Test Blu-ray / Horizons lointains, réalisé par Rudolph Maté

HORIZONS LOINTAINS (The Far Horizons) réalisé par Rudolph Maté, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD depuis le 15 novembre 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Fred MacMurray, Charlton Heston, Donna Reed, Barbara Hale, William Demarest, Alan Reed, Eduardo Noriega, Larry Pennell.…

Scénario : Winston Miller & Edmund H. North, d’après le roman de Della Gould Emmons

Photographie : Daniel L. Fapp

Musique : Hans J. Salter

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Lewis et Clark se rendent en Louisiane peu après le rachat de la colonie française par les États-Unis. Leur expédition débarque sur des terres sur lesquelles aucun homme blanc n’a circulé… Sacajawea a toujours vécu ici et se révèle être une alliée de taille face au danger qu’encourent les nouveaux venus à cause des natifs.

Parmi les grands noms oubliés du western, celui de Rudolph Maté (1898-1964) est sans doute l’un de ceux à réhabiliter. Tout d’abord directeur de la photographie très convoité, ayant officié chez Carl Theodor Dreyer (La Passion de Jeanne d’Arc, Vampyr), René Clair (Le Dernier Milliardaire), Fritz Lang (Liliom), il débarque à Hollywood au milieu des années 1930 où il collabore là aussi avec les plus grands, de William Wyler à George Marshall, en passant par King Vidor, Leo McCarey, Alfred Hitchcock, Ernst Lubitsch et Orson Welles. Il passe naturellement derrière la caméra à la fin des années 1940 et signera une trentaine de longs-métrages, dont une poignée de westerns on ne peut plus conseillés, Les Années sauvages The Rawhide Years avec Tony Curtis, Le Souffle de la violence The Violent Men avec rien de moins que Glenn Ford, Barbara Stanwyck et Edward G. Robinson, Le Gentilhomme de la Louisiane The Mississippi Gambler avec Tyrone Power et Piper Laurie. Celui qui nous intéresse (beaucoup) aujourd’hui s’intitule Horizons lointains The Far Horizons et sort en 1955, quelques semaines après Le Souffle de la violence. Celui-ci se démarque par son sujet singulier, l’achat de la Louisiane à la France par les États-Unis et plonge les spectateurs au début du XIXe siècle. S’il n’est pas exempt de petits défauts, le film vaut non seulement pour la confrontation de ses deux stars, Charlton Heston et Fred MacMurray, mais aussi et surtout pour ses magnifiques décors naturels et costumes. Un très bon divertissement.

En 1804, après la cession par Napoléon de la Louisiane à la jeune république américaine, le président Jefferson charge le capitaine Lewis de reconnaître le nouveau territoire et de pousser l’exploration jusqu’à l’océan Pacifique. Lewis choisit pour adjoint le lieutenant Clark, fiancé à Julia, dont il est lui-même épris. Cette rivalité amoureuse est à l’origine d’un antagonisme latent entre les deux hommes. Le conflit prend une tournure plus ouverte le jour où une indienne, qui suivait l’expédition tout en la protégeant, devient la maîtresse de Clark…

Horizons lointains, oui comme le film de Ron Howard, sauf en version originale (Far and Away pour celui-ci, The Far Horizons pour le Maté) démarre par l’installation d’une romance contrariée et donc d’un triangle amoureux, élément incontournable des westerns de l’époque, genre où l’histoire ne pouvait faire l’impasse sur un ou plusieurs personnages féminins. Puis, le récit bifurque très vite sur le Congrès qui accepte de financer une expédition scientifique en Louisiane, menée par le capitaine Meriwether Lewis (Fred MacMurray) et le lieutenant William Clark (Charlton Heston). Les deux hommes et leur équipage sont missionnés pour cartographier les nouveaux territoires où aucun blanc ne s’est encore aventuré. Assisté par une guide Shoshone (vous pensez à La Captive aux yeux clairs de Howard Hawks ?), ils auront à affronter une série de dangers dans une quête de l’inconnu. Ce que le film ne nous dit pas, c’est que Lewis Merriwether se serait suicidé à l’âge de 35 ans, cinq années après leur retour de Louisiane, désespéré d’avoir vu la femme qu’il aimait, Julia, épouser Clark.

Dans Horizons lointains, Rudolph Maté et ses talentueux scénaristes Winston Miller (À l’ombre des potences de Nicholas Ray, Du sang dans la Sierra de George Sherman, La Poursuite infernale de John Ford) et Edmund H. North (Les Mutinés du Téméraire de Lewis Gilbert, Le Jour où la Terre s’arrêta de Robert Wise, La Femme déshonorée de Robert Stevenson) montrent bien que Lewis se fait « voler » celle qu’il convoitait par son acolyte, mais le récit se termine juste après leur retour d’expédition.

Horizons lointains perd un peu de temps dans les relations amoureuses frustrées de ses deux personnages principaux, mais heureusement cela ne prend jamais le pas sur le reste. L’aventure est bel et bien au rendez-vous, la mise en scène est comme d’habitude chez Maté toujours inspirée et trépidante, les costumes créés par la légendaire Edith Head sont somptueux, les décors du Wyoming (le célèbre Parc national de Grand Teton et Le Trou de Jackson) sont un ravissement de tous les instants et bien sûr le casting est impérial.

Fred MacMurray est dans sa période western (il en tournera huit en l’espace de cinq années), avant de voir sa popularité grandir encore chez Disney et le comédien enchaîne Horizons lointains après les formidables Ouragan sur le Caine The Caine Mutiny d’Edward Dmytryk et Du plomb pour l’inspecteur Pushover de Richard Quine. Son partenaire Charlton Heston, juste avant sa consécration finale avec Les Dix Commandements The Ten Commandments de Cecil B. DeMille n’a rien à lui envier et le tandem fonctionne à la perfection. Notons aussi la participation remarquée de la belle Donna Reed (Tant qu’il y aura des hommes, Bataille sans merci), forcément grimée pour incarner Sacagawea, mais qui apporte beaucoup d’émotions à l’ensemble.

Production confortable sortie des studios Paramount, magistralement photographiée en flamboyant Technicolor-VistaVision par Daniel L. Fapp (Notre homme Flint, Un, deux, trois, Dans la souricière, Midi, gare centrale) et portée par le souffle de la composition du mythique Hans J. Salter (Le Shérif aux mains rouges, Les Affameurs), Horizons lointains est un grand spectacle remplit de bons sentiments, d’action et de rebondissements qui remplit encore aujourd’hui parfaitement son contrat et qui conserve un charme inaltérable.

LE BLU-RAY

Jusqu’à présent inédit en DVD et Blu-ray, Horizons lointains fait son apparition dans les deux formats chez Sidonis Calysta dans la collection Silver – Western de légende. Très beau visuel, qui met Charlton Heston, sans doute plus vendeur que Fred MacMurray, en avant. Le menu principal est animé et musical.

Il y a quelques années, en 2016 plus précisément, notre Tatav nous proposait un petit portrait du comédien Fred MacMurray (9’), déjà présenté sur d’autres éditions Sidonis de films interprétés par le comédien. Bertrand Tavernier souhaitait ici réhabiliter l’acteur qui a selon lui été sous-estimé et souvent regardé avec condescendance par la critique. Il évoque un artiste très modeste et souvent d’une grande justesse, formidable dans tous les genres, avec une rare délicatesse de jeu et un sens inné du tempo.

C’est ensuite Jean-François Giré qui nous présente Horizons lointains (15’). Le spécialiste du western loue les qualités du western historique de Rudolph Maté, en mettant surtout en avant ses qualités plastiques. La carrière du réalisateur est rapidement survolée, puis les faits historiques narrés dans le film sont évoqués. Puis, Jean-François Giré parle des points négatifs, à savoir les personnages féminins qui déséquilibrent selon lui l’histoire. Les westerns de la carrière de Charlton Heston sont aussi passés en revue.

L’interactivité se clôt sur un documentaire rétrospectif de la carrière de Fred MacMurray, intitulé Fred MacMurray: The Guy Next Door et coécrit par sa fille Kate en 1996 (27’). Les propos sont tenus ici par ses proches, par ses collaborateurs (Edward Dmytryk, Jack Lemmon, Nancy Olson, Billy Wilder), qui reviennent sur son enfance, sur son arrivée dans le monde du cinéma, sur ses premiers films, ses plus grands succès, au cinéma comme à la télévision (la série Mes trois fils, 380 épisodes tournés de 1960 à 1972). Notons que le documentaire original durait 50 minutes et qu’il s’agit d’une version très raccourcie.

L’Image et le son

Chez Sidonis, même les plus « petits » westerns sont souvent aussi bien logés que les grands classiques et chefs-d’oeuvre incontestés ! Le master de Horizons lointains manque sûrement de luminosité, mais la propreté est indéniable, l’ensemble est stable et franchement plaisant pour les mirettes. Le cadre étonne souvent par son lot de détails, le piqué est aléatoire, mais acceptable, les contrastes sont suffisamment fermes. La colorimétrie est parfois un peu délavée sur certaines séquences et le grain original respecté.

Que votre choix se porte sur la version originale ou la version française, la restauration est également fort satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Paramount / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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