Test DVD / Une pointe d’amour, réalisé par Maël Piriou

UNE POINTE D’AMOUR réalisé par Maël Piriou, disponible en DVD le 3 septembre 2025 chez Pathé.

Acteurs : Julia Piaton, Grégory Gadebois, Quentin Dolmaire, Florence Viala, Claude Guyonnet, Louis Meignan, Aude Léger, Roc Esquius…

Scénario : Maël Piriou, d’après le scénario du film Hasta la Vista coécrit par Pierre De Clercq & Mariano Vanhoof

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Pascal Sangla

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Suite à la découverte d’une maladie incurable, Mélanie, avocate, fait le choix de profiter de la vie. Elle embarque son ami Benjamin dans une odyssée en Espagne, pour explorer enfin leur sensualité dans une maison close. Elle emploie Lucas, fraîchement sorti de taule, comme conducteur. Lucas, avec son van de guingois, fait le voyage un peu forcé. Contrairement à Mélanie, Benjamin ne semble pas pressé d’arriver et fait d’ailleurs tout pour prolonger cet improbable voyage à ses côtés…

Encore un premier long-métrage français qui a débarqué dans les salles. Il s’agit d’Une pointe d’amour de Maël Piriou, ancien journaliste, entré dans le monde du cinéma en concoctant quelques documentaires sur les tournages (Bonne pomme, Demain tout commence), avant de devenir scénariste (l’excellent À trois on y va de Jérôme Bonnell). Pour Une pointe d’amour, il réunit un très beau trio de comédiens, Julia Piaton, Grégory Gadebois et Quentin Dolmaire, qui participent beaucoup à la jolie réussite du film, qui d’ailleurs au passage s’avère – une fois de plus – un remake, non pas d’une œuvre sud-américaine comme c’est souvent le cas dans nos contrées, mais d’un film flamand, Hasta la Vista de Geoffrey Enthoven. Ce dernier avait connu un beau succès en France en 2012 avec plus de 120.000 entrées. Mais Maël Piriou transforme beaucoup de choses, les personnages principaux tout d’abord. Dans le film original, il s’agissait de trois jeunes d’une vingtaine d’années, handicapés (un aveugle, un second confiné sur une chaise roulante, le troisième complètement paralysé), encore vierges, qui sous prétexte d’aller faire la route des vins, prenaient en fait la direction de l’Espagne avec l’espoir d’y vivre leur première expérience sexuelle. Dans Une pointe d’amour, il se focalise sur deux trentenaires, qui envisagent le même projet que dans Hasta la Vista, mais accompagnés cette fois par un type paumé qui sera leur chauffeur. Évidemment, les relations ne sont pas aisées au départ, mais les trois compagnons de route apprendront enfin à lâcher du lest, à se confier, sur leurs désirs, leurs peurs aussi, leurs espoirs. Une pointe d’amour est un bon divertissement, un feel-good movie qui manque sans doute d’audace, mais pas de coeur.

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Test DVD / Natacha (presque) hôtesse de l’air, réalisé par Noémie Saglio

NATACHA (PRESQUE) HÔTESSE DE L’AIR réalisé par Noémie Saglio, disponible en DVD le 6 août 2025 chez Pathé.

Acteurs : Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Antoine Gouy, Fabrice Luchini, Isabelle Adjani, Anne Charrier, Baptiste Lecaplain…

Scénario : Noémie Saglio & Laurent Turner, d’après la bande dessinée de François Walthéry & Gos

Photographie : Nicolas Massart

Musique : Erwann Chandon

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Depuis sa plus tendre enfance, Natacha est bien décidée à devenir hôtesse de l’air pour voyager et découvrir le monde. Quand elle se retrouve mêlée malgré elle au vol de la Joconde, elle y voit l’opportunité de réaliser enfin son rêve. Accompagnée d’un steward maladroit, elle traverse la France et l’Italie dans une course-poursuite qui pourrait bien changer sa vie…

Évoquons tout d’abord le plus brutal. Natacha (presque) hôtesse de l’air est probablement en passe de devenir le plus grand échec commercial français de l’année 2025 au cinéma. 16 millions d’euros de budget d’un côté, un peu plus de 100.000 entrées de l’autre, Minecraft, le film qui sort le même jour et écrase tout sur son passage, le choc a été rude, brutal pour cette comédie dont la réalisatrice Noémie Saglio rêvait depuis longtemps. Révélée grâce à la série Connasse, transposée au cinéma avec succès (Connasse, princesse des coeurs), puis avec l’excellent Toute première fois, coréalisé avec Maxime Govare, la cinéaste a ensuite connu plusieurs revers (Telle mère, telle fille, Parents d’élèves), avant de signer Nice Girls, comédie d’action avec Alice Taglioni et Stefi Celma, pour le compte de Netflix. Il faut croire que la plateforme a senti un potentiel chez Noémie Saglio, puisque le logo « N » accompagné d’un tintin ! apparaît au début de Natacha. Toujours est-il que les spectateurs, petits et grands, se sont complètement désintéressés de cette adaptation de la bande dessinée éponyme créée par le tandem Walthéry & Gos, publiée dès 1970 aux éditions Dupuis, plus d’une vingtaine d’albums vendus à plus de cinq millions d’exemplaires. Autant dire qu’un certain public aurait pu se rendre dans les salles pour découvrir cette pétillante transposition, mais cela n’a pas été le cas. Car oui, Natacha (presque) hôtesse de l’air est une réussite, faite avec le coeur, une âme (nous ne sommes pas ici devant Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu), une envie de cinéma, car le film est très beau à regarder, dynamique, très bien écrit, porté par une Camille Lou craquante et un Vincent Dedienne qui s’éclate. Une bonne humeur contagieuse. Vous l’aurez compris donc, Natacha (presque) hôtesse de l’air mérite plus qu’une seconde chance, une réhabilitation.

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Test Blu-ray / God Save the Tuche, réalisé par Jean-Paul Rouve

GOD SAVE THE TUCHE réalisé par Jean-Paul Rouve, disponible en DVD & Blu-ray le 18 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Claire Nadeau, Sarah Stern, Pierre Lottin, Théo Fernandez, Elise Larnicol, Bernard Menez…

Scénario : Nessim Chikhaoui, Julien Hervé, Philippe Mechelen & Jean-Paul Rouve

Photographie : Christophe Graillot

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Les Tuche mènent à nouveau une vie paisible à Bouzolles. Mais lorsque le petit-fils de Jeff et Cathy est sélectionné pour un stage de football à Londres, c’est l’occasion rêvée pour toute la famille d’aller découvrir l’Angleterre et de rencontrer la famille royale. Entre chocs culturels et maladresses, les Tuche se retrouvent plongés au cœur de la royauté anglaise, qui n’est pas près d’oublier leur séjour !

Ils sont de retour ! Pourtant, après l’accueil on ne peut plus froid et « l’échec » du quatrième volet avec « seulement » 2,4 millions d’entrées, sachant que le troisième avait approché les six millions (oui oui) et que la pandémie freinait encore la fréquentation des salles, on pouvait penser qu’on ne reverrait pas la famille Tuche au cinéma. D’autant plus qu’Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve en étaient arrivés à avoir quelques différends artistiques. Quatre ans plus tard, Jeff, Cathy, Donald, Wilfried, Stéphanie et Mamie Suze font leur comeback, mot bien choisi puisqu’ils partent cette fois outre-Manche, pour aller saluer le roi d’Angleterre, ce qui les changera du Père-Noël dans l’opus précédent, ce qui avait décontenancé quelque peu une partie du public. Jean-Paul Rouve reprend lui-même les rênes de l’entreprise, avec l’aide au scénario de Nessim Chikhaoui, Julien Hervé et Philippe Mechelen, déjà à l’oeuvre sur le reste de la saga. Soyons honnêtes d’emblée, si nous n’attendions pas grand-chose de ce God Save the Tuche, force est d’admettre qu’il s’agit ni plus ni moins du meilleur épisode de la franchise. Si les acteurs s’en donnent encore une fois à coeur joie, il y a surtout plus d’idées de mise en scène dans ce cinquième volet que dans les quatre premiers réunis, d’autant plus que les références vont bon train, avec l’ombre d’Alain Chabat qui plane sur l’ensemble, ce dernier faisant d’ailleurs une petite participation vocale. En lorgnant volontairement sur un humour proche de celui de La Cité de la peur (même Dominique Faruggia y va de son caméo en voix-off), God Save the Tuche redresse la barre, s’avère un divertissement soigné et haut en couleur, qui a visiblement plu au public qui l’a à nouveau plébiscité puisque la barre des trois millions de spectateurs a de nouveau été franchie.

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Test Blu-ray / La Course à l’échalote, réalisé par Claude Zidi

LA COURSE À L’ÉCHALOTE réalisé par Claude Zidi, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 25 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Pierre Richard, Jane Birkin, Michel Aumont, Marc Doelnitz, Amadeus August, Henri Déus, Luis Rego, Catherine Allégret…

Scénario : Michel Fabre, Jean-Luc Voulfow & Claude Zidi

Photographie : Henri Decaë

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Pierre Vidal, cadre dans une banque, doit remplacer le directeur temporairement. Alors que les responsabilités lui montent à la tête et que sa jalousie envers sa fiancée, Janet, devient maladive, il se fait dérober une mallette appartenant à un gros client. Pierre se lance, avec sa fiancée, à la poursuite des voleurs.

La Moutarde me monte au nez ayant conforté Claude Zidi, non seulement au box office avec 3,7 millions d’entrées en France et près de 27 millions rien qu’en U.R.S.S., ainsi que dans son désir de s’émanciper des Charlots, quand bien même il vient de s’associer une dernière fois avec eux pour Les Bidasses s’en vont en guerre, le réalisateur multiplie les projets et souhaite retrouver le tandem Pierre Richard-Jane Birkin. L’équipe s’étant on ne peut mieux entendue sur leur première association se retrouve donc quelques mois plus tard pour La Course à l’échalote, qui dispose d’un budget plus conséquent, ce qui permet quelques prises de vues en Angleterre. Claude Zidi invite le spectateur à une délirante vadrouille entre Paris et Brighton. Le couple vedette fait des étincelles et leur complicité apparaît comme l’une des plus réussies du cinéma français des années 1970. Le réalisateur signe une comédie raffinée, enchaîne les quiproquos, les gags burlesques (Pierre Richard est ici un véritable personnage de cartoon), le vaudeville, avec un sens indéniable de l’inventivité au service du rire. Un film haut en couleur, une comédie extrêmement soignée pour le plus grand bonheur de tous, à voir et à revoir.

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Test Blu-ray / Les Fous du stade, réalisé par Claude Zidi

LES FOUS DU STADE réalisé par Claude Zidi, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 25 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Guy Fechner, Gérard Filippelli, Gérard Rinaldi, Jean Sarrus, Paul Préboist, Martine Kelly, Gérard Croce, Jacques Seiler…

Scénario : Claude Zidi & Jacques Fansten

Photographie : Paul Bonis

Musique : Les Charlots

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Graveson, un charmant petit village du Midi de la France, avec ses joueurs de pétanque dont l’accent fleure bon la Provence. Jules, l’épicier, et son fils sont chargés d’organiser les festivités marquant le passage de la flamme olympique. Celle-ci est portée par un athlète allemand, très grand, très blond, avec des yeux très bleus, possesseur d’une spectaculaire musculature. Aux abords du village, dans la joie et avec fantaisie, quatre garçons font du « camping sauvage ».

Immédiatement après l’incroyable triomphe des Bidasses en folie, qui avait attiré 7,5 millions de français dans les salles pendant les fêtes de fin d’année, Les Charlots et Claude Zidi remettent le couvert en septembre 1972 avec Les Fous du stade qui lui aussi connaît un bel accueil du public avec 5,7 millions d’entrées. Incontestablement l’un de leurs meilleurs films, Les Charlots continuent avec Les Fous du stade d’être pris en main par l’un de nos meilleurs réalisateurs de comédie, qui se surpasse autant à l’écriture de gags visuels qu’ à leur exécution à l’écran. Aidé au scénario et aux dialogues par Jacques Fansten, avec lequel il avait travaillé sur La Femme infidèle et Que la bête meure de Claude Chabrol, où il officiait alors comme cadreur avant de passer lui-même à la mise en scène, Claude Zidi emmène ses quatre comédiens, Luis Rego ayant quitté le groupe entre-temps, dans quelques aventures rocambolesques, burlesques, souvent proches du cinéma muet qu’il admire depuis son enfance. Les Fous du stade est comme Les Bidasses en folie et plus tard Le Grand bazar, un film BD, où les personnages défient toutes les lois possibles, y compris celle de la gravité, du réalisme. Pas étonnant que cela ait collé entre Les Charlots et Claude Zidi sur le tournage de La Grande Java, où les comédiens n’ont jamais pu s’entendre avec Philippe Clair, car le cinéaste et ses trublions ont ce truc hors-sol en commun, qui a grande participé à proposer un divertissement quasiment-inclassable, unique et finalement ultra-populaire, qui a fait rire petits et grands du monde entier (le film a été un hit planétaire, faisant même plus de cinquante millions d’entrées en Inde) et qui continue encore aujourd’hui à faire de nouveaux adeptes. Un chef d’oeuvre bien de chez nous. Merci Monsieur Zidi.

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Test Blu-ray / Zig Zig, réalisé par László Szabó

ZIG ZIG réalisé par László Szabó, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 26 mars 2025 chez Pathé.

Acteurs : Catherine Deneuve, Bernadette Lafont, Walter Chiari, Jean-Pierre Kalfon, Yves Afonso, Georgette Anys, Stéphane Shandor, Jean-Pierre Maud…

Scénario : László Szabó

Photographie : Jean-Pierre Baux

Musique : Karl-Heinz Schäfer

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Marie et Pauline sont deux chanteuses de cabaret, qui rêvent de s’offrir un chalet à la montagne. Pour ce faire, les deux femmes se prostituent. Marie se trouve mêlée à une affaire concernant l’enlèvement de la femme d’un de ses clients. De plus, elle découvre que Pauline est dans le coup. Un policier retraité résout l’affaire.

László Szabó (né en 1936), c’est tout d’abord une tronche de cinéma croisée chez Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Costa-Gavras, François Truffaut, Éric Rohmer, Arnaud Desplechin, un nom souvent rattaché à la Nouvelle vague. Hongrois de naissance, arrivé en France quand il avait vingt ans, László Szabó, cinéphile fréquentant la Cinémathèque d’Henri Langlois, où il rencontre la bande des Cahiers du cinéma. Quand les membres de celle-ci se lancent dans le cinéma, ils n’hésitent pas à faire tourner leur ami, qui apparaîtra aussi bien dans À double tour que dans Pierrot le fou, dans L’Aveu et plus tard dans Le Dernier métro. C’est tout naturellement qu’il se lance également dans la mise en scène avec un court-métrage, Le Voyage du Lieutenant Le Bihan (1969), suivi de près par un premier long-métrage, Les Gants blancs du diable (1973), tous les deux interprétés par Bernadette Lafont et Yves Afonso. Ces deux œuvres imposent un ton singulier, un univers original et témoignent de la prédilection du réalisateur pour le côté sombre de l’existence. Il enchaîne avec Zig Zig, qui transforme l’essai et avec lequel László Szabó donne libre cours à sa fantaisie toujours teintée de noirceur, en se focalisant sur le monde de la nuit dans le quartier de Pigalle. Il réunit alors deux des plus grandes comédiennes du cinéma français, Catherine Deneuve et (cette fois encore) Bernadette Lafont, dont l’alchimie fait des étincelles à l’écran. Seulement voilà, au mi-temps des années 1970, le public se désintéresse de la première (son dernier grand succès remonte à Peau d’âne), tandis que la seconde est plongée dans le cinéma d’auteur depuis quelques années (Michel Drach, Jacques Rivette, Jean Eustache…). Résultat des courses, la barre des 300.000 spectateurs n’est même pas franchie pour Zig Zig, qui s’évapore immédiatement de la mémoire de ceux qui l’ont découvert dans les salles. Un demi-siècle après sa sortie, nous déterrons cet ovni du septième art hexagonal, qui rappelle étonnamment le cinéma de Rainer Werner Fassbinder, tout en convoquant le spectre des comédies musicales de Jacques Demy, avec une Catherine Deneuve qui chante et qui danse avec sa virevoltante partenaire. Quasiment inclassable, Zig Zig enchaîne les scènes comme s’il s’agissait d’une chronique du Paris interlope, en jouant avec les genres, en faisant perdre ses repères aussi bien aux personnages qu’à celui qui tente de suivre l’itinéraire de Pauline et Marie. C’est donc une sacrée curiosité, doublée d’une véritable expérience de cinéma.

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Test Blu-ray / L’Héroïque Monsieur Boniface – Boniface somnambule, réalisés par Maurice Labro

L’HÉROÏQUE MONSIEUR BONIFACEBONIFACE SOMNAMBULE réalisés par Maurice Labro, disponible en Coffret DVD ou Blu-ray « Fernandel – Coffret 3 films : L’Armoire volante + L’Héroïque Monsieur Boniface + Boniface somnambule » le 11 décembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Fernandel, Andrex, Michel Ardan, Yves Deniaud, Liliane Bert, Mathilde Casadesus, Gaby Andreu, Raoul Marco…

Scénario : Gérard Carlier

Photographie : Marc Fossard – Pierre Levent

Musique : Louiguy

Durée : 1h35-1h31

Date de sortie initiale : 1949-1951

LES FILMS

Boniface, timide étalagiste, trouve un soir en rentrant chez lui un cadavre dans son lit. Enlevé à sa sortie du commissariat par le véritable assassin (Charlie, un chef de bande), Boniface se retrouve libre et héros du jour au lendemain. Adulé, fêté et reconnu, Boniface commence sérieusement à gêner Charlie, qui décide d’enlever sa petite amie, Irène. Ce geste donnera à l’honnête Boniface la force d’accomplir cette fois, un audacieux coup de main qui mettra fin à la bande de gangsters.

Irréprochable détective privé aux magasins Berthès et spécialement au rayon bijouterie, Victor Boniface est somnambule. Ce qui l’amène à dérober la nuit ce qu’il surveille si brillamment le jour. Ce travers va le conduire à faire arrêter héroïquement trois gangsters : Charlie, René et leur complice, qui l’avaient repéré et abusaient de sa crédulité. Mlle Thomas, la sous-directrice de la bijouterie lui confiera son cœur et deviendra la mère de ses nombreux enfants qui seront, eux aussi, somnambules.

Un an après le semi-succès rencontré par L’Armoire volante, qui a autant décontenancé le public que la critique en raison de son humour noir, Fernandel revient au top du box-office avec L’Héroïque Monsieur Boniface, qui franchit la barre des trois millions d’entrées. Réalisé par Maurice Labro (aucun lien avec Philippe), ce film aussi connu sous le titre Le Sympathique Monsieur Boniface est une comédie conçue pour la star du cinéma français, où Fernandel pousse même la chansonnette. Le succès est tel qu’une suite, la première de sa carrière pour le comédien, sortira deux ans plus tard, mise en scène par le même réalisateur, avec une partie du même casting…mais où le personnage paraît ne pas être le même et où il ne subsiste que de rares éléments le rattachant au premier opus. Si Boniface somnambule ne connaîtra pas le même engouement (2,1 millions d’entrées), ce hit confirmera une fois de plus l’aura de Fernandel auprès des spectateurs, étant par ailleurs à l’affiche de cinq longs-métrages en 1951, dont Topaze (3,2 millions d’entrées) de Marcel Pagnol et L’Auberge rouge (2,7 millions d’entrées) de Claude Autant-Lara. Au jeu des comparaisons, L’Héroïque Monsieur Boniface s’avère plus réussi et original que Boniface somnambule, plus recherché aussi sans doute dans son mélange des genres, une comédie teintée d’enquête policière, dans laquelle Fernandel démontre encore son talent protéiforme. Si Boniface somnambule sent constamment le tournage en studio, contrairement au précédent, le spectacle est cependant bien mené, drôle et divertissant près de 75 ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / L’Armoire volante, réalisé par Carlo Rim

L’ARMOIRE VOLANTE réalisé par Carlo Rim, disponible en Coffret DVD ou Blu-ray « Fernandel – Coffret 3 films : L’Armoire volante + L’Héroïque Monsieur Boniface + Boniface somnambule » le 11 décembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Fernandel, Berthe Bovy, Germaine Kerjean, Yves Deniaud, Louis Florencie, Antonin Berval, Maximilienne, Paul Demange, Pauline Carton, Annette Poivre…

Scénario : Carlo Rim

Photographie : Nicolas Hayer

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Madame Lobligeois, octogénaire têtue, part pour Clermont-Ferrand avec deux déménageurs afin de rapporter à Paris ses quelques meubles, malgré la folle inquiétude de son neveu Alfred Puc, percepteur de son état. Il faut dire qu’il fait de nombreux degrés en dessous de zéro et qu’au retour, la brave dame meurt de froid. Affolés, les déménageurs laissent le corps dans une armoire à glace, et regagnent Paris en avertissant le neveu. Mais entre-temps le camion a été volé, début de palpitantes aventures du monsieur à la recherche du corps de sa tante.

Démobilisé un an après avoir été appelé suite à la déclaration de guerre à l’Allemagne en 1939, Fernandel n’a jamais cessé de tourner et ses films emballés durant les années du conflit armé portent principalement l’estampille de la Continental Films. Sous l’Occupation, s’il continue de se produire dans les cabarets, le comédien enchaîne les longs-métrages avec toujours autant de succès. Mais les grandes affaires reprennent en 1945 avec le triomphe de Naïs de Marcel Pagnol (3,5 millions d’entrées), suivi des succès du Mystère Saint-Val, des Gueux au paradis, de Pétrus, d’Émile l’Africain et L’Aventure de Gonfaron, qui totalisent à eux-seuls près de quinze millions d’entrées. Un retour en force. Toutefois, si l’on se penche un peu plus sur ces chiffres faramineux, un film se distingue par son score mitigé, celui réalisé par L’Armoire volante de Carlo Rim (1902-1989), qui n’atteint pas la barre du million et demi de spectateurs. Réalisé par l’ancien assistant de Marc Allégret, Maurice Tourneur et Richard Pottier, cette comédie noire et grinçante a certainement déconcerté le public au sortir de la Seconde Guerre mondiale, où l’humour macabre n’était probablement pas le bienvenu. Il n’empêche que le temps a fait son office et que L’Armoire volante est devenu culte pour beaucoup et même un objet de fascination pour beaucoup de cinéphiles, qui se sont depuis organisés pour le faire connaître dans leur réseau. Résolument moderne, magistralement mis en scène et surtout royalement photographié par le virtuose Nicolas Hayer (Le Doulos, Au Grand Balcon, La Chartreuse de Parme, Le Corbeau) avec ses éclairages provenant directement de l’expressionnisme allemand, L’Armoire volante est assurément un sommet dans la prolifique et éclectique carrière de Fernandel, annonçant trois ans avant certains partis-pris du mythique et plus reconnu L’Auberge rouge de Claude Autant-Lara. Autant dire que l’on se trouve devant un bijou quasi-inclassable, ambitieux et drôle, indiscutablement inévitable quand on s’intéresse de près à la légende de Fernandel.

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Test Blu-ray / Les Misérables, réalisé par Jean-Paul Le Chanois

LES MISÉRABLES – 2 ÉPOQUES réalisé par Jean-Paul Le Chanois, disponible en Edition limitée Blu-ray & DVD le 6 novembre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Gabin, Danièle Delorme, Bernard Blier, Bourvil, Béatrice Altariba, Serge Reggiani, Silvia Monfort, Fernand Ledoux, Jimmy Urbain…

Scénario : Jean-Paul Le Chanois, Michel Audiard & René Barjavel, d’après le roman de Victor Hugo

Photographie : Jacques Natteau

Musique : Georges Van Parys

Durée : 3h10

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Jean Valjean, un paysan condamné à cinq ans de travaux forcés pour avoir volé un pain, sort du bagne de Toulon en 1815 après y avoir passé dix-neuf ans, sa peine initiale ayant été prolongée à cause de ses multiples tentatives d’évasion. Son destin bascule lorsque l’évêque de Digne, Monseigneur Myriel, se dévoue pour lui éviter d’être de nouveau incarcéré à la suite du vol qu’il a perpétré dans sa maison. Dès lors, Jean Valjean va s’évertuer à ne faire que le bien autour de lui au détriment de son propre bonheur.

C’est un véritable blockbuster. En 1958, Jean-Paul Le Chanois adapte Les Misérables de Victor Hugo (publié en 1862), avec un casting de luxe, 10.000 figurants et un budget conséquent. Bien avant cela, l’oeuvre de l’écrivain avait inspiré le septième art, dès ses débuts d’ailleurs et ce aux quatre coins du monde. On peut bien sûr citer la version de Raymond Bernard en 1934, avec Harry Baur, Charles Vanel, Jean Servais et Orane Demazis, mais aussi celle (tout aussi virtuose) de Riccardo Freda (sous le titre français L’Évadé du bagne) avec Gino Cervi et Valentina Cortese. Jean-Paul Le Chanois coécrit son film avec René Barjavel, après un départ précipité de Michel Audiard (avec lequel le travail s’est très mal passé) et confie le rôle de Jean Valjean à Jean Gabin. Depuis son retour en grâce en 1954, le « Vieux » enchaîne les tournages et multiplie les succès. En 1955, six films dont il est la vedette sortent sur les écrans (dont French Cancan, Chiens perdus dans collier, Gas-oil) et quasiment tout autant l’année suivante (Des gens sans importance, Voici le temps des assassins, Le Sang à la tête, La Traversée de Paris…). Après un repos en 1957 (avec « seulement » deux films à l’affiche), Jean Gabin est à nouveau omniprésent en 1958 avec un film sortant en moyenne tous les deux mois. Ainsi, après Maigret tend un piège au mois de janvier, le mois de mars est marqué par l’événement cinématographique de l’année, l’arrivée des Misérables, scindé en deux époques pour une durée totale de 3h10 (le premier montage dépassait même les cinq heures, ce qui allait poser moult problèmes au montage), qui va alors attirer près de dix millions de spectateurs en France (on parle même de près de 25 millions en Union soviétique) et restera le deuxième plus grand succès de l’acteur au box-office, derrière les 12,5 millions d’entrées de La Grande Illusion. C’est la seconde collaboration entre Jean Gabin et Jean-Paul Le Chanois, après Le Cas du docteur Laurent et qui continuera après avec Monsieur (1964) et Le Jardinier d’Argenteuil (1966). Spectaculaire transposition du monument littéraire de Victor Hugo, Les Misérables demeure un gigantesque spectacle, qui a peut-être vieilli du point de vue des décors qui font parfois un peu carton-pâte, mais qui n’en reste pas moins passionnant et merveilleusement interprété.

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Test Blu-ray / Cinq tulipes rouges, réalisé par Jean Stelli

CINQ TULIPES ROUGES réalisé par Jean Stelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 16 octobre 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Brochard, René Dary, Suzanne Dehelly, Raymond Bussières, Pierre-Louis, Robert Berri, Robert Le Fort, Luc Andrieux…

Scénario : Marcel Rivet & Charles Exbrayat

Photographie : Marcel Grignon

Musique : René Sylviano

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1949

LE FILM

Lors du Tour de France 1948, cinq coureurs sont retrouvés morts avec une tulipe rouge près de leur corps. Une journaliste et un inspecteur de police mènent l’enquête pour retrouver le meurtrier…

Bien avant La Grande Boucle (2013), Le Vélo de Ghislain Lambert (2001), Les Triplettes de Belleville (2003), Les Cracks (1968), The Program (2015), pour ne citer que ceux-là, la course cycliste inspirait le cinéma en 1949 avec Cinq tulipes rouges. Étrange mélange des genres que cette enquête policière menée durant le Tour de France de 1948, sur lequel le film de Jean Stelli (1894-1975) a réellement été tourné, en collaboration avec Peugeot, L’Équipe, France Soir et Le Parisien Libéré, organisateurs de cette épreuve sportive réputée dans le monde entier. Jean Stelli, le réalisateur prolifique, éclectique et néanmoins méconnu de La Valse Blanche (1943), Le Voile Bleu (1942), Les Amoureux de Marianne (1953), ancien acteur puis assistant de Julien Duvivier (L’Ouragan sur la montagne, Les Roquevillard, Golgotha), avait déjà pris le Tour de France comme toile de fond pour sa comédie romantique sortie en 1939, Pour le maillot jaune, avec Albert Préjean. Cette fois, une série de meurtres se déroule au fil des étapes du Tour 1948, les prétendants au maillot jaune étant mystérieusement assassinés les uns à la suite des autres, une tulipe rouge étant systématiquement retrouvée près du corps de la victime. Cinq tulipes rouges vaut assurément le coup d’oeil, d’une part pour sa dimension documentaire (Jean Stelli avait un passé de journaliste et connaissait le terrain), avec ses coureurs qui mangent copieusement le tout arrosé de gros rouge, ses entraîneurs survoltés, ses mécanos amateurs de jolies donzelles, d’autre part pour le duo formidable formé par la géniale Suzanne Dehelly (La Nuit est mon royaume, Premier rendez-vous), impayable dans la peau de La Colonelle, la journaliste qui mène l’enquête à la façon d’un Myron Bolitar (les connaisseurs d’Harlan Coben comprendront), et Jean Brochard (Pot-Bouille, Les Diaboliques, Cécile est morte!) tout aussi impérial dans celle de l’inspecteur-chef Honoré Ricoul. Très rythmé, souvent drôle, bien mené et excellemment interprété, Cinq tulipes rouges mérite d’être redécouvert, surtout par les amateurs de la Petite Reine.

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