Test DVD / Les Envoûtés, réalisé par Pascal Bonitzer

LES ENVOÛTÉS réalisé par Pascal Bonitzer, disponible en DVD le 5 août 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Sara Giraudeau, Nicolas Duvauchelle, Nicolas Maury, Anabel Lopez, Iliana Lolic, Josiane Balasko, Jérôme Kircher, José Luis Gomez, Laurent Pedebernard…

Scénario : Pascal Bonitzer, Agnès de Sacy d’après une nouvelle d’Henry James

Photographie : Julien Hirsch, Pierre Milon

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h37

Année de sortie : 2019

LE FILM

Pour le “récit du mois”, Coline, pigiste pour un magazine féminin, est envoyée au fin fond des Pyrénées interviewer Simon, un artiste un peu sauvage qui aurait vu lui apparaître le fantôme de sa mère à l’instant de la mort de celle-ci… Interview qu’elle est d’autant plus curieuse de faire que sa voisine la belle Azar prétend, elle, avoir vu le fantôme de son père ! Simon, au cours de la nuit de leur rencontre, tente de séduire Coline, qui lui résiste mais tombe amoureuse…

A chaque film, ou presque, réalisé par Pascal Bonitzer, il se crée comme une réaction chimique, une empathie immédiate pour les personnages souvent animés par une fureur de vivre dissimulée derrière un masque de mélancolie. Pour son huitième long-métrage en tant que réalisateur, le scénariste de Raoul Ruiz (La Vocation suspendue, Trois vies et une seule mort), d’André Téchiné (Les Soeurs Brontë, Ma saison préférée), de Jacques Rivette (L’Amour par terre, La Belle Noiseuse) et de Chantal Akerman (Golden Eighties) se frotte au genre fantastique à travers une histoire d’amour contrariée par une présence, celle de la mort, qui happe sans crier gare celles et ceux qui nous sont proches, mais dont l’aura demeure omniprésente. Epaulé par sa coscénariste Agnès De Sacy (Il est plus facile pour un chameau…, Je l’aimais), avec laquelle il avait déjà signé ses deux précédents films, Chercher Hortense (2012) et Tout de suite maintenant (2016), Pascal Bonitzer confirme encore et toujours l’originalité de son cinéma, sa solide direction d’acteurs, son sens pour les dialogues et la délicatesse de sa mise en scène.

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Test Blu-ray / Police Frontière, réalisé par Tony Richardson

POLICE FRONTIÈRE (The Border) réalisé par Tony Richardson, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Valerie Perrine, Warren Oates, Elpidia Carrillo, Shannon Wilcox, Manuel Viescas, Jeff Morris…

Scénario : David Freeman, Walon Green, Deric Washburn

Photographie : Ric Waite

Musique : Ry Cooder

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Charlie Smith cède aux caprices de sa femme, Marcy, qui a des goûts de luxe… Or, il n’est que policier et par conséquent, pas très riche ! La dernière lubie de celle-ci est d’acheter une maison à El Paso, près de la frontière mexicaine. Charlie accepte de se faire muter là-bas et il découvre que la police là-bas ferme les yeux sur de nombreux trafics, notamment sur celui de l’immigration.

Coincé entre Shining (1980) de Stanley Kubrick, Le Facteur sonne toujours deux foisThe Postman Always Rings Twice (1981) de Bob Rafelson, Reds (1981) de Warren Beatty et Tendres passionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks qui lui vaudra le deuxième Oscar de sa carrière, Police frontièreThe Border (1982) de Tony Richardson (1928-1991) est un petit bijou dissimulé dans la filmographie conséquente de Jack Nicholson. A travers ce rôle, le comédien renoue avec les personnages qu’il campait dans les années 1970, à l’instar de Cinq pièces facilesFive Easy Pieces (1970) de Bob Rafelson ou La Dernière CorvéeThe Last Detail (1973) de Hal Ashby. L’incarnation parfaite des oubliés de l’American Dream, souvent paumés dans les petites bourgades fantomatiques des Etats-Unis. Dans Police Frontière, Jack Nicholson interprète le dernier homme intègre et droit de son espèce, un représentant de la loi, envoyé à l’autre bout du pays, là où il n’a pas choisi d’aller, mais mené par le bout du nez par son épouse déconnectée de la réalité. Jusqu’au jour où la rencontre avec une jeune mexicaine lui apparaît comme une dernière chance, une absolution, dans un monde devenu un camp de concentration à ciel ouvert, au sens propre comme au figuré. Au-delà des symboles politico-sociaux-religieux qui parcourent le récit, Police frontière est aussi et surtout un thriller dramatique percutant qui n’a jamais été autant d’actualité avec la politique de Donald Trump.

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Test Blu-ray / Incubus, réalisé par John Hough

INCUBUS (The Incubus) réalisé par John Hough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 26 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Helen Hughes, Erin Noble, Duncan McIntosh, Harvey Atkin, Harry Ditson…

Scénario : George Franklin d’après le roman de Ray Russell

Photographie : Albert J. Dunk

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h32

Année de sortie : 1981

LE FILM

Une petite ville américaine est le théâtre d’une série de meurtres et de viols d’une rare violence. Afin d’identifier le coupable, le shérif Hank Walden fait appel au docteur Jack Cordell. Or, le petit ami de la fille de Cordell est hanté par d’étranges cauchemars…et les meurtres se multiplient.

Même s’il n’a connu qu’un succès d’estime à sa sortie, Incubus, ou THE Incubus en version originale, est rapidement devenu un classique du film fantastique et d’épouvante. Le film détenait déjà de sérieux atouts dans sa manche, en l’occurrence John Cassavetes devant la caméra (et à la production, même si non mentionné à ce poste) et le réalisateur John Hough aux manettes. Le cinéaste britannique (né en 1941), à qui l’on doit de grandes réussites comme Les Sévices de Dracula – Twins of Evil (1971), La Maison des damnésThe Legend of Hell House (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary Crazy Larry (1974) et La Montagne ensorceléeEscape to Witch Mountain (1975) avait déjà collaboré avec le comédien sur La Cible étoilée Brass Target en 1978. Ravi de cette expérience, John Cassavetes, entre Gloria et Love Streams, revient vers John Hough pour lui proposer Incubus. Ce dernier accepte, même si le scénario, à l’origine adapté du roman de Ray Russell, change du tout au tout une semaine avant la date prévue du début des prises de vues, selon les vœux de la star du cinéma indépendant. Incubus est une œuvre qui se fera au jour le jour, sans que les acteurs soient mis au courant des changements de dernière minute, et ce jusqu’à l’ultime tour de manivelle où le casting apprend enfin qui est le fameux Incubus de l’histoire. En résulte un récit quelque peu alambiqué, pour ne pas opaque puisque de nombreux éléments resteront sans réponse, mais diaboliquement (le terme est bien choisi) mis en scène et impeccablement interprété. De la bonne came qui continue de faire son effet presque quarante ans après sa sortie et qui n’a d’ailleurs rien à envier, ce serait même le contraire, aux films de genre contemporains.

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Test DVD / Chaque chose en son temps – The Family Way, réalisé par Roy & John Boulting

CHAQUE CHOSE EN SON TEMPS (The Family Way) réalisé par Roy & John Boulting, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Hayley Mills, Avril Angers, John Comer, Wilfred Pickles, John Mills, Marjorie Rhodes, Hywel Bennett, Murray Head…

Scénario : Bill Naughton d’après sa pièce de théâtre.

Photographie : Harry Waxman

Musique : Paul McCartney, George Martin

Durée : 1h51

Année de sortie : 1966

LE FILM

Arthur et Jenny, beaux jeunes et innocents, s’aiment et se marient. Par souci d’économie, ils s’installent chez les parents d’Arthur dans une banlieue britannique. Mais à la suite d’une mauvaise plaisanterie, la nuit de noces tant attendue tourne au fiasco. S’ensuivra une terrible réaction en chaîne dans une difficile promiscuité.

Réalisé en 1966 par les célèbres frères jumeaux Boulting, John et Roy de leur prénom, The Family Way, sorti en France sous le titre Chaque chose en son temps, a connu une véritable controverse à sa sortie, en raison de ses divers sujets abordés quelque peu tabou et annonciateurs de l’explosion de la fin des années 1960. Entre l’impuissance d’un jeune homme qui n’arrive pas à faire honneur à son épouse, âgée de 20 ans et dont les hormones s’affolent, les parents trop protecteurs et collants qui n’ont pas aidé au développement personnel de leurs rejetons, sans parler de leurs propres frustrations qui avaient été dissimulées jusqu’à présent, The Family Way est un uppercut dans la comédie britannique. Satirique, frontal, percutant, le film des frères Boulting rejoint leurs grandes réussites aux côtés du Gang des tueursBrighton Rock (1947), Ultimatum Seven Days to Noon (1950), Ce sacré z’hérosPrivate’s Progress (1956), Sept Jours de malheurLucky Jim (1957) et Après moi le délugeI’m All Right Jack (1959). Il serait temps que leurs chefs d’oeuvres soient reconsidérés dans nos contrées. Toujours est-il que The Family Way rappelle parfois Heureux MortelsThis Happy Breed (1944) de David Lean à travers cette chronique familiale grinçante et immersive, dans laquelle les générations s’affrontent, mais ne se comprennent pas.

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Test DVD / L’Affaire Pasolini, réalisé par David Grieco

L’AFFAIRE PASOLINI (La Macchinazione) réalisé par David Grieco, disponible en DVD le 3 juin 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Massimo Ranieri, Libero De Rienzo, Matteo Taranto, François-Xavier Demaison, Milena Vukotic, Roberto Citran, Alessandro Sardelli, Catrinel Marlon, Paolo Bonacelli, Toni Laudadio…

Scénario : David Grieco, Guido Bulla

Photographie : Fabio Zamarion

Musique : Pink Floyd et Roger Waters

Durée : 1h47

Année de sortie : 2016

LE FILM

Pendant l’été 1975, Pier Paolo Pasolini termine le montage de son dernier film, « Salò ou les 120 journées de Sodome ». Son œuvre suscite de fortes polémiques et provoque des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Au mois d’août, le négatif original du film est dérobé et une rançon importante est exigée. Prêt à tout pour récupérer son film, Pasolini va se laisser enfermer dans une terrible machination qui le conduira à sa perte.

« Le courage intellectuel de la vérité et la pratique politique sont deux choses inconciliables en Italie. » Pier Paolo Pasolini.

L’Italie, pour ne pas dire le monde entier, ne s’est jamais remise du brutal assassinat du cinéaste Pier Paolo Pasolini. Certains réalisateurs se seront penchés sur cet événement tragique, à l’instar de Marco Tullio Giordana avec son film Pasolini, mort d’un poètePasolini, un delitto italiano (1995), dans lequel le procès de Pino Pelosi, accusé du meurtre de Pasolini, était reconstitué. En 2014, le new-yorkais Abel Ferrara livrait sa version des dernières heures du maître italien dans le sobrement intitulé Pasolini, où son complice Willem Dafoe incarnait le réalisateur. L’Affaire Pasolini, sorti deux ans après le film précédent, apparaît tout d’abord comme un outsider. Comment cette œuvre mise en scène par David Grieco allait se démarquer des approches précédentes ? Tout d’abord, son film n’aborde pas le procès contre Pino Pelosi, ce jeune prostitué de 17 ans arrêté la nuit du meurtre au volant de la voiture de Pasolini, qui s’était déclaré – trop vite sans doute – responsable de la mort de Pasolini. David Grieco s’appuie plutôt sur le témoignage de Pelosi datant de 2005, au cours duquel ce dernier affirmait son innocence et que le meurtre avait été réalisé par trois individus à l’identité préservée. Ensuite, si L’Affaire Pasolini retrace bien les dernières heures de la vie du poète et réalisateur, son gros point fort reste d’avoir confié le rôle-titre au comédien-chanteur italien Massimo Ranieri, inoubliable dans les films de Mauro Bolognini (Metello, Bubu de Montparnasse, Chronique d’un homicide), qui retrouve ici un rôle à la mesure de son talent. Entre mimétisme et interprétation personnelle, l’acteur impressionne ici du début à la fin, et restitue admirablement la hargne qui animait Pier Paolo Pasolini, éternel provocateur, dont le tort était probablement d’être communiste et homosexuel dans l’Italie asphyxiée des années 1970.

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Test Blu-ray / Le Fanfaron, réalisé par Dino Risi

LE FANFARON (Il Sorpasso) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mai 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant, Catherine Spaak, Claudio Gora, Luciana Angiolillo, Linda Sini…

Scénario : Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari

Photographie : Alfio Contini

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Bruno rencontre Roberto. Pendant tout le week-end, ils ne vont plus se quitter. Bruno, très volubile, désinvolte, charmeur et fanfaron, entraîne son nouvel ami à bord de sa voiture de sport pour une série d’aventures insolites.

Le Fanfaron Il Sorpasso, réalisé par Dino Risi en 1962, demeure l’un des films emblématiques de l’âge d’or du cinéma transalpin. Succès international, malgré des critiques peu enthousiastes au départ, qui a influencé moult cinéastes dont Dennis Hopper pour Easy Rider (si si), ce chef d’oeuvre d’humour et d’émotions, co-écrit par Ettore Scola et interprété par deux immenses comédiens, Vittorio Gassman (le playboy) et Jean-Louis Trintignant (le jeune étudiant candide et mélancolique qui va s’ouvrir à la vie le temps d’un week-end), reste une oeuvre libre, cynique, provocante, hilarante et grave, qui n’a pas pris une seule ride.

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Test Blu-ray / Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas !, réalisé par Luigi Comencini

MON DIEU, COMMENT SUIS-JE TOMBÉE SI BAS ? (Mio Dio come sono caduta in basso !) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mai 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Laura Antonelli, Alberto Lionello, Michele Placido, Jean Rochefort, Ugo Pagliai, Rosemarie Dexter…

Scénario : Luigi Comencini, Ivo Perilli

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Fiorenzo Carpi

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Sicile, début du XXe siècle. Eugenia Maqueda et Raimondo Corrao, marquis de Maqueda découvrent lors de leur nuit de noces qu’ils sont frère et soeur. Il leur est donc impossible de consommer le mariage. Pour des questions d’apparences à sauvegarder et aussi d’héritage et ils décident de ne rien dire à personne et de vivre dans la chasteté absolue comme un frère et une soeur. Mais les besoins de la belle Eugenia sont de plus en plus pressants…

Comme beaucoup de ses confrères italiens, Luigi Comencini (1916-2007) a eu plusieurs carrières en une. Femmes dangereusesMogli pericolise (1958), son douzième long métrage marquait déjà un premier tournant dans la filmographie du mythique réalisateur de Pain, amour et fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise, L’Argent de la vieille et bien d’autres chefs-d’oeuvre. A la fin des années 1950, Luigi Comencini souhaite sortir du carcan du réalisateur de « comédies simples » dans lequel il était enfermé malgré-lui suite au triomphe de Pain, amour et fantaisie (1953) et de sa suite Pain, amour et jalousie (1954). Il commence tout d’abord par refuser le troisième volet, Pain, amour, ainsi soit-il, finalement confié à son confrère Dino Risi. Le cinéaste désirait alors montrer ses capacités techniques en se dirigeant vers une mise en scène plus sophistiquée. Dans ce même objectif, Luigi Comencini, cinéaste moraliste, voulait enfin fignoler ses scénarios et dresser le portrait de ses compatriotes, en révéler les moeurs, les coutumes, les comportements et les rapports de classes. Après La Bella di Roma (1955) avec Alberto Sordi et le drame Tu es mon fils (1957), il entame une trilogie basée sur le couple et ses difficultés, le mariage et ses valeurs, en usant de la comédie pour mieux refléter les éléments dramatiques. Sur le tournage de Mariti in città (1957), il rencontre Giorgia Moll et Renato Salvatori. Enthousiasmé par cette collaboration, il les engage à nouveau dans Femmes dangereuses. C’est à partir de ce film que Luigi Comencini commence à se servir des préjugés sur l’homme italien, dragueur et « quelque peu cavaleur », pour s’en amuser, sans forcément les atténuer. Il en sera de même pour ses films suivants. Luigi Comencini ne cessera jamais d’alterner les films de commande avec les œuvres plus personnelles. Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas !Mio Dio come sono caduta in basso ! date de 1974. Après Un vrai crime d’amourDelitto d’amore, une œuvre méconnue, pudique, immense de sensibilité et divinement interprétée par le couple Stefania Sandrelli et Giuliano Gemma, Luigi Comencini accepte de mettre en scène Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! avec la star du moment, Laura Antonelli. Considéré à sa sortie comme un film mineur, le film se place bien au-dessus de la prolifique production transalpine. Plastiquement irréprochable, grinçant à souhait envers la vieille aristocratie italienne, Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! exploite la beauté de la comédienne, cette fois encore peu avare de ses charmes, mais lui offre aussi et surtout l’occasion de montrer ses véritables capacités d’actrice, qualités qu’elle allait prouver immédiatement après en collaborant par la suite avec Luchino Visconti (L’Innocent), Mauro Bolognini (Black Journal) et Ettore Scola (Passion d’amour).

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Test Blu-ray / Trilogie Majin : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin, réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi & Kazuo Mori

MAJIN, LE RETOUR DE MAJIN, LE COMBAT FINAL DE MAJIN (Daimajin, Daimajin ikaru, Daimajin gyakushū) réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi et Kazuo Mori, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Miwa Takada, Yoshihiko Aoyama, Jun Fujimaki, Ryūtarō Gomi, Kōjirō Hongō, Shiho Fujimura, Tarō Marui, Takashi Kanda, Riki Hashimoto, Hideki Ninomiya, Shinji Hori, Masahide Iizuka…

Scénario : Tetsurō Yoshida

Photographie : Fujio Morita

Musique : Akira Ifukube

Durée : 1h24 / 1h19 / 1h27

Année de sortie : 1966

LA TRILOGIE

Les trois longs métrages de la série Daimajin (dans l’ordre : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin) furent tournés simultanément durant l’année 1966. Cette trilogie, affiliée aux genres Kaiju Eiga (films de monstres géants, dont Godzilla demeure le précurseur) et Jidai Geki (en rapport avec l’histoire du Japon médiéval, et notamment le chanbara – film de sabre), développe une thématique commune en fil conducteur. Ainsi, dans chacun de ces films, Daimajin, un géant de pierre, vient aider des villageois opprimés par un seigneur tyrannique. Sorte d’équivalence au Golem issu de la mythologie juive, Daimajin (traduction littérale : « Grand Démon ») est une divinité de pierre endormie, ne se réveillant que pour porter secours au peuple et châtier l’oppresseur. Et ce dernier, qu’il soit chambellan ou monarque, peut alors trembler, car la vengeance de Daimajin n’a aucune limite !

Ou quand la Daiei, société de production cinématographique japonaise fondée en janvier 1942, décide de mélanger les genres, le film historique et le film fantastique, tout en surfant sur le grand succès rencontré par Gamera, réalisé par Noriaki Yuasa et sorti en 1965. Ainsi naît Majin, de Kimiyoshi Yasuda (1911-1983), bien connu des cinéphiles pour avoir mis en scène six des vingt-six films de la série Zatoichi interprétée par Shintarō Katsu. Ici, point de monstre préhistorique ressemblant à une tortue, mais une statue de pierre avoisinant les dix mètres de haut ! En avril 1966, le triomphe de Majin est suivi de deux suites, en fait tournées en même temps, Le Retour de Majin de Kenji Misumi et Le Combat final de Majin de Kazuo Mori, qui sortent respectivement en août 1966 et en décembre 1966. Chaque opus de cette trilogie reprend peu ou prou la même trame (les trois films ont été écrits par Tetsurō Yoshida), mais transposée chaque fois dans une atmosphère différente. Aujourd’hui, revoir les trois épisodes à la suite s’apparente à un récit composé de trois chapitres qui se reflètent et se complètent tout en même temps. Produits par Masaichi Nagata (président de la Daiei), tournés dans de magnifiques décors, naturels ou reconstitués en studio, Majin, Le Retour de Majin et Le Combat final de Majin sont de véritables merveilles cinématographiques, pleines de magie, d’aventures, de combats au sabre, de belles valeurs et de bons sentiments.

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Test Blu-ray / Le Sexe fou, réalisé Dino Risi

LE SEXE FOU (Sessomatto) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 24 juin 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Giancarlo Giannini, Laura Antonelli, Alberto Lionello, Duilio Del Prete, Paola Borboni, Carla Mancini…

Scénario : Ruggero Maccari, Dino Risi

Photographie : Alfio Contini

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Un valet amoureux de sa patronne, un jeune homme qui souhaite séduire une femme de 70 ans, un couple qui ne prend du plaisir que dans l’agressivité, un autre qui aime les lieux publics pour faire l’amour, un employé qui remplace sa femme par une prostituée, un donneur de sperme, une veuve qui venge son mari en épuisant sexuellement l’assassin, un paysan trompé par la femme qu’il aime, un couple qui invite un employé du mari pour raviver la flamme qui les unit… Tant d’histoires tournant autour de la question de l’érotisme en Italie.

Après Les Monstres (1963), Une poule, un train… et quelques monstres (1969) et Moi, la femme (1971), Dino Risi réalise un nouveau film à sketches en 1973 intitulé Le Sexe fou – Sessomatto. Il y dirige Giancarlo Giannni et Laura Antonelli dans neuf segments à travers lesquels ce magnifique couple endosse plusieurs personnages drôles, mélancoliques, monstrueux, en changeant d’apparences physiques à chaque fois. Avec son sens unique et acéré de la satire, Dino Risi égratigne dans Le Sexe fou les pratiques sexuelles de ses concitoyens tout en dressant un portrait au vitriol de l’être humain.

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Test Blu-ray (édition Le Chat qui fume) / Laurin, réalisé par Robert Sigl

LAURIN réalisé par Robert Sigl, disponible en combo Blu-ray+DVD le 21 avril 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Dóra Szinetár, Brigitte Karner, Károly Eperjes, Hédi Temessy, Barnabás Tóth, Kati Sir, Endre Kátay, János Derzsi, Zoltán Gera…

Scénario : Robert Sigl

Photographie : Nyika Jancsó

Musique : Hans Jansen, Jacques Zwart

Durée : 1h23

Année de sortie : 1989

LE FILM

Mars 1901, dans un village portuaire allemand, Laurin, âgée d’une douzaine d’années, entend l’appel au secours, à la nuit tombée, d’un petit garçon qu’elle voit, depuis sa fenêtre, se faire enlever par un adulte. Au cours de la même nuit, Flora, la mère de Laurin, aperçoit sur un pont le corps inerte du garçonnet et le visage de son assassin ; on la retrouve morte au matin, son corps gisant au bas du pont. Le père de Laurin, marin, étant souvent absent, la fillette, en proie à d’étranges visions, est désormais confiée à sa grand-mère. Elle se lie bientôt d’amitié avec un camarade de classe, Stefan, qui disparaît à son tour. Un tueur d’enfants rôde dans les alentours, et la curiosité de Laurin la met en grand danger…

Quelle immense découverte ! Quelle beauté ! Chef d’oeuvre dissimulé du cinéma allemand, Laurin, est le premier long métrage (à ce jour le seul pour le cinéma) réalisé en 1989 par Robert Sigl, après deux courts-métrages, Die Hütte (1981) et Der Weihnachtsbaum (1983). Né en 1962, le cinéaste, également comédien, signe un film exceptionnel, à la frontière de plusieurs genres, qui s’inscrit dans la droite lignée de L’Esprit de la ruche (1973) de Victor Erice. Film fantastique, drame sur le deuil, thriller teinté de giallo avec certains éclairages baroques qui rappellent le cinéma de Dario Argento et de Mario Bava, Laurin laisse pantois le spectateur par sa beauté plastique et se révèle par strates jusqu’à un final bouleversant.

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