Test Blu-ray / Les Hordes, réalisé par Jean-Claude Missiaen

LES HORDES réalisé par Jean-Claude Missiaen, disponible en Coffret Prestige Ultra Collector – Blu-ray + DVD le 28 septembre 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : François Dunoyer, Corinne Touzet, Souad Amidou, Simone Eine, Jean-Pierre Kalfon, Philippe Lemaire, Féodor Atkine, Michel Peyrelon, Philippe Laudenbach, Jean-Claude Bouillaud…

Scénario : Jacques Zelde, Joël Houssin, Jean-Luc Fromental, Daniel Riché et Jean-Claude Missiaen, d’après le roman de Jacques Zelde.

Photographie : Jean-Claude Vicquery

Musique : Bernie Bonvoisin

Durée : 5h46 (en 4 épisodes)

Date de diffusion : 1991

LA MINI-SÉRIE

Dans notre futur immédiat, les déclassés et les déshérités rançonnent les automobilistes. Ils forment des groupes paramilitaires afin de conquérir les villes… Ils se structurent en parti politique et deviennent graduellement un état dans l’Etat. Sous une fausse identité, un policier limogé infiltre le mouvement…

Jean-Claude Missiaen (né en 1939) a été à ses débuts critique et attaché de presse. Sa carrière au cinéma se résume rapidement, il est le réalisateur de trois grands polars des années 80 : Tir groupé (1982), Ronde de nuit (1984) et La Baston (1985). Par la suite, la télévision fait appel à son talent. Il met en scène en 1990 la mini-série d’anticipation culte Les Hordes, d’après le roman de Jacques Zelde. Ce thriller politique nous plonge dans le futur proche des villes, une voiture de police blindée semblant sortir tout droit de Mad Max nous fait découvrir une société qui n’a plus rien à voir avec celle que nous avons connue. Le chaos est omniprésent, les chiffres du chômage, de la criminalité et de la pauvreté battent des records. Il y a un écart entre cette population pauvre, obligée d’avoir recours à la violence pour survivre, et le Ministère avec une poignée de personnes qui vivent dans le confort, la richesse et le pouvoir. Les inégalités se creusent.

Les Hordes sont un groupe d’hommes cagoulés qui rackettent les automobilistes. Si ces derniers ne paient pas, leurs voitures sont détruites à coups de battes de base-ball. La violence est partout. La police travaille dans des conditions difficiles. Bien que la première bagarre à l’écran soit ratée, avec un manque de rythme et un écart entre le poing et le visage visible, la suite comporte des cascades extraordinaires, avec des affrontements d’un réalisme saisissant. Ces scènes, avec en exemple celle où une voiture explose après un tir au bazooka, sont percutantes et offrent une bonne dose d’action. Les Hordes recrutent de plus en plus de personnes et un mouvement contre le Ministère voit le jour. La mini-série montre l’organisation d’un groupe qui a pour but de prendre le pouvoir en faisant régner la terreur.

Cette mini-série est une critique du monde politique qui n’agit que dans son propre intérêt, en méprisant la population et en restant aveugle au point de ne pas voir la montée de la violence. La télévision est un média qui possède un grand pouvoir, le journalisme devient une arme de manipulation. Les banques sont du côté du profit. Cette vision du futur est pessimiste, avec une décadence de notre civilisation, avec une augmentation de la prostitution, de la drogue, des SDF et des prisons pleines à craquer.

Comme dans toute fiction d’anticipation réussie, avec le recul, nous pouvons relever d’étranges similitudes avec notre présent : le GPS dans une voiture de police, l’omniprésence de l’informatique, des casques préfigurant la réalité virtuelle ou le jeu vidéo, un écran de télévision plat ou encore les appels vidéo. Les Hordes n’a sans doute pas bénéficié d’un budget conséquent pour sa production, mais l’inventivité de Jean-Claude Missiaen, pour que cela ne soit pas visible à l’écran, est débordante. Le metteur en scène a réussi à nous plonger visuellement dans un univers particulier avec une architecture et des costumes hors de notre temps, avec sans doute une inspiration du cinéma américain. La musique signée Bernie Bonvoisin est un rock entraînant qui colle parfaitement à l’atmosphère sauvage de la mini-série. L’histoire est bien rythmée, il n’y a pas de temps mort. Le casting n’est pas composé de stars mais de visages connus qui donnent le meilleur d’eux-mêmes dans leur interprétation. Ils viennent d’horizons différents, cinéma, télévision et théâtre, ce mélange est intéressant.

Le quatrième épisode qui se détache des autres n’a étrangement jamais été diffusé à la télévision. Pourtant, il propose une conclusion passionnante aux Hordes. L’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Il est fort possible que la ménagère de moins de 50 ans, habituée à des programmes aseptisés proposés par la télévision aient fait des cauchemars après la diffusion des trois premiers épisodes de ce brillant OVNI. Depuis, le petit écran n’a pas cessé de produire des séries standards et d’une banalité affligeante du style Joséphine ange gardien ou Camping Paradis. Les Hordes est la preuve qu’un jour en France, la télévision a tenté de proposer quelque chose de différent et il est dommage de constater qu’elle n’ait pas continué.

LE DVD/BLU-RAY

Les DVD et Blu-ray, réunis en combo, de la série Les Hordes sont disponibles dans un Coffret prestige ultra collector chez Doriane Films, quasiment dix ans après la première édition de la mini-série en DVD chez Bach Films. Le visuel de la jaquette est simpliste, avec la photo d’un homme brisant une vitre en verre, extraite de la première scène de la série. Le menu est animé, avec des extraits et musical avec la bande originale. Les quatre disques sont divisés en deux boîtiers Slim, un pour les deux DVD, l’autre pour les deux Blu-ray, glissés dans un surétui cartonné.

Les bonus comportent un film de Dominique Maillet intitulé Le Credo de la violence (30′). Patrick Brion, historien du cinéma, Jean-François Giré, historien du western et Féodor Atkine, acteur qui interprète le rôle d’Yvan Arkady sont interviewés. Ils donnent leur analyse sur la montée de la violence décrite dans la série en parallèle avec notre actualité. Jean-Claude Missiaen est loin d’être un réalisateur classique, avec ses influences américaines et son style tranchant. Les intervenants parlent du travail du cinéaste sur les décors, l’utilisation de l’obscurité, l’ambiance étouffante et fantastique, la distribution et les personnages. Ils saluent l’audace de Jean-Claude Missiaen.

Dans Retour sur les Hordes (8′), le réalisateur Jean-Claude Missiaen revient sur sa série, en voix-off sur des photos du tournage. Il parle de ses influences, de la naissance de la série, du sujet, de l’évolution du scénario, de la conception des costumes, du budget serré, du tournage au rythme intensif, des collaborateurs, des lieux, des personnages, de la distribution et de la critique positive malgré un échec. Jean-Claude Missiaen aborde sa série sous plusieurs angles en si peu de temps. Malheureusement, tout n’est pas détaillé alors qu’il avait sans doute encore beaucoup à raconter. Ce bonus est intéressant mais laisse un goût étrange d’inachevé. Il aurait pu durer facilement une heure.

Un livret de 11 pages est également disponible, revenant sur le parcours de Jean-Claude Missiaen, le sujet de la série, le casting, les critiques de la presse ainsi qu’un petit mot du réalisateur.

L’interactivité se clôt avec la bande-annonce (3′).

L’image et le son

Pour sa première édition en DVD/Blu-Ray, la série Les Hordes a eu droit à une remarquable restauration avec une image en 4K. Le sujet étant très noir, il n’est pas rare que des scènes se déroulent la nuit ou que l’image soit sombre. Lors de sa diffusion à la télévision, la série devait avoir une image terne. Cette restauration met en valeur les couleurs et permet aux scènes nocturnes d’avoir un minimum de luminosité. L’image est très nette avec aucun parasite. Le format 4/3, utilisé par la télévision à l’époque, a été gardé.

Le son a été également restauré. Le mixage entre les voix, la musique et les bruits ambiants est réussi. Certaines voix paraissent cependant un peu étouffées mais demeurent audibles. Cela permet de visionner la série dans de très bonnes conditions. Aucun sous-titre n’est disponible.

Crédits images : © Doriane Films / Critique du film et chronique du combo réalisées par Jérémy Joly / Captures : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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