Test Blu-ray / Les Contes merveilleux par Ray Harryhausen, réalisé par Ray Harryhausen

LES CONTES MERVEILLEUX PAR RAY HARRYHAUSEN réalisé par Ray Harryhausen, disponible en DVD et Blu-ray le 2 décembre 2020 chez Carlotta Films.

Voix en VO : James Matthews, Hugh Douglas, Del Moore, Gary Owens…

Scénario : Charlott Knight

Photographie : Ray Harryhausen & Jerome Wray

Musique : Heinz Roemheld

Durée : 0h52

Date de sortie initiale : 1949

LE PROGRAMME

Dans cette série de courts métrages réalisés en stop motion (animation de marionnettes image par image), Ray Harryhausen nous invite à redécouvrir plusieurs contes célèbres de la littérature pour enfants : Le Petit Chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le Roi Midas ou encore Le Lièvre et la Tortue… Tous ces fameux personnages prennent vie comme par magie grâce au talent unique de Ray Harryhausen, grand maître du cinéma d’animation et des effets spéciaux.

Nous avons beaucoup parlé dernièrement des œuvres Ray Harryhausen (1920-2013) à travers nos chroniques complètes – que nous vous invitons à (re)découvrir – consacrées au Monstre Vient de la MerIt Came from Beneath the Sea (1955), Les Soucoupes Volantes AttaquentEarth vs. the Flying Saucers (1956), À des Millions de Kilomètres de la Terre20 Million Miles to Earth (1957) et Les Premiers Hommes dans la LuneFirst Men in the Moon (1964). L’année 2020 se clôt en beauté (on ne parle pas des conditions sanitaires hein) avec l’apparition dans les bacs des Contes merveilleux par Ray Harryhausen, autrement dit les premiers films réalisés par le maître de l’animation. C’est au sortir de la Seconde Guerre Mondiale que Ray Harryhausen pose les fondements esthétiques de ses oeuvres à venir qui inspireront, entre autres, l’univers de Star Wars. Optant pour une narration en voix off, le créateur des effets spéciaux légendaires de Jason et les Argonautes  réalise ces cinq « contes merveilleux » à l’aide de marionnettes articulées selon les principes de la stop-motion, dont l’americain va devenir la référence absolue.

Il était une fois, il y a bien longtemps…

Cette relecture des contes et légendes intemporels de notre enfance est présenté sous la forme d’un programme de cinq courts-métrages et constitue une œuvre majeure dans l’histoire de l’animation qui plaira aussi bien aux petits qu’aux grands (enfants) ! Ainsi les spectateurs (re)découvriront tour à tour Le Petit Chaperon Rouge (1949, 9’), Hansel & Gretel (1951, 10’), Raiponce (1951, 11’), Le Roi Midas (1953 , 10’) et Le Lièvre et la Tortue (1952-2002, 11’30) sous un œil nouveau. Avec leurs couleurs à foison, la magnificence des personnages et des décors, ces courts-métrages sont emblématiques du talent virtuose de leur auteur, qui insufflait toujours une âme unique et bouleversante à ses personnages, y compris plus tard à travers ses monstres animés, tout comme à ses soucoupes volantes. Au fur et à mesure de ces films, Ray Harryhausen trouve son style et ne cesse d’expérimenter au niveau de la mise en scène, à travers des mouvements de caméra complexes, comme des travellings et même un plan réalisé à la grue dans Le Roi Midas. Les effets spéciaux évoluent également et demeurent encore aujourd’hui extraordinaires, comme lorsque le Roi Midas, frappé par sa malédiction, transforme tout ce qu’il touche en or, y compris sa fille Marigold.

Ils vécurent heureux, jusqu’à la fin des temps.

Certains s’étonneront de la date de tournage du Lièvre et la Tortue, dont les prises de vues ont été commencées en 1952 et achevées…cinquante ans plus tard. En effet, alors que le réalisateur démarrait son adaptation de la fable de La Fontaine, il est appelé pour superviser les effets spéciaux du Monstre vient de la mer de Robert Gordon. La carrière cinématographique de Ray Harryhausen était définitivement lancée et Le Lièvre et la Tortue finalement laissé de côté, jusqu’à 2002 où l’animateur est appelé par deux jeunes confrères, Mark Caballer et Seamus Walsh (superviseurs sur Robot Chicken: Star Wars), qui lui proposent de terminer enfin son court-métrage débuté en 1952. Comme quoi, rien ne sert de courir, il faut partir à point ! On raconte que Ray Harryhausen, alors à la retraite, aurait mis la main à la pâte et repris ses personnages avec la même passion. Impossible de se rendre compte quelles sont séquences réalisées en 1962 ou en 2002, tant ce fabuleux court-métrage s’avère un modèle de fluidité et surtout d’une beauté inouïe. Prévu le 2 décembre dans les bacs français, Les Contes merveilleux par Ray Harryhausen est d’ores et déjà l’un des cadeaux incontournables pour les fêtes de fin d’année !

LE BLU-RAY

C’est sous les couleurs de Carlotta Films que sortent ces Contes merveilleux par Ray Harryhausen, après avoir fait un détour dans les salles de cinéma en novembre 2018. Mention spéciale au visuel coloré et à l’élégance du menu principal, fixe et musical.

Le spectacle continue pourrait-on dire en ce qui concerne les suppléments. En effet, l’éditeur propose (en VOSTF) quelques œuvres très rares de Ray Harryhausen, réalisées avant ses grands débuts au cinéma.

C’est le cas des Contes de la mère l’Oye (10’40), présentés sous la forme de quatre épisodes, La Petite demoiselle Muffet (2’30), La Vieillie mère Hubbard (3’10), Dame de Coeur (2’50) et Humpty Dumpty (2’10). Quatre contes revisités en 1945-1946 de Mother Goose Stories, qui seront entre autre largement diffusés dans les milieux scolaires. Comme on l’apprend plus tard dans l’interview de Gilles Penso, Ray Harryhausen, alors âgé de 25 ans, était aidé de sa mère pour la confection des costumes et de son père pour la fabrication des accessoires et des armatures de ses personnages. Comme l’indique l’éditeur « Durant la Seconde Guerre mondiale, le jeune Ray Harryhausen réalise des films militaires. À la fin du conflit, ayant récupéré suffisamment de matériel 16 mm, il tourne son premier court-métrage, une anthologie de comptines classiques intitulée Les Contes de ma mère l’Oye. ».

Dans la section intitulée Les Premiers films (20’30), vous trouverez deux courts-métrages militaires, Construction d’un pont (1941, 4’, muet) et Guadalcanal (1945, 10’, film dédié à la bravoure des Marines de l’armée américaine), un spot publicitaire pour Lucky Strike (1945, 2’15), et deux extraits de projets avortés, Evolution (1938-40, 3’35) et Le Baron de Münchhausen (1950, 30 secondes, muet). Pendant la Seconde Guerre mondiale, Ray Harryhausen est incorporé à l’unité de Frank Capra dans l’Army Signal Corp. Concernant ses deux films militaires, un carton indique que l’animation 3D était très efficace dans l’apprentissage de l’assemblage mécanique, puisque le montage et la répartition d’instruments complexes dans les problèmes d’opérations et de stratégie pouvaient y être disséqués. Dans Evolution, Ray Harryhausen anime des dinosaures et les met déjà en interaction avec un homme, qui se fait d’ailleurs rapidement avaler tout cru par l’une des créatures ! Si Le Baron de Münchhausen est très court et s’avère un essai d’animation du visage du personnage principal, la pub pour Lucky Strike vaut le détour pour voir comment Ray Harryhausen joue avec la perspective (ou comme dédoubler les paquets), et réalise un véritable ballet de cigarettes.

Enfin, outre la bande-annonce 2018, Carlotta Films donne la parole à Gilles Penso, réalisateur de trois films devenus des références dans le domaine de l’animation et des effets spéciaux au cinéma, Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux (2011), Le Complexe de Frankenstein (2015) et Phil Tippett : Des Rêves et des Monstres (2019), les deux derniers ayant été coréalisés avec Alexandre Poncet et longuement chroniqué (vous n’avez qu’à cliquer sur les liens pour vous en rendre compte) dans nos colonnes. Durant près de 20 minutes, l’expert, passionné et passionnant Gilles Penso propose un retour complet sur les débuts de Ray Harryhausen au cinéma, tout en replaçant les films présentés dans ce programme dans leur contexte, ainsi que dans la carrière du maître de l’animation. Blindé d’informations et magnifiquement illustré, ce module complète et clôt magistralement cette interactivité.

L’Image et le son

La préservation et la restauration initiées par la Ray and Diana Harryhausen Foundation permettent de revoir aujourd’hui Le Petit Chaperon rouge, Hansel et Gretel, Raiponce, Le Roi Midas et Le Lièvre et la Tortue dans de merveilleuses conditions grâce à de fabuleux nouveaux masters HD. Ce qui importe avant tout, c’est que l’animation soit entièrement respectée, ce qui est le cas ici, et que les partis-pris ne soient pas dénaturés par le nettoyage numérique. C’est donc une immense réussite technique, puisque l’image est d’une propreté absolue, le grain argentique présent, le relief dingue sur les plans larges, les couleurs sensationnelles, le cadre stable. Si l’on constate de légers fils en bord de cadre ou une texture aléatoire du grain selon les films, le résultat est là, on est souvent ébahi devant la beauté incommensurable de ces courts-métrages.

L’éditeur propose de visionner les cinq courts-métrages, en version originale (aux sous-titres français non imposés) ou en version française où même les génériques ont été réalisés dans la langue de Molière. La piste anglaise est forcément plus naturelle dans le sens où l’on sent la narration « d’époque », même si la voix-off se fait sensiblement grinçante par moments, mais le charme y est complet. Les narrateurs français sont forcément plus contemporains, mais les voix collent bien aux films et respectent l’intonation.

Crédits images : © Carlotta Films / 2004 RAY HARRYHAUSEN. Tous droits réservés. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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