Test Blu-ray / Le Quatrième Protocole, réalisé par John Mackenzie

LE QUATRIÈME PROTOCOLE (The Fourth Protocol) réalisé par John Mackenzie, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Caine, Pierce Brosnan, Ned Beatty, Joanna Cassidy, Julian Glover, Michael Gough, Ray McAnally, Ian Richardson…

Scénario :  Frederick Forsyth, Geroge Axelrod & Richard Burridge, d’après le roman de Frederick Forsyth

Photographie : Phil Meheux

Musique : Lalo Shifrin

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

1988. Au mépris de tous les accords internationaux, l’URSS met sur pied un plan visant à introduire une arme nucléaire dans une base militaire américaine installée en Grande-Bretagne pour la faire exploser à la veille d’importantes élections.

Quand Harry Palmer affronte James Bond ! En effet, Le Quatrième Protocole The Fourth Protocol marque la rencontre entre Michael Caine et Pierce Brosnan, vingt ans après Un cerveau d’un milliard de dollarsBillion Dollar Brain de Ken Russel (la troisième enquête de Palmer au cinéma) pour le premier et huit ans avant que le second s’empare du Walther PPK de l’agent 007. Le film qui nous intéresse aujourd’hui est réalisé par l’écossais John Mackenzie (1932-2011), méconnu et dont il s’agit probablement de l’opus le plus célèbre. Il dirige à nouveau Michael Caine, avec lequel il avait déjà collaboré sur Le Consul honoraire The Honorary consul en 1983, l’acteur officiant aussi cette fois en tant que producteur avec son ami écrivain Frederick Forsyth, l’auteur de The Day of the Jackal, The Odessa File et The Dogs of War, tous adaptés au cinéma et qui voit ici transposer son roman The Fourth Protocol. Passé inaperçu dans les salles françaises (seulement 45.000 entrées) et après un rapide tour dans les salles américaines où il a tout de même engrangé 12 millions de dollars, Le Quatrième Protocole a très bien mûri et a su se faire une belle renommée avec les années auprès des amateurs d’espionnage.

Signé en 1968, le quatrième protocole réunit les États-Unis, l’URSS, la France et le Royaume-Uni. Il interdit à toute nation possédant la force nucléaire d’introduire clandestinement toute arme nucléaire, en pièces ou entière, dans un territoire étranger. Vingt ans plus tard, alors que des élections cruciales au Royaume-Uni pourraient mener à une victoire de la gauche dure soutenue par Moscou — et plus important encore, à une déstabilisation majeure de l’OTAN (voire à son démantèlement) — l’URSS met au point un plan inimaginable pour garantir que cette possibilité devienne réalité. Ce plan consiste à introduire secrètement une arme nucléaire dans une base américaine en Grande-Bretagne pour la faire exploser quelques jours avant des élections générales.

Nous en parlions lors de la sortie en Blu-ray de The Deceivers Les Imposteurs de Nicholas Meyer, Pierce Brosnan n’était qu’au début de sa carrière cinématographique quand il tourne Le Quatrième Protocole. L’un des premiers à lui avoir donné sa chance sur grand écran n’est autre que John Mackenzie lui-même, qui l’avait déjà dirigé sept ans auparavant dans Du sang sur la Tamise Racket, dans lequel il interprétait un Irlandais. Juste après le ronflant Nomads de John McTiernan, le comédien incarne ici Valeri Petrofsky, un ruskov froid comme l’acier, le balai bien placé, le regard délavé par l’idéologie communiste et qui reste super classe malgré tout et surtout particulièrement flippant, Brosnan étant sans doute revanchard de s’être fait piquer le rôle de 007 par Timothy Dalton. Face à lui, même s’il faudra attendre le final pour qu’ils se rencontrent (de façon fracassante) à l’écran, Michael Caine (pas encore anobli à l’époque), enchaîne les tournages aux quatre coins du monde, capable de passer de chez John Frankenheimer (Le Pacte Holcroft) à Woody Allen (Hannah et ses sœurs), en passant par Neil Jordan (Mona Lisa) à Bob Swaim (Escort Girl). La même année que Le Quatrième Protocole, l’ami Michael ira se fourvoyer dans Les Dents de la mer 4Jaws : The Revenge, surtout dans le but d’acheter une maison pour sa petite maman. Il est donc beaucoup plus impliqué dans le film de John Mackenzie, qu’il a pour ainsi dire mis en route avec Frederick Forsyth, alors que le livre n’était pas encore terminé. À la fois bad-ass et flegmatique, il est évidemment impeccable ici dans la peau de John Preston, agent britannique anticonformiste, qui va traquer l’agent russe infiltré en Angleterre, avant que celui-ci parvienne à réunir toutes les pièces nécessaires à la réalisation d’une arme atomique destinée à raser une base américaine.

Il flotte comme un parfum de John le Carré dans Le Quatrième Protocole (en plus compréhensible, pour ne pas dire basique), qui mixe élégamment et efficacement l’action (même si réduite) et la psychologie, la réflexion et l’humour cynique, grâce au scénario solide écrit par l’excellent George Axelrod (Sept ans de réflexion, Arrêt d’autobus, La Brune brûlante, Un crime dans la tête) et Richard Burridge (Absolute Beginners de Julien Temple), avec la collaboration de Frederick Forsyth. Non seulement cela, Le Quatrième Protocole est un thriller qui a vraiment de la gueule, avec une très belle photo de Phil Meheux (Le Saint de Phillip Noyce, Scum d’Alan Clarke et…GoldenEye et Casino Royale de Martin Campbell), sans oublier la partition entêtante du maestro Lalo Schifrin et le reste de la distribution qui réunit entre autres Ned Beatty, Joanna Cassidy, Julian Glover, Ian Richardson et Michael Gough.

Alors non, nous ne sommes pas dans L’Aube rouge, Le Scorpion Rouge, Invasion U.S.A., Le Quatrième Protocole s’inscrit dans la catégorie supérieure, disons B+ et surpasse même certains films plus reconnus dans le genre « Guerre froide » comme La Maison Russie de Fred Schepisi tout en s’avérant une solide et parfaite alternative aux épisodes de James Bond.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Le Quatrième Protocole a connu deux précédentes vies en édition Standard. La première en 2000 chez TF1 Vidéo, qui comprenait un making of d’époque de 28 minutes, qui se composait d’interviews de l’équipe et d’images de plateau. Août 2014, The Fourth Protocol faisait un comeback dans les rayons grâce à Elephant Films. Huit ans plus tard, Rimini Editions reprend le flambeau et présente pour la première fois le film de John Mackenzie en Blu-ray. Le DVD et l’édition HD sont disposés dans un boîtier Amaray classique de couleur noire, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est animé, musical, un peu cheap…

Seule la bande-annonce est disponible, l’éditeur n’ayant pu reprendre le making of précédent…

L’Image et le son

S’il n’est pas dénué de légers défauts, force est de constater que nous n’avions jamais vu Le Quatrième Protocole dans une telle copie. Alors certes, on pourra souvent tiquer devant le lissage excessif de certaines séquences, mais ce Blu-ray au format 1080p possède d’autres qualités. Si les détails pâtissent parfois de l’usage flagrant du DNR, les séquences diurnes n’ont jamais été aussi belles et lumineuses. C’est propre, clair et ce sont surtout les couleurs qui retrouvent une pêche qu’on ne soupçonnait pas. À noter qu’il s’agit vraisemblablement d’une exclusivité française, les credits du film étant d’ailleurs rédigés dans la langue de Molière.

Les mixages anglais et français 2.0 instaurent un parfait confort acoustique. Même si la version originale l’emporte sur son homologue du point de vue homogénéité et ardeur, l’écoute demeure propre et percutante dans les deux cas. Aucun souffle ne vient parasiter l’écoute. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale. Mention spéciale au doublage qui oppose deux cadors en la matière, Dominique Paturel face à Claude Giraud.

Crédits images : © Fourt Protocol Distributors / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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