
CONFESSION D’UN TUEUR (Showdown at Boot Hill) réalisé par Gene Fowler Jr., disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD + Livret le 13 février 2025 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charles Bronson, Robert Hutton, John Carradine, Carole Mathews, Fintan Meyler, Paul Maxey, Thomas Browne, Henry William.…
Scénario : Louis Vittes
Photographie : John M. Nickolaus Jr.
Musique : Albert Harris
Durée : 1h11
Date de sortie initiale : 1958
LE FILM
Le Marshall Luke Welsh traque et abat un hors-la-loi nommé Maynor. Il le ramène dans sa ville natale afin de toucher la prime mais les habitants se refusent à identifier le corps.

C’est en 1958 que la carrière de Charles Bronson connaît son premier grand tournant. En effet, cette année-là, le comédien d’origine lituanienne et de son vrai nom Charles Dennis Buchinsky, est pour la première fois placé en tête d’affiche, non pas d’un, mais de plusieurs films qui sortent à quelques jours ou semaines d’intervalle. Trois longs-métrages qui misent alors sur cet acteur de 26 ans, déjà aperçu une vingtaine de fois au cinéma, chez Henry Hathaway, John Sturges, Robert Parrish, George Cukor, Hugo Fregonese, André de Toth, Robert Aldrich, Delmer Daves et Samuel Fuller. Autrement dit, Charles Bronson, bien que loin d’être une star, possède déjà un C.V. qui ferait bien des envieux, tandis que son nom circule partout à Hollywood. Le vent tourne quand Roger Corman et Gene Fowler Jr. lui offrent simultanément l’opportunité d’accéder au premier rôle, respectivement dans Mitraillette Kelly – Machine-Gun Kelly et dans Confession d’un tueur – Showdown at Boot Hill. Nous sommes déjà revenus sur le premier, et nous venons avec le même enthousiasme de découvrir le second, qui nous intéresse aujourd’hui. Loin, très loin des rôles qui feront sa marque de fabrique et forgeront son mythe, Charles Bronson trouve dans Confession d’un tueur un de ses personnages les plus originaux, dans un western qui se révèle être plutôt un drame psychologique teinté de romance, où deux jeunes solitaires vont se rencontrer dans des circonstances exceptionnelles et violentes, puis découvrir l’amour dans un monde hostile, où règne la loi de la jungle. Le comédien y révèle un talent dramatique qu’il n’avait dévoilé qu’avec pudeur et qu’il n’aura d’ailleurs que peu d’occasions d’exploiter par la suite. C’est pourquoi visionner Showdown at Boot Hill est une chance pour le spectateur français, puisque longtemps resté inédit chez nous. C’est aussi l’occasion de voir un Charles Bronson à fleur de peau, loin du héros macho et viril qu’il campera sans arrêt et ce quasiment jusqu’à la fin de sa vie. Le voir acheter une crème pour les mains pour sa bien-aimée à une épicière mexicaine (très peau personnage) vaut assurément le coup d’oeil.


Le Marshall Luke Welsh abat Maynor le hors-la-loi qu’il traquait. Pour toucher sa récompense, il doit obtenir une déclaration certifiant l’identité du défunt. Mais l’homme était apprécié et personne en ville n’ose identifier le corps et lui verser la prime. Bien au contraire, lorsque Welsh abat un autre homme, les habitants lève une milice pour se débarrasser de lui.


Aux manettes de Confession d’un tueur, on découvre Gene Fowler Jr. (1917-1998), dont il s’agit du second long-métrage comme réalisateur, mais qui était déjà un monteur de renom, ayant entre autres travaillé avec Fritz Lang (Les Pionniers de la Western Union, Les Bourreaux meurent aussi, La Femme au portrait), Samuel Fuller (Le Jugement des flèches, Port de Chine, Quarante tueurs) et plus tard avec John Cassavetes (Un enfant attend), Stanley Kramer (Un monde fou, fou, fou, fou, qui lui vaudra d’être nommé aux Oscars), Ted Post (Pendez-les haut et court). Après un premier grand succès obtenu avec I Was a Teenage Werewolf l’année précédente, Gene Fowler Jr.signe ce formidable western (mais pas que) pour le compte de la 20th Century Fox, sur un scénario écrit par Louis Vittes. Le nom de ce dernier reste attaché au western, officiant sur la série Gunsmoke, et plus tard sur Le Virginien, Bonanza, Les Mystères de l’Ouest, Le Cheval de fer et Rawhide.


La mise en scène de Gene Fowler Jr. s’avère aussi sèche que l’histoire ramassée en 70 minutes, prenantes de la première à la dernière. Pourtant, les armes « parlent » peu dans Confession d’un tueur, qui se concentre étrangement et quasi-uniquement sur l’atmosphère sous tension dans laquelle déambule le personnage de Luke Welsh, marshall des États-Unis, mais aussi et avant tout chasseur de primes, qui tue pour de l’argent et rien d’autre. Alors qu’il n’est que de passage dans une petite ville où il abat l’une de ses proies, Luke voit l’ensemble de la population se retourner contre lui, au point où, ne disposant pas de témoins, celui-ci ne peut récupérer la rançon de 200 dollars qui lui revient de droit.


Charles Bronson incarne Luke Welsh, jeune homme âgé d’un quart de siècle seulement, mais qui semble avoir déjà vécu toute une vie. Complexé par sa petite taille, ayant subi moult moqueries durant son enfance, Luke s’est fait tout seul et sa renommée le précède. Seulement, il ne s’attendait pas à cette hostilité, d’autant plus que l’homme recherché qui vient de passer de vie à trépas, était apprécié pour quelques bonnes œuvres. Là-dessus, Luke se retrouve face à Sally (Fintan Meyler, impeccable dans l’une de ses rares apparitions au cinéma), serveuse timide, qui a assisté au duel, mais qui préfère se taire également, car très renfermée sur elle-même, subissant souvent les avances d’individus imbibés de whisky frelaté, qui la confondent avec sa mère Jill (excellente Carole Mathews, vue dans Le Joyeux charlatan de Douglas Sirk et Le Trésor des collines rouges de Frank McDonald), prostituée du saloon voisin. Sally et Luke vont se rendre compte que s’aimer est certes difficile, mais possible, alors que la violence est omniprésente.


Magistralement mis en scène et photographié par le méconnu John M. Nickolaus Jr. (Le Château de la terreur de Roger Corman, Le Cri de guerre des Apaches de Jodie Copelan) en cadre large, Confession d’un tueur repose essentiellement sur la finesse du jeu (si si) et le charisme hors-norme de Charles Bronson (sa première apparition est déjà imposante), ainsi que sur la succulente participation de John Carradine en barbier-croque-mort-médécin-philosophe, qui aidera Luke à aller de l’avant et à comprendre ce qui vaut la peine d’être vécu. Un vrai petit bijou.



LE BLU-RAY
Franchement, chapeau bas à Sidonis Calysta, qui n’a de cesse de nous trouver encore et toujours des pépites, qui s’inscrivent dans l’une des plus imposantes anthologies du support physique en France, celle de la Collection Silver. À la fois disponible en DVD et en Combo Blu-ray + DVD + Livret, Confession d’un tueur, titre français (le film a été exploité ainsi en Belgique) de Showdown at Boot Hill rejoint ainsi nos étagères pleines à craquer des éditions Sidonis. Les deux disques et le livret reposent dans un boîtier Amaray classique transparent, le tout glissé dans un fourreau cartonné illustré avec élégance. Le menu principal est animé et musical. Le livret de 24 pages écrit par Jean-François Giré revient longuement et avec passion sur le film, replacé dans la carrière de Charles Bronson (bien passée en revue), disséqué aussi bien dans le fond que dans sa forme. Quelques informations également sur le réalisateur et l’actrice Fintan Meyler.

Cela faisait un petit bout de temps que nous n’avions pas vu Patrick Brion à l’oeuvre sur un titre récent proposé par Sidonis. L’historien du cinéma a répondu présent pour nous présenter Confession d’un tueur (10’). Si les propos de ce dernier sont parfois à la limite de l’intelligible, les thèmes du film (« une réflexion très sérieuse sur la peur ») sont ainsi abordés avec intelligence, ainsi que la carrière du réalisateur et Patrick Brion semble ravi d’évoquer « ce film curieux et malin qu’est Confessions d’un tueur, qui mérite d’être vu ».

Jean-François Giré fait également son apparition dans les suppléments et sa présentation complète parfaitement son travail réalisé sur le livret (14’). Évidemment, certains arguments se recoupent, mais l’enthousiasme de l’historien du western est réellement contagieux, surtout quand celui-ci évoque la beauté de la mise en scène, allant jusqu’à dire que « Confession d’un tueur est une petite merveille à découvrir ».

Sidonis Calysta reprend le documentaire intitulé Charles Bronson, un héros populaire (40’, 2002), déjà disponible – entre autres – sur l’édition d’Un justicier dans la ville. Il s’agit d’un module rétrospectif intéressant, constitué d’images d’archives, d’interviews diverses et variées (de James Coburn à Michael Winner, en passant par des amis d’enfance de Charles Bronson ou le biographe Steven Whitney), d’extraits de films, d’images filmées à Ehrenfeld en Pennsylvanie, où le comédien est né et a grandi. Parallèlement à sa vie privée (notamment ce qui concerne son amour pour Jill Ireland), on suit le parcours de l’acteur (qui s’exprime également au fil d’une interview), ses débuts au cinéma, ses seconds voire troisièmes rôles à Hollywood, avant de devenir une star en Europe grâce à Il était une fois dans l’Ouest de Sergio Leone, puis son retour triomphal en Amérique grâce à Un justicier dans la ville, qui l’amènera progressivement à devenir le symbole de l’auto-justice en son pays, message qui sera véhiculé et image qu’il incarnera jusqu’à sa mort.





L’Image et le son
Sidonis Calysta présente Confession d’un tueur en Blu-ray, dans un transfert 1080p encodé AVC. À l’époque, la Fox réservait son emblématique CinemaScope à ses productions les plus prestigieuses, tandis que les films de série B étaient souvent relégués au RegalScope, moins prestigieux, malgré le fait que les deux procédés écran large soient plus ou moins identiques. Cette présentation haute définition offre une netteté remarquable la plupart du temps. Seule une scène paraît étrangement plus lisse et sensiblement floue, ainsi que marquée par diverses poussières. Les défauts sont minimes et, bien que le contraste soit un peu faible, l’image présente généralement des noirs profonds et une échelle de gris convenablement modulée. Les gros plans sont en outre très détaillés.

La seule piste audio anglaise en mono DTS-HD Master Audio est correcte,
en dépit de quelques distorsions durant le générique d’ouverture. Les dialogues sont très clairs et la musique est parfaitement audible pour la majeure partie du film. Les rares explosions de violence sont restituées avec clarté et vivacité.



Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr