Test Blu-ray / Benny & Joon, réalisé par Jeremiah S. Chechik

BENNY & JOON réalisé par Jeremiah S. Chechik, disponible en DVD et Blu-ray le 18 novembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Johnny Depp, Mary Stuart Masterson, Aidan Quinn, Julianne Moore, Oliver Platt, CCH Pounder, Dan Hedaya, Joe Grifasi, William H. Macy…

Scénario : Barry Berman

Photographie : John Schwartzman

Musique : Rachel Portman

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Depuis la mort accidentelle de leurs parents, Benny s’occupe de sa soeur Joon, fragile et asociale, sujette à des accès de rage et de violence qui font fuir leur entourage. L’arrivée de Sam, jeune illettré presque muet qui a adopté les manières et le costume de Buster Keaton, va bouleverser la vie du frère et de la soeur.

Pour beaucoup, malheureusement, le réalisateur canadien Jeremiah S. Chechik, né en 1955, est et restera le principal responsable d’un horrible doublé, Diabolique (1996), remake du chef d’oeuvre d’Henri-Georges Clouzot et Chapeau melon et bottes de cuirThe Avengers (1998), adaptation cinématographique de la légendaire série éponyme. Depuis, le réalisateur n’est jamais revenu au cinéma et a préféré se dissimuler à la télévision où il n’a pas cessé de tourner (The Bronx Is Burning, Gossip Girl, Burn Notice, Chuck, Rogue…). Pourtant, les débuts de Jeremiah S. Chechik sont très prometteurs puisque son premier long-métrage, Le Sapin a les boules National Lampoon’s Christmas Vacation, troisième volet de la franchise, fracasse le box-office américain en 1989 et sera d’ailleurs le plus gros succès de la saga. Si son second film, Arrive Alive (1990), est aujourd’hui oublié, le bijou de sa filmographie demeure Benny & Joon, comédie tendre, romantique et poétique, une madeleine pour un grand nombre de spectateurs. Rien qu’avec cet opus, Jeremiah S. Chechik mérite d’être réhabilité, puisqu’il démontrait ici tout son savoir-faire, notamment en direction d’acteurs, tous exceptionnels dans Benny & Joon, de Johnny Depp à Mary Stuart Masterson, en passant par Aidan Quinn, la sublimissime Julianne Moore et Oliver Platt, sans oublier Dan Hedaya et William H. Macy. Ou comment Benny & Joon est devenu un vrai classique du cinéma américain, qui fleure bon les années 1990, un parfum qui s’éloigne petit à petit, mais dans lequel on replonge avec délice.

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Test Blu-ray / Le Lion et le Vent, réalisé par John Milius

LE LION ET LE VENT (The Wind and the Lion) réalisé par John Milius, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD le 21 octobre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Sean Connery, Candice Bergen, Brian Keith, John Huston, Geoffrey Lewis, Steve Kanaly, Vladek Sheybal, Nadim Sawalha, Roy Jenson, Deborah Baxter…

Scénario : John Milius

Photographie : Billy Williams

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Maroc, 1904. Le chef berbère El-Raisuli enlève Eden Perdicaris, une citoyenne américaine, et ses deux enfants. Par cet enlèvement, il veut provoquer un incident diplomatique et s’opposer au sultan Abdelaziz, qu’il juge corrompu.

Né en 1944, John Milius, militariste (et anarchiste zen) qui n’a pas pu s’engager dans l’armée dans les années 1960 pour des problèmes de santé, se tourne finalement vers le cinéma et devient très vite scénariste. Son style virulent tape dans l’oeil de certains réalisateurs et son nom apparaît au générique (ou pas) de chefs-d’oeuvre comme L’Inspecteur Harry, Jeremiah Johnson, Magnum Force, Apocalypse Now. Passé à la mise en scène en 1973 avec Dillinger avec le grand Warren Oates dans le rôle-titre, John Milius offre à Arnold Schwarzenegger son premier rôle mythique dans Conan le Barbare en 1982. Mais avant cela, son second long-métrage, Le Lion et le VentThe Wind and the Lion, rend compte de sa cinéphilie et de son amour pour le cinéma classique. Le cinéaste émerveillé par les armes à feu et l’autodéfense souhaite avec ce film laisser libre cours à ses fantasmes armés jusqu’aux dents (ou à l’arme blanche), comme il le fera plus tard avec L’Aube rouge, dans lequel les Etats-Unis se trouvent un beau matin pris d’assaut par des soldats Soviétiques alliés aux Cubains et où des jeunes adolescents américains n’hésitent pas à prendre les armes pour en faire voir des vertes et des pas mûres à ces buveurs de vodka ! Dans Le Lion et le Vent, inspiré par un fait divers authentique, mais remanié à la sauce Milius, des puissances s’affrontent, le Maroc contre le pays de l’Oncle Sam. Comme bon nombre des films auxquels John Milius a apporté sa plume, il est souvent nécessaire de laisser le côté politique (souvent ambivalent il faut bien le dire) au risque de ne pas apprécier ses films, qui sont avant tout des divertissements rudement bien emballés, comme c’est le cas de ce Lion et le Vent, porté par un souffle romanesque indéniable, la composition enivrante du maestro Jerry Goldsmith et le charisme hors du commun de Sean Connery. John Milius dispose d’un budget conséquent et les scènes d’action restent marquées par quelques éclats de violence brute.

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Test Blu-ray / Uniformes et jupon court, réalisé par Billy Wilder

UNIFORMES ET JUPON COURT (The Major and the Minor) réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD et Blu-ray 4 novembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Ginger Rogers, Ray Milland, Rita Johnson, Robert Benchley, Diana Lynn, Edward Fielding, Frankie Thomas, Raymond Roe…

Scénario : Charles Brackett & Billy Wilder d’après la pièce de Edward Childs Carpenter et l’histoire de Fannie Kilbourne

Photographie : Leo Tover

Musique : Robert Emmett Dolan

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1942

LE FILM

Après avoir tenté sa chance à New York, Susan Applegate souhaite rentrer chez elle dans l’Iowa. Afin de bénéficier d’un billet de train à prix réduit, elle se fait passer pour une adolescente. Traquée par les contrôleurs, elle trouve refuge auprès du major Philip Kirby, qui, persuadé qu’elle est mineure, décide de lui venir en aide.

Contrairement à ce que l’on a souvent pensé, Uniformes et jupon courtThe Major and the Minor (1942) n’est pas le premier long-métrage mis en scène par Billy Wilder (1906-2002). En effet, son premier coup d’essai derrière la caméra demeure Mauvaise graine, interprété par la jeune Danielle Darrieux, qu’il co-réalise à Paris avec Pierre Mingand en 1934, juste après avoir fui l’Allemagne nazie et dans lequel on retrouvait déjà moult motifs qui caractériseront son œuvre à venir, notamment une mise en scène constamment inventive et un rythme trépidant. Mauvaise graine n’était qu’une étape, une escale, puisque Billy Wilder parvient à s’envoler pour les Etats-Unis sous les conseils et avec l’aide du cinéaste Joe May (La Maison aux sept pignons, pionnier du cinéma allemand). Sur le sol de l’Oncle Sam, Billy Wilder, bien qu’ayant encore du mal avec la langue anglaise, devient scénariste. Outre Musique dans l’airMusic in the Air de Joe May qui lui a permis de laisser l’Europe derrière lui, il s’associe avec Charles Brackett et signent tous les deux l’histoire de La Huitième Femme de Barbe-BleueBluebeard’s Eighth Wife d’Ernst Lubitsch en 1938. C’est une révélation et les deux hommes ne se quitteront plus jusqu’à Boulevard du crépusculeSunset Boulevard (1950). Après Cet âge ingratThat Certain Age (1938) d’Edward Ludwig, La Baronne de minuit Midnight (1939) de Mitchell Leisen, Ninotchka (1939) d’Ernst Lubitsch, What a Life (1939) de Theodore Reed, Éveille-toi mon amour Arise, my love (1940) de Mitchell Leisen, Boule de feuBall of Fire (1941) de Howard Hawks et Par la porte d’orHold Back the Dawn (1941) de Mitchell Leisen, Billy Wilder obtient le feu vert pour mettre en scène son premier long-métrage américain, Uniformes et jupon court, pour lequel il demande une fois de plus à son complice Charles Brackett d’écrire le scénario avec lui, en s’inspirant d’une pièce d’Edward Childs Carpenter. C’est un petit coup de maître, un film matriciel, celui d’où l’une des plus grandes filmographies de l’histoire cinéma américain est partie. Si rétrospectivement The Major and the Minor apparaît subsidiaire, cette comédie n’en reste pas moins corrosive et culottée, puisque pour reprendre les mots de Billy Wilder lui-même « il s’agit du premier film américain qui traite clairement de pédophilie », où suite à un quiproquo, un homme de 35 ans se trouve sexuellement attiré par ce qu’il pense être une jeune fille de 12 ans…Contre toute attente, Billy Wilder est passé à travers les mailles du filet de la censure du tristement célèbre Code Hays qui faisait de ravages, en misant avant tout sur le caractère divertissant d’un vrai postulat de vaudeville, tout en faisant confiance à l’intelligence des spectateurs qui n’y verront avant tout qu’une confusion de la part de protagonistes idiots qui entourent le personnage principal. Toujours est-il qu’Uniformes et jupon court est une comédie truculente, dans laquelle brille Ginger Rogers, le véritable premier astre de la carrière cinématographique de Billy Wilder, définitivement lancé dans l’arène des cinéastes hollywoodiens.

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Test Blu-ray / La Maison aux sept pignons, réalisé par Joe May

LA MAISON AUX SEPT PIGNONS (The House of the Seven Gables) réalisé par Joe May, disponible en DVD et Blu-ray le 20 octobre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : George Sanders, Margaret Lindsay, Vincent Price, Dick Foran, Nan Grey, Cecil Kellaway, Alan Napier, Gilbert Emery…

Scénario : Lester Cole & Harold Greene, d’après le roman de Nathaniel Hawthorne

Photographie : Milton R. Krasner

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1940

LE FILM

En 1828, la famille Pyncheon est ruinée. L’un des héritiers, Clifford, songe à vendre la superbe demeure familiale, sur laquelle semble peser une malédiction, et à partir s’installer avec sa cousine Hepzibah. Mais son cousin Jaffrey s’y oppose : il parvient à faire accuser Clifford de meurtre et à le faire jeter en prison.

La Maison aux sept pignonsThe House of the Seven Gables est réalisé en 1940 par Joe May, cinéaste autrichien né Julius Otto Mandl (1880-1954). Totalement méconnu en France, ce dernier est pourtant l’un des pionniers du cinéma allemand et le metteur en scène d’un vrai chef d’oeuvre du cinéma fantastique, Le Retour de l’homme invisibleThe Invisible Man Returns, suite directe du film de James Whale. Au début des années 1940, les studios Universal se rendent compte du nouvel engouement des spectateurs pour la franchise Universal Monsters. La même année que ce second opus, les studios confient les rênes de La Maison aux sept pignons à Joe May et le film est cette fois encore écrit par Lester Cole, qui sera plus tard victime du maccarthysme et inscrit sur la Liste noire à Hollywood. Pour ce superbe drame, adapté du roman éponyme de Nathaniel Hawthorne (publié en 1851), le cinéaste retrouve aussi l’immense Vincent Price (dans un rôle prévu à l’origine pour Robert Cummings), qui venait d’incarner un homme invisible cynique, violent et menaçant. S’il « n’apparaissait » forcément que de manière subliminale à l’écran dans Le Retour de l’homme invisible, cela ne l’empêchait pas de s’imposer autant que son prédécesseur Claude Rains, notamment grâce à sa voix, l’une des plus belles de l’histoire du cinéma. S’il n’est qu’au début de sa carrière, le comédien crève à nouveau l’écran dans La Maison aux sept pignons, dans lequel il se livre à un véritable duel avec le britannique George Sanders.

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Test Blu-ray / La Grande pagaille, réalisé par Luigi Comencini

LA GRANDE PAGAILLE (Tutti a casa) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 octobre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Alberto Sordi, Serge Reggiani, Carla Gravina, Martin Balsam, Didi Perego, Nino Castelnuovo, Alex Nicol, Claudio Gora…

Scénario : Agenore Incrocci, Furio Scarpelli

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Angelo Francesco Lavagnino

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

8 septembre 1943. Mussolini est destitué et l’Italie signe l’armistice avec les alliés. Le sous-lieutenant Innocenzi et deux de ses hommes tentent de rentrer chez eux. Le voyage sera long et mouvementé, cocasse et bouleversant…

Immense star en Italie, peut-être la plus grande de toute l’histoire du cinéma transalpin, adulé par les spectateurs, encore plus que les autres piliers Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et autres monstres, le mythique Alberto Sordi (1920-2003) a fait les grandes heures de la comédie italienne. Loin de se reposer sur ses lauriers, le comédien n’aura de cesse de se renouveler de film en film, plus de 150 au total, étalés sur soixante ans. Alors âgé de 40 ans, le comédien vient d’enchaîner tour à tour La Grande guerreLa Grande Guerra de Mario Monicelli, Profession MagliariI Magliari de Francesco Rosi et Le VeufIl Vedovo de Dino Risi. S’il n’avait fait que ces trois longs-métrages, Alberto Sordi serait déjà inscrit au panthéon des plus grands acteurs dans son pays. Pourtant, les années 1960 seront encore plus spectaculaires avec notamment Il Vigile et Il medico della mutua de Luigi Zampa, Une vie difficileUna vita difficile de Dino Risi, Mafioso ou L’Homme de la Mafia d’Alberto Lattuada ou Il boom de Vittorio De Sica. Mais cette extraordinaire filmographie compte aussi huit collaborations avec un autre maître du cinéma italien, Luigi Comencini (1916-2007). Cinq ans après La Belle de Rome La bella di Roma, les deux hommes se retrouvent pour La Grande pagailleTutti a casa. Il serait redondant de dire qu’il s’agit d’une de leurs meilleures associations, puisqu’ils signeront plus tard Le Commissaire Il commissario (1962), L’Argent de la vieilleLo scopone scientifico (1972) et Le Grand EmbouteillageL’ingorgo (1979), mais c’est bel et bien le cas. La Grande pagaille, étrangement moins connu en France que les titres mentionnés précédemment, n’en demeure pas moins sensationnel à tout point de vue, de l’interprétation en passant par la mise en scène, le scénario, la qualité des dialogues, tout en faisant passer le spectateur du rire aux larmes en un claquement de doigts. Il fut un temps où le cinéma italien était le plus grand d’Europe. En voici une nouvelle démonstration.

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Test Blu-ray / Cromwell, réalisé par Ken Hughes

CROMWELL réalisé par Ken Hughes, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 septembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Richard Harris, Alec Guinness, Robert Morley, Dorothy Tutin, Frank Finlay, Timothy Dalton…

Scénario : Ken Hughes

Photographie : Geoffrey Unsworth

Musique : Frank Cordell

Durée : 2h20

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Angleterre, 1640. Oliver Cromwell, membre du Parlement, s’inquiète des injustices commises sous le règne du roi Charles 1er. Tandis que le peuple gronde, le roi refuse de partager son pouvoir avec le Parlement. Une guerre civile éclate, opposant les troupes de Cromwell à celles du roi.

Nous n’aurons pas la prétention de pointer les erreurs historiques, les anachronismes et les libertés prises par le réalisateur Ken Hughes présents dans son film, puisque personnellement nous ne connaissions ni le personnage Oliver Cromwell (1599-1658), ni le contexte social et politique, ni le pourquoi de cette guerre civile. A moins d’être un britannique pur et dur, il est certain que la plupart des spectateurs se trouveront dans le même cas. Toujours est-il que Cromwell est un immense divertissement, absolument passionnant, clair pour les non-initiés (c’est-à-dire pour tout le monde ou presque), qui vaut évidemment avant tout pour la confrontation de deux monstres du cinéma anglais, Richard Harris dans le rôle-titre face à Alec Guinness dans celui de Charles 1er. Considéré comme étant l’un des films historiques les plus exceptionnels des années 1970, Cromwell aura connu une très longue gestation de près de dix ans pour Ken Hughes (1922-2001), véritablement passionné par son sujet – même si le film fait volontairement l’impasse sur le caractère tyrannique du personnage (responsable d’un vrai génocide en Irlande) qui restera l’un des plus controversés de l’histoire des îles Britanniques – et qui n’aura eu de cesse d’approfondir ses recherches pour coller au plus près des faits, avant de s’embarquer dans un tournage qui s’étalera sur près d’une année. Si les experts dénonceront les raccourcis ou les trahisons, le spectateur lui n’est pas perdant dans cette affaire puisque Cromwell demeure un très grand moment de cinéma, qui allie scènes d’action épiques et conspiration politique.

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Test Blu-ray / Spéciale première, réalisé par Billy Wilder

SPÉCIALE PREMIÈRE (The Front Page) réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD et Blu-ray le 16 septembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jack Lemmon, Walter Matthau, Vincent Gardenia, Susan Sarandon, Allen Garfield, Charles Durning, Austin Pendleton, Carol Burnett…

Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond d’après la pièce The Front Page de Ben Hecht & Charles MacArthur

Photographie : Jordan Cronenweth

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Rédacteur en chef d’un journal, Walter Burns est en colère contre Hildy Johnson, son meilleur journaliste, qui, absent, risque de lui faire manquer l’exécution d’un dangereux assassin. Mais le reporter désire abandonner le journalisme et toute recherche de scoop, et préfère se marier. Walter va tout faire pour qu’Hildy revienne sur sa décision.

Quatre ans après le rejet total de La Vie privée de Sherlock HolmesThe Private Life of Sherlock Holmes et deux ans après l’accueil tiède d’Avanti !, aussi bien de la part de la critique que du public, Billy Wilder, qui a illuminé le cinéma américain pendant près de vingt ans, sent le vent tourner. Pourtant, le cinéaste ne souhaite pas se laisser emporter par cette nouvelle vague qui secoue l’industrie hollywoodienne depuis l’arrivée sur les écrans d’Easy Rider de Peter Fonda à la fin des années 1960. Curieusement, il jette son dévolu sur une commande (rejetée par Joseph L. Mankiewicz), une nouvelle adaptation de la pièce The Front Page de Ben Hecht et Charles MacArthur, écrite près de cinquante ans auparavant et qui avait déjà connu deux adaptations au cinéma. La première, The Front Page réalisée en 1931 par Lewis Milestone, la seconde en 1940 par Howard Hawks, La Dame du vendrediHis Girl Friday, mettant en vedette Cary Grant dans le rôle de Walter et Rosalind Russell. Billy Wilder y a certainement vu une aubaine pour se refaire une santé au box-office, tout en sachant que la mouture d’Howard Hawks, déjà considérée comme un classique, suffisait largement. Néanmoins, le réalisateur se plonge dans son scénario avec l’aide de son acolyte – depuis Certains l’aiment chaud – I.A.L. Diamond, qui avait d’ailleurs écrit Chérie, je me sens rajeunirMonkey Business (1952) du même Howard Hawks. S’il apparaît complètement anachronique quand il fait son apparition au milieu des années 1970, Spéciale première n’a cessé d’être redécouvert. Certes, The Front Page de Billy Wilder n’est pas un chef d’oeuvre et quoi qu’on en dise restera toujours un film mineur dans sa carrière, mais cette comédie trépidante n’est pas un film raté comme il a été trop longtemps considéré. Billy Wilder y retrouvait le tandem Jack Lemmon – Walter Matthau pour la seconde fois huit ans après La Grande combineThe Fortune Cookie et sept ans avant leur ultime collaboration avec Victor la gaffeBuddy Buddy, impensable remake de L’Emmerdeur d’Edouard Molinaro avec lequel le cinéaste allait tirer sa révérence. Dans l’état, Spéciale première, l’antépénultième long-métrage de Billy Wilder, demeure un divertissement de haute volée, magistralement interprété et qui rappelle parfois les anciens typhons comiques de son auteur.

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Test Blu-ray / Mother’s Day, réalisé par Charles Kaufman

MOTHER’S DAY réalisé par Charles Kaufman, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 15 octobre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Nancy Hendrickson, Deborah Luce, Tiana Pierce, Holden McGuire, Michael McCleery, Beatrice Pons, Robert Collins, Peter Fox…

Scénario : Charles Kaufman, Warren Leight

Photographie : Joseph Mangine

Musique : Phil Gallo, Clem Vicari Jr.

Durée : 1h27

Année de sortie : 1980

LE FILM

Trois copines de fac partent chaque année à l’aventure. Cette année, elles installent leur tente près d’une maison où vivent une mère et ses deux fils simples d’esprit. Or, ceux-ci ont pour habitude de massacrer les promeneurs égarés. Les trois jeunes femmes vont en faire les frais, mais tout ne va pas se passer comme prévu pour les ravisseurs.

Quel délire ! Dans la famille Kaufman je voudrais…le frère ! Autrement dit Charles et non pas Lloyd, le célèbre fondateur de la Troma Entertainment à qui l’on doit entre autres The Toxic Avenger et Tromeo and Juliet. Moins connu, mais tout aussi frappadingue, Charles Kaufman a fait ses classes en tant que gagman pour le compte de Bob Hope, mais aussi comme assistant auprès de son frère sur Squeeze Play (1979), ainsi qu’en tant que réalisateur de film pornographique avec Liberté des sensThe Secret Dreams of Mona Q (1977) que les plus coquins parviendront à trouver sur Xhamster, leur site préféré après Homepopcorn.fr. Anyway, Charles Kaufman a de la suite dans les idées et décide de se lancer dans l’écriture d’un slasher, genre alors en pleine explosion. Produit avec un budget dérisoire de 115.000 dollars, dans une vieille bâtisse abandonnée et avec quelques comédiens payés au lance-pierre, Mother’s Day est pourtant devenu un grand classique et un modèle de comédie noire horrifique, un rape & revenge qui parvient à faire rire, à mettre mal à l’aise et à faire réfléchir. Aujourd’hui, s’il s’est reconverti en tant que gérant d’une grande boulangerie à San Diego, Charles Kaufman peut être fier d’avoir signé un fleuron du genre, qui a même connu un (très mauvais) remake en 2010, réalisé par Darren Lynn Bousman (le responsable des opus II, III et IV de la saga Saw) et produit par Brett Ratner. Mais oublions ça et concentrons-nous sur le seul et véritable Mother’s Day !

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Test Blu-ray / Le Champion, réalisé par Mark Robson

LE CHAMPION (Champion) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD et Blu-ray le 25 août 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Kirk Douglas, Marilyn Maxwell, Arthur Kennedy, Paul Stewart, Ruth Roman, Lola Albright, Luis Van Rooten, Harry Shannon…

Scénario : Carl Foreman, Ring Lardner

Photographie : Franz Planer

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Venu avec son frère à Los Angeles pour s’occuper d’un restaurant, Midge Kelly rencontre Tommy Haley, un manager qui va lui apprendre l’art de la boxe. Prêt à tout pour réussir, dénué de scrupules, Midge va devenir un champion. Mais le prix à payer sera très élevé.

Une star est née ! Le Champion, ou tout simplement Champion selon le titre original, est LE film avec lequel l’immense Issur Danielovitch alias Kirk Douglas a véritablement explosé au sein de l’industrie hollywoodienne et aux yeux du monde entier. Réalisé par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson, Le Champion est un puissant drame sportif, dans lequel le comédien y met toute sa hargne, son talent et ses grandes capacités sportives (il était lui-même ancien lutteur), un rôle pour lequel il s’est battu de toutes ses forces, allant même jusqu’à décliner une superproduction pour le compte de la MGM. Première production en solo de Stanley Kramer (La Chaîne, Jugement à Nuremberg, Devine qui vient dîner…), Le Champion est indiscutablement l’un des meilleurs films de Mark Robson (L’Express du colonel Von Ryan, Les Centurions), dans lequel il démontre une réelle virtuosité, aidé en cela par la magnifique photographie de Franz Planer (Lettre d’une inconnue de Max Ophüls, Vacances romaines de William Wyler, Vingt Mille lieues sous les mers de Richard Fleischer) qui place son personnage principal entre ombre et lumière. Le Champion est aussi et surtout le portrait d’un monstre, d’un homme impitoyable, revanchard, parti de rien et qui est prêt à tout pour arriver au sommet. Un antihéros auquel il est difficile de s’identifier, mais auquel Kirk Douglas donne toutes ses tripes. On ne peut être que fasciné.

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Test DVD / Le Tueur de l’autoroute, réalisé par Lodewijk Crijns

LE TUEUR DE L’AUTOROUTE (Bumperkleef) réalisé par Lodewijk Crijns, disponible en DVD le 10 août 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jeroen Spitzenberger, Anniek Pheifer, Roosmarijn van der Hoek, Liz Vergeer, Willem de Wolf, Truus te Selle, Hubert Fermin, Tim Linde…

Scénario : Lodewijk Crijns

Photographie : Bert Pot

Musique : Steve Willaert

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Hans part avec sa famille rendre visite à ses parents. Arrogant, sur les nerfs, Hans ne se maîtrise plus et conduit trop vite, agacé par ceux qui respectent les limitations de vitesse. La situation dégénère lorsqu’un mystérieux conducteur le prend en chasse. Désormais, Hans et sa famille ne sont plus en sécurité nulle part.

Citez-moi dix réalisateurs néerlandais ! Pas facile hein ? Dick Maas (L’Ascenseur, Amsterdamned) bien sûr, Martin Koolhoven (Brismtone) oui bonne pioche, George Sluizer (L’Homme qui voulait savoir) oui encore mieux, le regretté Theo van Gogh (Interview) aussi, le talentueux Anton Corbijn (Control, The American), le maître Paul Verhoeven…bon on vous avoue que c’est assez difficile d’en énumérer une bonne dizaine, mais le fait est que le cinéma hollandais regorge de génies de la caméra ou tout du moins de talents qu’il faudrait sans doute un jour connaître. C’est le cas du dénommé Lodewijk Crijns, dont le prénom et le nom sont aussi difficiles à écrire qu’à prononcer, né en 1970, scénariste et metteur en scène d’une bonne quinzaine de courts et longs-métrages, ainsi que de téléfilms. Grâce au marché de la vidéo et plus particulièrement aux bons soins de Rimini Editions, voilà que débarque en France le dernier film de Lodewijk Crijns, Le Tueur de l’autorouteBumperkleef. Le titre original de ce thriller signifie « talonnage », en référence à l’énigmatique chauffeur d’une camionnette blanche, qui a décidé de suivre la voiture d’une famille, jusqu’à jouer avec les nerfs du père et mari, déjà à fleur de peau au volant. Le Tueur de l’autoroute est comme qui dirait un one shot, autrement dit un film qui se regarde du début à la fin avec une tension continue, devant lequel on ne peut détacher les yeux durant 1h20. S’il y a quelques éléments qui peuvent paraître énormes ou complètement improbables, ceux-ci apparaissent après la projection quand on se repense à quelques séquences. L’ensemble est si tendu et porté par un amour du cinéma de genre que l’on fait fi de ces faiblesses et du manque de budget apparent. Le Tueur de l’autoroute est un rollercoaster modeste, corsé d’émotions fortes qui vaut absolument le coup d’oeil.

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