Test Blu-ray / Jackals, réalisé par Kevin Greutert

JACKALS réalisé par Kevin Greutert, disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Stephen Dorff, Deborah Kara Unger, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Alyssa Julya Smith, Nick Roux, Jason Scott Jenkins, Cassie Hernandez…

Scénario : Jared Rivet

Photographie : Andrew Russo

Musique : Anton Sanko

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans les années 1980, Jimmy Levine est un psychologue spécialisé dans l’aide aux victimes de sectes. Il est engagé par une famille dont le fils est sous l’emprise d’un culte satanique pour sauver leur enfant. Levine parvient à le récupérer mais les membres du culte sont bien décidés à le reprendre. Pour cela, ils sont prêts à tout.

Jackals (« Quoi ? On dit des chacaux ? ») est le cinquième long métrage de Kevin Greutert. Ce nom ne vous dit sans doute rien, pourtant, ce dernier est un habitué du thriller d’épouvante puisqu’il s’agit du monteur des cinq premiers opus de la franchise Saw, de The Strangers, mais aussi le réalisateur des épisodes Saw VI et Saw VII (à prononcer en français, c’est plus amusant) aka Saw 3D le supposé « Chapitre final », pas franchement les meilleurs épisodes de la franchise Jigsaw (euphémisme). Egalement responsable de Jessabelle, tentative ratée de film de genre se déroulant les bayous de la Louisiane, avec Sarah Snook (révélation de l’incroyable Predestination des frères Spierig), Kevin Greutert aura également mis en scène un Visions, inédit dans les salles et sorti directement dans les bacs chez nous en 2015. Son nouveau bébé Jackals arrive une fois de plus dans nos contrées en DVD et Blu-ray. En dépit d’un casting peu enthousiasmant et mollement dirigé, ce thriller « réaliste » est probablement le meilleur film du réalisateur.

Mars 1983. Jimmy Levine est un spécialiste dans l’extraction de sectes, n’hésitant pas à recourir à la violence si nécessaire pour désendoctriner les « nouveaux adeptes ». La famille Powell fait appel à ses services pour enlever et déprogrammer leur fils Justin, sous l’emprise d’un culte satanique indéterminé et extrêmement violent. Levine tend un piège à Justin, le kidnappe et la ramène au bercail où le jeune homme est solidement attaché à une chaise. Justin a subi un lavage de cerveau et ne reconnaît pas les siens. Un affrontement psychologique démarre dans cette famille dysfonctionnelle. A la nuit tombée, les membres du culte encerclent le chalet des Powell, perdu au fond des bois. Leur but ? Délivrer Justin, devenu « Thanatos », par n’importe quel moyen et si possible sanglant. La nuit va être longue.

Après un début très prometteur filmé en caméra subjective et en plan-séquence, durant lequel un autre jeune membre de la secte des Jackals décime sa propre famille en pleine nuit, le film de Kevin Greutert prend son temps, sans doute trop et peine à instaurer un malaise quelconque ou même un semblant d’intérêt. La séquence de l’enlèvement étonne et perd les spectateurs, qui ne sont alors pas encore au fait des évènements. Puis, Jackals repose sur le face à face entre Justin (vénéneux Ben Sullivan) et le spécialiste des sectes Jimmy Levine (impeccable Stephen Dorff), ancien membre des Marines, qui utilise la manière forte pour chambouler les anciens membres de cultes obscurs afin de les ramener à la raison. Le premier acte est donc assez prenant. Le problème, c’est que le scénario de Jared Rivet, inspiré par une histoire vraie survenue en Californie, se perd ensuite dans les problèmes de la famille Powell avec un père volage et absent (Johnathon Schaech, grand habitué des nanars et des « numéro 2 de films à succès destinés au marché de la vidéo »), une mère devenue alcoolique (Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique), un fils aîné (Nick Roux) en manque d’amour (mais qui a été violent envers son cadet, sans doute par jalousie), ainsi que l’ex-compagne de Kevin (Chelsea Ricketts, une nana de 30 ans qui joue une ado de 17 ans) qui a donné naissance à leur petite fille après que ce dernier ait été embringué dans son groupe de déglingués.

Il faut donc se farcir des reproches, des non-dits, des larmes, des verres d’alcool, des coups de gueule, pendant que Levine essaye de remettre les méninges de Kevin à l’endroit. C’est alors qu’apparaissent les Jackals, qui ont de la gueule filmés dans la pénombre avec leurs masques et leurs costumes taillés sur mesure. Le film mute alors en home-invasion, ou plutôt en tentative puisque les Jackals, muets et qui économisent leurs actions, vont alors tout faire pour entrer dans le chalet. Le spectateur doit prendre son mal en patience et faire fi de personnages assez ridicules (mention spéciale à la belle-fille) puisque Jackals fait partie de ces films qui s’améliorent et deviennent intéressants au fur et à mesure du récit. La dernière partie est d’ailleurs particulièrement brutale, sèche, frontale et donc inattendue après un ventre mou d’une bonne demi-heure, soit un gros tiers du film.

Alors oui Jackals est une œuvre bancale, qui peut faire sourire devant le caractère souvent absurde de ses protagonistes, mais comme le film se déroule durant les années bénies du slasher, un agréable parfum vintage s’en dégage et parvient à sauver l’entreprise. Sans oublier un troisième acte malsain et prenant qui fait donc pencher Jackals, série B qui ne s’en cache pas, du bon côté de la balance.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Jackals, DTV disponible chez Metropolitan, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est très légèrement animé et musical.

Le film de Kevin Greutert est accompagné de bandes-annonces, ainsi que d’un faux making of (20’) composé uniquement d’interventions du réalisateur, du producteur Tommy Alastra, des comédiens Stephen Dorff, Ben Sullivan, Nick Roux, Johnathon Schaech, Chelsea Ricketts, Deborah Kara Unger et du scénariste Jared Rivet. Durant la première moitié de ce supplément, les invités se contentent de raconter tout le film, avant de passer à la psychologie des personnages. Autant dire que ce supplément n’a malheureusement aucun intérêt.

L’Image et le son

On peut trouver des défauts à Jackals, plusieurs même, nombreux diront certains, mais la photographie du chef opérateur Andrew Russo est l’un des atouts de ce thriller. Les contrastes sont tranchés en Haute-Définition avec des noirs d’une densité jamais démentie, les jeux de lumière rappellent parfois ceux de Fog de John Carpenter et les détails ne manquent pas, y compris dans les séquences les plus sombres. D’ailleurs, étrangement, ces scènes s’en sortent mieux que celles tournées en plein jour où l’on pouvait attendre un piqué plus ciselé. Toutefois, le cadre large n’est pas avare en détails, surtout sur les gros plans des acteurs et à ce titre, ce qui nous fait le plus peur reste probablement le visage massacré de Deborah Kara Unger…

L’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent sur les scènes d’affrontements, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’ambiance. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets secs et percutants.

Crédits images : © Metropolitan / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra HD / La Fureur de vaincre, réalisé par Lo Wei

LA FUREUR DE VAINCRE (Jing wu men) réalisé par Lo Wei, disponible en Blu-ray et 4K Ultra-HD le 27 octobre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Bruce Lee, Nora Miao, James Tien, Robert Baker, Jun Arimura, Fu Ching Chen…

Scénario : Lo Wei

Photographie : Ching-Chu Chen

Musique : Ku Chia Hui, Fu-ling Wang

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

A Shanghaï, le dojo Nijiguchi, dirigé par le japonais Suzuki, ne cesse d’humilier les écoles chinoises d’arts martiaux qui obéissent aux préceptes de tolérance taoïste et refusent de se battre. Chen Zhen est un jeune élève de Kung-Fu. Déchiré par la mort suspecte de son maître, il enfreint les règles de son école et décide de se venger en partant à l’assaut du dojo Nijiguchi.

Suite au triomphe inattendu de Big Boss, Bruce Lee doit honorer son contrat et enchaîne immédiatement sur le deuxième film qui le relie à la Golden Harvest. Malgré les incompatibilités (euphémisme) avec le réalisateur Lo Wei (1918-1996), le comédien s’associe à nouveau avec ce dernier, pour une production plus confortable suite au succès commercial précédent. Pour beaucoup de fans et de cinéphiles, La Fureur de vaincreJing wu men, mais aussi Fist of Fury à l’international, est le film dans lequel Bruce Lee livre sa meilleure performance en tant qu’acteur. 45 ans après sa sortie, le film étonne encore par la violence de son personnage principal, psychotique capable de tuer son adversaire en le ruant de coups de poing. Véritablement flippant, Bruce Lee est tour à tour empathique et repoussant, toujours impressionnant, et explose l’écran une fois de plus.

Après de longues vacances, Chen Zen rentre dans son école de kung-fu à Shanghaï, et y découvre que son maître, Huo, est mort. Peu de temps après, les représentants d’une école japonaise rivale viennent humilier l’école de Chen Zen en leur donnant un écriteau sur lequel il y est inscrit une insulte raciale envers les chinois, « Les Chinois sont les malades de l’Asie orientale ». Le lendemain, Chen Zen décide seul d’aller voir l’école japonaise, et de leur rendre leur écriteau. Les Japonais, trouvant Chen Zen trop téméraire le défient : Chen Zen abat tous les élèves de l’école, sans avoir une égratignure. Il découvre, un soir, que l’une des personnes de son école faisait partie des Japonais, et qu’il a empoisonné le maître Huo. Chen Zen va déchaîner sa fureur, jusqu’à tuer, et à devoir se déguiser pour ne pas être reconnu par la police.

Bruce Lee with a vengeance ! Attention à celui croisera son chemin ! Le comédien est parfait dans la peau de ce jeune élève d’arts martiaux, bien décidé à enquêter sur la mort mystérieuse de son maître. Dès son apparition à l’écran et la séquence des funérailles de Huo, le personnage incarné par Bruce Lee semble d’emblée instable, pour ne pas dire déséquilibré. La disparition de celui qui lui a tout enseigné et qui semblait être son seul pilier, va très vite précipiter Chen Zhen dans une colère noire doublée d’une folie meurtrière.

Le récit se déroule dans les années 1930, alors que la ville de Shanghaï est occupée par les Japonais, qui traitent les Chinois comme des animaux. Chen Zhen est une arme de destruction massive lancée sur l’envahisseur et va perdre pied petit à petit. Comme pour Big Boss, La Fureur de vaincre pèche aujourd’hui par son manque de rythme et quelques séquences très (trop?) dialoguées, d’une amourette faisant office de remplissage, ainsi qu’un aspect quelque peu étouffant en raison d’un tournage réalisé quasi-intégralement en studio. Mais quand l’action démarre, ça y va !

La scène où Bruce Lee fait face à plusieurs dizaines de combattants, armé de ses poings, de ses pieds et de son nunchaku, s’inscrit au panthéon du genre et aura marqué moult spectateur et cinéastes, à l’instar de Quentin Tarantino qui comme d’habitude « rendra hommage » (c’est plus élégant que de dire plagier) au film de Lo Wei dans le premier Kill Bill. Alors que l’action se déroule sous la dure domination des Japonais, Bruce Lee devient le symbole de la lutte d’un peuple, qui se lance corps et âme dans la mission qu’il s’est fixée. Encore plus politique que Big Boss, La Fureur de vaincre n’épargne cependant personne, pas même son protagoniste, machine à tuer que rien ni personne ne peut arrêter.

Le final où Chen Zhen se sacrifie, court et saute vers son ennemi reste dans toutes les mémoires, surtout en France (même si dans une version tronquée et censurée par le distributeur René Chateau) puisque La Fureur de vaincre était arrivée sur les écrans alors que l’acteur était déjà décédé. Les chorégraphies signées par Bruce Lee et Han Yin Chieh sont encore plus abouties et surtout réalistes que dans Big Boss. Les coups portés font très mal. Mais à côté de ces scènes de kung-fu, Bruce Lee impressionne par la force de son jeu véritablement enragé. Ses explosions de colère filmées en gros plan pourraient prêter à rire chez un autre. Ici, l’audience ressent la peur, la hargne, la douleur, la tristesse aussi. L’émotion est donc là, palpable, constante et font de La Fureur de vaincre une plus grande réussite que Big Boss, ce qui sera d’ailleurs confirmé au box-office puisque le record du premier film est pulvérisé. Mais le meilleur reste à venir, ce sera La Fureur du Dragon.

LE 4K UHD

La Fureur de vaincre fait son retour dans les bacs dans une version restaurée 4K ! Toujours sous la houlette de Metropolitan Vidéo, le film de Lo Wei est donc à nouveau disponible en Haute-Définition, mais également en 4K UHD ! Même menu principal pour les deux disques, les suppléments sont disposés sur le Blu-ray. Existe aussi en coffret “Définitif” 4K Ultra HD + Blu-ray, comprenant Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du Dragon et Le Jeu de la mort.

Peu de suppléments sur cette édition :

Au cours d’une interview réalisée en 2003, le cinéaste Christophe Gans revient rapidement sur Bruce Lee et La Fureur de vaincre (4’). Si l’entretien est très court, le réalisateur de Crying Freeman aborde moult sujets comme l’influence du cinéma de Chang Cheh avec le héros qui n’hésite pas à se sacrifier à la fin du film. Il passe également en revue la psychologie perturbée du personnage, la violence inouïe de La Fureur de vaincre et sa découverte du film au cinéma.

Acteur, cascadeur, chorégraphe et réalisateur hongkongais, Yuen Wah, qui faisait ses débuts en tant que comédien dans La Fureur de vaincre, partage ses souvenirs de tournage (10’). Egalement doublure de Bruce Lee, Yuen Wah évoque aussi son propre parcours.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Comme nous l’indiquions sur le test de Big Boss, pas de HDR sur cette édition 4K (HEVC, 2160/24p) ! L’upgrade est ici moins convaincant que pour la première association Bruce Lee – Lo Wei et ce en raison d’un tournage essentiellement en studio. Peu de profondeur de champ ici, les détails sont amoindris et seules les très rares scènes tournées en extérieur, comme celle du panneau « Interdit aux chiens et aux Chinois » sortent réellement du lot avec une très belle luminosité. Entièrement restauré en 4K par l’incontournable laboratoire de L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna, à partir du négatif original, La Fureur de vaincre dispose d’un master dans son format respecté 2.35, évidemment très propre et les contrastes sont fermes. En revanche, la colorimétrie est un peu à la traîne, d’autant plus que les teintes froides tirent sur des gammes jaunâtres. Le générique reste marqué par de légers fourmillements et un grain plus aléatoire.

En ce qui concerne l’acoustique, l’éditeur a repris les mêmes pistes déjà proposées sur le Blu-ray de 2011 avec une piste française upgradée en DTS HD Master Audio 7.1 sur le 4K, une version en Mandarin 6.1 (ainsi qu’en Mono) et une piste Mono Cantonaise (la plus faible du lot en raison d’un écho systématique des dialogues). Faites donc votre choix, d’autant plus que chacune possède sa spécificité, une piste son différente et des ambiances aussi variées. Pour certains puristes, la VF proposée ici n’est pas celle exploitée en VHS, la spatialisation paraît souvent artificielle et l’ensemble mise trop souvent sur les bruitages (voir les cris de Bruce Lee largement exagérés) au détriment de la musique, qui disparaît souvent. Pour un plus grand confort, privilégiez le Mandarin en Mono, plus naturelle, homogène et dynamique que la 6.1 qui ne sert pour ainsi dire à rien.

Crédits images : © Fortune Star Media / Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test 4K Ultra HD / Big Boss, réalisé par Lo Wei

BIG BOSS (Tang shan da xiong) réalisé par Lo Wei, disponible en Blu-ray et 4K Ultra-HD le 27 octobre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Bruce Lee, Maria Yi, James Tien, Han Yin-Chieh, Marilyn Bautista, Tony Liu…

Scénario : Lo Wei

Photographie : Ching-Chu Chen

Musique : Peter Thomas (Europe),  Fu-Ling Wang (version originale)

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

A la recherche d’un emploi, Cheng Chao-An émigre chez ses cousins en Thaïlande et est embauché comme manutentionnaire dans une fabrique de glace. Ayant promis à sa mère de ne jamais se battre, il subit la violence des contremaîtres de l’usine et des voyous qui occupent la ville. Mais lorsque ses collègues disparaissent, Cheng rompt son serment et déchaîne sa fureur…

S’il n’y avait pas eu Lee Yeun Kam aka Bruce Lee en tête d’affiche de Big Boss Tang shan da xiong, le film de Lo Wei aurait probablement disparu des radars. Mais c’est bel et bien à partir de là qu’est née la légende du Petit Dragon. Enfant de la balle, fils d’un acteur de l’opéra chinois, Bruce Lee participe à de nombreux films durant son enfance et son adolescence, avant de retourner aux Etats-Unis, là où il est né le 27 novembre 1940 dans le quartier de Chinatown de San Francisco, où il mettra au point son propre art martial, le jeet kune do. La reconnaissance internationale mettra du temps à arriver – il vit essentiellement de l’enseignement des arts martiaux et la série Le Frelon vert n’aura pas le succès escompté – et viendra d’ailleurs de Hong Kong où le célèbre producteur Raymond Chow, qui vient de décéder à l’âge de 91 ans, lui donne sa chance après avoir vu une de ses démonstrations à la télévision. Big Boss est tourné avec un budget modeste et dans des conditions épouvantables, avec beaucoup de tensions entre le comédien principal et le réalisateur. Malgré tout et près de cinquante ans après la sortie du film, nous ne voyons que Bruce Lee qui crève et enflamme l’écran de son immense charisme, de sa force, de son humour et de son immense talent.

Cheng Chao-an, un jeune émigrant chinois part chercher du travail en Thaïlande. Il pratique le kung-fu mais a promis à sa mère de n’utiliser contre personne ses aptitudes au combat. Embauché dans une fabrique de glace, Cheng découvre peu de temps après que son usine sert de façade à de redoutables trafiquants de drogue qui n’hésitent pas à tuer leurs ouvriers et les curieux. Il rompra finalement sa promesse pour lutter seul contre les trafiquants et déjouer leurs agissements.

Revoir Big Boss en 2018 confirme deux choses. Que Bruce Lee ne sera jamais égalé et qu’il reste le seul élément à sauver du film. Car soyons honnêtes, la mise en scène de Lo Wei a pris de sacrées rides, l’histoire manque sérieusement d’intérêt et l’ensemble est devenu kitsch à souhait. Mais c’est là le pouvoir du cinéma, puisque Bruce Lee parvient à tout transcender. S’il est entouré par de nombreux comédiens, nous ne voyons que lui, même quand son personnage est placé en retrait, c’est lui que l’on observe. La chorégraphie des combats signée Han Ying-Chieh (A Touch of Zen et Dragon Gate Inn de King Hu), qui interprète lui-même le Big Boss machiavélique et Bruce Lee étonne toujours autant aujourd’hui avec ses partis pris qui contrastaient alors violemment avec tout ce qui avait été fait auparavant.

Les affrontements ne sont pas pensés pour être réalistes, notamment quand Cheng et d’autres font des sauts de trois mètres de haut, et pourtant cela fonctionne à l’écran. Comme dans un film d’animation, la gravité ne semble pas avoir d’emprise sur les fighters. L’intrigue, basée sur la lutte des classes comme bien souvent dans le genre, est prétexte pour mettre en valeur les capacités physiques hors du commun de Bruce Lee et de ce point de vue nous ne sommes pas déçus. Si le personnage tente de se mettre un peu à l’écart dans la première partie, suite à la promesse faite à sa mère de ne plus se battre, Cheng se déchaîne dans le dernier acte où il fait face à toute une bande de sbires à la mine patibulaire, dans le but de venger la mort de ses amis ouvriers, de la jeune femme dont il était amoureux et d’un petit garçon. A l’instar d’un jeu vidéo, il devra passer quelques épreuves, affronter une bonne douzaine de bodyguards qui envoient également de la tatane, avant de pouvoir se mesurer au grand boss final.

Les scènes d’action renvoient parfois au burlesque hérité du cinéma muet, notamment lorsque Cheng fait traverser une palissade à un ennemi, le mur gardant la silhouette de la victime découpée dans le bois ! Conscient du charisme hors normes de son comédien, Lo Wei insiste sur les gros plans et n’a de cesse de mettre Bruce Lee en valeur. Le montage est quelque peu chaotique, mais se tient sur 1h40. Quelques touches érotiques, une romance avortée, un message social, une histoire de came et surtout quelques bonnes bastons violentes et un immense acteur au centre, l’unique Bruce Lee, ont fait entrer Big Boss dans les livres d’histoire du cinéma.

A sa sortie, le film bat tous les records d’entrées. Bruce Lee enchaîne directement avec la seconde production de la Golden Harvest, La Fureur de vaincre, et devient une star à Hong Kong, avant d’être consacré dans le monde entier.

LE 4K UHD

Big Boss fait son retour dans les bacs dans une version restaurée 4K ! Toujours sous la houlette de Metropolitan Vidéo, le film de Lo Wei est donc à nouveau disponible en Haute-Définition, mais également en 4K UHD ! Même menu principal pour les deux disques, les suppléments sont disposés sur le Blu-ray. Existe aussi en coffret « Définitif » 4K Ultra HD + Blu-ray, comprenant Big Boss, La Fureur de vaincre, La Fureur du Dragon et Le jeu de la mort.

Tout d’abord, cette édition reprend les deux petites interviews (enregistrées en 2003) du Blu-ray de 2011, à savoir celle de Stephen Chow (4’) et celle de Tung Wai (2’30). L’acteur et réalisateur de Shaolin Soccer, Crazy Kung-Fu et du récent The Mermaid, devenu le plus grand succès de l’histoire du box-office chinois, explique que c’est dans Big Boss qu’il apprécie le plus le jeu de Bruce Lee. Il s’exprime également sur le reste de sa filmographie en détaillant l’évolution de son style. De son côté, le cascadeur et comédien Tung Wai se souvient de sa rencontre avec Bruce Lee après le triomphe de Big Boss.

Le film s’accompagne également d’un long documentaire rétrospectif réalisé par Leonard Ho (producteur de Jackie Chan dans les années 1980-90) en 1984, intitulé La Légende de Bruce Lee (1h29). Considéré comme un des hommages définitifs consacrés au Petit Dragon, ce module présente moult images d’archives et l’ensemble retrace la vie et l’oeuvre de Bruce Lee. En version originale ou en français (narré par le grand Daniel Beretta), ce film propose des documents rares, comme des extraits des films avec Bruce Lee qui faisait ses débuts à l’écran à l’âge de six ans, des interviews (Raymond Chow entre autres), des photos familiales, ses dessins personnels, des screen-tests, ses démonstrations de kung-fu à la télévision, sa dépouille exposée pour que ses admirateurs, sa famille et ses amis puissent se recueillir. Puis, le documentaire passe en revue ses longs métrages, de Big Boss jusqu’à la reprise du tournage du Jeu de la mort après sa disparition prématurée. Ce film, qui était auparavant disponible sur un disque Bonus d’un précédent coffret Metropolitan et aujourd’hui proposé en HD, se clôt sur des prises ratées du Jeu de la mort.

La bande-annonce complète l’interactivité.

L’Image et le son

Point de HDR à l’horizon ! Mais en toute honnêteté, jamais nous n’avions vu Big Boss ainsi. Entièrement restauré en 4K par l’incontournable laboratoire de L’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna, à partir du négatif original, le premier film mettant en vedette Bruce Lee renaît littéralement de ses cendres. Tout d’abord, c’est la luminosité d’ensemble et la clarté des couleurs qui impressionne avec un ciel bleu étincelant, des nouveaux détails qui sautent aux yeux aux quatre coins du cadre large. Ce Blu-ray 4K Ultra HD (HEVC, 2160p) propose évidemment Big Boss dans son format respecté 2.35 avec un grain argentique élégant et excellemment géré. La profondeur de champ est éloquente (voir l’arrivée de Cheng) et les détails regorgent sur les visages, quelque peu rosés. Divers plans ici et là témoignent des limites de la restauration, tout comme des plans flous à l’origine qui le sont restés, toutefois, le constat est évident, il s’agit ici de la meilleure copie de Big Boss à ce jour.

En ce qui concerne l’acoustique, l’éditeur a repris les mêmes pistes déjà proposées sur le Blu-ray de 2011 avec une piste française upgradée en DTS HD Master Audio 7.1 sur le 4K, une version en Mandarin 6.1 (ainsi qu’en Mono) et une piste Mono Cantonaise (la plus faible du lot). Faites donc votre choix, d’autant plus que chacune possède sa spécificité, une piste son différente et des ambiances aussi variées. Pour certains puristes, la VF proposée ici n’est pas celle exploitée en VHS, la spatialisation paraît souvent artificielle et l’ensemble mise trop souvent sur les bruitages (voir les cris de Bruce Lee largement exagérés) au détriment de la musique, qui disparaît souvent. Pour un plus grand confort, privilégiez le Mandarin en Mono, plus naturelle, homogène et dynamique que la 6.1 qui ne sert pour ainsi dire à rien.

Crédits images : © Fortune Star Media / Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Gringo, réalisé par Nash Edgerton

GRINGO réalisé par Nash Edgerton, disponible en DVD et Blu-ray le 10 septembre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton, Amanda Seyfried, Thandie Newton, Sharlto Copley, Bashir Salahuddin, Glenn Kubota, Melonie Diaz, Harry Treadaway, Theo Taplitz, Paris Jackson…

Scénario : Anthony Tambakis, Matthew Stone

Photographie : Eduard Grau

Musique : Christophe Beck

Durée : 1h51

Année de sortie : 2018

LE FILM

Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk. Lorsque ces derniers décident de se lancer dans le commerce lucratif du cannabis médical, ils envoient Harold au Mexique pour le lancement de leur nouvelle usine de production. Ignorant que la société qu’il représente a trahi un dangereux cartel local, l’employé modèle échappe de justesse à un enlèvement. Perdu au fin fond du Mexique, réalisant que ses patrons ont tout intérêt à le voir disparaître, pourchassé par les tueurs du cartel et un mercenaire implacable, Harold ne peut compter que sur lui-même s’il veut rester en vie.

Belle découverte que ce Gringo, réalisé par Nash Edgerton, dix ans après son premier coup d’essai intitulé The Square, à ne pas confondre avec l’immonde film de Ruben Östlund. A la base, l’australien né en 1973 est un cascadeur réputé, qui a officié sur une quantité phénoménale de films en tout genre comme Street Fighter – L’ultime combat, La Ligne rouge, la trilogie Matrix, Star Wars: Épisode II – L’attaque des clones, Zero Dark Thirty. S’il assure très souvent la doublure d’Ewan McGregor, il exécute surtout les scènes à risques pour le compte de son propre frère, le comédien Joel Edgerton. Depuis 1996, Nash Edgerton n’a eu de cesse de tourner des courts-métrages, souvent primés, qui démontraient son aisance à emballer des scènes d’action et à diriger solidement ses comédiens. Portée par un casting quatre étoiles, la comédie noire Gringo emballe du début à la fin et impose le réalisateur comme un metteur en scène à suivre de près.

David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton, Amanda Seyfried, Thandie Newton, Sharlto Copley réunis dans un même film ! Si le premier est excellent, aussi drôle qu’attachant et émouvant, nous n’avons d’yeux que pour Charlize Theron. La comédienne, également productrice ici, crève l’écran à chaque apparition avec ses tailleurs cintrés et ses cheveux blonds platine, mais aussi et surtout pour son langage fleuri, son regard glacial et son immense sens de l’humour, que peu de réalisateurs ont su jusqu’à présent mettre en valeur. Devant cette femme fatale castratrice, pète-sec, nymphomane, arriviste et manipulatrice, le mâle Joel Edgerton fait profil bas. Mais il n’est pas en reste et incarne un homme d’affaires puant et lâche, qui n’hésite pas à sacrifier l’un de ses meilleurs, ou plutôt l’un de ses plus vieux amis, dans le seul but de s’enrichir et de sauver son entreprise. Plus discrètes, mais néanmoins lumineuses à l’écran, Amanda Seyfried et Thandie Newton composent des personnages satellites qui conduiront Harold à prendre ses responsabilités, d’une part pour survivre en milieu hostile, le Mexique donc, mais aussi pour retrouver sa dignité, lui que l’on a trop souvent considéré comme étant l’employé sans intérêt et à la petite vie trop tranquille.

La bonne surprise vient également de l’acteur Sharlto Copley. Habituellement insupportable – ses prestations dans les navets Elysium, Open Grave, Europa Report et Hardcore Henry étaient on ne peut plus irritantes – la révélation de District 9 de Neill Blomkamp est ici beaucoup plus sobre qu’à son habitude. Son rôle de mercenaire qui tente de se racheter une conscience en participant à des œuvres humanitaires est contre toute attente l’un des plus ambigus du film. Signalons également la première apparition à l’écran de Paris Jackson, la fille du King of Pop.

Au-delà ses comédiens en très grande forme, Nash Edgerton fait preuve d’un réel talent derrière la caméra. La mise en scène est très élégante, tout comme la photographie du talentueux chef opérateur Eduard Grau (Buried, A Single Man), le rythme est peut-être lent, mais toujours maîtrisé. Le cinéaste distille ses séquences d’action avec parcimonie et privilégie la psychologie des personnages, à travers un scénario à tiroirs à l’écriture très maîtrisée, signé Matthew Stone (Intolérable Cruauté). Gringo est une indéniable réussite.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Gringo, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical.

Quatre featurettes (14 minutes au total) présentent rapidement les personnages, les enjeux, les partis pris, les cascades et les intentions de Gringo. Le réalisateur, les comédiens, la chef décoratrice et les producteurs interviennent brièvement en mode promo et quelques images de plateau dévoilent l’envers du décor.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

La photographie léchée du chef opérateur Eduard Grau trouve avec cette édition HD un magnifique écrin qui restitue brillamment ses partis-pris esthétiques d’origine avec des teintes froides pour les scènes tournées à Chicago, et évidemment plus chatoyantes pour la partie mexicaine. La définition est exemplaire comme bien souvent chez Metropolitan. Les noirs sont denses, le piqué affûté comme une lame de rasoir, les contrastes tranchants, les séquences diurnes lumineuses.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, efficaces autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques scènes plus agitées peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. Metropolitan livre également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Terminal, réalisé par Vaughn Stein

TERMINAL réalisé par Vaughn Stein, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Margot Robbie, Simon Pegg, Dexter Fletcher, Max Irons, Mike Myers, Katarina Čas, Nick Moran…

Scénario : Vaughn Stein

Photographie : Christopher Ross

Musique : Anthony Clarke, Rupert Gregson-Williams

Durée : 1h36

Année de sortie : 2018

LE FILM

Dans un terminal de gare comme coupé du monde où des assassins viennent chercher le contrat de leur prochaine mission débarque une femme fatale passée maître dans l’art du déguisement. Tueuse à gages, serveuse ou strip-teaseuse, la blonde létale use de tous les artifices pour se débarrasser de cette fourmilière du crime.

Etrange film que ce Terminal, premier long métrage de Vaughn Stein, ancien assistant et réalisateur de seconde équipe sur des films aussi variés que Pirates des Caraïbes: La fontaine de jouvence, Blanche-Neige et le chasseur, World War Z et Grimsby – Agent trop spécial. Tout ce « pot-pourri » d’influences a probablement nourri son désir de passer lui-même derrière la caméra. Scénariste et metteur en scène, Vaughn Stein livre donc Terminal, une œuvre atypique, qui lorgne sur Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez, mais aussi sur Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Dark City d’Alex Proyas, Usual Suspects de Bryan Singer, tout en s’appropriant d’autres codes du film noir américain des années 1940-1950. On pense également à La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix avec ses personnages romanesques, son esthétique bigarrée et ses ruelles sombres, ici magnifiquement photographié par Christopher Ross (London to Brighton). Des références bien digérées. En dépit d’un manque de rythme et de dialogues abondants, on ne pourra pas reprocher à Terminal son originalité et surtout son incroyable maîtrise formelle qui comblera de nombreux cinéphiles.

Deux assassins professionnels sont engagés dans une mission suicide par un mystérieux employeur qui paye bien. Mais en route, le duo rencontre Annie, peut-être plus impliquée dans leur mission qu’elle ne le dit. Un scénario classique de film noir, mais ici bariolé avec des néons à profusion qui mettent en lumière les incroyables décors de cette œuvre qui s’inspire de la littérature et du cinéma dystopiques. Tourné en Bulgarie dans de véritables bâtiments laissés à l’abandon, Terminal foudroie d’emblée par son approche stylistique où chaque plan est savamment étudié. On plonge donc volontiers dans cet univers singulier, d’autant plus que l’on est invité à suivre la divine Margot Robbie, également productrice. Blonde platine, cigarette au bec, voix rauque, véritable femme fatale, la comédienne joue avec les clichés liés à son personnage, tout en y apportant une touche d’érotisme, pour ne pas dire de sexualité, qui font se damner les hommes qui croisent sa route.

Simon Pegg trouve l’un de ses rôles les plus ambigus, loin de sa gaudriole habituelle et prouve une fois de plus son immense talent. Outre la prestation vénéneuse de Dexter Fletcher (Arnaques, Crimes et Botanique, Kick-Ass) et celle de Max Irons (Les Âmes Vagabondes), jeune recrue au coeur qui saigne pour la blonde aux yeux verts, celui qui tire indéniablement son épingle du jeu est Mike Myers, dont la dernière apparition au cinéma remontait à 2009 dans Inglourious Basterds de Quentin Tarantino. Il est de retour ici dans un rôle à sa mesure, incroyablement grimé et métamorphosé. Seulement voilà, sans vraiment dévoiler l’épilogue, on se doute rapidement de la véritable nature de son personnage et le pseudo-climax ou twist tombe quelque peu à l’eau. Même chose, Vaughn Stein se perd malheureusement dans des dialogues bien trop explicatifs, là où il aurait gagné à laisser planer le mystère sur de nombreux points, comme l’identité de son personnage principal.

Mais bien qu’on se dise « finalement tout ça pour ça », Terminal est un coup d’essai très intéressant, d’autant plus que le réalisateur ne se laisse pas aller à la facilité, en perdant volontairement les spectateurs dans un récit kafkaïen. Pour résumer, Vaughn Stein a sans doute voulu mettre trop de choses dans son premier film. L’absence d’action et le manque de rythme pourront déstabiliser une audience en droit d’attendre que tout ce petit monde s’agite. Pour cela, il faut attendre une bonne heure, une fois que tous les éléments ont été mis en place comme des pièces sur un échiquier, pour que les protagonistes s’affrontent enfin. Les plus téméraires, ou tout simplement ceux qui auront été captivés par la beauté des images, seront alors bien récompensés puisque le dernier tiers réserve son lot de surprises et de règlements de comptes. Terminal dévoile un auteur et un réalisateur ambitieux, à surveiller de près.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Terminal, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal, légèrement animé et bruité, reprend le visuel de la jaquette.

Sur ce DTV, l’éditeur joint deux modules de six minutes chacun, consacrés aux décors du film, puis aux personnages. Les comédiens et le réalisateur, mais aussi le chef opérateur Christopher Ross et les décorateurs interviennent brièvement pour évoquer les intentions et les partis pris de Terminal. Les propos sont évidemment élogieux, tout le monde est en mode promo, tandis que diverses images dévoilent l’envers du décor.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Terminal a été intégralement tourné en numérique. L’édition Blu-ray est donc tout indiquée et même indispensable pour découvrir le film de Vaughn Stein, d’autant plus que cette édition HD est en tout point renversante de beauté. Les partis pris stylisés de la photographie signée Christopher Ross, sont magnifiquement restitués à travers ce transfert qui s’impose comme un disque de référence. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes sont spectaculairement denses, le relief omniprésent, le piqué acéré comme la lame d’un scalpel et l’étalonnage spécifique des couleurs est conservé. Le codec AVC consolide tout cela avec une belle fermeté. Resplendissant. L’apport HD demeure omniprésent.

Dès la première séquence, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent de tous les côtés, la musique très présente bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant instantanément le spectateur dans l’action. Les dialogues, y compris les voix-off, ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Évasion 2 : Le Labyrinthe d’Hadès, réalisé par Steven C. Miller

EVASION 2 : LE LABYRINTHE D’HADES (Escape Plan 2: Hades) réalisé par Steven C. Miller, disponible en DVD et Blu-ray le 20 août 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Sylvester Stallone, Dave Bautista, Xiaoming Huang, Jesse Metcalfe, 50 Cent, Wes Chatham, Chen Tang, Titus Welliver

Scénario : Miles Chapman

Photographie : Brandon Cox

Musique : The Newton Brothers

Durée : 1h36

Année de sortie : 2018

LE FILM

Ray Breslin, le spécialiste des systèmes de sécurité inviolables a désormais monté sa propre équipe d’experts en protection. Un de ses associés est kidnappé par une mystérieuse organisation et envoyé dans une prison secrète High-Tech, HADES où d’autres maîtres de l’évasion sont également enfermés. Ray décide de lui porter secours mais le défi est d’autant plus grand que cette fois-ci, avant de sortir de la forteresse inviolable, il faudra réussir à la pénétrer.

En 2013, sort sur les écrans ÉvasionEscape Plan. En dehors de quelques clins d’oeil dans Jumeaux, Last Action Hero, Demolition Man et les apparitions de l’ancien gouverneur de Californie dans les deux premiers Expendables, Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger n’avaient jamais tenu le haut de l’affiche ensemble, malgré de nombreux projets envisagés. Après trente ans d’attente, c’était donc la grande attraction d’Évasion, réalisé par le cinéaste suédois Mikael Håfström, metteur en scène de Chambre 1408 et Le Rite. S’il est vrai que nous attendions beaucoup plus de cette confrontation, Évasion était un savoureux divertissement, qui privilégiait la matière grise et les dialogues au détriment de l’action. Du moins durant les 90 premières minutes, essentiellement marquées par des bastons entre les prisonniers en guise de scènes agitées. Il fallait alors attendre le dernier tiers pour que les deux anciens rivaux et poids lourds du film d’action des années 1980-1990 se réveillent quelque peu et prennent la pétoire.

24 ans après le génial Haute sécurité de John Flynn, Sylvester Stallone retournait ainsi derrière les barreaux. Mais dans Évasion, il s’agissait de son job puisqu’il incarnait un expert dans l’art de s’évader, quitte à rester enfermer quelques semaines voire quelques mois afin de démontrer les failles dans la technologie sécuritaire mise en place dans diverses prisons. Jusqu’au jour où il se retrouve plongé dans une sorte de Guantanamo du futur. De son côté, Arnold Schwarzenegger interprétait un détenu prêt à l’aider dans sa nouvelle tentative d’évasion… ce qui lui permettrait également d’aller respirer le bon air. On sentait un véritable plaisir contagieux des deux acteurs bodybuildés à se donner la réplique. La trame en elle-même n’était pas très originale et lorgnait souvent du côté de Volte/Face de John Woo et son intrigue autour de la prison high-tech. La tension était maintenue, quelques punchlines faisaient gentiment leur effet, Jim Caviezel incarnait parfaitement le directeur de prison sadique. Évasion n’était pas un grand film et n’avait d’ailleurs pas la prétention de l’être. Il s’agissait surtout de faire plaisir aux millions de fans des deux stars. Alors si le choc des titans annoncé ne s’avérait pas aussi explosif que prévu, l’alchimie était là, la nostalgie et donc notre adhésion aussi. Alors…pourquoi Évasion 2 ?

Tout simplement parce que le marché chinois avait largement contribué à faire du premier volet un succès commercial. Doté d’un budget confortable de 70 millions de dollars, Évasion avait remporté près du double grâce au marché international avec près de 115 millions de dollars, alors que le film plafonnait à 25 millions sur le sol américain. Ce n’est pas une suite, mais deux nouveaux épisodes qui ont été annoncés. Exit Arnold Schwarzenegger, tandis que Sly reprend son rôle de Ray Breslin. Cependant, Évasion 2 ou Escape Plan 2: Hades, se révèle être une suite opportuniste puisque Sylvester Stallone apparaît surtout en tant que guest-star de luxe, tout comme Dave Bautista. Ce dernier, pratiquant de combat libre et catcheur américain, plus connu pour son rôle de Drax dans Les Gardiens de la Galaxie, ne fait quasiment rien du film, se contente de taper à l’ordinateur et se décide enfin à flinguer des sbires dans la dernière scène. Non, la star est surtout ici le comédien chinois Huang Xiaoming, vu dans The Crossing de John Woo. Puisque tout le projet a été conçu en visant essentiellement le marché chinois, Évasion 2 apparaît un peu, voire beaucoup, comme une arnaque puisque le matériel publicitaire est centré sur Sylvester Stallone et Dave Bautista.

Mikael Håfström n’a pas été rappelé derrière la caméra. Il est remplacé ici par Steven C. Miller, habitué des séries B qui tâchent, comme dernièrement Arsenal dans lequel Nicolas Cage jouait un rôle de caïd complètement azimuté. Le réalisateur est habitué à avoir des pointures dans ses délires comme Ray Wise dans The Aggression Scale, Malcolm McDowell dans Silent Night et même Bruce Willis dans trois films, Extraction, First Kill et Marauders. Pour Évasion 2, Steven C. Miller a voulu se faire plaisir et rendre hommage à Ridley Scott, en s’inspirant de l’univers visuel d’Alien et de Blade Runner. Bon cela partait d’un bon sentiment, mais le metteur en scène n’est pas aidé par un budget très limité, un scénario anémique, un casting d’endives, une musique bourrin, un montage haché, des effets spéciaux rudimentaires et…on continue ?

Des années après s’être échappé d’une prison high-tech surnommée « La tombe », Ray Breslin dirige désormais une équipe d’élites spécialisée pour faire sortir les gens des prisons les plus impénétrables du monde. Quand son meilleur agent, Shu Ren, est emprisonné dans un labyrinthe techno-terroriste informatisé connu sous le nom d’Hadès, où les prisonniers se battent dans des luttes mortelles, Breslin décide de s’incarcérer à l’intérieur de cette prison révolutionnaire pour le sauver.

Voilà pour le pitch. Alors oui Sly est là. Désormais septuagénaire avec des sourcils en forme de guillemets et des cheveux Playmobil, il incarne désormais la force tranquille, le sage taillé comme une armoire à glace. On attend donc patiemment qu’il donne du poing ici. Son apparition est épisodique pendant une heure, durant laquelle on entend principalement sa voix quand Shu tente de se rappeler chaque leçon que Breslin lui a inculquée en cas d’emprisonnement. Comme si Sly révisait sa liste de courses avant d’aller chez Mr Bricolage. Quand mister Stallone prend un flingue ou quand il déploie ses directs du droit, pas de doute, il reste bad-ass à fond et un monstre de charisme. Dave Bautista en revanche, qui a bien du mal à déplacer sa carcasse, fait la grimace et attend que ça se passe. Le reste du casting, en dehors de Huang Xiaoming convoque des tronches cassées (Curtis « 50 Cent » Jackson) et des comédiens lisses (Jesse Metcalfe, Wes Chatham).

Steven C. Miller fait donc son maximum avec les moyens du bord. Si la photo possède effectivement quelques qualités et que le cadre large capture assez bien la trogne de notre bon vieux Sly, Évasion 2 : Le Labyrinthe d’Hadès (son vrai titre) déçoit évidemment à plus d’un titre et peine sérieusement à divertir, d’autant plus qu’il n’y a ici aucun humour, sauf involontaire. Ou comment glisser doucement de la série B assumée à la série Z…Le syndrome Fortress et Fortress 2 : Réincarcération. Malgré le demi-million d’entrées d’Évasion en France, cette suite ne connaîtra pas de sorties dans nos salles et débarque en DVD et Blu-ray. Le tournage d’Évasion 3, annoncé à la fin du second volet dans un fin ouverte, est déjà terminé depuis bientôt un an. Stallone sera donc de retour une dernière fois dans le rôle (qu’on espère cette fois plus conséquent) de Ray Breslin et a retrouvé pour l’occasion John Herzfeld, qui l’avait dirigé en 2014 dans Bad Luck (Reach Me). Mais nous en parlerons lors de sa (probable) sortie immédiate dans les bacs.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Évasion 2, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est cheap, très légèrement animé et musical. La jaquette n’est pas mieux lotie…

Le making de 10 minutes présent en début de section se focalise essentiellement sur la présentation de l’histoire et des personnages par les comédiens, le réalisateur et le chef opérateur. Stallone n’est visible que quelques secondes sur le plateau, d’ailleurs il n’a pas dû rester bien longtemps, tandis que le metteur en scène Steven C. Miller tente de vendre son beurre comme il le peut. Quelques images de tournage, des propos ronflants (« Amazing », « Terrific », « Great », « The best ») et le tour est joué.

Un autre module (3’30) se concentre sur l’esthétique du film avec les mêmes intervenants, auxquels s’ajoute la chef décoratrice Niko Vilaivongs. Chacun y va de son petit mot sur les partis pris et les intentions du réalisateur, qui a voulu rendre hommage au cinéma de Ridley Scott, notamment Blade Runner. Arrêtez de rire !

Le dernier supplément (4’) est consacré au robot, que l’on aperçoit à peine dans Évasion 2. Place aux créateurs des effets visuels qui expliquent pourquoi ils ont voulu limiter les images de synthèse au profit d’un véritable robot articulé.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Le master HD (1080p) d’Évasion 2 restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Brandon Cox (Arsenal, Bus 657) en conservant un très léger grain, des couleurs à la fois chaudes et froides, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. La compression AVC consolide l’ensemble, les détails sont légion sur le cadre large et les visages des comédiens, le piqué est aiguisé, les noirs denses et la copie éclatante. Les très nombreuses séquences sombres jouissent également d’une belle définition, même si les détails se perdent quelque peu.

Honnêtement, il serait difficile voire impossible de faire mieux. Non pas qu’Évasion 2 regorge de scènes d’action pendant 1h35, mais toutes les séquences, y compris les nombreux échanges entre les personnages, sont constamment mises en valeur par des effets et ambiances puissantes, mettant à contribution chaque parcelle de votre installation acoustique (sans oublier le caisson de basses), dès l’apparition du cheval ailé Metropolitan. En anglais comme en français (avec le doublage d’Alain Dorval), les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 créent une immersion constante, dynamique et souvent fracassante, avec un net avantage pour la version originale. Chaque coup de feu, chaque baston est prétexte à une déferlante frontale et latérale.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Secret des Marrowbone, réalisé par Sergio G. Sánchez

LE SECRET DES MARROWBONE (El Secreto de Marrowbone ou Marrowbone) réalisé par Sergio G. Sánchez, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2018 chez Metropolian Vidéo

Acteurs :  George MacKay, Anya Taylor-Joy, Charlie Heaton, Mia Goth, Matthew Stagg, Kyle Soller, Nicola Harrison, Tom Fisher…

Scénario : Sergio G. Sánchez

Photographie : Xavi Giménez

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h51

Année de sortie : 2018

LE FILM

Pour ne pas être séparés, Jack, 20 ans, et ses frères et sœurs plus jeunes, décident de cacher à tout le monde le décès de leur mère qui les élevait seule. Ils se retrouvent livrés à eux-mêmes dans la ferme familiale isolée, mais bientôt, d’étranges phénomènes indiqueraient qu’une présence malveillante hante leur unique refuge…

Alors oui, bien sûr, on a déjà sûrement vu ça plusieurs fois au cinéma ces quinze dernières années, mais Le Secret des MarrowboneEl Secreto de Marrowbone ou tout simplement Marrowbone (titre international) est un film très prometteur. Même si le tournage s’est fait en langue anglaise, le titre espagnol renvoie à ses décors naturels (tout le film y a été tourné), mais aussi et surtout à son cinéaste et scénariste Sergio G. Sánchez. Né en 1973, il signe ici son premier long métrage en tant que réalisateur, après avoir écrit les deux premiers films de J.A. Bayona, L’Orphelinat (2007) et The Impossible (2012). D’ailleurs l’oeuvre de ce dernier, jusque dans la musique composée par Fernando Velázquez (Quelques minutes après minuit), imprègne chaque plan et même l’histoire du Secret des Marrowbone. C’est même ce qui en fait sûrement son relatif point faible, puisque le spectateur un tant soit peu intéressé par le cinéma de genre, surtout ibérique, parviendra à anticiper les rebondissements et le twist à la M. Night Shyamalan. Toutefois, la mise en scène, la beauté de la photographie et l’excellence de ses interprètes valent largement le déplacement.

Lorsque leur mère décède, Jack, ses deux frères et leur sœur se réfugient à Marrowbone, une ferme isolée abandonnée depuis des années et qui appartenait à leur grand-tante. Par peur d’être séparés et placés dans des foyers différents, ils décident d’enterrer le cadavre de leur mère dans le jardin et continuent à faire croire qu’elle est toujours vivante. Un jour, alors qu’ils sont isolés du monde extérieur, un notaire débarque chez eux pour demander à leur mère de signer un testament. La demeure est également hantée et renferme un secret dans le grenier…

En fait, raconter l’histoire du Secret des Marrowbone en dit déjà presque trop. Sans « singer » le cinéma de celui qui lui a donné sa chance dans le milieu, qui apparaît ici en tant que producteur et avec lequel il a fait ses premières armes sur des films importants, Sergio G. Sánchez démontre surtout ici un don pour le storytelling, pour la direction d’acteurs et pour instaurer une ambiance inquiétante, tout en privilégiant l’émotion et les liens entre les personnages. Pas étonnant que le metteur en scène se soit vu remettre le Prix Goya du meilleur nouveau réalisateur en 2018. En fait ce que l’on retient avant tout du Secret des Marrowbone, également influencé par les incontournables du genre (Les Innocents de Jack Clayton, Rebecca d’Alfred Hitchcock, Les Autres d’Alejandro Amenábar), c’est avant tout les comédiens.

Le rôle principal est tenu par le britannique George MacKay, l’une des révélations du magnifique Captain Fantastic de Matt Ross (2016), vu également dans la série 22.11.63 adaptée de l’oeuvre de Stephen King. Magnétique et à fleur de peau, George MacKay est assurément l’un des grands acteurs en devenir et porte admirablement le film de Sergio G. Sánchez. C’est aussi le cas de la désormais incontournable Anya Taylor-Joy. Après The Witch de Robert Eggers, Morgan de Luke Scott et Split de M. Night Shyamalan (bientôt dans Glass), la comédienne confirme son aura, son charisme et l’art d’inspirer les réalisateurs de genre. Le reste du casting est du même acabit avec Charlie Heaton (Stranger Things), Mia Goth (A Cure for Life) et Kyle Soller (la série Poldark), tous vraiment épatants.

Le Secret des Marrowbone a du mal à se sortir d’un certain cahier des charges. On sent le nouveau réalisateur appliqué, chaque plan étant particulièrement soigné, également soutenu par le travail du chef opérateur Xavi Giménez, ancien collaborateur de Jaume Balagueró sur La Secte sans nom ou de Brad Anderson sur The Machinist. Une pléthore de talents réunis à la fois devant et derrière la caméra. Si au final ce conte émeut bien plus qu’il donne les frissons, Le Secret des Marrowbone, présenté en ouverture de Gérardmer en 2018, qui mélange allègrement thriller, horreur, fantastique et histoire d’amour, n’est en aucun cas déplaisant et mérite l’attention des spectateurs et des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Secret des Maroowbone, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Point de making-of à l’horizon, ni d’interviews, mais une grande quantité de scènes coupées (28’). Ces séquences prolongeaient notamment la relation entre Jack et Allie, ainsi que d’autres moments clés du film. Mais la plupart des scènes laissées sur le banc de montage dévoilaient également trop le twist final et l’on comprend aisément pourquoi le réalisateur les a écartées. On se demande également pourquoi elles avaient été écrites tant celles-ci paraissaient trop explicites. Une fin alternative, très jolie, est également disponible.

L’interactivité comporte également une bande-démo avant/après l’incrustation des effets visuels, ainsi que des bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Metropolitan est synonyme d’excellence : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes sont chatoyantes et chaque détail aux quatre coins de l’écran est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Heureusement, les scènes sombres sont logées à la même enseigne. Ce master HD du Secret des Marrowbone permet de découvrir le film dans de superbes conditions. Le léger grain inhérent à la photo d’origine est respecté.

Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère du film grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français. La composition de Fernando Velázquez est distillée par l’ensemble des enceintes. Nous sommes en plein conte et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont donc soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées. Une piste Audiodescription est également disponible, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Un coeur à prendre, réalisé par Hallie Meyers-Shyer

UN COEUR À PRENDRE (Home Again) réalisé par Hallie Meyers-Shyer, disponible en DVD le 21 juin 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Reese Witherspoon, Pico Alexander, Jon Rudnitsky, Nat Wolff, Candice Bergen, Michael Sheen, Lola Flanery, Eden Grace Redfield…

ScénarioHallie Meyers-Shyer

Photographie : Dean Cundey

Musique : John Debney

Durée : 1h33

Année de sortie : 2017

LE FILM

Alice Kinney est une mère célibataire de 40 ans, avec deux filles, qui vit dans les quartiers aisés de Los Angeles. Le soir de son anniversaire, elle rencontre trois jeunes étudiants en cinéma qui cherchent un logement, et décide de les héberger. Les trois jeunes hommes s’installent doucement dans le quotidien de cette jolie maman. Cette dernière entame une liaison avec Harry, le réalisateur du groupe. Lorsque son ex mari revient à Los Angeles, Alice est alors prise entre son amour naissant avec Harry et Austen, le père de ses enfants dont elle est séparée depuis quelques mois.

Comédie typiquement américaine, Un coeur à prendre Home Again n’a pas connu de réel succès aux Etats-Unis et n’a donc pas été suivi d’une sortie dans les salles hexagonales. Sans doute parce que la comédienne Reese Witherspoon n’a pas un nom suffisamment attractif dans nos contrées. Pourtant, l’actrice née en 1976 a su faire sa place à Hollywood. Depuis sa révélation en 1996 dans Freeway de Matthew Bright, jusqu’à sa confirmation dans Pleasantville de Gary Ross (1998) et Sexe Intentions (Cruel Intentions) de Roger Kumble (1999), Reese Witherspoon a ensuite eu le flaire pour alterner comédies populaires (Little Nicky avec Adam Sandler, La Revanche d’une blonde et La Blonde contre-attaque) et films d’auteur très remarqués. On l’a vue notamment passer avec talent devant les caméras d’Alexander Payne (L’Arriviste), James Mangold (Walk the Line, Oscar de la meilleure actrice), James L. Brooks (Comment savoir), Jeff Nichols (Mud : Sur les rives du Mississippi), Paul Thomas Anderson (Inherent Vice) et Jean-Marc Vallée (Wild). Un C.V. impressionnant. La comédienne est également la productrice de l’excellente série Big Little Lies. Elle peut donc se permettre quelques récréations, ce qui est le cas d’Un coeur à prendre, réalisé par la jeune Hallie Meyers-Shyer, fille de la cinéaste Nancy Meyers (Ce que veulent les femmes, Tout peut arriver, The Holiday, Pas si simple, Le Nouveau stagiaire), par ailleurs productrice sur ce film.

Fille de réalisateurs, son père est Charles Shyer (Baby Boom, Le Père de la mariée avec Steve Martin), Hallie Meyers-Shyer parle évidemment de cinéma dans son premier long métrage, et plus particulièrement de la vie au sein d’une famille dont le septième art tient une place importante dans le quotidien. Soyons honnêtes, Un coeur à prendre ne vaut que pour le charme et le naturel de la lumineuse Reese Witherspoon. Du haut de son mètre 56, bondissant sur ses talons hauts, capable de faire rire en un seul froncement de sourcil, l’actrice a peu à faire pour emporter l’adhésion.

Le personnage joué par Reese Witherspoon est ainsi la fille d’un grand réalisateur décédé, et d’une comédienne, muse de son époux, interprétée ici par l’illustre Candice Bergen. Après avoir décidé de ne pas suivre la voie qui lui était tracée, Alice tente sa chance en tant que décoratrice pour les habitants fortunés de son quartier. Seulement le cinéma revient toujours dans sa vie, d’autant plus quand elle accepte d’héberger un réalisateur, un scénariste et un comédien, trois jeunes amis remarqués pour leur court-métrage.

A ces sujets, Hallie Meyers-Shyer incorpore évidemment ce qu’il faut de bluette pour mettre sa comédienne principale en valeur. Ses trois partenaires manquent quelque peu de charisme et seul Jon Rudnitsky (George) se distingue réellement. L’alchimie est cependant évidente entre les acteurs, Un coeur à prendre fonctionne bien grâce au tempérament de Reese Witherspoon. Certes, la mise en scène est uniquement fonctionnelle et les partis pris font parfois penser à du soap-opéra, mais le film est suffisamment drôle, rythmé et attachant pour qu’on se laisse finalement porter pendant 1h30.

LE DVD

Un coeur à prendre, disponible chez Metropolitan Video, débarque donc directement en DVD en France. Edition minimaliste, sortie technique. Menu principal fixe et musical.

L’éditeur joint quelques bandes-annonces de films disponibles dans son catalogue, ayant pour titre « Love » quelque chose.

L’Image et le son

Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont chatoyantes, un peu trop sans doute, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage consolide l’ensemble et les séquences tournées en extérieur sont assez jolies.

Un coeur à prendre n’est pas un film à effets, mais les pistes anglaise et française Dolby Digital 5.1 parviennent à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et les mixages se concentrent souvent sur les enceintes avant. Il ne faut pas vous attendre à des effets explosifs, la spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares. Les voix des comédiens sont ardentes en version originale, tout comme en français, même si cette piste les met un peu trop à l’avant. Le confort acoustique est assuré tout du long.

Crédits images : © METROPOLITAN FILMEXPORT /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Foreigner, réalisé par Martin Campbell

THE FOREIGNER réalisé par Martin Campbell, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Jackie Chan, Pierce Brosnan, Orla Brady, Ray Fearon, Rory Fleck-Byrne, Michael McElhatton, Charlie Murphy, Stephen Hogan, Katie Leung…

ScénarioDavid Marconi

Photographie : David Tattersall

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Modeste propriétaire d’un restaurant londonien, Quan perd sa fille dans un attentat terroriste politique. Prêt à tout pour retrouver les responsables et venger sa mort, il se tourne vers un membre du gouvernement irlandais haut placé, Liam Hennessy, qui a, tout comme lui, un passé trouble… Alors que Quan s’engage dans un chassé-croisé de plus en plus tendu avec Hennessy, il va voir ressurgir ce qu’il croyait avoir enfoui en lui de plus sombre…

Âgé aujourd’hui de plus de 60 ans, Jackie Chan se trouve encore obligé de démontrer qu’il est avant tout comédien et pas seulement une star du film d’action. Fatigué qu’on lui propose toujours le même type de rôle, à savoir « le flic de Hong Kong qui débarque aux Etats-Unis où il doit faire équipe avec un de ses confrères américain », l’acteur chinois semblait perdre espoir. Vingt ans après Rush Hour et Shanghai Kid, la carrière américaine de Jackie Chan faisait peine à voir avec Le Smoking, Le Médaillon, une voix récurrente dans la trilogie Kung Fu Panda, un remake de Karate Kid (énorme succès), Kung Fu Nanny. Heureusement, de retour dans son pays, le comédien aura retrouvé ses galons avec New Police Story, Chinese Zodiac, Kung Fu Yoga et Shinjuku Incident – Guerre de gangs à Tokyo. A croire que même les distributeurs manquent d’imagination en associant le kung-fu au nom de l’acteur. C’est donc avec un très grand plaisir que l’on retrouve Jackie Chan en haut de l’affiche du dernier long métrage du néo-zélandais Martin Campbell. Le réalisateur de GoldenEye (1995), Le Masque de Zorro (1998), Casino Royale (2006) et Hors de contrôle (2010) signe son grand retour derrière la caméra, six ans après la débâcle Green Lantern, conspué par la critique et échec commercial. Après un détour par la télévision, Martin Campbell prouve avec The Foreigner qu’il en a encore sous le capot à 74 ans. Non seulement ça, il offre enfin à Jackie Chan un de ses meilleurs rôles à ce jour. C’est aussi l’occasion pour Martin Campbell de diriger à nouveau Pierce Brosnan, 23 ans après GoldenEye, au top de son charisme et que l’on a également plaisir à retrouver.

Ngoc Minh Quan (Jackie Chan donc) est un restaurateur britannique d’origine asiatique vit paisiblement à Londres où il s’occupe de sa fille unique, Fan. Un jour, une bombe éclate au coeur de Londres, tuant Fan sur le coup et devant les yeux de Quan. L’attentat est revendiqué par un groupe qui se nomme « IRA authentique ». Quan, malgré son chagrin, cherche à savoir qui a tué sa fille. Il apprend que Liam Hennessy (Pierce Brosnan), vice-Premier ministre de l’Irlande du Nord en poste à Belfast, reconnaît son engagement dans de très anciennes opérations de l’IRA, mais qu’il milite dorénavant pour la sauvegarde des accords de paix. Hennessy affirme ignorer qui a orchestré l’attentat, mais Quan en doute. Hennessy négocie avec une importante femme politique britannique et lui promet des résultats concrets en échange de la grâce d’anciens membres de l’IRA. Il rencontre ensuite d’influents membres de l’IRA et exige qu’ils procèdent au décompte des armes et des explosifs dans toutes les caches de l’organisation. De son côté, Quan débarque à Belfast, bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance.

Méfiez-vous des modestes propriétaires de restaurants de Chinatown, il se peut qu’il soit un ancien membre des Forces Spéciales ! Adapté du roman britannique The Chinaman de Stephen Leather (1992), The Foreigner est un thriller carré, propre et excellemment mis en scène, qui n’est pas sans rappeler Hors de contrôle du même metteur en scène, dans lequel Mel Gibson jouait un inspecteur de police qui se mettait à la recherche des assassins de sa fille. Si l’ensemble manque parfois de rythme sur près de deux heures et que le film est étonnamment avare en scènes d’action, cette association Campbell-Chan-Brosnan se laisse suivre très agréablement grâce au charisme et au talent des comédiens, à la mise en scène très inspirée du réalisateur, à la photo glacée de David Tattersall (La Ligne verte, Speed Racer, la prélogie Star Wars) et à la sécheresse étonnante du récit sur fond d’actes terroristes.

Certes, Jackie Chan a quelques occasions de montrer qu’il tient toujours la forme, mais ses scènes « physiques » sont restreintes et l’acteur signe avant tout une vraie performance. Visage fermé et marqué (l’acteur a été vieilli grâce au maquillage), dos voûté et démarche lente, regard éteint, froid, avec très peu de dialogues, Jachie Chan impressionne à chaque apparition. Même chose pour Pierce Brosnan, qui retrouve de sa superbe après s’être égaré dans quelques DTV plus ou moins recommandables. Les deux têtes d’affiche ont finalement très peu de scènes en commun, mais la confrontation fonctionne et les personnages sont aussi ambigus que passionnants à suivre dans leur quête respective. Heureux de voir que tous ces vétérans du film d’action ne sont pas prêts à raccrocher les gants.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Foreigner, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, sobre et musical.

On pouvait s’attendre à plus qu’un tout petit making of de 7’30 ! Par ailleurs, les images de tournage sont rares et ce module compile essentiellement les propos de Jackie Chan, Martin Campbell et Pierce Brosnan. Le premier tacle gentiment Hollywood qui ne lui « propose jamais de bons rôles » et déclare que The Foreigner lui permet enfin de changer de registre, loin des comédies d’action qu’on lui offre continuellement. Le réalisateur se penche sur le travail avec les deux comédiens, tandis que Pierce Brosnan ne tarit pas d’éloges sur son partenaire et celui a contribué à faire de lui le successeur de Timothy Dalton dans le costume de James Bond.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

L’éditeur soigne son master HD, absolument exemplaire. Les contrastes sont d’une densité jamais démentie, y compris sur les séquences sombres où l’image est tout aussi affûtée. La clarté demeure frappante, les noirs sont profonds, le piqué aiguisé, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film de Martin Campbell et profiter de la photographie signée David Tattersall. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

 

Test Blu-ray / Le Musée des Merveilles, réalisé par Todd Haynes

LE MUSÉE DES MERVEILLES (Wonderstruck) réalisé par Todd Haynes, disponible en DVD et Blu-ray chez Metropolitan Vidéo le 21 mars 2018

Avec :  Oakes Fegley, Julianne Moore, Michelle Williams, Millicent Simmonds, Jaden Michael, Tom Noonan, Amy Hargreaves, Morgan Turner, Sawyer Nunes, James Urbaniak…

Scénario : Brian Selznick d’après son livre « Black Out » (« Wonderstruck »)

Photographie : Edward Lachman

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

A la découverte, sur deux époques distinctes, des parcours de Ben et Rose. Ces deux enfants souhaitent secrètement que leur vie soit différente. Ben rêve du père qu’il n’a jamais connu, tandis que Rose, isolée par sa surdité, se passionne pour la carrière d’une mystérieuse actrice, Lillian Mayhew. Lorsque Ben découvre dans les affaires de sa mère, Elaine, l’indice qui pourrait le conduire à son père et que Rose apprend que son idole sera bientôt sur scène, les deux enfants se lancent dans une quête à la symétrie fascinante qui va les mener à New York…

Depuis dix ans, le réalisateur Todd Haynes n’a pas chômé. Après I’m not there, son faux biopic sur Bob Dylan, sa minisérie Mildred Pierce avec Kate Winslet et Evan Rachel Wood, un épisode de la série Enlightened, un segment du documentaire collectif Six by Sondheim consacré au compositeur Stephen Sondheim, la production des films de Kelly Reichardt, le merveilleux Carol avec Cate Blanchett et Rooney Mara, le cinéaste californien revient déjà à la mise en scène deux ans après sa Queer Palm. Le Musée des merveilles est tiré du roman graphique Black Out (Wonderstruck) de Brian Selznick, publié en 2011. L’auteur de L’Invention de Hugo Cabret, transposé à l’écran en 2011 par Martin Scorsese et médaille Caldecott, prix attribué à l’illustrateur du meilleur livre pour enfants de l’année aux Etats-Unis, adapte lui-même son œuvre pour le grand écran. Son immense talent allié à celui de Todd Haynes donne naissance à un superbe drame romanesque destiné autant aux adultes qu’aux enfants, par ailleurs largement conseillé à ces derniers pour les sensibiliser à la grammaire cinématographique puisqu’une bonne partie du film rend hommage au cinéma muet.

Présenté en compétition au Festival de Cannes en 2017, Le Musée des MerveillesWonderstruck marque la quatrième collaboration entre Todd Haynes et la comédienne Julianne Moore après Safe (1995), Loin du paradis (2002) et I’m not there (2007). S’il n’a étonnamment pas convaincu le Jury, plus préoccupé à récompenser des films sans intérêt et nombrilistes comme The Square, le septième long métrage du réalisateur de Velvet Goldmine aura pourtant ému la critique. Les spectateurs qui auront la chance de le découvrir risquent de ne pas l’oublier de sitôt.

Todd Haynes a lui-même qualifié Le Musée des Merveilles comme un acid trip for kids  en indiquant « Il y a deux histoires qui s’entremêlent, s’emmêlent, quelque chose de mystérieux et d’étrange se produit, aux intersections des deux univers, à la limite d’une altération de nos perceptions spatio-temporelles. Le fait que les deux héros soient sourds et perçoivent donc le monde de manière parcellaire a un impact direct sur la façon de regarder le film, de ressentir les silences, les musiques, en particulier le contraste entre la surdité de Ben et le brouhaha de la partie 70’s ». Du point de vue formel, Todd Haynes, épaulé par son fidèle chef opérateur Edward Lachman et de sa complice Sandy Powell, chef costumière, reconstitue les années 1920 (en N&B) et les années 1970 (en couleur) avec une virtuosité de chaque instant. La mise en scène subjugue à chaque plan, le grain de la pellicule flatte les sens, la beauté du cadre laisse pantois d’admiration, la composition de Carter Burwell donne le frisson.

A l’instar de Hugo Cabret, le récit de Brian Selznick plonge les enfants dans une quête initiatique, séparés par cinquante années, dont on sait que les itinéraires se croiseront forcément ou se rejoindront autour d’un sujet commun lié au Muséum d’histoire naturelle de New York. Ces deux héros sont interprétés par les jeunes comédiens Oakes Fegley, qui incarnait Peter dans le remake de Peter et Elliott le dragon, et Millicent Simmonds, magnétique et bouleversante actrice de 13 ans réellement atteinte de surdité, qui livre une remarquable prestation pour sa première apparition à l’écran. Quant à Julianne Moore, présente dans les deux parties du film, elle arrache les larmes et foudroie à chaque apparition, jusqu’à un dernier acte sublime de délicatesse, qui se déroule au Queens Museum, au sein même de la maquette géante du panorama de New York, clou de l’Exposition universelle de 1964.

Les thématiques du cinéma de Todd Haynes, la monotonie du quotidien, comment assumer sa solitude, le droit à la différence, la peur du regard des autres, la marginalisation sont au coeur du Musée des Merveilles. Porté par un amour insatiable du cinéma, par sa capacité à émouvoir et à emporter les spectateurs dans une aventure faite d’amour, d’espoir, d’amitié et d’entraide, cette invitation au voyage s’impose instantanément comme un futur film de chevet vers lequel on reviendra en cas de coup de blues. Merci Todd Haynes, merci Brian Selznick.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Musée des Merveilles, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est étonnamment sobre, fixe et musical.

Cette édition comporte tout d’abord six modules consacrés au tournage du film avec pour sujets le Cabinet des curiosités (4’), le personnage de Millie (7’30), les Miniatures (4’), le Musée d’histoire naturelle (5’30), la maquette de New York (5’) et la reconstitution des années 1920 et 1970 (6’). Le réalisateur Todd Haynes, l’écrivain et scénariste Brian Selznick, la chef costumière Sandy Powell, le directeur de la photographie Edward Lachman et bien d’autres intervenants reviennent sur la genèse, la conception et le tournage du Musée des Merveilles. Ne manquez pas le segment sur la création des dioramas, qui a nécessité pas loin de trois mois de prises de vues. Les thèmes du film, les partis pris, les intentions, l’interprétation des deux jeunes comédiens, les accessoires, la construction des décors sont abordés avec simplicité et générosité.

S’ajoutent à ces bonus quelques bandes-annonces et surtout un entretien avec Todd Haynes (19’30) qui revient sur tous les sujets précédemment couverts dans les suppléments précédents, tout en indiquant comme s’est déroulé le tournage et le montage. Todd Haynes intervient également sur l’adaptation du livre de Brian Selznick, l’utilisation de la chanson Space Oddity de David Bowie, la notion du temps, les personnages, la photo et sur les films qui l’ont inspiré, dont le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli (1968) ou Miracle en Alabama d’Arthur Penn (1962).

L’Image et le son

Grands défenseurs du tournage en 35mm, le réalisateur Todd Haynes et le chef opérateur Edward Lachman ont néanmoins décidé de tourner Le Musée des Merveilles en partie en numérique. Afin de conserver une image proche de la pellicule, leur choix s’est porté sur la caméra Arri Alexa pour la partie années 1970, tandis que les séquences en N&B des années 1920 ont bel et bien été tournées en Arricam et Arriflex. Ces partis pris couplés au format 2.40 donnent à la photographie un aspect argentique très élégant. Le master HD concocté par Metropolitan est sublime. Les couleurs sont étincelantes, le piqué aiguisé comme la lame d’un scalpel et les détails foisonnent du début à la fin. De jour comme de nuit, y compris sur les séquences tamisées, l’élévation Haute-Définition est omniprésent, évident et indispensable. On en prend plein les yeux avec ce cadre large à la profondeur de champ inouïe et des contrastes d’une densité jamais démentie.

Vous pouvez compter sur les deux mixages DTS-HD Master Audio anglais et français pour vous plonger dans l’atmosphère du film. Toutes les enceintes sont sollicitées, les voix sont très imposantes sur la centrale dans la partie années 1970 et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques ambiances naturelles et effets percutants, sans oublier la magnifique partition de Carter Burwell, excellemment restituée. Le caisson de basses distille également quelques vibrations. Sans surprise, la version originale l’emporte sur la piste française et se révèle plus naturelle et homogène. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr