Test Blu-ray / Nue pour l’assassin, réalisé par Andrea Bianchi

NUE POUR L’ASSASSIN (Nude per l’assassino) réalisé par Andrea Bianchi, disponible en Blu-ray – Édition limitée chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Edwige Fenech, Nino Castelnuovo, Femi Benussi, Solvi Stubing, Amanda, Franco Diogene, Erna Schürer…

Scénario : Massimo Felisatti, d’après une histoire originale d’Andrea Bianchi

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Berto Pisano

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Une mannequin décède lors d’un avortement clandestin. A la suite de cette tragédie, le docteur qui a pratiqué l’opération est sauvagement assassiné. Très rapidement, tous ceux qui se trouvaient dans l’entourage de la jeune femme meurent sous les coups d’un dangereux inconnu habillé en motard…

Andrea Bianchi (1925-2013) démarre sa carrière en 1972, comme assistant du réalisateur John Hough sur L’île au trésor, adaptation du roman de Robert Louis Stevenson, avec rien de moins qu’Orson Welles dans le rôle de Long John Silver. Il passe très vite derrière la caméra lui-même en surfant sur la vague des poliziotteschi (Quelli che contano avec feu Henry Silva et Barbara Bouchet), signe une comédie avec notre Jacques Dufilho national (Basta con la guerra… facciamo l’amore), puis décide de réaliser un giallo. Ce sera Nue pour l’assassinNude per l’assassino, en fait à mi-chemin entre le thriller alors en vogue et le film érotique. Car le moins le que l’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi se rincer l’oeil, même les deux, dans ce giallo qui convoque un délicieux casting féminin, actrices qui sont déshabillées à la moindre occasion. Sur celles-ci, trône la merveilleuse et sublime Edwige Fenech, qui délaissait alors la comédie coquine, puisqu’elle venait d’enchaîner La Belle et le puceau, Ah mon petit puceau et La Prof donne des leçons particulières. Si ses partenaires n’hésitent pas à jouer dans le plus simple appareil comme Femi Benussi (Les 1001 nuits érotiques d’Antonio Margheriti, Une hache pour la lune de mielIl Rosso segno della follia de Mario Bava, Adolescence pervertie de José Bénazéraf), Solvi Stubing (Moi, moi, moi et les autres d’Alessandro Blasetti, Opération San Gennaro de Dino Risi), Erna Schurer (La Poupée de Satan de Ferruccio Casapinta), il est indéniable que nous n’avons souvent d’yeux que pour Edwige Fenech, peut-être la plus belle créature du cinéma italien des années 1970. L’ombre de Six femmes pour l’assassin de Mario Bava plane sur l’histoire de Nue pour l’assassin, jusque dans le titre d’ailleurs, en plaçant l’action dans le domaine de la mode. Si Andrea Bianchi n’a évidemment pas le talent de son modèle, le metteur en scène se débrouille très bien et livre un opus divertissant, aux meurtres étonnamment brutaux et sanglants et on lui pardonnera volontiers une tripotée (le terme est bien choisi) de plans complètement gratuits sur les courbes affriolantes des comédiennes, le film démarrant directement sur un gros plan sur les jambes écartées d’une demoiselle. Sympathique, à défaut d’être inoubliable, Nude per l’assassino nourrit tout de même la légende Fenech.

À Milan, au milieu des années 1970, un mystérieux tueur, vêtu d’une combinaison noire, le visage dissimulé sous un casque de moto, s’est mis en tête d’occire le personnel du Studio Albatros, une agence de mannequins. Deux photographes, Magda Cortis et Carlo Gunter, mènent l’enquête, ignorant que cette vague de meurtres sauvages est liée à la mort récente d’une jeune femme, suite à un avortement clandestin.

Si l’on ne retiendra pas forcément la révélation finale, somme toute décevante et que certains devineront, la sécheresse des assassinats reste percutante avec des seins et des sexes tranchés, des oreilles découpées… En dépit de quelques errances et ventres mous, à l’instar de la séquence où la mannequin Doris (Erna Schurer) se fait enlever par l’obèse Maurizio (Franco Diogene, vu dans La Flic à la police des mœurs, La Prof à la plage, Les Contrebandiers de Santa Lucia), Nue pour l’assassin se tient bien grâce à un scénario suffisamment solide de Massimo Felisatti (L’Appel de la chair d’Emilio Miraglia), même si banal et prévisible, d’après une histoire concoctée par Andrea Bianchi. Tous les ingrédients du giallo sont présents avec un tueur masqué (ou casqué ici) muni d’une arme blanche aiguisée, une combinaison en cuir remplaçant l’habituel imperméable. Les victimes se multiplient et s’enchaînent sans que le spectateur ne ressente vraiment les trous d’air narratifs.

Au milieu de toutes ces jolies poupées, s’agite et déambule (parfois en maillot de bain moule-paquet) Nino Castelnuovo, venu du cinéma de Pietro Germi, Carlo Lizzani, Luchino Visconti, Luigi Comencini, Bruno Corbucci, visage mythique de la Nouvelle vague française (Les Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy, Les Créatures d’Agnès Varda, le sketche de Jean-Luc Godard pour La Contestation), qui allait quitter le cinéma pour la télévision. L’acteur s’en donne à coeur joie et la langue gourmande pour embrasser Edwige Fenech, l’alchimie entre les deux têtes d’affiche étant évidente et participant à la réussite de Nue pour l’assassin.

Du point de vue technique, la photographie du chef opérateur Franco Delli Colli (Zeder, les voix de l’au-delà de Pupi Avati) manque sans doute d’identité, mais pas de classe, bon point aussi pour la musique de Berto Pisano (La Mort a souri à l’assassin de Joe d’Amato, La Grosse pagaille de Steno, Superargo contre les robots de Paolo Bianchini) dont la petite ritournelle reste en tête bien longtemps après. Avant de se tourner progressivement vers le porno pur et dur, genre dans lequel il dirigera Rocco Siffredi et Roberto Malone, Andrea Bianchi livrait un giallo plaisant, honnête et généreux en sangue & tette. Et puis un film qui se termine sur une pirouette basée sur la sodomie ne saurait être mauvais.

LE BLU-RAY

Nue pour l’assassin a connu une autre vie en support physique en France, en DVD chez Neo Publishing en 2007, dans la collection Giallo, avant d’intégrer quelques mois plus tard celle des Crimes les plus pervers de l’éditeur. Le Chat qui fume reprend le flambeau et propose cette fois le film d’Andrea Bianchi en Haute-Définition. Un superbe objet qui devrait faire le bonheur des collectionneurs, qui intégreront cet opus à leur anthologie personnelle. Digipack à trois volets, glissé dans un fourreau cartonné très élégant. Le menu principal est animé et musical. Édition limitée à 1000 exemplaires.

L’éditeur reprend tout d’abord l’interview de Nino Castelnuovo (disparu en 2021), que l’on trouvait sur l’ancienne édition DVD (18’). Un entretien qui n’a pas vraiment d’intérêt, tout simplement parce que le comédien avoue ne plus se souvenir des conditions de tournage de Nue pour l’assassin (en dehors de ses ravissantes partenaires), film qu’il n’avait d’ailleurs jamais vu avant de préparer cet entretien. Néanmoins, l’acteur le replace dans sa carrière (il venait de jouer chez Jean-Claude Brialy dans Un amour de pluie, auprès de Romy Schneider), pense (même s’il n’est pas certain) que presque tout le film a été tourné à Rome (il s’agit en fait de Milan), tout en avouant que jouer dans un giallo classique le fascinait. Nino Castelnuovo s’exprime ensuite brièvement sur le casting, le directeur de la photographie et le réalisateur.

Le Chat qui fume est allé à la rencontre d’Erna Schurer (15’30). L’interprète de Doris dans Nue pour l’assassin, aujourd’hui âgée de 80 ans, revient sur ses débuts, indiquant qu’elle désirait à l’origine devenir réalisatrice. De son vrai nom Emma Costantino, la comédienne aborde ensuite la collaboration avec Andrea Bianchi (« un intellectuel »), ses partenaires à l’écran, le tournage des scènes dénudées (« cela ne me posait aucun problème ») et déclare être étonnée de la pérennité de ce film qu’elle considère comme étant mineur dans sa carrière.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Rebelote pour Le Chat qui fume, voici que déboule l’édition HD de Nue pour l’assassin. L’éditeur a encore frappé. Dès le générique d’ouverture, l’image, au format respecté 2.35, affiche une propreté remarquable et une stabilité jamais prise en défaut, la clarté est de mise, les couleurs sont élégantes (omniprésence de teintes rouges, des décors en passant par les accessoires, jusqu’au titre), le grain cinéma est bien géré, les contrastes plutôt riches, le piqué agréable. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète. En dehors de petits poils en bord de cadre, c’est franchement superbe ! Le Blu-ray est au format 1080p.


Comme pour l’image, le son a visiblement connu un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien 2.0, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est indéniable, les dialogues sont clairs et nets. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Surf Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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