Test Blu-ray / L’Enquête est close – Circle of Danger, réalisé par Jacques Tourneur

L’ENQUÊTE EST CLOSE (Circle of Danger), réalisé par Jacques Tourneur, disponible en combo Blu-ray/DVD le 27 septembre 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Ray Milland, Patricia Roc, Marius Goring, Hugh Sinclair, Naunton Wayne, Edward Rigby, Marjorie Fielding, John Bailey…

Scénario : Philip MacDonald

Photographie : Oswald Morris

Musique : Robert Farnon

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

À la fin de la seconde guerre mondiale, Clay Douglas, citoyen américain, enquête sur la mort de son jeune frère, Hank, tué d’une balle alors qu’il combattait aux côtés des forces britanniques. Pour Clay, le tir ne venait pas des lignes allemandes mais bien du commando dont Hank était membre. Du Pays de Galles à l’Angleterre en passant par l’Écosse, Clay tente de retrouver la trace des membres survivants pour comprendre ce qui a pu se passer.

Du cinéaste franco-américain Jacques Tourneur, on connaît surtout Cat People (La Féline, 1942), Vaudou (I walked with a zombie, 1943) ou encore The Leopard Man (1943), emblèmes flamboyants du cinéma fantastique de l’âge d’or. Nettement moins ses films policiers, genre auquel Circle of danger semble appartenir. En apparence seulement. Car sous les oripeaux formels d’une enquête classique, voilà en réalité une comédie romantique qui ne dit pas son nom. C’est bien là la principale surprise d’un film qui nous en ménage une autre, et de taille, dans ses ultimes minutes. De fait, le protagoniste interprété par Ray Milland va au cours de son investigation en terres britanniques, faire la rencontre d’une illustratrice écossaise, Elspeth (Patricia Roc). Bien davantage que les membres du commando dont Clay remonte progressivement la piste, la jeune femme devient le pivot du récit, lequel prend une tournure sentimentale totalement décalée. Ce qui intéresse ici Jacques Tourneur, est donc autant l’évolution de l’enquête que la relation entre Clay et Elspeth, marquée par une série de rendez-vous manqués plutôt cocasse. Mais dans la résolution du meurtre comme dans les prémices de l’histoire d’amour, Jacques Tourneur déroule un seul et même fil rouge : la thématique du temps. Clay passe ainsi une bonne partie du sien à demander l’heure à ses interlocuteurs pour s’assurer de ne pas arriver en retard à ses rendez-vous avec Elspeth (le seul ressort comique du film consistant à le faire invariablement échouer). Entre l’obsession de la vérité et la liaison naissante, l’incompatibilité est manifeste et l’urgence signifiée : Tourneur filme explicitement les montres, les horloges et les injonctions verbales à l’empressement (tel personnage somme Clay de se dépêcher s’il ne veut pas rater son train, un autre lui demande d’abréger leur discussion car il manque de temps, Elspeth semble avoir toujours un pays d’avance sur Clay lors de leurs déplacements simultanés). Confère également cette scène magnifique où le couple en devenir se tient sur une falaise face à la mer, en réalité – trucage typique de l’époque – la photo en trompe-l’oeil d’un paysage écossais où rien, à part les acteurs, ne bouge. Ni les nuages ni les vagues. Et soudain… le silence. Tourneur utilise ici de façon très consciente l’artificialité de son décor non seulement à des fins techniques, mais aussi au profit de ce qu’il raconte : littéralement, il suspend le temps et invite les deux personnages (et le spectateur) au sursis.

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Test Blu-ray / Bunker Palace Hotel, réalisé par Enki Bilal

BUNKER PALACE HOTEL réalisé par Enki Bilal, disponible en combo Blu-ray + DVD + DVD de bonus le 17 octobre 2023 chez Rimini.

Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Carole Bouquet, Jean-Pierre Léaud, Benoît Régent, Yann Collette, Maria Schneider, Roger Dumas…

Scénario : Enki Bilal & Pierre Christin

Photographie : Philippe Welt

Musique : Arnaud Devos et Philippe Eidel

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

C’est la guerre. On ne sait qui se bat, ni où, ni quand. Des personnalités importantes, hauts dignitaires du régime en train de tomber, se terrent dans un bunker transformé en hôtel, et attendent le Président. Les heures passent et ce dernier n’arrive pas. Une révolutionnaire aux cheveux rouges et aux pantalons trop grands, a elle, réussi à s’infiltrer.

En 1989, Enki Bilal, 38 ans, est un nom réputé de la bande dessinée. Lauréat du grand prix du festival d’Angoulême en 1987, il a entre autres, déjà publié deux albums de sa trilogie Nikopol, La Foire aux immortels et La Femme piège. Ses dystopies érigeant en art la décrépitude et le chaos, il les façonne à la peinture grise, dont la légende raconte qu’il la mélange à la cendre de ses cigares. Grand passionné de cinéma depuis l’enfance, Enki Bilal va sans surprise, mettre en mouvement ce style si reconnaissable à la fin des années 1980 dans un premier film co-écrit avec son complice de longue date, Pierre Christin. Bunker Palace Hôtel, pourtant, n’était pas destiné à devenir un long-métrage. Le projet d’Enki Bilal était de le faire figurer dans un film à sketches mêlant les univers de divers illustrateurs de BD. Ces derniers ne suivant pas, Bilal se retrouve seul avec sur les bras, un traitement de plusieurs pages qui contre toute attente, tape dans l’oeil d’un producteur indépendant, Maurice Bernart. Il décide de financer le film d’Enki Bilal, mais uniquement sous forme de long-métrage. Cet acte de naissance, argueront les détracteurs de Bunker Palace Hôtel, expliquerait la langueur et l’aridité du film. Soit les arguments récurrents avancés par celles et ceux qui n’ont pas su voir dans ces caractéristiques ce qui précisément, en fait la valeur.

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Test DVD / Wire Room, réalisé par Matt Eskandari

WIRE ROOM réalisé par Matt Eskandari, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Kevin Dillon, Bruce Willis, Oliver Trevena, Texas Battle, AMbert Townsend, Cameron Douglas, Shelby Cobb, Faith Stowers…

Scénario : Brandon Stiefer

Photographie : Will Barratt

Musique : Rhyan D’Errico & Jared Forman

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

L’agent fédéral Justin Rosav intègre la salle des écoutes du FBI, centre de commandement qui espionne les criminels dangereux grâce à des caméras et des micros planqués dans leurs QG. Sous la supervision de Shane Mueller, il est chargé de surveiller Eddie Flynn, trafiquant d’armes soupçonné d’avoir à sa solde toute une tripotée de policiers corrompus. Pendant son service, Justin voit des hommes armés entrer dans la maison du trafiquant. Tentant vainement d’alerter Shane, l’agent prend la responsabilité d’appeler Eddie pour l’aider à survivre à l’assaut qui se prépare.

L’idée était pourtant bonne : un agent fédéral tentant d’assister à distance un criminel pris pour cible dans sa maison, voilà qui promettait quelques bonnes scènes de suspense, des échanges de tirs savamment bourrins, de la punchline mascu à foison dont Olivier Marchal lui-même n’oserait pas rêver. On se contentera de fantasmer sur le film que n’importe quel réalisateur un peu concerné aurait pu tirer d’un tel postulat. Car en l’état, Wire Room est une pure catastrophe de la première à la dernière minute. Les responsables de ce carnage : absolument tout le monde. Passons d’emblée sur les raisons qui ont poussé Matt Eskandari à commencer son film par un flash forward nous en dévoilant la fin – lui-même ne sait probablement pas pourquoi il a fait ça. La mise en scène anémique, le montage foireux, la photographie épouvantable, l’étalonnage inexistant, l’écriture ridicule, les personnages caractérisés à la truelle… C’est bien simple, rien ne va. Le film, tourné sur deux lieux en une semaine (et qui a manifestement nécessité une heure de post-production), exhibe des effets numériques pitoyables. Les impacts de balles, la fumée s’échappant de la fenêtre, tout est d’une laideur absolue, au même titre que la musique, jouée sur un radio-cassette dont Eskandari a perdu le mode d’emploi. A ce jour, il n’a toujours pas trouvé le bouton « stop ».

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Test Blu-ray / Les Cruels, réalisé par Sergio Corbucci

LES CRUELS (I Crudeli) réalisé par Sergio Corbucci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 23 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Joseph Cotten, Norma Bengell, Al Mulock, Aldo Sambrell, Julián Mateos, Ángel Aranda…

Scénario : Ugo Liberatore & José Gutiérrez Maesso, d’après une histoire originale d’Ugo Liberatore, Albert Band & Virgil C. Gerlach

Photographie : Enzo Barboni

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

La guerre de Sécession est finie. Les Nordistes l’ont gagnée, mais dans le camp adverse, Jonas, un ex-gradé, n’accepte pas la défaite. En compagnie de ses trois fils et d’une femme jouant le rôle d’une veuve, ils attaquent une diligence ennemie, mettent la main sur plusieurs poignées de dollars et décident d’utiliser le magot, bien planqué dans un cercueil, pour reformer une armée de Confédérés et prendre leur revanche.

Sergio Corbucci, c’est un peu le Nathalie Rihouet du western. Après avoir vautré Django dans la boue (1966) et avant de jeter Trintignant dans la neige (Le grand silence, 1968), il expose ses protagonistes au cagnard et à la poussière, au gré d’un road movie en diligence où la pluie tombe parfois et les hommes, souvent. Coincé entre deux chefs-d’oeuvres, Les Cruels est l’un des grands oubliés de la (très longue) filmographie de Corbucci. A sa sortie, le film n’attire pas les foules, loin de là. En France, il n’est même pas exploité – il faudra attendre une discrète édition DVD en 2008 pour enfin le découvrir. Mais s’il n’atteint jamais le quart de la somptuosité de Django et Le Grand silence, force est de constater, à la faveur de sa réhabilitation dans la collection Make my day ! de StudioCanal, qu’il ne méritait pas un tel destin.

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Test Blu-ray / Le Seul témoin – Narrow Margin, réalisé par Peter Hyams

LE SEUL TÉMOIN (NARROW MARGIN), réalisé par Peter Hyams, disponible en combo Blu-Ray + DVD le 25 janvier 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Gene Hackman, Anne Archer, James B. Sikking, J.T. Walsh, M. Emmet Walsh, Susan Hogan, Harris Yulin…

Scénario : Peter Hyams

Photographie : Peter Hyams

Musique : Bruce Broughton

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Robert Caulfield, un district attorney de Los Angeles, escorte une femme témoin d’un meurtre perpétré par un cador de la mafia. Mais une bande de tueurs va tout faire pour empêcher qu’elle arrive jusqu’au tribunal. A bord d’un train qui traverse le coeur des Rocheuses canadiennes, une poursuite s’engage.

Peter Hyams, au moment de réaliser Narrow Margin en 1990 (sorti en France sous le titre Le Seul témoin), a à son actif une dizaine de longs-métrages témoignant d’une inclination certaine pour le film policier (La Nuit des juges, 1983, Presidio, 1988…), la science-fiction (Outland, loin de la Terre, 1981, avec Sean Connery, ou encore la suite du 2001 de Stanley Kubrick, 2010 : l’année du premier contact, en 1984), voire les deux en même temps (Capricorn one, 1978). Fort de ces expériences l’asseyant comme un artisan solide mais sur une pente descendante au box office avec l’échec de Presidio, Hyams se lance dans l’exercice du remake pour se remettre sur les rails. L’excellent film noir de Richard Fleischer, L’Énigme du Chicago express (The Narrow Margin, 1952), dont l’essentiel de l’action se déroule dans un train, va lui donner l’occasion d’expérimenter le genre du huis-clos ferroviaire, terrain naturellement propice aux audaces formelles, d’autant que Hyams décide d’emballer le tout en cinémascope. La pertinence d’un tel format dans un cadre aussi contraint peut sembler hasardeuse de prime abord, en dehors des scènes où Hyams filme les Rocheuses – le procédé se prêtant à merveille à la mise en lumière des grands espaces. Mais dès la première séquence du film, où Anne Archer assiste au meurtre d’un homme dans une chambre d’hôtel, ce choix se révèle pleinement justifié par les possibilités qu’il offre en termes d’immersion du spectateur et d’isolement du personnage.

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Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

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Test Blu-ray / Le Jour où la Terre prit feu, réalisé par Val Guest

LE JOUR OÙ LA TERRE PRIT FEU (The Day the Earth caught fire), réalisé par Val Guest, disponible en combo DVD et Blu-Ray le 7 décembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Janet Munro, Leo McKern, Edward Judd, Michael Goodliffe, Bernard Braden, Reginald Beckwith, Gene Anderson, Renée Asherson, Arthur Christiansen, Austin Trevor…

Scénario : Wolf Mankowitz & Val Guest

Photographie : Harry Waxman

Musique : Stanley Black

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

En pleine guerre froide, les Etats-Unis et l’URSS jouent à qui a la plus grosse (bombe atomique) et procèdent à des tests d’armes nucléaires exactement au même moment. Des journalistes londoniens découvrent qu’à cause de ces tests, la Terre voit son axe dévier et se dirige lentement mais sûrement vers le soleil. Peu à peu, les températures s’affolent. La population aussi.

Le Jour où la Terre prit feu ne pouvait s’ouvrir sur un gros plan plus signifiant. A posteriori, on comprend en effet très bien où Val Guest veut en venir en choisissant de faire de Big Ben la figure augurale de son long-métrage : car si on en retient l’hybridation très réussie entre film post-apo (ou plutôt ici, pré-apo) et film d’enquête journalistique, Le Jour où la Terre prit feu est aussi et surtout un film sur le temps. Ici, le temps passe, s’arrête et s’accélère au gré des révélations en chaîne, des attentes angoissantes ou des rares moments de calme, conférant au film un rythme aussi détraqué que l’axe de rotation de la planète – jusqu’à un compte à rebours final mémorable. Le cadran de l’emblématique clocher londonien en introduction en est l’image la plus absolue. Elle est suivie par une série de plans fixes montrant la ville vidée de ses habitants. Seule la silhouette d’un homme se dessine, celle d’un journaliste écrasé par la chaleur et se dirigeant vers la salle de rédaction où il travaille – vide, elle aussi – pour y rédiger un dernier article. Premier coup de génie de Val Guest : nanti d’un budget ridicule au vu du potentiel spectaculaire de son synopsis, le réalisateur pallie le manque de moyens par une astucieuse idée de mise en scène et figure la canicule à l’écran par le choix du sepia.

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Test Blu-ray / Le Cirque des horreurs, réalisé par Sidney Hayers

LE CIRQUE DES HORREURS (Circus of horrors) réalisé par Sidney Hayers, disponible en combo DVD et Blu-Ray depuis le 7 décembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Anton Diffring, Erika Remberg, Yvonne Monlaur, Jane Hylton, Donald Pleasence…

Scénario : George Baxt

Photographie : Douglas Slocombe

Musique : Muir Mathieson & Franz Reizenstein

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Un chirurgien esthétique, le docteur Rossiter, fuit l’Angleterre après une opération ratée sur une patiente, et se réfugie en France où il rencontre le directeur d’un cirque miteux. Par un mortel concours de circonstances, il reprend l’établissement sous un autre nom et embauche en guise de clowns et d’acrobates, des criminels dont il modifie les visages. Le cirque connaît un énorme succès. Mais rapidement, les accidents se succèdent dans la troupe, surtout parmi les jeunes femmes.

En 1960, le cirque et le cinéma, c’est déjà une longue histoire, dont Charlie Chaplin (Le Cirque, 1928), Tod Browning (Freaks, 1932), Cecil B. De Mille (Sous le plus grand chapiteau du monde, 1953) ou encore Federico Fellini (La Strada, 1955) ont écrit les premières pages avec un sens certain de la flamboyance. Mais Sidney Hayers marche moins sur les traces de ces écrasants prédecesseurs que sur celles de la Hammer, qui règne à l’époque sur le cinéma d’horreur avec une classe toute britannique. Pendant que la firme accumule les réussites avec ses mythiques revisites du bestiaire classique (Dracula, Frankenstein…), la petite boîte de production Lynx films s’associe avec l’American International Pictures pour redonner des couleurs à l’épouvante circassienne – la Hammer n’ayant pas encore exploré la chose, autant lui couper l’herbe sous la caméra. Voilà donc Hayers nommé monsieur Loyal de cette entreprise avec au scénario, un George Baxt affichant on ne peut plus clairement la note d’intention du film dans son titre-même : il sera donc question de cirque et d’horreur. A vrai dire, il sera surtout question de cirque. Car en guise d’horreur, alors que l’ouverture offrait pourtant une prometteuse scène de défiguration, les traitements chirurgicaux que le protagoniste effectue en chaîne sur les visages de ses futurs employés, sont relégués hors-champ. Une paresse imputable aux risques de censure, et dont l’amateur d’horreur opératoire reste donc injustement privé.

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Test Blu-ray / Dans les replis de la chair, réalisé par Sergio Bergonzelli

DANS LES REPLIS DE LA CHAIR (Nelle pieghe della carne) réalisé par Sergio Bergonzelli, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Eleonora Rossi Drago, Pier Angeli, Fernando Sancho, Alfredo Mayo, Emilio Gutiérrez Caba, María Rosa Sclauzero, Giancarlo Sist, Gaetano Imbró, Luciano Catenacci, Bruno Ciangola…

Scénario : Sergio Bergonzelli & Fabio de Agostini

Photographie : Mario Pacheco

Musique : Jesús Villa Rojo

Durée : 1h32 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Lucile est gouvernante dans une grande villa. Elle y vit avec son neveu et la fille de l’ancien propriétaire, disparu en mer 13 ans auparavant dans des circonstances jamais vraiment élucidées. Quiconque essaie de s’immiscer dans ce cercle familial en paie les lourdes conséquences.

Le gros plan d’une tête coupée reposant sur le sol après avoir été arrachée au reste du corps d’un homme, ouvre le film, l’ancrant dès les premières secondes dans le genre de l’horreur. Mais attention : l’horreur cérébrale, semble annoncer Sergio Bergonzelli dans le carton inaugural affichant rien moins qu’une citation (prétendument) empruntée à Sigmund Freud. Ce qui a été, restera – gravé dans le cerveau et dans les replis de la chair, nous explique-t-il. Voilà qui en dit long sur les aspirations du cinéaste, qui parsèmera son long-métrage d’autres références plus ou moins pertinentes au mathématicien et philosophe Pascal, ou encore aux écrivains Raymond Radiguet et T.S. Eliot. D’un point de vue strictement cinématographique, c’est surtout à Alfred Hitchcock qu’il se réfère. Dans l’entretien avec l’historien du cinéma Rosario Tronnolone disponible en bonus (lire ci-dessous), on apprend sans surprise que Sergio Bergonzelli ambitionnait d’être considéré comme un grand artiste et non comme un « simple » artisan, ce qui explique ce déferlement de citations prestigieuses. C’est au fond, ce qui rend si précieux ce film étrangement claudiquant qu’est Dans les replis de la chair. Car Bergonzelli n’a pas les moyens de ses prétentions (ni financiers, ni artistiques), mais l’ardeur et la sincérité manifeste qu’il y insuffle forcent une certaine tendresse doublée d’un amusement de chaque instant à traquer la réplique ridicule, l’incohérence de trop, l’approximation de jeu, la fausse note dans le cadrage.

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Test Blu-ray / Le Duo de la mort – Femina Ridens, réalisé par Piero Schivazappa

LE DUO DE LA MORT (Femina Ridens) réalisé par Piero Schivazappa, disponible en DVD et Blu-ray chez Frenezy.

Acteurs : Philippe Leroy, Dagmar Lassander, Lorenza Guerrieri, Varo Soleri, Maria Cumani Quasimodo, Mirella Pamphili…

Scénario : Piero Schivazappa

Photographie : Sante Achilli

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h30 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le docteur Sayer (Philippe Leroy), directeur d’une association philanthropique, fait la connaissance de Maria (Dagmar Lassander), journaliste qui souhaite lui consacrer un article. Sayer propose à la jeune femme de venir à son domicile. A son arrivée, il la drogue et la séquestre. Car Maria est la nouvelle proie d’un sociopathe dont le grand projet secret est de rétablir la domination de l’homme sur la femme, un peu trop malmenée à son goût par la vague de liberté post-68.

En 1969, le giallo italien est encore un genre naissant, dont Mario Bava a posé les fondations formelles et thématiques avec Six Femmes pour l’assassin cinq ans plus tôt. Femina Ridens, de Piero Schivazappa, semble cocher assez de cases pour figurer parmi ses représentants : l’assassin à la psyché défaillante, sa victime torturée et terrifiée, la violence graphique, la mise en scène hyper stylisée, les gros plans fétichistes, les couleurs parfois surréalistes… Or, sitôt Dagmar Lassander entre les griffes de Philippe Leroy, il apparaît assez clairement que Schivazappaquestionne le giallo plus qu’il ne s’en réclame. Ainsi, au moment d’ « exposer » sa proie après l’avoir droguée, le docteur Sayer modifie l’éclairage de la pièce en apposant une gélatine rouge sur la lampe, faisant ainsi baigner le tout dans une ambiance lumineuse familière des amateurs de gialli et des derniers films en date de Mario Bava (et de ceux à venir de Dario Argento). Un peu plus tard, Sayer projette à Maria des images de ses précédentes victimes, brutalisées devant son objectif dans des postures au sadisme presque élégant, pour mieux la terroriser. Ce faisant, le cinéaste fait de son personnage masculin une sorte d’alter ego malade et nous place, nous, dans la situation de Maria, certes victime de Sayer, mais aussi spectatrice de ses actes. Premier vertige d’un film qui en réserve beaucoup d’autres. Car s’il détourne le maniérisme du giallo, Schivazappa en retourne aussi les thèmes de prédilection.

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