Test Blu-ray / La Tour du Diable, réalisé par Jim O’Connolly

LA TOUR DU DIABLE (Tower of Evil) réalisé par Jim O’Connolly, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 6 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Bryant Haliday, Jill Haworth, Mark Edwards, Jack Watson, Anna Palk, Derek Fowlds, Dennis Price, Anthony Valentine, Gary Hamilton…

Scénario : Jim O’Connolly, d’après une histoire originale de George Baxt

Photographie : Desmond Dickinson

Musique : Kenneth V. Jones

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Deux pêcheurs accostent sur la petite île de Snape Island, où se dresse un phare isolé. Sur place, ils découvrent les cadavres de trois adolescents, ainsi qu’une survivante. Visiblement terrorisée, la malheureuse est conduite dans un hôpital psychiatrique. L’une des victimes, retrouvée empalée par une lance en or phénicienne, provoque la curiosité d’un groupe d’archéologues, qui décident de monter une expédition sur l’île…

La Tour du Diable ou Tower of Evil. Tout est dit dès le titre et le public sait à quoi s’attendre avec cet opus d’épouvante sorti en 1972 et réalisé par un certain Jim O’Connolly (1926-1986), dont il s’agit du seul film édité en DVD-Blu-ray dans nos contrées. À son palmarès, figurent de multiples productions, sa fonction principale, mais aussi les scénarios de quelques épisodes de la série Le Saint avec Roger Moore, sans oublier la mise en scène du Cercle de sangBerserk! (1967), thriller d’horreur avec Joan Crawford dans un de ses derniers rôles au cinéma, ainsi que de La Vallée de GwangiThe Valley of Gwangi (1969), production Ray Harryhausen (également à la tête des effets visuels) qui mêle le western et le film de monstres . Il se retrouve à la barre de La Tour du Diable, qui sort alors que l’épouvante made in England est en cours de mutation. En 1972, sortent Dracula 73 d’Alan Gibson avec Christopher Lee, Le Cirque des vampires Vampire Circus de Robert Young, Capitaine Kronos, tueur de vampires de Brian Clemens, Sueur froide dans la nuit Fear In The Night de Jimmy Sangster, Straight on Till Morning de Peter Collinson, tous estampillés du sceau de la Hammer Films, tandis que la Amicus présente Histoires d’outre-tombeTales from the Crypt de Freddie Francis et Asylum de Roy Ward Baker. Autant dire que La Tour du Diable apparaît déjà désuet à sa sortie et fleure bon le divertissement de genre qui pullulait dans les salles la décennie précédente. Avec ses décors apparents et son « monstre » nawak, Tower of Evil contentera les amateurs, risque de faire sourire les autres spectateurs, mais dans les deux cas le spectacle reste assuré et le charme demeure.

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Test Blu-ray / La Nuit des maléfices, réalisé par Piers Haggard

LA NUIT DES MALÉFICES (Blood on Satan’s Claw) réalisé par Piers Haggard, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 11 avril 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Patrick Wymark, Linda Hayden, Barry Andrews, Michele Dotrice, Wendy Padbury, Anthony Ainley, Charlotte Mitchell, Tamara Ustinov, Simon Williams, James Hayter, Howard Goorney, Avice Landone, Robin Davies…

Scénario : Robert Wynne-Simmons & Piers Haggard

Photographie : Dick Bush

Musique : Marc Wilkinson

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Angleterre, XVIIIème siècle. Dans un petit village, un jeune homme affirme avoir vu le Diable. Le juge du comté n’y prête pas attention. Mais soudain, des événements anormaux se déroulent : les villageois sombrent dans la folie, et des jeunes femmes se voient affligées de marques sur le corps. C’est alors qu’un groupe mené par la jolie Angel Blake pratique d’étranges cérémonies funèbres.

Piers Haggard (1939-2003) est essentiellement connu des amateurs de cinéma d’épouvante pour son film Venin Venom (1981), dans lequel Klaus Kinski, Sarah Miles et Oliver Reed affrontaient un mamba noir, le serpent le plus dangereux au monde. Ce thriller hybride, bien que commencé par Tobe Hooper, tournage ensuite récupéré par Piers Haggard, rendait compte de l’efficacité de cet artisan, qui avait fait sa carrière à la télévision dans les années 1970. On se souvient moins de son boulot pour le cinéma et pourtant quelques titres sortent du lot à l’instar de The Quatermass Conclusion en 1979 et Le Complot diabolique du docteur Fu Manchu en 1980 avec Peter Sellers et Helen Mirren. Mais s’il y a bien une œuvre qui mérite assurément d’être redécouverte, c’est bien La Nuit des maléficesThe Blood on Satan’s Claw, opus d’horreur britannique sortie de l’usine Tigon Pictures, qui tentait alors de rivaliser avec la Hammer Films et la Amicus. Galvanisée par le succès rencontré par Le Grand InquisiteurWitchfinder General, ou bien encore The Conqueror Worm pour son exploitation américaine, réalisé par Michael Reeves, la société spécialisée dans les films d’exploitation à petit budget surfe sur le même sous-genre que l’on qualifiera bientôt de folk horror. La Nuit des maléfices est sans doute l’un des meilleurs représentants de cette vague, largement popularisée avec The Wicker Man de Robin Hardy, qui sortira deux ans plus tard, et demeure un très grand divertissement, formidablement mis en scène, immersif, original, angoissant comme il se doit car empreint de réalisme. Une vraie et grande découverte.

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Test Blu-ray / Azrael, l’ange de la mort, réalisé par E.L. Katz

AZRAEL, L’ANGE DE LA MORT (Azrael) réalisé par E.L. Katz, disponible en DVD & Blu-ray le 11 avril 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Vic Carmen Sonne, Samara Weaving, Nathan Stewart-Jarrett, Johhan Rosenberg, Eero Milonoff, Sebastian Bull, Rea Lest, Phong Giang…

Scénario : Simon Barrett

Photographie : Mart Taniel

Musique : Tóti Guðnason

Durée : 2h25

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Dans un monde où personne ne parle. Une communauté dévote traque une jeune femme, Azrael, qui s’est échappée de son emprisonnement. Recapturée, elle doit être sacrifiée pour lutter contre un esprit malveillant.

On avait entendu et lu de très mauvaises critiques d’Azrael, l’ange de la mort ou tout simplement Azrael en version originale, réalisé par E.L. Katz, à qui l’on devait le fort sympathique Cheap Thrills. À l’arrivée, ce film d’horreur et survival s’avère une sympathique surprise, remarquablement photographié par Mart Taniel, chef opérateur remarqué pour son boulot sur Le Capitaine Volkonogov s’est échappé de Natasha Merkulova et Aleksey Chupov. Certes, celles et ceux qui attendent un récit explicite ou même avec un véritable dénouement risquent de tiquer, mais les autres, qui comme nous se prendront au jeu, ne seront pas déçus, tant Azrael contient son lot d’émotions fortes et de séquences gores. Le film repose essentiellement sur les belles épaules de Samara Weaving, vue dans la série Ash vs Evil Dead, The Babysitter sur Netflix et au cinéma dans Babylon de Damien Chazelle, Wedding Nightmare de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, Billboards – Les panneaux de la vengeance de Martin McDonagh et dernièrement dans le sixième opus de la saga Scream. L’actrice, de toutes les scènes, voire de tous les plans, signe une formidable prestation, entièrement muette qui plus est (un seul acteur a une réplique, en esperanto non sous-titré), et rejoint le rang des action women du cinéma. Azrael, ne cherchez pas, Gargamel ne fera pas un cameo, est un spectacle soigné, prenant, très beau à regarder, une véritable expérience.

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Test Blu-ray / Body Trash, réalisé par Philip Brophy

BODY TRASH (Body Melt) réalisé par Philip Brophy, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret le 16 mai 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Gerard Kennedy, Andrew Daddo, Ian Smith, Vince Gil, Regina Gaigalas, Neil Foley, Anthea Davis, Matthew Newton…

Scénario : Philip Brophy & Rob Bishop

Photographie : Ray Argall

Musique : Philip Brophy

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Une nouvelle vitamine est testée en secret sur les habitants d’une petite ville australienne, alors que jusqu’ici, tous les essais se sont révélés mortels. Un homme ayant participé aux précédents tests tente de donner l’alerte, mais, contaminé, il décède dans des circonstances atroces. Deux policiers mènent l’enquête, tandis que mutations, effets secondaires violents et hallucinations se multiplient dans la population.

Nous sommes ici clairement entre Street Trash (1987) de Jim Muro et Re-Animator (1985) de Stuart Gordon, un body-horror passé à la sauce Vegemite, vous savez cette pâte à tartiner noire étrange venue du pays des kangourous ! Body Trash, ou Body melt en version originale, est le premier et à ce jour le seul long-métrage de Philip Brophy, touche-à-tout en musique et en cinéma, qui après un court (No Dance, 1985) et un moyen-métrage (Salt, Saliva, Sperm and Sweat, 1988), décide de se lancer dans le grand format, histoire de régler quelques comptes avec sa contrée. C’est peu dire que tout le monde en prend plein la tronche dans cet opus d’horreur décomplexé et bourré d’inventions, qui peine cependant à maintenir l’intérêt du spectateur en raison d’un rythme et d’un scénario bien trop décousus. Heureusement, quelques séquences gores bien senties viennent redynamiser un peu l’ensemble, mais en dépit d’une durée ramassée de 79 minutes, l’ennui peut s’installer à plusieurs reprises. Si Body Trash est culte pour de nombreux spectateurs amateurs du genre, il est moins sûr qu’il fasse de nouveaux adeptes aujourd’hui…

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Test Blu-ray / Meurtres à la St-Valentin, réalisé par George Mihalka

MEURTRES À LA ST-VALENTIN (My Bloody Valentine) réalisé par George Mihalka, disponible en DVD & Combo Blu-ray + Blu-ray + DVD le 25 février 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Paul Kelman, Lori Hallier, Neil Affleck, Keith Knight, Alf Humphreys, Cynthia Dale, Helene Udy, Rob Stein…

Scénario : John Beaird, d’après une histoire originale de Stephen A. Miller

Photographie : Rodney Gibbons

Musique : Paul Zaza

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Dans la ville minière de Valentine’s Bluff, une légende populaire vieille de plusieurs décennies concernant un meurtrier tuant ceux qui célèbrent la Saint-Valentin, s’avère fidèle à sa réputation lorsqu’un groupe de jeunes la défie. Les habitants suspectent alors Harry Warden, ancien mineur interné. Celui-ci avait assassiné ceux qu’il considérait responsable de son état. Des années plus tard, les meurtres ont repris !

C’est une référence, une vraie, un slasher qui a su devenir un grand classique, ce qui n’était pas chose aisée compte tenu de la quantité phénoménale de films du même genre qui sortaient alors au même moment. Meurtres à la St-Valentin échappe au tout-venant en raison de sa distribution soignée, mais aussi et avant tout grâce à sa mise en scène inventive et son cadre dépaysant. Bien meilleur que son remake du même nom, réalisé par Patrick Lussier (responsable du Hell Driver avec Nicolas Cage) et sorti en 3D en 2009, My Bloody Valentine suit un cahier des charges bien établi en cette belle année 1981 et intervient après Black Christmas, Halloween : La Nuit des masques, Terreur sur la ligne, Vendredi 13, Le Bal de l’horreur, Le Monstre du train. Il parvient à se démarquer avec beaucoup d’ingéniosité, ne serait-ce qu’au niveau du passage de vie à trépas des nombreuses victimes, égrenées tout au long de ces formidables 90 minutes. Non seulement ça, Meurtres à la St Valentin est un film qui a de la gueule et le dernier tiers se déroulant quasiment exclusivement dans les couloirs labyrinthiques d’une mine, prend aux tripes (explosées par une pioche), pour ne plus les lâcher jusqu’au dénouement, qui appelait une suite…qui n’est jamais venue.

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Test 4K UHD / The Substance, réalisé par Coralie Fargeat

THE SUBSTANCE réalisé par Coralie Fargeat, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 13 mars 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Demi Moore, Margaret Qualley, Dennis Quaid, Hugo Diego Garcia, Alexandra Papoulias Barton, Oscar Lesage, Joseph Balderrama, Robin Greer…

Scénario : Coralie Fargeat

Photographie : Benjamin Kracun

Musique : Raffertie

Durée : 2h21

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Évincée de l’émission d’aérobic qu’elle présente, Elisabeth Sparkle, une actrice vieillissante, accepte de payer pour un traitement novateur. Recevant un premier colis, elle y trouve une substance lui permettant de créer un double d’elle-même, plus jeune et plus parfait. Une fois l’activation et la genèse du double réalisées, celui-ci doit alors être stabilisé chaque jour avec un autre liquide prélevé dans la moelle épinière de l’être d’origine, ceci avant de permuter au bout d’une semaine en échangeant leur sang. Elle donne ainsi naissance à Sue, qui devient vite célèbre, mais qui est censée ne faire qu’une avec elle. Du coup le retour à son corps d’origine risque d’être bien frustrant…

Il est là le film de 2024 ! The Substance, le second long-métrage de Coralie Fargeat (née en 1976), sept ans après Revenge, qui avait immédiatement révélé la réalisatrice à l’aube de ses 40 ans. Il aura fallu attendre sept années, même si elle aura signé entre temps le clip À chaque vaccination, c’est la vie qui reprend (vous vous rappelez ? C’était après le confinement…), pour que Coralie Fargeat revienne sur le devant de la scène. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’attente est plus que très largement récompensée. The Substance est un monument, un chef d’oeuvre instantané, qui nous retourne à la fois la tête et l’estomac, au point où l’auteur de ces mots a carrément été malade toute la nuit suivant la projection du film. Pur film de mise en scène où rien n’est laissé au hasard, merveilleusement photographié par Benjamin Kracun (Promising Young Woman d’Emerald Fennell), suintant de références cinématographiques et donc cinéphiles (l’ombre de Stanley Kubrick, de David Cronenberg, de John Carpenter et de David Lynch planent sur tout le film, ainsi que Le Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde, L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson et même Blanche-Neige), The Substance embarque le spectateur dans un rollercoaster émotionnel et sensoriel, comme il en déboule désormais rarement dans les salles. Le grand succès international rencontré par The Substance (près de 600.000 entrées en France, 77 millions de dollars de recette mondiale, dont plus de 17 millions récoltés sur le sol américain) est donc plus que mérité, tout comme les multiples récompenses (Prix du scénario au Festival de Cannes, Oscar des Meilleurs maquillages et coiffures, Golden Globes de la Meilleure actrice pour Demi Moore) et autres nominations (dans quatre catégories pour les Oscars et les Golden Globes). Un sans-faute pour cette nouvelle étape du film de genre, qui non seulement s’avère une des plus grandes expériences de cinéma de ces 25 dernières années, mais qui en plus ne cesse de titiller l’intellect du spectateur en lui parlant de sujets entièrement contemporains. Réservé à un public averti, déconseillé aux âmes sensibles ou si vous venez de manger, mais ne ratez sous aucun prétexte.

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Test Blu-ray / Nightmare Concert, réalisé par Lucio Fulci

NIGHTMARE CONCERT (Un gatto nel cervello) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Lucio Fulci, Jeoffrey Kennedy, Malisa Longo, Paola Cozzo, Robert Egon, David L. Thompson, Shilett Angel…

Scénario : Lucio Fulci, Giovanni Simonelli & Antonio Tentori

Photographie : Alessandro Grossi

Musique : Fabio Frizzi

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Réalisateur de films d’horreur, Lucio Fulci vit un véritable cauchemar. Poursuivi par les personnages de ses films et transporté dans les scènes les plus horribles, il croit devenir fou ! Conscient de ses obsessions, il consulte un psychiatre qui pratique l’hypnose. Mais une succession de meurtres bien réels sont alors commis et il devient de plus en plus difficile de distinguer la fiction de la réalité…

Nightmare Concert, ou Un gatto nel cervello, ou littéralement Un chat dans le cerveau est l’un des derniers longs-métrages de Lucio Fulci (1927-1996). En réalité, il s’agit d’un patchwork, d’un opus composé de scènes tirées de téléfilms supervisés ou adoubés plutôt par le maître de l’horreur dans le cadre de son anthologie Lucio Fulci presenta. Ainsi outre des extraits des Fantômes de SodomeIl fantasma di Sodoma et de Soupçons de mort Quando Alice ruppe lo specchio, sortis en 1988, on reconnaît des images tirées de Bloody Psycho de Leandro Lucchetti (1989), de Hansel e Gretel de Giovanni Simonelli (1990), de Massacre d’Andrea Bianchi (1989), de Blood Moon/Death Escape d’Enzo Milioni et de The Murder SecretNon Avere Paura Della Zia Martade Mario Bianchi (1988). Là-dessus, Lucio Fulci himself sert de fil rouge, à travers une histoire « méta », où le cinéaste se retrouve à la merci de visions cauchemardesques, qui lui font perdre le sens des réalités. Le cinéaste a une vraie gueule de cinéma et s’en tire bien dans le « rôle » de Lucio Fulci et d’entrée de jeu, celui-ci est montré à l’oeuvre, en train d’écrire, d’imaginer comment une femme peut passer de vie à trépas. Tous les moyens sont bons, à coups de hache, étranglée, pendue, coupée en morceaux avec une tronçonneuse, noyée dans l’eau bouillante, égorgée par un chat sauvage, brûlée vive, enterrée vivante, torturée, les yeux percés, poignardée, sciée en deux, crucifiée, décapitée…voilà ce qui triture les méninges de Lucio Fulci, son cerveau ne le laissant pas en paix, comme si un chat lui lacérait ou lui rongeait la matière grise, ce que le générique nous dévoile d’ailleurs littéralement. Si Nightmare Concert comporte évidemment de nombreux défauts, cette plongée dans les méandres de l’esprit du cinéaste est un petit bonus sympathique pour ses très nombreux admirateurs et ce voyage n’est franchement pas déplaisant.

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Test Blu-ray / Heretic, réalisé par Scott Beck & Bryan Woods

HERETIC réalisé par Scott Beck & Bryan Woods, disponible en DVD & Blu-ray le 9 avril 2025 chez Le Pacte.

Acteurs : Hugh Grant, Sophie Thatcher, Chloe East, Topher Grace, Elle Young…

Scénario : Scott Beck & Bryan Woods

Photographie : Chung Chung-hoon

Musique : Chris Bacon

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Deux jeunes missionnaires de l’église mormone d’une petite ville du Colorado font du porte à porte dans l’espoir de convertir les habitants. Le soir venu, après une journée infructueuse, elles décident de frapper à la porte d’une maison isolée. C’est le charmant Mr Reed qui les y accueille. Mais très vite, les jeunes femmes réalisent qu’elles sont tombées dans un piège. La maison est un véritable labyrinthe où elles ne pourront compter que sur leur ingéniosité et leur intelligence pour rester en vie…

Moonlight de Barry Jenkins, Mise à mort du cerf sacré The Killing of a Sacred Deer de Yórgos Lánthimos, 90’s Mid90s de Jonah Hill, The Lighthouse de Robert Eggers, Midsommar d’Ari Aster, Everything Everywhere All at Once de Daniel Kwan et Daniel Scheinert, The Whale de Darren Aronofsky, La Zone d’intérêt The Zone of Interest de Jonathan Glazer, pour ne citer que ceux-là, sortent tous de la même écurie, celle de la société indépendante de production et distribution A24. Un logo devenu un signe de qualité. Le dernier film en provenance du studio est Heretic, mis en scène par Scott Beck et Bryan Woods, plus connus pour leur travail de scénariste sur les deux premiers volets de la désormais franchise Sans un bruit et qui comme réalisateurs avaient signé entre autres 65 – La Terre d’avant avec Adam Driver. Le tandem revient au thriller d’horreur et offre à Hugh Grant probablement l’un des meilleurs rôles de sa carrière. Tout en affichant le même sourire (en plus carnassier ceci dit) qui ravageait les coeurs dans les années 1990, le comédien, désormais âgé de 64 ans, affiche une patine qui lui sied à ravir et a l’air de prendre un malin plaisir à jouer les psychopathes, bien décidé à jouer avec les nerfs de deux jeunes femmes qui voulaient juste tailler le bout de gras et prêcher la bonne parole avec lui. Huis clos, survival, Heretic est autant un thriller qu’un drame psychologique, merveilleusement écrit, prenant, formidablement emballé et magistralement interprété par un trio d’acteurs quasi-seuls en piste et qui se renvoient la balle avec virtuosité. Un des immanquables de 2024, très justement récompensé par un beau succès critique et commercial avec près de 60 millions de dollars de recette dans le monde entier pour une mise de départ de dix millions.

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Test Blu-ray / Les Yeux de feu, réalisé par Avery Crounse

LES YEUX DE FEU (Eyes of Fire) réalisé par Avery Crounse, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 13 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Dennis Lipscomb, Guy Boyd, Rebecca Stanley, Sally Klein, Karlene Crockett, Fran Ryan, Rob Paulsen, Kerry Sherman…

Scénario : Avery Crounse

Photographie : Wade Hanks

Musique : Brad Fiedel

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

1750. Chassé de son village pour adultère, un pasteur s’enfuit avec quelques fidèles dans une région inexplorée d’Amérique du Nord. Le petit groupe finit par trouver un endroit où s’installer, inconscient des dangers qui se cachent dans les bois environnants.

Nous sommes ici dans le genre folk horror, dont certains titres demeurent emblématiques comme The Wicker Man, Le Grand Inquisiteur, La Nuit des maléfices, Les Démons du maïs (adapté de Stephen King) et plus proches de nous Le Projet Blair Witch, The Witch et Midsommar. L’opus qui nous intéresse aujourd’hui sort en 1983 et s’intitule Les Yeux de feuEyes of Fire. Mais avant cela le titre original était Crying Blue Sky, puisque le réalisateur Avery Crounse (1951-2023) a décidé de revoir sa copie, jugée trop longue et qui a dû couper plus de vingt minutes afin de gagner en rythme, afin aussi de privilégier le fantastique, le premier montage ayant été qualifié de trop contemplatif. Ce premier long-métrage d’un photographe confirmé est une splendeur visuelle, une révélation, un film unique et osons l’écrire une matrice pour de nombreux longs-métrages d’épouvante qui suivront. Écrit et mis en scène par Avery Crounse, qui s’était occupé aussi personnellement de la distribution de son premier « bébé », Les Yeux de feu est une merveille de tous les instants, un trip sensoriel inattendu, un classique instantané.

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Test 4K Ultra-HD / Les Yeux sans visage, réalisé par Georges Franju

LES YEUX SANS VISAGE réalisé par Georges Franju, disponible en Combo 4K Ultra HD & Blu-ray, et en Box Ultra Collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray + Livre chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Pierre Brasseur, Alida Valli, Édith Scob, Juliette Mayniel, Alexandre Rignault, Béatrice Altariba, Claude Brasseur, Michel Etcheverry, Yvette Etiévant, René Génin, Lucien Hubert, Marcel Pérès, François Guérin…

Scénario : Pierre Boileau, Thomas Narcejac, Jean Redon, Claude Sautet & Pierre Gascar, d’après le roman de Jean Redon

Photographie : Eugen Schüfftan

Musique : Maurice Jarre

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Le Docteur Génessier, chirurgien renommé et spécialiste des greffes de la peau, retient prisonnière sa fille Christiane, défigurée à la suite d’un grave accident de voiture. Louise, son assistante, qui lui est totalement dévouée, sert de rabatteuse et ramène à Génessier des jeunes femmes qui seront sacrifiées dans son laboratoire dissimulé dans une vaste propriété, isolée en banlieue parisienne. Mais la découverte de l’une des victimes, dans une rivière, déclenche une enquête de police. Après plusieurs échecs ayant entraîné une nécrose de la peau, le chirurgien parviendra-t-il à redonner enfin un visage à Christiane ?

C’est une œuvre matricielle, qui n’a eu de cesse d’inspirer les réalisateurs et qui reste d’ailleurs encore une source de création pour de nombreux cinéastes. Les Yeux sans visage est le second long-métrage de Georges Franju, son film le plus connu et le plus prisé des cinéphiles, ainsi que la deuxième association entre le metteur en scène et Pierre Brasseur, quelques mois seulement après La Tête contre les murs. Alors que le comédien interprétait précédemment un inquiétant directeur d’asile psychiatrique, il incarne ici un chirurgien de renom, spécialisé dans les greffes de peau et la régénérescence cellulaire. Le monstre du film, c’est bien lui, un être froid, glacial, peu loquace, Prométhée moderne, qui à l’instar du docteur Frankenstein, va (re)créer le visage défiguré de sa fille victime d’un accident, créature qui finira par lui échapper. D’après un scénario signé Boileau et Narcejac (Sueurs froides, Les Diaboliques), avec la collaboration de Georges Franju et de Claude Sautet (également assistant réalisateur), adapté d’un roman de Jean Redon, Les Yeux sans visage est une pierre fondatrice du cinéma d’épouvante international, dont on ne compte plus les admirateurs, de Pedro Almodóvar (La Piel que habito) à John Woo (Volte/Face), en passant par Leos Carax (Holy Motors) et George Romero (Bruiser). Un modèle de mise en scène, aussi magistrale qu’épurée, un mètre-étalon, une référence ultime, un vrai film culte.

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