Livre / L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques, par Olivier Rajchman (Editions Perrin)

L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques, par Olivier Rajchman.

Huit ans après Hollywood ne répond plus (chez Baker Street) et seulement à peine deux années après Le Siècle des stars (aux éditions Perrin), sans oublier le plus « lointain » Delon-Belmondo, L’étoffe des héros (Timée éditions, 2010), Olivier Rajchman revient avec un nouveau livre au titre explicite, L’Aventure des films – Histoire de vingt tournages mythiques. Autant dire que cet ouvrage s’adresse en priorité aux cinéphiles que nous sommes, mais aussi, c’est là tout l’art du journaliste et historien du cinéma, à tous les autres, qui s’intéressent au septième art en dilettante, aux spectateurs curieux et peut-être voulant en savoir plus sur le « Comankonafé », pour reprendre le titre malin du making of d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat.

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Test Blu-ray / God Save the Tuche, réalisé par Jean-Paul Rouve

GOD SAVE THE TUCHE réalisé par Jean-Paul Rouve, disponible en DVD & Blu-ray le 18 juin 2025 chez Pathé.

Acteurs : Jean-Paul Rouve, Isabelle Nanty, Claire Nadeau, Sarah Stern, Pierre Lottin, Théo Fernandez, Elise Larnicol, Bernard Menez…

Scénario : Nessim Chikhaoui, Julien Hervé, Philippe Mechelen & Jean-Paul Rouve

Photographie : Christophe Graillot

Musique : Martin Rappeneau

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Les Tuche mènent à nouveau une vie paisible à Bouzolles. Mais lorsque le petit-fils de Jeff et Cathy est sélectionné pour un stage de football à Londres, c’est l’occasion rêvée pour toute la famille d’aller découvrir l’Angleterre et de rencontrer la famille royale. Entre chocs culturels et maladresses, les Tuche se retrouvent plongés au cœur de la royauté anglaise, qui n’est pas près d’oublier leur séjour !

Ils sont de retour ! Pourtant, après l’accueil on ne peut plus froid et « l’échec » du quatrième volet avec « seulement » 2,4 millions d’entrées, sachant que le troisième avait approché les six millions (oui oui) et que la pandémie freinait encore la fréquentation des salles, on pouvait penser qu’on ne reverrait pas la famille Tuche au cinéma. D’autant plus qu’Olivier Baroux et Jean-Paul Rouve en étaient arrivés à avoir quelques différends artistiques. Quatre ans plus tard, Jeff, Cathy, Donald, Wilfried, Stéphanie et Mamie Suze font leur comeback, mot bien choisi puisqu’ils partent cette fois outre-Manche, pour aller saluer le roi d’Angleterre, ce qui les changera du Père-Noël dans l’opus précédent, ce qui avait décontenancé quelque peu une partie du public. Jean-Paul Rouve reprend lui-même les rênes de l’entreprise, avec l’aide au scénario de Nessim Chikhaoui, Julien Hervé et Philippe Mechelen, déjà à l’oeuvre sur le reste de la saga. Soyons honnêtes d’emblée, si nous n’attendions pas grand-chose de ce God Save the Tuche, force est d’admettre qu’il s’agit ni plus ni moins du meilleur épisode de la franchise. Si les acteurs s’en donnent encore une fois à coeur joie, il y a surtout plus d’idées de mise en scène dans ce cinquième volet que dans les quatre premiers réunis, d’autant plus que les références vont bon train, avec l’ombre d’Alain Chabat qui plane sur l’ensemble, ce dernier faisant d’ailleurs une petite participation vocale. En lorgnant volontairement sur un humour proche de celui de La Cité de la peur (même Dominique Faruggia y va de son caméo en voix-off), God Save the Tuche redresse la barre, s’avère un divertissement soigné et haut en couleur, qui a visiblement plu au public qui l’a à nouveau plébiscité puisque la barre des trois millions de spectateurs a de nouveau été franchie.

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Test 4K UHD / Innocents (The Dreamers), réalisé par Bernardo Bertolucci

INNOCENTS (The Dreamers) réalisé par Bernardo Bertolucci, disponible en DVD, Blu-ray et Édition collector limitée – 4K Ultra HD + Blu-ray chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Michael Pitt, Eva Green, Louis Garrel, Robin Renucci, Anna Chancellor, Jean-Pierre Kalfon, Jean-Pierre Léaud, Florian Cadiou…

Scénario : Bernardo Bertolucci & Gilbert Adair, d’après le roman de Gilbert Adair

Photographie : Fabio Cianchetti

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 2003

LE FILM

Mai 1968, à Paris. La révolte étudiante gronde, les manifestations se multiplient. Isabelle et son frère Théo, restés seuls dans la capitale pendant les vacances de leurs parents, invitent chez eux Matthew, un étudiant américain qu’ils ont rencontré à la Cinémathèque où ils passent le plus clair de leur temps. Dans cet appartement, ils rejouent les scènes de leurs films préférés, cherchent à se découvrir en se livrant à des jeux sensuels de plus en plus troubles.

La soixantaine venue, Bernardo Bertolucci (1941-2018) revient comme qui dirait à sa jeunesse, à ses premières armes, aux débuts de sa cinéphilie, à sa découverte de la capitale française. En effet, Les Innocents ou The Dreamers en version originale, est l’adaptation – libre – du roman de Gilbert Adair, The Holy Innocents, publié en 1988, inspiré des Enfants terribles de Jean Cocteau (19299), une histoire d’obsession sexuelle sur fond des émeutes de Paris de mai 1968, à travers laquelle le cinéaste a perçu moult éléments qui renvoyaient à sa propre histoire. Avec l’aide de l’écrivain lui-même, Bernardo Bertolucci s’approprie le récit original et y place ses propres obsessions, ses fantasmes, ses souvenirs. Rétrospectivement, Innocents sera l’avant-dernier long-métrage du cinéaste, qui ne reviendra derrière la caméra qu’en 2012 avec Moi et toiIo et te. Et tout Bertolucci se retrouve dans The Dreamers, la fougue de la jeunesse, la crudité des scènes de sexe, l’engagement (ou pas) politique, l’amour du septième art, un film somme de la part de celui qui a signé quelques-uns des plus beaux films du cinéma italien (pour ne pas dire mondial), Le Conformiste, Le Dernier tango à Paris, 1900, Le Dernier Empereur, Little Buddha, pour ne citer que ceux-ci. Innocents est tout sauf une œuvre banale dans cette immense filmographie, un huis clos, une introspection, un bilan. C’est un aboutissement, un dernier round. Et c’est pour cela que The Dreamers est bouleversant à plus d’un titre.

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Test Blu-ray / Sarah Bernhardt, la Divine, réalisé par Guillaume Nicloux

SARAH BERNHARDT, LA DIVINE réalisé par Guillaume Nicloux, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Memento Distribution.

Acteurs : Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Amira Casar, Pauline Etienne, Mathilde Ollivier, Laurent Stocker, Samuel Brafman-Moutier, Sylvain Creuzevault…

Scénario : Guillaume Nicloux & Nathalie Neuthreau

Photographie : Yves Cape

Musique : Reynaldo Hahn

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

1915. Atteinte d’une tuberculose osseuse au niveau du genou, la grande actrice Sarah Bernhardt se voit contrainte d’être amputée de la jambe droite. Au terme d’une opération délicate mais réussie, elle assiste aux visites successives de ses proches, notamment le jeune cinéaste Sacha Guitry qui cherche à percer le secret de la liaison entre Sarah et son père Lucien. C’est le début d’une longue confession sur ce qui, vingt ans plus tôt, aura fait basculer le destin de « la Divine ».

Si l’on devait comparer Guillaume Nicloux à un autre metteur en scène, ce serait sans nul doute Steven Soderbergh, avec lequel le cinéaste semble partager cette envie insatiable de filmer, de passer d’un genre à l’autre, d’aborder les différents formats, courts et longs-métrages, documentaires, téléfilms, séries télévisées. Son premier opus, Les Enfants volants, remonte à 1990, mais c’est à partir d’Une affaire privée (2002) qu’il accélérera le rythme avec à ce jour, dix-sept longs-métrages à son actif. Guillaume Nicloux a encore passé la vitesse supérieure depuis 2022 avec La Tour, drame horrifique, La Petite, qui offrait à Fabrice Luchini l’un de ses plus beaux rôles, Dans la peau de Blanche Houellebecq, sa troisième collaboration avec Michel Houellebecq dans son propre rôle, après L’Enlèvement de Michel Houellebecq et Thalasso, puis enfin, le film qui nous intéresse aujourd’hui, Sarah Bernhardt, la Divine. Comme son titre l’indique, ce dernier est un biopic consacré à l’actrice Sarah Bernhardt (1844-1923), également peintre et sculptrice, considérée comme une des plus importantes comédiennes françaises du XIXe et du début du XXe siècle, première star internationale, appelée par Victor Hugo « la Voix d’or », mais aussi par d’autres « la Divine » ou encore « l’Impératrice du théâtre », l’une des plus grandes tragédiennes de tous les temps, qui avait connu un triomphe sur les cinq continents. La légende raconte aussi que Jean Cocteau aurait créé pour elle l’expression « monstre sacré ». C’est Sandrine Kiberlain qui se glisse dans les magnifiques costumes créés par Anaïs Romand (Boléro, De Gaulle, Une vieille maîtresse), habituée des films historiques, et qui livre à cette occasion l’une des plus grandes prestations de toute sa carrière, déjà conséquente et impressionnante. Certains ont pu reprocher un certain académisme à l’ensemble, pourtant Sarah Bernhardt, la Divine demeure comme son sujet, furieusement moderne dans son approche, le récit étant branché directement sur l’ébouriffante énergie de son interprète principale, tandis que le réalisateur s’amuse avec la temporalité de cette existence, en revenant dans le passé, en imbriquant les flashbacks, en dévoilant une artiste qui était chaque seconde en représentation, oubliant souvent la différence entre la scène et la vie réelle. Une grande et belle expérience de cinéma et un rôle en or pour Sandrine Kiberlain, injustement oubliée des César en 2025.

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Test Blu-ray / 36 fillette, réalisé par Catherine Breillat

36 FILLETTE réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Delphine Zentout, Étienne Chicot, Olivier Parnière, Jean-Pierre Léaud, Berta Domínguez D., Jean-François Stévenin, Diane Bellego…

Scénario : Catherine Breillat & Roher Salloch, d’après le roman de Catherine Breillat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Maxime Schmitt

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Lili, quatorze ans, passe ses vacances dans un camping avec ses parents et son frère. Un soir, elle rencontre Maurice, personnage cynique de quarante ans qui cherche à la séduire. Une relation ambiguë s’installe alors.

À cause de la faillite de son producteur, le premier long-métrage de Catherine Breillat, Une vraie jeune fille, tourné en 1975, ne pourra être distribué que près d’un quart de siècle plus tard. En 1979, sort sur les écrans Tapage nocturne, ou l’histoire d’une femme, mariée et mère d’une petite fille, qui recherche constamment l’amour fou et va d’aventure en aventure au rythme de deux ou trois rendez-vous par soirée, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse jusqu’à la passion. On reconnaît bien là les thèmes, les obsessions de la réalisatrice. 180.000 spectateurs auront la curiosité d’aller voir ce second film. Après cela, Catherine Breillat officiera exclusivement comme scénariste, pour Lilaiana Cavani (La Peau), Marco Bellocchio (Les Yeux, la bouche), Maurice Pialat (Police), et ne fera son retour derrière la caméra qu’en 1988 avec 36 fillette. Rétrospectivement, ce dernier est assurément l’un des meilleurs opus de la cinéaste, qui se place dans la droite lignée d’Une vraie jeune fille, avec lequel 36 fillette partage de nombreux motifs, tout en prolongeant certains questionnements, notamment cette dichotomie entre le corps et l’esprit. Remarquablement interprété par Delphine Zentout et Étienne Chicot, 36 fillette n’est évidemment pas à mettre devant tous les yeux, mais s’avère un fascinant objet de cinéma pour les autres, doublé d’un passionnant sujet de réflexion.

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Test Blu-ray / La Cavale des fous, réalisé par Marco Pico

LA CAVALE DES FOUS réalisé par Marco Pico, disponible en Blu-ray le 18 juin 2025 chez Gaumont.

Acteurs : Pierre Richard, Michel Piccoli, Dominique Pinon, Florence Pernel, Édith Scob, Marc Betton, Jacques Denis, Hélène Surgère, Ronny Coutteure…

Scénario : Pierre Richard & Olivier Dazat

Photographie : François Lartigue

Musique : Olivier & Christophe Defays

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Henri Toussaint, ex-professeur au Collège de France, est interné en hôpital psychiatrique depuis 7 ans, après avoir tenté de tuer son épouse. Cette dernière est mourante et souhaite le revoir une dernière fois. C’est Bertrand Daumale, psychiatre, qui est chargé de le conduire. Mais un autre pensionnaire de l’asile, Angel, se glisse en cachette dans la voiture, et notre malheureux chauffeur se retrouve avec deux passagers incontrôlables sur les bras…

Depuis le triomphe des Fugitifs de Francis Veber et pour la première fois de sa carrière, Pierre Richard peine à attirer les spectateurs dans les salles. À gauche en sortant de l’ascenseur a tout juste franchi la barre des 600.000 entrées, Mangeclous ne dépasse pas les 181.000 billets vendus, tandis Bienvenue à bord ! dégringole sous les 50.000 entrées. 1991, le comédien revient aussi derrière la caméra avec On peut toujours rêver, dans lequel il « passe le témoin » à son partenaire Smaïn. Un résultat en demi-teinte avec quasiment le même score que le film d’Édouard Molinaro susmentionné. Pierre Richard continue néanmoins sur sa lancée et endosse à nouveau le costume de clown blanc dans La Cavale des fous. Encore aujourd’hui complètement méconnue, cette comédie est un projet très personnel pour la star du cinéma français. Producteur via sa société Fideline, co-scénariste avec Olivier Dazat (Normandie nue, Cinéman, Les 2 papas et la maman), Pierre Richard s’octroie logiquement le premier rôle et demande à ses deux fils, Christophe et Olivier (Defays) de composer la musique. La Cavale des fous est surtout l’occasion de confronter deux monstres, en l’occurrence Pierre Richard et Michel Piccoli. Il semblerait que le film soit fortement inspiré par Une journée de fousThe Dream Team de Howard Zieff, sorti en 1989, dans lequel Michael Keaton jouait un psychiatre qui décidait d’emmener quatre de ses patients en balade à New York, où ils se retrouvaient livrés à eux-mêmes. Sorti en plein été 1993, La Cavale des fous sera un bide retentissant et marquera le début de la traversée du désert de Pierre Richard, à l’aube de la soixantaine.

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Test Blu-ray / Les Filles de Grenoble, réalisé par Joël Le Moigné

LES FILLES DE GRENOBLE réalisé par Joël Le Moigné, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juin 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Zoé Chauveau, André Dussollier, Alain Doutey, Régis Anders, Georges Berthomieu, David Jalil, Steve Kalfa, Patrick Lafani…

Scénario : Joël Le Moigné & Paul Lefèvre, d’après le roman de Paul Lefèvre

Photographie : Roland Dantigny & Jean-Claude Rivière

Musique : Alain Jomy

Durée : 1h28

Date de diffusion initiale : 1981

LE FILM

À Grenoble, une prostituée est assassinée dans son lit d’hôpital. Cora, vingt-deux ans et elle aussi prostituée, était l’une de ses amies. Au quotidien, ces femmes subissent des violences, touchent une paye de misère et travaillent sans arrêt, dans la terreur des souteneurs. Cora se décide à parler au juge Le Pérec qui découvre ce monde avec effarement. Il va alors partir en bataille contre ce réseau de proxénètes…

Tiens donc, mais de quelles Filles de Grenoble parle ce second et par ailleurs dernier long-métrage réalisé par Joël Le Moigné ou Joël Le Moign’ (1938-1999) comme il est crédité ainsi au générique ? En regardant l’affiche et en entendant ce titre, on pourrait penser à un film d’exploitation bien de chez nous (on pouvait imaginer un petit navet ou à un nanar du dimanche), qui sent le gros rouge qui tâche et surferait sur une tendance érotique héritée des années 1970. Les Filles de Grenoble est en réalité un excellent thriller judiciaire, adapté du roman du même nom écrit par le journaliste Paul Lefèvre et publié début 1981. Le cinéma n’a pas mis longtemps pour s’emparer de cette histoire vraie et on pourrait dire enquête d’investigation, le film sortant au mois de novembre de la même année. Joël Le Moigné bénéficie du soutien de Paul Lefèvre lui-même pour cette transposition, dont le résultat final est on ne peut plus convaincant et tient encore sacrément le coup près de 45 ans plus tard. Avec sa mise en scène sèche et immersive parfois proche du documentaire, son casting impeccable et l’élégance de sa photographie, Les Filles de Grenoble s’impose comme une franche réussite et mérite assurément d’être (re)découvert.

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Test DVD / Le Secret de Khéops, réalisé par Barbara Schulz

LE SECRET DE KHÉOPS réalisé par Barbara Schulz, disponible en DVD le 9 juillet 2025 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Fabrice Luchini, Julia Piaton, Gavril Dartevelle, Camille Japy, Johann Dionnet, Romain Levi, Vincent Heneine, Marie Denarnaud, Arié Elmaleh, Jackie Berroyer…

Scénario : Barbara Schulz, Christophe Turpin & Jérôme Tonnerre

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Audrey Ismaël & Olivier Coursier

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Durant des nouvelles fouilles archéologiques dans la ville du Caire, l’archéologue Christian Robinson est convaincu d’avoir découvert une mystérieuse inscription concernant le trésor du pharaon Khéops. Selon lui, il s’agit d’indices laissés par Dominique Vivant Denon, directeur de 1802 à 1815 du musée du Louvre. Accompagné de sa fille Isis et de son petit-fils Julien, il part à la recherche du trésor en espérant accomplir la plus importante découverte archéologique du XXIe siècle.

Aaaah le cinéma d’aventure hexagonal…Qui a pu prendre la relève d’un Jean-Paul Rappeneau ou d’un Philippe de Broca ? La comédienne Barbara Schulz (qui avait un court-métrage à son actif, Le Malheur des autres, en 2018) a voulu rendre hommage au cinéma qui l’a fait rêver en tant que spectatrice, à travers son premier long-métrage comme scénariste et réalisatrice, Le Secret de Kheops. Malheureusement, on est plus proche ici d’Amazone que de L’Homme de Rio et ce sans aucune commune mesure. Car ce premier coup d’essai derrière la caméra s’avère une catastrophe en tout point. Pourtant, on y croyait presque en voyant l’affiche qui promettait du « lourd » avec Fabrice Luchini et Julia Piaton, photoshopés à outrance, renvoyant presque à la campagne promotionnelle d’un nouveau roman de Dan Brown ou d’un énième opus des péripéties de Robert Langdon, auquel Tom Hanks a prêté ses traits (et ses cheveux gras) dans trois épisodes. Si la première séquence se déroulant au Caire est étonnamment prometteuse et rappelle même un épisode de Tintin (par ailleurs cité à la fin du film), on déchante très rapidement une fois que l’action revient à Paris, pour ne plus quitter la capitale durant les 90 minutes restantes, en dehors de l’épilogue. Avec sa mise en scène télévisuelle (pour ne pas dire inexistante), ses acteurs en roue libre, son scénario Toutankharton (elle était facile celle-là) et son rythme pantouflard, Le Secret de Khéops n’a guère rameuté les spectateurs dans les salles avec « seulement » 450.000 entrées. Pour un budget estimé à dix millions d’euros, c’est un peu limite…Quant à une suite envisagée par Barbara Schulz, il semble que le projet soit abandonné. Ou alors pour la petite lucarne, car après tout, on y verrait que du feu.

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Test Blu-ray / L’Attachement, réalisé par Carine Tardieu

L’ATTACHEMENT réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Pio Marmaï, Vimala Pons, Raphaël Quenard, César Botti, Catherine Mouchet, Marie-Christine Barrault, Mélissa Barbaud…

Scénario : Carine Tardieu, Raphaëlle Moussafir & Agnès Feuvre, d’après le roman d’Alice Ferney

Photographie : Elin Kirschfink & Yann Maritaud

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Sandra, quinquagénaire farouchement indépendante, partage soudainement et malgré elle l’intimité de son voisin de palier et de ses deux enfants. Contre toute attente, elle s’attache peu à peu à cette famille d’adoption.

Cela couvait depuis un certain temps. On l’avait même senti dès son premier long-métrage en 2007, La Tête de maman. Du vent dans mes mollets (2012) était plus récréatif, mais cela n’empêchait pas la réflexion, tandis qu’Ôtez-moi d’un doute (2017) nous avait pour le coup laissé perplexes. La chrysalide a eu lieu en 2022 avec Les Jeunes Amants et maintenant que nous avons L’Attachement devant nos yeux nous pouvons le dire, Carine Tardieu est devenue une de nos plus grandes réalisatrices. En adaptant le roman d’Alice Ferney, L’Intimité, paru en 2020, la cinéaste livre un film-somme, en adoptant le point de vue d’un petit garçon de cinq ans (le monde de l’enfance ayant souvent tenu une place importante dans l’oeuvre de Carine Tardieu) et en explorant le thème de la disparition d’un être, déjà à l’oeuvre dans Les Jeunes amants. Mesdames et messieurs, préparez les mouchoirs, car L’Attachement est sans nul doute l’un si ce n’est le plus beau film que vous verrez en 2025. Pio Marmaï (dans son plus beau rôle), Vimala Pons, Valeria Bruni Tedeschi, César Botti, Raphaël Quenard…ils sont tous merveilleux ici, atteignent les sommets, touchent en plein coeur et foudroient l’âme du début à la fin, en évitant tout pathos. Dans Du Vent dans mes mollets, Carine Tardieu s’attardait sur les adultes scrutés par les enfants, eux-mêmes passés au scanner par les plus grands, à travers un univers coloré et poétique. Près de quinze années plus tard, L’Attachement, coécrit par Carine Tardieu et sa fidèle coscénariste Raphaële Moussafir, ainsi qu’avec Agnès Feivre (Le Théorème de Marguerite, Une Estonienne à Paris), oscille entre le réalisme universel et le romanesque propre au cinéma. La cinéaste capte cette fois encore avec sensibilité les peines de l’âme humaine, analyse comment les enfants et les adultes cohabitent ensemble et comment les êtres en peine vont continuer malgré tout à s’aimer, en trouvant la bonne équation, quand bien mêmes les inconnues se révèlent être multiples et inattendues. Le chef d’oeuvre de Carine Tardieu.

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Test Blu-ray / La Rue, réalisé par Jerry Shatzberg

LA RUE (Street Smart) réalisé par Jerry Shatzberg, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 22 octobre 2024 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Christopher Reeve, Kathy Baker, Mimi Rogers, Jay Patterson, Andre Gregory, Morgan Freeman, Anna Maria Horsford, Frederick Rolf…

Scénario : David Freeman

Photographie : Adam Holender

Musique : Robert Irving

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1987

LE FILM

Un fringant journaliste, Jonathan Fisher, en perte de vitesse, propose à son rédacteur en chef un reportage « saignant » sur un souteneur de Times Square. Mais il n’est pas évident d’approcher un des membres du milieu et à bout d’idées, Jonathan bidonne le portrait pittoresque d’un mac imaginaire. Grand succès dans les médias et Jonathan se voit confier une série de reportages sur les bas-fonds. Mais toute médaille a son revers et le journaliste va se frotter au milieu et à la police pour avoir si naïvement menti…

Difficile de trouver un cinéaste aux débuts aussi fulgurants que Jerry Schatzberg (né en 1927). 1970, Portrait d’une enfant déchuePuzzle of a Downfall Child, 1971, Panique à Needle ParkThe Panic in Needle Park, 1973, L’ÉpouvantailScarecrow, qui remporte la Palme d’or au Festival de Cannes 1973. On connaît beaucoup moins la suite de sa carrière, même s’il n’a pas arrêté de tourner jusqu’en 1989, après quoi Jerry Schatzberg fera un break de près de dix ans et reviendra au cinéma qu’en 2000 avec The Day the Ponies Come Back, interprété par Burt Young et Guillaume Canet, qui sera complètement rejeté par la critique et le public. La Rue Street Smart sort en 1987 et s’avère une production Cannon, Yoram Globus et Menahem Golan, toujours en quête de respectabilité, ayant pu mettre la main sur le réalisateur, comme ils venaient de le faire pour Barbet Schroeder (Barfly) et Jean-Luc Godard (King Lear), pendant qu’ils produisaient à côté Protection rapprochée et Le Justicier braque les dealers avec Charles Bronson, Les Barbarians, Le Ninja Blanc et Les Maîtres de l’univers. La même année, alors sous contrat, Christopher Reeve s’apprête à renfiler les collants bleus de Superman pour la quatrième aventure de l’Homme d’acier, dont la licence a été rachetée aux Salkind par les Go-Go Boys. À la recherche de nouveaux rôles qui pourraient l’éloigner de l’image du super-héros qui l’a rendu mondialement célèbre, Christopher Reeve accepte The Quest for Peace (ou Le Face à face chez nous), s’il obtient le financement et donc le premier rôle dans La Rue. C’est une affaire faite. Et le comédien de livrer une grande prestation. Street Smart est un thriller dramatique foncièrement contemporain, qui dévoile une facette peu reluisante de l’ère Reagan, où tout est permis, tout cela dans le but d’arriver au sommet. La Rue n’a rien perdu de sa force et annonce déjà le principe des médias modernes marqués par les chaînes d’infos en continu. Assurément à découvrir.

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