Test DVD / Out of Death, réalisé par Mike Burns

OUT OF DEATH réalisé par Mike Burns, disponible en DVD le 7 septembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Jaime King, Bruce Willis, Lala Kent, Kelly Greyson, Michael Sirow, Megan Leonard, Tyler Jon Olson, Oliver Trevena…

Scénario : Bill Lawrence

Photographie : Peter Holland

Musique : Jacob Bunton & Mike Burns

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Au cours d’une randonnée, une jeune femme, Shannon, assiste au meurtre d’un dealer assassiné par une policière. Après l’avoir photographiée en train de l’abattre, le témoin s’enfuit dans la forêt tandis que la flic corrompue la traque avec son coéquipier. Toutefois, Shannon trouve refuge auprès d’un ancien officier de l’ordre, Jack Harris, qui la sauve de leurs griffes avant que sa nièce ne soit prise en otage par leur boss à la tête du commissariat, compromis dans des affaires louches…

Comme le sieur Bruce Willis a désormais pris sa retraite anticipée pour cause d’aphasie, un trouble de la communication qui le conduisait à réduire ses répliques, qu’il ne parvenait plus à apprendre, nous découvrons petit à petit ses derniers « méfaits » dans le monde de la VOD et du DTV. Ainsi, après Cosmic sin, Anti-Life, Trauma Center, Représaille, First Kill, Acts of violence et 10 Minutes Gone, l’ami Bruce tournait Out of Death, l’un de ses trois ou quatre films de 2020 et ce malgré le confinement. Il se rattrapera jusqu’à la fameuse annonce de l’arrêt de sa carrière en emballant au moins une quinzaine de longs-métrages qui fleuriront bientôt ce qui reste de votre rayon culture. En l’état, ou peut-être sommes nous devenus plus indulgents, Out of Death, que vous pourrez trouver sous le titre Hors de la mort (parfois, une traduction littérale ne suffit pas), n’est franchement pas le pire film de Bruce de ces dernières années (coucou Apex !). Certes, nous sommes conscients de la « qualité » du bousin, mais celui-ci parvient à divertir grâce à ses nombreux défauts et même Bruce Willis semble un poil plus concerné lors de ses apparitions en pointillés, du genre on le montre dans la toute première scène, puis un panneau indique « quelques heures plus tôt » pour le ramener une demi-heure après. Avec une note de 0 % sur Rotten Tomatoes basée sur onze critiques à ce jour, cela vous donne un premier aperçu de cette chasse à l’homme (à la femme plutôt) qui vous attend, durant laquelle il n’est évidemment pas interdit de rire !

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Test Blu-ray / Le Coup de l’escalier, réalisé par Robert Wise

LE COUP DE L’ESCALIER (Odds Against Tomorrow) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Harry Belafonte, Robert Ryan, Shelley Winters, Ed Begley, Gloria Grahame, Will Kuluva, Kim Hamilton, Mae Barnes…

Scénario : John O. Killens & Nelson Gidding, d’après le roman de William P. McGivern

Photographie : Joseph C. Brun

Musique : John Lewis

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Dave Burke, ancien policier licencié injustement, décide de préparer un cambriolage dont le plan semble facilement réalisable. Pour cela, il a besoin d’Earle Slater, un ancien soldat ne réussissant pas à retrouver sa place dans la société, et de Johnny Ingram, un chanteur noir criblé de dettes. Mais Slater est un raciste et Ingram est réticent à l’idée de sombrer dans la criminalité…

Ce n’est pas tous les jours que nous pouvons parler de Robert Wise (1914-2005), qui avec Richard Fleischer reste probablement l’un des plus grands artisans éclectiques et prolifiques de l’histoire du cinéma hollywoodien. Plus de soixante-cinq ans de carrière, dix ans au banc de montage, cinquante-cinq passés derrière la caméra, plus de quarante films au compteur. Quelques titres emblématiques ? Est-ce vraiment nécessaire ? D’accord, rien que pour le plaisir de les nommer et histoire de convoquer quelques extraits dans les mémoires : La Malédiction des hommes-chats, Le Récupérateur de cadavres, Né pour tuer, Nous avons gagné ce soir, Le Jour où la Terre s’arrêta…, Je veux vivre !, West Side Story, La Maison du diable, La Mélodie du bonheur, La Canonnière du Yang-Tsé, Le Mystère Andromède, L’Odyssée du Hinderburg, Audrey Rose, Star Trek, le film…Prenez un petit moment pour savourer ces réminiscences…C’est bon ? Si la liste ne saurait être exhaustive, il y en a un que l’on ne saurait omettre quand on évoque Robert Wise. Il s’agit d’Odds Against Tomorrow, plus connu en France sous le titre Le Coup de l’escalier, le dernier opus du cinéaste mis en scène dans les années 1950, son dix-huitième long-métrage de la décennie, emballé juste avant West Side Story, qu’il signera d’ailleurs avec Jerome Robbins. S’il n’atteint peut-être pas la puissance dramatique de Quand la ville dort The Asphalt Jungle (1950) de John Huston, Le Coup de l’escalier, souvent cité comme le chant du cygne du film noir américain avec L’Ultime Razzia The Killing de Stanley Kubrick, est une référence intemporelle du genre, où des personnages au bout du rouleau participent à un braquage, même s’ils n’y croient pas ou plus, avant même de s’être lancés. À l’instar de John Huston, Robert Wise s’avère plus intéressé par les protagonistes eux-mêmes et leurs motivations, plutôt que par le casse proprement dit. Comme son confrère, il les ancre dans une réalité crépusculaire (magnifique photo) marquée par l’échec. Le Coup de l’escalier est un film noir à part, centré sur un afro-américain interprété par Harry Belafonte (à l’origine du projet) et traitant ouvertement de la ségrégation et de la discrimination. Le film sera récompensé par un Golden Globe spécial pour sa « promotion de la compréhension internationale ». Pamphlet antiraciste, Le Coup de l’escalier se clôt sur la morale irréfutable : blancs ou noirs, les hommes sont tous égaux face à la mort et chacun retournera à l’état de poussière. Vous avez dit chef d’oeuvre ?

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Test DVD / Général…nous voilà !, réalisé par Jacques Besnard

GÉNÉRAL… NOUS VOILÀ ! réalisé par Jacques Besnard, disponible en DVD depuis le 13 avril 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Darry Cowl, Roger Dumas, Henri Guybet, Philippe Ricci, Pierre Tornade, Jacques Marin, Katia Tchenko, Jean Amadou, Robert Rollis…

Scénario : Richard Balducci, Jean Amadou, Jacques Besnard & Jacques-Henri Marin

Photographie : Michel Grignon

Musique : José Padilla & Darry Cowl

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

En 1940, un déserteur et deux gendarmes se retrouvent par mégarde en zone occupée, puis en Angleterre où le gouvernement du Général de Gaulle leur confie une mission dangereuse : retrouver un général italien dans le désert libyen.

On connaît ce que Pierre Despoges disait sur Marguerite Duras, « elle n’a pas écrit que des conneries… Elle en a aussi filmées ! ». Pour Richard Balducci (oui oui, encore lui), c’est l’inverse. Le bougre n’a pas seulement écrit ses propres comédies, il l’a aussi fait pour les autres. En plus d’être le « papa » du Gendarme de Saint-Tropez, l’intéressé aura également signé l’affreux Charlots Connection (1984) de Jean Couturier, sans doute le pire opus de la troupe, Les Bidasses en vadrouille (1979) de Christian Caza (ou Michel Ardan pour les intimes) et Les Joyeuses Colonies de vacances (1979) de Michel Gérard. L’une de ses collaborations « de choc » restera celle avec Jacques Besnard sur deux films, Le Jour de gloire (1976) et Général…nous voilà ! (1978). Si le premier a rencontré un grand succès dans les salles (2 millions d’entrées, vous vous rendez compte ?) et demeure connu par les amateurs de délires franchouillards, le second est obscur. Jacques Besnard (1929-2013) est loin d’être un tâcheron et aura emballé quelques bons divertissements, dont l’excellent et cultissime Le Grand Restaurant (1966) avec Louis de Funès, alors son plus gros hit au box-office du réalisateur, C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule (1974), La Situation est grave…mais pas désespérée (1976, à quand une réédition en DVD ou même un Blu-ray ?) et dans une moindre mesure Le Fou du labo 4 (1967) avec Jean Lefebvre. En fait, la raison pour laquelle Général…nous voilà ! n’a pas eu le même engouement (même si 823.000 entrées ce n’est pas rien) ou la même « postérité », ce sont ses têtes d’affiche. Pas de Fufu, de Bernard Blier, de Jean Lefebvre, de Michel Serrault, de Michel Galabru…non, Général…nous voilà ! repose cette fois sur les épaules de Pierre Tornade, Roger Dumas, Darry Cowl et Henri Guybet, habituels seconds voire troisièmes couteaux du genre. Contre toute attente, il ne s’agit pas d’un nanar et encore moins d’un navet. Évidemment nous sommes loin de La Grande vadrouille et même de La Septième Compagnie, auxquels on pense inévitablement, mais tout de même, Général…nous voilà ! fonctionne, se fonde sur une suite ininterrompue de gags menés sur un rythme soutenu, des personnages attachants et des comédiens en grande forme, ainsi que sur des dialogues amusants (de Jean Amadou) et un côté « aventure » qui passe bien. Une récréation d’un autre temps, mais encore sympathique.

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Test Blu-ray / Le Dernier rivage, réalisé par Stanley Kramer

LE DERNIER RIVAGE (On the Beach) réalisé par Stanley Kramer, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 21 septembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Gregory Peck, Ava Gardner, Fred Astaire, Anthony Perkins, Donna Anderson, John Tate, Harp McGuire, Lola Brooks…

Scénario : John Paxton, d’après le roman de Nevil Shute

Photographie : Giuseppe Rotunno

Musique : Ernest Gold

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

La guerre nucléaire a eu lieu. Personne n’a gagné. La mort et la désolation règnent sur le monde. Seuls les Australiens et les hommes du sous-marin Sawfish ont survécu à l’apocalypse nucléaire. Le Capitaine Dwight Towers part en mission sur le Sawfish afin de vérifier le niveau de radiations sur terre. Il revient avec de mauvaises nouvelles : le nuage radioactif approche et l’issue est inéluctable. Leurs dernières heures venues, chaque personne affronte l’adversité à sa manière.

Quand il sort sur les écrans en 1959, Le Dernier rivage On the Beach, adaptation du roman éponyme du britannique Nevil Shute, peu de films avaient osé aborder les dangers du nucléaire, en dehors de Cinq survivants Five (1951) d’Arch Oboler et Day the World Ended (1955) de Roger Corman. Quelques mois avant l’arrivée du Dernier rivage dans les salles, Le Monde, la Chair et le DiableThe World, The Flesh and the Devil de Ranald MacDougall lui dame le pion en surfant sur le même thème. Dans Cinq survivants, la Terre, devenue un vaste cimetière, était dépeuplée des suites d’un holocauste nucléaire et seules cinq personnes, semblant avoir miraculeusement survécu, se retrouvaient dans un site privilégié épargné par les retombées radioactives, où il devaient apprendre à coexister face au tragique de la situation. De son côté, Roger Corman partait d’un postulat de départ assez similaire, autrement dit le monde détruit par une guerre nucléaire, pour ensuite bifurquer vers le survival et le film d’épouvante avec une victime des rayonnements devenu un mutant cannibale. En plus de tirer un signal d’alarme sur le nucléaire, Le Monde, la Chair et le Diable se doublait quant à lui d’une réflexion sur le racisme. Mais ces opus montraient alors un nouveau monde qui émergeait. Ce n’est pas le cas du Dernier rivage qui se concentre sur les dernières heures du reste de la race humaine, après une guerre nucléaire qui a ravagé la quasi-intégralité de la population terrienne. Toute ? Non ! (air connu) Quelque part entre les océans Indien et Pacifique subsistent encore des hommes, des femmes et des enfants, épargnés par les retombées radioactives…mais cela n’est qu’une question de temps, car celles-ci approchent doucement, mais sûrement de l’Australie où malgré tout la vie continue. Comment se préparer à l’inévitable ? Le Dernier rivage propose une profonde et contre toute attente sereine méditation sur l’extinction de l’humanité, en s’attachant à une poignée de personnages, qui hormis un jeune couple venant d’avoir une petite fille, sont marqués par la solitude. Un dialogue s’instaure, les philosophies de vie s’entrecroisent et se mêlent, il est temps désormais pour ceux qui ont survécu jusqu’à présent, d’accepter que l’air vicié par ceux qui ont appuyé sur le bouton rouge enflammera bientôt leurs poumons…Le Dernier rivage foudroie par sa beauté plastique, la photographie à la fois crépusculaire et luminescente du légendaire Giuseppe Rotunno (La Bataille pour Anzio, Ce plaisir qu’on dit charnel, Fellini Roma, Rocco et ses frères, Le Guépard), la mise en scène immersive (parfois à la limite du documentaire) de Stanley Kramer (1913-2001) et l’interprétation bouleversante d’un quatuor d’acteurs exceptionnels, Gregory Peck, Ava Gardner, Anthony Perkins et Fred Astaire.

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Test DVD / Y’a pas le feu, réalisé par Richard Balducci

Y’A PAS LE FEU réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 21 août 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Hubert Deschamps, Henri Génès, Mouss, Philippe Klébert, Pascal Mandoula, Manault Didier, Basile…

Scénario : Richard Balducci & Dominique Sambourg

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Gérard Blanchard & Gérar Lévy

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Dans le Midi de la France. Un pyromane sévissant dans un village, Monsieur le Maire cherche à enrôler des jeunes gens pour lutter contre le feu. Les volontaires se font rares, jusqu’à l’intervention d’une superbe blonde. Autour d’elle la brigade se constitue et les péripéties peuvent commencer.

Après N’oublie pas ton père au vestiaire, On l’appelle Catastrophe et Prends ta Rolls…et va pointer !, nous continuons d’explorer le Richard Balducci Cinematic Universe avec le méconnu Y’a pas le feu, sorti sur les écrans franchouillards le 5 juin 1985. Alors que Terminator de James Cameron explosait le box-office un peu partout et que Francis Huster s’époumonait dans Parking de Jacques Demy (Pourquoi moooooooooiiiiiii ??!!), une comédie tentait de se frayer un chemin jusqu’aux spectateurs qui avaient envie de se mettre autre chose devant les yeux que Mask de Peter Bogdanovich, Birdy d’Alan Parker, La Rose pourpre du Caire de Woody Allen ou Witness de Peter Weir ! C’est vrai quoi, pourquoi aller au cinéma pour réfléchir un peu ??? Heureusement, Richard Balducci était encore présent pour représenter la qualité à la française. D’ailleurs, comme si cela ne suffisait pas, ce n’est pas un, mais DEUX films que l’intéressé vomira dans les salles cette année-là, Y’a pas le feu donc, et le plus connu Le Facteur de Saint-Tropez, avec Paul Préboist, Michel Galabru et Marion Game, dont certains avaient peut-être imaginé qu’il ferait de l’ombre à Pale Rider, le cavalier solitaire de Clint Eastwood, Parole de flic de José Pinheiro ou Legend de Ridley Scott. Mais pour en revenir à Y’a pas le feu, disons qu’il s’agit sans doute du pire de la crasse du graillon de la comédie bien de chez nous. Avant de raccrocher les gants en 1986 avec Banana’s boulevard (le film avec Les Forbans !), l’ami Balducci s’inspirait ouvertement des Bidasses de Claude Zidi, qui avait déjà dix piges (et Dieu sait que l’humour peut changer en une décennie), mais aussi et surtout de Police Academy de Hugh Wilson qui avait cassé la baraque l’année précédente. Mais il est pas con Ricci, pour éviter d’être accusé de plagiat, celui-ci et son coscénariste Dominique Sambourg (producteur du Fou du roi avec Michel Leeb et du Couteau sous la gorge de Claude Mulot) ont remplacé les flics par des pompiers. Le reste, bah c’est comme qui dirait une transposition des films susmentionnés, mais passés au gros rouge qui tâche. C’est affligeant, mais vraiment, et l’on peut y trouver un certain plaisir totalement régressif. Consternant, mais « c’est pour ça qu’c’est bon ! ».

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Test Blu-ray / La Possédée du lac, réalisé par Luigi Bazzoni & Franco Rossellini

LA POSSÉDÉE DU LAC / LA FEMME DU LAC (La Donna del lago) réalisé Luigi Bazzoni & Franco Rossellini, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Peter Baldwin, Virna Lisi, Salvo Randone, Valentina Cortese, Pia Lindström, Pier Giovanni Anchisi, Ennio Balbo, Anna Maria Gherardi, Mario Laurentino…

Scénario : Giulio Questi, Luigi Bazzoni, Franco Rossellini & Ernesto Gastaldi, d’après le roman de Giovanni Comisso

Photographie : Leonida Barboni

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Écrivain en manque d’inspiration, Bernard va passer un séjour dans un hôtel de montagne du nord de l’Italie. Il espère aussi y retrouver Tilde, la femme de chambre dont il est tombé amoureux lors de son précédent séjour. Une fois sur place, il apprend que celle-ci s’est suicidée, et repose dans le cimetière près du lac. Mais les allusions des villageois et surtout la discussion avec un photographe va le porter à croire qu’elle aurait été assassinée.

Ces dernières années, quand on demande à un cinéphile adepte et/ou spécialisé dans le genre de citer quelques-uns de ses gialli préférés, un titre revient fréquemment, Journée noire pour un bélier Giornata nera per l’ariete, réalisé en 1971 par Luigi Bazzoni (1929-2012), qui en 2016 avait connu une sortie en DVD en France sous les couleurs du Chat qui fume. Un titre qui restait alors totalement inédit depuis sa sortie VHS (rebaptisé Jour maléfique), l’archétype même du giallo dont il reprenait parfaitement les codes : chantage, sexe, héros suspectés, cuir et meurtres sadiques. Avant de signer ce qui restera son opus le plus connu et célébré, le cinéaste livrait en 1965 un formidable premier long-métrage, La Femme du lac La Donna del lago, chaînon manquant entre le cinéma d’art et essai, certains diront intellectuel, de Michelangelo Antonioni et de Mauro Bolognini, dont Luigi Bazzoni a d’ailleurs été l’assistant sur les sublimes Le Bel Antonio,Ça s’est passé à Rome, Le Mauvais chemin et Quand la chair succombe, et le cinéma populaire. Pour ce coup d’essai et petit coup de maître à part entière, le metteur en scène s’entoure de collaborateurs talentueux. Leonida Barboni à la photographie (chef opérateur de Divorce à l’italienne de Pietro Germi et Une vie difficile de Dino Risi), ainsi que de la mythique Virna Lisi dans un rôle secondaire, mais dont l’aura plane sur l’intégralité du film. N’oublions pas la discrète et néanmoins virtuose partition du maestro Renzo Rossellini (Où est la liberté…?, Europe 51, La Belle et le Corsaire, La Chartreuse de Parme). Tous ces atouts contribuent à la belle réussite de La Possédée du lac, officiellement co-réalisé par Franco Rossellini (futur producteur de Django, Texas Adios, Théorème, Médée, Le Décaméron), même si cela reste à prouver, une œuvre étrange, quasi-unique, à la frontière du fantastique, qui mine de rien prend le train en marche lancé par Mario Bava depuis Six Femmes pour l’assassin Sei donne per l’assassino, sorti l’année précédente.

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Test Blu-ray / La Mort marche en talons hauts, réalisé par Luciano Ercoli

LA MORT MARCHE EN TALONS HAUTS / NUITS D’AMOUR ET D’ÉPOUVANTE (La Morte cammina con i tacchi alti) réalisé Luciano Ercoli, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Frank Wolff, Nieves Navarro, Simón Andreu, Carlo Gentili, George Rigaud, José Manuel Martín, Fabrizio Moresco, Luciano Rossi, Claudie Lange…

Scénario : Ernesto Gastaldi

Photographie : Fernando Arribas

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Après avoir dérobé des diamants, un homme se fait assassiner dans le train. N’ayant pas trouvé ce qu’il cherchait, le meurtrier va s’en prendre à sa fille, Nicole, strip-teaseuse à Paris. Il s’introduit chez elle et la menace, ne laissant voir que ses yeux d’un bleu étrange. Terrorisée, la jeune femme se réfugie chez son amant, Michel. Mais elle découvre chez celui-ci des lentilles de contact bleues.

Ceux qui nous suivent en savent déjà bien long sur le producteur et réalisateur Luciano Ercoli (1929-2015), sur lequel nous nous sommes penchés à deux reprises, à l’occasion de la sortie en Blu-ray en avril 2022 de La Mort caresse à minuit La Morte accarezza a mezzanotte (1972) chez Artus Films et de Photos interdites d’une bourgeoise Le foto proibite di una signora per bene (1970) chez Le Chat qui fume. Vous savez ce qui vous reste à faire pour en apprendre plus sur la carrière du cinéaste. Nous passerons donc directement au film qui nous intéresse aujourd’hui, La Mort marche en talons hauts, connu en France sous le titre Nuis d’amour et d’épouvante, ou tout simplement La Morte cammina con i tacchi alti en version originale. Deuxième long-métrage et deuxième giallo mis en scène par Luciano Ercoli, cet opus est sans aucun doute le meilleur de ses trois thrillers angoissants. S’il en reprendra certains motifs dans La Mort caresse à minuit, La Mort marche en talons hauts le surpasse avec une intrigue plus solide, cette fois encore signée Ernesto Gastaldi (Le Cynique, l’infâme, le violent, Les Rendez-vous de Satan, Je suis vivant !), pleine de mystères, de faux-semblants et de rebondissements, qui s’inscrit dans un cadre dépaysant (à Paris et en Angleterre) et qui repose en grande partie sur les belles épaules de la sublime Susan Scott (ou Nieves Navarro pour les intimes), filmée sous tous les angles par celui qui partageait alors sa vie. Un beau coup de maître que ce second giallo de Luciano Ercoli.

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Test Blu-ray / Un citoyen se rebelle, réalisé par Enzo G. Castellari

UN CITOYEN SE REBELLE (Il Citadino si ribella) réalisé par Enzo G. Castellari, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Giancarlo Prete, Barbara Bach, Renzo Palmer, Nazzareno Zamperla, Massimo Vanni, Romano Puppo, Renata Zamengo…

Scénario : Dino Maiuri & Massimo De Rita

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Carlo Antonelli est un citoyen ordinaire, jusqu’au jour où il est brutalement agressé lors braquage. Quand la police laisse tomber l’affaire et les suspects restent libres, la patience de Carlo est poussée au-delà de son point de rupture et il va entreprendre une guerre sans merci contre les criminels dont la seule loi est celle de la rue.

Dans les années 1970, l’Italie fait face aux exigences politiques des Brigades rouges et connaît ce qui deviendra plus tard les tristement célèbres Anni di piombo, en français les « années de plomb ». En tant que vecteur de débats sociétaux (et parce qu’il est aussi opportuniste), le septième art va vite s’emparer de cette violence omniprésente et la refléter dans une multitude d’opus du cinéma de genre, notamment des thrillers urbains, forcément influencés par L’Inspecteur Harry de Don Siegel et French Connection de William Friedkin, qui sortent tous les deux en 1971. Les films policiers d’Enzo G. Castellari (tout comme ceux d’Umberto Lenzi, de Fernando Di Leo, d’Alberto De Martino, de Sergio Martino et tellement d’autres), de son vrai nom Enzo Girolami (né en 1938), vont ainsi dresser le portrait d’un pays au bord de l’asphyxie, où les habitants n’ont plus aucune foi ni confiance envers leurs élus et l’autorité, sans rien édulcorer, avec une brutalité difficile à concevoir presque cinquante ans après. La vengeance et la justice sont au coeur d’Un citoyen se rebelleIl Cittadino si ribella, deuxième collaboration d’Enzo G. Castellari avec celui qui sera son comédien fétiche, Franco Nero, un an après Le Témoin à abattre La Polizia incrimina la legge assolve, et qui s’associeront encore à quatre reprises à ce jour, les deux hommes (qui ont chacun passé la barre des 80 ans) ayant fait part de leur désir commun de se retrouver pour une suite de Keoma (1976). Sur un sujet grave, le réalisateur signe un formidable spectacle, un divertissement haut de gamme, un vigilante ultra-efficace qui rappelle évidemment Un justicier dans la ville Death Wish de Michael Winner, qui ne sortira pourtant que trois mois après Un citoyen se rebelle de l’autre côté des Alpes. Énorme succès dans les salles, Il Cittadino si ribella se démarque par le charisme magnétique de Franco Nero, la solide présence de Giancarlo Prete, le charme de Barbara Bach, un montage déchaîné et une mise en scène très nerveuse qui n’omet jamais l’émotion, des atouts grâce auxquels Un citoyen se rebelle a conservé une indéniable fraîcheur et une étonnante modernité.

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Test Blu-ray / Rosebud, réalisé par Otto Preminger

ROSEBUD réalisé par Otto Preminger, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 17 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter O’Toole, Richard Attenborough, Cliff Gorman, Claude Dauphin, John V. Lindsay, Peter Lawford, Raf Vallone, Adrienne Corri, Amidou, Georges Beller, Isabelle Huppert, Kim Cattrall…

Scénario : Erik Lee Preminger, d’après le roman de Joan Hemingway & Paul Bonnecarrère

Photographie : Denys N. Coop

Musique : Laurent Petitgirard

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Sabine, petite-fille du milliardaire Charles-André Fargeau, invite quatre amies pour une croisière sur le yacht de son grand-père. Un commando terroriste attaque le bateau, supprime les membres d’équipage et enlève les cinq jeunes filles. Fargeau fait appel à Larry Martin, un journaliste qui est en réalité un agent de la CIA.

Si l’on vous dit Laura (1944), L’Éventail de Lady Windermere (1949), Mark Dixon, détective (1950), Un si doux visage (1952), Rivière sans retour (1954), Carmen Jones (1954), L’Homme au bras d’or (1955), Bonjour tristesse (1958), Autopsie d’un meurtre (1959), Exodus (1960), Tempête à Washington (1962), Bunny Lake a disparu (1965), vous pensez à quel réalisateur ? Otto Preminger (1906-1986) bien sûr. Si l’on oublie forcément quelques autres opus tout aussi formidables et/ou sous-estimés (Le Cardinal, Saint Jeanne, La Lune était bleue…), le cinéphile, quand on évoque ces titres, est immédiatement envahi de photogrammes ou de scènes légendaires tirés de ces chefs d’oeuvres représentatifs de l’âge d’or hollywoodien. Cette légende aura oeuvré jusqu’à l’âge respectable de 75 ans, même s’il est indéniable, et c’est souvent récurrent, que ses derniers longs-métrages laissaient à désirer. Enfin non, il faudrait plutôt dire « méconnus ». Alors que le Nouvel Hollywood s’installe au début des années 1970, Otto Preminger, également producteur indépendant, continue son travail, sans doute plus lentement (il tournera ses quatre derniers films durant la décennie), mais bien décidé à ne pas raccrocher encore les gants. Sorti en 1975, Rosebud sera son avant-dernier baroud d’honneur. Nous sommes ici en plein « espionnage à l’ancienne », alors que Les Dents de la mer de Steven Spielberg allaient déferler dans les salles et créer le blockbuster estival, mais Rosebud n’a absolument rien de honteux et s’avère agréable à suivre, en dépit d’un rythme en dents de scie et d’un final pas à la hauteur de l’intrigue étirée sur un peu plus de deux heures. Mais voir Georges Beller, dans la peau d’un prof coco et leader radical, donner la réplique (en anglais dans le texte) à Peter O’Toole (qui remplaçait Robert Mitchum, quelques jours après le début du tournage), lui-même dragué par une Isabelle Huppert jeunette (un an après Les Valseuses de Bertrand Blier), tandis que Kim Cattrall (dans sa première apparition à l’écran) déambule en mini-short ou en tenue d’Ève et que Richard Attenborough campe le leader d’un groupe terroriste palestinien, avouez que c’est tout de même tentant non ?

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Test Blu-ray / Les Imposteurs, réalisé par Nicholas Meyer

LES IMPOSTEURS (The Deceivers) réalisé par Nicholas Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Pierce Brosnan, Shashi Kapoor, Saeed Jaffrey, Helena Michell, Keith Michell, David Robb, Tariq Yunus, Jalal Agha…

Scénario : Michael Hirst, d’après le roman de John Masters

Photographie : Walter Lassally

Musique : John Scott

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En 1825, l’Inde est ravagée par les Thugs, une confrérie d’assassins adorateurs de Kali. Ils sèment le chaos et la peur dans tout le pays : meurtres, vols ou encore sacrifices humains. Le capitaine William Savage, administrateur en Inde pour la Compagnie britannique des Indes orientales, va tenter de mettre fin à leurs agissements. Il décide se déguiser en Indien pour infiltrer les Thugs.

Avec la série Les Enquêtes de Remington Steele, l’irlandais Pierce Brosnan connaît un succès international, qui va s’étirer au fil de quatre saisons, de 1982 à 1985. C’est à partir de 1986 que le nom du comédien revient fréquemment quand on évoque celui qui pourrait remplacer Roger Moore…aussi bien dans la peau de Simon – Le Saint – Templar que dans celle de James Bond. Seulement voilà, une cinquième saison non prévue de Remington Steele est finalement commandée par la NBC et Pierce Brosnan doit rempiler, laissant la place tant convoitée à Timothy Dalton. C’est là qu’il se tournera progressivement vers le cinéma, avec le ronflant Nomads de John McTiernan, suivi de près par Le Quatrième Protocole The Fouth Protocol de John Mackenzie. Mais l’un de ses rôles les plus étonnants demeure sans doute celui qu’il tient dans Les Imposteurs The Deceivers (Christopher Reeve et Treat Williams avaient été courtisés avant lui), réalisé par Nicholas Meyer, alors romancier (The Seven-Per-Cent Solution, L’Horreur du West End) et scénariste (Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Star Trek 4 : Retour sur Terre), qui s’était lancé dans la mise en scène en 1979 avec C’était demain Time after Time, interprété par Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburgen, puis Star Trek 2 : La Colère de Khan Star Trek: The Wrath of Khan trois ans plus tard. Les Imposteurs n’est pas un film d’aventure comme on pouvait l’imaginer, mais s’apparente plutôt à un thriller historique, car adapté de faits réels, inspiré par une société secrète d’assassins qui a sévi en Inde au début du 19e siècle. Et comme nous l’indique un panneau en introduction, il s’agit aussi du récit « de l’homme qui les a démasqués ». Pierce Brosnan se donne à fond dans ce rôle foncièrement ambigu, et malgré son charisme lisse (son regard est ici éteint par des lentilles de couleur marron), s’en sort bien dans un film parfois brutal, dont la cruauté contraste avec la beauté des décors naturels. Une bonne découverte.

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