Test DVD / Ma Barker et son gang, réalisé par Bill Karn

MA BARKER ET SON GANG (Ma Barker’s Killer Brood) réalisé par Bill Karn, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Lurene Tuttle, Tristram Coffin, Paul Dubov, Nelson Leigh, Myrna Dell, Victor Lundin, Don Grady, Gary Ammann…

Scénario : Tom Hubbard & John Patrick

Photographie : F. Paul Hall

Musique : Gene Kauer

Durée : 1h26

Année de sortie : 1960

LE FILM

A la grande désapprobation de son mari, Kate Barker encourage ses enfants à piller les troncs d’églises. Lorsque le jeune Herman est arrêté pour avoir dévalisé une attraction foraine, le shérif local chasse la famille de la ville. Quelques années plus tard, « Ma » et ses fils figurent en tête de liste des gangsters les plus recherchés des Etats Unis, lesquels, tels Mitraillette Kelly ou Alvin Karpis n’hésitent pas à s’associer avec le désormais redouté gang Barker.

« Freeze ! I’m Ma Baker ! Put your hands in the air and give me all your money ! »

Les fans de Boney M et de disco reconnaîtront immédiatement les premières paroles de la chanson Ma Baker. Ce qu’ils savent moins, c’est que ce tube de 1977 s’inspire de l’histoire de la criminelle Kate Barker, surnommée Ma Barker, qui avait comme particularité d’être à la tête d’un gang composé de ses enfants dans les années 1920. Une personnalité singulière qui a évidemment fait de l’oeil au cinéma et qui a donc donné naissance au film Ma Barker et son gangMa Barker’s Killer Brood, réalisé en 1960 par Bill Karn. En introduction, un panneau indique qu’il s’agit bien d’une « histoire vraie corroborée par les documents de la police, des extraits de journaux et des témoignages ». Ce long-métrage tient à respecter au maximum les faits réels et les évènements qui ont jalonné la « carrière sadique de Katharine Clark Barker, reine du crime, qui a appris à ses fils que le seul vrai crime était de se faire prendre ». Ce sur quoi le film démarre, après avoir ajouté que durant deux décennies de braquages, d’enlèvements et de meurtres, Ma Barker n’a jamais été arrêtée. Nous accueillons Ma Barker et son gang à bras ouverts et ce portrait dressé de ce génie diabolique, mère de la pègre et ennemie publique ne déçoit pas. Cette petite réussite est surtout imputable à l’interprétation survoltée et suintante de Lurene Tutle (1907-1986), comédienne exceptionnelle vue chez Orson Welles (Macbeth), Henry Hathaway (Niagara), Stanley Donen (Donnez-lui une chance) et Alfred Hitchcock (Psychose), qui trouve peut-être ici le rôle de sa vie.

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Test DVD / Les Rôdeurs de l’aube, réalisé par Tim Whelan

LES RÔDEURS DE L’AUBE (Rage at Dawn) réalisé par Tim Whelan, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Forrest Tucker, Randolph Scott, Mala Powers, J. Carrol Naish, Edgar Buchanan, William Forrest…

Scénario : Horace McCoy, d’après une histoire de Frank Gruber

Photographie : Ray Rennahan

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h23

Année de sortie : 1955

LE FILM

En 1866, dans le sud de l’Indiana, le gang des frères Reno terrorise la région en braquant des banques et pillant des trains, avec la complicité de notables locaux qui ferment les yeux sur leurs activités, prenant au passage leur « commission ». Les habitants du secteur, lassés de cette situation, font appel à l’agence de détectives Pinkerton qui dépêche un de ses agents. Les renseignements recueillis permettent d’organiser un guet-apens lors d’une nouvelle attaque de banque, mais les frères Reno en réchappent (sauf un qui est tué). Ils découvrent peu après que l’agent en question est le barman Murphy et l’assassinent. L’agence envoie alors un nouvel homme, James Barlow, qui parvient à infiltrer le gang en courtisant la sœur des Reno, Laura, et en se faisant lui-même passer pour un braqueur…

Vous n’aviez jamais entendu parler des frères Reno ? Non, rien à voir avec Jean, mais comme les spécialistes du Far-West pourront vous le dire, ainsi qu’un carton au début du film qui nous intéresse aujourd’hui, les frères Reno, Clint fermier respecté, Frank, Simeon, John et Bill demeurent célèbres pour avoir été les premiers voleurs de train de l’histoire des Etats-Unis. Pillant, brûlant et tuant, la bande a parcouru les états frontaliers du Midwest, ouvrant la voie aux grands gangs de hors-la-loi, plus connus pour le coup, les frères James, les frères Dalton et les Younger. Sur une histoire signée Horace McCoy, l’auteur du légendaire On achève bien les chevaux et scénariste (Gentleman Jim de Raoul Walsh, Le Fauve en liberté de Gordon Douglas et Les Indomptables de Nicholas Ray), inspirée d’un récit du spécialiste du roman policier et du western Frank Gruber, le réalisateur Tim Whelan livre pour la RKO un petit film bien emballé, toujours aussi divertissant 65 ans après. Il offre aussi à Randolph Scott l’un des derniers rôles à l’écran et qui s’avère impeccable dans la peau du dénommé Barlow, un agent fédéral qui se fait passer pour un hors-la-loi, afin de gagner la confiance des frères et des bureaucrates pourris. Cela se complique avec la compassion qu’éprouve Barlow pour Laura, la soeur des Reno, qui tient la maison à contre-coeur. La tension monte alors que la bande s’apprête un coup pour attaquer un train.

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Test DVD / Daniel Boone, l’invincible trappeur, réalisé par Albert C. Gannaway & Ismael Rodríguez

DANIEL BOONE, L’INVINCIBLE TRAPPEUR (Daniel Boone, Trail Blazer) réalisé par Albert C. Gannaway & Ismael Rodríguez, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Bruce Bennett, Lon Chaney Jr., Faron Young, Kem Dibbs, Damian O’Flynn, Jacqueline Evans, Nancy Rodman, Freddy Fernández…

Scénario : Tom Hubbard & John Patrick

Photographie : Jack Draper

Musique : Raúl Lavista

Durée : 1h15

Année de sortie : 1956

LE FILM

Vers la fin du 18ème siècle, un groupe de pionniers s’installe dans le Kentucky avec le soutien du célèbre trappeur Daniel Boone. Cette intrusion suscite la colère des indiens Shawnees, mal conseillés par un anglais vindicatif qui déteste Boone. Le trappeur qui entretient de longue date des liens amicaux avec Black Fish le grand chef Shawnee va tenter de mettre un terme aux massacres des colons.

Daniel Boone (1734-1820) est une icône de l’histoire américaine, dont la légende a comme bien souvent enjolivé la vie et les actes. Considéré comme étant le premier héros de l’histoire des Etats-Unis, les exploits de l’explorateur et pionnier de la colonisation de l’Amérique du Nord ont très tôt inspiré la littérature et le cinéma, y compris le légendaire roman de James Fenimore Cooper, Le Dernier des Mohicans, publié en 1826. C’est dire si l’histoire de Daniel Boone fait partie du folklore américain. Sur le grand écran, George O’Brien l’a interprété en 1936 dans un film qui porte le nom de son héros et réalisé par David Howard. Mais celui qui nous intéresse aujourd’hui date de 1956 et on y retrouve Bruce Bennett dans la peau du trappeur, plongé dans l’état du Kentucky, une contrée sauvage qui en dialecte indien signifie « terre sombre et sanglante ». Le comédien s’en sort très bien dans la peau de Daniel Boone, dont le courage est sans cesse loué par ses camarades, ses enfants et sa femme qui semble constamment en état d’hypnose rien qu’en le regardant. Tout irait pour le mieux pour tous ces colons, mais voilà ces territoires hostiles sont encore marqués par la présence d’Indiens qui peinent à accepter la présence de l’homme blanc qui bâtit des villes là où ils chassaient avant leur arrivée. Bref, vous l’aurez compris, les Indiens, alliés ici aux Anglais qui leur fournissent des armes, ne veulent pas se laisser faire par les colons, même si Daniel Boone s’évertue à leur dire que « l’homme blanc est ici pour faire ami et aider Indiens ». Mais ces derniers attaqueront le fort de Daniel Boone, qui de son côté ripostera avec ses camarades en leur tirant dessus, tout en gardant le sourire et en prenant cette attaque – et ce génocide – comme un entraînement au tir.

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Test DVD / Voir le jour, réalisé par Marion Laine

VOIR LE JOUR réalisé par Marion Laine, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Aure Atika, Sandrine Bonnaire, Kenza Fortas, Elsa Madeleine, Brigitte Roüan, Sarah Stern, Lucie Fagedet, Nadège Beausson-Diagne, Stéphane Debac, Claire Dumas, Alice Botté…

Scénario : Marion Laine, d’après le roman Chambre 2 de Julie Bonnie

Photographie : Brice Pancot

Musique : Béatrice Thiriet

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Jeanne travaille comme auxiliaire dans une maternité de Marseille. Nuit et jour, Jeanne et ses collègues se battent pour défendre les mères et leurs bébés face au manque d’effectif et à la pression permanente de leur direction. Jeanne vit avec Zoé, sa fille de 18 ans, qu’elle élève seule. Lorsqu’un drame survient à la maternité et que Zoé part étudier à Paris, le passé secret de Jeanne resurgit soudain et la pousse à affirmer ses choix de vie.

Tout d’abord comédienne, vue dans quelques séries made in TF1 (Navarro, Julie Lescaut, Les Cordier, juge et flic), Marion Laine passe à la mise en scène et après quelques courts livre son premier long-métrage en 2008, Un coeur simple. Dans cette adaptation de la nouvelle homonyme de Gustave Flaubert publiée en 1877 dans le recueil Trois Contes, la réalisatrice dirigeait Sandrine Bonnaire, Marina Foïs et Noémie Lvovsky. Avec son deuxième film, A coeur ouvert, Marion Laine décevait avec sa transposition du second roman de Mathias Enard, Remonter l’Orénoque, publié en 2005, un film guère réussi en dépit de la réunion de deux beaux comédiens, Juliette Binoche et Édgar Ramírez, et ce en raison d’un scénario mal écrit et caricatural, une mise en scène jamais convaincante, des scènes souvent ridicules et une interprétation trop « excessive ». La cinéaste rectifie enfin le tir avec Voir le jour, sans aucun doute son plus beau film à ce jour, pour lequel elle retrouve Sandrine Bonnaire une troisième fois après le téléfilm Ce soir-là et les jours d’après qui traitait des attentats de novembre 2015.

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Test DVD / Divorce Club, réalisé par Michaël Youn

DIVORCE CLUB réalisé par Michaël Youn, disponible en DVD le 2 décembre 2020 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Arnaud Ducret, François-Xavier Demaison, Caroline Anglade, Audrey Fleurot, Michaël Youn, Charlotte Gabris, Youssef Hajdi, Benjamin Biolay…

Scénario : Matt Alexander, Michaël Youn, Claude Zidi Jr., Cyrille Droux & Marie-Pierre Huster

Photographie : Stéphane Le Parc

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Après 5 ans de mariage, Ben est toujours aussi éperdument amoureux. Jusqu’au jour où il découvre en public que sa femme le trompe : humilié et plaqué dans la foulée ! Abattu et lâché par ses proches, Ben peine à remonter la pente jusqu’à ce qu’il croise le chemin de Patrick, un ancien ami lui aussi divorcé qui lui propose d’emménager chez lui. Patrick, au contraire de Ben, entend bien profiter de son célibat retrouvé et de tous les plaisirs auxquels il avait renoncé durant son mariage. Bientôt rejoints par d’autres divorcés, les fêtards quarantenaires ébauchent les premières règles du  » Divorce Club « …

Après les beaux succès dans les salles de Fatal (1.2 million de spectateurs en 2010 ) et de Vive la France (1,1 million d’entrées), pour lequel il avait disposé d’un budget confortable de 15 millions d’euros, le troisième long-métrage de Michaël Youn en tant que réalisateur se faisait attendre. Sept ans séparent Divorce Club de son deuxième film, mais force est de constater que l’humour de l’ancien trublion du PAF n’a pas changé. Sa troisième mise en scène témoigne de son incroyable énergie et de son sens du gag largement influencé par les comiques anglo-saxons. Mais Michaël Youn s’affranchit de cette référence pour signer une comédie bien de chez nous, une sorte de mélange de hamburger nappé de beaujolais en fait, avec une touche de pudding, bref un gloubi-boulga qui mixe à la fois l’humour américain, franchouillard et british, avec une rare décontraction et surtout avec une belle réussite.

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Test DVD / L’Attentat, réalisé par Yves Boisset

L’ATTENTAT réalisé par Yves Boisset, disponible en DVD le 22 septembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli, Jean Seberg, Gian Maria Volonté, Michel Bouquet, Bruno Cremer, Daniel Ivernel, Philippe Noiret, François Périer, Roy Scheider, Jacques François, Jean Bouise…

Scénario : Ben Barzman & Basilio Franchina

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Sadiel, un opposant politique réfugié en Suisse, représente une menace pour le colonel Kassar, ministre de l’intérieur d’un pays d’Afrique du Nord. Kassar décide de le supprimer et recourt aux services secrets français. Sadiel est exécuté mais l’affaire s’ébruite…

Dans le cinéma français des années 1970, deux cinéastes ont réussi à rendre fascinant le monde complexe de la politique à travers des thrillers palpitants. Le premier est Costa-Gavras à qui l’on doit notamment Z (1969) et L’Aveu (1970). Le second est Yves Boisset, qui n’hésite pas à aborder un sujet sensible, avec le film L’Attentat quitte à parfois défier la censure.

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Test DVD / Juliette ou la clé des songes, réalisé par Marcel Carné

JULIETTE OU LA CLÉ DES SONGES réalisé par Marcel Carné, disponible en DVD le 28 septembre 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : Gérard Philipe, Suzanne Cloutier, Jean-Roger Caussimon, René Génin, Roland Lesaffre, Gabrielle Fontan, Arthur Devère, Louise Fouquet, Yves Robert…

Scénario : Jacques Viot & Marcel Carné, d’après la pièce de Georges Neveux

Photographie : Henri Alekan

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Michel a volé par amour pour Juliette. Du fond de sa cellule, il songe à la jeune fille. Transporté par ses rêves, le voici dans un étrange village dont les habitants semblent avoir perdu la mémoire. Juliette, elle, est retenue captive par un mystérieux châtelain, fort jaloux, qu’elle doit bientôt épouser. Michel essaie de la reconquérir et croise des personnages singuliers – des villageois, des musiciens… Il retrouve Juliette et lui fait une promesse. Mais qu’en sera-t-il à son réveil ?

Rétrospectivement, il semblerait que Marcel Carné (1906-1996) compte beaucoup de « films maudits » à son palmarès comme La Fleur de l’âge, qui ne sera d’ailleurs jamais achevé, Les Portes de la nuit, la dernière collaboration Carné – Prévert ou bien encore celui qui nous intéresse aujourd’hui, Juliette ou la clé des songes (1951). Pour les cinéphiles du monde entier, le cinéma de Marcel Carné se résume aux films cosignés avec Jacques Prévert, de Jenny (1936) aux Portes de la nuit (1946), en passant bien évidemment par Drôle de drame (1937), Le Quai des brumes (1938), Le Jour se lève (1939), Les Visiteurs du soir (1942) et Les Enfants du paradis (1945). Par la suite, l’oeuvre du réalisateur est comme qui dirait passée plus inaperçue, malgré d’incontestables réussites, Thérèse Raquin (1953), Les Tricheurs (1958), Trois chambres à Manhattan (1965), Les Jeunes Loups (1968) et Les Assassins de l’ordre (1971). Souvent oublié dans la filmographie du metteur en scène, Juliette ou la clé des songes est pourtant un sublime conte, une histoire d’amour tragi-comique où le fantastique s’immisce par l’intermédiaire du rêve. Si on le compare aux Visiteurs du soir, auquel on peut aisément le rattacher, ce dixième long métrage de Marcel Carné a beaucoup mieux vieilli, sans doute parce qu’il s’agit d’un film contemporain alors que le premier était abordé sous l’angle médiéval. Loin de l’interprétation théâtrale, figée, voire franchement douteuse (ça c’est pour Alain Cuny) des Visiteurs du vendredi (on ne parle pas des fabuleux Arletty et Jules Berry), Juliette ou la clé des songes foudroie par sa beauté plastique, par son romanesque, par la beauté de ses dialogues et celle du couple vedette, Gérard Philipe et Suzanne Cloutier.

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Test DVD / J.T. LeRoy, réalisé par Justin Kelly

J.T. LEROY (Jeremiah Terminator LeRoy) réalisé par Justin Kelly, disponible en DVD le 15 octobre 2020 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Kristen Stewart, Laura Dern, Jim Sturgess, Diane Kruger, Kelvin Harrison Jr., James Jagger, Courtney Love, David Lawrence Brown…

Scénario : Savannah Knoop & Justin Kelly, d’après le livre Girl Boy Girl: How I Became JT LeRoy de Savannah Knoop

Photographie : Bobby Bukowski

Musique : Tim Kvasnosky

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Inspiré de l’histoire de J.T. Leroy, une femme écrivain qui s’était fait passer pour un transgenre dans les années 90-2000 pour duper le monde des célébrités.

Beaucoup de cinéphiles connaissent le film Le Livre de Jérémie, réalisé par Asia Argento en 2004 et adapté du livre éponyme de J.T. LeRoy, qui racontait l’enfance détruite de Jeremiah, jeune garçon ballotté entre une mère prostituée qui l’emmenait dans ses tribulations sur les routes des États-Unis et des grands parents évangéliques voulant l’arracher à cette vie de débauche pour lui donner une éducation rigoriste. Un livre dur et très cru, où la violence et le sexe étaient omniprésents. A la sortie du roman en 2001, son auteur J.T. LeRoy était présenté comme une personne trans, qui se questionnait sexuellement, ancien sans domicile fixe, prostitué et toxicomane. En réalité, J.T. LeRoy était le pseudonyme – ou l’alter ego – de Laura Gilbert (née en 1965), véritable écrivaine, qui avait inventé ce personnage, pour parler de sa véritable histoire. Ainsi, Le Livre de Jérémie était autobiographique, mais la narratrice se dissimulait derrière ce nom et cet avatar monté de toutes pièces, jusqu’en 2006, année où la supercherie a été révélée dans les médias. Il n’en fallait pas plus pour que le cinéma s’empare de cette histoire. Le film qui en découle s’intitule tout simplement J.T. LeRoy, ou parfois Jeremiah Terminator LeRoy. Aux commandes de ce « biopic », on retrouve un certain Justin Kelly, ancien assistant monteur de Gus Van Sant sur Harvey Milk (2008), qui est ensuite passé derrière la caméra avec quelques courts métrages, avant de passer au format long en 2015 avec le remarqué I am Michael en 2015 (avec James Franco, Zachary Quinto et Emma Roberts), trois fois récompensé au Festival FilmOut San Diego. J.T. Leroy est son quatrième film. Dans le(s) rôle(s) titre pourrait-on dire, on retrouve à la fois Kristen Stewart, qui incarne – aux yeux de tous – l’écrivain, et Laura Dern, une fois de plus incroyable dans la peau de Laura Gilbert. Un « monstre à deux têtes » qui va s’avérer plus complexe à gérer que l’imaginait sa créatrice, et qui ne s’attendait pas à ce que sa protégée se perde quelque peu dans la peau du monstre qu’elle a créé. S’il ne révolutionne évidemment pas un genre depuis longtemps ultra-balisé, ce J.T. LeRoy vaut le coup pour admirer la prestation d’une des plus grandes comédiennes de tous les temps, qui avait d’ailleurs déjà partagé l’affiche avec Kristen Stewart dans Certaines Femmes de Kelly Reichardt.

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Test DVD / Le Chevalier du château maudit, réalisé par Mario Costa

LE CHEVALIER DU CHÂTEAU MAUDIT (Il Cavaliere del castello maledetto) réalisé par Mario Costa, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Massimo Serato, Irène Tunc, Luisella Boni, Pierre Cressoy, Livio Lorenzon, Maria Sima, Carlo Tamberlani, Aldo Bufi Landi…

Scénario : Sergio Corbucci, Piero Vivarelli

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Michele Cozzoli

Durée : 1h19

Année de sortie : 1959

LE FILM

Le perfide Ugo de Collefeltro a fait jeter en prison son oncle le duc Olivero et pris sa place sur le trône de Valgrado. Devant l’oppression subie, les gens du pays déplorent la disparition de leur ancien maître. Quand Isabelle, la fille du duc, revient au château, elle est demandée en mariage par son cousin Ugo. Elle fait alors connaissance avec le mystérieux Chevalier Noir, qui défend les paysans contre le tyran.

Dans les années 1950, le film de cape et d’épée est un des genres prisés par les spectateurs, notamment en France avec des titres emblématiques comme Fanfan la tulipe (1952), Les Trois Mousquetaires (1953) version André Hunebelle, La Tour, prends garde ! (1957), Le Bossu (1959), Le Capitan (1960) et bien d’autres. Ce que l’on sait moins, c’est que même l’Italie s’est également essayée au genre, à l’instar du mythique Riccardo Freda, qui avait d’ailleurs fait ses débuts derrière la caméra avec Don César de BazanDon Cesare di Bazan (1942). Totalement inconnu en France, le cinéaste Mario Costa aura signé par loin de 40 longs-métrages depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au début des années 1970. Prolifique et surtout éclectique, le réalisateur aura abordé le drame et la comédie-musicale dans la première partie de sa carrière, avant de bifurquer vers le film d’aventure. Le Chevalier du château mauditIl cavaliere del castello maledetto (1959) est comme qui dirait son premier coup d’essai du genre, qui sera suivi Prisonnier de la tourI Reali di Francia (1959), La Reine des piratesLa Venere dei pirati (1960), La Bataille de CorintheIl conquistatore di Corinto (1961), Gordon, chevalier des mersGordon, il pirata nero (1961), Le Retour du fils du SheikIl figlio dello sceicco (1962) et Les Cavaliers de la terreurIl terrore dei mantelli rossi (1963). Mais pour l’heure, Le Chevalier du château maudit demeure un divertissement classique et désuet, mais bourré de charme avec ses décors intérieurs confectionnés en carton-pâte, ses costumes approximatifs, ses batailles molles et ses comédiens qui en font souvent des caisses. Un film de chevalerie transalpin très premier degré, coécrit par le légendaire Sergio Corbucci, une curiosité doublée d’un bon moment de cinéma à l’ancienne, entre amours et intrigues, le tout enrobé d’embuscades et de duels.

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Test DVD / Ecorchés vifs, réalisé par Mario Siciliano

ÉCORCHÉS VIFS (Scorticateli vivi) réalisé par Mario Siciliano, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Bryan Rostron, Mario Novelli, Giuseppe Castellano, Pier Luigi Giorgio, Ettore Pecorari, Antonio Diana, Stefano Cedrati, Giulio Lucatelli…

Scénario : Amedeo Mellone, Mario Siciliano

Photographie : Gino Santini

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h32

Année de sortie : 1978

LE FILM

Rudy, un petit voyou sans envergure, part pour l’Afrique retrouver son frère. Celui-ci exploite une mine de diamants qui l’aiderait bien à éponger ses dettes. Rudy débarque en pleine révolution, son frère étant à la tête d’un commando de blancs contre les noirs.

Si vous avez déjà vu ou venez de voir (sur nos conseils) Les Sept Bérets rougesSette baschi rossi (1969) de Mario Siciliano, alors vous risquez d’être quelque peu décontenancés à la découverte d’Ecorchés vifsScorticateli vivi, réalisé en 1978 par le même cinéaste. Quasiment dix ans après son premier long-métrage, Mario Siciliano décide purement et simplement d’en recycler près d’une heure et de réutiliser ces images pour en construire un autre, suite au succès international des Oies sauvages The Wild Geese d’Andrew V. McLaglen. Un récit et un casting principal différents, mais un décor identique, et pour cause…Dans Ecorchés vifs, le réalisateur se contente de filmer ses acteurs dans des décors dépouillés, parfois même sur un fond blanc, les images étant ensuite bidouillées au montage avec celles tirées des Sept Bérets rouges, souvent dans un simple champ-contrechamp. Les deux films semblent ainsi se répondre, et on ne peut s’empêcher de rire devant cette immense supercherie, surtout durant le dernier acte, celui du train, qui reprend presque tout l’affrontement de la population africaine avec les soldats. Une arnaque pareille il fallait oser. Et pourtant Ecorchés vifs apparaît plus sympathique que Les Sept Bérets rouges, et encore plus quand on connaît les conditions de tournage. Alors n’hésitez pas à vous faire les deux films dans la foulée, même si l’impression de déjà-vu est forcément inévitable, mais cet écho vaut le coup d’oeil.

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