
SEPT HOMMES À ABATTRE (Seven Men From Now) réalisé par Budd Boetticher, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD depuis le 19 décembre 2024 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Randolph Scott, Gail Russell, Lee Marvin, Walter Reed, John Larch, Don « Red » Barry, Fred Graham, John Beradino.…
Scénario : Burt Kennedy
Photographie : William H. Clothier
Musique : Henry Vars
Durée : 1h18
Date de sortie initiale : 1956
LE FILM
L’ex-shérif Ben Stride est à recherche des sept meurtriers de sa femme lors d’un braquage de la Wells Fargo. Se culpabilisant de ce meurtre, il prend la route de la Californie sur la piste des bandits. Il croise le chemin d’un couple et de deux bras cassés qui le mènent vers les malfrats mais s’enfuient avec le butin. Dans ce périple, plus d’un est porteur de secrets… !

En 1956, débute le cycle Ranown, dont nous avons déjà parlé à quelques reprises, qui désigne les sept collaborations entre le réalisateur Budd Boetticher (1916-2001) et l’acteur Randolph Scott (1898-1987). Sept westerns tournés entre 1956 et 1960, sept films considérés comme faisant partie des meilleurs westerns de l’histoire du cinéma. Vont ainsi se succéder Sept hommes à abattre – Seven Men From Now, L’Homme de l’Arizona – The Tall T, Le Vengeur agit au crépuscule – Decision at Sundown, L’Aventurier du Texas – Buchanan Rides Alone, La Chevauchée de la vengeance – Ride Lonesome, Le Courrier de l’or – Westbound et Comanche Station. Deux autres grands noms se distingueront également de ce cycle Ranown, celui de Burt Kennedy et celui de Charles Lang Jr, scénaristes qui se relaieront d’opus en opus, même si le premier a plus imprimé sa marque que le second. Si vous êtes néophytes, précipitez-vous immédiatement sur ce premier « volet », qui condense tout ce qui a fait la popularité et la pérennité de cette anthologie. Une durée ramassée (Sept hommes à abattre n’excède pas les 75 minutes et avait même été coupé pour son exploitation dans les salles françaises), un montage sec et nerveux, un sens inouï du cadre, un héros que l’on pourrait qualifier de minéral qui annonce quelque part l’Homme sans nom que campera Clint Eastwood dans la Trilogie du Dollar dix ans plus tard. Magistralement mis en scène par Budd Boetticher, que nous n’aurons de cesse de réhabiliter encore et toujours, porté par un Randolph Scott impérial (dans un rôle refusé par John Wayne, pris par La Prisonnière du désert, qui produit néanmoins le film et le propose à Boetticher et Scott) qui donne la réplique (ou le regard) à l’immense Lee Marvin, Seven Men From Now est une étape indispensable dans la vie d’un cinéphile.



Au cours du braquage d’une banque à Silver Springs, des malfaiteurs tuent une des employées. Celle-ci était l’épouse de Ben Stride, un ex-shérif, qui se lance aussitôt sur la piste des hors-la-loi. Sur sa route, il croise Annie et John Greer, un couple en route pour la Californie dont le chariot s’est enlisé. Après les avoir aidés à sortir de ce mauvais pas, Stride chemine avec eux. Les trois voyageurs sont rejoints par deux hommes, Bill Masters et Clete, qui prétendent vouloir aider Stride. Ce que celui-ci ignore, c’est que Masters ne désire qu’une chose : s’emparer du butin du hold-up…



Sept hommes à abattre, ou une chasse à l’homme ouverte pour sept fripouilles, qui ont dévalisé une banque, tuée une employée, qui n’est autre que la femme d’un ex-représentant de la loi. Intrigue simple, mais pas simpliste, resserrée, sans une once de gras, une histoire de vengeance comme il y a des tas et comme il y en aura toujours au cinéma. Un homme seul, usé (mais pas trop, avec ce qu’il faut encore comme bons réflexes à la gâchette), qui s’exprime par petites phrases, comme si cela lui coûtait de gaspiller du temps pour palabrer. Le prologue donne le ton. Alors qu’une pluie diluvienne s’abat sur la terre sèche, Ben Stride trouve refuge auprès de deux individus, avec lesquels il boit un café. La conversation tourne court, les hommes dégainent, mais nous ne verrons pas qui est passé de vie à trépas.



Stride s’en sort bien évidemment sans une égratignure (sinon, il n’y aurait pas eu de film), mais le personnage, l’atmosphère, le but et le maniement virtuose au pistolet de notre cowboy sont installés. Mais ce grand échalas d’1m90 au visage taillé à la serpe n’est pas un monstre et dès le lendemain, Stride aide des pionniers, John et Annie Greer (qui ne le laisse pas indifférent), à désembourber leur chariot puis accepte, après qu’ils ont longtemps insisté, de les accompagner afin de les protéger d’Indiens Chiricahuas. Dans un relais de diligence abandonné, ils croisent Bill Masters, qui se joint à eux, dans le but affiché d’aider Ben Stride mais surtout de récupérer le butin du hold-up. Les deux hommes ne cessent alors de se toiser, chacun connaissant la quête de l’autre et dont l’issue paraît inévitable.



Porté aux nues par André Bazin à sa sortie (« le meilleur western que j’ai vu depuis la guerre, le plus raffiné et le moins esthète, le plus simple et le plus beau »), Sept hommes à abattre apparaîtrait sûrement parmi les dix plus grands westerns de tous les temps si un classement devait être établi par les experts et les amateurs. Tout y est exemplaire, la distribution (le duel permanent entre Randolph Scott et Lee Marvin est à se damner, Gail Russell qui apparaît dans un de ses derniers rôles, avant de mourir prématurément à l’âge de 36 ans à cause de l’alcool), une photo virtuose en WarnerColor du maestro William H. Clothier (Big Jake, Alamo, Les Feux de l’enfer, La Caravane de feu, L’Homme qui tua Liberty Valance…), un scénario immersif, une maîtrise de l’espace extraordinaire, en un mot, un chef d’oeuvre.



LE BLU-RAY
Devenu invisible pendant plus de quarante ans, Sept hommes à abattre avait connu une première édition en DVD chez Paramount en 2007, avant de redevenir rare et se revendre à prix d’or sur la toile. Sidonis reprend le flambeau et présente le premier film du cycle Ranown, en DVD et en Combo Blu-ray+DVD, la deuxième édition contenant un livre intitulé « Budd et ses westerns », écrit par par Patrick Brion et Jean-François Giré (96 pages), que nous n’avons malheureusement pas reçu pour ce test. Notons que L’Homme de l’Arizona, Le Vengeur agit au crépuscule (sous le titre Décision à Sundown), L’Aventurier du Texas, La Chevauchée de la vengeance et Comanche Station sont également disponibles chez le même éditeur en Haute-Définition. Pour le cinquième et avant-dernier long-métrage du cycle, Le Courrier de l’or, il faudra (pour le moment) vous tourner vers Warner, qui propose le film en DVD dans la collection Les Trésors Warner. Le menu principal est animé et musical.

Le premier supplément est tout d’abord consacré au cinéaste Budd Boetticher. Il s’agit d’un documentaire de près de 50 minutes réalisé en 2005 (déjà présenté sur d’autres titres de Boetticher édités par Sidonis), constitué d’interventions du producteur Arnold Kunert, du cinéaste Taylor Hackford, du critique, réalisateur et acteur Peter Bogdanovich, mais aussi de Clint Eastwood et de Quentin Tarantino qui parlent entre eux de ce metteur en scène qu’ils admirent. Les grandes étapes de la vie de Budd Boetticher (qui apparaît aussi via des images d’archives) sont abordées, ainsi que son style, son amour de la corrida, son association avec Randolph Scott et Burt Kennedy, le cycle Ranown (avec surtout un gros plan sur Sept hommes à abattre), les personnages féminins et les méchants « sympathiques » qui ont fait l’originalité de son cinéma et bien d’autres éléments sur ce maître du western.







Jean-François Giré est seul en piste pour nous présenter Sept hommes à abattre (16’). Celui-ci revient sur la « carrière curieuse » du film, qui avait connu une exploitation dans une salle parisienne, sur les Champs-Élysées, en version originale sous-titrée, film qui a été encensé par la critique, en particulier André Bazin. Sept hommes à abattre devait par la suite quasiment disparaître pendant quatre décennies. Jean-François Giré analyse ensuite le cycle Ranown, ici à ses débuts, et plus particulièrement la rencontre et le travail entre Randolph Scott, Budd Boetticher et le scénariste Burt Kennedy. La force de l’histoire, l’interprétation de Randolph Scott, le jeu de Lee Marvin, la psychologie des personnages et quelques scènes du film, que Giré qualifie à juste titre de chef d’oeuvre, sont disséqués.




L’Image et le son
Point de Blu-ray aux États-Unis pour Sept hommes à abattre, ni au Royaume-Uni. À part le Japon (chez Fukkoku Cinema Library depuis 2018), il semblerait que la France soit le deuxième pays à bénéficier de cette sortie HD. Ceci dit, on ne sait pas où Sidonis a pu dégoter cette copie, mais le master proposé s’avère aléatoire en terme de définition. Au cours d’une même séquence, un champ-contrechamp présente un piqué, une palette chromatique, une texture argentique et des contrastes différents, le tout accompagné de décrochages sur les fondus enchaînés. N’attendez pas trop de miracles, si ce n’est celui de pouvoir enfin découvrir Sept hommes à abattre, dont l’image s’avère donc hétérogène et qui mériterait un vrai lifting digne de ce nom, même si l’ensemble demeure propre. Blu-ray au format 1080p.

La version originale (aux sous-titres français non imposés) l’emporte sur la piste française (absente du DVD Paramount) au doublage parfois pincé. En anglais, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la VO que sur la piste française, moins précise et par ailleurs incomplète, puisqu’il s’agit ici de la version intégrale du film.



Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount / Warner / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr