Test Blu-ray / Le Comte de Monte-Cristo, réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière

LE COMTE DE MONTE-CRISTO réalisé par Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, disponible en DVD, Blu-ray & 4K UHD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Pierre Niney, Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier, Anamaria Vartolomei, Laurent Lafitte, Pierfrancesco Favino, Patrick Mille, Vassili Schneider…

Scénario : Matthieu Delaporte & Alexandre de La Patellière, d’après le roman d’Alexandre Dumas

Photographie : Nicolas Bolduc

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 2h58

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

En 1815, à Marseille, au début du règne de Louis XVIII et alors que Napoléon s’apprête à quitter l’île d’Elbe, le jeune matelot Edmond Dantès, sur le point d’épouser sa bien-aimée Mercedès, est accusé à tort de menées bonapartistes et emprisonné dans le château d’If. Quatorze années plus tard, il parvient à s’évader et élabore un implacable plan de vengeance.

À l’heure où est réalisée cette critique, Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière continue de réaliser près de 100.000 entrées par semaine, le film étant sorti fin juin 2024. Alors que la barre des 9 millions d’entrées est d’ores et déjà acquise, cette adaptation du roman d’Alexandre Dumas (publié en 1844) est devenue celle qui a remporté le plus de succès au cinéma, 70 ans après celle portée par Jean Marais (7,8 millions d’entrées) et celle de Claude Autant-Lara avec Louis Jourdan dans le rôle principal (4,5 millions de spectateurs). Un triomphe tant critique que public et donc commercial pour cette superproduction au budget colossal de plus de 40 millions d’euros, qui rencontre aussi un accueil chaleureux dans le reste du monde. Si l’oeuvre de Dumas n’a eu de cesse d’inspirer le septième art et ce depuis ses débuts (la première transposition remonterait à 1908), l’une des plus célèbres demeure la mini-série mise en scène en 1998 par Josée Dayan, avec Gérard Depardieu, qui restera l’un des plus grands événements de l’histoire de la télévision française. On a oublié la transposition, également sous la forme d’une mini-série, avec Jacques Weber dans le rôle-titre et réalisée en 1979 par Denys de La Patellière (Le Bateau d’Émile, Rue des prairies, Les Grandes familles). C’est Alexandre, le fils de ce dernier, et Matthieu Delaporte, déjà auréolés par le succès du Prénom en 2012 et scénaristes du diptyque de Martin Bourboulon, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady, qui dépoussièrent le monument littéraire original et livrent un chef d’oeuvre instantané. Sublime de la première à la dernière seconde, impressionnant, ambitieux, magistral, passionnant, Le Comte de Monte-Cristo version 2024, qui peut se voir comme une vraie relecture de Batman (à moins que Dantès ait inspiré le personnage de Bruce Wayne en fait), repose sur un récit virtuose, une distribution qui mérite tous les éloges et une mise en scène luxueuse. Vive le cinéma populaire français !

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Test DVD / Daaaaaalí !, réalisé par Quentin Dupieux

DAAAAAALÍ! réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juin 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche, Didier Flamand, Romain Duris, Agnès Hurstel…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Musique : Thomas Bangalter

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

Daaaaaalí !, avec six o s’il vous plaît, c’est important car il y en a autant que d’interprètes qui incarnent Salvador Dalí (1904-1989) à l’écran dans le douzième long-métrage du prolifique Quentin Dupieux. Six mois après le succès de Yannick (deux fois nommé aux César) et trois mois avant celui du Deuxième acte (pour l’instant son plus gros hit au box-office), le réalisateur présentait Daaaaaalí !, qui avait connu une avant-première à la Mostra de Venise l’année précédente, avant sa sortie en salles début 2024 où il allait lui aussi rencontrer un large public avec plus de 480.000 spectateurs. Un personnage qui revenait de droit à Quentin Dupieux, c’est ce qu’on se dit après les 75 minutes de ce film complètement fou, bourré d’imagination, qui va au bout de son concept et propose surtout aux spectateurs une expérience unique comme seul le cinéma peut offrir. Jouant avec l’espace et le temps, le réel et l’imaginaire, en imbriquant les arts, le cinéaste jongle avec toutes les possibilités, ne se refuse rien, essaye, tente, fonce, réussit les trois quarts du temps ce qu’il entreprend, avec une virtuosité de chaque instant et tout cela en livrant un fabuleux portrait du peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain espagnol, représentant du surréalisme et fou chocolat Lanvin. L’un des indispensables de 2024.

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Test Blu-ray / Novembre, réalisé par Cédric Jimenez

NOVEMBRE réalisé par Cédric Jimenez, disponible en DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K UHD le 8 février 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jean Dujardin, Anaïs Demoustier, Sandrine Kiberlain, Jérémie Renier, Lyna Khoudri, Sami Outalbali, Stéphane Bak…

Scénario : Olivier Demangel et Cédric Jimenez

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 5 octobre 2022

LE FILM

Une plongée au coeur de l’anti-terrorisme pendant les cinq jours d’enquête qui ont suivi les attentats du 13 novembre 2015.

La polémique suscitée par BAC Nord en 2021 et sa piteuse récupération politique avaient privé Cédric Jimenez des dithyrambes qu’aurait dû lui valoir l’excellence de sa mise en scène. On se souvient notamment – cas symptomatique de l’hypocrisie ayant entouré la sortie du film – de l’article que lui avait consacré Libération dans ses pages cinéma, chronique qui parlait de tout sauf… de cinéma. Il ne s’agissait pourtant que de ça. Un pur polar auquel Jimenez s’appliquait à donner tous les atours de la fiction, quand bien même le scénario s’inspirait d’un fait réel, comme pour se préserver du procès qui allait lui être fait à tort. Du cinéma musclé et spectaculaire, bien loin des codes du documentaire que, chose ahurissante, beaucoup ont cru voir et se sont empressés de dénoncer avec un sens du ridicule assez flamboyant. Avec Novembre, même cause, mêmes effets : on a lu ça et là que la plus grande qualité du film était son aspect documentaire (certains critiques sont tout de même sacrément bipolaires). Mais là encore, Cédric Jimenez déleste son film de tout ce qui pourrait de près ou de loin lui imposer de rendre des comptes au réel. En tout premier lieu, il blinde son casting d’actrices et d’acteurs aux visages imprimés dans les tapis rouges, forçant ainsi la prise de distance avec l’existant. Et en dehors des prises de parole de François Hollande relayées par les écrans de télévision des personnages, on sera bien en peine ici de trouver la moindre trace du réel. Réel, non. Réaliste, oui. Documentaire, non. Documenté, oui. Car il s’agit ici de respecter et de reconstituer par l’artifice, le travail des enquêteurs.

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Test Blu-ray / Chère Léa, réalisé par Jérôme Bonnell

CHÈRE LÉA réalisé par Jérôme Bonnell, disponible en DVD et Blu-ray le 19 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Nadège Beausson-Diagne, Pablo Pauly, Yumi Narita…

Scénario : Jérôme Bonnell

Photographie : Pascal Lagriffoul

Musique : David Sztanke

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré leur relation encore passionnelle, Léa le rejette. Éperdu, Jonas se rend au café d’en face pour lui écrire une longue lettre, bousculant ainsi sa journée de travail, et suscitant la curiosité du patron du café. La journée ne fait que commencer…

Jérôme Bonnell (né en 1977) est l’un de nos cinéastes les plus précieux. Révélé par Le Chignon d’Olga en 2002, le réalisateur aura ensuite très vite imposé son immense sensibilité avec Les Yeux clairs en 2005 (lauréat du prix Jean-Vigo), J’attends quelqu’un en 2007, La Dame de trèfle, injustement passé inaperçu en 2010 et Le Temps de l’aventure, son plus beau film, délicate histoire d’amour entre Gabriel Byrne et Emmanuelle Devos. Nous n’avions plus de nouvelle depuis À trois on y va, qui le plaçait définitivement en orbite, parmi les plus grands et indispensables auteurs du cinéma français. Il aura fallu attendre plus de six ans pour découvrir son septième long-métrage, Chère Léa, qui offre cette fois le premier rôle au génial Grégory Montel, vu dans Les Chatouilles d’Andréa Bescond et Éric Métayer, L’Heure de la sortie de Sébastien Marnier, Les Parfums de Grégory Magne et la série Dix pour cent, qui intègre parfaitement l’univers de Jérôme Bonnell. Soyons honnêtes, nous attendions mieux de Chère Léa, que l’on peut voir comme un équivalent masculin au Temps de l’aventure, surtout après une aussi longue attente, mais renouer avec les personnages pudiques, émouvants, drôles, romanesques et même burlesques chers au metteur en scène n’est franchement pas déplaisant et l’ensemble est on ne peut plus attachant.

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Test DVD / La Pièce rapportée, réalisé par Antonin Peretjatko

LA PIÈCE RAPPORTÉE réalisé par Antonin Peretjatko, disponible en DVD et Blu-ray le 5 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine, William Lebghil, Sergi López, Philippe Duquesne, Olivier Broche, Jocelyne Augier…

Scénario : Antonin Peretjatko, d’après la nouvelle de Noëlle Renaude Il faut un héritier

Photographie : Simon Roca

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Paul Château-Têtard, vieux garçon de 45 ans et pur produit du 16e arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie et tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava. Leur mariage n’est pas du goût de « maman », Adélaïde Château-Têtard, qu’on appelle aussi la Reine Mère. Pourtant cette dernière s’en accommode : un héritier serait le bienvenu. Mais le bébé tarde à venir…Une guerre sans pitié s’engage entre les deux femmes, la Reine-mère étant persuadée qu’Ava trompe son fils. Il doit bien y avoir un amant quelque part…

En 2013, à la sortie de La Fille du 14 juillet, l’auteur de ces mots avait écrit « Antonin Peretjatko. Retenez bien ce nom car il se pourrait bien que ce jeune scénariste-réalisateur-monteur signe un jour une grande comédie populaire. Son premier long métrage La Fille du 14 juillet s’inscrit dans le même esprit que ses excellents courts-métrages (Changement de trottoir, French Kiss, Paris Monopole, Les Secrets de l’invisible), avec des personnages poétiques et doux-dingues déambulant dans un monde complètement barré. ». Si La Loi de la jungle, n’avait pas dépassé les 100.000 entrées France, au moins le score avait doublé entre le premier et son second film. Malheureusement, La Pièce rapportée n’aura pas été dans ce sens, Antonin Peretjatko n’ayant su rassembler que 60.000 spectateurs en décembre 2021. Pourtant, à l’instar de La Loi de la jungle, le cinéaste se lâche encore et signe une comédie estivale (le film n’étant sans doute pas sorti au bon moment), givrée (même si sa mise en scène est ici plus posée et construite), génialement dialoguée et interprétée par la talentueuse et sexy (à se damner même) Anaïs Desmoustier, le frappadingue Philippe Katherine, l’immense Josiane Balasko et bien d’autres électrons qui viennent circuler autour du noyau central (William Lebghil, Philippe Duquesne, Olivier Broche), que l’on suit tout au long de leurs péripéties, parfois surréalistes, toujours réjouissantes, cette fois dans la jungle hostile du XVIè arrondissement.

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Test DVD / Les Amours d’Anaïs, réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet

LES AMOURS D’ANAÏS réalisé par Charline Bourgeois-Tacquet, disponible en DVD le 6 janvier 2022 chez France Télévisions Distribution.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Valeria Bruni Tedeschi, Denis Podalydès, Jean-Charles Clichet, Xavier Guelfi, Christophe Montenez, Anne Canovas, Bruno Todeschini…

Scénario : Charline Bourgeois-Tacquet

Photographie : Noé Bach

Musique : Nicola Piovani

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Anaïs a trente ans et pas assez d’argent. Elle a un amoureux qu’elle n’est plus sûre d’aimer. Elle rencontre Daniel, à qui tout de suite elle plaît. Mais Daniel vit avec Émilie… qui plaît aussi à Anaïs. C’est l’histoire d’une jeune femme qui s’agite. Et c’est aussi l’histoire d’un grand désir.

On la découvre au cinéma en 2000 dans Le Monde de Marty de Denis Bardiau, dans lequel elle joue aux côtés de Camille Japy et Michel Serrault. Elle a alors 12 ans. Trois ans plus tard, Michael Haneke lui offre un rôle de choix dans Le Temps du loup, aux côtés d’Isabelle Huppert, Maurice Bénichou et Béatrice Dalle. Puis, en 2006 et 2007, tout s’accélère. On la voit chez Raphaël Jacoulot (Barrage), elle obtient son premier grand rôle chez Isabelle Czajka (L’Année suivante), tâte du divertissement grand public chez James Huth (Hellphone) et Alexandre Leclère (Le Prix à payer), avant de devenir une égérie du cinéma d’auteur hexagonal. En peu de temps, Anaïs Demoustier passera devant la caméra de Christophe Honoré (La Belle personne), Pascal-Alex Vincent (Donne-moi la main), Rebecca Zlotowski (Belle Épine), Robert Guédiguian (Les Neiges du Kilimandjaro), Claude Miller (Thérèse Desqueyroux), Bertrand Tavernier (Quai d’Orsay), Pascale Ferran (Bird People) et bien d’autres. Tout le monde se l’arrache depuis plus de dix ans et elle est devenue l’une de nos comédiennes les plus brillantes et attachantes. Un César de la meilleure actrice viendra la couronner en 2020 pour Alice et le maire de Nicolas Pariser. Les Amours d’Anaïs est une ode à la comédienne née en 1987. Dans le premier long-métrage de Charline Bourgeois-Tacquet (née en 1986), elle est de tous les plans, filmée sous tous les angles, y compris en tenue d’Ève, illumine le cadre comme un rayon de soleil quand elle le traverse de façon fulgurante, la caméra ayant même du mal à la suivre dans sa course folle contre la peur, l’ennui et le réel. Comédie légère et estivale, à la fois burlesque, sentimentale, pour ne pas dire initiatique, Les Amours d’Anaïs est une première œuvre très prometteuse, doublée d’un hommage à l’un des astres du cinéma français hexagonal contemporain.

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Test Blu-ray / La Fille au bracelet, réalisé par Stéphane Demoustier

LA FILLE AU BRACELET réalisé par Stéphane Demoustier, disponible en DVD et Blu-ray le 29 juillet 2020 chez Le Pacte.

Acteurs : Mélissa Guers, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Annie Mercier, Anaïs Demoustier, Carlo Ferrante, Pascal-Pierre Garbarini, Paul Aïssaoui-Cuvelier…

Scénario : Stéphane Demoustier d’après le scénario du film Acusada (2018) de Gonzalo Tobal

Photographie : Sylvain Verdet

Musique : Carla Pallone

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d’avoir son bac. Mais depuis deux ans, Lise porte un bracelet car elle est accusée d’avoir assassiné sa meilleure amie.

C’est le film de procès de l’année. Alors certes 2020 a été quelque peu « chamboulée » dirons-nous, mais tout de même, La Fille au bracelet s’avère l’un des longs métrages les plus passionnants, maîtrisés et troublants que vous pourrez voir cette année. Remarqué avec Terre battue (2014), son premier long métrage, le réalisateur Stéphane Demoustier (né en 1977) s’inspire du scénario d’Acusada, film argentin réalisé en 2018 par Gonzalo Tobal et coécrit avec Ulises Porra, dont il reprend le postulat de départ, tout en se défendant d’avoir vu l’oeuvre originale. La Fille au bracelet est un film placé sous haute tension, dramatique et psychologique, au cours duquel l’empathie du spectateur est quelque peu malmenée pour le personnage principal, formidablement interprété par Mélissa Guers, nouveau visage qui crève l’écran et nouvel espoir du cinéma français, une vraie et intense révélation dont la présence est indiscutable. On en ressort chamboulé, avec un goût amer dans la bouche, lessivé et avec la conviction d’avoir assisté à un grand film.

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Test DVD / Au poste !, réalisé par Quentin Dupieux

AU POSTE ! réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 14 novembre 2018 chez Diaphana

Acteurs : Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludig, Marc Fraize, Anaïs Demoustier, Orelsan, Philippe Duquesne, Jacky Lambert, Jeanne Rosa…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Musique : David Sztanke

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Un poste de police. Un tête-à-tête, en garde à vue, entre un commissaire et son suspect.

Le postulat de départ est simple. Le traitement également. Pourtant, Au poste ! de Quentin Dupieux est tout aussi inclassable et décalé que ses films précédents. L’exxxxcellent réalisateur de Wrong Cops, Steak, Rubber et Réalité livre sa nouvelle pépite nonsensique et frappadingue. Scénariste, chef opérateur, monteur, metteur en scène, Quentin Dupieux laisse pour une fois la musique, présente uniquement à la fin, à David Sztanke. L’homme-orchestre également connu sous le nom de Mr. Oizo ne déçoit pas pour son retour en France et Au poste ! est absolument jouissif de bout en bout et enchaîne les numéros d’acteurs de Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludig et Marc Fraize (révélation du déjà culte Problemos d’Eric Judor) comme des perles sur un collier durant 70 minutes.

Le commissaire Buron est chargé d’enquêter sur le meurtre d’un homme retrouvé gisant dans son sang par Fugain. Celui-ci est logiquement considéré comme le principal suspect, il s’ensuit alors un interrogatoire qui va durer toute la nuit.

S’il n’atteint pas les grandes réussites de Wrong Cops et de Rubber, Quentin Dupieux reste fidèle à son univers. Si la présence du duo Poelvoorde/Ludig en tête d’affiche témoigne peut-être d’une volonté de toucher un plus large public, le réalisateur ne se laisse pas aller à la facilité. Au poste ! lui permet de rendre hommage aux comédies françaises des années 1980, mais aussi et surtout aux films policiers de la même période. Une volonté annoncée dès l’affiche qui détourne celle très célèbre de Peur sur la ville, chef d’oeuvre d’Henri Verneuil sorti en 1975. Quasi huis clos, Au poste ! a été tourné dans les locaux de l’Espace Niemeyer, le siège du Parti communiste français. Les plafonds bas reconnaissables, les couleurs du même acabit, donnent au film un cachet vintage, tout comme les costumes, les partis pris esthétiques et les accessoires. Un film hors du temps, on pourrait même dire hors de l’espace avec Quentin Dupieux aux commandes. Les quelques séquences tournées en extérieur appuient également ces volontés artistiques, puisque le cinéaste privilégie une architecture seventies.

Raconter un film de Quentin Dupieux c’est se plier à un exercice difficile, voire impossible. Au Poste ! fourmille de mots d’auteurs, de situations invraisemblables, quasi-fantastiques. Le quotidien n’est pas banal chez Dupieux. Même les personnages semblent se rendre compte eux-mêmes que quelque chose cloche dans ce qu’ils disent ou dans ce qui se passe autour d’eux, sans pour autant remettre en question les évènements. Si l’on pense évidemment au formidable Garde à vue de Claude Miller lors de cette confrontation entre un flic retors (Benoît Poelvoorde, toujours sublime) et un homme suspecté dans une affaire de meurtre (Grégoire Ludig, très attachant en mode Droopy à moustache), Quentin Dupieux mêle surtout l’humour anglo-saxon des Monty Python à celui dit « franchouillard » de la troupe du Splendid. Le personnage incarné par Anaïs Demoustier a d’ailleurs été pensé dans ce sens puisque le cinéaste avoue s’être inspiré de Zézette dans Le Père Noël est une ordure.

Ce qui pourrait alors donner un gloubi-boulga indigeste dans certaines mains, prend ici la saveur d’un minestrone soigné et concocté par un véritable chef. A l’instar de cet énigmatique chef d’orchestre en slip qui dirige ses musiciens lors de l’introduction du film, Quentin Dupieux reste le maestro de son film et ses comédiens, tous formidables vraiment, font leur numéro « habituel » (rien de péjoratif à dire cela), tout en conservant une spontanéité avec l’air de se demander eux-mêmes ou tout cela va les mener ou si ce qu’ils viennent de dire a du sens. Au poste ! combine à la fois le populaire et l’expérimental, et n’a pas peur de laisser certains spectateurs sur le bas-côté puisque de toute façon la destination (ça passe ou ça casse) ne plaira pas à tout le monde de toute façon. Mais c’est un OFNI c’est pour ça.

LE DVD

Le test du DVD d’Au poste !, disponible chez Diaphana, été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur une séquence du film.

Cette édition se compose tout d’abord d’un commentaire audio du réalisateur. « Bonjour, c’est Quentin ! » dit Dupieux, visiblement surpris qu’on lui ait demandé de se plier à cet exercice. « Voici tout d’abord les mentions ennuyeuses, mais ce sont des gens qu’on respecte tout de même » introduit ce commentaire sympathique, à défaut d’être passionnant. Revoir le film en compagnie de son auteur est assez marrant, surtout que Dupieux est visiblement son premier spectateur et ne cesse de dire tout le bien qu’il pense de ses formidables comédiens. Les répétitions, les conditions de tournage, l’écriture du scénario, ses références, les partis pris, tous ces éléments sont distillés sur 1h10, sans véritable temps mort.

En plus de la bande-annonce, nous trouvons également un module de 11 minutes consacré aux essais et répétitions des comédiens Benoît Poelvoorde, Grégoire Ludig et Marc Fraize.

Bonus caché : Dans le menu des suppléments, positionnez-vous sur « Le film commenté par Quentin Dupieux » puis appuyez sur la flèche du haut. Un point d’interrogation apparaît. Validez. Si l’on se demande tout d’abord où tout cela va nous mener, le personnage de Marc Fraize apparaît sans prévenir (1′).

L’Image et le son

Pour la photo, Quentin Dupieux s’inspire du look vintage des bureaux des années 1970. Les couleurs sont chaudes, dorées, ambrées. Le piqué n’est pas le point fort de cette édition et la définition laisse parfois à désirer. Finalement, ce sont les rares séquences tournées en extérieur qui s’en sortent le mieux, même si cela reste très médiocre dans l’ensemble.

La piste 2.0 instaure un confort acoustique agréable. Les dialogues sont parfaitement clairs et distincts. Si vous avez sélectionné la version Dolby Digital 5.1, les ambiances restent très limitées puisque l’essentiel du film se déroule dans le bureau du commissaire. A part pour l’ouverture avec l’orchestre et le générique de fin, cette option acoustique reste très facultative. Les sous-titres destinés aux spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr