Test Blu-ray / Séduite et abandonnée, réalisé par Pietro Germi

SÉDUITE ET ABANDONNÉE (Sedotta e abbandonata) réalisé par Pietro Germi, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 26septembre 2023 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Stefania Sandrelli, Saro Urzì, Aldo Puglisi, Lando Buzzanca, Lola Braccini, Leopoldo Trieste, Umberto Spadaro, Paola Biggio…

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli, Pietro Germi & Luciano Vincenzoni

Photographie : Aiace Parolin

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h58 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Peppino habite une petite ville de Sicile. Fiancé à Mathilde Ascalone, il abuse de Agnese, la soeur de Mathilde. Lorsque le père, Vincenzo Ascalone, apprend le déshonneur de sa fille qui maintenant attend un enfant de Peppino, il enferme la fautive et espère convaincre le coupable de réparer son erreur.

Pietro Germi (1914-1974), comédien, réalisateur, producteur et scénariste plusieurs fois récompensé pour ses oeuvres dans les festivals du monde entier (dont l’Oscar du meilleur scénario pour Divorce à l’italienne) est aujourd’hui bien trop souvent oublié quand on évoque l’âge d’or du cinéma italien. Malgré une timidité maladive, Pietro Germi a toujours défendu un cinéma engagé et usait de son art comme d’un vecteur pour contester certaines moeurs de la société, tout en désirant avant tout divertir les spectateurs dans le drame ou dans la comédie. Après Divorce à l’italienne, que l’on peut voir comme le premier volet d’un diptyque consacré à la famille et au mariage en Sicile, c’est encore une fois la Sicile que Germi a choisi pour cible en décrivant les comportements archaïques dont il critique les moeurs – morales bien sûr, mais aussi sexuelles – de plus en plus sévèrement. Sur un scénario corrosif signé Luciano Vincenzoni et de l’éternel tandem Age & Scarpelli, à l’aide un montage dynamique, de répliques cinglantes, d’un humour grinçant et de merveilleux comédiens, Séduite et abandonnée perce les tares d’une population hypocrite, en mettant en avant une aberration de la société sicilienne : le mariage réparateur.

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Test Blu-ray / Casino Royale, réalisé par John Huston, Kenneth Hughes, Val Guest, Robert Parrish & Joe McGrath

CASINO ROYALE réalisé par John Huston, Kenneth Hughes, Val Guest, Robert Parrish & Joe McGrath, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 18 octobre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter Sellers, Ursula Andress, David Niven, Orson Welles, Joanna Pettet, Daliah Lavi, Woody Allen, Deborah Kerr, William Holden, Charles Boyer, John Huston, Kurt Kasznar, George Raft, Jean-Paul Belmondo, Terence Cooper, Barbara Bouchet, Jacqueline Bisset…

Scénario : Wolf Mankowitz, John Law & Michael Sayers

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Burt Bacharach

Durée : 2h11

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Sir James Bond se repose dans son château d’Ecosse. C’est alors que les quatre chefs secrets des grandes puissances le supplient d’accomplir une dernière mission. Pour le convaincre, ils font sauter sa demeure. Le grand Bond se décide alors à agir et à démasquer celui qui fait peser une terrible menace sur le monde.

Passer en revue le pourquoi du comment le producteur Charles K. Feldman a pu obtenir les droits d’adaptation de la première aventure de James Bond écrite par Ian Fleming sera non seulement long, voire interminable, pas obligatoirement passionnant. Mais il est important de noter que Casino Royale, édité au Royaume-Uni en 1953 – il faudra attendre 1960 pour la première traduction française, infidèle et incomplète, qui sortira sous le titre Espions, faites vos jeux – avec un succès foudroyant avait connu une première transposition, non pas au cinéma, mais pour le petit écran, dès l’année suivante sur la chaîne CBS. Dans cet épisode de la série intitulée Climax !, filmé et diffusé en direct, l’américain Barry Nelson est donc le premier à incarner James Bond, « américanisé » pour l’occasion, puisqu’il devient ici un agent de la CIA, tandis que Clarence Leiter (et non pas Felix) est lui un agent britannique au service de sa Majesté. Un téléfilm de 50 minutes, divisé en trois actes, permettant ainsi un changement de décor durant les publicités. 1962, hit inattendu de James Bond 007 contre Dr No, 1963, grand succès de Bons baisers de Russie, 1964, triomphe de Goldfinger, 1965, phénomène mondial d’Opération Tonnerre. EON Productions ne disposant pas des droits pour le cinéma de Casino Royale et refusant de s’associer avec Charles K. Feldman, ce dernier décide de faire cavalier seul et lance son projet personnel avec l’aide de Columbia Pictures. Ce sera l’un des tournages de films les plus catastrophiques avec pas moins de cinq metteurs en scène à la barre Val Guest, Kenneth Hughes, John Huston, Joseph McGrath et Robert Parrish, des comédiens qui vont et viennent, quand ils ne se volatilisent pas complètement dans la nature comme Peter Sellers, sans compter le budget qui explose en raison de cette valse de réalisateurs et d’acteurs, les retards accumulés…Cette parodie, pensée finalement ainsi afin de ne pas s’opposer au « vrai » 007 qui disposait alors de moyens pharaoniques et des meilleurs techniciens du cinéma anglais, connaîtra malgré tout un beau succès dans le monde entier durant les fêtes de Noël. Aujourd’hui, Casino Royale se regarde comme un témoignage d’une époque bien révolue, marquée sur le fond et sur la forme par un psychédélisme difficile à supporter, pas déplaisant, mais bourratif, parfois écoeurant à force de faire ingurgiter aux spectateurs tout et n’importe quoi. Casino Royale est et restera une curiosité couchée sur pellicule, dans laquelle de grands noms du cinéma s’entrecroisent avec un air crispé, trouvant visiblement le temps long, à l’exception de Woody Allen, qui comme dans Quoi de neuf, Pussycat ?, imputable au même producteur, vole la vedette à tous ses partenaires. Il est probablement le seul véritable intérêt de ce pastiche, étant pleinement dans son élément. Quant au scénario, découpé, rapiécé, trahi, agrémenté par des improvisations, réécrit, il ne faut pas en attendre beaucoup et renvoie aux innombrables problèmes rencontrés durant la confection de ce vilain petit canard.

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Test Blu-ray / Quoi de neuf, Pussycat ?, réalisé par Clive Donner

QUOI DE NEUF, PUSSYCAT ? (What’s New, Pussycat?) réalisé par Clive Donner, disponible en combo Blu-ray + DVD le 7 novembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter Sellers, Peter O’Toole, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, Eddra Gale…

Scénario : Woody Allen

Photographie : Jean Badal

Musique : Burt Bacharach

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Rédacteur en chef d’une grande revue féminine parisienne, Michael James passe ses journées entouré de femmes superbes. Bien qu’il soit amoureux de la jolie Carole Werner, les autres beautés de son entourage ne le laissent pas indifférent. Pour tenter de s’amender, il consulte le psychiatre Fritz Fassenbender. Malheureusement pour James, le docteur est encore plus fou que lui et entraîne ses patients dans une spirale infernale de folie et de romance.

Peter Sellers, Romy Schneider, Capucine, Paula Prentiss, Woody Allen, Ursula Andress, ils sont tous réunis à la même affiche de Quoi de neuf, Pussycat ?What’s New, Pussycat?, comédie complètement déjantée réalisée par Clive Donner, d’après un scénario de Woody Allen. Le film étant entièrement tourné en France, au fameux Castel Henriette dans les Hauts-de-Seine, au Château de Chaumontel et à Luzarches dans le Val-d’Oise, et bien sûr à Paris (dont La Closerie des Lilas), il n’est donc pas étonnant de voir le casting anglo-saxon donner la réplique à Michel Subor, Jacques Balutin, Robert Rolis, Daniel Emilfork et même à Françoise Hardy dans la dernière scène. Quoi de neuf, Pussycat ? fait penser au buffet à volonté d’un traiteur asiatique. Le choix est vaste, immense, on blinde son assiette sur plusieurs étages, on engouffre le tout sans forcément se rendre compte du mélange hétérogène auquel on s’adonne, avant de lécher son auge et de repartir se servir pour un second service. Si l’on finit enfin par être rassasié, l’estomac en a pris un coup, le souffle est court, la fatigue nous assomme, on se sent barbouillé, mais heureux. C’est ça What’s New, Pussycat?, on en prend plein les mirettes, c’est souvent lourd et pesant, mais les ingrédients foutraques fonctionnent malgré tout et si l’ingestion pointe effectivement en fin de parcours, on ne peut s’empêcher d’aimer cette fantaisie frappadingue, qui marque les débuts au cinéma, comme scénariste et comédien d’Allan Stewart Konigsberg, plus connu sous le nom de Woody Allen.

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Test Blu-ray / Charlie et ses deux nénettes, réalisé par Joël Séria

CHARLIE ET SES DEUX NÉNETTES réalisé par Joël Séria, disponible en Blu-ray le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Serge Sauvion, Jeanne Goupil, Nathalie Drivet, Jean-Pierre Marielle, André Lacombe, Jean Le Gall, Jean Mauvais, Annie Savarin…

Scénario : Joël Séria

Photographie : Marcel Combes

Musique : Philippe Sarde

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

A la porte d’un bureau de placement, Charlie, 39 ans, fait la connaissance de Guislaine et de Josyane, deux jeunes cousines de 20 ans, coiffeuse pour l’une et vendeuse au chômage pour l’autre. Charlie, qui vit de petits boulots, les invite à boire quelque chose et se laisse aller aux confidences. Plus tard, elles le poussent à reprendre son activité : faire les marchés. S’ensuit une virée sur les routes de France…

Changement de registre complet pour Joël Séria (né en 1936), qui trois ans après Mais ne nous délivrez pas du mal revient derrière la caméra pour une petite chronique légère et insouciante intitulée Charlie et ses deux nénettes, toujours interprétée par celle qui allait devenir son épouse, Jeanne Goupil. Elle donne cette fois la réplique à Nathalie Drivet, qui avait été pressentie pour jouer dans le premier long-métrage du réalisateur et que l’on reverra également plus tard dans les mythiques Galettes de Pont-Aven, ainsi qu’à Serge Sauvion, qui accédait au haut de l’affiche après plus de vingt ans de cinéma. Représentatif de son époque, autrement dit après mai-68, Charlie et ses deux nénettes montre ce qui reste des idéaux des français au début des années 1970, pas grand-chose donc, un an avant l’arrivée au pouvoir de Valéry Giscard d’Estaing. Les cinéphiles apprécieront aussi le film puisqu’il s’agit de la première collaboration entre Joël Séria et Jean-Pierre Marielle, qui se retrouveront à trois reprises pour Les Galettes de Pont-Aven (1975), … Comme la lune (1977) et Les Deux Crocodiles (1987). Une comédie teintée de gravité, ou un drame léger ? Charlie et ses deux nénettes est un peu tout ça et sans doute plus, car mine de rien une certaine mélancolie (mise en relief par le maestro Philippe Sarde) trotte longtemps en tête après et prouve que ses personnages sont aussi attachants que marquants. Et le charme subsiste.

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Test Blu-ray / Le Convoi, réalisé par Sam Peckinpah

LE CONVOI (Convoy) réalisé par Sam Peckinpah, disponible en Blu-ray le 1er septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Kris Kristofferson, Ali MacGraw, Ernest Borgnine, Burt Young, Madge Sinclair, Franklyn Ajaye, Brian Davies, Seymour Cassel, Cassie Yates…

Scénario : Bill L. Norton

Photographie : Harry Stradling Jr.

Musique : Chip Davis

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Rubber Duck est rejoint par ses anciens collègues camionneurs dans un mouvement contestataire contre le shérif Wallace qui agit comme un véritable tyran. Leur convoi parcourt les routes du Nouveau-Mexique jusqu’au moment où les forces de l’ordre les arrêtent en les empêchant de poursuivre. L’affaire commence alors à se médiatiser…

C’est l’avant-dernier opus d’un cinéaste dont le nom donne des frissons aux cinéphiles. Le Convoi Convoy est en effet le treizième long-métrage de Sam Peckinpah, mais aussi son plus grand succès commercial à travers le monde, malgré des critiques plus que mitigées à sa sortie. S’il est toujours aujourd’hui considéré comme mineur dans la filmographie du maître, Le Convoi n’en reste pas moins un sacré tour de force et demeure l’un des derniers témoignages du Nouvel Hollywood, comme si la dépouille de ce courant avait été ranimée une ultime fois, pour renouer avec l’aura d’oeuvres comme Macadam à deux voies Two-Lane Blacktop de Monte Hellman et surtout de Point limite zéro Vanishing Point de Richard C. Sarafian, auxquels Sam Peckinpah aurait greffé la légèreté de Cours après moi shérif Smokey and the Bandit de Hal Needham, gros carton de l’année précédente. Il en résulte un spectacle haut de gamme, un road movie où les gros bahuts suivraient la ligne blanche séparant l’asphalte, avec d’un côté le quotidien sclérosé et corseté, et de l’autre le désir inné de liberté. À ce titre, Kris Kristofferson est impeccable dans la peau du leader malgré-lui du mouvement improvisé de cette folle échappée, où prenant le volant pour échapper à la prison après une bagarre qui a mal tourné, celui-ci se retrouve à la tête d’un convoi de camions (mais pas que) qui commence à s’étaler sur le ruban goudronné et interminable. Ou quand Sam Peckinpah remplace ses canassons par des camions cylindrés pour parcourir le Nouveau-Mexique. Un pur et grand divertissement.

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Test Blu-ray / Astérix & Obélix contre César, réalisé par Claude Zidi

ASTÉRIX ET OBÉLIX CONTRE CÉSAR réalisé par Claude Zidi, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 27 septembre 2023 chez Pathé.

Acteurs : Christian Clavier, Gérard Depardieu, Roberto Benigni, Michel Galabru, Laetitia Casta, Claude Piéplu, Daniel Prévost, Pierre Palmade, Arielle Dombasle, Sim, Marianne Sägebrecht, Gottfried John, Jean-Pierre Castaldi, Jean-Roger Milo, Jean-Jacques Devaux, Michel Muller…

Scénario : Claude Zidi & Gérard Lauzier, d’après la bande dessinée de René Goscinny & Albert Uderzo

Photographie : Tony Pierce-Roberts

Musique : Jean-Jacques Goldman & Roland Romanelli

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Vers 50 avant Jésus-Christ, tandis que toute la Gaule est occupée, seul un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur romain et défie les augustes légions de César. Pour comble, voilà que ces rebelles s’emparent de la recette des impôts, alors que César est en route pour envahir la Bretagne. Cet affront à la « pax romana » fait peu l’affaire de Détritus, le gouverneur de la région, car Astérix, Obélix et leurs concitoyens, tous unis derrière leur chef Abraracourcix lorsqu’il s’agit d’aller se battre contre les Romains, sont fort susceptibles. La potion magique de leur druide Panoramix les rend invincibles…

Astérix et Obélix contre César a été en son temps, il y a près d’un quart de siècle donc, le film français de tous les records, ou presque. Plus de 270 millions de francs (soit plus de 40 millions d’euros) de budget, des centaines de figurants, le plus grand succès au box-office de l’année 1999 – devant Tarzan de Disney, La Menace fantôme, Matrix, Coup de foudre à Notting Hill… – avec près de 9 millions de spectateurs rien que dans l’Hexagone, 3,5 millions en Allemagne, 3 millions en Espagne, 2 millions en Italie…Une affaire très lucrative en dépit de critiques on ne peut plus tièdes voire glaciales qui l’ont accompagné à sa sortie. Co-production franco-italo-allemande, Astérix et Obélix contre César est aussi devenu le plus grand triomphe de la carrière exceptionnelle de Claude Zidi (le film ayant été aussi envisagé avec Jean-Marie Poiré à la barre), qui s’est vu confier par Claude Berri, la première adaptation cinématographique en prise de vues réelles de la bande dessinée Astérix écrite par Albert Uderzo et René Goscinny, après deux projets qui n’avaient jamais vu le jour, le premier par Claude Lelouch, le second avec Louis de Funès. Éminemment populaire, cet opus d’Astérix version live est passé quelque peu dans l’ombre suite au raz-de-marée trois ans plus tard d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, même si l’épisode concocté par Claude Zidi lui reste supérieur en termes d’entrées à l’étranger avec 16 millions de spectateurs contre 10 millions. Après la déconvenue d’Astérix aux Jeux olympiques (2008), d’Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012) et d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (2023), le premier volet a su être reconsidéré et détient aujourd’hui de nombreux aficionados qui le défendent et le considèrent même de meilleure qualité que la colossale seconde aventure. S’il y a définitivement des éléments qui coincent, d’autres non négligeables participent à la réussite d’Astérix et Obélix contre César qui marque une étape dans le cinéma bien de chez nous.

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Test DVD / Showing Up, réalisé par Kelly Reichardt

SHOWING UP réalisé par Kelly Reichardt, disponible en DVD et Blu-ray le 5 septembre 2023 chez Diaphana.

Acteurs : Michelle Williams, Hong Chau, André 3000, Todd-o-Phonic Todd, Lauren Lakis, Denzel Rodriguez, Jean-Luc Boucherot, Ted Rooney…

Scénario : Jonathan Raymond & Kelly Reichardt

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Ethan Rose

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

À quelques semaines du vernissage de son exposition, le quotidien d’une artiste et son rapport aux autres. Le chaos de sa vie va devenir sa source d’inspiration…

C’est toujours un plaisir de parler de Kelly Reichardt (née en 1964), l’une des réalisatrices les plus singulières et passionnantes du cinéma indépendant américain. Showing Up est son huitième long-métrage mis en scène en près de trente ans de carrière et s’il n’est assurément pas le meilleur et demeure même sans doute mineur dans la filmographie de la cinéaste, cet opus n’en reste pas moins bien au-dessus de la mêlée et mérite qu’on s’y attarde. Merveilleuse directrice d’acteurs, Kelly Reichardt retrouve Michelle Williams, sa comédienne fétiche, pour la quatrième fois et lui offre un nouveau rôle atypique, diamétralement opposé à ceux qu’elle interprétait dans le sublime Wendy et Lucy (2008), La Dernière piste (2011) et Certaines femmes (2016). Dans Showing Up, on reconnaît ce minimalisme propre au cinéma de Kelly Reichardt, que certains pourront trouver cette fois trop épuré ou tout du moins asséché. Car il ne se passe pas grand-chose (en apparence) dans Showing Up, qui tente de percer et de capturer le bouillonnement créatif qui anime une artiste, loin de l’image de l’exubérance qu’on leur prête et associe souvent. Encore et toujours à contre-courant du septième art y compris celui catalogué d’auteur, la réalisatrice signe avec Showing Up l’un de ses films les plus étranges.

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Test DVD / Mon père et moi, réalisé par Laura Terruso

MON PÈRE ET MOI (About My Father) réalisé par Laura Terruso, disponible en DVD le 3 octobre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Robert De Niro, Sebastian Maniscalco, Leslie Bibb, Kim Cattrall, David Rasche, Anders Holm, Brett Dier, Adan James Carrillo…

Scénario : Austen Earl & Sebastian Maniscalco

Photographie : Rogiers Stoffers

Musique : Stephanie Economou

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Encouragé par sa fiancée, Sebastian invite son père Salvo, modeste coiffeur italo-américain, à faire la connaissance de sa très riche et excentrique belle-famille durant un weekend prolongé dans leur somptueuse résidence. Ce véritable choc des cultures se transforme en un concentré édifiant et hilarant de tout ce qu’il faut éviter de faire lors d’une telle rencontre familiale…

Quand il ne tourne pas chez son pote Martin Scorsese ou chez David O. Russell, ce bon vieux Robert De Niro enfile une chemise hawaïenne et un bermuda pour se complaire dans des comédies souvent insignifiantes. Il y a près de 25 ans (oui oui, déjà un quart de siècle), le premier volet de ce qui sera alors une trilogie, Mon beau-père et moi Meet the Parents de Jay Roach, que le comédien produisait également, allait lui faire un nouveau pécule à la banque et confirmait ainsi au public, déjà conquis précédemment par Mafia Blues Analyze This de Harold Ramis, que Bob savait faire rire. Ou comment passer en un clin d’oeil de Casino et Heat à Showtime de Tom Dey et La Loi et l’Ordre Righteous Kill de Jon Avnet, une comédie qui s’ignore certes, mais tout de même. Mon beau-père, mes parents et moiMeet the Fockers (2004) et Mon beau-père et nousLittle Fockers de Paul Weitz (2010) ont laissé de telles traces, y compris chez nous, que certains distributeurs n’ont pas hésité à nous refourguer d’autres exploits du même genre de Bobby, en nous faisant croire à travers leurs titres français qu’il s’agissait d’une pseudo-suite. Ainsi, après Mon grand-père et moi The War with Grandpa de Tim Hill en 2020 (sans parler de Dirty Papy de Dan Mazer), voilà que débarque Mon père et moi About My Father de Laura Terruso. Évidemment, rien à voir encore une fois avec les Fockers, mais il s’agit d’une entourloupe pour nous vendre la nouvelle distribution Lionsgate et production des frères Chris et Paul Weitz. Totalement inconnu en France, Sebastian Maniscalco (né en 1973) est un acteur et humoriste spécialisé dans le stand-up, qui a fait quelques apparitions au cinéma dasns Green Book: Sur les routes du sud de Peter Farrelly et The Irishman de Martin Scorsese. Il y a fort à parier que c’est sur ce dernier que Sebastian Maniscalco a su convaincre Robert De Niro d’incarner son père dans About My Father, inspiré de sa propre vie et donc de son paternel, film qu’il a écrit et dans lequel il s’est octroyé le premier rôle, personnage qui porte d’ailleurs son véritable nom. Mais ce n’est clairement pas avec ce Mon père et moi qu’il se fera justement une renommée dans nos contrées, d’une part parce que le film est sorti dans l’indifférence générale, d’autre part puisqu’il s’agit d’une comédie aux gags pauvres et complètement éculés, qui semble sortir des bas-fonds des années 1990-2000 où elle aurait été oubliée. Rien ou pas grand-chose ne sauve About My Father du tout-venant, si ce n’est l’abattage de De Niro, vêtu aux couleurs du drapeau américain, qui fait la course à l’oeuf et drague une Kim Catrall méconnaissable, tout en faisant sa mimique mythique, l’oeil pincé et le sourire de travers. C’est peu, beaucoup trop peu.

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Test DVD / Normale, réalisé par Olivier Babinet

NORMALE réalisé par Olivier Babinet, disponible en DVD le 23 août 2023 chez Blaq Out.

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Justine Lacroix, Joseph Rozé, Steve Tientcheu, Sofian Khammes, Saadia Bentaïeb, Geoffrey Carey, Mayline Dubois…

Scénario : Olivier Babinet, Juliette Sales & Fabien Suarez

Photographie : Jean-François Hensgens & Boris Abaza

Musique : Jean-Benoît Dunckel

Durée : 1h24

Année de sortie : 2023

LE FILM

Lucie, une adolescente en classe de troisième, vit seule avec son père veuf, addict au haschich et souffrant de la sclérose en plaques. Elle est amoureuse d’un garçon de sa classe, qui victime d’homophobie, lui propose un étrange marché. En parallèle, l’état de son père se dégrade. Une assistante sociale doit venir à la maison pour vérifier que tout se passe bien…

Rebelote pour Olivier Babinet, qui avec son quatrième long-métrage Normale confirme une fois de plus la singularité, mais aussi la préciosité de son cinéma. En adaptant la pièce de théâtre Monster in the Hall de David Greig, co-scénariste de l’ébouriffant Vinynan de Fabrice du Welz, le réalisateur plonge l’immense Benoît Poelvoorde dans une comédie-dramatique qui prend des allures de roman-graphique, impression renforcée par l’utilisation du cadre atypique 1.66. Il y a indéniablement une fraîcheur et un côté inclassable chez Olivier Babinet, même si Normale apparaît plus « classique » que son ambitieux Poissonsexe sorti en 2020. Il s’agit ici, pour reprendre les mots de la jeune Lucie, d’une « histoire de souffrance, de désespoir, de malaise et de honte d’une fille de Chelles, où se mêlent le sexe, la mort, l’humiliation et la catastrophe ». Il faut voir derrière ces mots couchés dans un journal intime, les sentiments complexes, la timidité, l’anxiété d’une adolescente qui a perdu sa mère dans un accident de moto et qui doit s’occuper de son père atteint de la sclérose en plaques. Quel avenir peut-on alors envisager quand on vit cette situation et quand on a juste quinze ans ? La délicatesse d’écriture, sans aucun misérabilisme, dans laquelle on peut retrouver la sensibilité de la scénariste Juliette Sales (le merveilleux Je ne suis pas là pour être aimé de Stéphane Brizé, le génial Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu, l’envoûtant Dorothy d’Agnès Merlet), foudroie du début à la fin de Normale, drame aux allures de comédie (et/ou le contraire), magnifiquement interprété par le grand Benoît (qui a désormais l’étoffe d’un Depardieu) et Justine Lacroix, révélation de C’est ça l’amour de Claire Burger, qui confirme aussi tous les espoirs placés en en elle. Assurément l’un des petits trésors de l’année 2023.

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Test DVD / Pour l’honneur, réalisé par Philippe Guillard

POUR L’HONNEUR réalisé par Philippe Guillard, disponible en DVD le 6 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madénian, Solène Hébert, Camille Aguilar, Tom Villa, Saabo Balde, Sâm Mirhosseini…

Scénario : Philippe Guillard & Eric Fourniols

Photographie : Denis Rouden

Musique : Gisèle Gérard-Tolini

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains, deux petits villages du Sud de la France, se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clocher. Symbolisée par un redoutable derby entre les deux équipes de rugby, Trocpont a incontestablement pris l’ascendant mais une arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne et bouleverser la vie de ces deux villages.

Il persiste le bougre ! Depuis le joli succès dans les salles de son premier long-métrage, Le Fils à Jo (2011) qui avait attiré plus d’1,2 millions de spectateurs, Philippe Guillard, ancien joueur de rugby (« un sport de brutes pratiqué par des coeurs tendres ») reconverti dans le cinéma, a signé trois autres films, On voulait tout casser (2015), Papi Sitter (2020) et J’adore ce que vous faites (2022), qui se sont tous méchamment vautrés au box-office. Rebelote avec Pour l’honneur, qui n’aura pas dépassé la barre des 175.000 entrées et pour cause…N’y allons pas par quatre chemins, il s’agit ni plus ni moins d’un des pires films de l’année 2023. Rien, absolument rien ne fonctionne, le casting, l’alchimie entre les « comédiens », la mise en scène, l’humour, le message, tout y est catastrophique. En martelant son discours sur la fraternité et l’entraide avec la délicatesse et l’humilité d’un Jean Messiha qui annonçait son départ de Reconquête après l’annonce des résultats du premier tour en 2022, Pour l’honneur se prend les pieds dans le tapis dès la première scène, celle de la réunion du village où les idéologies s’opposent, autrement dit les deux extrêmes. D’un côté, la tenancière d’un bar-hôtel, qui ouvrira son établissement à une poignée de migrants (avec lesquels ils chanteront Je l’aime à mourir de Francis Cabrel, qui a d’ailleurs signé la chanson de la bande originale) venus de Côte d’Ivoire, du Mali, d’Afghanistan, du Congo, de Syrie…et de l’autre un type d’origine allemande (évidemment) qui voit d’un mauvais œil cette installation forcée. Comment résumer la situation…Dans la France profonde, on n’aime pas les noirs et les arabes, même si on nous dit que « le noir ça déteint pas ». Dans toute la France profonde ? Noooon ! Quelque part près de Brive, une brave hôtelière ouvre ses portes à une dizaine de migrants…et si parmi eux il y avait des possibles recrues pour intégrer leur équipe locale de rugby ??? Hein ??? Mais c’était sans compter le dénommé Gantzer, qui avec son nom nazi déteste ce qui a la peau bronzée ! Ces gens là gênent…surtout que l’usine qui fait vivre la région est spécialisée dans le jambon, ce n’est sûrement pas avec eux que leur chiffre d’affaire va croître ! Non mais alors ma bonne dame ! Je vous remets un gros rouge qui tâche ? Philippe Guillard, c’est un peu un sous-Christophe Barratier, qui a probablement la musique de la publicité pour les saucisses Herta (« ne passons pas à côté des choses simples ») comme sonnerie de téléphone, qui écoute un best-of de Sandrine Rousseau sur YouTube, qui met des pouces en bas sur les vidéos de Charlotte d’Ornellas sur le même réseau, qui a sorti le rouleau de Sopalin devant la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby et qui est venu trop vite quand Jean Dujardin a montré ses miches (de pain). C’était le bon temps aurait chanté Francis Kuntz de Groland. En l’état, Pour l’honneur est une horreur absolue, tant sur le fond que sur la forme, jusqu’à l’affiche où les personnages paraissent, comme le dirait Orson Welles, se foutre de notre gueule. À vos risques et périls…

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