AMANTS SUPER-HÉROÏQUES (Supereroi) réalisé par Paolo Genovese, disponible en DVD le 6 décembre 2022 chez L’Atelier d’Images.

Acteurs : Alessandro Borghi, Jasmine Trinca, Vinicio Marchioni, Greta Scarano, Angelica Leo, Linda Caridi, Gwendolyn Gourvenec, Elena Sofia Ricci…

Scénario : Paolo Genovese, Rolando Ravello & Paolo Costella

Photographie : Fabrizio Lucci

Musique : Maurizio Filardo

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

L’histoire d’un couple : Anna, une dessinatrice à la personnalité impulsive et anticonformiste, et Marco, un professeur de physique convaincu que tout est régi par une formule mathématique. Une comédie sentimentale sur les couples et l’effet du temps qui passe sur leurs relations, posant une question simple mais profonde : quels superpouvoirs faut-il avoir pour s’aimer toute une vie ?

Depuis plus de vingt ans, règne un astre sur le cinéma italien du nom de Jasmine Trinca. Dès sa première apparition dans La Chambre du fils – La Stanza del figlio (Palme d’or du festival de Cannes de Nanni Moretti en 2001), suivi de près de Nos meilleures années – La meglio gioventù de Marco Tullio Giordana, la comédienne née en 1981 n’a eu de cesse d’illuminer l’écran dès qu’elle y apparaît. Tour à tour chez Michele Placido (Romanzo Criminale, Le Rêve italien), Bertrand Bonello (L’Apollonide : Souvenirs de la maison close, Saint Laurent), Valeria Golino (Miele, Euforia), les frères Taviani (Contes italiens), Kim Rossi Stuart (Tommaso) et bien d’autres, il se passe ce petit truc indéfinissable qui rend Jasmine Trinca indispensable. Dans Amants super-héroïques – Supereroi de Paolo Genovese, elle allie cette fois de plus la grâce, le talent et la beauté, subjugue quand elle sourit, bouleverse en un regard, le spectateur également s’amourachant de son accent romain parfaitement reconnaissable. S’il n’est pas dénué de défauts, souvent liés au cinéma transalpin, Amants super-héroïques joue à fond la carte de la comédie-dramatique sentimentale chère à nos amis de la Botte avec ce que cela peut entraîner de poncifs, mais c’est aussi et surtout ce qui fait son attrait inaltérable. Et là-dessus, Supereroi n’en manque sûrement pas.

En France, on connaît mal le cinéma de Paolo Genovese (né en 1966), à part peut-être (sans le savoir) pour Perfetti sconosciuti, comédie sortie en 2016, multi-récompensée, qui a connu pas moins d’une vingtaine de remakes dans le monde entier, y compris en France avec Le Jeu de Fred Cavayé, succès de l’année 2018 avec 1,6 millions d’entrées. Même Álex de la Iglesia filmera le sien en Espagne sous le titre Perfectos desconocidos, histoire que l’on retrouvera même en Turquie, en Chine, en Grèce, au Mexique, en Allemagne, en Russie, en Pologne, au Japon…partout. Amants super-héroïques est un divertissement qui témoigne du savoir-faire du réalisateur, qui dispose cette fois de moyens conséquents, lui permettant de déplacer son récit du Maroc au Danemark, en passant par Milan, Valenza, l’île de Ponza, le lac de Côme, la Toscane…un aspect forcément carte postale qui pourrait en irriter certains, tout comme ce côté guimauve souvent indissociable du romanesque italien.

C’est beau comme un roman-photo aux clichés glacés, tout le monde est beau, sexy, tout leur réussit…mais bien évidemment, tout ne va pas se passer comme prévu et de ce point de vue les ritals n’y vont pas avec le dos de la cuillère, surtout quand ils mêlent la maladie à une histoire d’amour. Un cancer par ci, une crise cardiaque par là, les personnages ne sont pas épargnés, surtout sur près de deux heures. On pense à 10 hivers à Venise (2009) et Ricordi ? (2018) de Valerio Mieli avec ce couple étonnant, mais où l’alchimie s’opère, jusqu’au grand amour, qui les unira pendant une dizaine d’années, un cap difficile à surmonter, ce qui donne l’idée à Anna (Jasmine Trinca donc), dessinatrice, de s’inspirer de son mariage pour mettre en valeur les super-héros du monde moderne, les époux. Le cinéma italien contemporain tente de subsister à travers des films narrant les heures sombres de l’époque des Brigades Rouges ou bien en enchaînant des comédies burlesques, romantiques, ou dramatiques sans prétention. Amants super-héroïques est un joli petit film, bien emballé et interprété, certes peu ambitieux sur le fond et sans doute naïf, mais qui demeure assez singulier, même si les allers et retours incessants dans le temps sont parfois pesants sur la durée.

Le cinéaste et scénariste Paolo Genovese n’échappe pas aux lieux communs, mais soigne sa mise en scène et peut compter sur la belle photo du chef opérateur Fabrizio Lucci, fidèle collaborateur du réalisateur. On suit cette romance avec un intérêt somme toute limité (le temps qui passe et ses effets ravageurs ou positifs sur une passion a déjà été abordé maintes fois au cinéma), mais le film, marqué par une douce mélancolie et le charme dévastateur de ses deux interprètes principaux, dont Alessandro Borghi (Suburra de Stefano Sollima), qui retrouve ici sa partenaire de Fortunata de Sergio Castellito, passe agréablement le temps, sans se forcer.

LE DVD

Amants super-héroïques débarque en DVD chez L’Atelier d’Images, après un rapide passage dans les salles françaises en août 2022. Très beau visuel, jaquette glissée dans un boîtier Amaray classique de couleur blanche. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité se résume à une poignée de bandes-annonces.

L’Image et le son

On ne change pas une équipe qui gagne et Paolo Genovese a de nouveau fait appel au chef opérateur Fabrizio Lucci. Si les contrastes sont un peu légers, force est d’admettre que la copie se révèle claire et lumineuse, le relief est appréciable, la colorimétrie chatoyante mais quelques fourmillements sont constatables sur les arrière-plans et quelques détails manquent à l’appel. Le piqué est parfois émoussé mais cela n’entrave en rien les conditions de visionnage qui demeurent plaisantes. Rien à redire, le moindre recoin est splendide de précision sur les séquences diurnes tournées en extérieur. Dommage de ne pas bénéficier de ce titre en Blu-ray.

Les mixages italien et français Dolby Digital 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, les dialogues sont solidement plantés sur l’enceinte centrale et nous vous conseillons d’éviter le doublage français. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas.