Test Blu-ray / Opéra, réalisé par Dario Argento

OPÉRA (Opera) réalisé par Dario Argento, disponible en combo Blu-ray+DVD le 20 octobre 2017 chez Le Chat qui fume

Acteurs :  Cristina Marsillach, Ian Charleson, Urbano Barberini, Daria Nicolodi, Coralina Cataldi-Tassoni, Antonella Vitale, William McNamara, Barbara Cupisti …

ScénarioDario Argento, Franco Ferrini

Photographie : Ronnie Taylor

Musique : Claudio Simonetti

Durée : 1h47 – version intégrale

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Une grande cantatrice doit interpréter Lady Macbeth dans une originale adaptation de la pièce d’opéra de Verdi. Or elle n’apprécie pas les choix artistiques de Marco, le metteur en scène. Elle part furieuse des répétitions et se fait renverser par une voiture. Pour la remplacer est choisie la jeune Betty, qui fait un triomphe. Malheureusement, son succès rappelle de sombres souvenirs à un fan dérangé qui va aller la rejoindre…

De l’avis général, Opéra, réalisé deux ans après Phenomena, est le dernier grand film de l’immense cinéaste Dario Argento. Si le film n’a pas bénéficié d’une exploitation dans les salles françaises, il sera plus tard distribué en VHS dans les années 1990 sous le titre Terreur à l’opéra. Le tournage de ce dixième long métrage a été exténuant pour le maestro et n’a malheureusement connu aucun succès dans les salles italiennes en décembre 1987. Il est aujourd’hui – et avec raison – considéré comme l’ultime chef d’oeuvre de son auteur. De l’avis même du réalisateur, Opéra est le film dans lequel il a placé toutes ses connaissances cinématographiques, en voulant mettre une idée différente dans chaque plan durant 1h45. Si la censure, qu’il combattait depuis ses années de critique cinéma au quotidien romain Paese Sera, a été très sévère avec le cinéaste sur ce film en particulier, y compris lors de son exploitation en VHS où tout le final en Suisse a été purement et simplement coupé, Opéra reste et demeure un immense film ambitieux, cher (7 millions de dollars de budget), dont la virtuosité ininterrompue laisse pantois d’admiration.

Suite à l’accident de la cantatrice principale, une jeune chanteuse lyrique, Betty (la comédienne espagnole Cristina Marsillach), est choisie pour interpréter le rôle de Lady Macbeth dans l’opéra de Verdi, œuvre ayant la réputation de porter malheur. Commence une série de meurtres dans l’entourage de la jeune femme qui se voit poursuivie par un mystérieux fan possessif. Avec l’aide du metteur en scène, Marco (Ian Charleson), Betty cherche à comprendre si elle n’est pas liée à l’assassin qui parsème l’opéra de corps mutilés. Jusqu’où la malédiction de Macbeth frappera-t-elle ? Sublime giallo, mais aussi véritable hommage au gigantisme de l’opéra, le film de Dario Argento foudroie d’emblée par beauté et sa technique envoûtante. En quelques plans et avec l’aide de la caméra subjective, le réalisateur se place aux quatre coins de son incroyable théâtre (sur scène, dans la fosse, dans les coulisses), lieu principal où vont se dérouler les principaux meurtres d’Opéra. Si l’on parvient finalement très vite à deviner, du moins à suspecter qui est l’auteur de ces crimes particulièrement sanglants, on ne peut être qu’ébahis par le soin extrême apporté à chaque plan et cette maîtrise qui surpasse encore et de loin la plupart des supposés maîtres de l’horreur d’aujourd’hui.

En plaçant sa caméra là où personne n’aurait pu l’imaginer, à l’instar de ce plan de deux secondes d’une balle traversant le judas d’une porte pour aller se loger dans l’oeil d’une femme un peu trop curieuse, pour continuer sa course jusqu’au fond du couloir, nul doute que le metteur en scène continue d’inspirer ses confrères, comme David Fincher qui a toujours utilisé les effets spéciaux numériques pour immiscer sa caméra là où il lui est impossible d’aller. Les ciseaux, couteaux, gants en cuir, mais aussi les épingles collées aux paupières et les armes à feu sont bien présents dans Opéra, véritable film de genre.

Dario Argento se sert de l’emphase de l’opéra, pour appuyer le côté graphique des crimes à l’écran, tandis que la musique, Macbeth de Giuseppe Verdi, mais aussi la composition originale de Claudio Simonetti du groupe Goblin et quelques morceaux hard-rock au moment des scènes violentes, reste toujours ou presque audible en fond sonore. Qui dit Argento dit également jeux de lumières – photo du chef opérateur britannique Ronnie Taylor, oscarisé pour Gandhi de Richard Attenborough – et le maître tire encore une fois profit des ambiances chromatiques, ici plus particulièrement la couleur bleue et froide qui revient de manière récurrente. Ces partis pris appuient et reflètent l’absence des relations, amoureuses ou sexuelles. D’ailleurs le seul acte visible dans le film est aussitôt avorté puisque Betty, que l’on devine frigide, n’arrive pas à s’offrir au jeune homme qui partage son lit pour un soir. Dario Argento ne cherche finalement pas à créer d’empathie avec son personnage principal, ce qui a pu rebuter une bonne partie des spectateurs. La tension est ailleurs, dans l’acte de se donner sur scène, comme si les protagonistes restaient concentrés et que the show must go on en dépit de l’horreur. L’épilogue en Suisse, souvent décriée, n’est qu’une cerise sur le gâteau, comme une sorte de rappel après le spectacle et si Dario Argento interpellait le spectateur en leur disant « Vous en voulez encore ? ».

Point de véritable enquête dans Opéra, puisque le récit se focalise presque uniquement sur Betty, qui assiste passive et bien sûr contre sa volonté, aux meurtres atroces commis devant ses yeux écarquillés, qui doivent d’ailleurs rester ouverts sous peine de voir ses paupières transpercées par des pointes bien placées par son tortionnaire. L’oeil est par ailleurs le motif récurrent dans Opéra, comme il l’est dans d’autres films de Dario Argento. Le film démarre par un plan sur la rétine d’un corbeau qui reflète le théâtre. Cet oiseau et ses congénères, tiennent la même place importante dans la mise en scène de Macbeth que dans l’histoire contée en parallèle par Dario Argento. S’ils apparaissent sporadiquement, ils deviennent les véritables stars, pour ne pas dire les héros du dernier acte, dans une scène aérienne époustouflante, vertigineuse, magistrale et foudroyante, qui serait aujourd’hui encore inconcevable même avec le drone le plus perfectionné.

Devant Opéra, on pense aux plus grands films de Brian De Palma, de par son thème, le voyeurisme, la ressemblance de l’actrice principale avec la Geneviève Bujold d’Obsession, mais également par cette démonstration technique et fulgurante qui n’a pourtant rien de tape à l’oeil (sans jeux de mots), mais qui se fond totalement dans le récit comme l’utilisation de la steadicam qui se place dans la tête du tueur. Le metteur en scène va même au-delà comme lorsque les images montrent le cerveau en ébullition du criminel, comme s’il était passé aux rayons X. Dario Argento livre ici son ultime précipité réussi entre le macabre et le sublime, qu’il est temps de réhabiliter.

LE BLU-RAY

Nous commençons à manquer d’arguments, mais cette fois encore, Le Chat qui fume a sorti les griffes pour son édition Blu-ray/DVD d’Opéra de Dario Argento ! Voici une fois de plus un objet de collection à ranger auprès des éditions de La Longue nuit de l’exorcisme, A la recherche du plaisir, Tropique du cancer, La Soeur d’Ursula et tous les autres chatons de l’éditeur qui caresse décidément les cinéphiles dans le sens du poil. Le combo Digipack à trois volets de ce nouveau titre « Exploitation italienne », renferme à la fois le DVD du film (ainsi qu’une partie des suppléments), le Blu-ray du film (avec l’intégralité des bonus) et le DVD (avec la suite et fin des suppléments). Sur le verso des volets, nous trouvons l’un des célèbres visuels du film, celui de Cristina Marsillach bâillonnée et les yeux écarquillés et menacés par des aiguilles collées sur sa paupière inférieure. L’ensemble se glisse dans un fourreau cartonné du plus bel effet, au visuel superbe et liseré rouge sang. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Quatre heures de suppléments ! Oui, vous avez bien lu, 240 minutes réparties en une dizaine de modules et d’interviews diverses, variées et passionnantes.

On démarre si vous le voulez bien par le making of d’époque d’une durée de 45 minutes. Ces images incroyables et brutes, proposées sans sous-titres, mais peu importe puisqu’il s’agit essentiellement de regarder plus que d’écouter (le son est d’ailleurs de qualité moyenne), permettent d’admirer il maestro al lavoro. Dario Argento est partout, omniprésent, la caméra le suit aux quatre coins de son incroyable décor (naturel) en train de mettre en place son prochain plan. La vidéo se concentre essentiellement sur le tournage de la séquence finale avec l’attaque des corbeaux (donc à ne visionner qu’une fois après avoir vu le film), mais aussi les prises de vue – en langue anglaise – des différents meurtres (à travers le judas, le couteau dans la gorge). On y voit entre autres le cinéaste « assassiner » lui-même ses acteurs, vêtu du pardessus et des gants du tueur. Entre la préparation des effets visuels directs (les faux corbeaux, le dressage des vrais, le maquillage des comédiens), un coup de sang de Dario Argento (les yeux exorbités) envers sa comédienne principale, un incendie qui a du mal à être maîtrisé, ce précieux document vaut le détour pour les admirateurs du maître !

D’ailleurs, en parlant de Dario Argento, enchaînez directement avec l’interview réalisée de ce dernier en 2017 (23’). Posément, le réalisateur revient sur ce film qu’il adore et considère comme étant l’un de ses plus réussis et « dans lequel il a placé toutes ses connaissances et son savoir, aussi bien cinématographique que musical ». Dario Argento évoque la genèse du film (un rendez-vous manqué pour mettre en scène un véritable opéra), le choix de Macbeth alors réputé pour porter malheur, le tournage au Teatro Regio di Parma après que la Scala de Milan ait refusé d’accueillir l’équipe, le travail avec les comédiens et les effets spéciaux. Le réalisateur n’est pas avare en anecdotes de tournage (un corbeau qui lui a donné un coup de bec dans la bouche, la scène du judas, sa relation houleuse avec Cristina Marsillach, « une actrice capricieuse […] nous ne nous parlions plus à la fin du tournage »), revient sur sa collaboration avec le chef opérateur britannique Ronnie Taylor, sa recherche sur le cadre, l’utilisation de la musique, les thèmes abordés tout en dévoilant comment les scènes clés du film ont été mises en scène, les propos étant illustrés par les images tirées du making of précédent.

Dario Argento laisse ensuite sa place Daria Nicolodi (17’). Comédienne (Les Frissons de l’angoisse, Ténèbres, Phenomena) et scénariste (Suspiria, Inferno), également ex-compagne du cinéaste et aussi mère d’Asia Argento, Daria Nicolodi passe en revue toutes ses collaborations avec Dario Argento, devant la caméra, mais aussi sur les scénarios pour lesquels elle n’est pas créditée. Après avoir raconté sa rencontre et son histoire personnelle avec le maître, Daria Nicolodi partage ses souvenirs sur leur manière de travailler ensemble, la façon dont elle a été virée sèchement de Suspiria (dont elle aurait dû tenir le haut de l’affiche après l’avoir coécrit) par la production, avant de se pencher un peu plus sur le tournage de la célèbre séquence du judas dans Opéra, ainsi que de la représentation de la violence au cinéma.

Passions maintenant à l’entretien de Franco Ferrini (37’). Dans le segment intitulé L’Identité du killer, le coscénariste d’Opéra propose un large tour d’horizon de ses diverses collaborations avec Dario Argento. Né en 1944, Franco Ferrini parle tout d’abord de sa rencontre, puis de son travail avec le cinéaste, de Phenomena (1984) à Opéra (1987). Ils collaboreront également sur Deux yeux maléfiques (1990), Trauma (1993), Le Syndrome de Stendhal (1996), Le Sang des innocents (2001), Card Player (2004) et le téléfilm Aimez-vous Hitchcock ? (2005). Si Marco Ferrini se concentre essentiellement sur leurs premières associations, ce module en dit un peu plus sur le processus créatif de Dario Argento, continuellement à la recherche de plans inédits. Grand passionné de cinéma, il cite à plusieurs reprises quelques chefs d’oeuvre américains qui ont pu l’inspirer, Franco Ferrini évoque les idées avortées sur Opéra et les conditions de tournage.

Bon, passons à la musique du film à présent (31’). Le compositeur Claudio Simonetti passe en revue sa carrière, notamment en tant que claviériste du groupe de rock progressif Goblin (qu’il a créé), jusqu’à sa première dissolution en 1979. Ayant poursuivi sa carrière en solo, Claudio Simonetti s’est ensuite spécialisé dans la musique électronique. Parallèlement, il est aussi le créateur des célèbres thèmes de nombreux films de Dario Argento, entre autres Les Frissons de l’angoisse (1975), Suspiria (1977) et Opéra (1987) et même de Dracula 3D (2012), mais aussi de Zombie de George A. Romero (1978). D’où de nombreuses anecdotes liées à la création de toutes ces compositions et surtout des différents thèmes d’Opéra. Claudio Simonetti clôt cette interview en donnant son top Argento, avec par ordre de préférence Les Frissons de l’angoisse, Suspiria, Opéra et Phenomena.

Place à Enrico Lucherini ! L’attaché de presse aux 800 longs métrages parle à son tour de sa longue collaboration avec Dario Argento (38’), dont il s’est occupé de quasiment tous les films. Autant dire qu’il connaît bien le cinéaste et qu’il l’a vu évoluer, en rappelant au passage que Dario Argento était l’un des critiques cinéma (pour le Paese Sera) les plus importants du pays avant de passer à l’écriture de films (Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone), puis lui-même derrière la caméra en 1970 avec L’Oiseau au plumage de cristal. Enrico Lucherini en vient au tournage compliqué (et cher !) d’Opéra, aux inventions de Dario Argento sur le tournage, à la légende de Macbeth, au retard lié à la difficulté de tourner avec les corbeaux.

L’un des éléments que l’on retient après avoir vu Opéra, ce sont les corbeaux, qui tiennent un rôle primordial dans l’histoire. Si le tournage a nécessité de véritables oiseaux, il a fallu avoir également recours à quelques effets spéciaux directs. C’est donc là qu’intervient le spécialiste Sergio Stivaletti (16’), qui s’est occupé des corbeaux réalisés en animatroniques pour les plans et séquences violentes ou impossibles à réaliser avec de véritables volatiles. Le responsable de ces effets ne garde pas un très bon souvenir d’Opéra en raison du manque de temps qui ne lui a pas permis de peaufiner ses créations comme il le désirait. Il considère d’ailleurs Opéra comme un film maudit, même s’il en garde finalement un bon souvenir.

Placez votre curseur sur Panique à l’opéra (26’30). Vous y trouverez un Q&A réalisé le 27 avril 2006 au cinéma Farnese de Rome, en compagnie de Dario Argento, du scénariste Franco Ferrini et du réalisateur/scénariste Lamberto Bava, fils de Mario Bava. Dario Argento monopolise évidemment l’attention en évoquant le tournage d’Opéra. Les propos tenus ici reprennent en gros ce qu’il dévoile dans son interview en début de programme. Nous retenons entre autres que le cinéaste était épuisé à la fin du tournage et que se voyant entré en dépression, avait décidé de partir seul en voyage en Inde, loin de tout. Dario Argento mentionne également une version non censurée d’Opéra (la censure avait été très sévère sur les scènes violentes) qui circulait en VHS sous le manteau aux Etats-Unis. Assistant-réalisateur de Dario Argento sur Inferno et Ténèbres, mais aussi lui-même metteur en scène de Démons et Démons 2 (coécrits avec Dario Argento) Lamberto Bava prend ensuite le micro pour parler de leurs diverses associations. Même chose pour Franco Ferrini, qui se concentre sur le processus créatif de Dario Argento et notamment son attachement aux personnages féminins.

On termine les interviews, par le bonus « facultatif » de cette édition, dans le sens où l’entretien avec le critique de cinéma Fabrizio Spurio (38’), résume tout ce qui a pu être vu et entendu à travers les suppléments précédents, sans apporter aucun élément inédit. Une redite pendant près de 40 minutes, dont vous pouvez finalement vous passer si vous avez été attentifs aux propos des intervenants depuis près de 3h30 maintenant.

Bon, c’est pas tout ça, mais l’interactivité se clôt sur deux clips vidéo de Claudio Simonetti, forcément très kitsch, sans oublier quatre films-annonces, Opéra, La Longue nuit de l’exorcisme, Lord of illusions et Le Retour des morts-vivants.

Merci infiniment au Chat qui fume de nous avoir permis de réaliser cette longue chronique et surtout d’avoir pu (re)découvrir le film dans les meilleures conditions possibles.

L’Image et le son

Le Chat qui fume propose Opéra de Dario Argento en version intégrale. Quelle beauté ! Le Blu-ray au format 1080p (AVC) restitue toutes les merveilleuses volontés artistiques du cinéaste et du chef opérateur Ronnie Taylor (Tommy de Ken Russell, oscarisé pour Gandhi de Richard Attenborough) avec une large palette chromatique à dominante bleue. Les contrastes sont denses, la texture argentique heureusement préservée, la copie stable et d’une propreté absolue. Les détails sont riches aux quatre coins du cadre large et la profondeur de champ ne cesse d’impressionner. Alors même si l’éditeur a choisi de préserver les quelques pertes de la définition originales et liées aux conditions de tournage (voir les séquences de vues subjectives des corbeaux), l’apport Haute-Définition s’avère aussi omniprésent que primordial. Vous ne pouvez pas passer à côté de cet incroyable master restauré.

Qui dit version intégrale, dit forcément scènes non doublées. Celles-ci sont donc présentées en anglais, langue de tournage du film. Comme l’indique l’éditeur, la piste italienne est différente et présente la voix de Dario Argento à 1h23 pendant une courte scène, ainsi qu’en guise de conclusion. Deux versions anglaises sont présentées, celle qui a accompagné le film lors de sa présentation au marché du film à Cannes (finalement non retenue pour son exploitation), ainsi que celle réalisée pour la sortie internationale d’Opéra dans les salles. A première vue, on serait tenté de sélectionner tout de suite la piste italienne, mais comme le film a été tourné en anglais, autant le visionner ainsi une première fois. Mais quelle piste choisir du coup ? Les deux pistes sont bien nettoyées, propres et de même acabit, avec quelques légers craquements et un souffle palpable sur les quelques plages de silence. Mais le doublage cannois est bien moins réussi et manque sérieusement de naturel avec des voix parfois inappropriées. Notre préférence va à la version italienne, bien plus convaincante. La piste française est étonnamment la plus dynamique du lot avec un rendu souvent plus élevé des dialogues, de la musique et des effets. Les sous-titres français sont imposés en italien et en anglais et toutes les options acoustiques proposées en DTS-HD Master Audio Mono.

Crédits images : © Le Chat qui fume / 1987 ADC Srl / Cecchi Gori Group Tiger Cinematographica Srl . Mediaset S.p.A. Tous droits réservés / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Security, réalisé par Alain Desrochers

SECURITY réalisé par Alain Desrochers, disponible en DVD et Blu-ray le 17 octobre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Antonio Banderas, Ben Kingsley, Liam McIntyre, Gabriella Wright, Chad Lindberg, Cung Le, Yana Marinova, Mark Rhino Smith…

ScénarioJohn Sullivan, Tony Mosher

Photographie : Anton Bakarski

Musique : FM Le Sieur

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Une fillette doit témoigner contre la mafia qui envoie un commando attaquer le fourgon où elle se trouve pour la tuer. Mais l’opération tourne mal et la fillette trouve refuge la nuit dans un centre commercial. Cinq vigiles surveillent le lieu. L’un d’entre eux est un ancien militaire expérimenté. L’affrontement peut commencer !

Antonio Banderas n’a jamais arrêté de tourner. Le comédien espagnol n’aura eu de cesse d’alterner les apparitions chez des pointures (Brian De Palma, Woody Allen, Pedro Almodóvar, Jean-Jacques Annaud, Steven Soderbergh, Terrence Malick), tout en restant fidèle à Robert Rodriguez (6 films ensemble depuis Spy Kids) et en prêtant sa voix au Chat Potté sur 4 longs et 4 courts métrages. Le reste du temps, l’ancien Zorro et Desperado passe d’une production destinée au marché de la vidéo à l’autre, dans le but évident de payer sa villa à Los Angeles. Toujours est-il qu’en dehors d’une participation ratée dans le troisième (et mauvais) Expendables de Patrick Hughes, l’acteur né à Málaga a toujours su rester pro et n’a que très rarement déçu depuis ses débuts. Après Autómata de Gabe Ibáñez en 2014, très bonne proposition de science-fiction malheureusement passée inaperçue puisque le film n’a été distribué qu’en DVD et Blu-ray, Antonio Banderas revient à l’action avec Security, petite production, mais également petite surprise fort bien accueillie à sa sortie dans les bacs grâce à un excellent bouche-à-oreille.

Eddie, vétéran des forces spéciales souffrant de stress post-traumatique accepte un poste de vigile dans un centre commercial. Durant sa première nuit de travail, il ouvre les portes à une jeune fille muette de peur qui cherche un refuge. Un homme élégant et raffiné se présente alors et offre un million de dollars en échange de l’adolescente tandis qu’un groupe de mercenaires encercle le bâtiment. Eddie refuse, ce qui signe son arrêt de mort, ainsi que celui de ses collègues (Liam McIntyre, Chad Lindberg, Gabriella Wright) et de la petite fille (Katherine le la Rocha). L’ancien militaire va alors organiser la résistance au sein du magasin, en usant de talkie-walkie pour enfants (les téléphones portables sont HS), d’une voiture télécommandée, de quelques armes dont ils disposent (un taser), d’un peu de courage et surtout de système D. Et c’est parti pour 90 minutes de pur divertissement !

Le cinéaste et scénariste québécois Alain Desrochers a fait ses classes dans le domaine du clip vidéo puis dans la publicité avec une centaine de spots à son actif. Il se fait également la main à la télévision pour quelques séries dont The Hunger, produite par Ridley et Tony Scott, avant de signer son premier long métrage en 2000, La Bouteille. Depuis, Alain Desrochers partage sa carrière entre le cinéma et la télévision. Security est sa première production américaine, même si le film a entièrement été tourné…en Bulgarie, spécialité des gars de Millennium Films. Même si l’on imagine que le budget ne devait pas être faramineux, Alain Desrochers fait preuve d’un réel savoir-faire et Security s’avère une bonne série B, solidement réalisée et interprétée. Antonio Banderas fait le boulot comme au bon vieux temps (celui des années 80-90 pour les plus jeunes), bourru mais tendre avec la gamine, qui déclame ses tirades en mangeant sa barbe (on parle bien d’Antonio hein), avec ses deux flingues en main. Son rival n’est autre que Sir Ben Kingsley. L’acteur britannique campe un mafieux bien décidé à flinguer tous ceux qui pourraient lui causer des ennuis, peu importe s’il s’agit d’une petite fille en détresse.

Le décor (très artificiel) offre un terrain de jeu sympathique, bien exploité par le réalisateur, ça canarde, ça explose, ça saigne, ça se bastonne, le contrat est rempli, sans pour autant prendre les spectateurs pour des abrutis grâce à une histoire certes standard, mais qui tient la route grâce à un rythme soutenu. Security est un film fun, bourré de références (Les Ailes de l’enfer, Assaut) et on aimerait voir d’autres thrillers du même acabit aussi réussis.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Security, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal paraît fauché, puisque fixe et muet. Mention spéciale à la jaquette qui indique « Ben Kingsley, inoubliable interprète de Gandhi, qui abandonne la non-violence » !

Petite sortie technique, Security ne dispose que d’un making of minuscule (8’) en guise de supplément. Promotionnel, ce module donne la parole aux producteurs, au réalisateur et aux comédiens, qui ne font que présenter l’histoire et les personnages. Quelques images de tournage entre deux interviews redonnent un peu d’intérêt à l’ensemble.

L’interactivité se clôt sur des bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Le Blu-ray de Security est au format 1080p. Cette édition s’avère très soignée avec une propreté assurée, des couleurs sombres puisque le film ne se déroule essentiellement que de nuit dans le centre commercial aux lumières éteintes. La photo froide est soignée et les partis pris bien restitués. Le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, la gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails sur le cadre large. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio et toutes les séquences tournées en extérieur sont très belles. Un DTV bien choyé et à la définition riche.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 assurent pour instaurer un confort acoustique ample et plaisant. La musique composée par FM Le Sieur (pas d’erreurs) est systématiquement spatialisée grâce au soutien énergique des latérales. Si les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale en version originale, ils sont heureusement toujours nets et précis, la balance frontale est puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient à l’instar de l’attaque durant la tempête, l’accident et bien sûr tous les affrontements dans le centre commercial. A titre de comparaison, la piste française se révèle quand même moins riche et naturelle que son homologue.

Crédits images : © Security Productions, inc. Tous droits réservés. / Metropolitan Filmexport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Héritier, réalisé par Philippe Labro

L’HÉRITIER réalisé par Philippe Labro, disponible en Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Studiocanal

Acteurs :  Jean-Paul Belmondo, Carla Gravina, Jean Rochefort, Charles Denner, Maureen Kerwin, Jean Desailly, Jean Martin, François Chaumette, Maurice Garrel…

ScénarioJacques Lanzmann, Philippe Labro

Photographie : Jean Penzer

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Fils à papa et playboy renommé, Bart Cordell se retrouve à la tête d’un véritable empire à la mort de son père. Pas vraiment préparé pour être un homme d’affaires, Cordell va devoir faire ses preuves, tout en prouvant que l’accident d’avion de son père a été provoqué…

« Montrez-moi un héros et je vous écrirai une tragédie. » Francis Scott Fitzgerald

A la fin des années 1960 – début 1970, Jean-Paul Belmondo est l’un des comédiens qui règnent sur le cinéma français. Le comédien oscille alors entre comédies populaires et films d’auteurs. Bebel passe allègrement d’un genre à l’autre, de Gérard Oury à François Truffaut, en passant par Louis Malle, Robert Enrico, Claude Lelouch, Jacques Deray, Jean-Paul Rappeneau, Claude Chabrol, Henri Verneuil et José Giovanni. Tout cela en l’espace de cinq ans. En allant rendre visite à sa compagne, la magnifique Laura Antonelli, sur le tournage de Sans mobile apparent, Jean-Paul Belmondo observe la méthode Labro. Conforté par son complice de toujours Jean-Pierre Marielle, qui joue également dans le film, sur le professionnalisme du metteur en scène, Bebel fait part à Philippe Labro qu’il souhaiterait collaborer avec lui. Il n’en fallait pas plus à ce dernier et à son coscénariste Jacques Lanzmann pour lui écrire un thriller dramatique sur mesure. Ce sera donc L’Héritier.

Hugo Cordell, grand patron de la presse et de l’industrie, trouve la mort dans l’explosion de son avion, entre Genève et Paris. L’examen des débris de l’appareil ne permet pas d’établir avec certitude les causes de l’accident. À Paris, les dirigeants de Globe, l’hebdomadaire français du groupe Cordell, attendent avec anxiété l’arrivée de Barthelemy, dit Bart, l’héritier de l’empire Cordell (vous avez dit Largo Winch ?), qui a émis le désir de prendre connaissance du dernier numéro avant son impression. Dans l’avion qui le ramène des États-Unis, Bart flirte avec la séduisante Lauren, qui glisse dans sa poche un ticket de bagage. À l’aéroport, Bart est accueilli par le staff directorial du Globe et des reporters de la télévision. Le ticket de bagage trouvé par un douanier correspond à une mallette remplie de drogue et on accuse Bart de se livrer à un trafic de stupéfiants. Il comprend alors que son arrivée à la tête de l’empire Cordell qui pèse 150 millions de dollars, n’est pas du goût de tout le monde. Aidé de son fidèle ami, David, il décide de mener son enquête.

« Je ne cherche pas à me faire aimer, je cherche à me faire comprendre. »

La carrière cinématographique de Philippe Labro a toujours été influencée par le polar américain, son genre de prédilection. L’Héritier ne fait pas entorse à la règle puisqu’on y retrouve l’atmosphère, le cadre et les décors propres au thriller US. A la limite de l’expérimental, le cinéaste joue avec le montage et notamment les ruptures. Ces intentions et partis pris n’ont pas eu que du bon pour la postérité de L’Héritier, qui a pris pas mal de rides, contrairement à la partition toujours inspirée de Michel Colombier. Dépourvu d’humour, froid, le troisième long métrage de Philippe Labro offre néanmoins à Jean-Paul Belmondo un rôle atypique, peu attachant et qui ne fait d’ailleurs rien pour créer une once d’empathie en faisant la tronche et en plissant le front pendant près de deux heures, mais qui demeure au final curieux du début à la fin.

Grand succès public en mars 1973 avec plus de 2 millions d’entrées, L’Héritier se voit aujourd’hui comme une curiosité dans la filmographie de Bebel, ainsi que pour son casting quatre étoiles puisque la divine Carla Gravina (L’Antéchrist d’Alberto De Martino), Jean Rochefort, Charles Denner, Jean Desailly, Michel Beaune, François Chaumette, Maurice Garrel, Jean Martin gravitent autour du comédien principal, droit comme un i et corseté dans des costumes trois-pièces. Philippe Labro parle du monde impitoyable et cynique de la presse, le sien, par ailleurs le personnage de Liza Rocquencourt, interprété par Carla Gravina, n’est pas sans rappeler Françoise Giroud, mais également de celui de l’entreprise, où les concurrents sont prêts à tout pour devenir le leader européen. Récit initiatique, polar, drame, L’Héritier touche à tout, c’est sans doute ce qui fait sa faiblesse puisque le récit part dans tous les sens et sans gestion du rythme, mais c’est aussi ce qui fait aussi sa force puisque Labro ne donne pas toutes les clés de ses personnages et son film paraît même parfois quasi-inclassable. Son épilogue inoubliable pour les fans de Bebel a largement contribué à conférer à L’Héritier un statut culte.

LE BLU-RAY

L’édition HD de L’Héritier est disponible chez Studiocanal. Le DVD du film était déjà disponible chez le même éditeur depuis 2007. Le menu principal est fixe et muet, triste…

Comme pour l’édition HD de L’Alpagueur, Philippe Labro présente L’Héritier (29’) à travers un entretien souvent passionnant. Le réalisateur s’attarde sur la genèse de son troisième long métrage et troisième collaboration avec Jacques Lanzmann, sur l’écriture du scénario, les thèmes abordés, ses intentions et ses inspirations (l’ascension et l’assassinat de JFK, le cinéma de Jean-Pierre Melville, Bas les masques de Richard Brooks), sa collaboration avec Jean-Paul Belmondo (qui se demandait si les spectateurs allaient l’accepter dans la peau de ce personnage), l’épilogue (tourné à 5 caméras et inspiré de l’assassinat de Lee Harvey Oswald par Jack Ruby), l’accueil et la postérité de son film. S’il s’égare parfois en parlant longuement de son amitié avec Jean-Pierre Melville, qui l’a beaucoup conseillé pour le tournage de Sans mobile apparent (qui au passage n’est jamais sorti en DVD et qu’on attend toujours !), Philippe Labro replace brillamment L’Héritier dans sa filmographie et dans son contexte politico-financier, le tout agrémenté d’anecdotes de tournage.

L’Image et le son

L’apport HD pour L’Héritier est ici moins flagrant que pour L’Alpagueur. Le générique est marqué par un grain très imposant et le reste du film restera du même acabit avec un piqué émoussé et un manque de définition récurrent. La gestion des contrastes est correcte, la copie affiche une solide stabilité et la propreté de la copie est indéniable. Quelques plans sombres et flous semblent inhérents aux conditions de tournage, tandis que les partis pris esthétiques froids du chef opérateur Jean Penzer (Le Diable par la queue de Philippe de Broca, Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier) sont ici respectés dans la mesure du possible.

Le mixage français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 instaure un honnête confort acoustique, même si certains échanges paraissent parfois étouffés et sourds. La propreté est de mise, les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Michel Colombier est quant à elle la mieux lotie. Mauvais point en revanche pour l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, tout comme celle d’une piste Audiodescription qui manque à l’appel.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Plus dure sera la chute, réalisé par Mark Robson

PLUS DURE SERA LA CHUTE (The Harder They Fall) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD et Blu-ray le 10 octobre 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Humphrey Bogart, Rod Steiger, Jan Sterling, Mike Lane, Max Baer, Jersey Joe Walcott, Edward Andrews…

Scénario :  Philip Yordan d’après le roman d’après le roman « Plus dure sera la chute » (The Harder They Fall) de Budd Schulberg

Photographie : Burnett Guffey

Musique : Hugo Friedhofer

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

Eddie Willis, journaliste sportif au chômage, accepte l’offre de Benko, un manager de boxe corrompu, pour monter une combine qui les rendra riches. Ils profitent de la naïveté de Toro Moreno, un boxeur lourd et pataud, pour abuser du public auquel ils le présentent comme une force de la nature. Match après match, Toro écrase ses adversaires et gagne la sympathie du public qui, comme lui, ignore que chaque rencontre est truquée. Après avoir accepté toutes les compromissions, Eddie finira par écrire un article sur le racket dans le milieu de la boxe.

Plus dure sera la chuteThe Harder They Fall est le dernier long métrage tourné par le mythique Humphrey Bogart. Agé de 56 ans, le comédien était alors souffrant depuis plusieurs mois et se savait condamné par un cancer de l’oesophage. La maladie l’emportera en janvier 1957. Depuis 1951, Humphrey Bogart souhaite se diriger vers des rôles qui diffèrent de ceux qui l’ont rendu célèbre. Le tournant arrive en 1951 avec African Queen de John Huston, pour lequel il obtient l’Oscar du meilleur acteur. Après Bas les masques de Richard Brooks, Sabrina de Billy Wilder et La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, Humphrey Bogart retrouve le réalisateur Edward Dmytryk, qui l’avait dirigé dans Ouragan sur le Caine, pour La Main gauche du Seigneur, The Left Hand of God. Si le film n’est pas un chef-d’oeuvre, il vaut encore largement le coup pour admirer les comédiens, notamment la magnifique Gene Tierney. Bogart tourne ensuite La Maison des otages sous la direction de l’immense William Wyler, avant de s’engager sur Plus dure sera la chute. Une œuvre quasi-testamentaire.

Mis en scène par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson, Plus dure sera la chute offre à Bogey l’un de ses plus beaux rôles. Eclectique, mais aussi inégal, on doit à Mark Robson Le Champion avec Kirk Douglas (1949), déjà un film sur le milieu de la boxe, Le Procès avec Glenn Ford (1955), ainsi que deux films de guerre très célèbres, L’Express du colonel Von Ryan avec Frank Sinatra (1965) et Les Centurions avec Anthony Quinn et Alain Delon (1966). L’un de ses derniers films, Tremblement de terre (1974) demeure l’un des fleurons du genre catastrophe. Bon technicien, il signe avec Plus dure sera la chute un de ses meilleurs films, peut-être même son chef d’oeuvre.

Humphrey Bogart incarne Eddie Willis, journaliste sportif en quête d’un scoop, contacté par le manager et chef du «syndicat» de la boxe, Nick Benko (Rod Steiger, monumental), qui lui propose de contribuer à la promotion d’un jeune boxeur argentin, Toro Moreno. Espérant découvrir un futur champion, Willis accepte l’offre. Il ne tarde pas à déchanter. En effet, bien qu’impressionnant à première vue, Moreno boxe à peine mieux qu’un débutant. Willis comprend vite que ses combats sont truqués. Pour son dernier baroud d’honneur, Humphrey Bogart ne pouvait espérer plus beau personnage. Critique virulente du milieu sportif, Plus dure sera la chute montre un monde pourri, régi par des salopards véreux qui ne pensent qu’à l’argent et qui traitent les hommes comme des animaux, comme s’ils dirigeaient des combats de coqs, en ayant recours à des combines infâmes, tout en convoitant le pactole. S’il est étrange, pour ne pas dire invraisemblable, que le personnage incarné par Bogey paraisse crédule au début du film et semble ne pas se douter autant des agissements que des desseins de Benko, le comédien lui apporte une impressionnante ambiguïté qui fait passer la pilule. Ou quand le jeu sobre et tout en retenue de Bogart (impérial) contraste merveilleusement avec celui de la méthode de Rod Steiger, déchaîné, qui ne tient pas en place, qui vocifère et jure en se retenant continuellement de taper du poing sur la table.

Face à ce manager corrompu et magouilleur, Eddie Willis devra faire un choix entre préserver son intégrité ou s’enrichir au détriment de toutes déontologies. Se prenant d’affection pour ce grand colosse aux pieds d’argile qu’il est supposé vendre à la presse comme étant le futur champion du monde, Eddie doit bien admettre que Toro (inspiré du boxeur Primo Carnera, 1,97 m pour 122 kg, champion du monde des poids lourds en 1933) ne sait pas se battre et que seule sa taille hors normes impressionne le milieu et les lecteurs de ses articles. Jusqu’à ce que Benko et ses hommes aillent trop loin en envoyant Toro à l’abattoir dans un match final violent et d’une rare brutalité, remarquablement filmé caméra à l’épaule, dans un N&B charbonneux (sublime photo de Burnett Guffey, chef opérateur de Tant qu’il y aura des hommes et Bonnie et Clyde) et qui inspirera plus tard Martin Scorsese pour Raging Bull. Eddie est bien décidé à sauver la peau de Toro, malgré les menaces de Benko à son égard, avant que le supposé boxeur ne finisse dans le caniveau, la cervelle en bouillie, comme le montre cette séquence hallucinante de l’interview de l’ancien « champion » de boxe, devenu clochard, édenté et handicapé.

Divertissement passionnant doublé d’un pamphlet acide écrit par Philip Yordan, du moins ce que crédite le générique puisque Yordan a longtemps servi de prête-nom pour des auteurs victimes du Maccarthysme, d’après le roman éponyme de Budd Schulberg publié en 1947, Plus dure sera la chute rejoint ainsi les grandes réussites du genre sportif aux côtés de Nous avons gagné ce soir (1949) et Marqué par la haine (1956), tous deux réalisés par Robert Wise.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Plus dure sera la chute, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Une fois n’est pas coutume, pas de Patrick Brion sur cette édition ! En revanche, Bertrand Tavernier et François Guérif ont répondu présent. Durant son intervention de 28 minutes, le premier indique d’emblée qu’il s’agit d’un des meilleurs films de Mark Robson et qu’il a eu un très grand plaisir à réévaluer. Après une rapide présentation du réalisateur et de ses films les plus célèbres, Bertrand Tavernier se penche longuement sur le cas du scénariste Philip Yordan.

Fils d’émigrants polonais, ce dernier demeure un mystère pour les spécialistes du cinéma puisque le scénariste en apparence « prolifique » a longtemps fait travailler d’autres écrivains à sa place et certains scénaristes inscrits sur la tristement célèbre liste noire lors du Maccarthysme. Un prête-nom avoué certes, mais Philip Yordan n’hésitait pas non plus à s’attribuer certains succès qu’il n’avait pas écrits. Pour Bertrand Tavernier, qui avait interviewé Philip Yordan (« j’ai rarement entendu autant de bobards de ma vie » dit d’ailleurs le réalisateur) c’est le cas pour Plus dure sera la chute, dont il attribue la paternité au romancier Budd Schulberg, qui avait adapté lui-même son livre en 1947, qui devait ensuite être mis en scène par Edward Dmytryk.

Le projet tombe à l’eau, mais la Columbia rachète le scénario à la RKO, qui atterrit ensuite sur le bureau de Philip Yordan. Bertrand Tavernier suppose que le scénario original a dû n’être que très légèrement retouché, Yordan y couchant ensuite sa signature. Bertrand Tavernier en vient au casting en revenant sur la dernière apparition d’Humphrey Bogart à l’écran, ainsi que sur le jeu de Rod Steiger, qui avait quelque peu décontenancé Bogey. L’historien du cinéma évoque deux points du récit qui le laissent quelque peu perplexe, mais loue la grande réussite de Plus dure sera la chute, encense la photo du chef opérateur Burnett Guffey, la mise en scène et le montage rapide, l’utilisation des décors et l’attention aux petits détails. Voilà une remarquable présentation !

De son côté, François Guérif peine évidemment à nous donner quelques indications supplémentaires, surtout en huit minutes. L’éditeur et passionné de film noir se concentre surtout sur le roman de Budd Schulberg et sa représentation du monde sportif dans Plus dure sera la chute où tous les personnages sont pourris et seulement intéressés par l’appât du gain.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Ce master restauré au format respecté de Plus dure sera la chute, jusqu’alors inédit en France et présenté ici pour la première fois au monde en Haute-Définition, est on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le splendide N&B de Burnett Guffey (Les Désemparés, Désirs humains) retrouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le grain original est présent, sans lissage excessif, ce qui devrait rassurer les puristes. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et cette très belle copie participe à la redécouverte de ce grand classique.

L’éditeur nous propose les versions anglaise et française de Plus dure sera la chute. Passons rapidement sur cette dernière, moins dynamique, qui a toutefois bénéficié d’un nettoyage aussi complet que son homologue. Evidemment, notre préférence va pour la version originale, plus homogène et naturelle, tout aussi propre, sans souffle parasite. Le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Couple modèle, réalisé par Peter Askin

COUPLE MODÈLE (A Good marriage) réalisé par Peter Askin, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Rimini Editions

Acteurs :  Joan Allen, Anthony LaPaglia, Stephen Lang, Cara Buono, Kristen Connolly, Mike O’Malley, Theo Stockman, Will Rogers…

Scénario :  Stephen King, d’après sa nouvelle Bon ménage

Photographie : Frank G. DeMarco

Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

Pour leurs amis, leurs enfants, leurs familles, Darcy et Bob Anderson forment un vrai couple modèle. 25 ans de mariage, pas le moindre accroc, et ils semblent amoureux comme au premier jour. Mais Darcy découvre que Bob pourrait être le violeur et le tueur en série qui sème la terreur dans la région depuis plusieurs années. Soudain l’horreur s’invite dans leur foyer…

S’il est indiscutable que Stephen King est et demeurera l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, on ne peut pas dire que ses participations aux adaptations pour le grand écran (comme le petit) de ses romans et nouvelles soient autant réussies que ses écrits. Après les catastrophes en date, la série Under the Dome et le film Cell phone, et après ses avis dithyrambiques sur les transpositions (navrantes) de La Tour Sombre, The Mist et 22.11.63 (si si), on est finalement surpris de la réussite de Couple modèle, A Good Marriage, tiré de la nouvelle Bon ménage, parue en 2010 dans le recueil Nuit noire, étoiles mortes.

Darcy et Bob Anderson sont mariés depuis presque trente ans et vivent un bonheur simple. Un soir, alors que Bob est en déplacement, Darcy fouille dans le garage à la recherche de piles et trouve une boîte contenant diverses pièces d’identité. Elle identifie l’une d’elles comme celle d’une victime du tueur en série Beadie, qui sévit depuis de nombreuses années. En faisant des recherches, Darcy découvre que Bob était à chaque fois en déplacement dans une zone proche des crimes lorsqu’ils ont eu lieu, ce qui achève de la convaincre qu’il est le tueur. Darcy, incertaine sur la conduite à tenir, va se coucher en remettant sa décision au lendemain. Elle est réveillée par Bob, qui l’a appelée dans la soirée et a senti son trouble. Bob sait qu’elle a découvert son secret et lui explique calmement qu’il a des pulsions homicides depuis l’adolescence et que, malgré tous ses efforts et surtout l’équilibre que Darcy lui a apporté, il n’arrive pas toujours à les contrôler. Bob implore Darcy de ne rien révéler pour le bien de toute leur famille et lui promet de ne plus jamais recommencer. Darcy, secrètement horrifiée, accepte mais doute que son mari tienne son engagement.

S’il œuvre principalement à Broadway en tant que metteur en scène (Hedwig and the Andry Inch), Peter Askin, fondateur du Westside Theatre, a également tâté du cinéma. On lui doit notamment Company Man (2000), coécrit, coréalisé et interprété par Douglas McGrath. S’il est étonnant de le retrouver aux manettes d’une adaptation de Stephen King, le dispositif finalement proche du théâtre de Couple modèle lui convient parfaitement. Outre un scénario très efficace et pour une fois très fidèle à la nouvelle originale (Stephen King ne s’est pas trahi sur ce coup-là), ce qui fait la force du film est l’interprétation des deux comédiens principaux, la grande Joan Allen et Anthony LaPaglia (Jack Malone dans la série FBI – Portés disparus). Excellemment dirigés, les deux acteurs rivalisent de cynisme, d’ambiguïté et tout simplement de talent dans ce thriller-dramatique qui se moque de la belle vitrine affichée par la bonne famille américaine puritaine où tout semble merveilleux et synonyme de bonheur. Derrière les façades des belles maisons fraîchement repeintes, des monstres guettent et attendent la tombée de la nuit pour sortir et se repaître de sang frais. Ou comment un homme, mari et père-modèle, se révèle être un serial-killer, qui après ses crimes rentre tranquillement chez lui où l’attend son épouse avec un verre de vin et prête à lui masser les épaules pour le détendre après un déplacement fatiguant. Jusqu’à ce que la femme en question découvre la véritable identité de celui avec qui elle partage la vie depuis plus d’un quart de siècle.

Joan Allen incarne parfaitement le trauma, le choc, la douleur, puis le combat de Darcy dissimulé sous le masque désormais ébréché du quotidien. Couple modèle prend alors un goût amer et savoureux, quand les deux époux, désormais « honnêtes » l’un envers l’autre, tentent de reprendre le cours de leur vie. Jusqu’à ce que l’un des deux cède. Avec sa réalisation élégante et bien tenue, sa solide interprétation (n’oublions pas la courte, mais intense participation de Stephen Lang), son humour noir et sa peinture de l’American Way of Life faite de sang et de vitriol, Couple modèle ne devrait pas décevoir les fans de Stephen King.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Couple modèle, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire. La jaquette reprend le visuel de l’affiche américaine. Très efficace, elle saura interpeller les fans de Stephen King, dont le nom apparaît en plus gros caractères que celui des acteurs et surtout en rouge-sang. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Seule la bande-annonce en version originale est disponible.

L’Image et le son

Couple modèle débarque chez nous directement en DVD et Blu-ray. L’éditeur soigne son master HD qui se révèle quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce. Le reste du temps, la clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés et la colorimétrie froide. Les détails sont élégants et précis aux quatre coins du cadre large.

Seule la version originale dispose d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1. C’est évidemment ce mixage qui instaure un confort acoustique bien plus ample et plaisant que la version française (bon doublage) qui doit elle se contenter d’une petite PCM Stéréo. En anglais, la musique est systématiquement spatialisée grâce au soutien des latérales. Si les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, ils sont heureusement toujours nets et précis, la balance frontale est puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient, sans esbroufe. La version originale est également disponible en PCM Stéréo, plus riche et naturelle que son équivalente française. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Anrderson, Coins, LLC. All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Toboggan de la mort, réalisé par James Goldstone

LE TOBOGGAN DE LA MORT (Rollercoaster) réalisé par James Goldstone, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 5 septembre 2017 chez Elephant Films

Acteurs :   George Segal, Richard Widmark, Henry Fonda, Timothy Bottoms, Helen Hunt, Harry Guardino…

Scénario :  Sanford Sheldon, Richard Levinson, William Link

Photographie : David M. Walsh

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un terroriste sabote les montagnes russes du parc d’attractions d’Ocean View et réclame un million de dollars pour arrêter ses actes. Harry Calder, l’inspecteur chargé de la sécurité des fêtes foraines, soupçonne le terroriste de vouloir piéger le Grand huit de Los Angeles le jour de la fête nationale.

Les années 1970 ont vu exploser un genre dans le cinéma américain, celui du film catastrophe. Près d’une trentaine de longs métrages exploiteront le filon initié par Airport de George Seaton en 1970. Tout y passera, catastrophes aériennes (Airport donc, Alerte à la bombe, 747 en péril, L’Odyssée du Hindenburg, Les Naufragés du 747, le nanar Airport 80 Concorde), catastrophes maritimes (L’Aventure du Poséidon, Terreur sur le Britannic, Sauvez le Neptune, Le Dernier secret du Poséidon, S.O.S. Titanic), sans oublier Tremblement de terre, La Tour infernale de John Guillermin et Irwin Allen, mètre étalon du genre, Le Pont de Cassandra et bien d’autres. Le Toboggan de la mortRollercoaster, est également un thriller atypique, puisque le récit se situe essentiellement dans une fête foraine.

Harry Calder est un contrôleur chargé de vérifier le bon fonctionnement des manèges dans des parcs d’attractions. Lorsqu’un accident mortel survient sur des montagnes russes qu’il avait récemment inspectées, il est interrogé par la police. Persuadé que ce n’est pas un accident, Calder se rend à Chicago lorsqu’il apprend que les patrons des cinq plus grandes compagnies de parcs de loisirs ont décidé de se réunir d’urgence à l’hôtel Hyatt Regency. Ensemble, ils écoutent une cassette sur laquelle un homme exige 1 million de dollars, sans quoi d’autres parcs d’attractions seront visés. EN 1977, Le Toboggan de la mort arrive en fin de parcours alors que Star Wars venait déjà de créer un raz-de-marée au box-office et rendait le genre catastrophe désuet et même périmé. Néanmoins, afin d’appâter les spectateurs, le film bénéficie d’une exploitation en Sensurround, procédé acoustique qui consistait à synchroniser à l’action, la diffusion de puissantes vibrations sonores de très basses fréquences. Ces ondes sonores étaient supposées procurer au spectateur certaines sensations en rapport avec le film projeté. Ce système d’effets spéciaux avait été lancé en 1974 à l’occasion de la sortie de Tremblement de terre de Mark Robson. En dehors de La Bataille de Midway (1976) de Jack Smight, Le Toboggan de la mort est finalement l’un des rares films à avoir pu et su utiliser ce « gadget » visant à attirer les spectateurs dans les salles. Mais à côté de cette technique destinée à son exploitation et à renforcer les séquences de caméra embarquée sur le Grand huit, que vaut aujourd’hui le thriller de James Goldstone ?

S’il n’est pas un chef d’oeuvre, il n’en demeure pas moins un très bon thriller qui repose sur un scénario intelligent écrit par Richard Levinson et William Link, complices sur une multitude de séries télévisées comme L’Homme à la Rolls, Le Fugitif, Mannix, mais aussi et surtout Columbo, qui ne serait rien sans l’intelligence de leur plume. Spécialisés dans les intrigues policières, les deux associés s’étaient également déjà essayés au film de genre avec L’Odyssée du Hindenburg de Robert Wise en 1975. Deux ans plus tard, les studios Universal leur confient l’histoire du Toboggan de la mort. Aux manettes, on retrouve l’excellent James Goldstone (1931-1999), réalisateur venu de la télévision (Perry Mason, Rawhide, Voyage au fond des mers, L’Homme de fer, Au-delà du réel), qui est ensuite passé au cinéma et à qui l’on doit entre autres Virages avec Paul Newman.

Qui dit film catastrophe dit casting prestigieux et si Le Toboggan de la mort ne profite pas d’une affiche aussi ahurissante qu’au début de la décennie, retrouver George Segal, Richard Widmark, Henry Fonda (même dans une petite apparition) et Timothy Bottoms tout juste révélé par Johnny s’en va-t-en guerre de Dalton Trumbo et La Dernière séance de Peter Bogdanovich, reste on ne peut plus attractif. C’est d’ailleurs le mot qui convient à ce thriller qui se déroule dans un parc d’attractions où l’on suit le parcours dicté à Calder, inspecteur dont la vie personnelle est quelque peu chaotique, par un terroriste (minéral Timothy Bottoms). Etape par étape, à l’instar d’Harry Callahan devant se rendre d’une cabine téléphonique à une autre dans L’Inspecteur Harry ou bien encore à la manière des énigmes de Simon posées à John McClane dans Une journée en enfer, Harry Calder (ironique George Segal, parfait dans la peau d’un mec dépassé par les événements) écoute et suit les instructions du terroriste. Calder passe donc d’un manège à l’autre, achète et arbore un chapeau ridicule, tout en trimballant une valise remplie de billets qu’il devra déposer à un endroit précis. La surveillance s’organise autour de l’agent fédéral Hoyt (Widmark, toujours aussi agité et c’est tant mieux), bien décidé à prendre le terroriste la main dans le sac.

Après une séquence d’ouverture particulièrement violente avec un accident de manège repris en version plus trash dans Destination finale 3, James Goldstone installe ses personnages comme des pions sur un échiquier, pour mieux les manipuler dans un décor qu’il exploite parfaitement du début à la fin. Le suspense est maintenu, le divertissement demeure entier malgré une fin quelque peu expédiée et le charme vintage agit toujours, tout comme la composition inspirée de Lalo Schifrin. Dernière anecdote, la fille du personnage d’Harry Calder est interprétée par la jeune Helen Hunt, alors âgée de 14 ans.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Toboggan de la mort est disponible chez Elephant Films en DVD et combo Blu-ray/DVD. Le menu principal est animé et musical.

Outre un lot de bandes-annonces et une galerie de photos, la présentation du film par Julien Comelli (23’) est nettement plus intéressante et instructive que pour La Kermesse des aigles chroniqué fin août. Le journaliste en culture pop propose tout d’abord un petit récapitulatif des films catastrophes tournés dans les années 1970, tout en donnant de nombreuses indications sur les scénaristes, le casting, le compositeur du Toboggan de la mort. La fin du genre est également abordée avec l’arrivée des films de science-fiction et fantastiques qui attirent désormais les spectateurs Star Wars depuis en 1977. Julien Comelli avance avec justesse que le film de James Goldstone parvient à tirer son épingle du jeu, tout en le comparant avec d’autres thrillers se passant dans un parc d’attractions, à l’instar de Westworld, Les Dents de la mer 3 et Le Flic de Beverly Hills 3. Enfin, le procédé Sensurround est également évoqué, tout comme la sortie du film.

L’Image et le son

Superbe ! Entièrement restauré, Le Toboggan de la mort est enfin proposé dans une édition digne de ce nom, en Blu-ray au format 1080p. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce lifting lui sied à ravir. Tout d’abord, la copie affiche une propreté incontestable, aucune scorie n’a survécu à l’attention des restaurateurs, la clarté HD et la colorimétrie pimpante flattent les rétines sur les séquences en extérieur. Dès la fin du générique d’ouverture, marqué par un grain plus prononcé, les contrastes trouvent une fermeté inédite, le piqué est renforcé et les noirs plus denses, les détails sur les décors abondent, sans oublier la profondeur de champ. Certes, quelques plans peuvent paraître plus doux en matière de définition, à l’instar des images tournées au moyen d’une caméra embarquée sur les attractions, avec de sensibles fourmillements et flous intempestifs, mais jamais le film de James Goldstone n’avait jusqu’alors bénéficié d’un tel traitement de faveur.

Evidémment, le Sensurround ne s’invite pas dans votre salon. Cependant, l’éditeur offre la possibilité de visionner Le Toboggan de la mort en DTS-HD Master Audio 3.1 anglais, mais aussi en version française ! Ces options acoustiques créent un véritable confort, tout en reproduisant quelques secousses bienvenues lors des scènes où le spectateur s’invite dans une des attractions. Le caisson de basses participe à cette expérience. Les versions française (excellent doublage avec les illustres Dominique Paturel, Marc Cassot, Roger Crouzet, Jacques Richard) et anglaise sont également disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0 qui conviennent également, mais puisque l’éditeur nous offre la possibilité de renforcer un peu plus le spectacle, pourquoi s’en priver ?

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Don’t Kill It, réalisé par Mike Mendez

DON’T KILL IT réalisé par Mike Mendez, disponible en DVD le 6 septembre 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs :   Dolph Lundgren, Kristina Klebe, Elissa Dowling, Billy Slaughter, Michael Aaron Milligan, Tara Cardinal…

Scénario :  Dan Berk, Robert Olsen

Photographie : Jan-Michael Losada

Musique : Juliette Beavan,  Sean Beavan

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Un démon antique est accidentellement libéré dans une petite ville dépeuplée du Mississippi. Le seul espoir de survie repose entre les mains d’un chasseur de démons et d’un agent du FBI.

Dolph Lundgren peut encore compter sur la fidélité de nombreux fans, y compris pour ses productions qui sortent directement dans les bacs. C’est le cas ici de Don’t Kill It. Si la carrière du comédien reste aujourd’hui marquée par quelques obscures séries B et Z, Les Maîtres de l’univers, Punisher, Universal Soldier, Au-dessus de la loi, Pentathlon ou encore Johnny Mnemonic, les épisodes de la franchise Expendables – Unité spéciale ont démontré qu’il restait une «  icône  » du genre dans le cinéma d’action. Né le 3 novembre 1957, Dolph Lundgren obtient une maîtrise en chimie après avoir suivi les cours du prestigieux Institut royal de technologie de sa ville natale Stockholm. Le nez plongé dans les livres et se consacrant à de hautes études, il souhaite devenir ingénieur comme son père. À 16 ans, il découvre les arts martiaux, le judo et le karaté, et commence la compétition de haut niveau en 1979, deux ans avant de devenir ceinture noire. Son gabarit et sa taille (1m96) impressionnent. Il participe au deuxième championnat du monde, emmagasine les titres nationaux au début des années 80. C’est alors qu’il rencontre Warren Robertson, professeur d’art dramatique, disciple de l’imminent Lee Strasberg. C’est une révélation, il décide de devenir comédien.

Il fait ainsi sa première apparition en 1985 dans le dernier James Bond de Roger Moore, Dangereusement vôtre. S’il n’est qu’une silhouette derrière Grace Jones, sa compagne d’alors, Lundgren enchaîne les auditions. Il passe celle pour Rambo II (la mission), mais Stallone l’imagine d’emblée pour incarner le rival de Rocky dans le quatrième opus. En 1985, Rocky IV sort sur les écrans et c’est un triomphe international. Acteur-phénomène, il est remarqué par les célèbres Menahem Golan et Yoram Globus, qui lui proposent le premier rôle dans l’adaptation live des Maîtres de l’univers. Le film est un échec critique et commercial, mais les années en ont fait un vrai objet de culte. Dolph Lundgren rebondit aussitôt et se voit offrir le scénario du Scorpion rouge que doit mettre en scène Joseph Zito, porté par les succès de Vendredi 13 – Chapitre 4 : Chapitre final, ainsi que Portés disparus et Invasion U.S.A. avec Chuck Norris. Les années 1990 sourient alors au comédien, mais les années 2000 seront difficiles et comme beaucoup de ses confrères spécialisés dans l’action (dont un certain Steven S à la coupe de cheveux en triangle), il enchaîne les films, la plupart du temps à petit budget, destinés au marché du DVD. Malgré cette période, Dolph Lundgren conserve aujourd’hui toute la sympathie des spectateurs nostalgiques de ce genre de divertissements et se voit souvent inviter par quelques réalisateurs qui ont grandi avec ses films. Il parvient d’ailleurs à tirer profit de ce regain de popularité puisqu’il est dernièrement apparu dans la série Arrow, et qu’il est déjà annoncé au casting d’Aquaman de James Wan et de Creed 2 dans lequel il reprendra son rôle mythique d’Ivan Drago ! Mais le film qui nous intéresse, Don’t Kill It, est une petite production au budget de 3,5 millions de dollars, qui intègre le haut du panier dans les DTV de l’ami Dolph, en l’occurrence une pure série B, une comédie fantastique et d’horreur, souvent gore, qui n’a pas peur du ridicule puisque le grotesque est volontaire.

Un mal très ancien sévit dans une petite ville du Mississippi, passant d’un hôte à un autre à la manière du Témoin du mal de Gregory Hoblit (1998), et semant mort et destruction sur son chemin. Seul espoir de survie, un grisonnant chasseur de démons ayant déjà fait face à cette horreur par le passé. Accompagné d’un agent du FBI réticent (Kristina Klebe), Jebediah doit découvrir comment détruire ce démon qui a la capacité de prendre possession de son tueur. Voilà. En partant sur un principe simple et usé jusqu’à la moelle, Don’t Kill It remplit son contrat et s’avère un film d’action bien bourrin et sanglant, qui repose autant sur la décontraction et le charisme buriné de Dolph Lungren, que sur d’efficaces effets de possession et les carnages qui s’ensuivent à coup de tronçonneuse, de machette et de coups de fusil à pompe.

Bien mieux et emballant que Le Dernier chasseur de sorcières avec Vin « Baboulinet » Diesel et animé par un amour contagieux de la série B, Don’t Kill It est l’oeuvre de Mike Mendez, découvert en 2000 avec Le Couvent et le déjà culte Big Ass Spider ! (2013), monteur, acteur, scénariste, le genre de type qui s’est fait tout seul, qui n’a jamais eu la prétention de révolutionner le cinéma, mais qui s’éclate à en faire et qui souhaite faire plaisir aux spectateurs. Et ça fonctionne ! Le scénario est généreux et ne se prend pas au sérieux une seconde. Dolph Lundgren s’éclate du début à la fin. Vêtu d’un long manteau usé jusqu’à la moelle, de boots et d’un chapeau de cowboy, il arbore des grigris autour du cou et vapote sa pipe électronique. Il est prêt à affronter le mal avec ses pétoires, son lance-filet à air comprimé et ses pièges à loups (oui), mais finalement, son personnage ne fait pas grand-chose à part observer le carnage tandis que le mal passe d’un flic à une grand-mère, en passant par un chasseur, une petite fille, un chien, etc. Son personnage de pistolero, il aurait d’ailleurs été un parfait Roland dans La Tour Sombre, reste cool et intervient finalement quand on le laisse en placer une, s’il n’est pas assommé avant.

Tourné en trois semaines, Don’t Kill It est une réussite dans le genre décomplexé et qui va droit à l’essentiel en à peine 80 minutes grâce à une mise en scène bien tenue, une photographie qui a de la gueule et un montage tonique. Très drôle et attachant, on en vient même à vouloir une suite, d’autant plus que la scène finale promet un affrontement plutôt…mordant.

LE DVD

Le test du DVD de Don’t Kill It, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical. La jaquette reprend le visuel de l’affiche américaine.

Aucun supplément à part la bande-annonce en version française.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour Don’t Kill It, ce qui est d’autant plus dommage que le DVD proposé s’avère très médiocre. Cela faisait d’ailleurs longtemps que nous n’avions pas vu une copie aussi moche à vrai dire. Le premier plan sur la forêt donne le ton avec des couleurs délavées, des pixels à foison, un piqué émoussé, des contrastes aléatoires, des fourmillements, des moirages, tout y passe. On se demande même si le film n’a pas été tourné avec une Smartphone ou un appareil photo. Ceci dit, voir le film dans ces conditions rajoute presque un côté cradingue qui renforce l’aspect série B de Don’t Kill It. Certaines séquences semblent voilées, d’autres se révèlent plus claires et aiguisées.

Sans réelle surprise, la piste DTS 5.1 anglaise se révèle nettement plus homogène, naturelle et dynamique que les deux pistes Dolby Digital 5.1 française et également anglaise disponibles. Sans aucune commune mesure, le spectacle est beaucoup plus fracassant sur la première option acoustique que sur les deux autres, paresseuses, déséquilibrées et qui peinent à instaurer une spatialisation digne de ce nom. La version originale DTS 5.1 n’est pas avare en effets sur les scènes de carnage avec un grand soutien du caisson de basses et des latérales qui délivrent une musique qui risque d’alarmer vos voisins. Les sous-titres français sont de couleur jaune.

Crédits images : © Koch Films / M  Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Alpagueur, réalisé par Philippe Labro

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L’ALPAGUEUR réalisé par Philippe Labro, disponible en Blu-ray le 5 septembre chez Studiocanal

Acteurs :  Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Jean Négroni, Patrick Fierry, Jean-Pierre Jorris…

Scénario :  Philippe Labro, Jacques Lanzmann

Photographie : Jean Penzer

Musique : Michel Colombier

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

L’Alpagueur, ex-traqueur de fauves, est devenu un chasseur de primes et oeuvre dans l’ombre au-dessus des lois, pour le compte de la police, qui l’emploie sur des missions dangereuses et délicates. Un jour, après s’être occupé d’un commissaire corrompu, il décide de s’attaquer à l’ennemi public numéro 1…

Café, pousse-café, cigare !

Dans les années 1970, Jean-Paul Belmondo tournera une quinzaine de longs métrages et alternera les polars et les comédies avec le même talent. De Borsalino aux Mariés de l’an II, du Casse à Docteur Popaul, de La Scoumoune au Magnifique, de Peur sur la ville à L’Incorrigible. Un film se démarque quelque peu du lot, L’Héritier de Philippe Labro. Avec 2 millions d’entrées, ce drame policier démontre que Bebel n’a pas besoin de faire le clown ou d’avoir la pétoire à la main pour plaire aux spectateurs. Conforté une fois de plus par son aura auprès du public avec les 2,5 millions d’entrées de L’Incorrigible, Jean-Paul Belmondo retrouve une fois de plus Philippe Labro pour L’Alpagueur, d’après un scénario original de ce dernier, adapté avec Jacques Lanzmann, qui signe également les dialogues. Malgré ses indéniables qualités, L’Alpagueur est encore aujourd’hui plutôt méconnu et même sous-estimé dans l’immense filmographie de Bebel. C’est du moins l’un de ses films auxquels on pense le moins quand on évoque la carrière du comédien. Sans doute parce que sa prestation tout en retenue, sobre, parfois sombre ne repose pas sur un numéro bien rodé (rien de péjoratif à dire cela), d’autant plus que le film ne comporte aucune cascade (à part une impressionnante poursuite à pied de Bebel) et repose autant sur les silences (hérités du cinéma de Jean-Pierre Melville) que sur certaines séquences à la violence sèche et brutale.

Chasseur de primes des temps modernes, Roger Pilar dit l’Alpagueur remplit avec succès et en secret les délicates missions que le gouvernement français lui confie. A peine a-t-il démantelé un vaste réseau de drogue implanté à Rotterdam qu’il fait tomber quelques proxénètes. Il est ensuite chargé de démasquer l’Epervier. Ce tueur impitoyable, sadique et sans états d’âme se fait volontiers aider par de jeunes voyous, quitte à les abattre une fois l’opération terminée. Costa Valdes, l’un de ces malheureux complices, a toutefois survécu. Mais, placé derrière les barreaux, il reste muet lors des multiples interrogatoires qu’on lui fait subir. L’Alpagueur, sous une fausse identité, rejoint le délinquant dans sa cellule, gagne sa confiance et lui tire petit à petit les vers du nez.

Bon voyage Coco…

L’un des grands points forts de ce film aussi efficace qu’un roman de la collection Série noire est la présence au générique de Bruno Cremer. L’Alpagueur est l’un des rares cas où Jean-Paul Belmondo (également producteur) se fait littéralement voler la vedette, même si son partenaire apparaît finalement peu à l’écran. Glacial et glaçant, sensationnel, le comédien campe un assassin qui tue ses jeunes victimes (et ceux qui se mettent en travers de son chemin) à bout portant après s’être servi d’elles le temps d’un hold-up. Ses tirades, souvent ponctuées d’un « Coco » sont aussi tranchantes qu’une guillotine et signent d’ailleurs les dernières secondes de ceux qui l’entendent. De son côté, Jean-Paul Belmondo, visage fermé, incarne un fauve à la recherche d’autres animaux sauvages (Labro voulait d’ailleurs intituler son film « Des animaux dans la jungle »), ce qui lui permet de vivre et d’économiser pour pouvoir plus tard se retirer sur une île déserte qu’il a déjà achetée, jusqu’au jour où il rencontre Costa Valdes au cours de sa mission pour mettre la main sur L’Epervier. L’Alpagueur, habituellement solitaire, va prendre le jeune délinquant sous son aile et se prendre d’affection pour lui, tandis que ce dernier le verra comme un père de substitution et se mettra même à rêver de l’accompagner sur son île. Mais L’Alpagueur est une œuvre sombre et dérangeante où le destin n’a de cesse de s’acharner et de contrecarrer les rêves et les espoirs de chacun.

Très inspiré par Guet-Apens de Sam Peckinpah (1972) au point qu’il en reprendra la scène centrale du règlement de comptes au fusil à pompe, Philippe Labro livre un polar noir et pessimiste à la mise en scène carrée avec une excellente utilisation des décors naturels et urbains. Si le récit met un peu de temps à démarrer et peine à éveiller l’intérêt avec l’enquête sur les proxénètes durant le premier acte, L’Alpagueur s’avère ensuite attachant dans la relation Bebel-Patrick Fierry et chacune des apparitions de Bruno Cremer est marquante. La dernière partie est sans aucun doute la plus réussie avec un suspense bien maintenu et surtout le duel final anthologique visiblement très influencé par le cinéma de Sergio Leone, sur une composition magistrale de Michel Colombier aux accents par ailleurs morriconniens.

Avec 1,5 million d’entrées au cinéma en mars 1976, L’Alpagueur est considéré comme un demi-échec commercial, le public étant quelque peu dérouté par la noirceur du film. Même s’il ne bénéficie pas du même statut que les deux Verneuil tournés au même moment, Peur sur la ville et Le Corps de mon ennemi, qui profitaient entre autres de quelques soupapes d’humour grâce aux répliques de Francis Veber d’un côté et Michel Audiard de l’autre, L’Alpagueur demeure néanmoins un film prisé par de nombreux fans de l’éternel Bebel.

LE BLU-RAY

L’édition HD de L’Alpagueur est disponible chez Studiocanal. Le DVD du film restauré en Haute-Définition était d’ailleurs déjà disponible chez le même éditeur depuis 2001 et avait été réédité avec une jaquette différente en 2007. Le menu principal est fixe et muet, triste…

A l’occasion de cette sortie en Blu-ray, l’éditeur propose une interview de Philippe Labro (22’30) réalisée récemment alors que la première édition DVD comprenait également un entretien avec le réalisateur filmé en décembre 2000, d’une durée à peu près identique et qui comprenait pour ainsi dire les mêmes informations. Le journaliste, écrivain, scénariste et metteur en scène revient sur la genèse de L’Alpagueur et de sa mise en route, notamment la façon dont Jean-Paul Belmondo s’est accaparé le projet en tant qu’unique producteur via sa compagnie Cerito Films, alors que le film devait être produit par Jacques-Éric Strauss à qui Bebel avait racheté les droits. Philippe Labro évoque ce qui a « changé la donne » une fois que son comédien est finalement devenu son « patron ». Une collaboration qui s’est bien passée, si ce n’est une « colère d’acteur » de Belmondo qui a débarqué un jour sur le plateau en passant sa rage (inexpliquée selon Labro) sur les éléments du décor. Le réalisateur donne d’autres informations sur le tournage de son cinquième long métrage, à l’instar de ses références (Sam Peckinpah et de Guet-Apens en particulier), le titre envisagé (Des animaux dans la jungle), les partis pris, le casting (surtout Bruno Cremer en fait), la partition de Michel Colombier (qui lui avait été recommandé par Jean-Pierre Melville), l’accueil réservé à la sortie du film, qui a su depuis traverser les années et devenir un petit film culte.

L’Image et le son

L’élévation HD pour L’Alpagueur est aussi frappante que pour les très beaux Blu-ray de Peur sur la ville et du Corps de mon ennemi sortis chez le même éditeur. Fort d’un master au format respecté et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble, ce Blu-ray n’est peut-être pas aussi net et précis que les deux autres titres mentionnés plus haut, mais la restauration est de haut niveau avec des contrastes appréciables, une copie propre, le grain argentique préservé, un piqué élégant et des détails qui étonnent souvent par leur précision, en particulier les gros plans. La photo hivernale, grisâtre, sombre du chef opérateur Jean Penzer (Le Diable par la queue, Sans mobile apparent, L’Incorrigible) donne parfois du fil à retordre à l’encodage avec son brouillard environnant et ses teintes fanées, mais le résultat est là, l’image affiche une indéniable stabilité et certaines séquences tirent leur épingle du jeu.

Le mixage français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 instaure un bon confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Michel Colombier dispose d’un très bel écrin. Mauvais point en revanche pour l’absence de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, tout comme celle d’une piste Audiodescription qui manque à l’appel.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Pris de court, réalisé par Emmanuelle Cuau

PRIS DE COURT réalisé par Emmanuelle Cuau, disponible en DVD le 22 août 2017 chez Ad Vitam

Acteurs : Virginie Efira, Gilbert Melki, Marilyne Canto, Renan Prévot, Jean-Baptiste Blanc, Zacharie Chasseriaud…

Scénario : Raphaëlle Valbrune, Emmanuelle Cuau, Eric Barbier, Lise Bismuth-Vayssières

Photographie : Sabine Lancelin

Musique : Alexandre Lecluyse

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Nathalie est joaillière et vient de s’installer à Paris pour un nouveau travail avec ses deux fils. Mais la direction de la bijouterie change soudainement d’avis et lui annonce que le poste ne sera pas pour elle. Nathalie veut protéger ses enfants et décide de ne rien leur dire. De ce mensonge vont naître d’autres mensonges de part et d’autre part.

Voilà dix ans que nous attendions impatiemment le retour de la réalisatrice Emmanuelle Cuau derrière la caméra après son second long métrage et coup de maître Très bien, merci, sorti en avril 2007. Venue de l’IDHEC, elle signe son premier film en 1995, Circuit Carole, avec Bulle Ogier et Laurence Côte. Elle est également l’auteure du scénario de Secret défense de Jacques Rivette (1998) et met en scène quelques épisodes de séries télévisées (Combats de femme, Pepe Carvalho) avant de reprendre la caméra pour Très bien, merci. En 2017, Pris de court est donc son troisième long métrage et c’est encore une fois une grande réussite.

Emmanuelle Cuau coécrit le scénario avec Raphaëlle Desplechin (Tournée), Lise Bismuth et surtout l’excellent Eric Barbier, auteur et réalisateur de deux brillants polars, Le Serpent (2006) et Le Dernier diamant (2014). Dans Pris de court, on retrouve cette rigueur propre au thriller et présente dans les deux films d’Eric Barbier, alliée à la structure en engrenages déjà présente dans Très bien, merci. Emmanuelle Cuau fait basculer le drame familial vers le film à suspense, et n’hésite pas à jouer la carte du romanesque. Nathalie, joaillière, veuve, quitte le Canada avec ses deux fils pour s’installer à Paris. Elle vient en effet de se voir proposer un poste intéressant. Mais, à la dernière minute, les bijoutiers pour lesquels elle doit travailler lui annoncent que le poste n’est plus pour elle. Nathalie, qui vient de trouver un logement et d’inscrire ses fils à l’école, est désespérée. Pour protéger ses enfants, elle décide de ne rien leur dire et cherche un emploi de remplacement. Elle trouve alors du travail dans une brasserie. Bientôt, Paul, son fils aîné découvre qu’elle leur a menti. De son côté, il commence à se livrer à quelques larcins au profit de Fred, un truand du quartier. Paul est pris également dans une spirale et sa famille en vient à être menacée. Nathalie décide de prendre les choses en main pour les sortir de ces ennuis.

Nathalie est interprétée par la désormais incontournable Virginie Efira. Décidément, la carrière de la comédienne a connu une sacrée accélération depuis Caprice d’Emmanuel Mouret, puisqu’elle aura enchaîné avec Victoria de Justine Triet et Elle de Paul Verhoeven, avec qui elle se prépare d’ailleurs à tourner à nouveau, cette fois en tant qu’actrice principale. A l’instar de Gilbert Melki dans Très bien, merci, présent également au générique de Pris de court, le personnage de Virginie Efira se retrouve entraîné dans une succession d’événements peu banals, mais bien que dépassée par ce qui lui arrive, Nathalie va tenter de garder la tête haute et de s’en sortir. Emmanuelle Cuau présente son film comme un thriller familial. Le mélange des genres peut tout d’abord être étonnant et même décontenancer les spectateurs, toujours est-il que cela fonctionne parfaitement. L’étau se resserre sur les personnages, la tension est permanente et repose sur des situations auxquelles on croit pouvoir échapper et qui ne nous concernent pas, mais qui finissent par arriver au sein d’une famille monoparentale (les deux jeunes acteurs sont très bons par ailleurs) et qui espérait un nouveau départ.

La prestation de Virginie Efira est aussi formidable qu’élégante, à l’image du film, et nous sommes également ravis de voir à ses côtés la trop rare et talentueuse Marilyne Canto. Pris de court est une œuvre épurée, dépouillée même, vive et dynamique, qui va droit à l’essentiel grâce aux ellipses, sans jamais s’appesantir sur le malaise des personnages, mais qui au contraire se concentre sur leur contre-attaque en emportant ainsi les spectateurs dans un courant jusqu’à son dénouement inattendu.

LE DVD

Le DVD de Pris de court, disponible chez Ad Vitam, repose dans un boîtier classique transparent. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément, si ce n’est la bande-annonce. Vraiment dommage.

L’Image et le son

Malgré l’engouement critique, il semble qu’Ad Vitam n’ait pas jugé bon de sortir Pris de court en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs sont bien loties, entre chaud et froid, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise sur toutes les séquences en extérieur et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas aux quatre coins du cadre, les noirs sont denses. On aurait vraiment aimé une édition HD !

Le mixage Dolby Digital 5.1 déçoit par son manque d’envergure et de peps, tant au niveau de la délivrance des dialogues que des effets latéraux. S’il n’y a pas grand-chose à redire sur la balance frontale, ce mixage ne parvient pas vraiment à créer une véritable spatialisation. Les enceintes latérales ne servent finalement qu’à mettre en relief les quelques ambiances naturelles de la ville. Bon point en revanche pour la version Stéréo, dynamique à souhait. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Butterfly Kiss, réalisé par Michael Winterbottom

BUTTERFLY KISS réalisé par Michael Winterbottom, disponible en combo DVD/Blu-ray le 5 septembre 2017 chez Outplay

Acteurs : Saskia Reeves, Amanda Plummer, Kathy Jamieson, Des McAleer, Lisa Riley, Freda Dowie…

Scénario : Frank Cottrell Boyce, Michael Winterbottom

Photographie : Seamus McGarvey

Musique : John Harle

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1995

LE FILM

Eunice, une femme visiblement dangereuse, passe sa vie à arpenter les autoroutes du nord de l’Angleterre à la recherche d’Edith, la seule qui lui ait jamais témoigné de l’amour. Dans une station-service, elle rencontre Miriam, qui quitte tout pour la suivre, même si elle devine très vite qu’Eunice est une meurtrière.

« Je t’aurai corrompu bien avant que tu me bonifies. »

Inclassable et prolifique, le cinéaste britannique Michael Winterbottom (né en 1961) fait ses débuts à la télévision en 1990 avec le drame Forget About Me. Il enchaîne très vite en réalisant quelques séries (Family, Cracker), puis signe un deuxième téléfilm Under the Sun en 1992. Mais c’est avec son troisième film, cette fois réalisé pour le cinéma en 1995, que Michael Winterbottom se fait connaître sur la scène internationale. Sur une idée du scénariste Frank Cottrell Boyce, Butterfly Kiss est un road-trip mortel, éprouvant et hypnotique, rapidement devenu culte auprès des cinéphiles.

Le film est à l’image de ses conditions de prises de vues puisque réalisé dans l’urgence, avec une équipe réduite et un budget limité de 400.000 livres. Imprévisible et extravertie, Eunice arpente les autoroutes du nord de l’Angleterre à la recherche d’une dénommée Edith, qui lui aurait écrit des lettres d’amour. Dans une station-service, elle rencontre Miriam, jeune femme réservée et solitaire, coincée entre son métier de caissière et sa mère, âgée et invalide. Fascinée par Eunice, Miriam décide de tout quitter pour la suivre. Très vite, elle comprend qu’Eunice est une meurtrière mais ne peut se résoudre à la quitter. Film choc, Butterfly Kiss n’a rien perdu de son magnétisme. Absolument fascinant, viscéral, sombre et parcouru pourtant par un indéfectible amour, le troisième long métrage de Michael Winterbottom convie le spectateur à prendre place auprès de deux jeunes femmes à qui la vie n’a pas fait de cadeau, embarquées dans une mortelle randonnée. Si la violence est finalement « soft » à l’écran, ce sont avant tout les actes et leurs conséquences qui foudroient l’audience. Très tôt, Michael Winterbottom aimait déjà jouer avec l’empathie du spectateur envers des personnages détestables, difficile d’accès, peu recommandables. Des marginaux, des solitaires, des êtres rejetés par la société. Une marginalisation qui n’est pas volontaire ou le fruit d’une révolte.

Le réalisateur de Jude, Bienvenue à Sarajevo, 9 Songs, Tournage dans un jardin anglais, Un coeur invaincu et The Killer Inside Me dresse le portrait sans fard de deux jeunes femmes que tout oppose, mais dont l’alchimie est immédiate et qui se retrouvent unies par les sentiments qu’elles ont l’une pour l’autre. Eunice est interprétée par l’ahurissante et insaisissable Amanda Plummer. L’actrice américano-canadienne livre une prestation ébouriffante et inquiétante. Elle se fond totalement dans la peau d’Eunice, coincée malgré-elle dans une boucle constituée de voies rapides, qui passe de station-service en restaurants autoroutiers à la recherche une certaine Judith et une chanson d’amour en vinyle, même si on ne lui propose que des K7. Cheveux de feu, regard habité, son corps est recouvert de 17 tatouages, ses seins percés par des anneaux, son abdomen et son dos recouverts de chaînes et de cadenas. Elle rencontre Miriam, jeune employée d’une station-service. Timide, effacée, ingrate peut-être, douce, elle se prend d’affection pour Eunice et souhaite lui venir en aide. Elle lui propose alors l’hospitalité chez sa vieille mère, handicapée clouée sur un fauteuil roulant. Mais le désir de révolte est plus fort que tout et très vite Eunice envoie tout balader. Elle retourne sur la route. Pour la première fois de sa vie, Miriam quitte elle aussi son domicile, bien décidée à rejoindre Eunice sur la route, là où le destin voudra bien les conduire. Elle découvre très vite qu’Eunice est une tueuse, qui laisse des cadavres derrière elle, ou plutôt dans le coffre des voitures qu’elle trouve sur son chemin. Métamorphosée pour son rôle, Saskia Reeves livre une prestation tout aussi impressionnante et crève autant l’écran que sa partenaire, même si son personnage peut tout d’abord paraître plus effacé par nature. Pourtant, Miriam évolue autant qu’Eunice.

Ces deux jeunes femmes opposées rentrent en confrontation, se scrutent, s’embrassent, se caressent, s’avèrent les facettes d’une même pièce. Si Miriam souhaiterait bouffer la vie comme Eunice en agissant de façon impulsive sans se soucier des conséquences, Eunice voudrait être sereine comme Miriam. Ces deux corps qui s’attirent physiquement vont ensuite se tirer vers le haut, sur une route cimentée où le ciel grisâtre contraste avec la campagne verdâtre du Lancashire et le sang écarlate.

Résolument violent, même si les assassinats ne sont pas montrés à part ceux du chauffeur-routier et du représentant, Butterfly Kiss démontre que la société impitoyable est en partie responsable de cette implosion. Toutefois, Michael Winterbottom et son scénariste ne cherchent pas de circonstances atténuantes pour les actes commis par les personnages. Certains spectateurs n’y verront que deux pauvres nanas timbrées – il faut dire que le cinéaste ne fait rien pour les caresser dans le sens du poil – et un récit qui n’aspire visiblement que le rejet, mais l’empathie se crée, tandis que l’audience patiente et investie sera entraînée dans le sillage de Miriam et d’Eunice, jusqu’au dénouement libérateur, le châtiment rédempteur tant attendu, l’absolution dans une ablution, au crépuscule. Une folle, troublante et fiévreuse odyssée bercée par les chansons des Cranberries et PJ Harvey, qui n’a pas pris une ride depuis sa sortie. Un film coup de poing. Un chef d’oeuvre.

LE BLU-RAY

Pour cette sortie, l’éditeur Outplay a concocté un magnifique combo Blu-ray/DVD. Les deux disques reposent dans un superbe Digipack à trois volets, composé du portrait des deux personnages et d’un encart pour un livret. L’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné au visuel très élégant et attractif. Grand travail éditorial.

Comme nous l’indiquons plus haut, cette édition comprend un livret de 16 pages composé de photos du film, mais surtout d’un entretien de Michael Winterbottom réalisé par Michel Ciment et Yann Tobin pour le n°430 de la revue Positif publié en décembre 1996. Le réalisateur revient sur les lieux du tournage, les conditions de prises de vues, son travail avec le scénariste Frank Cottrell Boyce, les thèmes du film, la création des personnages et leur difficulté à les faire accepter auprès des spectateurs.

En guise de supplément vidéo, Outplay a confié à l’imminent N.T. « Yann » Binh, journaliste, critique, enseignant de cinéma à Paris 1 Panthéon-Sorbonne, la présentation de Butterfly Kiss de Michael Winterbottom (31’). A travers cet exposé passionnant, mister Binh (pardon) reprend peu ou prou les mêmes arguments et informations distillés dans l’interview du cinéaste dont il avait recueilli les propos pour le magazine Positif il y a plus de vingt ans. Cela lui permet d’approfondir les thèmes, de se pencher un peu plus sur le fond et la forme de Butterfly Kiss, tout en replaçant le film dans la carrière du réalisateur. Yann Binh indique même l’influence du cinéma d’Ingmar Bergman, auquel Michael Winterbottom venait de consacrer deux documentaires, dans son premier long métrage pour le cinéma. La genèse de Butterfly Kiss, l’évolution des personnages, leur trajectoire, leur quête, le casting et encore bien d’autres éléments sont abordés dans cette remarquable analyse du film.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Alors qu’il demeurait inédit dans nos contrées en DVD, l’éditeur Outplay frappe fort puisque non seulement Butterfly Kiss est enfin disponible en DVD, mais aussi et pour la première fois en Blu-ray (1080p) ! C’est une exclusivité mondiale et cela mérite vraiment d’être souligné. Nous sommes donc face à un nouveau master Haute-Définition issu d’une restauration qui a visiblement quelques heures de vol, mais qui n’en demeure pas moins fort correcte. Ce master ne cherche pas à épater la galerie, cela serait d’ailleurs difficile avec les partis pris de la photographie de Seamus McGarvey (High Fidelity, World Trade Center, Avengers), mais les volontés artistiques sont heureusement respectées avec des couleurs atténuées qui se réchauffent au fur et à mesure du parcours des deux personnages, un grain cinéma aléatoire, des contrastes du même acabit. Le piqué est évident, les détails souvent plaisants et malgré divers points et tâches fréquemment constatables, la copie demeure propre et stable.

Seule la version originale est ici disponible en DTS-HD Master Audio 2.0, ainsi que les sous-titres français non verrouillés. L’écoute s’avère claire, sans aucun souffle, avec une restitution dynamique des dialogues, ainsi que des effets annexes, notamment du trafic automobile incessant. La musique de John Harle ainsi que les chansons qui illustrent le film (The Cranberries, Patsy Cline, Björk, PJ Harvey) ne manquent pas de coffre et le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français pour le public sourd et malentendant sont également au menu.

Crédits images : © British Screen and The Merseyside Film Production Fund. / Dan Films LTD / Outplay / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr