LE TRÉSOR DU PETIT NICOLAS réalisé par Julien Rappeneau, disponible en DVD et Blu-ray le 23 février 2022 chez Warner Bros.
Acteurs : Ilan Debrabant, Audrey Lamy, Jean-Paul Rouve, Pierre Arditi, Grégory Gadebois, Jean-Pierre Darroussin, Adeline D’Hermy, Noémie Lvovsky, François Morel…
Scénario : Mathias Gavarry & Julien Rappeneau, d’après l’oeuvre de René Goscinny & Jean-Jacques Sempé
Photographie : Vincent Mathias
Musique : Martin Rappeneau
Durée : 1h43
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Dans le monde paisible du Petit Nicolas, il y a Papa, Maman, l’école, mais surtout, sa bande de copains. Ils s’appellent Les Invincibles, mais ils sont avant tout inséparables. Du moins le pensent-ils. Car quand Papa reçoit une promotion et annonce que la famille doit déménager dans le sud de la France, le petit monde de Nicolas s’effondre. Comment imaginer la vie sans ses meilleurs amis ? Sans les croissants d’Alceste, les lunettes d’Agnan, les bêtises de Clotaire, loin de leur cher terrain vague ? Aidé par ses copains, Nicolas se met en quête d’un mystérieux trésor qui pourrait lui permettre d’empêcher ce terrible déménagement.
Le Petit Nicolas de Laurent Tirard avait triomphé avec plus 5,5 millions de spectateurs dans les salles en 2009. Un très beau succès. Après un épisode d’Astérix également réussi, mais qui s’était soldé par un échec commercial plutôt conséquent, le réalisateur revenait cinq ans plus tard à l’univers des génies René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, avec une nouvelle aventure de Nicolas, Les Vacances du Petit Nicolas. Doté d’un budget similaire à celui du premier opus, plus de vingt millions d’euros, ce deuxième film faisait la part belle aux parents, qui redoublaient d’énergie pour faire marrer les mioches. Résultat des courses, tout le monde s’est senti quelque peu trahis, puisque le personnage de Nicolas y était cette fois quasiment transparent, tout comme sa bande de potes de vacances, loin d’être aussi attachante que celle de son école habituelle, Alceste, Geoffroy, Clotaire, Eudes… Cette seconde mouture avait néanmoins attiré près de 2,5 millions de français au cinéma. Nous pensions que Le Petit Nicolas n’apparaîtrait plus sur le grand écran et nous avions tort. Le revoilà avec un nouveau visage, celui d’Ilan Debrabant, vu dans Roulez jeunesse de Julien Guetta et 10 jours sans maman de Ludovic Bernard, qui succède ainsi à Maxime Godart et Mathéo Boisselier. S’il n’est pas le meilleur interprète du rôle (on reste attaché au premier), celui-ci ressemble vraiment au légendaire dessin de Sempé. Contrairement au second opus, Le Trésor du Petit Nicolas trouve le bon équilibre entre le monde des enfants et celui des parents de Nicolas. Exit Valérie Lemercier et Kad Merad, place à Audrey Lamy et Jean-Paul Rouve, qui apportent une sensibilité différente au récit, surtout le second, bien plus convaincant et naturel que son prédécesseur. En toute honnêteté, on ne misait pas un kopeck sur ce troisième volet, par ailleurs indépendant, mais il se dégage un vrai charme du film réalisé par Julien Rappeneau. En dépit d’une première partie redondante avec ce qui avait été installé dans les deux épisodes précédents, Le Trésor du Petit Nicolas acquiert finalement son rythme de croisière et cueille le spectateur adulte là où il s’y attendait le moins, l’émotion. Une agréable surprise donc, qui s’est malheureusement planté à sa sortie avec seulement un peu plus que 500.000 entrées…Séance rattrapage.
Pour Le Trésor du Petit Nicolas, Julien Rappeneau a coécrit le scénario avec Mathias Gavarry, auteur du formidable Volontaire d’Hélène Fillière, mais aussi et surtout un habitué des adaptations de bandes-dessinées au cinéma, ayant travaillé sur les deux volets des Profs et Gaston Lagaffe de Pierre-François Martin-Laval, ainsi que sur Les Blagues de Toto de Pascal Bourdiaux. Contrairement au Petit Nicolas et aux Vacances du Petit Nicolas, ce troisième épisode semble mieux construit et s’éloigne de l’habituelle succession de vignettes, en jouant moins sur les gags ponctuels, tout en profitant de la durée du long-métrage pour proposer une évolution des personnages, y compris de nos chers bambins. Du côté des enfants, Nicolas, Agnan, Alceste et toute la clique (tous très bien castés) s’unissent comme dans Les Goonies, pour trouver un trésor caché (non pas celui de Willy le Borgne, mais Olaf le Borgne, peut-être un cousin éloigné) qui permettrait au premier de ne pas déménager à Aubagne (ou de finir « au bagne » comme le pense Nicolas), où son père se voit confier un job important. Le temps leur est compté, mais de curieux indices commencent à apparaître. « Papa » et « Maman », Jean-Paul Rouve et Audrey Lamy donc, parfaitement à leur place, complémentaires et attachants, doivent prendre une décision importante, accepter un poste de direction à l’autre bout de la France, où ils ne connaissent personne et où ils devront tout recommencer, y compris Nicolas qui sera obligé de dire adieu à sa bande de copains, ou laisser filer cette proposition de Monsieur Moucheboume (Pierre Arditi, excellent) et continuer leur petite vie tranquille dans leur jolie maison.
Julien Rappeneau s’est vu confier un budget confortable de 17 millions d’euros, moindre que les deux films précédents (estimés respectivement à 23 et 25 millions), mais dont il s’acquitte admirablement. Les décors de Marie Cheminal (Jalouse), les costumes de Pierre-Jean Laroque (Benedetta, Mademoiselle de Joncquières, Knock), la photographie de Vincent Mathias (L’Extraordinaire voyage du Fakir de Ken Scott, Au revoir là-haut d’Albert Dupontel, Le Nom des gens de Michel Leclerc), la musique légère de Martin Rappeneau, et le sublime générique créé par les experts Olivier Kuntzel et Florence Deygas (Arrête-moi si tu peux, le premier Petit Nicolas) sont autant soignés que les deux « blockbusters » de Laurent Tirard et le reste du casting est aussi attractif puisqu’on y retrouve Grégory Gadebois – plus à sa place que François-Xavier Demaison – en Bouillon qui recherche ses sifflets volés tout en ayant à l’oeil la bande de garnements, Jean-Pierre Darroussin (après Michel Duchaussoy et Francis Perrin) en directeur de l’école qui a toujours une blague suspendue aux lèvres, François Morel en voisin Blédurt, Adeline d’Hermy (révélée dans le rôle-titre de Maryline de Guillaume Gallienne) dans celui de la douce maîtresse d’école, sans oublier la grande Noémie Lvovsky en maîtresse plus « rigide ».
Le réalisateur du superbe Rosalie Blum, scénariste des deux Largo Winch de Jérôme Salle et des deux Pamela Rose, bichonne sa mise en scène, la reconstitution de l’insouciance des années 50 et 60, tout en reproduisant habilement quelques merveilleux dessins de Sempé. Les gags visuels s’enchaînent sur un rythme soutenu, c’est flatteur pour les yeux, drôle, tendre et proche du livre original. Et puis l’épilogue ambitieux présente un saut dans le temps émouvant de plus de trente ans, un sacrilège diront certains, tandis que les autres se laisseront volontiers envahir par la nostalgie et rattrapés par le temps qui a passé. Une parfaite conclusion à la saga du Petit Nicolas au cinéma.
LE BLU-RAY
Changement de crèmerie pour Le Petit Nicolas, dont les deux premières aventures cinématographiques étaient précédemment sorties en DVD et Blu-ray chez Wild Side Video. Warner Bros. Entertainment France présente aujourd’hui ce troisième opus, également en édition Standard et en Haute-Définition. La galette bleue repose dans un boîtier écologique (moins de plastique) de couleur bleue, la jaquette reprenant le visuel de l’affiche principale d’exploitation. Le menu principal est animé sur la musique de Martin Rappeneau.
Alors que la sortie physique du Petit Nicolas s’accompagnait de plusieurs heures de suppléments et que les bonus étaient beaucoup plus légers pour Les Vacances du Petit Nicolas, cela s’est considérablement réduit comme peau de chagrin pour Le Trésor du Petit Nicolas ! Les bonus se résument en tout et pour tout par un bêtisier (3’) amusant, mais bien trop rapide, une galerie de photos et le clip de la reprise des Copains d’abord par Matthieu Chedid.
L’Image et le son
Ce transfert HD (1080p, AVC) s’avère soigné, l’univers très BD et carte postale est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs vives, acidulées, pastel et pétillantes (les teintes bleues et vertes foisonnent), les contrastes sont au beau fixe et le piqué chirurgical. La définition est au top, les détails impressionnants aux quatre coins du cadre large et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.
Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une spatialisation constante. Ce mixage fait la part belle à la musique enfantine, guillerette et légère de Martin Rappeneau, très présente pendant tout le film, soulignant presque systématiquement chaque gag ou chaque haussement de sourcil destiné à faire rire les enfants. Comme pour les deux précédents films, les cris des enfants se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants tandis que les ambiances naturelles demeurent constantes. La DTS-HD Master Audio 2.0 est évidemment plus « plate » mais le spectacle acoustique est tout autant assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste en Audiodescription.