Test 4K UHD / Possession, réalisé par Andrzej Żuławski

POSSESSION réalisé par Andrzej Żuławski, disponible chez Le Chat qui fume en Combo Blu-ray + 4K UHD + CD, ainsi qu’en Box Ultra Collector limitée à 1500 exemplaires qui contient le film Possession en UHD et 2 Blu-ray, le CD de la musique du film, le livre Une histoire orale d’Andrzej Żuławski et la reproduction du dossier de presse d’origine.

Acteurs : Isabelle Adjani, Sam Neill, Margit Carstensen, Heinz Bennent, Johanna Hofer, Carl Duering, Shaun Lawton, Michael Hogben, Maximilian Rüthlein…

Scénario : Andrzej Żuławski & Frederic Tuten

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Andrzej Korzynski

Durée : 2h04

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Après un long et mystérieux voyage, Marc est de retour à Berlin où il retrouve son petit garçon Bob et son épouse Anna. Leur appartement est dans un état pitoyable et Anna est distante, agressive et sur les nerfs. Soupçonnant sa femme d’avoir un amant, Marc l’a fait suivre par un détective privé qui est assassiné dans des conditions particulièrement horribles.

Possession est une œuvre jusqu’au-boutiste. Un film qui pousse à la fois ses comédiens et les spectateurs dans leurs derniers retranchements, qui joue constamment avec les nerfs, mis alors à vif avec une caméra virevoltante, en quasi-lévitation, qui reflète l’hystérie individuelle et collective des protagonistes et qui semble souvent les caresser. Ce rapport amour/haine, se fait ressentir durant les deux longues heures de Possession, qui peuvent passer vite autant qu’elles paraissent parfois interminables. Le réalisateur polonais Andrzej Żuławski (1940-2016) met l’intellect de son audience à rude épreuve, en surfant sur un genre, le fantastique, mais qui le réfute finalement en voulant parler d’un sentiment pourtant bien universel, celui de l’amour et de la séparation. Il épuise également le corps de celui ou celle qui tente, tentera ou retentera l’expérience, celle de se concentrer et de donner toute son attention à ce film hors-normes et inclassable. Possession, c’est une vivisection, celle du coeur d’un artiste, qui observe les dégâts causés par une rupture conjugale, du point de vue anatomique, physique, sur la raison, sur la création, sur l’inspiration. On ressort lessivé, bouleversé, énervé, complètement sonné de Possession, qui emmène les spectateurs au bord du gouffre, qui lui fait voir les plus grandes saloperies. A l’instar de Maurice Pialat, autre tyran perfectionniste du cinéma, Andrzej Żuławski dresse le portrait d’hommes et de femmes en détresse d’amour, qui voient leur vie s’échapper et leurs repères s’écrouler, dans un monde – caractérisé par la présence du mur de Berlin, auprès duquel le tournage s’est déroulé – qui part aussi à vau-l’eau, qui se déchire et fait subir le même sort aux individus. Et c’est aussi magnifique que terrifiant. Enfin, même si Sam Neill n’a absolument rien à envier à sa partenaire, Possession c’est aussi l’une des plus grandes interprétations féminines de tous les temps, celle d’Isabelle Adjani, qui met ses tripes à l’air – autant que le metteur en scène, qui s’inspire très largement de sa situation personnelle – et marque à jamais les esprits.

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Test DVD / Blackbird, réalisé par Roger Michell

BLACKBIRD réalisé par Roger Michell, disponible en DVD le 12 février 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Sam Neill, Susan Sarandon, Anson Boon, Kate Winslet, Rainn Wilson, Lindsay Duncan, Bex Taylor-Klaus & Mia Wasikowska.

Scénario : Christian Torpe

Photographie : Mike Eley

Musique : Peter Gregson

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Lily et son mari Paul, décident de réunir enfants et petits-enfants pour un week-end dans leur maison de campagne. Trois générations d’une même famille se retrouvent, avec Jennifer, l’aînée, son mari Michael et leur fils de 15 ans, Jonathan, mais aussi Anna, la cadette, venue avec Chris, sa compagne. En fait, cette réunion de famille a un but bien particulier : atteinte d’une maladie dégénérative incurable, Lily refuse de subir une fin de vie avilissante et décide de prendre son destin en main. Mais tout le monde n’accepte pas cette décision. Non-dits et secrets remontent à la surface, mettant à l’épreuve et redessinant tous les liens qui unissent les membres de cette famille, alors que le temps des adieux approche…

Honnête technicien honnête, le réalisateur sud-africain Roger Michell (né en 1956), est surtout connu des spectateurs pour le carton mondial de l’année 1999 au cinéma (placé entre La Momie et Toy Story 2, et même devant Le Monde ne suffit pas), Coup de foudre à Notting Hill Notting Hill. Éclectique, passant allègrement du thriller (Dérapages incontrôlésChanging Lanes) au drame (The Mother, avec Daniel Craig qui faisait déjà la duckface), de la comédie (Morning Glory, avec la sublime Rachel McAdams) à l’évocation historique (Week-end royalHyde Park On Hudson), ou alors le tout combiné (The Duke, qui n’est pas encore sorti et qui relate le vol du tableau Portrait du duc de Wellington de Francisco de Goya à la National Gallery en 1961), Roger Michell ne s’est jamais caché d’être pour ainsi dire un « yes man », s’acquittant de sa tâche du mieux possible et en dirigeant solidement un casting toujours attractif. C’est encore une fois le cas pour son dernier film distribué dans les salles, Blackbird, remake du film danois de Bille August Stille hjerte, récompensé à quatre reprises à la Cérémonie des Bodil, l’équivalent de nos Césars en Danemark. Il n’en fallait pas plus à certains producteurs pour en acquérir les droits et de mettre un remake en route. Avec son sujet qui a tout pour faire pleurer dans les chaumières, et qui rappelle d’ailleurs le Frankie d’Ira Sachs sorti en 2019, Blackbird est donc la version américaine de Stille hjerte mise en scène par Roger Michell, drame familial qui repose en très grande partie sur ses interprètes, huit en tout et pour tout, qui réunit Susan Sarandon, Kate Winslet, Mia Wasikowska, Sam Neill, Rainn Wilson, Bex Taylor-Klaus, Lindsay Duncan et Anson Boon. Si l’on comprend d’emblée qu’on ne va pas se taper sur les cuisses devant ce mélodrame, Blackbird vaut pour le jeu maîtrisé et sans faute de cette distribution haut de gamme, ainsi que pour son approche d’un sujet qui avait tout pour faire peur, mais qui évite de tomber dans le pathos ou les effets souvent repoussants du récit basique sur la maladie.

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