Test Blu-ray / La Poursuite sauvage, réalisé par Daniel Mann

LA POURSUITE SAUVAGE (The Revengers) réalisé par Daniel Mann, disponible en DVD & Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livre le 14 novembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : William Holden, Ernest Borgnine, Woody Strode, Roger Hanin, Reinhard Kolldehoff, Jorge Luke, Jorge Martínez de Hoyos, Arthur Hunnicutt, Susan Hayward…

Scénario : Wendell Mayes, d’après une histoire originale de Steven W. Carabatsos

Photographie : Gabriel Torres

Musique : Pino Calvi

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

En rentrant de la chasse, le fermier John Benedict trouve toute sa famille massacrée. Dans un dernier souffle, son vacher lui indique que les meurtriers sont des Indiens voleurs de chevaux, commandés par deux Blancs, dont l’un, Tarp, est borgne. Fou de rage et de désespoir, Benedict vend ses biens et se lance sur leurs traces. Il se rend dans un pénitencier du Mexique pour y engager des hommes de main. Il en repart avec six forçats sans foi ni loi. Sans aucun scrupule, ceux-ci tentent de le dévaliser et l’abandonnent à son sort. L’un d’entre eux, Job, revient pourtant…

Daniel Chugerman, alias Daniel Mann (1912-1991) vient du théâtre. Il débarque dans le monde du cinéma au début des années 1950 en adaptant une pièce de William Inge, Come Back, Little Sheba, qui en France deviendra Reviens petite Sheba, avec Burt Lancaster et qui vaut à Shirley Booth d’être récompensée par l’Oscar de la meilleure actrice, ainsi que par le Prix d’interprétation au Festival de Cannes. Il adapte Tennessee Williams (La Rose tatouée, Oscar de la meilleure actrice pour Anna Magnani), puis dirige les plus grandes stars, de Marlon Brando à Glenn Ford, en passant par Shirley MacLaine, Anthony Quinn, James Stewart, Elizabeth Taylor, Dean Martin, Lana Turner, James Coburn, Sophie Loren, Sidney Poitier…Un C.V. qui ferait bien des envieux. Éclectique, passant d’un genre à l’autre (drame, comédie, film de guerre, tout y passe), Daniel Mann connaît un immense succès avec Willard, opus d’épouvante, qui entraînera une (mauvaise) suite (Ben, réalisé par Phil Karlson) et un remake en 2003. Après ce triomphe qui surfe sur l’engouement croissant des spectateurs pour le cinéma d’horreur, Daniel Mann enchaîne étrangement avec La Poursuite sauvage The Revengers, un western, qui périclitait alors à Hollywood, repris et modernisé en Italie, qui tentait alors de revenir sur le devant de la scène aux États-Unis. Indubitablement influencé par Les Sept MercenairesThe Magnificent Seven (1960) de John Sturges, Les Douze Salopards The Dirty Dozen (1967) de Robert Aldrich et La Horde sauvageThe Wild Bunch (1969) de Sam Peckinpah, La Poursuite sauvage n’a certes pas le prestige de ces trois immenses références, mais n’en reste pas moins une étonnante réussite. Daniel Mann rappelle les cinéastes comme Robert Fleischer et Robert Wise, capables de se fondre dans le moule du genre qu’ils abordaient, en y apportant leur griffe. Sur un scénario signé Wendell Mayes, auteur réputé de l’autre côté de l’Atlantique (Le Merdier de Ted Post, Un justicier dans la ville de Michael Winner, L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame, Autopsie d’un meurtre d’Otto Preminger), produit par Martin Rackin (Les Cavaliers, Les Aventures du Capitaine Wyatt, La Femme à abattre), porté par un casting aussi brillant qu’hétéroclite mené par William Holden, La Poursuite sauvage est un western qui a très bien vieilli, qui épate par sa violence et qui propose des personnages fouillés, complexes et même passionnants. Une redécouverte s’impose.

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Test DVD / Ange, réalisé par Tony Gatlif

ANGE réalisé par Tony Gatlif, disponible en DVD le 18 novembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Arthur H., Suzanne Aubert, Mathieu Amalric, Maria de Medeiros, Christine Citti, Dominique Maurin, La Caita, Juliette Minvielle…

Scénario : Tony Gatlif, Patricia Mortagne & Valentin Dahmani

Photographie : Lazare Pedron

Musique : Tony Gatlif, Arthur H., Delphine Mantoulet & Fiona Monbet

Durée : 1h34

Année de sortie : 2025

LE FILM

Ange, musicien sans attache, ressent le besoin vital de retrouver et faire la paix avec son vieil ami Marco. Solea, fille de son ancien amour, en pleine révolte contre son époque, s’invite dans ce voyage. À eux deux, ils vont retrouver le chemin de la joie.

Tony Gatlif (né en 1948), de son vrai nom Boualem Dahmani, tourne beaucoup, trop sans doute diront certains et ils n’auront peut-être pas tout à fait tort. Depuis maintenant un demi-siècle, son premier long-métrage La Tête en ruine remontant à 1975, le réalisateur, scénariste, compositeur, acteur et producteur, fils d’un père kabyle et d’une mère gitane a toujours, ou tout du moins très souvent concilié la musique et le cinéma. En fait, le cinéaste de Gadjo dilo (1997), Je suis né d’une cigogne (1998), Exils (2004), Transylvania (2006), Geronimo (2014), n’a jamais vraiment su se renouveler et c’est ce qui fait pencher Ange du mauvais côté de la balance. Tony Gatlif a déjà plus d’une vingtaine de films à son actif et connaît une sérieuse perte d’inspiration depuis presque vingt ans. Dans Ange, il décide de repartir sur les routes, pour s’échapper du monde actuel et de ses problématiques. Un projet qui lui aura demandé tout de même quatre années d’écriture et près de 80 moutures différentes de scénario…pour arriver à un film qui semble pourtant faire du surplace. Cette fois encore, un électron libre est au centre de l’histoire d’Ange, incarné par Arthur H. Ce dernier a peu touché au cinéma et Tony Gatlif lui offre ici le premier rôle, ce qui ne lui était pas arrivé depuis Maman de Romain Goupil, il y a de cela 35 ans. Depuis, le chanteur, compositeur, auteur et musicien a pris de la bouteille (il approche les 60 piges) et possède une vraie gueule qui a inspiré le metteur en scène. Si Arthur H. s’en tire bien, on ne peut pas en dire autant de ses camarades de jeu, peu aidés il est vrai par des dialogues pauvres, qui frôlent l’amateurisme. On peut se laisser embarquer par cet homme « du voyage », qui a vraisemblablement fait plusieurs fois le tour du monde, qui avait disparu douze ans sans donner de nouvelles à ses proches, et qui a décidé de rentrer (pendant combien de temps?) au bercail, pour une mission précise, qu’il s’est lui-même fixée. Mais le temps passe lentement devant Ange, devant lequel il n’est pas interdit de ressentir un certain ennui. On espère que Tony Gatlif reprendra un jour du poil de la bête et sortira d’un sentier bien trop balisé, qu’il n’a eu de cesse d’arpenter en long en large.

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Test DVD / Aux jours qui viennent, réalisé par Nathalie Najem

AUX JOURS QUI VIENNENT réalisé par Nathalie Najem, disponible en DVD le 14 novembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Zita Hanrot, Bastien Bouillon, Alexia Chardard, Marianne Basler, Aurélien Gabrielli, Henri-Noël Tabary, Salim Talbi, Anaël Guez…

Scénario : Nathalie Najem, Olivier Gorce & Mariette Désert

Durée : 1h36

Année de sortie : 2025

LE FILM

Laura, la trentaine, essaie de se reconstruire après une relation tumultueuse avec Joachim. Elle mène une vie en apparence tranquille, en élevant seule sa petite fille. Mais l’accident de Shirine, la nouvelle compagne de Joachim, va faire ressurgir son passé.

Encore un long-métrage fort prometteur et qui impose d’emblée une nouvelle réalisatrice à suivre de près. Il s’agit d’Aux jours qui viennent, mis en scène par Nathalie Najem, qui réunit Zita Hanrot et Bastien Bouillon, déjà à l’affiche de l’excellent Carnivores de Jérémie et Yannick Renier, sorti en 2018. Après deux courts-métrages, dont le déjà fort prometteur Baby Love (2016), et plusieurs scénarios de films remarqués, Ordo (2004), de Laurence Ferreira Barbosa, adapté de Donald Westlake, Le Dernier des fous (2006) de Laurent Achard, Vie sauvage (2014) de Cédric Kahn, Gaspard va au mariage (2017) de Antony Cordier et La Ligne (2022) de Ursula Meier, Nathalie Najem passe le cap du format large et signe une œuvre bouleversante, qui traite des violences conjugales, montrées comme un poison qui contamine la vie de deux femmes, distillé par un même homme, qui après avoir rendu la vie impossible de son ancienne compagne, entreprend de faire de même avec celle qui partage désormais son existence. Aux jours qui viennent est un drame viscéral, forcément et malheureusement toujours d’actualité (et ce sera éternellement le cas), qui prend aux tripes comme un thriller et qui s’avère l’une des plus belles découvertes de 2025.

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Test DVD / La Tournée, réalisé par Florian Hessique

LA TOURNÉE réalisé par Florian Hessique, disponible en DVD le 19 novembre 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Patrick Chesnais, Florian Hessique, Richard Berry, Thierry Lhermitte, Martin Lamotte, Aurore Planas, Hélène Bizot, Roland Marchisio, Dominique Frot, Vincent Desagnat, Alexandre Pesle…

Scénario : Florian Hessique

Photographie : Julia Escobar

Musique : Raphaël Dargent

Durée : 2h

Année de sortie : 2025

LE FILM

Marius de Villeduc est un acteur vieillissant, endetté et dont la carrière a décliné. Il accepte à contre-cœur de tenir le rôle principal d’un film réalisé par Richard Favard, un acteur-réalisateur prometteur, mais qu’il ne connaît pas du tout. Une fois le film tourné, Marius doit — pour obtenir l’intégralité de son cachet — participer à la tournée promotionnelle du film. Ainsi, accompagné du metteur en scène et de Colette et Lulu, Marius va devoir participer à de nombreuses avant-premières dans toute la France.

Soyons réalistes une minute. Quand on la curiosité d’aller lire les avis des spectateurs postés sur Allociné concernant La Tournée de Florian Jessique, on se rend compte que 50 supposés abonnés sur les 80 critiques postées sur ce long-métrage, ne se sont inscrits que pour encenser uniquement ce film, en lui donnant quatre étoiles, quand ce n’est pas carrément la note maximale. C’est louche. Et cela se vérifie sur d’autres sites, comme sur SensCritique, sur La Fnac, etc…Cela s’est déjà vu, cela se reverra encore. De là à dire qu’il y a plus de critiques publiées que de spectateurs ayant vu le film dans les salles (autrement dit 18.000 seulement)…En l’état, La Tournée n’a rien de transcendant sur le papier, mais repose sur un casting sympathique, mené par l’impérial Patrick Chesnais. D’ailleurs, si l’on réussit à aller jusqu’au bout de ces deux longues heures, c’est essentiellement grâce à son abattage habituel, son formidable cabotinage grincheux et son côté bourru. Mais il est bien entouré, par Roland Marchisio, visage récurrent de la télévision (en gros toutes les séries policières de TF1, Plus belle la vie) et finalement peu vu au cinéma (dans quelques films de Gérard Jugnot), la belle Aurore Planas (jolie découverte) et l’excellente Hélène Bizot, dont on connaît principalement la voix, qu’elle prête habituellement à Naomi Watts. Si l’on a plus de mal avec l’interprétation paresseuse de Florian Hessique, ce bémol est compensé par l’apparition amicale (et qu’on imagine rémunérée au minimum syndical vu le budget) et marquante de Thierry Lhermitte (génial), Martin Lamotte (impeccable en distributeur dépassé par les événements et déjà dans L’Instant présent du même réalisateur), Richard Berry (toujours convaincant en mec odieux), Vincent Desagnat (burlesque et lunaire à souhait)…Si le rythme est en dents de scie, pour ne pas dire pépère (tiens au passage, Papy Drucker fait une énième apparition dans son propre rôle), La Tournée, malgré son aspect téléfilm France 3 Picardie, possède un charme anachronique et l’alchimie entre les comédiens fonctionne assez pour qu’on aille jusqu’au bout de cette comédie d’un autre temps.

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Test Blu-ray / All Ladies Do It, réalisé par Tinto Brass

ALL LADIES DO IT (Così fan tutte) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 novembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Claudia Koll, Paolo Lanza, Franco Branciaroli, Isabella Deiana, Renzo Rinaldi, Ornella Marcucci, Marco Marciani, Maurizio Martinoli…

Scénario : Tinto Brass, Francesco Costa & Bernardino Zapponi, d’après l’opéra de Mozart

Photographie : Massimo Di Venanzo & Silvano Ippoliti

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Si, au terme de cinq ans de mariage, Diana aime toujours Paolo, elle rêve aussi de nouvelles expériences dans les bras d’autres hommes. Un séduisant antiquaire français, un premier flirt sur le retour… Les amants vont et viennent dans un tourbillon de liaisons scandaleuses. Plutôt que de cacher la vérité de ses infidélités à Paolo, Diana les lui raconte, toutes. Autant de récits qui ajoutent du piment à une vie de couple pourtant pas à l’abri des démons de la jalousie…

Quand il tourne Così fan tutte, l’amico Tinto Brass trône depuis dix ans comme étant le « Sergio Leone du cul » et ce dès le succès monstre rencontré par La ClefLa Chiave (1983), porté par la sublime Stefania Sandrelli. Après celui-ci, le cinéaste a mis les bouchées doubles avec le génial Miranda (1985) et l’envoûtant Paprika (1991). Le tournant des années 1990 n’a rien changé pour Tinto Brass, qui continue sur sa lancée, quand bien même nombreux sont ses détracteurs qui jugent son cinéma ana(l)chroNique. All Ladies Do It, autre titre de Così fan tutte, est une autre comédie érotique, qui met cette fois en vedette l’actrice Claudia Koll, nom de scène de Claudia Maria Rosaria Colacione, alors âgée de 27 ans au moment du tournage et qui deviendra par la suite une diva érotique dans l’Italie de la première moitié des années 1990. Visage récurrent de la télévision transalpine, Claudia Koll, présentera le célèbre festival de Sanremo, donnera la réplique au monstre Nino Manfredi dans la série Linda e il brigadiere, jouera pour Lamberto Bava, avant de se tourner vers Dieu et les associations caritatives. Mais pour l’heure, elle n’est sûrement pas avare de ses charmes dans All Ladies Do It et détient une place particulière dans le cheptel du maestro. Loin d’avoir les formes rebondies des autres héroïnes brassiennes, Claudia Koll étonne, détonne même et marque donc les esprits, ainsi que le bas-ventre des spectateurs. Ôde à la sodomie, All Ladies Do It est aussi une radiographie ironique du couple et de ses conventions, dans laquelle Tinto Brass met les femmes à égalité avec les hommes et montre d’ailleurs que ces derniers font pâle figure à côté des premières, qui quand elles ont décidé d’être libres, le sont vraiment et totalement. Tinto Brass, réalisateur féministe, vous en doutiez ?

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Test Blu-ray / Paprika, réalisé par Tinto Brass

PAPRIKA réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 4 novembre 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Debora Caprioglio, Stéphane Ferrara, Martine Brochard, Stéphane Bonnet, Rossana Gavinel, Renzo Rinaldi, Conte Bastiano…

Scénario : Tinto Brass & Bernardino Zapponi, d’après le roman Fanny Hill de John Cleland

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Belle à croquer et encore jeunette, Mimma aime follement Nino, au point qu’elle vend son corps pour ses beaux yeux. Devenue, sous le nom de Paprika, la pensionnaire la plus populaire de la maison close de Mme Colette, la jeune femme oublie vite son premier amour pour se consoler dans les bras d’un beau marin. D’un établissement de plaisir à l’autre, de la France à l’Italie, où prêtres et politiciens se bousculent à sa porte, Paprika fait tourner les têtes et valser les caleçons.

Aaaah Paprika…c’est tout un poème comme le chantait Yves Montand. Assurément l’une des plus grandes héroïnes de Tinto Brass, Mimma, surnommée Paprika en raison de sa nature caliente, fait partie des « meneuses » dans le cheptel de son auteur. Incarnée par l’impressionnante Debora Caprioglio, excessivement généreuse, plantureuse (euphémisme) créature, Paprika marque le retour du maestro à un érotisme encore plus exacerbé. Superbe portrait de femme libre, qui fait ce qu’elle veut de son cul (qu’elle a comme une mandoline) et qui ne s’en prive pas, Paprika se double cette fois d’un « hommage » aux maisons closes, que le sieur Brass a toujours fréquenté dans sa vie. D’où une vision fantasmée, idéalisée, rêvée et donc mise en scène de façon stylisée à travers des décors que l’on imagine tout droit sortis d’un rêve (mouillé). Rétrospectivement, Paprika, sorti en 1991, est l’un des plus beaux longs-métrages du Maestro del Culo, un des plus passionnants aussi, comme un mix entre Salon Kitty et Miranda. Inoubliable.

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Test Blu-ray / Steel Flower, réalisé par Park Seok-Yeong

STEEL FLOWER (Seutil peullawo) réalisé par Park Seok-Yeong, disponible en Blu-ray le 30 juillet 2025 chez Badlands.

Acteurs : Jeong Ha-Dam, Kim Tae-Hee, Park Myeong-Hoon, Choi Moon-Sook, An Yu…

Scénario : Park Seok-Yeong

Photographie : Park Hyeong Ik & Oh Tae-Seung

Musique : Kim Dong-Gi

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Une sans-abri se loge dans des maisons vides pour essayer de s’en sortir. Durant l’hiver, elle quitte Séoul pour aller chercher du travail sur Busan, mais elle ne parvient pas à grand-chose sans téléphone ni adresse. Par-dessus tout, elle se fait souvent duper par les gens et n’a personne à qui parler.

Au centre de sa trilogie dite des « Fleurs », constituée de Wild Flower (2014), Steel Flower (2015) et de Ash Flower (2017), le réalisateur Park Seok-Yeong (né en 1973) place au centre une comédienne unique, Jeong Ha-dam. Née en 1994, celle-ci se fond dans un personnage, que l’on pourrait définir comme étant proche de ce qu’elle est en réalité et qui s’appelle d’ailleurs Ha-dam. À la fois portrait dressé d’une jeunesse livrée à elle-même et constat implacable d’une nouvelle génération laissée sur le carreau, Steel Flower est une plongée immersive dans le quotidien d’une jeune femme. Ha-dam tente de survivre dans la société d’aujourd’hui, en se demandant constamment où elle va pouvoir dormir la nuit prochaine et comment elle pourra se nourrir, dignement, sans avoir recours à la mendicité, en recherchant constamment un petit job qui lui permettra de se remplir le ventre et de trouver un toit au -dessus de sa tête. On suit donc Ha-dam, sans-abri, quasi-muette, qui débarque à Busan dans l’espoir de trouver du travail, mais qui se heurte à un refus à chaque étape. Ha-dam est là sans l’être, ou plutôt la plupart ferait tout pour ne pas la voir, comme s’il s’agissait d’un spectre qui fait tâche dans la société coréenne trop bien réglée et où rien ne devrait dépasser. Par sa mise en scène heurtée, chaotique, avec une caméra portée, Park Seok-Yeong implique le spectateur du début à la fin, colle au plus près de son personnage principal, qu’on ne quittera pas une seconde, qu’on accompagne dans son périple de tous les jours. Steel Flower peut se voir indépendamment des deux autres opus « Flower ». L’auteur de ces mots ne les a pas vus, mais ce second opus donne sérieusement envie de découvrir les autres. Assurément une belle découverte sensorielle que ce cinéaste coréen et formidable révélation que son actrice principale.

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Test Blu-ray / Lola, réalisé par Bigas Luna

LOLA réalisé par Bigas Luna, disponible en Coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre le 7 octobre 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Ángela Molina, Patrick Bauchau, Féodor Atkine, Assumpta Serna, Carme Sansa, Pepa Lopez, Constantino Romero…

Scénario : Luis Hercé, Bigas Luna & Enrique Viciano

Photographie : Josep M. Civit

Musique : José Manuel Pagán

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Lola s’éloigne de Mario, son amant alcoolique et violent à son égard. Cinq ans plus tard, elle est mariée avec Robert, un chef d’entreprise français, et vit dans son confort bourgeois avec leur fille Ana. C’est à ce moment que Mario retrouve Lola.

Dans la carrière de Bigas Luna, Lola intervient après un rapide passage par les États-Unis, où le réalisateur a tourné Reborn, connu aussi sous le titre espagnol Renacer, dans lequel il dirigeait Dennis Hopper. Un échec cinglant dans les salles. Il revient en terre ibérique et crée la série Kiu i els seus amics en 1985, qui le remet en selle. Il peut donc signer son retour au cinéma en 1986 avec Lola, qui change du tout au tout avec Bilbao et Caniche, puisque Bigas Luna joue ici avec le thriller néo-noir, teinté d’histoire d’amour « contrariée », les guillemets n’étant pas de trop. Bien sûr, Lola n’est pas un film comme les autres. Oeuvre hybride, pensée pour contenter les spectateurs en quête d’émotions fortes dans le bas-ventre et les amateurs de film de genre, Lola est avant tout un portrait de femme forte et indépendante, qui fait ce qu’elle veut de son séant et qui tente de lutter contre ses penchants sexuels teintés de violence (« consentie »), tandis que son cerveau aspire à plus de d’équilibre et de tranquillité. Autant dire que la psychologie des personnages est on ne peut plus complexe et Lola vaut non seulement pour la mise en scène toujours aspirée et frontale de Bigas Luna, mais aussi pour l’interprétation habitée de ses trois têtes d’affiche, l’espagnole Ángela Molina (dans le rôle-titre), le belge Patrick Bauchau et le français Féodor Atkine. Grand succès du réalisateur, Lola est étrangement souvent oublié aujourd’hui quand on évoque la carrière du cinéaste. Raison de plus pour le réhabiliter quarante ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / Caniche, réalisé par Bigas Luna

CANICHE réalisé par Bigas Luna, disponible en Coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre le 7 octobre 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Àngel Jové, Consol Tura, Linda Pérez Gallardo, Cruz Tobar, Sara Grey…

Scénario : Bigas Luna

Photographie : Pedro Aznar

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Bernardo et sa sœur Eloisa vivent dans une grande maison héritée d’une vieille tante récemment décédée. Petit à petit, une étrange relation se met en place entre eux deux et Dani, un caniche un peu trop présent…

Bigas Luna, suite. Après le succès rencontré par Bilbao, le réalisateur enchaîne rapidement avec Caniche, inspiré par une anecdote personnelle de Salvador Dali. Celui-ci aurait confié à Bigas Luna que devant quitter l’Espagne franquiste de toute urgence, sa compagne Gala et lui auraient décidé de manger leur chien bien aimé, afin de « le garder avec eux », plutôt que de se résigner à l’abandonner. Allez savoir avec Daliiiiii si ce récit est vrai…S’il est sans doute plus vraisemblable de penser qu’il s’agissait d’un lapin, le cinéaste ibérique allait prendre ce souvenir comme point de départ de Caniche, l’un de ses films les plus controversés, et pour cause. Comme s’il pouvait enfin se permettre d’aborder encore plus frontalement certains sujets, Bigas Luna évoque rien de moins que les sujets de l’inceste et de la zoophilie. La critique de l’époque a d’ailleurs retenu uniquement les scènes plus choquantes de Caniche, et Dieu sait qu’elles le sont, sans chercher à comprendre où l’auteur souhaitait en venir. Huis clos asphyxiant où les deux personnages principaux vivent repliés sur eux-mêmes en compagnie d’un petit chien qui prend trop de place, Caniche évoque la résultante de quarante ans de régime totalitaire, qui a rendu les individus fous, déconnectés de la réalité, pervers, et qui ont survécu en s’adaptant comme ils le pouvaient, loin du monde extérieur comme ils l’étaient. Encore plus radical que Bilbao, Caniche décontenancera une bonne partie du public et le film, malgré le Prix de l’Âge d’or remporté en 1981 (récompense décernée par la Cinémathèque royale de Belgique et le musée du cinéma de Bruxelles), connaîtra un succès moindre que le précédent. Aujourd’hui, rétrospectivement, Caniche apparaît comme étant l’une des œuvres les plus dérangeantes de Bigas Luna, l’une des plus déconseillées aux âmes sensibles. En un mot, Caniche est aussi morbide qu’indispensable.

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Test Blu-ray / Bilbao, réalisé par Bigas Luna

BILBAO réalisé par Bigas Luna, disponible en Coffret Combo Blu-ray + DVD + Livre le 7 octobre 2025 chez Artus Films.

Acteurs : Àngel Jové, María Martín, Isabel Pisano, Francisco Falcon, Jordi Torras, Pepita Llunell, Marta Molins…

Scénario : Bigas Luna

Photographie : Pedro Aznar

Musique : Iceberg

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Leo qui vit avec Maria qui pourrait être sa tante avec laquelle il répond à ses fantasmes sexuels, est obsédé par Bilbao, une femme prostituée et strip-teaseuse qu’il veut posséder et transformer selon ses obsessions.

José Juan Bigas Luna (1946-2013), ou tout simplement Bigas Luna pour les intimes et cinéphiles, est l’un des réalisateurs espagnols les plus importants de l’histoire du cinéma. Réputé pour ses œuvres sulfureuses comme Jambon, jambonJamón, jamón (1992) et La Lune et le Téton La teta y la luna (1994), celui-ci n’était pourtant pas prédisposé au septième art. Après des études universitaires en économie, Bigas Luna devient designer industriel et d’intérieur, tout en s’adonnant à l’une de ses autres passions, la peinture, art où il excelle et qui lui permet d’être exposé. C’est d’ailleurs au cours d’une galerie qui lui est consacrée, qu’il rencontre Salvador Dalí, avec lequel il se lie d’amitié. Petit à petit, Bigas Luna en vient à la vidéo, toujours dans le cadre d’une de ses expositions. Grâce au format court, il expérimente sur le cadre et les corps. Cela le conduit à son premier long-métrage, TatouageTatuaje (1976), où les thèmes du fétichisme et de l’obsession sont déjà au rendez-vous. Alors que la dictature franquiste connaît ses dernières heures et que l’Espagne se réveille d’une gueule de bois qui aura duré quatre décennies, Bigas Luna est bien décidé à briser tous les tabous grâce à ce nouveau médium qui lui convient totalement et dans lequel il peut s’exprimer pleinement. 1978, Bilbao fait l’effet d’une explosion dans le cinéma ibérique. Dans la continuité de Tatouage, dans lequel le cinéaste suivait un détective privé qui menait l’enquête sur la mort d’un inconnu tatoué, Bigas Luna suit l’itinéraire d’un autre individu, perdu dans ses pensées, sauf que cette fois cet homme étrange ne pense qu’à une « chose », Bilbao. Non pas la ville située au Nord de l’Espagne, mais une prostituée, sujet principal de toutes ses réflexions. Avec sa caméra 16mm, le « director » plonge dans les rues sombres et éclairées aux néons de Barcelone, en s’attachant au milieu de la nuit, quand Bilbao entre en scène, entreprend un striptease sur scène, où elle dévoile ses charmes affriolants aux spectateurs au front perlé de sueur. Étrangement, Bilbao annonce Schizophrenia (1983) de Gerald Kargl, qui suit un psychopathe libéré de prison après avoir purgé une longue peine pour un meurtre qu’il a commis sans mobile ni préméditation. Errant en ville, il retrouve le monde avec une seule idée en tête : tuer à nouveau. Dans Bilbao, on adopte le point de vue d’un homme, à l’aube de la quarantaine, qui n’a qu’une idée fixe, « s’emparer » de Bilbao, ramenée, rabaissée à l’état de « chose » comme il la qualifie lui-même, pour la posséder, pour qu’elle ne soit qu’à lui seul. Véritable choc de l’industrie cinématographique des années 70, Bilbao demeure encore aujourd’hui une expérience rare. Bigas Luna s’associe au chef opérateur Pedro Aznar, qu’il retrouvera sur Caniche, pour proposer aux spectateurs une plongée dans les méandres d’un esprit dérangé. Pendant 1h30, le monologue intérieur omniprésent, calme et réfléchi du personnage principal, tente de relativiser le côté injustifiable de ses actes et ne laisse aucune échappatoire aux spectateurs, pris malgré eux dans cette spirale infernale placée sous le signe du sexe et de la violence.

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