Test Blu-ray / Miranda, réalisé par Tinto Brass

MIRANDA réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Serena Grandi, Andrea Occhipinti, Franco Interlenghi, Andy J. Forest, Franco Branciaroli, Malisa Longo, Laura Sassi, Isabelle Illiers…

Scénario : Tinto Brass, d’après la pièce de théâtre de Carlo Goldoni

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Italie, début des années 1950. La superbe Miranda tient une auberge. Libertine, elle tente d’oublier son mari, supposé mort à la guerre, dans les bras des hommes de passage dans son établissement : un chauffeur, un Américain, un élu local, un ancien fasciste… Lequel d’entre eux la satisfera à la fois en tant qu’amant et comme mari ? L’heure du choix a sonné et son employé, Toni, espère bien qu’il sera l’heureux élu.

Deux ans après La Clé, Tinto Brass, conforté par son précédent succès, continue sur sa lancée et plonge toujours plus profondément dans l’érotisme avec Miranda. En s’inspirant de la pièce La Locandiera (La Belle aubergiste) de Carlo Goldoni, dont la protagoniste s’appelle Mirandoline, le réalisateur de Caligula dresse un nouveau portrait d’une autre femme libre, qui assume son existence et la dirige comme elle le souhaite, surtout sa sexualité. Après avoir renoncé à engager Stefania Sandrelli, devenue trop chère à la suite du triomphe de La Clé, Tinto Brass jette son dévolu sur Serena Grandi, qui jusqu’à présent n’avait rien fait de vraiment mémorable, en dehors d’AnthropophagousAntropophagus (1980) de Joe d’Amato et quelques apparitions en tant que « silhouette » en tant qu’infirmière, caissière, policière et (c’était alors un passage obligé) prostituée. Le cinéaste remarque ses courbes affolantes (105-60-100) et décide de lui confier le premier rôle de Miranda. Disons-le carrément, les amateurs de poils, de postérieurs proéminents et de poitrines généreuses seront aux anges, Tinto Brass ne reculant devant rien pour mettre en valeur ces trois éléments cinégéniques (et ce dès le tout premier plan), quitte à choquer certains, même si rétrospectivement, la sincérité de la démarche prend le pas sur la vulgarité. Miranda, que son auteur a toujours trouvé supérieur à La Clé, n’est certes pas aussi riche sur le plan thématique, mais n’en reste pas moins une réussite et surtout moderne dans son message féministe.

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Test Blu-ray / La Clé, réalisé par Tinto Brass

LA CLÉ (La Chiave) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Stefania Sandrelli, Frank Finlay, Franco Branciaroli, Barbara Cupisti, Armando Marra, Maria Grazia Bon, Gino Cavalieri, Piero Bortoluzzi…

Scénario : Tinto Brass, d’après le roman de Jun’ichirō Tanizaki

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Venise, début 1940, alors que l’Italie se prépare à entrer en guerre auprès du Troisième Reich, Nino Rolfe, un aristocrate libertin d’âge mur, ne parvient plus à satisfaire sexuellement Teresa, cette épouse qu’il aime aussi passionnément qu’au premier jour. Tandis que son mari note ses fantasmes dans un journal intime, Teresa dissimule de moins en moins bien son attirance grandissante pour Laszlo, le fiancé de sa fille Lisa. Bravant interdits et tabous, la belle quadragénaire entame une relation avec son futur gendre…

Pour l’ensemble de la critique, il y a eu un avant et un après La CléLa Chiave dans la carrière de Giovanni Brass dit «Tinto » (né en 1933), même si celui-ci l’a toujours réfuté, dans le sens où son quatorzième long-métrage aborde des thèmes qui parcouraient déjà quelques-uns de ses films précédents. Ce que la postérité a surtout retenu de La Clé, c’est avant tout Stefania Sandrelli, volcanique, sans doute la comédienne la plus sexy de l’âge d’or du cinéma italien après Laura Antonelli. Au-delà de son incandescente prestation, l’actrice alors âgé de 37 ans et qui possédait déjà un C.V. qui en ferait jalouser plus d’un/e (Pietro Germi, Jean-Pierre Melville, Lucio Fulci, Bernardo Bertolucci, Mario Monicelli, Sergio Sollima, Luigi Comencini, Ettore Scola, Mauro Bolognini, Sergio Corbucci et bien d’autres), se livre pour la première fois nue en intégralité à la caméra et donc aux spectateurs, mis en situation de voyeur. Car La Clé n’est pas seulement voire pas du tout une œuvre où l’on se rince l’oeil uniquement, mais où l’intellect de l’audience est aussi mise à contribution, à travers une réflexion sur le couple et la sexualité, où l’homme tente de percer le mystère de la femme par n’importe quel moyen, comme si sa vie (ou son vit, c’est selon) en dépendait. Il y a du Visconti chez Tinto Brass, l’ancien assistant de Roberto Rossellini (Inde, terre mère, Le Général de la Rovere), qui adapte le roman La Clef (La Confession impudique) de Jun’ichirō Tanizaki, par ailleurs déjà adapté en 1959 par Kon Ichikawa, à Venise, dont l’atmosphère humide et éthérée convient parfaitement au réalisateur. Furieusement érotique, marqué par des scènes extrêmement crues (une érection par ci, un gros plan sur un sexe féminin par là) et le magnétisme de Stefania Sandrelli, La Clé a marqué l’esprit des cinéphiles du monde entier et continue quarante ans après sa sortie de faire de nouveaux adeptes, tout en s’imprimant de façon indélébile sur les yeux des heureux individus qui le découvriront pour la première fois.

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Test Blu-ray / Les Tortionnaires du camp d’amour, réalisé par Edoardo Mulargia

LES TORTIONNAIRES DU CAMP D’AMOUR (Orinoco: Prigioniere del sesso) réalisé par Edoardo Mulargia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 avril 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Anthony Steffen, Ajita Wilson, Cristina Lay, Stelio Candelli, Luciano Rossi, Aldo Minandri, Gota Gobert, Zaira Zoccheddu…

Scénario : Sergio Chiusi, Gil Carretero & Anthony La Penna

Photographie : Manuel Mateos

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Au cœur de la jungle amazonienne, le contrebandier Jordan utilise des femmes esclaves pour exploiter une mine d’émeraudes, leur faisant subir les pires sévices. Le révolutionnaire Laredo convoite la mine pour financer sa cause, et entreprend d’attaquer Jordan, comptant sur l’aide des prisonnières.

Tiens, revoilà nos prisonnières sexy ! Chose étrange, Les Tortionnaires du camp d’amourOrinoco: Prigioniere del sesso n’est pas du tout une suite aux Évadées du camp d’amour, contrairement à ce que son titre français pourrait nous faire penser. D’ailleurs, pour être précis, le titre d’exploitation hexagonal demeure La Fin des tortionnaires du camp d’amour n. 2. Allez comprendre. Alors oui, où nous en étions…cet opus a effectivement été tourné en même temps que Les Évadées du camp d’amour, coécrit par les mêmes scénaristes, dans les mêmes décors, avec quasiment la même distribution, par le même réalisateur, une équipe technique identique…mais il ne s’agit pas d’une sequel. En l’état, Les Tortionnaires du camp d’amour est moins attrayant que le « précédent », plus longuet, moins sexuel aussi (sans doute pour ça qu’on trouve le temps long), l’histoire reposant non pas sur une évasion cette fois, mais sur une invasion, puisque le camp central va être pris d’assaut par une bande de révolutionnaires armés jusqu’aux dents, autrement dit leur bite et leur couteau. Ces derniers sont menés par Laredo, le grand chef qui aime bien montrer son torse nu imberbe de quinquagénaire et tourné ses yeux bleus vers le soleil pour qu’on puisse les admirer. Cet être modeste et discret fomente une attaque pour s’emparer du magot du camp, les pierres précieuses récoltées par les femmes-esclaves dans des conditions inhumaines, afin d’agrandir sa petite entreprise. De leur côté, les captives aux jambes longues et fuselées, et très souvent aussi à la poitrine dénudée, qui se caressent sous la douche à côté de leurs copines…bref, celles-ci échafaudent un plan d’évasion dans l’espoir d’échapper à l’enfer du camp. Laredo va s’interposer et tout se terminera dans un joyeux bordel rempli d’explosions qui font boum et de fusillades qui font tatatata. Entre le prologue rigolo tourné dans un Center Parc romain et le final généreux en bastos, il n’y a malheureusement rien ou presque à se mettre sous la dent. Reste la curiosité de découvrir ce film après Les Évadées du camp d’amour, comme s’il s’agissait d’une version alternative.

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Test Blu-ray / Les Évadées du camp d’amour, réalisé par Edoardo Mulargia

LES ÉVADÉES DU CAMP D’AMOUR (Femmine infernali) réalisé par Edoardo Mulargia, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 avril 2023 chez Artus Films.

Acteurs : Anthony Steffen, Ajita Wilson, Cristina Lay, Cintia Lodetti, Luciano Pigozzi, Serafino Profumo, Maite Nicote, Yael Forti…

Scénario : Sergio Chiusi, Gil Carretero & Edoardo Mulargia

Photographie : Manuel Mateos

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Au cœur d’une forêt tropicale se trouve un camp de détention pour femmes. Isolés du monde, les gardiens en profitent pour abuser des prisonnières, leur faisant subir les pires sévices. Ne supportant plus la cruauté dont elles sont victimes, un groupe de jeunes femmes va tenter de s’évader, avec l’aide du médecin du camp.

Quand on fouine pour en savoir toujours plus sur le genre dit du Women In Prison, ou plus simplement WIP, on trouve bien sûr les liens avec le cinéma d’exploitation, dont les films qui s’y rattachent se focalisent la plupart du temps sur des prisonnières qui subissent des sévices dégradants afin d’exciter ou de dégoûter le spectateur. Comme la Nazisploitation et la Nonnesploitation, sauf que nous avons ici de splendides créatures chichement vêtues, leurs guenilles dévoilant fréquemment un sein généreux, passant du bon temps ensemble dans leur cellule étroite (il faut bien se consoler comme on peut), avant de retourner bosser (aux travaux forcés, mais pas trop pour ne pas gâcher la manucure) et de comploter en secret le moyen de se tirer. On retrouve tous ces ingrédients dans Les Évadées du camp d’amourFemmine infernali, ou Escape from Hell pour les anglo-saxons, avant-dernière réalisation d’Edoardo Mulargia (1925-2005). Cet habile artisan, dont les capacités techniques avaient pu être remarquées dans les excellents Viva Django ! (1971) et Tropique du Cancer (1972), fait ce qu’il peut pour Les Évadées du camp d’amour, qui n’est certes pas exceptionnel, euphémisme, mais qui n’en reste pas moins divertissant. Le spectateur devra cependant s’armer de patience en raison d’un grand manque de rythme qui finit par désintéresser de l’histoire à mi-parcours. Heureusement, la machine se relance dès que le groupe de nanas prend la poudre d’escampette dans la jungle hostile, où les serpents, les sangsues, les sables mouvants et autres réjouissances les attendent. Sympathique quoi.

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Test Blu-ray / Le Duo de la mort – Femina Ridens, réalisé par Piero Schivazappa

LE DUO DE LA MORT (Femina Ridens) réalisé par Piero Schivazappa, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Philippe Leroy, Dagmar Lassander, Lorenza Guerrieri, Varo Soleri, Maria Cumani Quasimodo, Mirella Pamphili…

Scénario : Piero Schivazappa

Photographie : Sante Achilli

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h30 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le docteur Sayer (Philippe Leroy), directeur d’une association philanthropique, fait la connaissance de Maria (Dagmar Lassander), journaliste qui souhaite lui consacrer un article. Sayer propose à la jeune femme de venir à son domicile. A son arrivée, il la drogue et la séquestre. Car Maria est la nouvelle proie d’un sociopathe dont le grand projet secret est de rétablir la domination de l’homme sur la femme, un peu trop malmenée à son goût par la vague de liberté post-68.

En 1969, le giallo italien est encore un genre naissant, dont Mario Bava a posé les fondations formelles et thématiques avec Six Femmes pour l’assassin cinq ans plus tôt. Femina Ridens, de Piero Schivazappa, semble cocher assez de cases pour figurer parmi ses représentants : l’assassin à la psyché défaillante, sa victime torturée et terrifiée, la violence graphique, la mise en scène hyper stylisée, les gros plans fétichistes, les couleurs parfois surréalistes… Or, sitôt Dagmar Lassander entre les griffes de Philippe Leroy, il apparaît assez clairement que Schivazappaquestionne le giallo plus qu’il ne s’en réclame. Ainsi, au moment d’ « exposer » sa proie après l’avoir droguée, le docteur Sayer modifie l’éclairage de la pièce en apposant une gélatine rouge sur la lampe, faisant ainsi baigner le tout dans une ambiance lumineuse familière des amateurs de gialli et des derniers films en date de Mario Bava (et de ceux à venir de Dario Argento). Un peu plus tard, Sayer projette à Maria des images de ses précédentes victimes, brutalisées devant son objectif dans des postures au sadisme presque élégant, pour mieux la terroriser. Ce faisant, le cinéaste fait de son personnage masculin une sorte d’alter ego malade et nous place, nous, dans la situation de Maria, certes victime de Sayer, mais aussi spectatrice de ses actes. Premier vertige d’un film qui en réserve beaucoup d’autres. Car s’il détourne le maniérisme du giallo, Schivazappa en retourne aussi les thèmes de prédilection.

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Test Blu-ray / Nue pour l’assassin, réalisé par Andrea Bianchi

NUE POUR L’ASSASSIN (Nude per l’assassino) réalisé par Andrea Bianchi, disponible en Blu-ray – Édition limitée chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Edwige Fenech, Nino Castelnuovo, Femi Benussi, Solvi Stubing, Amanda, Franco Diogene, Erna Schürer…

Scénario : Massimo Felisatti, d’après une histoire originale d’Andrea Bianchi

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Berto Pisano

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Une mannequin décède lors d’un avortement clandestin. A la suite de cette tragédie, le docteur qui a pratiqué l’opération est sauvagement assassiné. Très rapidement, tous ceux qui se trouvaient dans l’entourage de la jeune femme meurent sous les coups d’un dangereux inconnu habillé en motard…

Andrea Bianchi (1925-2013) démarre sa carrière en 1972, comme assistant du réalisateur John Hough sur L’île au trésor, adaptation du roman de Robert Louis Stevenson, avec rien de moins qu’Orson Welles dans le rôle de Long John Silver. Il passe très vite derrière la caméra lui-même en surfant sur la vague des poliziotteschi (Quelli che contano avec feu Henry Silva et Barbara Bouchet), signe une comédie avec notre Jacques Dufilho national (Basta con la guerra… facciamo l’amore), puis décide de réaliser un giallo. Ce sera Nue pour l’assassinNude per l’assassino, en fait à mi-chemin entre le thriller alors en vogue et le film érotique. Car le moins le que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi se rincer l’oeil, même les deux, dans ce giallo qui convoque un délicieux casting féminin, actrices qui sont déshabillées à la moindre occasion. Sur celles-ci, trône la merveilleuse et sublime Edwige Fenech, qui délaissait alors la comédie coquine, puisqu’elle venait d’enchaîner La Belle et le puceau, Ah mon petit puceau et La Prof donne des leçons particulières. Si ses partenaires n’hésitent pas à jouer dans le plus simple appareil comme Femi Benussi (Les 1001 nuits érotiques d’Antonio Margheriti, Une hache pour la lune de mielIl Rosso segno della follia de Mario Bava, Adolescence pervertie de José Bénazéraf), Solvi Stubing (Moi, moi, moi et les autres d’Alessandro Blasetti, Opération San Gennaro de Dino Risi), Erna Schurer (La Poupée de Satan de Ferruccio Casapinta), il est indéniable que nous n’avons souvent d’yeux que pour Edwige Fenech, peut-être la plus belle créature du cinéma italien des années 1970. L’ombre de Six femmes pour l’assassin de Mario Bava plane sur l’histoire de Nue pour l’assassin, jusque dans le titre d’ailleurs, en plaçant l’action dans le domaine de la mode. Si Andrea Bianchi n’a évidemment pas le talent de son modèle, le metteur en scène se débrouille très bien et livre un opus divertissant, aux meurtres étonnamment brutaux et sanglants et on lui pardonnera volontiers une tripotée (le terme est bien choisi) de plans complètement gratuits sur les courbes affriolantes des comédiennes, le film démarrant directement sur un gros plan sur les jambes écartées d’une demoiselle. Sympathique, à défaut d’être inoubliable, Nude per l’assassino nourrit tout de même la légende Fenech.

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Test 4K UHD / Le Sang des autres ou la volupté de l’horreur, réalisé par Ken Ruder

LE SANG DES AUTRES OU LA VOLUPTÉ DE L’HORREUR – LES CHEMINS DE LA VIOLENCE – PERVERSIONS SEXUELLES (El Secreto de la momia egipcia) réalisé par Ken Ruder, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray – Édition limitée chez Le Chat qui fume.

Acteurs : George Rigaud, Teresa Gimpera, Michael Flynn, Catherine Franck, Frank Braña, Patricia Lee, Sandra Reeves, Julie Presscott…

Scénario : Vincent Didier & Julio Salvador

Photographie : Raymond Heil

Musique : Max Gazzola

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Angleterre, XIXème siècle. Plusieurs jeunes femmes ont disparu ces derniers temps dans le village jouxtant le château du comte de Dartmoor, scientifique féru d’occultisme, reclus dans son domaine avec John, son fidèle serviteur. Or, selon les rumeurs, la cause de ces disparitions serait liée au châtelain. Sous prétexte d’assister le scientifique, James Barton se présente à lui en qualité d’égyptologue…

Le Sang des autres ou la volupté de l’horreur, ou Les Chemins de la violence, ou bien encore Perversions sexuelles, cela dépend la version du film que vous avez pu voir, selon le degré de nudité des actrices. Le titre original est en fait El Secreto de la momia egipcia, une coproduction franco-ibérique sortie courant juin 1973 dans l’Hexagone et un an plus tard sur les écrans espagnols. À la barre est crédité un certain Ken Ruder, dont on ne sait pratiquement rien, si ce n’est qu’il s’agit du pseudonyme d’Alejandro Martí, qui signait son second et dernier film comme réalisateur, cinq ans après Elisabeth, opus en costume teinté de chansons, de danses, de musique, d’humour et d’aventures, quasiment invisible ou pour ainsi dire disparu aujourd’hui. Dans Le Sang des autres (nous l’appellerons comme ça), on retrouve son goût pour les grands paysages et le travail sur les couleurs, mis cette fois au service d’un récit qui oscille entre l’horreur et l’érotisme. Le scénario coécrit par Vincent Didier et Julio Salvador (auteur du thriller La Machination, avec Léa Massari, Marisa Mell, Philippe Leroy et…Roger Hanin) surfe sur la vague de plusieurs genres alors prisés par les spectateurs, mais compile surtout diverses références de la littérature fantastique et d’épouvante. En apparaissant finalement comme un chaînon manquant entre Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley et Dracula de Bram Stoker, Le Sang des autres se nourrit de ces mythes prestigieux pour donner naissance à un long-métrage particulièrement ambitieux, aussi bien sur le fond que sur la forme, en contentant à la fois l’âme, le coeur et le bas-ventre des cinéphiles adeptes d’expériences cinématographiques et les cinéphages à la recherche de divertissements alliant le sang et les belles nanas dévoilées dans le plus simple appareil. Une sacrée découverte.

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Test Blu-ray / Cours privé, réalisé par Pierre Granier-Deferre

COURS PRIVÉ réalisé par Pierre Granier-Deferre, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 19 janvier 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Elizabeth Bourgine, Michel Aumont, Xavier Deluc, Sylvia Zerbib, Emmanuelle Seigner, Lucienne Hamon, Pierre Vernier, Rosine Rochette, Guillaume de Tonquédec, Sandrine Kiberlain…

Scénario : Jean-Marc Roberts, Pierre Granier-Deferre & Christopher Frank

Photographie : Robert Fraisse

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Jeanne Kern est enseignante dans un cours privé mixte. Elle est jeune, jolie et le sait. Tout le monde est attiré par elle; des élèves aux professeurs jusqu’au directeur, Monsieur Ketti. Un jour, une lettre anonyme parvient sur le bureau de Ketti, mettant en cause Jeanne d’une manière on ne peut plus claire, par des allusions précises sur son anatomie intime et l’usage qu’elle en fait. Les lettres se succèdent et bientôt, ce sont des photos qui inondent l’établissement. Tout le monde en reçoit: le directeur, les professeurs, les parents. Elles représentent une « soirée spéciale » au cours de laquelle de très jeunes personnes font l’amour…

Si on l’a souvent vue à la télévision, notamment dans Meurtres au paradis depuis une dizaine d’années, la divine Élizabeth Bourgine, Prix Romy-Schneider en 1985, a su marquer moult spectateurs dans Vive la sociale ! (1983) de Gérard Mordillat (nommée pour le César du meilleur espoir féminin), mais surtout dans La Septième Cible (1984) de Claude Pinoteau (nommée de nouveau, mais au César de la meilleure actrice dans un second rôle), où elle incarnait la fille de Lino Ventura et sans doute encore plus dans Cours privé de Pierre Granier-Deferre. Sorti sur les écrans français en novembre 1986, ce dernier reste tout d’abord célèbre pour son affiche d’exploitation qui avait fait couler beaucoup d’encre, celle où la comédienne apparaît de trois-quarts dos, quasi-nue, seulement vêtue d’un serre-taille rouge. Un visuel sulfureux et excitant qui avait évidemment de quoi titiller la curiosité du public. Alors que Jean de Florette venait de cartonner, que Manon des sources se profilait, que Top Gun remplissait les salles et Cobra avec Stallone le tiroir-caisse de la Warner, Cours privé parvenait à attirer près de 600.000 curieux. Réalisateur d’immenses succès populaires tels que La Horse, Adieu poulet, La Veuve Couderc, Le Chat, Le Train, Une femme à sa fenêtre, Le Toubib, Pierre Granier-Deferre démarre les années 1980 en dirigeant encore et toujours les plus grands du cinéma hexagonal, de Michel Piccoli (Une étrange affaire) à Philippe Noiret (L’Étoile du Nord, L’Ami de Vincent) en passant par Jean-Louis Trintignant (L’Homme aux yeux d’argent). Dans Cours privé, le cinéaste donne pour ainsi dire le rôle de sa vie à son actrice principale, Élizabeth Bourgine, quasiment de toutes les scènes, de tous les plans, avec laquelle il collaborera encore deux fois par la suite, dans Noyade interdite (1987) et La Couleur du vent (1988). Hypnotique, troublant, Cours privé annonce, et ce bien avant l’avènement des réseaux sociaux, comment une personne peut devenir la cible de rumeurs et d’accusations, ici une jeune enseignante sexy, qui détonne dans son environnement professionnel. Quelques problèmes de rythme, mais le film demeure aussi efficace que mémorable.

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Test Blu-ray / 99 femmes, réalisé par Jess Franco

99 femmes (Der heiße Tod) réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 mai 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Maria Schell, Herbert Lom, Mercedes McCambridge, Luciana Paluzzi, Maria Rohm, Rosalba Neri, Elisa Montés, Valentina Godoy…

Scénario : Jess Franco, Carlo Fadda, Milo G. Cuccia, Peter Welbeck & Javier Péres Grober

Photographie : Manuel Merino

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Des jeunes femmes sont envoyées au pénitencier Castillo de la muerte, au milieu du Pacifique, dirigé de main de fer par la directrice Diaz, qui n’hésite pas à abuser sexuellement des prisonnières. Marie, le numéro 99, est sa proie favorite. Mais devant la série de morts inexpliquées au sein de l’île, le gouvernement diligente une enquête. La jeune inspectrice Léonie est chargée de faire un rapport.

1969 est certes l’année érotique comme le chantaient Serge Gainsbourg et Jane Birkin, mais aussi celle où Jess Franco livrait quelques-uns de ses meilleurs crus comme Sumuru, la cité sans hommes, Le Trône de feu The Bloody Judge, tandis que certains pays pouvaient déjà découvrir Justine ou les Infortunes de la vertu. Un autre opus tourné à cette période sort également du lot, Les Brûlantes ou L’Amour dans les prisons de femmes (agrémenté d’inserts pornographiques en France), 99 Mujeres ou tout simplement 99 femmes pour l’exploitation vidéo-DVD du film, son premier long-métrage catégorisé Women In Prison. Le réalisateur espagnol y reviendra souvent, avec Des femmes pour le bloc 9 Frauen für Zellenblock 9 ou bien encore Quartier de femmes Los amantes de la isla del diablo. Pour ses débuts dans ce sous-genre du cinéma Bis, Jess Franco s’en sort formidablement et l’on suit avec autant de plaisir déviant qu’un réel intérêt cinéphile ces prisonnières qui subissent des sévices dégradants et qui décident à un moment donné de se rebeller, dans l’espoir de se sortir de leurs conditions. Évidemment, 99 femmes repose sur un casting essentiellement féminin composé de magnifiques créatures, Maria Schell (Le Trône de feu, Le Diable par la queue, Nuits blanches, Gervaise, La Ruée vers l’ouest), Maria Rohm (Venus in Furs, Justine ou les infortunes de la vertu, Les Inassouvies, L’Appel de la forêt), Elisa Montes (Django, ne prie pas, Texas Adios), Luciana Paluzzi (Opération Tonnerre, Le Vice et la vertu) et surtout Rosalba Neri. Cette dernière, comme elle l’avait précédemment fait dans Pas de roses pour O.S.S. 117 d’André Hunebelle, Furie au Missouri d’Alfonso Brescia, Opération Re Mida (Lucky l’intrépide) de Jess Franco, Hercule contre les vampires de Mario Bava, et le fera encore par la suite dans Les Vierges de la pleine lune de Luigi Batzella et A la recherche du plaisir de Silvio Amadio, crève l’écran de sa beauté animale et Jess Franco l’a bien compris en la mettant en valeur à chaque apparition. On ne s’en lasse pas.

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Test Blu-ray / Draguse ou la manoir infernal, réalisé par Patrice Rhomm

DRAGUSE OU LE MANOIR INFERNAL réalisé par Patrice Rhomm, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Monica Swinn, Olivier Mathot, Claudine Beccarie, Sylvia Bourdon, Erika Cool, Gilbert Servien, Danièle Nègre, Martine Fléty…

Scénario : Patrice Rhomm & Eric de Winter

Photographie : Johan Vincent

Musique : Albert Assayag & Jean Fenol

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Spécialiste du roman historique, David Leger, un écrivain dont les tirages baissent, se voit contraint d’accepter de rédiger un best seller érotique. Il voit se matérialiser chaque nuit toutes les perversions lubriques dont son cerveau devient la proie. Des créatures diaboliques et perverses sont les héroïnes de ses fantasmes et lui ouvrent les portes de l’enfer.

Né en 1931, Patrice Rondard alias Patrice Rhomm, démarre sa carrière de façon « soft » en écrivant le scénario de Banco à Bangkok pour OSS 117 (1964) d’André Hunebelle. A la fin des années 1960, attiré par le genre, il écrit l’histoire de l’excellent Au service du diable (1971) de Jean Brismée. Le cinéma érotique et pornographique explose au cinéma. Sous le nom de Patrice Rhomm, Mark Stern, Mike Starr ou d’Homer Bingo, Patrice Rondard s’engouffre dans la brèche (amis de la poésie…) et passe derrière la caméra pour L’Archisexe (1975). Suivront les légendaires La Grande extase (1976), avec l’incroyable Marie-Christine Guennec et Elsa Fräulein SS (1977), le second restant l’un des fleurons de la nazisploitation d’Eurociné avec Malisa Longo. Mais juste avant, le sieur Rhomm signait son deuxième long-métrage, Draguse ou le manoir infernal. Euh euh euh euh, comment dire eeeeeeeuh… (Tout chez moi l’habite, Richard Gotainer), comment parler de cet opus pour ainsi dire inclassable, qui contient son lot de scènes érotiques, voire pornographiques, qui convoque divers éléments fantastiques, une petite touche de nazisploitation (on y baise en uniforme SS, en respectant le rythme imposé par le pas de l’oie, devant une croix gammée, en écoutant un chant nazi) et même un soupçon de film à sketches et de documentaire…Draguse ou le manoir infernal est un Objet Filmique Non Identifié, qui parvient à contenter les hormones des bouffeurs de péloches déviantes et ceux qui recherchent ce petit truc en plus, en l’occurrence ici un témoignage, non seulement sur un Paris révolu, mais aussi sur le cinéma d’exploitation avec quelques belles images sur les sex-shops et surtout sur les cinémas spécialisés et leurs affiches aux titres explicites (L’Hôtesse de Copenhague, Les Affamées du mâle, Les Hôtesses du lit, Le Jouisseur, La Partouze, Certaines chattes n’aiment pas le mou, Les Perverties du plaisir, La Nuit de la grande chaleur, Viol de nuit, La Foire au sexe, Emilienne…), dont plus rien ne subsiste aujourd’hui dans la capitale.

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