Test Blu-ray / Sans peur et sans reproche, réalisé par Gérard Jugnot

SANS PEUR ET SANS REPROCHE réalisé par Gérard Jugnot, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 mai 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Gérard Jugnot, Rémi Martin, Patrick Timsit, Anémone, Gérard Darmon, Victoria Abril, Roland Giraud, Ticky Holgado, Martin Lamotte, Josiane Balasko, Michel Blanc, Bruno Carette…

Scénario : Gérard Jugnot, Jean-Bernard Pouy & Christian Biegalski

Photographie : Gérard de Battista

Musique : Yves de Bujadoux

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Le capitaine Bellabre, redoutable mais vieillissant chevalier du roi de France, est ridiculisé au cours d’un tournoi par un jeune inconnu, Pierre Terrail de Bayard. Les armées du roi de France doivent traverser l’Italie pour aller conquérir le royaume de Naples. Bellabre prend sous sa coupe le jeune homme, espérant se venger.

Après le succès de Scout toujours…, même si moins conséquent que Pinot simple flic, Gérard Jugnot épate à la fois la critique et le public dans Tandem de Patrice Leconte, dans lequel il donne la (merveilleuse) réplique à Jean Rochefort et se voit même auréolé d’une nomination pour le César du meilleur acteur en 1988. La même année, sort son troisième long-métrage en tant que réalisateur, Sans peur et sans reproche, qui connaît un sacré revers au box-office avec seulement 416.000 entrées. Ce qui restera comme étant l’un des plus grands échecs commerciaux de Gérard Jugnot et indéniablement l’un de ses opus les plus méconnus (et pour cause), reste pourtant l’un de ses meilleurs. Furieusement drôle, vachard, paillard, bien ironique et porté par une distribution exceptionnelle, Sans peur et sans reproche est aussi une impressionnante réussite plastique, bénéficiant de décors soignés, d’une reconstitution médiévale pointilleuse (des costumes en passant par les accessoires) et d’une photographie stylisée de Gérard de Battista (Un, deux, trois, soleil de Bertrand Blier, Gazon maudit de Josiane Balasko, Vénus Beauté (Institut) de Tonie Marshall). Si certains cinéphiles et spectateurs auront depuis bien intégré des dialogues dans leur langage courant, Sans peur et sans reproche est assurément LE film à réhabiliter de Gérard Jugnot, qui annonce ni plus ni moins Les Visiteurs avant l’heure.

À la fin du XVe siècle, les armées du roi de France Charles VIII traversent l’Italie pour aller reconquérir le royaume de Naples. Un des capitaines français, Bellabre, ombrageux et teigneux, prend sous sa coupe un jeune et brillant inconnu qui l’a ridiculisé lors d’un tournoi. Il s’appelle Terrail de Bayard. Rancunier, jaloux de son prestige naissant, Bellabre va alors s’amuser à exposer le « gêneur » aux dures réalités de la guerre, à la fois pour parfaire son « éducation » et pour le détourner de son amour impossible pour la duchesse Blanche de Savoie. Las ! Bayard, en échappant aux griffes du cruel Espagnol Sottomayor, qui va devenir son ennemi juré, se couvre de gloire, si bien que Charles VIII le fait chevalier et semble consentir à lui accorder la main de Blanche.

En l’an de grâce 1494…

Si toutes les comédies françaises d’aujourd’hui pouvaient être aussi ciselées, aussi bien écrites et mises en scène, le genre se porterait bien mieux…S’il n’était pas chaud pour jouer dans Scout toujours…, produit par Claude Zidi qui l’avait poussé à camper le rôle principal, Gérard Jugnot s’investit pleinement dans Sans peur et sans reproche, sans doute l’un de ses projets les plus ambitieux et originaux. Aux côtés du comédien/réalisateur, une ribambelle d’acteurs qui y vont à fond dans le délire. À l’exception de Rémi Martin, qui en fait des caisses (et dont le cinéaste aura du mal à gérer les problèmes de drogue sur le plateau), Gérard Darmon (qui vole la vedette, bien avant La Cité de la peur), Patrick – Certes, certes ! – Timsit (fabuleux Charles VIII), Martin Lamotte (fielleux Louis XII), Roland Giraud (magnifique Alonzo de Soto Mayor), Victoria Abril (quelle beauté…), Alain Doutey (déjà présent dans Pinot simple flic), Ticky Holgado (inventeur et chirurgien tout droit sorti d’une bande dessinée), Bruno Carette (dans l’une de ses rares apparitions au cinéma, un an avant sa disparition), sans oublier les apparitions de Michel Blanc, Anémone et Josiane Balasko, et bien d’autres, sont tous sublimes. Comme à son habitude, Gérard Jugnot met en valeur ses camarades, chacun ayant son moment pour briller, comme une succession de solos qui bout à bout forment une partition millimétrée, une symphonie placée sous le signe du rire. Car cela ne s’arrête pas une seconde dans Sans peur et sans reproche.

On n’est plus au moyen-âge que diable !

Le scénario coécrit par Christian Biegalski (Le Prince du Pacifique, Casque bleu, Les Keufs), Gérard Jugnot et Jean-Bernard Pouy (Le Poulpe) n’est pas juste une succession de gags, mais un vrai film historique et d’aventure, crédible sur la forme et dont le fond aurait été parasité par un humour noir dévastateur et la caractérisation des personnages à peine exagérée par rapport à la réalité de l’époque. Outre la photographie déjà mentionnée, la partition d’Yves de Bujadoux trouve également ce parfait équilibre entre l’épique et le pastiche. De nombreux atouts qui font de Sans peur et sans reproche un formidable et audacieux divertissement, un spectacle souvent hilarant (violent et même gore parfois, ce qui a peut-être décontenancé le public), qui a bien vieilli et qui n’a peut-être jamais été aussi moderne.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

S’il n’est définitivement pas le film de Gérard Jugnot le plus simple à promouvoir, Sans peur et sans reproche se voit dérouler le tapis rouge par Rimini Editions, avec rien de moins qu’une édition DVD + Blu-ray ! Une sortie aussi ambitieuse que le film lui-même, Gérard Jugnot étant d’ailleurs à l’honneur chez l’éditeur puisque Pinot simple flic et Une époque formidable débarquent aussi simultanément dans les bacs et dans les mêmes conditions techniques. Les deux disques reposent dans un boîtier Amaray classique transparent. Si nous étions tout d’abord sceptiques sur les visuels, l’éditeur crée la surprise en proposant une jaquette réversible, incluant l’affiche d’origine ! L’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Tout d’abord, l’éditeur reprend l’interview rétrospective de Gérard Jugnot (Gérard Jugnoy, artisan-réalisateur), réalisée par Jérôme Wybon en 2013, à l’occasion de la première édition Blu-ray d’Une époque formidable…Comme Rimini sort trois titres du comédien-réalisateur, celle-ci a été scindée en trois parties. Dans celle présente sur ce Blu-ray (21’), notre interlocuteur revient uniquement sur Sans peur et sans reproche (1988). Sans langue de bois, avec spontanéité et toujours attachant, Gérard Jugnot aborde tous les aspects de ce « film très compliqué » (« et pourtant l’un des souvenirs les plus formidables de ma vie »), ses intentions (faire un film sur l’héroïsme, parler du moyen-âge, « comme s’il s’agissait d’un cauchemar fait par Pinot […] un mix entre Le Nom de la rose et un film burlesque »), les conditions de tournage au Portugal, le casting (Rémi Martin en prend pour son grade « un garçon un peu fatigant, adepte de produits chimiques » et bel hommage à Ticky Holgado), les recherches historiques et l’écriture du scénario, l’échec cuisant à sa sortie, la musique de film et son travail dans la publicité. Quelques images de tournage illustrant cet entretien sont reprises du module disponible tout de suite après celui-ci.

Un making of brut de 23 minutes, dévoile l’envers du décor et se focalise sur le travail de Gérard Jugnot en compagnie de son équipe technique. L’occasion de voir l’investissement du cinéaste-acteur, pointilleux sur les accessoires et les costumes, également à l’oeuvre avec ses cascadeurs. Une large partie de ce bonus montre la difficulté et le temps passé pour enfiler une véritable armure, où l’on sent Gérard Jugnot assez tendu par l’exercice.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Que voilà un très beau master HD ! Ce Blu-ray ne déçoit pas dès la première séquence, avec une luminosité et un piqué affûté qui s’avèrent particulièrement convaincants, une colorimétrie chaude très joliment restituée, tout comme les ambiances plus feutrées et ambrées. Les noirs sont denses et les détails tranchants, la texture argentique étant elle préservée et bien équilibrée. Le relief est souvent présent, les contrastes élégants, la copie stable et propre, les arrière-plans sont aussi nets que les plans rapprochés, même si divers plans sont sensiblement plus troubles. Les scènes sombres apparaissent aussi précises que les diurnes.

La piste française DTS-HD Master Audio Mono 2.0 de Sans peur et sans reproche est plutôt percutante. Aucun souffle n’est à déplorer, ni aucune saturation dans les aigus. Les dialogues sont vifs, toujours bien détachés, la musique est délivrée avec une belle ampleur. L’ensemble est aéré, fluide et dynamique. En revanche, pas de pistes de sous-titres français pour le public sourd et malentendant.

Crédits images : © Rimini Editions / GPFI – Arturo Productions – TF1 Studio – TF1 Films Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

2 réflexions sur « Test Blu-ray / Sans peur et sans reproche, réalisé par Gérard Jugnot »

  1. Il a la rancune tenace Jugnot, car après plus de 30 ans, le nom de (excellentissime et disparu) Rémi Martin n’est même pas crédité sur cette affreuse (beurk !) jaquette.

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