
LE SECRET DES INCAS (Secret of the Incas) réalisé par Jerry Hopper, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 23 août 2024 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charlton Heston, Robert Young, Nicole Maurey, Thomas Mitchell, Glenda Farrell, Michael Pate, Leon Askin, William Henry…
Scénario : Ranald MacDougall & Sydney Boehm
Photographie : Lionel Lindon
Musique : David Buttolph
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 1954
LE FILM
Harry Steele, ancien pilote de guerre, est sur la piste d’un bijou inca au Pérou. Pour se rendre à destination, il embarque dans l’avion d’un diplomate en compagnie d´une mystérieuse réfugiée roumaine. Une fois sur place, il rencontre le Dr Moorehead qui effectue déjà des travaux archéologiques dans le site du Macchu Picchu…

On serait probablement passé à côté de ce petit film d’aventure, si nous n’avions pas appris que Le Secret des Incas – Secret of the Incas est en fait l’une des principales sources d’inspiration de George Lucas et Steven Spielberg pour Les Aventuriers de l’Arche perdue – Raiders of the Lost Ark. Et quand on découvre cet opus, on ne peut que se rendre à l’évidence, effectivement, certains motifs font immédiatement penser à ce qui rendra célèbre Indiana Jones dans le monde entier. Mais avant cela, c’est Charlton Heston, trente ans au compteur, qui revêt veste en cuir et chapeau fedora (mais pas le fouet), lancé sur la piste d’un fabuleux disque d’or égaré par la population Incas, ancien symbole de leur glorieux passé. Un trésor constitué exactement de 119 diamants purs et 243 autres pierres précieuses, pour un total de 14 kilos. S’il n’est pas professeur et archéologue, mais un arnaqueur de première qui (sur)vit en dépouillant les touristes, Harry Steele détient une petite avance sur ceux qui convoitent le fameux disque et se retrouve sur le point de mettre la main dessus. Réalisé par l’excellent Jerry Hopper (Ne dites jamais adieu – Never Say Goodbye avec Rock Hudson, Le Fleuve de la dernière chance – Smoke Signal), qui venait déjà de diriger Charlton Heston dans Le Triomphe de Buffalo Bill – Pony Express, Le Secret des Incas est un divertissement évidemment désuet, mais qui a su conserver un charme indéniable, grâce notamment à son casting très attachant.



Ancien pilote de guerre, Harry Steele joue désormais les guides touristiques vers Cuzco, l’ancienne capitale des Incas, dans l’attente d’une opportunité de s’emparer de l’artefact le plus précieux de leur civilisation, relique dont il ne possède qu’un fragment de la localisation et qu’un féroce rival recherche aussi. Mettant à profit la complicité de l’exilée roumaine Elena Antonescu, il détourne un petit avion et se pose au plus près du site. S’il finit par atteindre les ruines du temple où serait enfoui le trésor, Steele découvre que les lieux sont déjà investis par une mission archéologique…


Rétrospectivement, quand Charlton Heston tourne Le Secret des Incas, production Paramount (et par ailleurs le premier film hollywoodien tourné au Pérou), cela ne fait que quatre ans que le comédien est apparu sur le grand écran. Autant dire que ses débuts ont été fulgurants, puisque Les Dix Commandements – The Ten Commandments de Cecil B. DeMille pointent déjà le haut de leurs tablettes. Dans Secret of the Incas, il abuse encore quelque peu de son sourire carnassier ou de beau gosse, cela dépend de la situation, mais s’impose sans mal dans le rôle de cet aventurier improvisé, uniquement animé par l’appât du gain. Contre toute attente, le sale gosse va changer progressivement au contact de la belle étrangère Elena Autonescu, dont il tombe forcément amoureux. Et on le comprend, puisque celle-ci est interprétée par la française Nicole Maurey, actrice très courtisée à Hollywood, où après avoir signé un contrat d’exclusivité sera aperçue chez Blake Edwards (Une seconde jeunesse – High Time) et Melvin Frank (Violence au Kansas – The Jayhawkers!), ainsi que dans l’industrie britannique (La Révolte des Triffides, Un mari (presque) fidèle). Celle-ci apporte un vrai côté sexy – aaah cet accent français alors que la belle est supposée être une roumaine en fuite – au Secret des Incas, où ses atouts physiques sont idéalement mis en valeur par Jerry Hopper, ainsi que par le directeur de la photographie Lionel Lindon, immense chef opérateur ayant collaboré avec les plus grands, de John Frankenheimer à John Cassavetes, en passant par Robert Wise, Leo McCarey, John Farrow et George Marshall.


Le tandem fonctionne à plein régime, s’envoie de bonnes piques (certains dialogues sont même étonnamment vachards et encore modernes) et prennent un évident plaisir à jouer au chat et à la souris. Le Secret des Incas sera aussi le dernier film pour le cinéma de Robert Young (Quatre de l’espionnage, Le Grand Passage), qui par la suite consacrera sa carrière uniquement à la télévision. Les cinéphiles reconnaîtront aussi la trogne de Thomas Mitchell, acteur croisé chez Frank Capra (Milliardaire pour un jour, La Vie est belle, Mr. Smith au Sénat), Raoul Walsh (La Rivière d’argent), Howard Hughes (Le Banni), John Ford (Les Hommes de la mer), Fred Zinnemann (Le Train sifflera trois fois), Fritz Lang (La Cinquième Victime) et Howard Hawks (Seuls les anges ont des ailes).


Du beau monde devant comme derrière la caméra donc et Le Secret des Incas, spectacle on ne peut plus rétro, qui contentera les amateurs de séries B, en dépit de quelques baisses de rythme (la présence de trois chansons en quechua d’Yma Sumac n’aide pas beaucoup pour cela), d’un côté assez bavard et d’une fin un peu trop expédiée, qui aura connu un beau succès dans les salles à sa sortie, y compris en France où le film attirera plus d’un million de spectateurs.



LE BLU-RAY
Jusqu’à présent inédit en DVD, Le Secret des Incas apparaît dans les bacs en édition Standard, mais aussi et surtout en édition Blu-ray + DVD + Livret (24 pages, signé Marc Toullec)- Master haute définition chez Sidonis Calysta. Superbe visuel. Le menu principal est animé et musical.

Comme supplément, Sidonis Calysta reprend uniquement le long documentaire consacré à Charlton Heston réalisé en 1995 (50’), déjà proposé sur d’autres titres, dont Le Seigneur de la guerre et Le Maître des îles. Le comédien revient sur son parcours, les grandes étapes de sa carrière, ses rôles emblématiques (et il y en a un paquet), ainsi que sur ses grandes collaborations, tandis que sa fille, Gregory Peck, Carroll Baker, Janet Leigh, le producteur Walter Seltzer et bien d’autres s’expriment sur l’acteur et l’homme qu’ils ont côtoyé dans la vie privée. De nombreux extraits de films viennent illustrer ces très beaux propos, ainsi que des archives personnelles et des images de tournage.








L’Image et le son
Si l’apport HD demeure plutôt limité, force est de constater que le master affiche une stabilité fort plaisante. Quelques tâches, points et griffures subsistent, la colorimétrie retrouve une petite vivacité, les contrastes et les détails sont sensiblement renforcés, le grain cinéma – très prononcé – est respecté, le piqué est étonnamment aiguisé, même si la gestion vacille sur les séquences sombres. Certains arrière-plans fourmillent quelque peu, mais la définition contentera les grands fans de Charlton Heston. Ce Blu-ray est au format 1080p.

La version anglaise (aux sous-titres français amovibles) est proposée en DTS-HD Master Audio 2.0. L’écoute demeure appréciable, avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. En revanche, la piste française, s’avère plus criarde et chuintante, misant principalement sur le report des voix au détriment des ambiances.



Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr