Test Blu-ray / Au P’tit Zouave, réalisé par Gilles Grangier

AU P’TIT ZOUAVE réalisé par Gilles Grangier, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 16 octobre 2024 chez Pathé.

Acteurs : François Périer, Dany Robin, Paul Frankeur, Marie Daëms, Jacques Morel, Alice Field, Robert Le Fort, Bernard Lajarrige, Paul Azaïs…

Scénario : Pierre Laroche & Albert Valentin

Photographie : Marcel Grignon

Musique : Vincent Scotto

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Dans un quartier populaire de Paris, où les policiers et un assassin de vieilles filles sévissent, le café Au P’tit Zouave offre réconfort et sécurité aux habitants modestes de la ville. Mais l’arrivée d’un homme plus fortuné et mystérieux vient perturber l’équilibre déjà précaire de l’établissement.

Les années qui ont passé ont contribué à réhabiliter l’oeuvre de Gilles Grangier (1911-1996). Si vous êtes fidèles à Homepopcorn depuis toutes ces années, vous savez que nous avons toujours défendu le réalisateur, conspué par la Nouvelle vague et ses disciples du 6e arrondissement. Nos chroniques consacrées à La Vierge du Rhin, Trois jours à vivre, Meurtre à Montmartre, Échec au porteur, Le Sang à la tête, Train d’enfer, Gas-oil, Maigret voit rouge et Archimède le clochard témoignent de notre amour inconsidéré pour le travail de cet artisan du cinéma français, qui a toujours su imprimer sa griffe dans des œuvres populaires. Gilles Grangier, c’est plus d’une soixantaine de mises en scène étalées sur près de quarante ans et s’il y a eu sans aucun doute un avant et un après Jean Gabin (les deux hommes feront douze films ensemble), on connaît indéniablement moins bien la première partie de sa prolifique et éclectique carrière. L’ancien assistant de Sacha Guitry, René Pujol et Georges Lacombe, ayant signé son premier long-métrage en 1943 (Adémaï bandit d’honneur avec Noël-Noël), enchaîne les tournages après la Seconde Guerre mondiale, allant jusqu’à signer trois films par an, avec une prédilection pour la comédie et le film musical. Au P’tit Zouave clôt cette décennie et s’avère une étonnante chronique, légère en apparence, d’un petit bar parisien situé au bas de la station de métro Dupleix, non loin de La Motte-Picquet – Grenelle et des usines Citroën. En réalité, l’endroit est propice aux rencontres les plus singulières, où l’on se confie au patron bougon (Robert Dalban, génial comme à son habitude) qui rappelle Bernard Blier dans Archimède le clochard, tandis que la serveuse Fernande (l’explosive Annette Poivre) regarde tout ce beau monde, les yeux rêveurs, tout en ne perdant pas une miette de ce qui est dit. Alors, quand le quartier devient le terrain de jeu d’un tueur en série, les suspicions commencent. Au P’tit Zouave est anecdotique quand on s’intéresse à Gilles Grangier, mais il y a toujours quelque chose à glaner ici et là chez ce cinéaste, une dimension documentaire notamment, à l’instar de l’ouverture, où le générique défile tandis que la caméra, placée à l’avant du métro, donne un bel aperçu de la capitale. On se sent bien devant un opus de Gilles Grangier, dont on ressent un humanisme non feint, raison pour laquelle Au P’tit Zouave mérite le coup d’oeil.

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Test Blu-ray / Cinq tulipes rouges, réalisé par Jean Stelli

CINQ TULIPES ROUGES réalisé par Jean Stelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 16 octobre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Brochard, René Dary, Suzanne Dehelly, Raymond Bussières, Pierre-Louis, Robert Berri, Robert Le Fort, Luc Andrieux…

Scénario : Marcel Rivet & Charles Exbrayat

Photographie : Marcel Grignon

Musique : René Sylviano

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Lors du Tour de France 1948, cinq coureurs sont retrouvés morts avec une tulipe rouge près de leur corps. Une journaliste et un inspecteur de police mènent l’enquête pour retrouver le meurtrier…

Bien avant La Grande Boucle (2013), Le Vélo de Ghislain Lambert (2001), Les Triplettes de Belleville (2003), Les Cracks (1968), The Program (2015), pour ne citer que ceux-là, la course cycliste inspirait le cinéma en 1949 avec Cinq tulipes rouges. Étrange mélange des genres que cette enquête policière menée durant le Tour de France de 1948, sur lequel le film de Jean Stelli (1894-1975) a réellement été tourné, en collaboration avec Peugeot, L’Équipe, France Soir et Le Parisien Libéré, organisateurs de cette épreuve sportive réputée dans le monde entier. Jean Stelli, le réalisateur prolifique, éclectique et néanmoins méconnu de La Valse Blanche (1943), Le Voile Bleu (1942), Les Amoureux de Marianne (1953), ancien acteur puis assistant de Julien Duvivier (L’Ouragan sur la montagne, Les Roquevillard, Golgotha), avait déjà pris le Tour de France comme toile de fond pour sa comédie romantique sortie en 1939, Pour le maillot jaune, avec Albert Préjean. Cette fois, une série de meurtres se déroule au fil des étapes du Tour 1948, les prétendants au maillot jaune étant mystérieusement assassinés les uns à la suite des autres, une tulipe rouge étant systématiquement retrouvée près du corps de la victime. Cinq tulipes rouges vaut assurément le coup d’oeil, d’une part pour sa dimension documentaire (Jean Stelli avait un passé de journaliste et connaissait le terrain), avec ses coureurs qui mangent copieusement le tout arrosé de gros rouge, ses entraîneurs survoltés, ses mécanos amateurs de jolies donzelles, d’autre part pour le duo formidable formé par la géniale Suzanne Dehelly (La Nuit est mon royaume, Premier rendez-vous), impayable dans la peau de La Colonelle, la journaliste qui mène l’enquête à la façon d’un Myron Bolitar (les connaisseurs d’Harlan Coben comprendront), et Jean Brochard (Pot-Bouille, Les Diaboliques, Cécile est morte!) tout aussi impérial dans celle de l’inspecteur-chef Honoré Ricoul. Très rythmé, souvent drôle, bien mené et excellemment interprété, Cinq tulipes rouges mérite d’être redécouvert, surtout par les amateurs de la Petite Reine.

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Test DVD / Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir, réalisé par Philippe Clair

PAR OÙ T’ES RENTRÉ ? ON T’A PAS VU SORTIR réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Jerry Lewis, Philippe Clair, Marthe Villalonga, Jackie Sardou, Philippe Castelli, Connie Nielsen, Lamine Nahdi, Philippe Caroit, Anne Berger, Georges Blaness, Jess Hahn, Bernard Pinet, Henri Attal, Dominique Zardi, Yves Barsacq…

Scénario : Philippe Clair, Daniel Saint-Hamont & Bruno Tardon

Photographie : André Domage

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Clovis Blaireau, détective privé maladroit, habitant chez sa mère, est engagé par Nadège de Courtaboeuf pour faire suivre son mari Prosper et prouver l’adultère à des fins de divorce. Le détective tente de devenir l’ami du mari volage par tous les moyens. Cependant Nadège entretient une relation extra-conjugale, et son amant décide de supprimer Prosper en provoquant un attentat.

C’est LE coup d’éclat de Philippe Clair, à savoir obtenir Jerry Lewis (qui sort tout de même de chez Martin Scorsese) et partager l’affiche avec lui dans Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Le réalisateur vient de connaître l’un de ses plus grands succès au cinéma avec Plus beau que moi, tu meurs (3,3 millions de spectateurs) et bien sûr Philippe Clair se voit à nouveau pousser des ailes. Disposant d’un budget conséquent grâce au producteur Tarak Ben Ammar, le metteur en scène voit les choses en grand, bénéficie encore du cadre large et peut laisser libre cours à sa fantaisie habituelle, tout en imaginant des gags visuels plus élaborés. Rétrospectivement, Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir est l’un des meilleurs films de son auteur et vieillit bien mieux que la plupart de ses autres opus. En réalité, cette comédie loufoque apparaît comme un film-somme doublé d’un long-métrage Kamoulox qui confronte à l’écran Jerry Lewis (doublé en « français » avec l’accent pied-noir par l’immense Dominique Paturel) et Marthe Villalonga, qui réunit au même générique Jackie Sardou et Connie Nielsen (dans sa première apparition au cinéma, il faut bien commencer quelque-part), tandis que Dominique Zardi campe un tueur à gages et qu’une jolie nana en bikini du nom de Sophie Favier déambule autour d’une piscine. Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir va à cent à l’heure, ne laisse même pas le temps au spectateur de réfléchir à ce qu’il vient de voir, pour enchaîner directement sur un autre quiproquo, le tout dans un festival de déguisements en tous genres, tandis que la partition signée Alan Silvestri (excusez du peu), la même année qu’À la poursuite du diamant vert, apporte un cachet anglo-saxon non déplaisant. Pour info, c’est suite à une rencontre inattendue au Festival de Cannes, qu’Alan Silvestri accepte d’écrire pour Philippe Clair la bande originale, avant même le tournage de Par où t’es rentré ? On t’a pas vu sortir. Cette oeuvre peut être vue comme un nanar certes, mais qui se démarque cette fois encore par une extrême générosité (le bêtisier final est un très bon moment), une envie de faire rire le public en le gavant jusqu’à l’indigestion. Étrangement, ceci est extrêmement revigorant, plutôt qu’écoeurant et le film, très souvent diffusé à la télévision française, mérite d’être redécouvert.

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Test DVD / Rodriguez au pays des merguez, réalisé par Philippe Clair

RODRIGUEZ AU PAYS DES MERGUEZ réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Geneviève Fontanel, Philippe Clair, Évelyne Séléna, Georges Blaness, Anne Berger, André Clair, Gérard Hernandez, André Nader…

Scénario : Philippe Clair, d’après La Parodie du Cid d’Edmond Brua

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

À Bab El Oued, lors de la colonisation française, l’action se déroule sur fond d’élections. Le chômeur Roro, fils du marchand de brochettes Dodièze aime Chipette, fille du coiffeur Gongormatz. Dodièze et Roro sont partisans de Fernand, l’un des deux rivaux. Dodièze est décoré par Fernand. Gongormatz, jaloux, se dispute avec Dodièze. Il le frappe avec un soufflet. Roro doit venger son père.

Il est donc là, le Citizen Kane de Philippe Clair ! Rodriguez au pays des merguez est l’adaptation cinématographique deLa parodie du Cid d’Edmond Brua, écrite dans les années 1940, que Clair avait déjà mis en scène au théâtre avant son premier long-métrage, pièce avec laquelle il avait triomphé. Le réalisateur vient de dire adieu aux 13 cloches et se lance dans ce qui sera son projet le plus personnel. Intégralement tourné en Tunisie, Rodriguez au pays des merguez ne rencontrera aucun succès dans les salles et sera même le plus grand échec de son auteur au box-office. Sorti face à On a volé la cuisse de Jupiter, Rocky 2 et même à la reprise de La Guerre des boutons, le film doit s’incliner et peu de spectateurs feront le déplacement pour aller voir des acteurs réciter Le Cid de Corneille en pataouète, qui en font des caisses, qui hurlent à tout bout de champ. Malheureusement, si ce « film d’auteur » était déjà pénible (euphémisme) à sa sortie, les années n’ont pas été tendres et il est aujourd’hui aussi inconcevable qu’impossible de défendre, de réhabiliter et sans doute de visionner Rodriguez au pays des merveilles. Demeure évidemment la curiosité malsaine, la meilleure, du cinéphile déviant, mais même celui-ci risque d’y laisser quelques neurones au passage. Le jeu n’en vaut certainement pas la chandelle.

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Test DVD / Ces flics étranges venus d’ailleurs, réalisé par Philippe Clair

CES FLICS ÉTRANGES VENUS D’AILLEURS réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Bernard Pinet, Pierre Triboulet, Daniel Derval, Hervé Palud, Eddy Jabès, Michel Peyrelon, Patrice Dozier, Fernand Legros, Dominique Webb…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon, Philippe Sochon & Henri Sera

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Prosper, dit « tonton Merguez », est nommé commissaire dans un village balnéaire. Il embauche en tant que gendarmes, des garçons au chômage qui étaient bidasses lorsque Prosper était adjudant dans l’armée. Cependant deux d’entre eux, Triboulet et Hippie, qui se dérobent à l’embrigadement, apportent leur aide aux nouveaux gendarmes pour la capture de malfaiteurs.

Dernier volet de sa tétralogie consacrée aux « bidasses » après Le Grand fanfaron (ou Les Bidasses en cavale), Comment se faire réformer et Les Réformés se portent bien, Ces flics étranges venus d’ailleurs est aussi le troisième et dernier opus que Philippe Clair réalise et interprète aux côtés de la troupe dite des 13 cloches. Nous retrouvons donc le costaud, la fausse (?) folle, le lunaire Triboulet, le hippie et toute la clique, cette fois rendus à la vie civile. Contre toute attente, ce dernier baroud d’honneur des hurluberlus passe bien et s’avère même une bonne surprise, dans le sens où cet épisode n’est pas dénué d’une certaine poésie burlesque. Attention, nous ne comparerons pas Philippe Clair à Jacques Tati ou Pierre Etaix, il ne fait quand même pas exagéré, mais il y a ce petit truc en plus par rapport à ses œuvres habituelles, qui font que Ces flics étranges venus d’ailleurs est indéniablement le chapitre le plus réussi de cette « saga » et incontestablement l’un des films à redécouvrir de son auteur.

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Test DVD / Les Réformés se portent bien, réalisé par Philippe Clair

LES RÉFORMÉS SE PORTENT BIEN réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Michel Melki, Richard Anconina, Hervé Palud, Daniel Derval, Pierre Triboulet, Michel Peyrelon, Evelyne Buyle, Bernard Pinet…

Scénario : Philippe Clair, Claire Sochon & Philippe Sochon

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un contingent spécial d’une caserne de l’armée française est très difficile à diriger. Les officiers préfèrent démissionner face à l’hostilité des nouvelles recrues qui veulent être réformées. Seul Prosper Perez, l’adjudant, parvient à dialoguer. Pour venir à bout des réfractaires, l’armée nomme le capitaine Pichet, réputé redoutable depuis l’Indochine et l’Algérie. Le capitaine s’oppose donc aux soldats de la chambre 13 l’un joue l’infantilisme et hurle s’il n’a pas son nounours, l’autre imite un efféminé travesti et provoque les gradés, un troisième est un poète fou, un quatrième, un hippie contestataire…

On prend les mêmes et on recommence ! Ou plutôt on continue, puisque Les Réformés se portent bien est la suite directe de Comment se faire réformer et démarre là où le premier épisode s’était arrêté. Grisé par le grand succès remporté par sa précédente « bidasserie » (ou série Z, c’est selon), Philippe Clair rappelle la troupe des 13 cloches et chacun reprend le personnage qui lui était attribué, même si certains n’ont pas répondu à ce nouvel appel. Mais cela tombe bien, on retrouve les meilleurs de la troupe, à savoir Hervé Palud (le costaud), Daniel Derval (la fausse folle) et Pierre Triboulet (aka…Triboulet), lancés à nouveau dans quelques aventures imaginées par Philippe Clair, avec cette fois à l’écriture Philippe Sochon (qui incarne aussi le hippie) et de Claire Sochon (aussi au générique dans le rôle de la fiancée de Derval). Ravi de leur expérience précédente, le réalisateur (trop heureux de retrouver l’uniforme de l’adjudant) et ses comédiens y vont encore plus à fond (c’est dire s’ils sont investis pour la bonne cause, autrement dire faire rire la galerie), en enchaînant les sketches (allant de sympathiques à navrants, en passant par pathétiques, amusants, catastrophiques…), en se foutant royalement de raconter ne serait-ce que l’embryon d’une histoire. Philippe Clair dans la peau de son personnage s’exprime d’ailleurs directement à la caméra en disant « Je filme, je filme, je comprends plus rien ». On ne saurait mieux résumer Les Réformés se portent bien, qui n’a pas connu le même engouement à sa sortie, même si le film a tout de même frôlé la barre du million d’entrées.

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Test DVD / Comment se faire réformer, réalisé par Philippe Clair

COMMENT SE FAIRE RÉFORMER réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Philippe Clair, Christian Parisy, Michel Melki, Pierre Zimmer, Bernard Pinet, Richard Anconina, Hervé Palud, Christine Abt, Marc Ariche, Allan de Barges, Daniel Derval, Jean-Pierre Fragnaud, Denis Lefebvre Duprey, Patrick Gourevitch, Eddy Jabès, Fernand Legros, Pierre Triboulet…

Scénario : Philippe Clair

Photographie : Claude Becognée

Musique : Jean-Pierre Doering

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Des jeunes gens sont appelés au service militaire afin de servir leur pays durant un an. Refusant catégoriquement ce passage obligé, ils vont échafauder de nombreuses combines afin de se faire réformer au plus vite.

Deux ans après Le Grand fanfaron, Philippe Clair revient à l’armée française et décide de se focaliser sur une poignée de troufions, qui vont se surpasser pour être remerciés et quitter au plus vite la caserne. Le réalisateur, qui signe seul son scénario, se surpasse une fois encore pour repousser les limites du supportable, dans le sens où il espère condenser en 80 minutes du contenu qui aujourd’hui remplirait une mini-série. Clair a toujours brillé pour sa générosité et Comment se faire réformer fait penser à une casserole d’eau bouillante qui aurait été abandonnée sur le grand feu de la cuisinière ouvert à fond. Clair en met partout, dans tous les coins. Comédie franchouillarde, nanar ultime, référence en la matière, autrement dit en mauvais film sympathique, Comment se faire réformer est malgré tout l’un des plus grands succès de son auteur, le quatrième de son top 10, situé entre les 2 millions de Tais-toi quand tu parles et les 1,7 millions de La Brigade en folie, qui entraînera une suite directe l’année suivante, Les Réformés se portent bien. Un succès impensable de nos jours, difficilement regardable en 2024 et qui demeure avant tout une curiosité, pour ne pas dire un cas d’étude, un exemple de comédie hexagonale bien de son temps, passée, terminée, datée, qu’on ne peut détester en raison de l’investissement de ses comédiens.

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Test DVD / Le Grand fanfaron, réalisé par Philippe Clair

LE GRAND FANFARON réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Michel Galabru, Micheline Dax, Claude Melki, Carole Chauvet, Gilbert Servien, Philippe Clair, Ibrahim Seck…

Scénario : Freha Benzaken, Philippe Clair, Jean Max & Pierre Pelegri

Photographie : Alain Levent

Musique : Jacques Revaux & Hervé Roy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Le lieutenant Gilles Castelet aurait aimé se marier comme tout le monde. Mais il a toujours été sous le charme sexuel de l’épouse du colonel Popoti. Une fois revenu à la vie civile, il tente désespérément de lui échapper, d’autant plus qu’elle est désormais veuve et qu’elle le chasse sans vergogne. Un jour, Gilles rencontre Charlie, un ancien copain de l’armée. Son ami, désolé de ce qui lui arrive, entreprend de le débarrasser de la possession dont il se trouve…

En réalité, tout le scénario se trouve condensé dans ce résumé. Philippe Clair vient de tourner Le Führer en folie. C’est déjà beaucoup. Trop sans doute. Devant l’accueil catastrophique du film, le réalisateur aurait pu prendre (beaucoup) de recul, mais que nenni ! Il décide de remettre le couvert avec Michel Galabru, avec lequel il s’apprête à tourner pour la troisième fois. Ce sera Le Grand fanfaron, exploité sous le titre Les Bidasses en cavale et même Le Grand fanfaron et le petit connard, Clair tentant de trouver l’amorce adéquate pour attirer le public qui boudait alors son nouveau chef d’oeuvre. Galabru est comme d’habitude un peu partout en cette belle année 1976, en passant allègrement de Claude Pierson (La Grande récré) à Aleksandar Petrović (Portrait de groupe avec dame), ou bien de Jean Girault (Le mille-pattes fait des claquettes) à Bertrand Tavernier (Le Juge et l’Assassin). Le grand écart en permanence. Quelques mois avant de recevoir le César du meilleur acteur pour son interprétation virtuose du sergent Joseph Bouvier, le comédien s’envolait en Inde avec Philippe Clair donc, pour y tourner une pantalonnade, tout en faisant un brin de tourisme par la même occasion. Le Grand fanfaron reprend la même structure qui sera usée jusqu’à la corde par le réalisateur et qu’il reprendra un peu plus tard pour Tais-toi quand tu parles et Plus beau que moi, tu meurs, à savoir cibler un ou plusieurs protagonistes, les montrer dans leur quotidien parisien, avant de les embarquer vivre de folles aventures au soleil où ils seront entourés de belles nanas. Cette fois, c’est Michel Galabru et Claude Melki (étrangement doublé par Philippe Clair) qui s’y collent. Il faut sacrément être en forme pour se farcir cet opus méconnu de Philippe Clair, qui repousse encore les limites du supportable, surtout durant la première partie. Une fois conditionné, le spectateur, la bave écumante, les yeux révulsés et les membres pris de tremblements, pourra aller au bout de ces difficiles 85 minutes, quand bien même l’ensemble tend à s’améliorer en cours de route. Complètement anecdotique et foutraque, Le Grand fanfaron contient tout de même de bons moments et signalons que nous avons rarement vu Michel Galabru ainsi, qui se fout tout simplement à poil pour son metteur en scène, qui court partout et qui s’investit physiquement. Rien que pour lui, Les Bidasses en cavale mérite au moins un visionnage.

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Test DVD / Déclic et des claques, réalisé par Philippe Clair

DÉCLIC ET DES CLAQUES réalisé par Philippe Clair, disponible uniquement en coffret DVD Plus drôle que ça tu meurs !!! – 10 comédies cultes de Philippe Clair le 5 novembre 2024 chez Cinéfeel.

Acteurs : Annie Girardot, Mike Marshall, Philippe Clair, Georges Blaness, André Nader, Robert Gadel, Muriel Baptiste, Carla Marlier, Renée Saint-Cyr, Enrico Macias, Darry Cowl, Pierre Doris, Marthe Villalonga…

Scénario : Philippe Clair & André Nader

Photographie : Jean Malige

Musique : Raymond Lefèvre

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Des jeunes pieds noirs venus d’Alger débarquent à Paris. L’un d’eux fait la connaissance d’une jeune fille riche, qui cherche un sens à sa vie.

C’est donc ici que démarre la carrière cinématographique de Philippe Clair (1930-2020), de son vrai nom Prosper Charles Bensoussan. Comme réalisateur du moins, puisqu’il était déjà apparu dans Des gens sans importance (1956) d’Henri Verneuil, Babette s’en va-t-en guerre (1959) de Christian-Jaque, ainsi que dans une poignée de séries et téléfilms. Né au Maroc, débarquant à Paris dans les années 1950, il intègre le Conservatoire national supérieur d’art dramatique. De fil en aiguille, il joue dans des classiques du répertoire, mais monte très vite ses propres spectacles et rencontre un grand succès sur scène, notamment avec la parodie du Cid d’Edmond Brua, réalisée en argot pied-noir, d’après la pièce de Corneille écrite en vers, qui sera adaptée en 1979 par Philippe Clair lui-même sous le titre Rodriguez au pays des merguez. Ce triomphe l’amène tout naturellement au cinéma. C’est ainsi qu’en mars 1965 déboule sur les écrans Déclic et des claques, connu aussi sous le titre L’Esbrouffe, coécrit, interprété et réalisé par Philippe Clair donc, qui condense tout l’humour judéo-arabe qui a fait sa renommée au théâtre. Disons-le immédiatement, ce premier long-métrage est une sacrée bonne surprise et découverte. Accompagné de ses amis, Philippe Clair apparaît comme un typhon humain et son énergie dévastatrice est on ne peut plus étonnante dans le septième art hexagonal au mi-temps des années 1960. Considéré aujourd’hui comme étant une grande source d’inspiration pour La Vérité si je mens ! de Thomas Gilou, Déclic et des claques se permet même d’annoncer The Party de Blake Edwards au cours d’une cérémonie de mariage qui tourne à la quasi-orgie. Une longue séquence tout simplement hallucinante, où il se déroule mille choses, où beaucoup nous échappent aussi d’ailleurs, le tout mené par Philippe Clair (sur une musique endiablée du maestro Raymond Lefèvre et avec un certain Claude Zidi à la caméra), qui s’offre le luxe de diriger, de donner la réplique et de courtiser la belle et sexy Annie Girardot (entre Le Mari de la femme à barbe de Marco Ferreri et Trois Chambres à Manhattan de Marcel Carné), visiblement ravie de participer à ce délire hors-norme.

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Test DVD / Le Deuxième acte, réalisé par Quentin Dupieux

LE DEUXIEME ACTE réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 1er octobre 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon, Raphaël Quenard, Manuel Guillot, Françoise Gazio, Valérie Vogt, Thémis Terrier-Thiebaux…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Florence veut présenter David, l’homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n’est pas attiré par Florence et souhaite s’en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.

Résumer un film de Quentin Dupieux est relativement impossible, ou tout du moins inutile tant les quelques lignes qui pourraient donner des explications sur le pourquoi du comment d’un de ses opus ne donneraient qu’une vague idée de ce qui se déroule (ou pas d’ailleurs) à l’écran. Tournant sur un rythme effréné, le réalisateur livre son troisième long-métrage en moins d’un an (et déjà son treizième depuis Steak en 2007). Après Yannick et Daaaaaalí !, voilà que débarque Le Deuxième acte, qui accuse une petite baisse de régime et s’avère moins emballant que les deux précédents de leur auteur. Si la désormais mécanique attendue de Dupieux est cette fois encore au rendez-vous, on reste quelque peu sur notre faim et ce en raison d’une première partie, marquée par deux plans-séquences interminables (deux comédiens parlent entre eux sur une route de campagne, avant de laisser la place à deux autres acteurs), qui bouffent déjà presque la moitié du film, d’une durée de 73 minutes (sans le générique de fin). L’ensemble repose sur un formidable quatuor composé de Vincent Lindon, Léa Seydoux, Raphaël Quenard et Louis Garrel, auxquels se joignent divers interprètes satellites et électrons représentatifs de la galaxie Dupieux, le tout saupoudré de bonnes répliques souvent vachardes sur le monde du cinéma. Mais il n’est pas interdit de trouver le temps long, l’ennui – quel dommage – s’installe à plusieurs reprises et s’ennuyer devant un film de QD (cela est déjà arrivé par le passé, comme devant Wrong) est aussi frustrant qu’interminable justement. Le Deuxième acte ne laissera pas un grand souvenir, mais prouve à nouveau la capacité du cinéaste à se renouveler, à offrir au public une expérience à part entière, à prendre ou à laisser, avant de passer à la suivante. C’est pour cela qu’effectuer la critique d’une œuvre de Quentin Dupieux demeure fondamentalement subjective et personnelle. En l’état, Le Deuxième acte contient de bons moments, mais reste complètement anecdotique.

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