyone but You de Will Gluck (220 millions de dollars de recette) et apparaît dans le Spider-Verse dans le lénifiant Madame Web de S. J. Clarkson (dans lequel elle est l’un des rares éléments à sauver). Non seulement Sydney Sweeney est l’une des plus belles créatures apparues dans le cinéma américain depuis un bail (il faut sans doute remonter à Scarlett Johansson période Match Point pour retrouver un tel engouement hormonal), mais elle est aussi une artiste dingue, doublée d’une productrice ambitieuse. Après avoir financé Tout sauf toi, elle sauve un film d’horreur destiné à tomber dans les oubliettes, Immaculée, projet qui remontait alors à une dizaine d’années et auquel elle n’a cessé de croire. Sydney Sweeney produit donc cet Immaculate et a fait appel elle-même au réalisateur Michael Mohan, avec lequel elle avait déjà collaboré sur Everything Sucks! et The Voyeurs. Imprégné d’un parfum d’antan, celui qui accompagnait la nunsploitation (aaaah L’Autre enfer de Bruno Mattei, Les Démons du sexe de Jess Franco, Les Diables de Ken Russell…), Immaculée est un immense tour de force, remarquablement mis en scène, viscéral, court, rapide, porté par un casting magistral sur lequel trône Sydney Sweeney, quasiment de toutes les scènes et qui livre une nouvelle prestation que nous ne sommes pas prêts d’oublier.

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Test Blu-ray / Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, réalisé par Sergio Martino

TON VICE EST UNE CHAMBRE CLOSE DONT MOI SEUL AI LA CLÉ (Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave) réalisé par Sergio Martino, disponible en coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre La Trilogie du vice – L’Étrange Vice de Madame Wardh + Toutes les couleurs du vice + Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé le 4 juin 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Edwige Fenech, Anita Strindberg, Luigi Pistilli, Ivan Rassimov, Angela La Vorgna, Enrica Bonaccorti, Daniela Giordano, Ermelinda De Felice, Marco Mariani, Nerina Montagnani, Franco Nebbia…

Scénario : Ernesto Gastaldi, Adriano Bolzoni & Sauro Scavolini, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe

Photographie : Giancarlo Ferrando

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Oliviero est un ancien grand écrivain qui a perdu son inspiration et vit dans une ferme avec sa femme, tandis que sa mère décédée domine son existence et son imagination. Parallèlement, il a des liaisons avec une ancienne écolière et la servante de leur maison. Lorsque son ancienne élève est retrouvée assassinée, la police le considère comme le suspect numéro un. Les choses se compliquent encore lorsque sa jeune, belle et confiante nièce, Floriana, vient vivre avec eux. Au milieu de tout cela, le chat noir d’Oliviero, qui fait horreur à sa femme Irène, joue un rôle curieux.

Dernier volet de la trilogie informelle dite « du vice » avec Edwige Fenech dirigée par Sergio Martino, Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la cléIl tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave (ou L’Œil du chat noir, ou bien encore L’Escalade de l’horreur) est mis en route immédiatement après Toutes les couleurs du viceTutti i colori del buio, la sortie des deux films n’étant espacée que de six mois seulement en Italie. Autant dire que le scénariste Ernesto Gastaldi, alors très occupé (huit films qu’il a écrit sortent en 1972, dont Amigo!… Mon colt a deux mots à te dire de Maurizio Lucidi, Les Rendez-vous de Satan de Giuliano Carnimeo et La Mort caresse à minuit de Luciano Ercoli), a parfois été moins inspiré et c’est étrangement le cas pour Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé, d’après Le Chat noir d’Edgar Allan Poe. Le scénariste le reconnaîtra d’ailleurs lui-même, il s’agit là sans doute d’un des opus les plus faibles de son réalisateur, quand bien même celui-ci réserve quelques bons moments. Mais ils sont bien trop dispersés et l’ensemble manque cruellement d’originalité, surtout après la transposition de Roger Corman sortie dix années auparavant, la nouvelle de Poe ayant aussi déjà été adaptée en 1934 par Edgar G. Ulmer dans le cadre des Universal Monsters et le sera encore après par Lucio Fulci en 1981 (et 1977 si l’on compte aussi L’Emmurée vivante) et Dario Argento dans l’une des deux parties de Deux Yeux maléfiques (1990). Rétrospectivement, Il tuo vizio è una stanza chiusa e solo io ne ho la chiave n’a du giallo post-L’Oiseau au plumage de cristal que son tueur ganté, vêtu d’un chapeau, d’un imperméable et armé d’une lame courbée, car le dit assassin est expédié après cinquante minutes plutôt poussives. C’est alors qu’entre enfin en scène Edwige Fenech (au bout d’une demi-heure pour être exact), qui relance la machine et dont le personnage et les motivations renvoient au genre plus classique, nappé d’horreur gothique. Il faut donc attendre patiemment pour que l’histoire démarre, faire avec des protagonistes très antipathiques (à ce jeu-là, Anita Strindberg et Luigi Pistilli sont impeccables, car imbuvables) qui prennent un malin plaisir à s’humilier en permanence, même si le final s’avère décevant car trop prévisible. Demeure « la Fenech » comme on disait en Italie, qui explose une fois de plus l’écran de son talent et de son insolente sensualité.

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