Test Blu-ray / Neuf invités pour un crime, réalisé par Ferdinando Baldi

NEUF INVITÉS POUR UN CRIME (Nove ospiti per un delitto) réalisé par Ferdinando Baldi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Arthur Kennedy, John Richardson, Caroline Laurence, Massimo Foschi, Loretta Persichetti, Sofia Dionisio, Dana Ghia, Rita Silva, Venantino Venantini…

Scénario : Fabio Pittorru

Photographie : Sergio Rubini

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Alors qu’ils passent des vacances sur une île méditerranéenne isolée, neuf invités d’une famille bourgeoise sont traqués et tués un par un mystérieux tueur.

Ils étaient dix, pardon, Dix petits Nègres demeure l’un des plus célèbres romans d’Agatha Christie. Depuis 1939, année de sa première publication au Royaume-Uni, ce livre mythique a très tôt intéressé le monde du théâtre et du cinéma. Si la première mouture sur scène, par ailleurs adaptée par l’auteure elle-même, estimant être la mieux placée pour transposer l’une de ses œuvres, date de 1943, il faudra attendre 1945 pour que Dix petits nègres débarque sur le grand écran et ce sous la direction de René Clair. Ainsi le titre devient Dix petits indiensAnd Then There Were None et réunit Walter Huston, Barry Fitzgerald et Louis Hayward. D’autres adaptations officielles verront le jour (y compris à la télévision), dont la plus connue restera probablement celle signée Peter Collinson, production franco-britannico-italo-germano-espagnol sortie en 1974, qui convoque entre autres Charles Aznavour, Oliver Reed, Stéphane Audran, Gert Froebe, Herbert Lom, Adolfo Celi et la voix d’Orson Welles. D’autres longs-métrages s’inspireront (pour ne pas dire pilleront ouvertement) le roman d’Agatha Christie, de Mario Bava (L’Île de l’épouvante 5 bambole per la luna d’agosto) à James Mangold (Identity). Neuf invités pour un crime Nove ospiti per un delitto fait partie du lot. Plus connu pour ses westerns, parmi lesquels le fabuleux Texas adios, Blindman, le justicier aveugle, Pendez-le par les pieds, Le Dernier des salauds, Le Salaire de la haine et autres réjouissances, Ferdinando Baldi et son scénariste Fabio Pittorru (L’Appel de la chair, La Dame rouge tua sept fois) suivent la trame de Dix petits Nègres et emmènent leur équipe de tournage en Sardaigne, près de la ville de Sassari. Ce thriller « estival » s’avère un divertissement on ne peut plus plaisant, porté par des comédiens judicieusement choisis – en gros, pas un personnage n’est attachant, ce qui ajoute au plaisir de les voir se faire trucider l’un après l’autre – qui prennent un malin plaisir à se voler dans les pattes, jusqu’à ce qu’un assassin décide de parasiter leurs vacances. Solidement mis en scène, Neuf invités pour un crime est hautement conseillé.

Ils sont neuf membres d’une famille aisée réunis pour deux semaines dans une villa sur un îlot rocheux isolé. Il y a Uberto, le père, et sa nouvelle femme, Lorenzo, Michele et Patrizia, ses enfants, accompagnés de leurs conjoints, et Elisabetta, la tante restée célibataire. Entre perfidies et coucheries, tout ce beau monde se déteste. Quand Carla disparaît, apparemment noyée, ils découvrent que leur yacht a disparu et que leur hors-bord a été saboté. Ils sont désormais prisonniers sur l’île. Une expédition punitive menée 20 ans plus tôt pourrait bien être à l’origine du jeu de massacre qui suivra…

Comme son titre l’indique, il y a peu d’acteurs présents au générique de Neuf invités pour un crime et tous proviennent d’horizon différent. On y croise ainsi Arthur Kennedy (Les Affameurs, Nevada Smith, Le Voyage fantastique), John Richardson (Le Masque du démon, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, Le Canard à l’orange), Dana Ghia (Queimada, California), Venantino Venantini (Les Tontons flingueurs, Le Corniaud), Giancarlo Prete (Un citoyen se rebelle, Confession d’un commissaire de police au procureur de la République) et une poignée d’autres gueules du cinéma ou de divines créatures. Tout le monde se trompe dans Nove ospiti per un delitto, qui pue le sexe et le stupre.

Le film s’ouvre sur une séquence très violente, une mise à mort, où la victime est ensuite enterrée dans le sable, encore vivant. Vingt ans plus tard (rien ne l’indique d’emblée, mais nous l’apprendrons plus tard), une famille se rend sur les lieux de ce crime, histoire de passer quelques jours loin de tout, sur une île privée, au large de la Sardaigne. La présentation des personnages se déroule avant leur arrivée, sur le bateau, où tous les liens sont tissés histoire de ne pas perdre les spectateurs et d’installer une ambiance déjà pesante, où l’on s’humilie volontiers en public, où l’adultère est évident (en gros un fils peut se taper la jeune compagne de son paternel), où l’on s’observe du coin de l’oeil. Un érotisme soft et purement gratuit irrigue Neuf invités pour un crime avec des boobs par ci, une scène de douche par là, ce qui peut parfois ralentir l’intrigue, même si cela fait partie du charme. Avec son meurtrier muni de gants et dont le point de vue est adopté en caméra subjective, le giallo s’immisce évidemment dans cette histoire, dont le dénouement est d’ailleurs bien amené et difficilement envisageable avant la révélation finale.

Joliment photographié par Sergio Rubini (Un flic explosif, 5 femmes pour l’assassin, Brigade volante), marqué par la musique entêtante de Carlo Savina (La Maison de l’exorcisme, L’Assassin a réservé neuf fauteuils, Lisa et le diable) et de superbes décors naturels, Neuf invités pour un crime fait encore son petit effet près d’un demi-siècle après et rend compte de la rigueur d’un cinéaste qui mériterait bien d’être réhabilité.

LE BLU-RAY

L’édition HD est concoctée par Le Chat qui fume. La jaquette au visuel clinquant, est glissée dans un boîtier (toujours classe) Scanavo. Le menu est quant à lui animé et musical. Version intégrale.

Massimo Foschi, l’interprète de Michele dans Neuf invités pour un crime, partage ses souvenirs de tournage dans un module de 26 minutes. Très à l’aise, sans langue de bois, le comédien (né en 1938) vu dans Le Dernier Monde Cannibale de Ruggero Deodato et Il Medico della mutua de Luigi Zampa, replace le film de Ferdinando Baldi dans sa carrière (durant laquelle il faisait aussi beaucoup de doublage), évoque sa rencontre avec Ferdinando Baldi, les conditions de prises de vue en Sardaigne, ses partenaires, les scènes de sexe et d’horreur, ainsi que d’autres éléments toujours sympathiques à écouter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Force est d’admettre que nous nous trouvons devant un superbe Blu-ray. Le cadre, superbe, regorge de détails aux quatre coins et ce dès la première séquence. Si le générique et la séquence inaugurale sont évidemment plus doux (avec un gros grain argentique), la définition reste solide comme un roc, la stabilité est de mise et la texture argentique originale flatte constamment la rétine. La propreté de la copie est plus qu’appréciable, à part peut-être quelques pétouilles, mais ce serait vraiment chipoter. La palette chromatique profite de cet upgrade avec des teintes revigorées. Les séquences diurnes en extérieur bénéficient d’un piqué pointu et d’une luminosité inédite. Ajoutez à cela des noirs denses et une magnifique patine seventies…que demander de plus ? Pour info, l’éditeur a repris le master sorti aux États-Unis sous la bannière Vinegar Syndrome, qui provenait d’un scan 4K du négatif original.

Seule la version italienne est disponible. Les dialogues sont clairs et nets, jamais étouffés (ou presque, à de rares exceptions près) ou accompagnés d’un souffle. C’est nickel et certaines scènes sont même étonnamment vives, tout comme la partition de Carlo Savina.

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