LES FUYARDS DU ZAHRAIN (Escape from Zahrain) réalisé par Ronald Neame, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 juillet 2025 chez Rimini Éditions.
Acteurs : Yul Brynner, Sal Mineo, Jack Warden, Madlyn Rhue, Anthony Caruso, Leonard Strong, Jay Novello…
Scénario : Robin Estridge, d’après le roman de Michael Barrett
Photographie : Ellsworth Fredericks
Musique : Lyn Murray
Durée : 1h34
Date de sortie initiale : 1962
LE FILM
Dans une dictature du Moyen-Orient, un leader politique est libéré par de jeunes partisans qui décident de traverser le désert pour rejoindre un pays voisin. Le voyage s’annonce périlleux…
Il y a des films dont on aurait ignoré l’existence, s’il n’y avait pas eu le travail acharné de certains éditeurs, qui résistent encore et toujours pour nous faire découvrir quelques pépites complètement oubliées. C’est le cas des Fuyards du Zahrain – Escape From Zahrain, sorti en 1962 qui vaut assurément le coup d’oeil et ce pour plusieurs raisons. D’une part, le film est réalisé par Ronald Neame (1911-2010), ancien scénariste et producteur de David Lean (Heureux Mortels, Brève rencontre, Les Grandes espérances) et même parfois directeur de la photographie, entré dans l’histoire du cinéma avec L’Aventure du Poséidon (1972), encore aujourd’hui LA référence du film catastrophe, d’autre part pour son casting mené par un Yul Brynner, tout juste consacré star internationale après le triomphe des Sept Mercenaires de John Sturges. Non seulement cela, Les Fuyards du Zahrain s’avère un road-movie rempli de rebondissements, mené sans temps mort, qui réserve de nombreuses surprises (y compris l’apparition non créditée d’un monstre du septième art…), qui rappelle parfois furieusement Le Désert de la peur – Ice Cold in Alex (1958) de J. Lee Thompson…
L’ODYSSÉE DU SOUS-MARIN NERKA (Run Silent, Run Deep) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 juillet 2023 chez Rimini Editions.
Acteurs : Clark Gable, Burt Lancaster, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles, Nick Cravat, Joe Maross, Mary LaRoche, Eddie Foy III, Rudy Bond…
Scénario : Jon Gay, d’après le roman d’Edward L. Beach
Photographie : Russell Harlan
Musique : Franz Waxman
Durée : 1h29
Année de sortie : 1958
LE FILM
En 1942, pendant le conflit américano-japonais, le sous-marin du commandant Richardson est coulé par le submersible nippon, l’Akikaze. Rongé par ce mauvais souvenir, il se voit confier la direction d’un nouveau sous-marin, le Nerka, au détriment de Jim Bledsoe, son second. Après des mois d’entraînement intensif, Richardson a l’occasion de prendre sa revanche pendant l’attaque de Pearl Harbor.
À la poursuite d’Octobre rouge, Le Bateau, Le Chant du loup, 20 000 lieues sous les mers, USS Alabama, K-19 – Le Piège des profondeurs, U-571, chaque cinéphile visualise immédiatement le sous-marin de ces classiques et même chefs d’oeuvre du septième art. Mais avant ceux-ci, il fait remonter loin, très loin en arrière pour retrouver les origines de ce sous-genre à part entière, autrement dit le film de guerre de sous-marin. Parmi les opus notables et matriciels on trouve L’Espion noir – Spy in Black (1939) de Michael Powell, première d’une fructueuse et mythique collaboration qui va durer près de quinze ans avec le scénariste Emeric Pressburger, remarquable film d’espionnage britannique comprenant une dimension documentaire exemplaire, surtout en ce qui concerne les séquences dévoilant le fonctionnement du sous-marin, qui happe le spectateur dès les premières scènes, pour ne plus le lâcher pendant 1h20 jusqu’à l’épatante bataille navale. On doit l’autre étape importante et même décisive à René Clément et à son film Les Maudits (1947), Grand Prix à Cannes, prototype même du film de sous-marin (décor reconstruit à l’échelle dans les studios de la Victorine à Nice) qui explosait alors au milieu des années 40. Témoin de son époque, le réalisateur français se penche sur la déchéance des perdants de la Seconde Guerre mondiale en plaçant ses personnages dans un lieu clôt où émergent petit à petit des règlements de compte souvent fatals. René Clément tire parti de son décor exigu grâce à une réalisation inventive, moderne et raffinée, usant de la caméra portée et d’angles inédits afin de créer une atmosphère étouffante et anxiogène avec un souci constant du réalisme renvoyant au documentaire. Outre-Atlantique, il faut attendre 1957 pour que le film de sous-marin rebondisse à nouveau avec Torpilles sous l’Atlantique – The Enemy Below de Dick Powell, avec Robert Mitchum et Cud Jürgens, suivi de près par L’Odyssée du sous-marin Nerka – Run Silent, Run Deep (1958). Ce dernier est signé par l’immense Robert Wise, alors entre Femmes coupables – Until They Sail, avec Jean Simmons Joan Fontaine Paul Newman et Piper Laurie, et Je veux vivre ! – I Want to Live!, qui vaudra à Susan Hayward l’Oscar de la meilleure actrice. À l’instar de Richard Fleischer, le cinéaste a toujours su s’approprier un sujet qu’on lui proposait. L’Odyssée du sous-marin Nerka est écrit par John Gay (Le Clan des irréductibles, Soldat bleu, Les Quatre cavaliers de l’apocalypse), habituellement scénariste pour la télévision et qui faisait ici ses débuts au cinéma, d’après un roman d’Edward L. Beach. Si Run Silent, Run Deep n’a pas connu le succès escompté à sa sortie, ses partis-pris sont devenus pour ainsi dire le cahier des charges des films de sous-marin qui allaient suivre. Rares sont les séquences qui se déroulent à l’extérieur du bâtiment, à part bien sûr durant le premier acte qui expose le contexte et les personnages, le principal de l’action étant centrée dans le Nerka avec ses hommes à bord qui communiquent avec le jargon technique approprié. Robert Wise, ancien monteur (chez William Dieterle, Orson Welles et Richard Wallace) apporte sa virtuosité habituelle à ce drame de guerre souvent percutant, qui prend son temps dans la première partie, mais dont la tension n’a de cesse de se resserrer et ce jusqu’à la fin. Une excellente (re)découverte dans laquelle brillent Burt Lancaster et Clark Gable.
L’HOMME QUI TUA LA PEUR (Edge of the City) réalisé par Martin Ritt, disponible en DVD depuis le 9 janvier 2020 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : John Cassavetes, Sidney Poitier, Jack Warden, Kathleen Maguire, Ruby Dee, Val Avery, Robert F. Simon, Ruth White…
Scénario : Robert Alan Aurthur
Photographie : Joseph C. Brun
Musique : Leonard Rosenman
Durée : 1h22
Date de sortie initiale : 1957
LE FILM
Axel North, un déserteur devenu vagabond, se fait embaucher sous une fausse identité comme docker dans le port de New York. Pour conserver son travail, il lui faut reverser une partie de son salaire à Charly Malik, un contremaître corrompu. Intrigué par le courage d’un collègue noir, Tommy Tyler, Axel se lie peu à peu avec lui au point de rompre ouvertement avec Malik. Tommy devine que son nouvel ami est hanté par un passé difficile et l’accueille chez lui. Axel y fait la connaissance d’une jeune femme, Ellen, dont il s’éprend. Un matin, une violente dispute éclate entre Malik et Tommy : un crochet de docker à la main, les deux hommes sont prêts à se battre à mort…
Edge of the City ou L’Homme qui tua la peur en version française, est le premier long-métrage réalisé par Martin Ritt (1914-1990), celui qui nous donnera Les Feux de l’été – The Long, Hot Summer (1958), Paris Blues (1961), L’Espion qui venait du froid – The Spy Who Came in from the Cold (1965), Norma Rae (1979) et bien d’autres. Pour son coup d’essai, il installe son récit dans sa ville natale, New York, dont il connaît les moindres recoins par coeur, y compris les quais sur lesquels se déroulent essentiellement l’action, l’Empire State Building et autres gratte-ciel apparaissant en toile de fond. Depuis toujours très actif pour dénoncer les injustices sociales et politiques, il s’engage très vite auprès de groupes de théâtre afin de défendre les droits des afro-américains, n’hésitant pas à camper l’un des rares personnages blancs dans la pièce Porgy and Bess, saluée pour la modernité de son approche de la culture noire. Martin Ritt monte ensuite des pièces dites de gauche radicale (bien qu’il n’adhérera jamais au Parti communiste US) et parcourt la terre de l’Oncle Sam, ce qui lui vaudra plus tard d’être pointé du doigt par le tristement célèbre sénateur Joseph McCarthy. Durant la guerre, il s’engage dans l’US Air Force, tout en démarrant une carrière d’acteur au cinéma (Winged Victory de George Cukor). Il reprend le théâtre, comme comédien, mais aussi comme metteur en scène, puis entre dans le monde de la télévision au début des années 1950, où il s’occupe principalement de produire et de réaliser quelques adaptations de pièces. Mais ses idées politiques (qu’il ne reniera jamais tout au long de sa vie) le rattrapent. Soupçonné de sympathiser avec l’ennemi rouge situé de l’autre côté du Rideau de fer, il est interdit de télévision, black-listé et revient sur les planches, où il enseigne la légendaire méthode Stanislavski auprès des aspirants comédiens, dont un certain James Dean. En 1957, il a donc l’opportunité de passer derrière la caméra de nouveau, mais pour le cinéma cette fois, avec L’Homme qui tua la peur, transposition d’une pièce de Robert Alan Aurthur (futur scénariste d’All That Jazz de Bob Fosse, de L’Homme aux colts d’or d’Edward Dmytryk et de Grand Prix de John Frankenheimer), déjà adaptée pour la petite lucarne en 1955 (par Robert Mulligan et déjà avec Sidney Poitier). L’histoire prend place dans le milieu des syndicats de dockers de la Grosse Pomme, où un jeune homme d’une vingtaine d’années affronte un collègue animé par la haine de la peau noire. La nouvelle recrue sera accueillie par un docker afro-américain, qui l’aidera à faire sa place, à vivre décemment, jusqu’à devenir son ami. Ce qui sera évidemment mal perçu. Edge of the City ne connaîtra qu’un succès d’estime à sa sortie, mais sera néanmoins très vite reconsidéré par la suite une fois l’explosion de John Cassavetes deux ans plus tard avec son premier film Shadows et celle de Sydney Poitier, qui sera nommé pour l’Oscar du meilleur acteur en 1958 pour La Chaîne – The Defiant Ones de Stanley Kramer. Rétrospectivement, la hargne, les thèmes, l’élégance et l’humanisme de Martin Ritt sont déjà à l’oeuvre dans L’Homme qui tua la peur et mérite toute l’attention du cinéphile.
LE BISON BLANC (The White Buffalo) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charles Bronson, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker, Slim Pickens, Stuart Whitman, Kim Novak, John Carradine…
Scénario : Richard Sale, d’après son roman
Photographie : Paul Lohmann
Musique : John Barry
Durée : 1h37
Date de sortie initiale: 1977
LE FILM
En septembre 1874, Wild Bill Hickok, poursuivi par un cauchemar récurrent figurant un énorme bison blanc, retourne dans l’Ouest américain. Caché sous le pseudonyme de James Otis, l’homme, qui ne s’est pas fait que des amis, est bien décidé à traquer l’animal. Pendant ce temps, un énorme bison blanc fait un massacre dans un village d’indiens Oglalas. Après un long périple, Hickok entre finalement en contact avec Crazy Horse, des Oglalas, qui évoque le carnage perpétré par l’animal.
Les fans de Charles Bronson le savent, Le Bison Blanc – The White Buffalo est un film à part dans la carrière conséquente de l’acteur, un opus rare qui avait longtemps disparu des radars après son échec au cinéma en 1977. Cette seconde collaboration (sur neuf) du comédien et du réalisateur britannique J. Lee Thompson, mise en scène un an après Monsieur St. Ives et trois ans avant Capo Blanco, n’est assurément pas leur plus célèbre, mais probablement la plus singulière d’entre toutes, puisque Charles Bronson y interprète un ersatz de Capitaine Achab, qui va se lancer non pas à la recherche d’une baleine blanche, mais d’un bison blanc, présenté dès le générique comme une créature quasi-fantastique, un animal mythique qu’il ne cesse de voir dans un cauchemar prémonitoire. Une aura mystérieuse plane du début à la fin sur ce long-métrage bizarre, où les genres paraissent se fondre l’un dans l’autre et dans lequel notre ami Charley campe une figure emblématique de l’ouest américain, Wild Bill Hickcok, qui avait déjà été incarné au cinéma par Gary Cooper dans Une aventure de Buffalo Bill – The Plainsman (1936) de Cecil B. DeMille, dans Le Triomphe de Buffalo Bill – Pony Express (1953) de Jerry Hopper et même dans Little Big Man (1970) d’Arthur Penn. Le Bison Blanc est un western atypique qui se démarque très rapidement par ses effets visuels, cette fameuse bête éponyme réalisée en animatronique et montrée dans un décor presque surréaliste, mais aussi par l’apparence physique de la star, qui crée un décalage un peu à la Mystères de l’Ouest. Une belle curiosité.
LES YEUX BANDÉS (Blindfold) réalisé par Philip Dunne, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 8 décembre 2020 chez Elephant Films.
Acteurs : Rock Hudson, Claudia Cardinale, Jack Warden, Guy Stockwell, Brad Dexter, Anne Seymour, Alejandro Rey, Hari Rhodes…
Scénario : Philip Dunne & W.H. Menger, d’après le roman Blindfold de Lucille Fletcher
Photographie : Joseph MacDonald
Musique : Lalo Schifrin
Durée : 1h42
Année de sortie : 1966
LE FILM
Un éminent psychiatre, le Dr. Snow, suit un scientifique qui souffre de troubles émotionnels. Tous les deux sont kidnappés par une organisation secrète qui cherche à s’accaparer le fruit des recherches du savant.
Si le nom de Philip Dunne (1908-1992) vous dit quelque chose, c’est sûrement pour les films dont il est l’auteur, Le Dernier des Mohicans – The Last of the Mohicans (1936) de George B. Seitz, Suez (1938) d’Allan Dwan, Johnny Apollo (1940) de Henry Hathaway, le splendide Qu’elle était verte ma vallée – How Green Was My Valley (1941) de John Ford, le fantastique L’Aventure de madame Muir – The Ghost and Mrs. Muir (1947), La Flibustière des Antilles – Anne of the Indies (1951) et Le Gaucho – Way of a Gaucho (1952) de Jacques Tourneur, et La Tunique – The Robe (1953) de Henry Koster. Celui-ci passe aussi derrière la caméra en 1955 avec Prince of Players, interprété par Richard Burton. Il réalisera ainsi une dizaine de longs-métrages, dont le plus célèbre demeure assurément 10, rue Frederick – Ten North Frederick (1958) avec Gary Cooper. Les Yeux bandés – Blindfold, qu’il écrit et met en scène en 1965 est son dernier film. Pour cet ultime baroud d’honneur, le cinéaste et son coscénariste W.H. Menger s’inspirent d’un roman de Lucille Fletcher paru en 1960. Philip Dunne en tire une comédie d’espionnage, teinté de film d’aventure et d’action, le tout mâtiné d’une romance entre les deux protagonistes, incarnés par le couple glamour Rock Hudson et Claudia Cardinale. En dépit d’un rythme poussif et d’une intrigue quelque peu tarabiscotée, l’ensemble se suit sans déplaisir, surtout grâce à ses deux stars internationales qui rivalisent de charme et de sensualité.