Test DVD / Société anonyme anti-crime, réalisé par Stefano Vanzini

SOCIÉTÉ ANONYME ANTI-CRIME (La Polizia ringrazia) réalisé par Stefano Vanzina, disponible en DVD le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Enrico Maria Salerno, Mariangela Melato, Mario Adorf, Franco Fabrizi, Cyril Cusack, Laura Belli, Jürgen Drews, Corrado Gaipa…

Scénario : Stefano Vanzini & Lucio De Caro

Photographie : Riccardo Pallottini

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h34

Année de sortie : 1972

LE FILM

Rome, la corruption a gangrené toutes les institutions. Le commissaire Bertone tente malgré tout de faire son travail correctement. Alors qu’il recherche deux voyous ayant assassiné un joaillier après un braquage, il retrouve l’un d’eux, mort, au bord du canal. Il va peu à peu découvrir qu’un groupe armé a entrepris de faire justice sur les malfrats libérés par une administration trop laxiste.

Rome est aussi à toi ! Aide-nous à la garder propre !

Dans le cinéma d’exploitation, en particulier celui qui a submergé les salles italiennes dans les années 1970, sont dissimulées quelques pépites qui allaient bien au-delà du simple cinéma Bis, qui ont su traverser les années et même les décennies sans (trop) de dommages et dont le propos demeure d’une redoutable efficacité et d’une folle modernité. C’est le cas de Société anonyme anti-crime, réalisé par Stefano Vanzina (1917-1988), plus connu par les cinéphiles sous le pseudonyme de Steno. Pour faire simple, nous dirons purement et simplement que La Polizia ringrazia annonce ni plus ni moins Magnum Force de Ted Post, le deuxième volet de la saga Harry Callahan, co-écrit par John Milius et Michael Cimino. Dans cette deuxième enquête de l’inspecteur Harry, ce dernier se retrouvait face à des meurtres ayant pour cible des proxénètes, des trafiquants et des assassins, commis par une « brigade spéciale » de flics néofascistes, auto-proclamés juges et bourreaux, qui avaient décidé de nettoyer la ville à leur façon. Si dans Société anonyme anti-crime, le personnage principal impeccablement campé par Enrico Maria Salerno est un modèle d’intégrité, Callahan se retrouvait comme qui dirait face à lui-même dans Magnum Force puisque les motards tueurs usaient des mêmes méthodes expéditives. Mais le sujet reste le même et le film de Steno interroge sur cette question de l’autodéfense qui revenait sans cesse dans la bouche de celles et ceux qui étaient victimes ou témoins de vols à main armée, de kidnappings et de meurtres qui régissaient leur quotidien dans les rues des grandes villes dans l’Italie des Années de plomb. Société anonyme anti-crime est un polar solide, excellemment mis en scène et interprété, qui a des choses à dire et les dit bien, sans avoir recours à une violence gratuite. Il en ressort une noirceur et une ironie sombre qui à l’instar du final tragique et pessimiste imprègne le spectateur et le fait s’interroger sur la valeur morale des institutions qui régissent la vie des citoyens.

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Test DVD / Opération K, réalisé par Luigi Petrini

OPÉRATION K (Operazione Kappa: sparate a vista) réalisé par Luigi Petrini, disponible en DVD le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Mario Cutini, Marco Marati, Maria Pia Conte, Patricia Pilchard, Mario Bianchi, Maria Francesca, Linda Sini, Edmondo Tieghi…

Scénario : Luigi Petrini

Photographie : Luigi Ciccarese

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h30

Année de sortie : 1977

LE FILM

Expulsé d’une fête mondaine pour avoir couché avec la fille des propriétaires, le jeune paumé Paolo rencontre Giovanni, le fils rebelle d’un professeur. Sous l’effet de la drogue, les deux amis violent Anna, la fiancée de Giovanni, et tuent la voisine qui voulait intervenir. En fuite, avec la police à leurs trousses, ils décident de prendre un restaurant en otage…

Ne cherchez pas, le nom de Luigi Petrini ne vous dira sûrement rien. Né à Rome en 1934, ce réalisateur ne sera actif que de 1964 à 1988 et mettra en scène une dizaine de longs-métrages, en passant allègrement d’un genre à l’autre. Il débute dans le registre dramatique avec son premier long-métrage, Una storia di notte, avec la sublime Sylva Koscina, puis enchaîne directement sur la romance Le Sedicenni (1965), avant de signer son premier polar, A suon di lupara (1968). En 1970, il s’intéresse à une histoire d’amour entre deux femmes dans Così, così… più forte, puis continue sur cette lancée l’année suivante dans La Ragazza dalle mani di corallo (1971). Luigi Petrini aborde ensuite la comédie avec Scusi, si potrebbe evitare il servizio militare?… No! (1974). Les années 1970 touchent à leur fin et le cinéaste commence à racler les fonds de tiroir en mélangeant un peu de tout, notamment avec A.A.A. cercasi spia… disposta spiare per conto spie, mélange gloubi-boulga de comédie-policière et de comédie-musicale. S’il arrêtera sa carrière sur un « coup d’éclat » intitulé White Pop Jesus (1980) – on vous prévient, vous n’en croirez pas vos yeux – Luigi Petrini livre aussi ce qui est probablement son meilleur film, Opération KOperazione Kappa: sparate a vista. Sorti en 1977, ce polar étrange, mélange de poliziottesco, genre qui tirait alors sur sa fin (comme tout le cinéma d’exploitation en fait), et de rape and revenge n’a rien du grand film, mais s’avère un rejeton quelque peu dégénéré et surtout peu aimable, qui étonne par sa violence sèche et brutale, ainsi que par le traitement de ses personnages, repoussants, abjects, vulgaires, misogynes et puants, filmés néanmoins comme des héros tragiques car montrés comme des victimes de la société dans l’Italie des tristement célèbres Années de plomb.

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Test DVD / Le Démon de la chair, réalisé par Edgar G. Ulmer

LE DÉMON DE LA CHAIR (The Strange Woman) réalisé par Edgar G. Ulmer, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Hedy Lamarr, George Sanders, Louis Hayward, Gene Lockhart, Hillary Brooke, Rhys Williams, June Storey…

Scénario : Herb Meadow, Hunt Stromberg & Edgar G. Ulmer d’après le roman de Ben Ames Williams

Photographie : Lucien Andriot

Musique : Carmen Dragon

Durée : 1h36

Année de sortie : 1946

LE FILM

Dans le Maine du XIXème siècle, à Bangor, une femme fatale sème la mort autour d’elle, n’hésitant pas à demander à son soupirant de tuer son père s’il veut qu’elle cède à ses avances, et fait ainsi basculer le destin de trois hommes amoureux d’elle.

Edgar Georg Ulmer (1904-1972) est un cinéaste que les cinéphiles n’ont cessé de redécouvrir depuis sa mort. Metteur en scène, scénariste, producteur et directeur de la photographie américain d’origine austro-hongroise, ancien comédien et décorateur, celui que l’on connaît plus communément sous le nom d’Edgar G. Ulmer est l’auteur de moult films chéris par les spectateurs. Assistant de F.W. Murnau, Robert Siodmak, Billy Wilder, Fred Zinnemann, il passe à la mise en scène dans les années 1930 et signe notamment Le Chat noirThe Black Cat (1934) avec Boris Karloff et Bela Lugosi. Suivront plus tard, pêle-mêle, L’Ile des péchés oubliés (1943), Barbe Bleue (1944) avec John Carradine, Detour (1945), Les Pirates de Capri (1951), L’Homme de la planète X (1951) qui reflètent l’éclectisme et le caractère prolifique du réalisateur. Edgar G. Ulmer a alors près de quarante films et documentaires à son actif quand il entreprend Le Démon de la chairThe Strange Woman (1946), film noir et drame psychologique adapté d’un roman de Ben Ames Williams, produit et interprété par la sublimissime Hedy Lamarr, femme fatale, vénéneuse et à se damner dans un rôle taillé sur mesure, dans lequel elle enflamme l’écran et les sens.

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Test DVD / Ma Barker et son gang, réalisé par Bill Karn

MA BARKER ET SON GANG (Ma Barker’s Killer Brood) réalisé par Bill Karn, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Lurene Tuttle, Tristram Coffin, Paul Dubov, Nelson Leigh, Myrna Dell, Victor Lundin, Don Grady, Gary Ammann…

Scénario : Tom Hubbard & John Patrick

Photographie : F. Paul Hall

Musique : Gene Kauer

Durée : 1h26

Année de sortie : 1960

LE FILM

A la grande désapprobation de son mari, Kate Barker encourage ses enfants à piller les troncs d’églises. Lorsque le jeune Herman est arrêté pour avoir dévalisé une attraction foraine, le shérif local chasse la famille de la ville. Quelques années plus tard, « Ma » et ses fils figurent en tête de liste des gangsters les plus recherchés des Etats Unis, lesquels, tels Mitraillette Kelly ou Alvin Karpis n’hésitent pas à s’associer avec le désormais redouté gang Barker.

« Freeze ! I’m Ma Baker ! Put your hands in the air and give me all your money ! »

Les fans de Boney M et de disco reconnaîtront immédiatement les premières paroles de la chanson Ma Baker. Ce qu’ils savent moins, c’est que ce tube de 1977 s’inspire de l’histoire de la criminelle Kate Barker, surnommée Ma Barker, qui avait comme particularité d’être à la tête d’un gang composé de ses enfants dans les années 1920. Une personnalité singulière qui a évidemment fait de l’oeil au cinéma et qui a donc donné naissance au film Ma Barker et son gangMa Barker’s Killer Brood, réalisé en 1960 par Bill Karn. En introduction, un panneau indique qu’il s’agit bien d’une « histoire vraie corroborée par les documents de la police, des extraits de journaux et des témoignages ». Ce long-métrage tient à respecter au maximum les faits réels et les évènements qui ont jalonné la « carrière sadique de Katharine Clark Barker, reine du crime, qui a appris à ses fils que le seul vrai crime était de se faire prendre ». Ce sur quoi le film démarre, après avoir ajouté que durant deux décennies de braquages, d’enlèvements et de meurtres, Ma Barker n’a jamais été arrêtée. Nous accueillons Ma Barker et son gang à bras ouverts et ce portrait dressé de ce génie diabolique, mère de la pègre et ennemie publique ne déçoit pas. Cette petite réussite est surtout imputable à l’interprétation survoltée et suintante de Lurene Tutle (1907-1986), comédienne exceptionnelle vue chez Orson Welles (Macbeth), Henry Hathaway (Niagara), Stanley Donen (Donnez-lui une chance) et Alfred Hitchcock (Psychose), qui trouve peut-être ici le rôle de sa vie.

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Test DVD / Les Rôdeurs de l’aube, réalisé par Tim Whelan

LES RÔDEURS DE L’AUBE (Rage at Dawn) réalisé par Tim Whelan, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Forrest Tucker, Randolph Scott, Mala Powers, J. Carrol Naish, Edgar Buchanan, William Forrest…

Scénario : Horace McCoy, d’après une histoire de Frank Gruber

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h23

Année de sortie : 1955

LE FILM

En 1866, dans le sud de l’Indiana, le gang des frères Reno terrorise la région en braquant des banques et pillant des trains, avec la complicité de notables locaux qui ferment les yeux sur leurs activités, prenant au passage leur « commission ». Les habitants du secteur, lassés de cette situation, font appel à l’agence de détectives Pinkerton qui dépêche un de ses agents. Les renseignements recueillis permettent d’organiser un guet-apens lors d’une nouvelle attaque de banque, mais les frères Reno en réchappent (sauf un qui est tué). Ils découvrent peu après que l’agent en question est le barman Murphy et l’assassinent. L’agence envoie alors un nouvel homme, James Barlow, qui parvient à infiltrer le gang en courtisant la sœur des Reno, Laura, et en se faisant lui-même passer pour un braqueur…

Vous n’aviez jamais entendu parler des frères Reno ? Non, rien à voir avec Jean, mais comme les spécialistes du Far-West pourront vous le dire, ainsi qu’un carton au début du film qui nous intéresse aujourd’hui, les frères Reno, Clint fermier respecté, Frank, Simeon, John et Bill demeurent célèbres pour avoir été les premiers voleurs de train de l’histoire des Etats-Unis. Pillant, brûlant et tuant, la bande a parcouru les états frontaliers du Midwest, ouvrant la voie aux grands gangs de hors-la-loi, plus connus pour le coup, les frères James, les frères Dalton et les Younger. Sur une histoire signée Horace McCoy, l’auteur du légendaire On achève bien les chevaux et scénariste (Gentleman Jim de Raoul Walsh, Le Fauve en liberté de Gordon Douglas et Les Indomptables de Nicholas Ray), inspirée d’un récit du spécialiste du roman policier et du western Frank Gruber, le réalisateur Tim Whelan livre pour la RKO un petit film bien emballé, toujours aussi divertissant 65 ans après. Il offre aussi à Randolph Scott l’un des derniers rôles à l’écran et qui s’avère impeccable dans la peau du dénommé Barlow, un agent fédéral qui se fait passer pour un hors-la-loi, afin de gagner la confiance des frères et des bureaucrates pourris. Cela se complique avec la compassion qu’éprouve Barlow pour Laura, la soeur des Reno, qui tient la maison à contre-coeur. La tension monte alors que la bande s’apprête un coup pour attaquer un train.

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Test DVD / Daniel Boone, l’invincible trappeur, réalisé par Albert C. Gannaway & Ismael Rodríguez

DANIEL BOONE, L’INVINCIBLE TRAPPEUR (Daniel Boone, Trail Blazer) réalisé par Albert C. Gannaway & Ismael Rodríguez, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Bruce Bennett, Lon Chaney Jr., Faron Young, Kem Dibbs, Damian O’Flynn, Jacqueline Evans, Nancy Rodman, Freddy Fernández…

Scénario : Tom Hubbard & John Patrick

Photographie : Jack Draper

Musique : Raúl Lavista

Durée : 1h15

Année de sortie : 1956

LE FILM

Vers la fin du 18ème siècle, un groupe de pionniers s’installe dans le Kentucky avec le soutien du célèbre trappeur Daniel Boone. Cette intrusion suscite la colère des indiens Shawnees, mal conseillés par un anglais vindicatif qui déteste Boone. Le trappeur qui entretient de longue date des liens amicaux avec Black Fish le grand chef Shawnee va tenter de mettre un terme aux massacres des colons.

Daniel Boone (1734-1820) est une icône de l’histoire américaine, dont la légende a comme bien souvent enjolivé la vie et les actes. Considéré comme étant le premier héros de l’histoire des Etats-Unis, les exploits de l’explorateur et pionnier de la colonisation de l’Amérique du Nord ont très tôt inspiré la littérature et le cinéma, y compris le légendaire roman de James Fenimore Cooper, Le Dernier des Mohicans, publié en 1826. C’est dire si l’histoire de Daniel Boone fait partie du folklore américain. Sur le grand écran, George O’Brien l’a interprété en 1936 dans un film qui porte le nom de son héros et réalisé par David Howard. Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui date de 1956 et on y retrouve Bruce Bennett dans la peau du trappeur, plongé dans l’état du Kentucky, une contrée sauvage qui en dialecte indien signifie « terre sombre et sanglante ». Le comédien s’en sort très bien dans la peau de Daniel Boone, dont le courage est sans cesse loué par ses camarades, ses enfants et sa femme qui semble constamment en état d’hypnose rien qu’en le regardant. Tout irait pour le mieux pour tous ces colons, mais voilà ces territoires hostiles sont encore marqués par la présence d’Indiens qui peinent à accepter la présence de l’homme blanc qui bâtit des villes là où ils chassaient avant leur arrivée. Bref, vous l’aurez compris, les Indiens, alliés ici aux Anglais qui leur fournissent des armes, ne veulent pas se laisser faire par les colons, même si Daniel Boone s’évertue à leur dire que « l’homme blanc est ici pour faire ami et aider Indiens ». Mais ces derniers attaqueront le fort de Daniel Boone, qui de son côté ripostera avec ses camarades en leur tirant dessus, tout en gardant le sourire et en prenant cette attaque – et ce génocide – comme un entraînement au tir.

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Test Blu-ray / Les Cent Cavaliers, réalisé par Vittorio Cottafavi

LES CENT CAVALIERS (I Cento cavalieri) réalisé par Vittorio Cottafavi, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Mark Damon, Antonella Lualdi, Rafael Alonso, Manuel Gallardo, Wolfgang Preiss, Hans Nielsen, Barbara Frey, Gastone Moschin…

Scénario : Vittorio Cottafavi, José María Otero, Giorgio Prosperi & Enrico Ribulsi

Photographie : Francisco Marín

Musique : Antonio Pérez Olea

Durée : 1h50

Année de sortie : 1964

LE FILM

En l’an 1000, alors que les Maures sont installés en Espagne, un petit village isolé de Castille voit arriver un cheikh et cent cavaliers. Ceux-ci demandent asile mais deviennent rapidement des occupants tyranniques. La résistance s’installe…

Essentiellement connu des cinéphiles, le réalisateur Vittorio Cottafavi (1914-1998) n’a jamais vraiment eu les honneurs de la critique et reste trop souvent oublié quand on évoque les maîtres et artisans du cinéaste italien. Cependant, depuis quelques années, le metteur en scène et ancien assistant de Vittorio De Sica sur Les Enfants nous regardentI bambini ci guardano (1949), connaît un regain d’intérêt, y compris dans nos contrées où la Cinémathèque Française avait d’ailleurs programmé une rétrospective de ses œuvres en juillet 2017. S’il ne date que de 1964, Les Cent CavaliersI Cento cavalieri, que certains connaissent également sous le titre Le Fils du Cid est son dernier long-métrage réalisé pour le cinéma. Pourquoi ? Parce-que le film, grosse production hispano-germano-italienne n’a pas rencontré le succès espéré dans les salles à sa sortie. Devant cette déception, le cinéaste se tournera ensuite vers la télévision où il n’arrêtera jamais de tourner pendant vingt ans. Pourtant, Les Cent Cavaliers demeure un immense divertissement à la beauté souvent renversante, un parfait chaînon manquant entre le cinéma d’auteur et le cinéma d’exploitation, qui mélange les genres avec une virtuosité confondante, puisque I Cento cavalieri est à la fois un film d’aventure et d’action, un drame historique, une histoire d’amour, avec un humour très présent, voire burlesque et qui n’hésite pas à briser le quatrième mur avec le personnage du peintre qui s’adresse directement au spectateur dès la première séquence. Il est temps de réhabiliter Vittorio Cottafavi et de se pencher sur sa filmographie extrêmement généreuse et intelligente.

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Test DVD / Le Chevalier du château maudit, réalisé par Mario Costa

LE CHEVALIER DU CHÂTEAU MAUDIT (Il Cavaliere del castello maledetto) réalisé par Mario Costa, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Massimo Serato, Irène Tunc, Luisella Boni, Pierre Cressoy, Livio Lorenzon, Maria Sima, Carlo Tamberlani, Aldo Bufi Landi…

Scénario : Sergio Corbucci, Piero Vivarelli

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Michele Cozzoli

Durée : 1h19

Année de sortie : 1959

LE FILM

Le perfide Ugo de Collefeltro a fait jeter en prison son oncle le duc Olivero et pris sa place sur le trône de Valgrado. Devant l’oppression subie, les gens du pays déplorent la disparition de leur ancien maître. Quand Isabelle, la fille du duc, revient au château, elle est demandée en mariage par son cousin Ugo. Elle fait alors connaissance avec le mystérieux Chevalier Noir, qui défend les paysans contre le tyran.

Dans les années 1950, le film de cape et d’épée est un des genres prisés par les spectateurs, notamment en France avec des titres emblématiques comme Fanfan la tulipe (1952), Les Trois Mousquetaires (1953) version André Hunebelle, La Tour, prends garde ! (1957), Le Bossu (1959), Le Capitan (1960) et bien d’autres. Ce que l’on sait moins, c’est que même l’Italie s’est également essayée au genre, à l’instar du mythique Riccardo Freda, qui avait d’ailleurs fait ses débuts derrière la caméra avec Don César de BazanDon Cesare di Bazan (1942). Totalement inconnu en France, le cinéaste Mario Costa aura signé par loin de 40 longs-métrages depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au début des années 1970. Prolifique et surtout éclectique, le réalisateur aura abordé le drame et la comédie-musicale dans la première partie de sa carrière, avant de bifurquer vers le film d’aventure. Le Chevalier du château mauditIl cavaliere del castello maledetto (1959) est comme qui dirait son premier coup d’essai du genre, qui sera suivi Prisonnier de la tourI Reali di Francia (1959), La Reine des piratesLa Venere dei pirati (1960), La Bataille de CorintheIl conquistatore di Corinto (1961), Gordon, chevalier des mersGordon, il pirata nero (1961), Le Retour du fils du SheikIl figlio dello sceicco (1962) et Les Cavaliers de la terreurIl terrore dei mantelli rossi (1963). Mais pour l’heure, Le Chevalier du château maudit demeure un divertissement classique et désuet, mais bourré de charme avec ses décors intérieurs confectionnés en carton-pâte, ses costumes approximatifs, ses batailles molles et ses comédiens qui en font souvent des caisses. Un film de chevalerie transalpin très premier degré, coécrit par le légendaire Sergio Corbucci, une curiosité doublée d’un bon moment de cinéma à l’ancienne, entre amours et intrigues, le tout enrobé d’embuscades et de duels.

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Test DVD / Ecorchés vifs, réalisé par Mario Siciliano

ÉCORCHÉS VIFS (Scorticateli vivi) réalisé par Mario Siciliano, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Bryan Rostron, Mario Novelli, Giuseppe Castellano, Pier Luigi Giorgio, Ettore Pecorari, Antonio Diana, Stefano Cedrati, Giulio Lucatelli…

Scénario : Amedeo Mellone, Mario Siciliano

Photographie : Gino Santini

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h32

Année de sortie : 1978

LE FILM

Rudy, un petit voyou sans envergure, part pour l’Afrique retrouver son frère. Celui-ci exploite une mine de diamants qui l’aiderait bien à éponger ses dettes. Rudy débarque en pleine révolution, son frère étant à la tête d’un commando de blancs contre les noirs.

Si vous avez déjà vu ou venez de voir (sur nos conseils) Les Sept Bérets rougesSette baschi rossi (1969) de Mario Siciliano, alors vous risquez d’être quelque peu décontenancés à la découverte d’Ecorchés vifsScorticateli vivi, réalisé en 1978 par le même cinéaste. Quasiment dix ans après son premier long-métrage, Mario Siciliano décide purement et simplement d’en recycler près d’une heure et de réutiliser ces images pour en construire un autre, suite au succès international des Oies sauvages The Wild Geese d’Andrew V. McLaglen. Un récit et un casting principal différents, mais un décor identique, et pour cause…Dans Ecorchés vifs, le réalisateur se contente de filmer ses acteurs dans des décors dépouillés, parfois même sur un fond blanc, les images étant ensuite bidouillées au montage avec celles tirées des Sept Bérets rouges, souvent dans un simple champ-contrechamp. Les deux films semblent ainsi se répondre, et on ne peut s’empêcher de rire devant cette immense supercherie, surtout durant le dernier acte, celui du train, qui reprend presque tout l’affrontement de la population africaine avec les soldats. Une arnaque pareille il fallait oser. Et pourtant Ecorchés vifs apparaît plus sympathique que Les Sept Bérets rouges, et encore plus quand on connaît les conditions de tournage. Alors n’hésitez pas à vous faire les deux films dans la foulée, même si l’impression de déjà-vu est forcément inévitable, mais cet écho vaut le coup d’oeil.

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Test DVD / Les Sept Bérets rouges, réalisé par Mario Siciliano

LES SEPT BÉRETS ROUGES (Sette baschi rossi) réalisé par Mario Siciliano, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Ivan Rassimov, Sieghardt Rupp, Kirk Morris, Pamela Tudor, Dale Cummings, Serge Nubret, Arthur Brauss, Wilbert Gurley…

Scénario : Piero Regnoli, August Rieger

Photographie : Gino Santini

Musique : Gianni Marchetti

Durée : 1h33

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au Congo, dans la région de Simba, des soldats sont sauvagement massacrés par des rebelles qui leur dérobent des documents précieux. Seul survivant, le capitaine De Brand rejoint le Quartier Général. Son colonel décide alors de former une troupe de 7 mercenaires, avec pour mission de récupérer les documents.

Inconnu au bataillon, du moins pour la plus grande partie des spectateurs, Mario Siciliano (1925-1987) aura pourtant réalisé une bonne vingtaine de longs-métrages. Il démarre sa carrière en 1964, en produisant un western allemand Les Chercheurs d’or de l’Arkansas de Paul Martin, et un western italien Les Terreurs de l’OuestI magnifici brutos del West de Marino Girolami. En 1966, il met les bouchées doubles en écrivant les polars germains Le Carnaval des barbouzes, à la réalisation indéterminée (quatre cinéastes sont crédités…), Baroud à Beyrouth pour F.B.I. 505 de Manfred R. Köhler et la comédie teutonne Go, go, play-boy, tout en produisant les deux derniers, ainsi que Le Commissaire X traque les chiens verts et surtout deux westerns réalisés par Alberto Cardone et avec Anthony Steffen, Gringo joue sur le rouge et Les Colts de la violence. Mario Siciliano est sur tous les fronts. Toutefois, il manque encore une corde à son arc, la mise en scène. Qu’à cela ne tienne, il se lance derrière la caméra en 1969 avec Sette baschi rossi ou littéralement Les Sept Bérets rouges en version française. Très à l’écoute des goûts du public et ayant déjà prouvé son attachement pour le polar ou le western, c’est toutefois avec un film de guerre que Mario Siciliano fait son entrée dans la réalisation, un pur film d’exploitation, entièrement tourné en Érythrée, alors plongé en pleine guerre d’indépendance, qui opposait le gouvernement éthiopien à des mouvements séparatistes érythréens depuis huit ans. Nous ne sommes pas là pour faire de la politique, mais pour parler des Sept Bérets rouges, une grosse série B comme il en fleurissait des tas à cette époque bénie du cinéma. Mario Siciliano, qui la même année emballait également le western Django ne prie pasI vigliacchi non pregano, sous le pseudo de Marlon Sirko, avec Gianni Garko, s’en tire pas trop mal avec cette co-production italo-allemande, qui ne s’embarrasse pas de psychologie ou d’émotions en allant droit à l’essentiel : un spectacle brutal qui remplit son contrat, autrement dit divertir le spectateur, tout en remplissant au maximum le tiroir-caisses de lires et de Deutsche Mark. Et de ce point de vue, nous ne sommes pas déçus.

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