François, petit dealer, a un rêve : devenir le distributeur officiel des bâtonnets glacés Mr Freeze au Maghreb. Cette vie, qu’il convoite tant, vole en éclat quand il apprend que Dany, sa mère, a dépensé toutes ses économies. Poutine, le caïd lunatique de la cité propose à François un plan en Espagne pour se refaire. Mais quand tout son entourage : Lamya son amour de jeunesse, Henri un ancien beau-père à la ramasse tout juste sorti de prison, les deux jeunes Mohamed complotistes et sa mère chef d’un gang de femmes pickpockets, s’en mêle, rien ne va se passer comme prévu !
Huit ans après son premier long métrage Notre jour viendra, Romain Gavras (né en 1981) est de retour derrière la caméra avec Le Monde est à toi. Gros délire comico-policier porté par un casting de luxe, ce second essai est franchement revigorant et fait du bien au cinéma français. Sous ses airs de ne pas se prendre au sérieux, Le Monde est à toi est pourtant un vrai film pop excellemment mis en scène, à la photographie chiadée, trouvant le parfait équilibre entre l’humour, l’action, la violence et l’émotion. Enfin, c’est aussi et surtout la révélation d’un comédien sur lequel il faudra désormais compter, Karim Leklou.
François – de son vrai prénom Fares – est un dealer repenti du « 9.3 ». Il rêve de monter un business légal en lançant une franchise de Mister Freeze au Maroc. Pour cela, il compte sur la somme d’argent qu’il a planquée chez sa mère Danny, joueuse invétérée, spécialisée dans le vol de bijoux en grands magasins. Quand il découvre que cette dernière a dilapidé ses économies, il n’a d’autre choix que d’accepter le go fast en Espagne que lui propose le nouveau boss de la cité. Mais c’était sans compter sur la sortie de prison d’Henri, son ex-beau-père, la mafia anglaise qui règne sur la Costa del Sol, le retour de Nadia son ex-petite amie et de sa mère qui a décidé de « l’aider » pour ce qui l’espère être son dernier coup…!
Cela fait beaucoup pour un seul film, mais Romain Gavras s’en sort haut la main et avec une élégance insoupçonnée. Le cofondateur en 1995 du collectif Kourtrajmé avec Kim Chapiron, qui s’est fait connaître avec ses clips musicaux qui suscitaient systématiquement la controverse pour leur violence extrême (Stress de Justice ou Born Free de M.I.A), rend hommage aux films des frères Coen, tout en conservant une âme bien française. Cela se fait notamment grâce à la bande originale décalée qui mixe à la fois Michel Sardou et Booba, Laurent Voulzy et PNL, Daniel Balavoine et Jul. Il y en a pour tous les goûts ! D’ailleurs, Romain Gavras met tout le cinéma qu’il affectionne dans son deuxième long métrage.
Ce mélange fonctionne également grâce à des interprètes géniaux. Karim Leklou donc, que l’on avait déjà aperçu dans les sublimes Suzanne et Réparer les vivants de Katell Quillévéré et qui s’impose du début à la fin avec talent et charisme, tout en apportant une vraie mélancolie à son personnage. Il n’a pas à rougir face aux deux stars qui l’entourent. Vincent Cassel est formidable dans le rôle d’Henri, quinquagénaire paumé, regard bas et triste (les lentilles marron font leur effet), qui sort de douze ans de taule, qui devient obsédé par les Illuminati et qui replonge malgré-lui dans quelques combines pour pouvoir s’en sortir, mais aussi et surtout « pour rendre service ». Le comédien prouve une fois de plus à quel point il peut être bon et même génial quand il est bien dirigé, mais aussi quand il ne porte pas le poids d’un film sur ses épaules. Mais celle qui vole toutes ses scènes à chaque apparition est la grande Isabelle Adjani, sensationnelle en mère juive excentrique, étouffante, prête à tout pour protéger son rejeton de près de 40 ans. Si elle l’avait déjà prouvé dans sa carrière, l’immense comédienne démontre une fois de plus son talent comique dévastateur. Ce rôle pourrait bien lui valoir le sixième César de sa carrière, le premier en tant que meilleure actrice dans un second rôle. François Damiens et Philippe Katerine font également une petite participation frappadingue, tandis que le reste du casting fait la part belle à la jeune génération avec notamment l’excellente Oulaya Amamra, révélation de Divines de Houda Benyamina. Ceux qui ont l’oeil remarqueront également le réalisateur John Landis au détour d’un plan dans le restaurant.
Tout ce beau petit monde, ces écoles diverses et variées donnent son originalité au film de Romain Gavras. Tragi-comique, polar, drame social, film de gangsters tourné entre le 93 et Benidorm, Le Monde est à toi ne cesse de jouer avec les genres en se focalisant sur des délinquants et autres voyous qui essayent de se la jouer Scarface et Ocean’s Eleven, en calquant de façon absurde leurs actions et leurs motivations à partir des images, des codes, des mythes et des clichés véhiculés par le cinéma. C’est cette opposition entre le fantasme et la réalité – François voudrait juste se sortir de la panade de façon légale – qui se confrontent constamment qui font du Monde est à toi une grande réussite, qui a su embarquer près de 350.000 spectateurs dans son sillage après avoir fait fureur sur la Croisette en 2018 à la Quinzaine des réalisateurs.
LE BLU-RAY
Le DVD et le Blu-ray du Monde est à toi sont disponibles chez Studiocanal. Le visuel de la jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est sobre, animé et musical.
Aucune supplément sur
cette édition.
L’Image et le son
L’éditeur livre un master HD resplendissant ! Le relief est sans cesse appréciable, le piqué est vif et acéré, les détails foisonnent sur le cadre large, les noirs sont denses, les couleurs explosives, les contrastes léchés et chaque source de lumière se révèle éclatante. Ajoutez à cela un piqué acéré comme un scalpel, des séquences nocturnes aussi élégantes que les scènes diurnes ainsi qu’une profondeur de champ fascinante et vous obtenez un feu d’artifice pour les mirettes !
Un seul choix disponible, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 créant d’entrée de jeu une large et puissante spatialisation. La bande originale s’en donne à coeur joie, tout comme les séquences agitées (l’assaut sur le cargo, le karaoké) mettent à mal votre installation avec de très bonnes basses et une balance frontale-latérale explosive. Toutes les enceintes sont mises à contribution, certains effets sont particulièrement saisissants, les effets naturels sont légion. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, tout comme une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.
NOS BATAILLES réalisé par Guillaume Senez, disponible en DVD et Blu-ray le 18 février 2019 chez Blaq Out
Acteurs : Romain Duris, Laure Calamy, Laetitia Dosch, Lucie Debay, Basile Grunberger, Lena Girard Voss, Dominique Valadié, Sarah Le Picard, Cédric Vieira…
Scénario : Guillaume Senez, Raphaëlle Desplechin
Photographie : Elin Kirschfink
Durée : 1h38
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Olivier se démène au sein de son entreprise pour combattre les injustices. Mais du jour au lendemain quand Laura, sa femme, quitte le domicile, il lui faut concilier éducation des enfants, vie de famille et activité professionnelle. Face à ses nouvelles responsabilités, il bataille pour trouver un nouvel équilibre, car Laura ne revient pas.
N’y allons pas par quatre chemins, Nos batailles est l’un des plus beaux films de l’année 2018. Deux ans après son premier long métrage Keeper, présenté dans plus de 70 festivals du monde entier et multi-récompensé, le cinéaste franco-belge Guillaume Senez (né en 1978) foudroie une fois de plus le coeur des spectateurs avec son deuxième film, coécrit cette fois avec Raphaëlle Desplechin. Sélectionné à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes en 2018, Nos batailles confirme l’immense talent et la sensibilité de son metteur en scène, qui pour l’occasion offre à Romain Duris l’un si ce n’est le plus grand rôle de toute sa carrière. Un cinéaste est né.
Olivier est contremaître dans un entrepôt de vente en ligne. Tandis qu’il se démène au travail, sa femme Laura, vendeuse, s’occupe de leurs deux enfants Elliot et Rose. Un jour elle disparaît sans prévenir, et Olivier doit se débrouiller, seul ou avec l’aide de sa famille, pour mener de front ses vies familiale et professionnelle.
Romain Duris est apparu pour la première fois sur les écrans dans Le Péril jeune de Cédric Klapisch, il y a déjà 25 ans. Très vite, le cinéma français s’est emparé de ce jeune homme de 19 ans, repéré dans la rue. Outre ses nombreuses et fructueuses collaborations avec Cédric Klapisch (Chacun cherche son chat, Peut-être, L’Auberge espagnole, Les Poupées russes, Paris, Casse-tête chinois), Romain Duris a toujours su concilier le cinéma d’auteur et le cinéma commercial, en passant sans complexe de Jan Kounen à Tony Gatlif, de Jean-Paul Salomé à Jacques Audiard, de Christophe Honoré à Laurent Tirard, de Patrice Chéreau à Eric Lartigau. Pour son cinquantième film, le comédien trouve comme qui dirait le rôle de la maturité. A bientôt 45 ans, ses traits se sont creusés et son charisme sauvage s’est encore plus développé. Il est en tout point époustouflant dans Nos batailles, merveilleusement dirigé par Guillaume Senez.
Quasiment de tous les plans, magnétique, beau, bouleversant, l’acteur amateur que l’on a vu grandir et mûrir à l’écran est progressivement devenu un bon, un très bon, un excellent, puis un immense comédien. Comme pour Keeper, Guillaume Senez conserve une spontanéité naturaliste, centrée sur un travail d’improvisations avec les acteurs, qui détiennent uniquement une base écrite détaillée comprenant les enjeux. Le réalisateur privilégie les gestes esquissés ou avortés, les voix des protagonistes qui se chevauchent, les imprévus. La vie explose alors à l’écran, l’empathie est réelle, les situations (inspirées de l’expérience personnelle du réalisateur) crédibles, réalistes, spontanées, universelles, authentiques. Caméra à l’épaule, en plans-séquences, le spectateur est placé comme témoin et suit ce personnage qui apprend à vivre seul avec ses deux enfants (Basile Grumberger et Lena Girard Voss, d’un naturel confondant), à communiquer avec eux, en essayant de faire le mieux possible, tout en essayant de gérer l’équipe (et leurs problèmes) dont il est responsable à l’usine. Tout cela sans pathos, sans musique, sans misérabilisme où certains se seraient engouffrés et paumés. Les personnages existent et donnent cette impression de les connaître, cette envie de les consoler, de les encourager, de les aider. N’oublions pas les trois merveilleuses actrices qui donnent la réplique à Romain Duris. Lucie Debay (La Confession de Nicolas Boukhrief), poignante dans le rôle de la compagne et mère de deux enfants dont le départ restera « inexpliqué », Laëtitia Dosch (déjà présente dans Keeper, avant d’être révélée dans Jeune Femme de Léonor Serraille), saisissante dans celui de la sœur d’Olivier (la scène dit « Paradis Blanc » arrache les larmes), ainsi que l’indispensable et lumineuse Laure Calamy dans celui de Betty, collègue et confidente d’Olivier.
A quinze jours de la prochaine cérémonie des César, Nos batailles, production belge, pourrait bien remporter celui du meilleur film étranger, tandis que Romain Duris, également nommé, est l’un des grands prétendants à la compression du meilleur acteur. Si la concurrence n’a jamais été aussi sévère avec également la présence de Denis Ménochet (Jusqu’à la garde) et d’Alex Lutz (Guy), Romain Duris pourrait enfin obtenir la récompense qui lui avait injustement échappé pour De battre mon coeur s’est arrêté en 2006. En attendant, Nos batailles a reçu le Prix de la Critique au Festival du film de Hambourg, la Mention du Jury Cinevox au festival International du Film Francophone de Namur, le Prix du public au festival de Turin, et surtout 5 Magritte, l’équivalent des César en Belgique, dont celui du Meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice dans un second rôle pour Lucie Debay. Des prix à foison, largement mérités pour ce chef d’oeuvre instantané.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Nos batailles, est disponible chez Blaq Out. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film. Même chose pour le menu principal, fixe et bruité, puisqu’en dehors de la chanson de Michel Berger, il n’y a pas de musique dans le film.
On
commence par un entretien avec Guillaume Senez, enregistré au
Festival de Cannes, à l’occasion de la présentation de Nos
batailles dans le cadre de la Semaine de la Critique (6’30). Le
réalisateur est très honoré d’avoir été sélectionné sur la
Croisette, qui lui offre ainsi une belle vitrine pour dévoiler son
film. La genèse de Nos batailles, inspiré par quelques
évènements personnels, le travail avec les comédiens, ses
intentions et les partis pris, les thèmes abordés et le rapport des
spectateurs avec les personnages sont ensuite évoqués.
Si
l’éditeur ne propose pas de commentaire audio sur tout le film,
Guillaume Senez commente néanmoins près de 25 minutes de scènes
sélectionnées. C’est ici l’occasion pour lui d’étayer les
sujets rapidement abordés dans son interview précédente.
Nous
trouvons également 9 minutes de scènes coupées au montage, sur
lesquelles Guillaume Senez intervient également, en expliquant la
raison de leur rejet, à cause notamment de redondances.
L’éditeur joint également le formidable court-métrage U.H.T., réalisé par Guillaume Senez en 2012 (18’). Sophie voit tous les jours son mari Augustin partir travailler pour sa petite exploitation laitière. Il y travaille corps et âme. Pourtant depuis quelques temps, la production de sa ferme ne suffit plus à assurer la pérennité financière de sa famille. Sophie ne se doute de rien, mais pour combien de temps encore…
L’Image et le son
Nos batailles bénéficie d’un beau traitement de faveur avec ce master HD élégant. Si les contrastes sont un peu légers, les noirs sont denses, le piqué agréable et la caméra portée peut compter sur une compression AVC solide. La palette chromatique est atténuée, froide, avec beaucoup de touches de bleus. La luminosité des séquences diurnes tire indiscutablement de la HD, les détails sont plus acérés sur les gros plans.
Le
mixage DTS HD Master Audio 5.1 ne déçoit pas, tant au niveau de la
délivrance des dialogues que des effets latéraux. S’il n’y a
pas grand-chose à redire sur la balance frontale, ce mixage parvient
vraiment à immiscer le spectateur dans l’ambiance du film. Les
enceintes latérales délivrent sans mal les ambiances naturelles et
l’ensemble demeure harmonieux. La piste Stéréo est également de
très bonne qualité et contentera ceux qui ne seraient pas équipés
sur la scène arrière. Les sous-titres français destinés au public
sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une
piste Audiodescription.
PAUL SANCHEZ EST REVENU ! réalisé par Patricia Mazuy,disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Blaq Out
Acteurs : Laurent Lafitte, Zita Hanrot, Philippe Girard, Idir Chender, Anne-Lise Heimburger, Anthony Paliotti, Achille Reggiani, Diego Bordonaro, Mike N’Guyen…
Scénario : Patricia Mazuy, Yves Thomas
Photographie : Frédéric Noirhomme
Musique : John Cale
Durée : 1h51
Date de sortie initiale: 2018
LE FILM
Paul Sanchez, criminel disparu depuis dix ans, a été aperçu à la gare des Arcs sur Argens. A la gendarmerie, on n’y croit pas, sauf peut-être la jeune Marion…
Quel film étrange et déroutant ! Le cinquième long métrage de la réalisatrice Patricia Mazuy (Saint Cyr, Sport de filles) est en effet une véritable proposition de cinéma inclassable, qui joue constamment sur les ruptures de ton, tout en croisant les genres. Polar, comédie burlesque, western, thriller, Paul Sanchez est revenu ! ne cesse de décontenancer et de perturber. On ne sait pas si l’on doit rire devant l’absurdité de telle séquence, ou craindre pour tel personnage. Sur une histoire originale de son complice Yves Thomas (Travolta et moi), la cinéaste lorgne du côté de la série B et du western spaghetti, transformant les paysages du Var en Far West, en Var West donc, en se focalisant sur deux personnages placés d’un côté et de l’autre de la loi. Paul Sanchez est revenu ! est ni plus ni moins l’un des films les plus originaux de 2018.
Paul Sanchez, un criminel qui a assassiné toute sa famille et qui a disparu depuis 10 ans, semble être revenu sur les lieux de son crime ! Il est du moins signalé aux abords de la gare des Arcs dans le Var. À la gendarmerie de la ville, tout le monde croit à un canular, à l’exception de Marion, une gendarme de 25 ans. Elle va alors se mettre à le traquer seule.
Patricia Mazuy dresse le décor de son intrigue dans les premiers plans avec les enseignes multicolores de magasins divers disposés le long d’une voie rapide. Suivront rapidement la gendarmerie où tout le monde s’active pour assurer la paix dans les environs, puis le rocher rouge de Roquebrune qui surplombe la région avec l’autoroute qui se déploie à ses pieds. La jeune Marion, volontaire et animée par le désir de bien faire son travail, fait du zèle. Elle vient de surprendre Johnny Depp en train de se payer du bon temps dans sa Porsche, avant de le verbaliser et de lui confisquer son véhicule. Ce qui n’est pas vraiment du goût de son supérieur hiérarchique. Quelque peu cloisonnée dans son quotidien, Marion rêve visiblement d’action ou d’un évènement qui pourrait faire parler d’eux sur BFM TV. Alors quand elle apprend qu’un ancien meurtrier en cavale serait de retour dans le coin, elle décide de foncer pour lui mettre le grappin dessus la première.
Paul Sanchez est revenu ! c’est comme qui dirait une version française de Hot Fuzz d’Edgar Wright, mâtiné du cinéma des frères Coen, de Bruno Dumont et une pincée de Sergio Leone. D’un côté, Marion, incarnée par la divine Zita Hanrot (grande année 2018 avec La Fête est finie et Carnivores), est une gendarme au début de sa carrière, que l’on sent fatiguée de s’occuper des tâches ingrates, loin de ses évidents désirs d’aventures mouvementées. D’autant plus que ses collègues et son chef (génial Philippe Girard) ne cessent de la freiner ses ardeurs. De l’autre côté, Paul Sanchez, interprété par Laurent Lafitte, décidément abonné aux films qui sortent du lot (K.O., L’Heure de la sortie) est un individu trouble, énigmatique et sauvage qui trouve refuge dans une anfractuosité du rocher de Roquebrune. Sa taille imposante, ses bras ballants et les motifs de son blouson renvoient directement au Clint Eastwood de la Trilogie du Dollars de Sergio Leone, tandis que la superbe composition du gallois John Cale rappelle les compositions d’Ennio Morricone.
Dans ce western urbain contemporain, Patricia Mazuy dresse le portrait en parallèle de deux âmes solitaires qui pètent un câble à cause d’un présent moribond. Jusqu’à l’inéluctable confrontation. Durant la première partie, la réalisatrice fait perdre ses repères aux spectateurs, au point de relâcher parfois son attention et donc son intérêt. Malgré tout, l’étrangeté des relations entre les personnages et celle de leurs motivations font que l’on se laisse finalement porter par un récit quelque peu opaque qui rappelle parfois furieusement la série Twin Peaks. Les échanges entre les protagonistes semblent sans cesse à sens unique, comme un dialogue de sourds, comme si la réponse de l’un n’avait aucun rapport avec la question de l’autre. Paul Sanchez est revenu ! est une œuvre décalée qui ne fait que refléter le burn out des personnages. Comme si elle était placée sous cloche, la petite ville de Roquebrune-sur-Argens semble repliée sur elle-même, comme si tout s’était arrêté dix ans plus tôt, après l’assassinat par Paul Sanchez de son épouse et de leurs quatre enfants. Un trauma avec lequel les habitants doivent vivre ou qui leur a donné une envie de profiter encore plus de l’existence. Alors quand la figure du démon Paul Sanchez réapparaît, les désirs enfouis et les peurs cachées se révèlent, tandis que d’autres y voient l’occasion de transformer leur vie en mauvaise série télé policière.
Au premier visionnage, Paul Sanchez est revenu ! peut franchement laisser perplexe. Ce n’est qu’en y repensant après que toutes les strates du film de Patricia Mazuy se révèlent l’une après l’autre avec pour effet de donner envie de s’y replonger à nouveau. Une belle réussite que cet OVNI.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Paul Sanchez est revenu !, est disponible chez Blaq Out. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film. Même chose pour le menu principal, fixe et musical.
Après le film, rien de tel que d’écouter la réalisatrice Patricia Mazuy (15’). Durant son interview, la cinéaste aborde la genèse de Paul Sanchez est revenu !, les lieux de tournage, les thèmes, le casting, le travail avec les comédiens, la psychologie et l’évolution des personnages, sans oublier les partis pris et ses intentions, ainsi que la musique de John Cale. Patricia Mazuy évoque également à plusieurs reprises les ruptures de ton.
La réalisatrice intervient également sur les scènes coupées (11’). Dommage que l’éditeur n’ait pas proposé ces séquences avec les commentaires en option. Toutefois, il est toujours intéressant de comprendre pourquoi telle ou telle scène a été écartée au montage, qui s’est révélé très difficile dixit la cinéaste. Notons une séquence de cauchemar particulièrement réussie de Marion, durant laquelle la jeune gendarme imagine des enfants qui dansent dans l’ombre ou d’elle-même avec la bouche remplie de larves. Patricia Mazuy a également préféré retirer des éléments trop explicites quant à l’identité du personnage de Laurent Lafitte.
Enfin, l’éditeur, que l’on ne remerciera jamais assez de nous faire découvrir de nombreux courts-métrages, propose La Scarpa, réalisé par Patricia Mazuy en 1979 (8’). Un carton en introduction annonce que la réalisatrice a perdu la copie sonore, ainsi que le son de ce « court-métrage d’extrême jeunesse ». Demeure alors ce « vestige muet », tiré d’une copie de travail en Super 8, racontant l’histoire d’un cowboy fasciste qui poursuite une touriste dragueuse dans les rues de Rome. Avec la comédienne Laure Duthilleul dans les deux rôles.
L’Image et le son
Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Le label «Blaq Out» est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Paul Sanchez est revenu !. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes d’une densité jamais démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette indispensable élévation en Haute définition. Les visages, filmés en gros plans, des comédiens peuvent être analysés sous tous les angles, la photo est ambrée et chaude, la clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques merveilleusement restitués. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Patricia Mazuy.
La version DTS-HD Master Audio 5.1 instaure d’excellentes conditions acoustiques et fait surtout la part belle à la musique de John Came. Les ambiances naturelles sont bien présentes, quelques effets sont saisissants (la circulation) et le rendu des voix est sans failles. L’éditeur joint aussi une piste française DTS-HD Master Audio 2.0qui contentera largement celles et ceux qui ne disposeraient pas d’enceintes latérales. Nous trouvons également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
LEGENDS OF TOMORROW – SAISON 3, disponible en DVD et Blu-ray le 5 décembre 2018 chez Warner Bros.
Acteurs : Brandon Routh, Caity Lotz, Amy Louise Pemberton, Dominic Purcell, Franz Drameh, Victor Garber, Tala Ashe, Maisie Richardson-Sellers, Nick Zano, Arthur Darvill, Jes Macallan, Matt Ryan, Wentworth Miller, Neal McDonough…
Musique : Blake Neely
Durée : 17 épisodes de 43 minutes + 4 épisodes du crossover Crisis on Earth-X (avec Supergirl, Arrow et Flash)
Date de sortie initiale : 2017-2018
LA SÉRIE
Après avoir vaincu la Legion of Doom, les Légendes ont découvert qu’ils ont brisé le temps. Ils décident alors d’explorer cette nouvelle réalité pour remettre les choses en place avec l’aide du Bureau Temporel, une nouvelle agence protectrice du temps fondée par Rip Hunter. Ils seront à nouveau confrontés à Damien Darhk et à sa fille Nora, qui veulent ressusciter un démon temporel…
Voici déjà la troisième saison de la série Legends of Tomorrow, dérivée d’Arrow et de Flash. D’emblée, ce spin-off a su faire sa place avec un ton volontairement plus humoristique et en lorgnant sur les séries fantastiques des années 1990. Dans cette nouvelle saison, les scénaristes rendent un évident hommage à la cultissime série Code Quantum, puisque nos héros, qui voyagent dans le temps depuis le tout premier épisode, sont contraints de réparer leurs erreurs, les « anomalies » temporelles, conséquences de leur précédente mission. Diffusée sur The CW aux Etats-Unis entre le 10 octobre 2017 et le 9 avril 2018, cette troisième saison a vu ses audiences se stabiliser, contrairement à celles des autres séries DC plus malmenées. Legends of Tomorrow n’est peut-être pas la série la plus réussie du lot, Flash la domine largement, mais s’avère probablement la plus fun et la plus divertissante. Mission réussie pour cette nouvelle saison !
Résumé avec spoilers. Six mois se sont écoulés. Rip Hunter (Arthur Darvill, invité sur sept épisodes) a fondé une nouvelle agence, le Bureau Temporel, afin d’éradiquer les anachronismes (on pense beaucoup à Men In Black), c’est-à-dire les personnes, objets ou créatures présentes dans une époque qui n’est pas la leur. Pour le reste de l’équipe, le retour à la vie « normale » est un peu difficile. Ray Palmer travaille pour une start-up de la Silicon Valley tandis que Sara Lance travaille comme employée dans un supermarché de Star City. Nate, avec l’aide de Kid Flash, continue d’utiliser ses pouvoirs pour combattre le crime à Central City. Quant à Jefferson et au professeur Stein, ils coulent une vie paisible à Central City, ce dernier appréciant le fait de devenir bientôt grand-père. Mick se livre aux douceurs du farniente sur la plage d’Aruba.
C’est justement là-bas que Mick, croyant avoir affaire à un employé, l’invective en demandant de lui apporter un autre cocktail. En ôtant ses lunettes de soleil, il s’aperçoit que l’ombre en face de lui n’est autre que celle de Jules César, arguant conquérir le monde connu. Après avoir ligoté l’empereur, Mick contacte aussitôt Sara, qui réunit Ray et Nathaniel pour s’occuper du problème. Ensemble, ils se rendent à l’Agence du Bureau Temporel afin de signaler l’anachronisme à Rip, mais ce dernier est contrarié par les retombées de leurs dernières actions : en venant à bout de la Legion of Doom, ils ont également brisé le temps, ce qui a causé les anachronismes. Par conséquent, Rip ne leur fait plus confiance et ne souhaite plus les voir voyager dans le temps, ayant par ailleurs confisqué le Waverider qui sert de simulateur à ses agents.
Toutefois, les Légendes refusent de rester sur la touche. Ils reprennent leur vaisseau par la force et rejoignent Mick. Mais entre-temps César s’est enfui et se retrouve parmi des lycéens en vacances. Après avoir capturé de nouveau l’évadé du temps, le groupe retourne dans le passé pour remettre César à son époque. Croyant avoir réussi leur mission, un nouveau contretemps fait place : le régent a dérobé le livre de Nathaniel sur l’avenir de Rome et a par conséquent réécrit l’histoire en conquérant le monde connu. C’est à ce moment que Rip et son équipe arrivent pour reprendre l’affaire en main. Mais au moment de s’emparer de l’ouvrage, l’agent Ava Sharpe (Jes Macallan, atout charme et sexy) est enlevée. L’équipe des Légendes intervient et bat aisément César et ses soldats.
La continuité temporelle est sauvegardée, Sharpe et Hunter peuvent repartir. Malgré les conseils d’Ava, Rip autorise l’équipe à garder le Waverider pour qu’ils continuent de corriger les anomalies spatio-temporelles ; Sharpe s’étonne du choix de son supérieur, mais Hunter pense que le manque de subtilité des Légendes sera utile contre la menace qui arrive. Nathaniel confie à Ray qu’il regrette qu’Amaya (intense et magnétique Maisie Richardson-Sellers) ne soit plus là. Elle est retournée en 1942, au Zambèze, où elle protège son pays des braconniers et colons européens. Les Légendes se décident à utiliser la technologie du Bureau Temporel pour réparer les anachronismes et commencent par une cible simple : le cirque de P.T. Barnum aurait un smilodon parmi ses attractions de 1870. Pour maîtriser la bête, les pouvoirs des Légendes ne conviennent pas et Sara décide de ramener Amaya, retournée au Zambèze en 1942.
Cette saison 3 regorge de références à la pop culture. Au détour d’une conversation, Victor Garber concepteur du Titanic dans le chef d’oeuvre de James Cameron, rappelle le fiasco qu’à été le voyage inaugural du paquebot. Steven Spielberg et plus particulièrement E.T. l’extra-terrestre sont nommés à travers l’épisode où Ray Palmer, alors enfant, dissimule dans sa chambre un bébé Dominateur. Ray doit alors empêcher son propre assassinat par une agence peu orthodoxe. Les scénaristes se lâchent encore plus que d’habitude dans cette troisième saison à l’instar des morts exsangues retrouvés dans les rues de Londres en 1895, apparemment tués par un vampire, ou bien encore Hélène de Troie, échappée d’une guerre qu’elle n’a pas voulue, trouve finalement refuge sur l’île de Themyscira, foyer des Amazones et de la super-héroïne Wonder Woman. Les fans de Peter Jackson seront aux anges, puisqu’on y voit Ray intervenir sur le plateau du Seigneur des Anneaux en 1999, afin d’y rencontrer le comédien John Noble, qui incarnait Denethor, le père de Boromi et de Faramir. Finalement, tout ce qui concerne le grand « méchant » Mallus (à qui John Noble prête sa voix), un être maléfique et hors du temps, importe moins que les péripéties quotidiennes, l’humour bon enfant et les clins d’oeil cinématographiques. Même l’agaçant Damien Darhk apparaît ici plus cool, comme s’il se rendait compte lui-même du ridicule de ce qu’il dégageait.
C’est sans doute le bazar dans les épisodes, où l’on passe allègrement de la guerre du Vietnam (avec des références à Apocalypse Now), à l’affrontement avec le gorille Grodd (venu de la série Flash), en passant par une bataille contre les Vikings ou Barbe-Noire. Les Legends doivent également aider le jeune Elvis Presley à devenir le King en 1954, puis l’on passe à un épisode tout droit sorti d’Un jour sans fin où une boucle temporelle fait revivre la même journée à Zari Adrianna Tomaz, nouvelle venue dans la troupe, interprétée par l’excellence Tala Ashe. Recrutée en 2042, le talent principal de cette belle demoiselle est d’être une hackeuse hors pair et qui voue une passion pour les jeux vidéo vintage. Tout cela sans oublier la participation des Legends au formidable crossover Crisis on Earth-X, aux côtés des super-héros de Supergirl, Arrow et Flash. Un quadruple-épisode qui marque la disparition d’un des membres des Legends…Matt Ryan en profite pour revenir dans la peau et le costume débraillé de John Constantine, tandis que Wentworth Miller fait un dernier comeback. De son côté, Wally West, dont les scénaristes ne savaient plus quoi lui faire faire dans la série Flash, rejoint les Legends.
Alors
certes Caity Lotz fait toujours la moue et fronces les sourcils,
Dominic Purcell grogne à tout bout de champ et Brandon Routh abuse
de son sourire Ultra-Brite, mais cela fonctionne vraiment bien,
chacun est à sa place et semble prendre encore beaucoup de plaisir à
se donner la réplique. Un plaisir contagieux et qui ne se dément
pas au fil des épisodes.
LE BLU-RAY
La troisième saison des Legends of Tomorrow, disponible chez Warner Bros., se compose de trois disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les trois Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette. Signalons que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer l’intégralité de l’épisode crossover divisé sur les quatre séries DC. Cette édition se compose donc de 21 épisodes de 42 minutes.
Des scènes coupées (16’30 au total), aux effets visuels non finalisés, sont disponibles sur les trois disques.
Le second Blu-ray contient un débat bien rythmé entre les producteurs des séries DC, qui répondent aux questions de l’animateur Hector Navarro (42’) sur la création de l’énorme crossover, Crisis on Earth-X, composé des épisodes 8 de Supergirl, Arrow, Flash et DC’s Legends of Tomorrow. C’est ici que vous apprendrez chacune des étapes ayant conduit à cette histoire de tentative d’invasion de la Terre par des soldats nazis issus d’un monde dystopique appelé Terre-X. Les spoilers sont évidemment au rendez-vous. Chacun aborde la difficulté d’écrire pour une vingtaine de personnages réunis à l’écran et sur les défis finalement relevés.
Le troisième disque est le plus rempli. On y trouve tout d’abord un module en compagnie du producteur exécutif Phil Klemmer (18’), qui propose un retour complet sur la création et les évènements de la troisième saison des Legends of Tomorrow.
Un petit supplément de 6 minutes rend compte du travail des artistes et créateurs des effets spéciaux, de la prévisualisation au tournage, en passant par la post-production.
Outre un petit bêtisier très sympa (7’30), cette section propose un best-of du Comic-Con 2017 avec notamment un résumé des présentations des nouvelles saisons de Supergirl, Flash, Arrow, DC’s Legends of Tomorrow et Gotham (58’).
L’Image et le son
Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont chaudes et resplendissantes, le piqué acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ abyssale. Les séquences diurnes sont éclatantes et seules quelques séquences à effets spéciaux s’avèrent sensiblement moins définies en raison des images composites. En dehors de ça, Warner Bros. met la barre haute, le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.
Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage amusant. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.
JUGEMENT À NUREMBERG (Judgment at Nuremberg) réalisé par Stanley Kramer,disponible en DVD et Blu-ray le 8 janvier 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, Marlene Dietrich, Maximilian Schell, Judy Garland, Montgomery Clift, William Shatner…
Scénario : Abby Mann
Photographie : Ernest Laszlo
Musique : Ernest Gold
Durée : 3h
Date de sortie initiale: 1961
LE FILM
En 1948, le juge Haywood est envoyé à Nuremberg pour présider le procès de quatre magistrats allemands accusés de trop de complaisance à l’égard du régime Nazi. L’un d’eux, Janning, se renferme dans un silence méprisant et, en écartant les témoignages et les films sur les camps de concentration, dit qu’il n’a fait qu’appliquer la loi en vigueur…
On parle souvent du procès de Nuremberg, celui intenté par les puissances alliées contre 24 des principaux responsables du Troisième Reich, accusés de complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un évènement qui s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946. En réalité, il s’agissait de la partie immergée de l’iceberg puisque d’autres procès visant différents acteurs et responsables des atrocités commises sous le Troisième Reich ont découlé du premier. Entre autres le procès des médecins, le procès Pohl (la bureaucratie des camps de concentration), le procès des Otages (les généraux basés dans l’ Sud-Est de l’Europe), le procès des Einsatzgruppen. Mais celui qui a retenu l’attention du scénariste américain Abby Mann (1927-2008) est celui moins connu des Juges et des juristes.
Dans ce procès, le troisième de Nuremberg, les accusés étaient seize juristes et avocats allemands. Neuf avaient été fonctionnaires du Reich au ministère de la Justice, d’autres étaient procureurs et juges de tribunaux spéciaux et tribunaux populaires du Troisième Reich. Ils étaient tenus pour responsables de la mise en œuvre et la promotion de la « pureté raciale » nazie par le biais d’un programme d’eugénisme et de lois raciales. C’est tout d’abord la télévision et le réseau CBS qui s’emparent du sujet d’Abby Mann (né d’une famille juive d’origine russe), dans le cadre de son programme Playhouse 90, qui proposait quelques téléfilms de 90 minutes. Réalisé par George Roy Hill et diffusé en avril 1959, Judgment at Nuremberg ne parvient pas réellement à trouver son public, malgré la présence de Claude Rains dans le rôle du juge Dan Haywood et de Maximilian Schell dans celui de l’avocat de la défense allemand Otto Rolfe. Amie d’Abby Mann, Katharine Hepburn montre ce téléfilm à son compagnon Spencer Tracy. Bien qu’extrêmement fatigué, le comédien se laisse séduire par l’idée d’interpréter le juge Haywood. Abby Mann reprend son scénario et l’étoffe en se basant une fois de plus sur de véritables archives et les vraies plaidoiries. Bien que non mentionné, le comédien Montgomery Clift collabore également à l’écriture du film. Spencer Tracy accepte à la condition que Stanley Kramer (1913-2001) réalise, vu que les deux hommes s’étaient merveilleusement entendus l’année précédente sur Procès de singe – Inherit the Wind. La production est lancée. Jugement à Nuremberg est une date dans l’histoire du cinéma.
Tout comme le procès des criminels de guerre en 1945, celui des hauts fonctionnaires du régime nazi se déroule à Nuremberg en 1948. Haywood, un vieux juge à la retraite désigné par les Etats-Unis, préside les séances. Quatre accusés sont présents. Trois plaident non-coupables, le quatrième, Janning, un juge à la réputation de haute probité, souhaite se taire, trouvant ce procès indigne et non fondé. Les pressions politiques deviennent de plus en plus fortes autour de la personnalité de Haywood. On lui demande d’être clément. Il s’y refuse. Il tente cependant de comprendre (« Je veux comprendre, vraiment, il le faut ! ») le comportement des accusés en discutant avec la veuve d’un général, pendu pour avoir commis des atrocités.
Stanley Kramer et Abby Mann font le pari de se concentrer uniquement sur le procès méconnu des Juges, survenu trois ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale et le procès des grands dirigeants nazis, alors que l’Allemagne et le reste de l’Europe entamaient leur reconstruction. Seulement voilà, ce ne sont pas des hommes comme les autres qui doivent faire face à la justice et répondre de leurs actes. Ceux-ci sont accusés d’avoir ordonné la stérilisation de Juifs ou d’avoir envoyé des milliers d’hommes dans les camps de la mort. Personne ne veut juger et la plupart s’en désintéressent, raison pour laquelle un vieux juge est appelé à la rescousse. Les tensions entre les Américains et les Soviétiques se resserrent. La guerre froide naît. Si le réalisateur adopte le point de vue du juge américain que le gouvernement américain a sorti de sa retraite pour venir conduire ce procès, Stanley Kramer préfère mettre les spectateurs dans sa peau comme témoin avant tout, comme vecteur.
Par un procédé aussi risqué qu’inventif, le cinéaste parvient à basculer de la langue allemande à l’anglais, pour offrir ainsi à ses comédiens un plus grand confort de jeu, mais aussi pour une meilleure exportation du film à l’international. Durant sa première plaidoirie, l’avocat Hans Rolfe (Maximilian Schell, qui reprend son rôle tenu dans le téléfilm), s’exprime tout d’abord en allemand, traduit en anglais par des traducteurs via un micro relié à des écouteurs portés par les américains. Par un effet de mise en scène inattendu, la langue bascule définitivement en anglais, tandis que les traducteurs continuent visiblement leur travail dans leur cabine. John McTiernan s’inspirera de ce subterfuge pour faire parler Sean Connery en anglais, après s’être rapidement exprimé en russe, dans A la poursuite d’Octobre Rouge. Jugement à Nuremberg peut alors véritablement démarrer.
180 minutes filmées comme un thriller ! Pas un seul moment de répit. Le spectateur est aspiré dans cet affrontement qui se tient essentiellement dans un tribunal. Stanley Kramer redouble d’inventivité derrière la caméra pour maintenir l’attention du spectateur (zooms sur les visages, sur les gestes, travellings, plans de grue), tandis que le grand chef opérateur Ernest Laszlo, collaborateur attitré de Robert Aldrich, capte les visages fatigués et les traits marqués des protagonistes. Certes, les dialogues sont très abondants, mais alors quelles répliques et surtout quels comédiens se font face et rivalisent de virtuosité ! Face à Spencer Tracy, impérial dans l’un de ses derniers rôles, apparaissent tour à tour Burt Lancaster (dans un rôle quasi-muet et qui ne s’exprime réellement qu’au bout de deux heures de film), Richard Widmark, dont le tempérament de feu explose l’écran une fois de plus, Marlene Dietrich qui représente l’Allemagne « victime » des atrocités du dictateur, Maximilian Schell, époustouflant et saisissant (lauréat de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle et du Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique), Judy Garland (bouleversante) et Montgomery Clift qui incarne la victime d’un faux procès qui a conduit à sa stérilisation en raison de ses troubles mentaux.
Entre deux plaidoiries, toutes plus extraordinaires les unes les autres, Stanley Kramer s’offre quelques moments pour permettre à ses personnages (et aux spectateurs) de souffler, en mettant le nez à l’extérieur, en suivant Haywood déambuler dans les rues de Nuremberg, près des habitations en ruine et des lieux où Hitler crachait ses discours devant ses admirateurs au bras levé. La rencontre d’Haywood avec madame Berthold (Marlene Dietrich) le place face au ressenti d’une nation tout entière, consciente d’être désignée comme coupable, mais également comme victime puisqu’inconsciente (ou non) des actes atroces commis par les nazis envers les juifs dans les camps de concentration. A ce titre, Jugement à Nuremberg reste également très célèbre pour la séquence où le colonel Ted Lawson (Richard Widmark) fait projeter à l’assemblée les (authentiques) images tournées durant la libération des camps, avec les corps dans les charniers, les enfants parqués, le fruit des expériences menées par les « scientifiques » du Troisième Reich.
Stanley Kramer expose les faits, les paroles tenues d’un côté et de l’autre. Bien sûr, l’issue est connue de tous, mais le cinéaste et Abby Mann (Oscar du meilleur scénario) vont plus loin en montrant que ces quatre monstres exposés à la vue de tous sont avant tout des êtres humains dont la pensée et les actes ont été « libérés » par un autre, grâce à son charisme, à son talent d’orateur, à son « patriotisme ». Les auteurs ne stigmatisent pas seulement les allemands (« si l’Allemagne est coupable, le monde l’est aussi, y compris les industriels américains qui ont participé au réarmement de l’Allemagne » déclare Rolfe), et démontrent que le mal est universel, qu’il n’a pas de visage et qu’il peut frapper à nouveau si nous n’y prenons pas garde.
Comment répondre à la question de la responsabilité individuelle et collective ? Comment sanctionner une nation alors que les Etats-Unis tentaient de s’en faire un allié contre les Soviétiques au tout début de la guerre froide ? Le jugement rendu par Hayward devrait être diffusé et étudié dans toutes les écoles, tandis que la dernière réplique du personnage – qui tombe comme un couperet – envers celui campé par un Burt Lancaster incroyable dans le rôle du démon conscient de ses actes, ne cesse de trotter dans la tête. Jugement à Nuremberg est un immense chef d’oeuvre. Sur onze nominations aux Oscars, le film est récompensé par deux statuettes, tandis que Stanley Kramer reçoit de son côté le Golden Globe du meilleur réalisateur.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Jugement à Nuremberg, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. Jaquette sobre, concentrée sur les visages des immenses stars du film. Le menu principal est fixe et musical. A noter que le film n’est pas présenté avec ses cartons d’ouverture, d’entracte et de fermeture diffusés à sa sortie, en raison de sa durée de 3 heures. Jugement à Nuremberg était sorti en DVD en 2004 chez MGM dans une édition aujourd’hui complètement obsolète.
Le premier supplément est une discussion entre l’auteur et scénariste Abby Mann et le comédien Maximilian Schell, réalisée en 2004 (20’). Si les deux intervenants passent un peu trop de temps à se féliciter l’un et l’autre (Abby Mann n’hésite pas à lui dire que le succès du film lui revient), ce rendez-vous permet d’en savoir plus sur la genèse et la première adaptation de Judgment at Nuremberg (dont nous parlons dans la critique), mais aussi et surtout de la performance de Maximilian Schell. Ce dernier évoque également son interprétation d’Ernest Janning (rôle tenu par Burt Lancaster dans le film) dans l’adaptation pour le théâtre, jouée à Broadway en 2001. Quelques anecdotes de tournage sont également au programme.
Karen Sharpe Kramer, épouse et veuve du cinéaste, évoque sa rencontre avec Stanley Kramer, les thèmes récurrents de l’oeuvre de feu son époux, sa passion pour le cinéma et son rapport aux comédiens (2004 – 14’30). Des photos de plateau de Jugement à Nuremberg viennent illustrer l’ensemble, ainsi qu’une intervention d’Abby Mann.
Ce dernier est de retour dans le dernier module intitulé La Valeur d’un seul être humain (6’), qui se focalise cette fois sur le verdict du juge Haywood, sur l’écriture de Jugement à Nuremberg et les intentions de l’écrivain.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Oui de très nombreuses tâches, des points noirs et d’autres poussières apparaissent encore fréquemment à l’image, mais le master HD de Jugement à Nuremberg ne déçoit pas. Quelques images d’archives au tout début font craindre le pire, mais la vraie copie apparaît dès l’arrivée du juge Haywood à Nuremberg avec des transparences toutefois très artificielles sur les scènes en voiture. Pas de réducteur de bruit, le grain est présent, la gestion est même parfois aléatoire avec une image plus grumelée sur certains aplats. Les très nombreux gros plans regorgent de détails (la sueur sur la peau, les cicatrices sur le visage de Montgomery Clift, le maquillage de Burt Lancaster), le rendu des matières (les boiseries) est palpable, la copie est stable. Le N&B est peut-être un peu léger, mais les contrastes trouvent un équilibre plaisant.
Pas de son HD. On peut d’abord tiquer quant à la présence d’une piste anglaise Dolby Digital 5.1, mais celle-ci parvient à tirer son épingle du jeu du point de vue spatialisation de la musique et sur les scènes en extérieur, même si tout reste relatif et anecdotique. N’hésitez pas à sélectionner la mixage anglais PCM 2.0, la meilleure option de ce Blu-ray, même si l’écoute reste souvent étouffée et marquée par un souffle. La version française vaut surtout pour son casting royal composé de Serge Nadaud, Claude Bertrand, Raymond Loyer, Lita Ricio, Roger Rudel…
LA NONNE (The Nun) réalisé par Corin Hardy, disponible en DVD et Blu-ray chez Warner Bros. le 23 janvier 2019
Acteurs : Taissa Farmiga, Demian Bichir, Jonas Bloquet, Bonnie Aarons, Ingrid Bisu, Charlotte Hope, Sandra Teles, August Maturo…
Scénario : Gary Dauberman
Photographie : Maxime Alexandre
Musique : Abel Korzeniowski
Durée : 1h36
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Quand on apprend le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye roumaine, la stupéfaction est totale dans l’Église catholique. Le Vatican missionne aussitôt un prêtre au passé trouble et une novice pour mener l’enquête. Risquant leur vie, les deux ecclésiastiques doivent affronter une force maléfique qui bouscule leur foi et menace de détruire leur âme. Bientôt, l’abbaye est en proie à une lutte sans merci entre les vivants et les damnés…
En 2013, Conjuring : Les dossiers Warren, produit avec un budget modeste de 13 millions de dollars en rapporte 318 millions dans le monde. Bien que surestimé, le film de James Wan (Saw, Insidious 1 et 2) casse la baraque y compris en France avec plus d’1,1 million d’entrées. Annabelle n’est pas une suite, mais un spin-off préquel dirons-nous puisque l’action se déroule avant celle de Conjuring et se focalise sur « l’origine » de la poupée maléfique aperçue dans la salle des trophées du couple d’exorcistes dans l’oeuvre de James Wan. Un film à tout petit budget (5 millions de dollars !) pour surfer allègrement sur le triomphe de Conjuring et en espérant amasser le plus possible de billets verts. Avec 245 millions de dollars de recette et 1,5 million d’entrées en France, la mission est réussie. 2016, James Wan donne suite aux aventures des Warren avec Conjuring 2 : Le Cas Enfield : 315 millions de dollars récoltés. La Warner n’allait pas laisser passer l’opportunité de surfer sur le succès d’Annabelle en lui donnant une suite, une préquelle plutôt avec Annabelle 2 : La Création du mal, qui se permet de surpasser le premier volet au box office avec 305 millions de dollars de recette pour un budget de 15 millions. Une entreprise très lucrative. James Wan et les studios ont le nez fin. Sachant que le personnage de la Nonne maléfique de Conjuring 2 : Le Cas Enfield avait fait sensation auprès des spectateurs, un nouveau spin-off est encore imaginé. Voici donc tout simplement La Nonne – The Nun, « premier » volet dans l’ordre chronologique des événements de la franchise et qui est devenu le plus grand succès commercial de la saga. S’il n’a rien de bien innovant, La Nonne est cependant une agréable surprise avec ses superbes décors gothiques, une photo élégante et une solide interprétation.
Par une sombre nuit de l’année 1952, deux nonnes terrifiées se rendent dans les catacombes de leur abbaye de Saint-Carta, en Roumanie. Après avoir ouvert une sinistre porte sur laquelle sont gravés les mots « Finit hic deo » (Dieu s’arrête ici), l’une des nonnes disparaît dans l’obscurité, tandis que l’autre, après s’être enfuie, finit par se pendre en se jetant par une fenêtre de l’abbaye. La nouvelle de sa mort se répand rapidement après la découverte de son corps pas un jeune paysan des environs. Or, le suicide étant considéré par l’Eglise comme un péché envers Dieu, un prêtre au passé trouble et une sœur novice sont missionnés par le Vatican pour mener l’enquête. Une fois sur place, les deux ecclésiastiques constatent que malgré son passé glorieux, l’abbaye est devenu un lieu sinistre et délabré, craint par les habitants de la région. Seul le paysan ayant découvert le corps de la nonne, un Québécois installé sur place depuis plusieurs années, accepte de les y accompagner. Leur première impression se révèle rapidement exacte puisqu’à peine arrivés sur place, après avoir été « accueillis » par la mère supérieure du couvent dissimulée sous un voile noir, le paysan se fait attaquer sur le chemin du retour par la nonne suicidée revenue d’entre les morts. Le prêtre et la novice ne sont pas non plus épargnés, puisque le premier, réveillé par l’apparition d’un jeune garçon qu’il n’a pu sauver quelques années auparavant, est enterré vivant, puis sauvé par la novice, elle-même attaquée à son tour par une nonne malfaisante. Il semble donc clair que de sombres forces sont à l’œuvre et les deux ecclésiastiques décident de mener l’enquête chacun de leur côté. Le prêtre s’occupe de rassembler des informations sur la présence maléfique, tandis que la novice part à la recherche des Sœurs.
Avec son personnage de religieuse peu catholique, son prologue et son épilogue, La Nonne fait évidemment le lien avec les autres épisodes et notamment le premier opus réalisé par James Wan. Non seulement ça, le personnage principal Sister Irene est interprété à l’écran par…Taissa Farmiga, la sœur de Vera Farmiga, alias Lorraine Warren dans les deux épisodes Conjuring. Un lien qui n’est pourtant pas utilisé dans le récit, mais qui n’en demeure pas moins troublant. D’ailleurs, en ce qui concerne les acteurs, outre l’excellente Taissa Farmiga (vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola et La Mule de Clint Eastwood), nous retrouvons également le comédien mexicain Demián Bichir, qui plongé dans la pénombre rappelle un peu notre Gilles Lellouche national et qui s’impose dans le rôle du Père Burke. N’oublions pas le belge Jonas Bloquet, aperçu et apprécié chez Joachim Laosse (Elève libre), Guillaume Brac (Tonnerre) et Paul Verhoeven (Elle), dont la carrière internationale s’ouvre toujours un peu plus après un détour chez Luc Besson (Malavita, Valérian et la Cité des mille planètes) et McG (3 Days to Kill).
Nettement plus solide qu’Annabelle, La Nonne flatte les rétines avec ses décors naturels filmés en Roumanie, mais aussi son atmosphère et ses ambiances réussies. Le récit rappelle parfois Sanctuaire de Michele Soavi, chose amusante quand on sait que le premier long métrage du réalisateur Corin Hardy s’intitulait…Le Sanctuaire. Si les autres spin-off étaient également des projets bâtis uniquement pour remplir le tiroir-caisse de la Warner, La Nonne (à qui l’impressionnante Bonnie Aarons prête son visage émacié) peut compter sur la passion pour le genre horrifique du réalisateur.
S’il reste avare en scènes fortes et marquantes, le dernier tiers enchaîne les sursauts attendus et efficaces, après une longue, lente, mais maîtrisée exposition qui ne manque certainement pas de charme. En attendant un retour prévisible de la Nonne sur les écrans, nous pourrons découvrir d’ici là le troisième volet d’Annabelle, le troisième de Conjuring, tandis qu’un autre spin-off, consacré cette fois au Crooked-Man, l’Homme tordu aperçu dans Conjuring 2 : Le cas Enfield est en préparation. Le producteur James Wan a du pain sur la planche !
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de La Nonne, disponible chez Warner Bros., repose dans un boîtier classique de couleur bleue et écolo (moins de plastique). Le menu principal est fixe et musical.
Une toute petite
interactivité consacrée au dernier-né de la franchise Conjuring !
Le premier module de 5 minutes se contente de mettre en valeur la « nouvelle icône » du cinéma d’horreur, qui donne son titre au spin-off de la franchise Conjuring. James Wan, mais aussi les comédiens, le scénariste Gary Dauberman (lui-même à la barre du prochain Annabelle) et le réalisateur Corin Hardy présentent ce préquel de la saga, en se penchant surtout sur les conditions de tournage.
Le supplément suivant se concentre lui sur les lieux de tournage en Roumanie (6’), les décors naturels, ainsi que ceux reconstitués afin de donner vie à l’univers de La Nonne.
Le troisième bonus replace tout naturellement La Nonne dans l’univers cinématographique de Conjuring (4’).
L’interactivité se clôt sur 12 minutes de scènes coupées, intéressantes et qui auraient mérité d’être incluses au montage final.
L’Image et le son
On frôle l’excellence : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, désaturées pour donner un aspect fifties, et chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Heureusement, les scènes sombres sont logées à la même enseigne. Ce master HD de La Nonne permet de se plonger dans le film dans de superbes conditions.
Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère du film grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 et Dolby Atmos anglais. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces options sonores ne font pas dans la dentelle. En effet, la composition est parfois trop mise à l’avant pour en mettre plein les oreilles et aurait mérité d’être un peu plus équilibrée sur l’ensemble des enceintes. Mais bon, nous sommes en plein « conte » fantastique et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont donc soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées par tout le fracas sonore annexe. La version française bénéficie d’une piste Dolby Digital 5.1 qui parvient également à tirer son épingle du jeu même si l’ensemble se révèle évidemment en deçà de son homologue en terme de fluidité et d’homogénéité.
EN EAUX TROUBLES (The Meg) réalisé par Jon Turtletaub, disponible en DVD, Blu-ray et Ultimate Edition – 4K Ultra HD + Blu-ray 3D + Blu-ray chez Warner Bros. le 22 décembre 2018
Acteurs : Jason Statham, Li Bingbing, Rainn Wilson, Cliff Curtis, Winston Chao, Ruby Rose, Page Kennedy, Robert Taylor, Ólafur Darri Ólafsson…
Scénario : Dean Georgaris, Jon Hoeber, Erich Hoeber d’après le roman « The Meg » de Steve Alten
Photographie : Tom Stern
Musique : Harry Gregson-Williams
Durée : 1h54
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Au cœur de l’océan Pacifique, le sous-marin d’une équipe de chercheurs a été attaqué par une créature gigantesque qu’on croyait disparue : le Megalodon, un requin préhistorique de 23 mètres de long. Le sauveteur-plongeur Jonas Taylor doit risquer sa vie pour sauver les hommes et les femmes prisonniers de l’embarcation… et affronter le prédateur le plus terrible de tous les temps.
Vous vous souvenez des Dents de la mer ? Ce petit film de Steven Spielberg qui a juste révolutionné le cinéma de divertissement en 1975, au point de devenir le « premier » blockbuster, ça vous rappelle quelque chose ? Alors vous pouvez dormir tranquille, car ce n’est pas En eaux troubles – The Meg, réalisé par le « yes man » Jon Turtletaub qui détrônera le chef d’oeuvre de Steven Spielberg. Même si on s’y attendait, cette série B au budget colossal de 130 millions de dollars n’arrive pas à la cheville de Jaws. S’il y avait tout sur le papier pour nous réjouir, c’était sans compter sur la décision de la production de couper purement et simplement les séquences jugées trop « sanglantes ». Entre fausses promesses d’offrir aux spectateurs un film de genre aux séquences violentes et une sortie au cinéma finalement pour tout public, En eaux troubles a engrangé plus d’un demi-milliard de dollars et attiré 1,6 million de français dans les salles. Mais, malgré toute l’affection que l’on peut avoir pour Jason Statham, rien ou presque ne fonctionne dans ce produit sans âme et qui peine à remplir son cahier des charges de l’ « entertainment ».
Jonas Taylor est un ancien capitaine de la Marine et un plongeur spécialisé dans les eaux profondes. Il est recruté pour plonger dans l’océan Pacifique, pour sauver une équipe de scientifiques coincée dans l’épave d’un submersible attaqué et endommagé par un requin préhistorique de vingt mètres de long, connu sous le nom de Mégalodon. Engagé par un océanographe chinois, Taylor devra surmonter ses peurs et affronter une deuxième fois le prédateur qu’il a auparavant rencontré lors d’une expédition pour sauver des hommes et des femmes piégés dans les profondeurs de l’océan.
Franchement, ça aurait eu de la gueule, surtout avec Eli Roth – initialement prévu – à la barre qui souhaitait un film Rated R. Le britannique qui se retrouve face au plus grand requin du monde, un animal préhistorique en fait, avec des bouillons de sang autour des deux adversaires…mais cela restera de l’ordre du fantasme. En eaux troubles, aka The Meg ou bien encore Mégalodon chez nos amis québécois, ne parvient jamais à aller au-delà de son affriolant postulat de départ. Production sino-américaine oblige, l’action se déroule en plein océan Pacifique avec quelques comédiens chinois. Pour mettre en scène, en mouvement plutôt, ce récit, la Warner a confié le joujou à Jon Turtletaub, rescapé des années 1990 grâce aux succès de Rasta Rockett (1993) et Phénomène (1996) avec John Travolta, puis plus tard des deux Benjamin Gates (2004 et 2008) où Nicolas Cage se mettait à la recherche du Trésor des Templiers et du Livre des secrets. Après un passage à vide et deux pitreries oubliées dès leur passage dans les salles (L’Apprenti sorcier et Last Vegas), ce « maker » prend les commandes de cette attraction destinée à remplir le tiroir-caisse de la Warner durant l’été 2018. Le studio change alors son fusil d’épaule et coupe les scènes de carnage promises au public et sur lesquelles s’est vendu le film suite à l’achat des droits du roman de Steve Alten, Meg : A Novel of Deep Terror, publié en 1997. Le résultat à l’écran est navrant.
Non seulement Jon Turtletaub ne crée aucune tension à l’écran, mais il n’insuffle aucun rythme non plus. Les images glacées et bleutées sont compilées sans aucune gestion de la dramaturgie, chaque séquence agitée est expédiée à travers un montage chaotique. Tout cela, sans oublier la direction d’acteurs en tout point inexistante. Si Jason Statham n’est certes pas le comédien le plus expressif de la planète, sa prestation s’inscrit dans le top de ses pires performances. Ruby Rose continue sa collection de navets-nanars (on sauvera John Wick 2 hein) en affichant la même moue et ses tatouages. On préférera revoir Instinct de survie– The Shallows pour mater Blake Lively, ou même Peur bleue de Renny Harlin, sorti en 1999 au moment où Disney planchait justement sur l’adaptation du livre de Steve Alten. Au moins, on y rigolait bien et on ne ronflait pas comme devant ce truc bien trop sérieux et qui coûte presque trois plus cher.
LE BLU-RAY
En eaux troubles, disponible chez Warner Bros., est arrivé dan une édition Steelbook comprenant l’édition 4K du film, le Blu-ray standard et sa version 3D. Les suppléments sont disposés sur la version Blu-ray. Le menu principal est fixe et musical.
Hum…Pas grand-chose à se mettre sous la dent…Il faudra se contenter de deux featurettes promotionnelles, la première faisant office de making of officiel (12’), la seconde étant centrée sur la création du Meg (10’30). Les comédiens, quelques responsables des départements techniques et surtout le réalisateur Jon Turtletaub reviennent sur les conditions de tournage, la préparation à la plongée des comédiens et l’investissement de Jason Statham (grand absent de cette interactivité) dans ses scènes d’action.
L’interactivité se clôt sur une pub du genre « Viendez en Nouvelle-Zélande » avec l’équipe qui loue la beauté du pays et la facilité des prises de vue dans un cadre idyllique (2’).
Dommage de ne pas pouvoir
bénéficier des scènes coupées…
L’Image et le son
Evidemment, c’est absolument fabuleux ! L’image UHD est tellement ahurissante que l’on parvient à distinguer les égratignures, les cicatrices, et la nageoire dorsale du Meg qui comporte des trous et des traces de morsure. Disque de démonstration, l’édition 4K d’En eaux troubles aveugle avec ses scènes diurnes luminescentes, la transparence de l’eau, ses bleus tétanisants, son piqué acéré comme la lame d’un scalpel et ses contrastes d’une densité abyssale (oh oh). Ajoutez à cela des détails à foison aux quatre coins du cadre large et des noirs sublimes, et vous obtenez ce qui s’avère probablement un des plus impressionnants master 4K actuellement sur le marché.
Sans surprise, dès l’apparition du logo Warner, le fracassant et immersif mixage Dolby Atmos-True HD anglais exploite les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film. C’est peu dire que The Meg met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Harry Gregson-Williams (Seul sur Mars, The Town) bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets en tout genre, déflagrations et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les dialogues. A titre de comparaison, la piste française Dolby Digital 5.1 fait pâle figure face à son homologue du point de vue homogénéité car trop rentre-dedans et manque singulièrement de finesse. Les rares séquences calmes jouissent d’un beau traitement de faveur. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs. Top démo là encore si vous désirez épater la galerie !
GUY réalisé par Alex Lutz,disponible en DVD le 9 janvier 2019 chez Studiocanal
Acteurs : Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot, Brigitte Roüan, Dani, Nicole Calfan, Élodie Bouchez, Bruno Sanches…
Scénario : Alex Lutz, Thibault Segouin, Anaïs Deban
Photographie : Mathieu Le Bothlan
Musique : Vincent Blanchard, Romain Greffe
Durée : 1h37
Date de sortie initiale: 2018
LE FILM
Gauthier, un jeune journaliste, apprend par sa mère qu’il serait le fils illégitime de Guy Jamet, un artiste de variété française ayant eu son heure de gloire entre les années 60 et 90. Celui-ci est justement en train de sortir un album de reprises et de faire une tournée. Gauthier décide de le suivre, caméra au poing, dans sa vie quotidienne et ses concerts de province, pour en faire un portrait documentaire.
C’est la grande surprise de la fin d’été 2018. Guy, second long métrage réalisé par Alex Lutz est un documenteur passionnant, troublant, fascinant et surtout merveilleusement interprété. Né à Strasbourg en 1978, Alexandre Lutz aka Alex Lutz, fait ses débuts au cinéma en 2008 dans Les Femmes de l’ombre de Jean-Paul Salomé. Parallèlement à son succès sur scène, il apparaît dans OSS 117 : Rio ne répond plus (2009), puis dans moult comédies pas franchement réussies (euphémisme) comme La Croisière, Bowling, Turf, Les Visiteurs : La Révolution, Les Aventures de Spirou et Fantasio. Pourtant, malgré la qualité « relative » de ces films, Alex Lutz a toujours brillé à chaque apparition. Pour son spectacle sobrement intitulé Alex Lutz, il se voit récompenser par le Molière de l’humour en 2016. A la télévision, depuis 2012 sur Canal+, il interprète la blonde du tandem Catherine et Liliane, aux côtés de son comparse l’excellent Bruno Sanches, dans la revue de presse du Petit Journal de Yann Barthès. En 2015, il passe tout naturellement de l’autre côté de la caméra avec sa première mise en scène, Le Talent de mes amis, qui passe complètement inaperçu. Trois ans plus tard, débarque ce Guy dont on n’attendait rien ou pas grand-chose, et qui pourtant s’impose comme une très grande réussite. En reprenant le personnage d’un de ses sketchs joué à la cérémonie des Molières, Alex Lutz explose littéralement à l’écran. Un rôle qui le place en grand favori pour le César du meilleur acteur. Le film est d’ailleurs nommé dans trois autres catégories, meilleur réalisateur, meilleur film et meilleur scénario original.
Après avoir vu le film, le personnage de Guy nous accompagne. Son lent débit, ses doigts qui tiennent une cigarette fine, son regard qui semble toujours perplexe, sa bouche souvent ouverte (on a l’impression de voir André Dussollier), ses gestes ralentis, ses tâches de vieillesse (incroyable maquillage qui nécessitait plus de 4 heures pour transformer Alex Lutz), son dos courbé, ses cheveux blancs qui volent au vent. Guy c’est l’incarnation d’une idole qui a vieilli en même temps que ses fans. Si le film est souvent ponctué de répliques drôles et vachardes, Guy est une œuvre furieusement mélancolique. La tirade finale sur le temps qui passe, sur la postérité, sur le souvenir et la transmission foudroie le spectateur en plein coeur et il est alors difficile de retenir ses larmes.
Sous couvert d’un vrai documentaire sur une fausse star de la chanson française (inspiré d’Herbert Léonard, Guy Marchand, Michel Delpech, Julien Clerc, Frank Michael et bien d’autres), Alex Lutz, également auteur avec Vincent Blanchard et interprète des chansons originales créées spécialement pour le film (un vrai répertoire), s’interroge sur la brièveté de l’existence, en nous donnant envie de profiter au maximum du peu de temps qui nous est imparti. Film étonnamment riche et complexe, Guy délivre son message de façon subliminale, tandis que nous admirons le jeu d’Alex Lutz, qui nous fait croire à ce personnage, y compris une fois le film terminé. L’acteur-réalisateur s’entoure de solides comédiens, la géniale et trop rare Pascale Arbillot dans le rôle de la compagne dévouée et qui équilibre son compagnon, Tom Dingler qui incarne Gauthier, dont le spectateur adopte le point de vue du début à la fin, celui d’un fils qui découvre son père (qui ne sait rien de cette paternité), qui l’observe, qui le découvre, qui apprend à l’aimer. Nicole Calfan, Dani, Elodie Bouchez, Brigitte Roüan, Bruno Sanchez, ainsi que quelques vedettes de la radio et de la télévision participent à l’authenticité du film, tout comme les reconstitutions des shows à la Maritie et Gilbert Carpentier façon Podium.
Guy est le portrait d’un artiste quelque peu oublié des médias, qui n’a pourtant jamais cessé de travailler. C’est aussi une déclaration d’Alex Lutz envers son public, puisqu’on y ressent une envie folle d’aimer et d’être aimé. Pour résumer, Guy, présenté à la Semaine de la Critique du festival de Cannes, est un vrai petit miracle, un futur film culte et probablement le meilleur biopic jamais consacré à un artiste français.
LE DVD
Guy s’est malheureusement soldé par un échec dans les salles, d’où l’absence d’édition HD pour ce titre. Le DVD repose dans un boîtier Amaray classique de couleur noire. La jaquette reprend le visuel de l’affiche. Le menu principal est fixe et musical.
Pas grand-chose en guise de suppléments…quatre teasers d’une minute chacun, qui font également office de scènes coupées avec Guy à la radio, avec ses fans, avec Sophie et avec son webmaster.
L’Image et le son
A l’instar d’un réel documentaire ou d’un reportage pris sur le vif, le film d’Alex Lutz est la plupart du temps filmé à l’épaule. La copie est quasi exempte de défauts. Le piqué est constamment acéré sur les plans rapprochés, la colorimétrie est vive, la clarté fort agréable. Seules les séquences tournées en basse lumière apparaissent moins définies. Les contrastes sont soignés, le relief est indéniable et les séquences diurnes n’ont rien à envier à un transfert HD traditionnel.
Contrairement à ce que l’on pouvait attendre, la piste Dolby Digital 5.1 instaure quelques petites ambiances latérales au moment des séquences de concert ou même en extérieur. Les dialogues sont clairs et se détachent sans mal sur la centrale. La stéréo est également de fort bon acabit et dynamique à souhait. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.
ARROW– SAISON 6,disponible en DVD et Blu-ray le 28 novembre 2018 chez Warner Bros.
Acteurs : Stephen Amell, Katie Cassidy, David Ramsey, Willa Holland, Paul Blackthorne, Emily Bett Rickards, John Barrowman, Colton Haynes, Manu Bennett, Caity Lotz, Susanna Thompson, Echo Kellum…
Musique : Blake Neely
Durée : 22 épisodes de 43 minutes + 4 épisodes du crossover Crisis on Earth-X (avec Supergirl, Flash et DC’s Legends of Tomorrow)
Date de sortie initiale : 2017-2018
LA SAISON 6
Quelques mois après l’affrontement explosif avec Adrian Chase sur l’île de Lian Yu, Oliver jongle toujours entre ses responsabilités de maire et sa mission de justicier. Pour l’aider à protéger les habitants de Star City, son équipe reste soudée à ses côtés, même si tout le monde ne s’en est pas sorti indemne du cauchemar vécu sur Lian Yu. Une solidarité d’autant plus précieuse que leurs ennemis ne leur laissent pas de répit. Cayden James, le chef de Helix s’en prend désormais à l’équipe Arrow avec pour but de se venger du justicier en recrutant plusieurs mercenaires et connaissances d’Oliver dont Black Siren.
Difficile de se renouveler après 5 saisons et 115 épisodes ! Surtout après une cinquième saison épique, l’une des plus grandes du show, qui avait su apporter un vent de fraîcheur et qui reposait entre autres sur le meilleur bad-guy de la série, Prometheus. Après le final dantesque sur Lian Yu, la sixième saison démarre mollement et n’est clairement pas à la hauteur des espérances. Comme souvent, il faut attendre le crossover pour que la nouvelle saison d’Arrow démarre véritablement. Un bon tiers des épisodes font du surplace avec des intrigues éculées, indépendantes, où l’on nous ressert même Deathstroke, vedette d’un double-épisode, celui de sa quête de rédemption. Les auteurs tournent en rond, nous font croire qu’un cyber-terroriste machiavélique, Cayden James (Michael Emerson, lisse) sera le grand adversaire d’Oliver et de sa clique durant ces 23 épisodes. Pour secouer un peu la fourmilière, les scénaristes ont décidé cette saison de semer la discorde au sein de l’équipe de justiciers, au point de les séparer en deux équipes distinctes. Oliver se retrouve donc seul avec John et Felicity, tandis que Curtis (Echo Kellum, très bon), Rene (Rick Gonzalez, bad-ass) et Dinah font comme qui dirait « chambre à part ». Cette séparation fait partie du plan de celui qui manipule en réalité tout ce beau monde, Ricardo Diaz. Ce dernier est interprété par le convaincant Kirk Acevedo (Oz), qui possède la voix d’Al Pacino et une part de son charisme animal.
Le problème, c’est que les showrunners mettent bien trop de temps pour dévoiler le pot aux roses et que le peu d’intérêt des épisodes précédents finit par s’effondrer. Comme bien souvent, quelques personnages sont sacrifiés au fil des saisons. Cette fois, Paul Blackthorne aka Quentin Lance, dans sa dernière apparition dans la série, est vraiment insupportable. Il est malheureusement peu aidé par une intrigue bien trop récurrente en ce qui le concerne, autrement dit le deuil impossible de sa fille Laurel. Les scénaristes eux-mêmes ont avoué par la suite qu’ils ne savaient plus quoi lui faire faire. Il n’est pas le seul à être évincé devant le peu d’inspiration des auteurs, qui ont décidément trop de personnages à gérer, et contre toute attente c’est également au tour de Willa Holland (Thea Queen) de quitter (provisoirement?) le show.
Pour résumer (avec spoilers) cette saison diffusée du 12 octobre 2017 au 17 mai 2018 sur The CW, aux États-Unis : Cinq mois ont donc passé depuis l’explosion de Lian Yu. Oliver (Stephen Amell, qui n’a eu de cesse de s’améliorer au fil des saisons est ici parfait) a repris son poste de maire ainsi que le costume de Green Arrow. Il a recueilli son fils William, sa mère Samantha étant morte sur l’île. Sur le terrain, Oliver et son équipe doivent arrêter Alex Faust, terroriste spécialiste des explosifs financé par Black Siren (l’insupportable Katie Cassidy), que tous pensaient morte sur Lian Yu. À la suite de la révélation de la photo d’Oliver dans le costume de Green Arrow, Oliver fait l’objet d’une campagne de presse insistante et d’une enquête du FBI. Oliver ne peut donc pas renfiler le costume sans risquer d’être démasqué ni d’être tué et laisser William orphelin, mais Anatoly Knazyev revient à Star City pour s’en prendre à une délégation markovienne. Dinah (la sexy Juliana Harkavy) voit que Diggle (David Ramsey au jeu soporifique) cache la vérité sur sa condition qui le retient d’utiliser son arme sur le terrain. Sous le coup d’une enquête du FBI et avec son fils qui a besoin de sa présence, Oliver a confié le costume de Green Arrow à Diggle (rires). Dinah s’inquiète que la condition physique du nouvel archer ne soit un danger pour l’équipe, mais devant une unité para-militaire cherchant à mettre la main sur un gaz neurotoxique, c’est la capacité de Diggle à faire des choix difficiles qui pose problème.
Oliver consacre plus de temps à son fils, mais pour l’aider dans ses études, il préfère demander de l’aide à Felicity (Emily Bett Rickards, en retrait dans cette saison). Black Siren réapparaît à Star City et laisse les corps de personnes a priori sans histoire. Felicity ne peut les aider à faire le lien car Alena l’appelle au secours : Cayden James, le pirate informatique qu’elle a malgré elle fait libérer, s’est retourné contre Helix et a un plan visant à détruire le réseau Internet. Pendant ce temps, Oliver part avec Slade Wilson pour Kasnia, où Joe, le fils de Slade, est prisonnier. Slade espère utiliser une voie diplomatique pour le libérer. Diggle est donc chargé de défendre Star City alors que le « Justicier » réapparaît avec dans son viseur, la conseillère Pollard, qui défend son décret anti-justiciers. L’agent spécial Watson interroge un à un les amis de Oliver. Tandis que Slade continue de découvrir ce qu’est devenu son fils, Oliver cherche un moyen d’empêcher les attentats prévus par les Chacals. Pendant ce temps, Green Arrow mène l’équipe dans une bataille contre le « Dragon », un criminel du nom de Ricardo Diaz qui assassine et vole de la technologie coûteuse à Star City afin de fabriquer des drogues très puissantes et qui s’avère être le dealer auprès de qui John Diggle s’approvisionne afin de contrôler ses tremblements. Oliver est arrêté pour les crimes du Green Arrow alors que Black Siren et Cayden James réapparaissent pour dérober de quoi construire une bombe dévastatrice. La santé de John empire et personne n’est de taille à être le Green Arrow contre la menace.
A la fin du crossover en quatre parties (voir notre chronique sur la quatrième saison de Flash), Oliver et Felicity célèbrent leur mariage lors d’une grande réception. Mais rapidement, leurs missions les rappellent : l’agent Watson a un témoin prêt à dénoncer Oliver sous serment, visiblement un membre de l’équipe, et au même moment, Black Siren enlève Quentin Lance pour forcer le Green Arrow à voler un bien détenu par ARGUS. Devant l’importance des enjeux, Oliver commence à remettre en question la confiance qu’il a en son équipe. L’équipe se sépare. Oliver se retrouve seul à affronter sur le terrain Cayden James, mais il a la surprise de voir que le hacker s’est associé avec plusieurs ennemis de Green Arrow. Cayden James commence une vague de piratage des infrastructures de Star City et les premières victimes se font vite connaître. Oliver se prépare à agir à la fois en tant que maire et Green Arrow, tout en espérant une collaboration avec ses anciens alliés. Oliver et John découvrent que le Vigilante est un agent double et collabore avec Dinah, Curtis et Rene pour faire tomber Cayden James. L’ARGUS s’étant montré incapable de contrer la menace du hacker sur Star City, Oliver accepte l’aide du justicier. Quentin pense pouvoir se rapprocher de Laurel. Felicity et Alena parviennent à prouver que la vidéo du meurtre d’Owen James a été trafiquée. Cayden James lance alors un dernier ultimatum : lui livrer ses trois anciens partenaires en vie avant minuit ou la bombe qui rasera Star City explosera. Mais Dinah est résolue à saisir la première opportunité pour tuer Black Siren.
La mort de Cayden James met Star City et son maire, Oliver Queen, dans une situation délicate : les 70 millions extorqués par le hacker ont disparu et Star City risque la faillite totale. Felicity découvre que c’est Black Siren qui a récupéré l’argent, avant de disparaître. L’autre Laurel a en fait été recueillie par Quentin en secret, persuadé de pouvoir la ramener dans le droit chemin. Black Siren s’est rendue à la police de Star City en se présentant comme Laurel Lance. Sa disparition soudaine permet de découvrir que c’est Ricardo Diaz qui tire les ficelles depuis la mort de Cayden James et qu’une partie de la police est sous ses ordres. Oliver a un autre objectif : Roy Harper a été capturé et torturé pour témoigner contre lui, et Thea veut le faire libérer. Thea se prépare pour une nouvelle vie avec Roy loin de Star City mais Nyssa al Ghul revient avec à ses trousses une nouvelle ligue des Assassins fondée avant sa mort par Malcolm Merlyn. Thea reconsidère alors son avenir tout comme Oliver qui peine à redonner le costume de Green Arrow à John. Dinah et Curtis continuent à démasquer un à un les policiers corrompus par Diaz. À mesure qu’Oliver combat le réseau de Ricardo Diaz, il découvre à quel point il s’étend dans Star City. John comprend qu’Oliver ne lui rendra pas le costume de Green Arrow, ce qui le met dans une colère sourde qu’il ne s’explique pas. Oliver, dans son premier costume d’Arrow, se lance dans une opération suicide, affrontant à lui seul les policiers corrompus qui protègent Ricardo Diaz. Quelques heures auparavant, il se débattait avec le conseil municipal qui envisage de lancer la procédure de destitution et constatait sa solitude alors que tous ses anciens alliés sont partis.
Ricardo Diaz quitte Star City avec Laurel pour la nouvelle étape de son plan : obtenir un rendez-vous avec les dirigeants du Quadrant, une organisation criminelle secrète mais puissante. Laurel va avoir l’occasion de découvrir ce qui pousse son partenaire à toujours prévoir un plan de longue durée. Oliver agit désormais seul comme justicier dans Star City. Felicity n’assurant plus ses arrières, elle se plonge dans le travail d’Helix avec Curtis. Rene sort de l’hôpital, prêt à renfiler le costume de Wild Dog et combattre le réseau de Diaz. Les Outsiders vont tomber sur une opération du Quadrant, déjà surveillée par ARGUS et Diggle. Oliver prend le risque de confronter Knazyev avec une offre : il peut réintégrer la Bratva s’il le souhaite, mais l’ancien Pakhan affirme renoncer à l’honneur de son ancien clan pour rester fidèle à Diaz, même s’il n’a aucun honneur. À peine prend-il le siège de maire que Quentin Lance découvre que Laurel est restée aux ordres de Diaz.
Le procès d’Oliver Queen pour ses actes de vigilantisme commence et Diaz a tout fait pour que le verdict soit coupable. Alors que les témoins défilent et que certains remettent en question leur allégeance envers le Dragon, Diggle a prévu un plan pour sortir Oliver libre du procès. Puisque Ricardo Diaz n’a pas réussi à faire tomber Oliver Queen et l’envoyer en prison, il change de plan et lance toutes ses forces pour le tuer avec son entourage. Les justiciers doivent se réunir avec le soutien d’ARGUS, mais aussi leur atout : Anatoly Knyazev, qui joue les agents doubles avec Diaz. Avec son arrangement avec Samandra Watson, Oliver a désormais le soutien du FBI pour démanteler le réseau de Ricardo Diaz au sein de Star City. Quentin Lance, en tant que maire et père d’adoption de Black Siren, devient la cible des pressions de Diaz. Pendant le combat, Oliver se réconcilie avec ses anciens alliés, prêt à leur confier la tâche de protéger la ville.
Quant au dénouement…nous ne le révélerons pas ici, mais cette saison 6 en demi-teinte n’est clairement pas à la hauteur de la précédente. La faute à trop d’épisodes qui ne servent tout simplement à rien. Cette fois, une bonne moitié de la saison rame trop pour retenir l’attention. n’ayant plus recours à l’intrigue parallèle sous forme de flashbacks, procédé qui commençait à s’épuiser et à fatiguer les spectateurs, les showrunners ont perdu leur appui quand ils étaient en manque d’inspiration. C’est donc ici flagrant puisqu’ils doivent désormais se concentrer sur le présent de leurs personnages, qui tournent souvent en rond, pour revenir à leur point de départ. Les spectateurs américains commencent d’ailleurs à se lasser puisque cette saison a enregistré les pires audiences depuis le début de la série. Nous l’avons déjà évoqué, mais le crossover en quatre épisodes est en revanche passionnant, excellemment réalisé et se permet même de surpasser la plupart des films DC Comics en dosant parfaitement l’action, l’humour, l’émotion, avec d’excellents effets visuels. Néanmoins, la saison va en s’améliorant et il faut s’armer de patience (beaucoup trop de longueurs, de redondances) car cela vaut franchement la peine. La série n’a jamais été aussi brutale et la violence de certaines séquences étonne. Diaz est un antagoniste très intéressant, torturé à souhait, déchaîné, cinglé et ses actes feraient parfois passer Deathstroke pour un enfant de choeur. L’épisode qui lui est entièrement consacré est d’ailleurs l’un des meilleurs de la saison.
Malgré cette semi-déception, on a quand même hâte de découvrir la septième saison (diffusée actuellement) afin de voir si les auteurs sauront cette fois être à la hauteur du twist qui clôturait la précédente. D’autant plus que la fin de la série est cette fois indéniablement envisagée.
LE BLU-RAY
La sixième saison d’Arrow en Blu-ray, disponible chez Warner Bros., se compose de quatre disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les quatre Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette. Signalons que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer l’intégralité de l’épisode crossover divisé sur les quatre séries DC. Cette édition se compose donc de 26 épisodes de 42 minutes.
Sur le premier disque, nous trouvons un module consacré au parcours de Slade Wilson aka Deathstroke au fil des précédentes saisons, jusqu’à son apparition dans la saison 6 (12’). Un bonus classique, composé d’images d’épisodes et d’interviews des producteurs.
Le second Blu-ray contient un débat bien rythmé entre les producteurs des séries DC, qui répondent aux questions de l’animateur Hector Navarro (42’) sur la création de l’énorme crossover, Crisis on Earth-X, composé des épisodes 8 de Supergirl, Arrow, Flash et DC’s Legends of Tomorrow. C’est ici que vous apprendrez chacune des étapes ayant conduit à cette histoire de tentative d’invasion de la Terre par des soldats nazis issus d’un monde dystopique appelé Terre-X. Les spoilers sont évidemment au rendez-vous. Chacun aborde la difficulté d’écrire pour une vingtaine de personnages réunis à l’écran et sur les défis finalement relevés.
Sur le troisième disque, l’éditeur propose un supplément sur le personnage de Cayden James (11’). Même chose que pour Deathstroke, les producteurs et scénaristes se contentent de paraphraser ce qui se passe dans la série. Alors attention aux spoilers très nombreux !
L’interactivité se clôt sur un best-of du Comic-Con 2017 avec notamment un résumé des présentations des nouvelles saisons de Supergirl, Flash, Arrow, DC’s Legends of Tomorrow et Gotham (58’).
L’Image et le son
Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont froides, toujours marquées par quelques touches vertes, caractéristiques du personnage principal. Le piqué est acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ très appréciable. Les séquences diurnes sont éclatantes et les scènes de nuit sont aussi bien définies. Warner Bros. met la barre haute et prend soin de l’arrivée de Arrow dans les salons avec même un léger et élégant grain typique du tournage avec la caméra Arri Alexa. Le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.
Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage nian-nian souvent indigne de la série. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.
THE BLACK CAGE (Black Hollow Cage) réalisé par Sadrac González-Perellón,disponible en DVD le 8 janvier 2019 chez Rimini Editions
Acteurs : Julian Nicholson, Lowena McDonell, Lucy Tillett, Haydée Lysander, Marc Puiggener, Daniel M. Jacobs, Will Hudson…
Scénario : Sadrac González-Perellón
Photographie : Iván Romero
Musique : Sergio Ramis
Durée : 1h41
Date de sortie initiale: 2017
LE FILM
Une jeune fille vit dans une maison isolée, au cœur des bois, avec son père et son chien loup. A la suite d’un accident, elle a perdu un bras. Que lui est-il arrivé ? Dans la forêt, elle découvre un mystérieux cube noir. Il semble avoir la faculté d’agir sur le passé…
Etrange film que The Black Cage aka Black Hollow Cage en version originale, premier long métrage réalisé en solo de l’espagnol Sadrac González-Perellón, après quelques courts aux très beaux titres (La jaula o Analogía de los pájaros, El señor cuello largo) et une mise en scène à deux têtes avec Sonia Escolano sur Le Départ de Myna (2009). Sur The Black Cage, il officie en tant que directeur de casting, designer du cube, opérateur caméra, producteur, scénariste et bien évidemment réalisateur. The Black Cage est une proposition de science-fiction intéressante sur le papier, mais qui peine à maintenir l’intérêt du spectateur du début à la fin. Les partis pris sont froids, glacials même, la mise en scène essentiellement composée de plans fixes peut dérouter et les enjeux sont somme toute limités. Néanmoins, il y a là une vraie personnalité, une âme, un ton, une forme qui ne peuvent laisser indifférents.
Le décor avec cette villa moderne constituée de grandes baies vitrées et perdue dans les bois rappelle celui d’Ex Machina, très grand film d’Alex Garland. La ressemblance est même troublante. On pense également au poussif (pour ne pas dire chiant) Morgane de Luke Scott avec cette jeune fille étonnante cloîtrée dans un environnement high-tech. Sans tomber dans l’ennui du second, mais loin de la virtuosité du premier, The Black Cage manque de chair. Beaucoup plus convaincant sur la forme que sur le fond, le film de Sadrac González-Perellón s’apparente à une œuvre de mathématicien, avec des événements calculés qui renvoient à d’autres, qui eux-mêmes sont la résultante d’autres éléments narratifs, puisque The Black Cage évoque le voyage dans le temps. Le problème c’est que tout est tellement figé, qu’il ne se crée aucune empathie, y compris pour Alice, interprétée par Lowena McDonell, qui passe très bien à l’écran et qui participe à la part de mystère distillée par l’intrigue, mais qui est finalement peu aidée par un personnage cloisonné et réduit au maximum.
Du coup, ce drame intimiste sur le deuil impossible se regarde essentiellement comme une expérience, tout ce qui tourne autour du bras mécanique et à la rééducation de la jeune fille amputée interpelle, tout comme cette chienne « parlante » qu’Alice appelle « maman », croyant que sa mère s’est réincarnée dans le canidé. Mais rien ou presque ne touche jamais vraiment les spectateurs, surtout dans le dernier tiers où le récit part dans tous les sens, au risque de perdre les spectateurs qui auront eu la patience d’arriver jusque-là. Certaines séquences étonnent par leur violence graphique, sèche, asphyxiante, osée même puisqu’elles mettent en scène des enfants. Les images sont belles, rien à redire là-dessus et le travail du chef opérateur Iván Romero est soigné avec sa photo entre chaud et froid, le reflet des vitres omniprésentes et ce cube étrange planté dans la forêt qui n’est pas sans rappeler le monolithe de 2001, l’Odyssée de l’espace.
The Black Cage ressemble à un film de fin d’études. On sent le potentiel de Sadrac González-Perellón, qui aime le genre, l’anticipation, la science-fiction, mais il lui faudrait un vrai sujet pour éviter de tomber dans cet écueil popularisé par Christopher Nolan, qui consiste à juxtaposer des images au vernis glacé, sans rythme, à la B.O. pompeuse, en espérant être considéré comme un nouveau prodige du cinéma. Sadrac González-Perellón a encore le temps de faire ses preuves. En tout cas, même s’il apparaît trop épuré, The Black Cage témoigne d’un vrai sens esthétique et c’est déjà pas mal.
LE DVD
The Black Cage apparaît dans les bacs français sous l’égide de Rimini Editions. Le visuel de la jaquette est suffisamment étrange pour attirer la curiosité du cinéphile. Le menu principal est animé et musical.
Seule la bande-annonce est disponible comme supplément.
L’Image et le son
Pas d’édition HD pour The Black Cage, mais un DVD de fort bonne qualité avec une copie éclatante dans les scènes diurnes (en forêt principalement) et aux contrastes élégants sur les séquences sombres et nocturnes. La colorimétrie est froide, aux teintes bleutées et vertes, la définition est solide, les noirs denses. Les visages sont peut-être un peu trop lisses, mais les détails ne manquent pas sur les décors. Notons également que le format 2.39 indiqué sur la jaquette semble recadré.
Seule la version originale est disponible. La piste Dolby Digital 5.1 instaure quelques ambiances sur les latérales avec le chant des oiseaux ou les insectes nocturnes. Quelques pics musicaux profitent également au caisson de basses. Les voix se détachent sans problème sur la centrale.