Test Blu-ray / Emanuelle et les derniers cannibales, réalisé par Joe d’Amato

EMANUELLE ET LES DERNIERS CANNIBALES (Emanuelle e gli ultimi cannibali) réalisé par Joe d’Amato, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Laura Gemser, Gabriele Tinti, Nieves Navarro, Donald O’Brien, Percy Hogan, Mónica Zanchi, Annamaria Clementi, Geoffrey Copleston…

Scénario : Romano Scandariato, Joe D’Amato

Photographie : Joe D’Amato

Musique : Nico Fidenco

Durée : 1h29

Année de sortie : 1977

LE FILM

Travaillant dans un hôpital psychiatrique, Emanuelle découvre un étrange signe tribal tatoué sur le ventre d’une jeune fille. Cette dernière pourrait bien avoir été en contact avec une tribu de mangeurs d’hommes, pourtant supposés disparus de la région. Intriguée, Emanuelle décide de se rendre dans la forêt amazonienne pour y percer le mystère. Elle va y découvrir que les cannibales sévissent toujours, avides de chair fraîche et de boyaux fumants…

Aaaaah Emanuelle, à ne pas confondre avec Emmanuelle (avec deux M donc) puisqu’il fallait faire attention au copyright, mais bel et bien Emanuelle ou plus précisément Black Emanuelle pour ceux qui auront entre autres connu, comme l’auteur de ces mots, la troisième partie de soirée du dimanche sur M6 dans les années 1980-1990. Petits coquins. Suite au triomphe international d’Emmanuelle en 1974, réalisé par Just Jaeckin, avec huit millions d’entrées rien qu’en France où le film restera plus de douze ans à l’affiche, certains producteurs ont de la suite dans les idées. Evidemment, le pays que ce succès affole est l’Italie. Si Erika Blanc avait été la première à interpréter le personnage dans Moi, EmmanuelleIo, Emmanuelle (1969), la comédienne l’ayant véritablement immortalisé, au point de devenir une icône érotique, demeure la sublimissime Laura Gemser. L’actrice et costumière – même si on la connaît mieux dévêtue – italienne d’origine indonésienne incarnait déjà une masseuse dans Emmanuelle l’antivierge (ou Emmanuelle 2), avant de se voir confier le rôle-titre la même année, 1975 donc, dans Black EmanuelleEmanuelle nera, ou Black Emanuelle en Afrique, de Bitto Albertini. C’est une explosion. Désormais, Mae Jordan, dite Emanuelle, reporter-photographe devient aussi célèbre que son modèle néerlandais Sylvia Kristel. Née en 1950, Laura Gemser interprétera Emanuelle dans une dizaine de longs-métrages, dont Black Emanuelle en Amérique Emanuelle in America, Black Emanuelle autour du monde Emanuelle, Perché violenza alle donne ? et Viol sous les tropiquesEmanuelle e gli ultimi cannibali, tous les trois réalisés en 1977 par Joe D’Amato. Ce dernier est sans nul doute l’un des épisodes les plus ahurissants, inclassables et étonnants de la saga Black Emanuelle. Mélange d’érotisme, forcément, et de gore avec des séquences bien dégueulasses, Emanuelle et les derniers cannibales reste une grande référence pour les amateurs de cinéma Bis, mais aussi pour certains réalisateurs comme Eli Roth qui n’a cessé de l’évoquer lors de la promotion de son génial Green Inferno (2013).

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Test Blu-ray / Vij ou le diable, réalisé par Konstantin Ershov & Georgiy Kropachyov

VIJ OU LE DIABLE (Viy) réalisé par Konstantin Ershov & Georgiy Kropachyov, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 6 juin 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Leonid Kuravlyov, Natalya Varley, Aleksey Glazyrin, Nikolay Kutuzov, Vadim Zakharchenko, Pyotr Vesklyarov, Vladimir Salnikov, Dmitriy Kapka…

Scénario : Konstantin Ershov, Georgiy Kropachyov, Aleksandr Ptushko d’après la nouvelle de Nikolay Gogol

Photographie : Viktor Pishchalnikov, Fyodor Provorov

Musique : Karen Khachaturyan

Durée : 1h16

Année de sortie : 1967

LE FILM

Trois jeunes séminaristes quittent leur monastère pour partir en vacances. La nuit, ils se font héberger par une fermière qui se révèle être une sorcière. Khoma l’empoigne et la laisse pour morte, après qu’elle se soit transformée en jolie jeune fille. Sous la pression de la famille, le recteur oblige Khoma à passer trois nuits auprès de la défunte afin de prier pour son âme. Il va vivre trois nuits d’épouvante jusqu’à l’apparition de VIY, le démon et maître des Gnomes…

Consacrez 80 minutes de votre temps pour aller à la découverte de Vij ou le diable, ou bien encore Viy, remarquable film fantastique soviétique, adapté d’une nouvelle de Nikolay Gogol et réalisé – sur le papier – par Konstantin Ershov et Georgiy Kropachyov en 1967. En réalité, cet immense succès critique et populaire qui avait attiré plus de trente millions de spectateurs à sa sortie, est en très grande partie mise en scène par Alexandre Ptouchko (1900-1973), cinéaste (Le Conte du tsar Saltan), scénariste, producteur, dessinateur, sculpteur, marionnettiste, directeur artistique, peintre, créateur d’effets spéciaux et directeur de la photographie, ancien journaliste, décorateur de théâtre et acteur. Ce spécialiste russe de l’animation que l’on surnommait le Walt Disney soviétique, ce qui était aussi injuste que réducteur, lauréat du Lion d’Argent au Festival de Venise pour Le Tour du monde de Sadko (1953), était réputé pour son univers immensément poétique, remplit de magie, de couleurs, de féerie et de charme. Appelé en renfort durant la conception de Vij ou le diable, Alexandre Ptouchko reprend les choses en main, délaisse ce que les deux étudiants en cinéma voulaient imposer à l’écran, autrement dit un mélange d’érotisme et de mysticisme, pour se recentrer sur la nouvelle originale de Gogol, qui avait déjà inspiré Le Masque du démonLa Maschera del demonio de Mario Bava en 1960. Le résultat à l’écran est bluffant et l’on retrouve une fois de plus le monde unique d’Alexandre Ptouchko, même s’il reste crédité uniquement au scénario, aux effets visuels et à la direction artistique. Vij ou le diable demeure un merveilleux conte fantastique.

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Test Blu-ray / Doubles vies, réalisé par Olivier Assayas

DOUBLES VIES réalisé par Olivier Assayas, disponible en DVD et Blu-ray le 7 janvier 2020 chez Ad Vitam

Acteurs : Guillaume Canet, Juliette Binoche, Vincent Macaigne, Nora Hamzawi, Christa Théret, Pascal Greggory, Lionel Dray, Sigrid Bouaziz, Laurent Poitrenaux…

Scénario : Olivier Assayas

Photographie : Yorick Le Saux

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

L’éditeur Alain Danielson, ami de l’écrivain Léonard Spiegel, décide de ne pas éditer son dernier livre. Pour quelle raison ? Peut-être parce que Léonard n’écrit que de l’autofiction vaguement maquillée en roman et que les personnages qui l’inspirent sont ses amis et sa maîtresse et que la maîtresse de l’un peut être la femme de l’autre…

Souvent porté par la critique, le réalisateur Olivier Assayas est habituellement représentatif d’un cinéma bourgeois, parisien, avec tous les poncifs qui l’accompagnent. S’il n’y a rien à redire sur sa sensibilité, sa mise en scène inodore-incolore-invisible ennuie la plupart du temps et donne l’impression de se regarder le nombril en attendant les éloges des Inrockuptibles. Evidemment, certains titres sortent du lot comme Clean (2004), qui avait valu à Maggie Cheung le Prix d’interprétation féminine à Cannes, sans aucun doute l’un des films les plus attachants d’Olivier Assayas, ou bien encore la mini-série Carlos (2010), percutante adaptation de la vie du terroriste. Ses deux collaborations avec Kristen Stewart, Sils Maria (2014) et Personnal Shopper (2016) ont une fois de plus irrité les allergiques à son cinéma poseur, même si le second était plus réussi et moins pédant. Nous n’attendions donc pas forcément (euphémisme) le retour du cinéaste derrière la caméra. Doubles vies est une petite surprise car il s’agit d’une comédie, intello certes, mais quand même. On a l’impression que le réalisateur âgé aujourd’hui de 65 ans, même s’il en paraît quinze de moins au bas mot, a voulu lâcher du lest et s’amuser. Toutes proportions gardées bien évidemment. Néanmoins, Doubles vies peut se voir comme la relecture d’un boulevard, un bo-bolevard pourrait-on dire, qui mixe beaucoup de choses, sans doute trop. Une réflexion sur le devenir du monde de l’édition et du livre, des tromperies à droite à gauche où les potes couchent avec la femme de l’autre pour oublier l’ennui, la communication dans le couple. Le casting est attractif, les comédiens sont qui plus est bien dirigés, les sujets de société abordés peuvent manquer de naturel mais n’en demeurent pas moins intéressants et la légèreté désirée par l’auteur fonctionne plutôt bien. En dehors de diverses longueurs et digressions, Doubles vies est étonnamment divertissant.

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Test Blu-ray / Les Feux de l’été, réalisé par Martin Ritt

LES FEUX DE L’ÉTÉ (The Long, Hot Summer) réalisé par Martin Ritt, disponible en DVD et Blu-ray le 5 mars 2020 chez BQHL Editions

Acteurs : Paul Newman, Joanne Woodward, Anthony Franciosa, Orson Welles, Lee Remick, Angela Lansbury, Richard Anderson…

Scénario : Irving Ravetch, Harriet Frank Jr. d’après William Faulkner

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : Alex North

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Une petite ville du Sud des Etats-Unis, Frenchman’s Bend (Mississippi), est dominée par la puissante famille Varner, dont le père, Will, âgé de 61 ans, règne en patriarche despote sur sa propre famille. Son fils Jody, jeune homme faible qu’il aime humilier, et la femme de celui-ci, Eula, écervelée et sensuelle. Sa fille Clara, institutrice de 23 ans, à fort caractère, seule à lui résister. L’ordre établi va être troublé par l’arrivée dans la ville de Ben Quick, un vagabond soupçonné d’être un incendiaire. Arriviste et sans scrupules, il arrive à se faire apprécier de Will Varner qui lui offre un emploi dans son entreprise et le loge chez lui.

Sorti en 1958, Les Feux de l’étéThe Long, Hot Summer, est le film qui a fait de Paul Newman une star internationale. Agé de 32 ans, le comédien issu de l’Actors Studio de New York et ayant fait ses classes auprès de Lee Strasberg, fait tout d’abord sa carrière sur les planches au début des années 1950. Très vite repéré pour sa belle gueule et son regard bleu perçant, Paul Newman arrive sur le grand écran dans Le Calice d’argent de Victor Saville, puis enchaîne rapidement avec Marqué par la haineSomebody Up Thret Likes Me de Robert Wise en 1956. Il retrouvera d’ailleurs ce dernier l’année suivante pour Femmes coupablesUntil They Sail. Même si le studio n’en voulait pas, Martin Ritt (1914-1990), qui l’avait comme élève, parvient à l’imposer pour tenir le haut de l’affiche des Feux de l’été, adaptation du roman Le HameauThe Hamlet de William Faulkner, publié en 1940, écrite par Irving Ravetch et Harriet Frank Jr., auteurs d’A l’ombre des potencesRun for Cover (1955) de Nicholas Ray. Pour son troisième long métrage après L’Homme qui tua la peurEdge of the City avec John Cassavetes et Sidney Poitier, et Les SensuelsNo Down Payment avec Joanne Woodward, tout deux sortis en 1957, Martin Ritt suit le cahier des charges dicté par la 20th Century Fox. Son film est impeccable, superbe sur le plan visuel, le casting est aussi élégant que talentueux, la sève du roman de William Faulkner parcourt Les Feux de l’été en dépit d’énormes changements. A côté de cela, le récit est bavard et met un peu de temps à démarrer et surtout l’ensemble pâtit d’un dénouement complètement improbable, forcé par le studio, trahissant non seulement l’ouvrage original, mais aussi et surtout l’âme de son auteur. Malgré tout, Les Feux de l’été demeure un classique du cinéma hollywoodien, emblématique de la fin des années 1950, où on ne peut s’empêcher d’admirer les acteurs qui l’incarnent.

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Test Blu-ray / Vers sa destinée, réalisé par John Ford

VERS SA DESTINÉE (Young Mr. Lincoln) réalisé par John Ford, disponible en DVD et Blu-ray le 28 janvier 2020 chez BQHL Editions

Acteurs : Henry Fonda, Alice Brady, Marjorie Weaver, Arleen Whelan, Eddie Collins, Pauline Moore…

Scénario : Lamar Trotti

Photographie : Bert Glennon, Arthur C. Miller

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1939

LE FILM

Sa fiancée décédée, le jeune Abraham Lincoln jure sur sa tombe faire carrière selon ce qu’elle attendait de lui. Devenu avocat, il s’installe à Springfield. A l’occasion de la fête nationale, il prend la défense des frères Clay que tout accuse du meurtre du shérif adjoint. Un procès a priori perdu d’avance tant les charges sont accablantes. Refusant que la mère des accusés envoie l’un de ses fils à potence pour sauver l’autre, Lincoln déjoue les pronostics, tirant profit de chaque détail afin d’arracher ses clients à la corde qui lui est promise…

Quel trésor ! Quelle merveille ! Pourtant, Vers sa destinéeYoung Mr. Lincoln demeure méconnu dans l’oeuvre impressionnante et prolifique de l’immense John Ford (1894-1973). Réalisé en 1939, soit entre La Chevauchée fantastiqueStagecoach et Sur la piste des Mohawks, trois films mis en scène la même année, Vers sa destinée permet au cinéaste de revenir à un personnage qu’il avait déjà abordé en 1924 dans Le Cheval de ferThe Iron Horse, mais aussi et surtout en 1936 dans Je n’ai pas tué LincolnThe Prisoner of Shark Island. Drame historique et étonnamment toujours teinté d’humour, Vers sa destinée foudroie non seulement par sujet passionnant, qui évite l’hagiographie gratuite et facile, pour l’extraordinaire interprétation de Henry Fonda, âgé de 34 ans et encore au début de sa carrière (il n’avait que cinq années de cinéma derrière lui), qui collabore pour la première fois avec John Ford, après avoir été propulsé sur le grand écran par Victor Fleming, Henry King, Henry Hathaway, Raoul Walsh, Fritz Lang, William Wyler et William Dieterle. Le réalisateur et le comédien rendent à Abraham Lincoln sa dimension humaine, montrent un jeune homme un peu gauche, dégingandé, réservé, mais bouillonnant, humaniste, sensible, épris de justice et d’égalité, à travers un récit méconnu qui inscrit Vers sa destinée dans le genre du thriller judiciaire, le tout étant évidemment véridique. Un chef d’oeuvre absolu.

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Test Blu-ray / L’Affaire Winston, réalisé par Guy Hamilton

L’AFFAIRE WINSTON (Man in the Middle) réalisé par Guy Hamilton, disponible en DVD et Blu-ray le 28 janvier 2020 chez BQHL Editions

Acteurs : Robert Mitchum, France Nuyen, Barry Sullivan, Trevor Howard, Keenan Wynn, Sam Wanamaker, Alexander Knox, Gary Cockrell…

Scénario : Keith Waterhouse, Willis Hall, d’après un roman de Howard Fast

Photographie : Wilkie Cooper

Musique : Lionel Bart

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

En 1944, en garnison aux Indes, le lieutenant américain Winston abat de plusieurs balles, sans motif apparent, le sergent britannique Quinn. Un meurtre qui survient au plus mauvais moment, à la veille d’une offensive contre l’ennemi japonais. Tandis que la tension monte entre les Alliés, l’état-major américain désigne le lieutenant-colonel Adams pour défendre l’accusé devant la cour martiale. En essayant de percer le mystère de la santé mentale de Winston, Adams se heurte à des supérieurs bien décidés à cacher qu’un des leurs puisse être un psychopathe…

Ancien assistant-réalisateur de Julien Duvivier (Untel père et fils, Anna Karénine), de Carol Reed (Première Désillusion, Le Troisième Homme, Le Banni des îles) et de John Huston (L’Odyssée de l’African Queen), Guy Hamilton (1922-2016) reste surtout célèbre auprès des cinéphiles pour avoir mis en scène quatre épisodes cultes de la saga James Bond, Goldfinger (1964), Les Diamants sont éternels (1971), Vivre et laisser mourir (1973) et L’Homme au pistolet d’or (1974). Mais avant son premier opus de 007, le cinéaste britannique avait déjà signé une dizaine de longs métrages, dont le formidable L’Affaire WinstonMan in the Middle. Thriller d’investigation et de procès, ce film méconnu dans la carrière de Guy Hamilton reste pourtant d’une folle modernité et un modèle du genre, parfaitement calibré pour sa star Robert Mitchum. Passionnant, sans aucun temps mort, toujours d’actualité, remarquablement interprété et solidement mis en scène, L’Affaire Winston témoigne du solide bagage technique d’un réalisateur qui allait connaître son heure de gloire (bien méritée) dès l’année suivante.

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Test Blu-ray / Le Scandale, réalisé par Claude Chabrol

LE SCANDALE réalisé par Claude Chabrol, disponible en DVD et Blu-ray le 28 janvier 2020 chez BQHL Editions

Acteurs : Anthony Perkins, Maurice Ronet, Yvonne Furneaux, Stéphane Audran, Annie Vidal, Henry Jones, Catherine Sola, George Skaff…

Scénario : Claude Brulé, Derek Prouse, William Benjamin

Photographie : Jean Rabier

Musique : Pierre Jansen

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Paul Wagner dirige une négoce de champagne mais à la suite d’un très grave traumatisme crânien, il n’est plus capable de s’en occuper. Son entreprise devient alors la cible de nombreuses convoitises et des personnes commencent à être assassinées ! Les soupçons de la police se tournent vers Paul…

Oui, bon…comment dire…Le Scandale est comme qui dirait l’aboutissement de la période commerciale de Claude Chabrol et annonce quelque part les grands titres à venir. Après Le Tigre aime la chair fraîche (1964), Marie-Chantal contre docteur Kha (1965) et Le Tigre se parfume à la dynamite (1965), le réalisateur qui enchaînait alors les tournages par peur de ne plus pouvoir faire son travail, sort du méconnu et très bon film de guerre, La Ligne de démarcation, dans lequel Maurice Ronet tenait le rôle principal. Ce dernier accepte un scénario un peu cinglé coécrit par Claude Brulé (les deux premiers Angélique de Bernard Borderie), Derek Prouse et Paul Gégauff (Le Signe du lion d’Eric Rohmer et complice de Claude Chabrol), d’après une idée originale de William Benjamin (Quai des Orfèvres d’Henri-Georges Clouzot), qui aurait été entièrement remanié par le cinéaste lui-même. A l’écran, Le Scandale rend compte de son écriture passée de main en main, en d’autres termes c’est un gros bordel. Avant qu’il soit de nouveau inspiré – puisque suivront Les Biches, La Femme infidèle et Que la bête meure – Claude Chabrol livre un thriller dramatique sur la folie humaine, qui lorgne volontairement sur le cinéma d’Alfred Hitchcock, mais qui accouche au final d’un film raté, interminable, qui contient néanmoins quelques bonnes idées ici et là, dont un twist pour le coup très surprenant et qui donne finalement envie de revoir le film. Ou comment le cinéaste s’amuse à emmener le spectateur là où il l’attend le moins, mais qui en fait justement trop au risque d’en laisser beaucoup sur la bande d’arrêt d’urgence dès la première demi-heure. Du coup, on ne peut pas détester Le Scandale en dépit de ses nombreux défauts, même s’il est difficile, très difficile, d’aller jusqu’au bout des quasiment 120 minutes du long métrage.

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Test Blu-ray / F comme Flint, réalisé par Gordon Douglas

F COMME FLINT (In Like Flint) réalisé par Gordon Douglas, disponible en DVD et Blu-ray le 28 janvier 2020 chez BQHL Editions

Acteurs : James Coburn, Lee J. Cobb, Jean Hale, Andrew Duggan, Anna Lee, Hanna Landy, Totty Ames, Steve Ihnat…

Scénario : Hal Fimberg

Photographie : William H. Daniels

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Le super espion Flint découvre que le président des États-Unis a été remplacé par un acteur. Celui-ci aurait été engagé par un groupe de femmes qui veulent conquérir le monde au moyen de lavages de cerveau dispensés par leurs salons de coiffure.

Flint, c’est James Coburn (1928-2002), qui avait commencé sa carrière au cinéma quelques années auparavant et traîné sa grande carcasse chez Budd Boetticher (La Chevauchée de la vengeance), John Sturges (Les Sept Mercenaires, La Grande évasion), Don Siegel (L’Enfer est pour les héros), Stanley Donen (Charade), William Conrad (L’Homme de Galveston) et Sam Peckinpah (Major Dundee). En 1966, Notre homme FlintOur man Flint lui offre le haut de l’affiche et le moins que l’on puisse dire, c’est que le comédien âgé de 38 ans est servi comme un prince avec cette parodie de film d’espionnage, en particulier des James Bond qui envahissaient les salles de cinéma depuis quatre ans. Formidable divertissement, Notre homme Flint, énorme succès commercial entraîne forcément une suite l’année suivante, F comme Flint – In Like Flint, réalisé cette fois par Gordon Douglas (1907-1993), qui succède ainsi à Daniel Mann. Si le premier volet était et demeure d’ailleurs une grande comédie policière qui jouait avec les codes en vigueur, en regorgeant de gadgets absurdes en tous genres (en fait quasiment tous contenus dans un briquet, qui donne aussi du feu !), de belles poupées déshabillées, de couleurs flashy et de décors psychédéliques, cette suite ne fait pas autant d’étincelles et pâtit d’un scénario plus classique. Derek Flint semble avoir perdu son mojo, même si certaines séquences restent jubilatoires. Si Notre homme Flint avait pris inévitablement quelques rides, le second épisode a encore plus mal vieilli et croule sous les clichés sexistes qui en feraient criser plus d’un aujourd’hui (on ne sait pas si le film est ouvertement misogyne ou non), ou plus d’une surtout, bien que toute cette entreprise soit avait tout placée sous le signe de la gaudriole. De ce point de vue, F comme Flint reste un divertissement très sympathique.

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Test Blu-ray / La Poursuite impitoyable, réalisé par Arthur Penn

LA POURSUITE IMPITOYABLE (The Chase) réalisé par Arthur Penn, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Marlon Brando, Jane Fonda, Robert Redford, E.G. Marshall, Angie Dickinson, Janice Rule, Miriam Hopkins, Martha Hyer, Robert Duvall, Paul Williams…

Scénario : Lillian Hellman d’après le roman de Horton Foote « The Chase »

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : John Barry

Durée : 2h15

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Bubber Reeves s’évade de prison avec un complice qui, après avoir volé une voiture et tué un conducteur, l’abandonne. Bubber est alors accusé du crime. Dans sa ville natale de Tarl, au Texas, l’annonce de son évasion et du meurtre déchaîne les haines et les passions, trop longtemps retenues. Anna, sa femme, devenue la maîtresse du fils du magnat local, Val Rogers, qui a commis le délit dont fut accusé Reeves, craint de voir sa faute éclater au grand jour. Le Shérif Calder, quant à lui, sait qu’il va lui falloir protéger le fuyard d’une foule fanatique, qui n’a plus qu’un seul souhait : terminer la fête du samedi soir par un lynchage…

La Poursuite impitoyableThe Chase (1966), c’est un peu comme qui dirait le film maudit d’Arthur Penn (1922-2010), une œuvre qu’il a désavoué après en avoir été écarté du montage par son producteur omnipotent, Sam Spiegel, qui comptait à son actif L’Odyssée de l’African Queen (1951), Le Rôdeur (1951), Sur les quais (1954), Le Pont de la rivière Kwaï (1957), Soudain l’été dernier (1959) et Lawrence d’Arabie (1962). Une belle carte de visite. Projet passé de main en main, avec des scénaristes qui se sont succédé et un casting qui n’a pas arrêté de muter, La Poursuite impitoyable a beau avoir été accouché dans la douleur, il n’en demeure pas moins une immense et incontestable réussite, emblématique du cinéma d’Arthur Penn, qui convie le spectateur une plongée asphyxiante dans une petite bourgade américaine paumée, un samedi, essentiellement en soirée quand les habitants décident de se mettre minable afin d’oublier momentanément qu’ils s’emmerdent royalement. Mais c’était sans compter sur le retour en ville (probable) d’un enfant du pays, alors détenu en cavale. Adapté de la pièce de théâtre et du livre de Horton Foote, lauréat de l’Oscar du meilleur scénario adapté pour Du silence et des ombresTo Kill a Mockingbird, adaptation du roman Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper Lee réalisée par Robert Mulligan, The Chase est un drame psychologique et viscéral qui prend aux tripes jusqu’à l’explosion de violence finale, véritable enfer sur Terre, dont le seul et quasi-unique espoir est représenté par un shérif intègre, magnifiquement incarné par Marlon Brando dans un de ses plus grands rôles. Il s’agit aussi d’un des premiers films en vedettes d’un certain Robert Redford.

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Test Blu-ray / La Main qui venge, réalisé par William Dieterle

LA MAIN QUI VENGE (Dark City) réalisé par William Dieterle, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mars 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charlton Heston, Lizabeth Scott, Viveca Lindfors, Dean Jagger, Don DeFore, Jack Webb, Ed Begley, Harry Morgan…

Scénario : John Meredyth Lucas, Ketti Frings d’après le roman « No escape » de Lawrence B. Marcus

Photographie : Victor Milner

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Danny et ses complices organisent une partie de poker dans le seul but de plumer un pigeon, Arthur Winant. Mais leur victime se suicide après avoir perdu plusieurs milliers de dollars qui ne lui appartenaient pas. Peu après, les amis de Danny sont assassinés les uns après les autres. Un ennemi mystérieux a décidé de venger impitoyablement la mort d’Arthur. Danny essaye désespérément de sauver sa peau en démasquant le tueur insaisissable.

Charlton Heston Begins ! En effet, La Main qui vengeDark City, réalisé par William Dieterle (1893-1972) est le film qui fera du comédien une star. Il s’agit de son troisième long métrage après Peter Gynt (1941) où il tenait déjà le rôle principal, et Julius Caesar (1950), dans lequel il interprétait Marc Antoine, deux films indépendants réalisés par David Bradley et adaptés des pièces d’Henrik Ibsen et William Shakespeare. Dans La Main qui venge, Charlton Heston s’impose avant même que le générique démarre. Tout en épaules et en mâchoires, l’acteur promène son mètre 90 et erre dans les rues d’une ville indéterminée. Son charisme éclate au grand jour dans un rôle pourtant peu sympathique et c’est alors soixante ans d’histoire du cinéma américain qui démarre. En dehors de cette curiosité qui ne manquera pas d’interpeller les cinéphiles, Dark City est un savoureux polar formidablement mis en scène, inégal, mais souvent passionnant, dans lequel quelques motifs propres au film noir fonctionnent à plein régime, à l’instar de ce tueur inconnu qui décime un à un les complices d’une petite bande d’arnaqueurs, sans que personne ne puisse mettre la main dessus, comme une présence surnaturelle qui donne une dimension quasi-fantastique à l’histoire.

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