TECHNIQUE D’UN MEURTRE (Tecnica di un omicidio) réalisé par Francesco Prosperi, disponible le 31 octobre 2023 en DVD et Combo Blu-ray + DVD chez Elephant Films.
Acteurs : Robert Webber, Franco Nero, José Luis de Vilallonga, Cec Linder, Theodora Bergery, Earl Hammond, Michel Bardinet, Giovanni Di Benedetto, Jeanne Valérie…
Scénario : Francesco Prosperi
Photographie : Erico Menczer
Musique : Robby Poitevin
Durée : 1h33
Année de sortie : 1966
LE FILM
John Harris est tueur à gages. Il décide de se retirer du métier après un dernier contrat. Il doit abattre un ancien membre de l’organisation pour laquelle il travaille : Secchy, responsable de la mort de son frère. Avec un jeune tueur, Toni Lobello, qui le prend comme un modèle, John se rend à Paris…
Moui…Mouarf…On l’aime bien ce cher Francesco Prosperi (1926-2004), réalisateur entre autres du génial La Dernière maison sur la plage – La Settima donna (1978), et scénariste de Hercule contre les vampires – Ercole al centro della terra (1961) et La Fille qui en savait trop – La ragazza che sapeva troppo (1963) de Mario Bava. Ancien assistant de ce dernier, Francesco Prosperi (à ne pas confondre avec Franco Prosperi, metteur en scène des Bêtes féroces attaquent – Wild Beasts – Belve feroci et pionnier du genre Mondo) passe derrière la caméra en 1965 avec Technique d’un meurtre – Tecnica di un omicidio, un premier long-métrage qu’il écrit seul. Thriller sans doute calqué sur certains modèles américains, ce coup d’essai n’a rien d’un coup de maître et paraît même aujourd’hui très plan-plan, banal, peu aidé par un casting qui n’a jamais vraiment l’air concerné par ce qui se passe et qui finit par s’enliser au fur et à mesure d’une enquête peu emballante. Si intérêt il y a, c’est uniquement pour découvrir l’immense Franco Nero au début de sa carrière, un an avant son explosion avec Django et qui n’avait alors jamais eu un rôle aussi important sur grand écran. Son personnage se démarque sans mal, surtout face à un Robert Webber (Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, Douze Hommes en colère) qui peine à convaincre. Sitôt vu, sitôt oublié.
Le tueur à gages Clint Harris a encore un travail à faire avant de pouvoir prendre sa retraite. La société qui l’engage demande à Harris «d’effacer» un ancien employé devenu un vif d’or pour la police. Au début, Harris refuse, mais au service de la tradition du cinéma tueur à gages, son propre frère est assassiné, de sorte qu’il doit accepter. Le pro se voit confier un assistant, Tony Lo Bello, à qui il enseigne les ficelles alors qu’ils poursuivent leur proie à travers Paris. L’intrigue s’épaissit lorsqu’une belle femme identifie la cible, mais il s’avère qu’il a tué le mauvais homme ! Les cadavres s’entassent alors que Harris se demande à qui il peut vraiment faire confiance.
Dire que Technique d’un meurtre manque de charme serait mentir. La première partie fonctionne avec une belle plongée dans le New York de la fin des années 1960, la Grosse Pomme étant particulièrement mise en valeur avec un cadre large élégant, un montage ciselé (de Mario Serandrei, grand collaborateur de Mario Bava et de Francesco Rosi), une photographie qui a de la gueule signée Erico Menczer, chef opérateur de renom ayant officié pour Tinto Brass (Miranda), Alberto De Martino (Holocaust 2000), Fernando Di Leo (Colère noire), Dario Argento (Le Chat à neuf queues), Lucio Fulci (Beatrice Cenci) et bien d’autres. On apprécie cet aspect polar US, d’ailleurs qui pouvait imaginer que derrière le pseudonyme de Frank Shannon se cachait en réalité un cinéaste romain pur et dur, que le titre original de Professional Killer (ou No Tears for a Killer et même The Hired Killer) était en fait Tecnica di un omicidio, à l’époque où les comédiens transalpins américanisaient leurs noms, du style Mario Girotti en Terence Hill ou Carlo Pedersoli en Bud Spencer. Mais après un premier acte plutôt percutant, l’histoire s’étiole progressivement et rien ou presque ne viendra relever le niveau.
On suit péniblement la déambulation des personnages, de New York à Paris, tandis que Franco Prosperi s’amuse souvent avec le zoom, afin de donner un crédit immersif à son récit. Mais les poursuites molles ennuient, Robert Webber, avant Les Douze Salopards – The Dirty Dozen de Robert Aldrich et L’insurgé – The Great White Hope de Martin Ritt, semble trouver le temps long en débitant ses répliques peu inspirées, surtout que Franco Nero lui vole la vedette à chaque apparition en composant un tueur énigmatique et sans doute psychopathe. Du point de vue gent féminine, là aussi nous sommes déçus, la comédienne française Jeanne Valérie, vue dans Les Liaisons dangereuses 1960 de ce coquin de Roger Vadim et dans l’étonnant À double tour de Claude Chabrol, ne marque pas vraiment pas les esprits.
Heureusement, Franco Prosperi démontrera par la suite qu’il en avait tout de même sous le capot avec l’anxiogène La Dernière maison sur la plage, référence du Rape & Revenge, opus très violent, sans concession, morbide, cruel, dérangeant, à l’érotisme malsain, mais à voir absolument.
LE BLU-RAY
Technique d’un meurtre apparaît dans les bacs en DVD, en Combo Blu-ray + DVD, ainsi qu’en Blu-ray + DVD – Boîtier métal Futurepak limité chez Elephant Films ! Ces éditions sont chaque fois accompagnées d’un livret concocté par le spécialiste Alain Petit, dans lequel ce dernier aborde les trois films de cette nouvelle vague dite « Les Années de plomb », composée de Technique d’un meurtre, La Mort remonte à hier soir et La Guerre des gangs. Le menu principal est fixe et musical.
Cette fois encore, l’éditeur est allé à la rencontre de Gérald Duchaussoy et Romain Vandestichele (24’). Les auteurs de Mario Bava – Le magicien des couleurs (Ed. Lobster Films, 2019), lecteurs assidus de Mad Movies et passionnés par les films d’épouvante, le sont aussi du cinéma italien d’exploitation et présentent cette fois Technique d’un meurtre. Ils replacent le film de Francesco Prosperi dans la carrière de ce dernier, en parlant aussi des partis-pris, de ses influences (vraisemblablement le cinéma de Jean-Pierre Melville), mais aussi du fait que Technique d’un meurtre a semble-t-il beaucoup inspiré Le Flingueur de Michael Winner, aussi bien sur le fond que sur la forme. Le genre espionnage de l’époque et le casting sont aussi abordés.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
Des poussières, des rayures verticales et des griffures subsistent tout du long. Le master HD peine à trouver son équilibre et paraît avoir été rafistolé à partir de sources diverses puisque le générique en ouverture est en anglais et un insert est écrit en italien. Les couleurs manquent de fraîcheur, tirent parfois sur le vert, la copie est stable, les contrastes sont aléatoires, tout comme le piqué et la patine argentique, parfois bien gérée, de temps en temps trop appuyée ou bien étrangement lisse. Certaines séquences sortent du lot, notamment les scènes en extérieur jour, avec un lot de détails très appréciables, sur les décors, mais également et surtout sur les gros plans. Quelques plans flous et changements chromatiques. Vraisemblablement une restauration 2K.
Les comédiens viennent des États-Unis, d’Italie, de France, d’Espagne. Technique d’un meurtre semble avoir été tourné en anglais, langue que nous retrouvons heureusement au programme de ce Blu-ray. Même chose pour les versions française et italienne, qui créent chacune un confort acoustique suffisant pour redécouvrir le film. Les sous-titres ne sont pas imposés.