Test Blu-ray / Formule pour un meurtre, réalisé par Alberto De Martino

FORMULE POUR UN MEURTRE (7 Hyden Park: la casa maledetta) réalisé par Alberto De Martino, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg, Rossano Brazzi, Andrea Bosic, Loris Loddi, Adriana Giuffrè, Daniela De Carolis…

Scénario : Alberto De Martino & Vincenzo Mannino

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Boston, 1985 – Ayant chuté, enfant, voici vingt-cinq ans, dans un escalier pour échapper à l’agression d’un homme travesti en prêtre, trauma qu’elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu’elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d’elle une sportive handisport accomplie. Alors qu’approche la date de signature d’une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l’entraîneur de Joanna, la pousse à l’épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire…

Clap de fin…ou presque pour Alberto De Martino (1929-2015), ici « Martin Herbert », qui avec Formule pour un meurtre 7, Hyden Park : La Casa Maledetta ou bien encore A Formula for a murder et Formula per un delitto, tournait son avant-dernier film, avant de raccrocher les gants la même année dans un ultime baroud d’honneur avec Miami Golem (La Force invisible). Oublions ce dernier, dont il quittera d’ailleurs la post-production en raison de divergences avec la production, pour se focaliser sur Formule pour un meurtre, qui s’il n’est pas un chef d’oeuvre, n’en reste pas moins honnête dans sa mouture. Certes, ce thriller à tendance giallesque est bien tardif (nous sommes en 1985) et tous les effets sont éculés, mais l’ensemble est suffisamment bien fichu pour que le spectateur ne s’ennuie pas durant 90 minutes. Le cinéphile préférera se souvenir de Formule pour un meurtre plutôt que L’Incroyable homme puma comme film dit testament, dans lequel le réalisateur fait preuve comme souvent d’une solide direction d’acteurs, d’ingéniosité du cadre et du sens du rebondissement multiple. Un au revoir louable de la part d’un des plus grands artisans du cinéma Bis transalpin.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Formule pour un meurtre, réalisé par Alberto De Martino »

Test Blu-ray / Special Effects, réalisé par Larry Cohen

SPECIAL EFFECTS réalisé par Larry Cohen, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zoë Lund, Eric Bogosian, Brad Rijn, Kevin O’Connor, Bill Oland, H. Richard Greene, Steven Pudenz, Heidi Bassett…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Michael Minard

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Actrice en herbe originaire de Dallas, Mary Jean Waterman part à New York pour faire carrière, abandonnant son mari, Keefe, et son petit garçon. Bien qu’elle ait changé d’identité pour s’appeler désormais Andrea Wilcox, Keefe finit par la retrouver lors d’une séance de shooting de photos de nu qu’il abrège pour la traquer dans les rues de New York. Elle parvient toutefois à se réfugier chez Christopher Neville, metteur en scène mégalomane qui lui a promis un rôle dans son prochain film. En réalité, la jeune femme s’est jetée dans la gueule du loup…

Nous avons déjà pu dire tout le bien que l’on pensait de Larry Cohen (1936-2019) dans nos articles consacrés à Meurtres sous contrôleGod Told Me To (1976) et L’AmbulanceThe Ambulance (1990), à travers lesquels nous avions passé en revue son parcours et une large partie de sa carrière. C’est donc avec un immense plaisir de parler aujourd’hui de Special Effects, que l’auteur de ces mots ne connaissait même pas avant d’avoir entre les mains l’édition Haute-Définition proposée par Le Chat qui fume. Ce onzième long-métrage mis en scène par Larry Cohen transpire d’amour pour le cinéma de Brian De Palma et intrinsèquement pour Alfred Hitchcock, puisque l’ombre de Sueurs froidesVertigo et par conséquent de Body Double (ainsi que de Pulsions et même de Blow Out) plane sur Special Effects, formidable thriller de série B. Cette véritable pépite bénéficie d’un scénario en béton armé, qui joue avec les nerfs des spectateurs, s’adresse aux cinéphiles et s’amuse à déjouer leurs attentes du début à la fin. C’est aussi l’occasion d’admirer la prestation d’un comédien bien trop souvent oublié, Eric Bogosian, pour la première fois en haut de l’affiche, quatre ans avant le phénoménal Conversations nocturnes Talk Radio d’Oliver Stone, adaptation d’une pièce d’une heure, en fait un monologue écrit et interprété par le comédien, dans laquelle il interprète un animateur de radio qui s’entretient avec les noctambules paumés qu’il ne ménage pas. Comme dans ce dernier, on reste bluffé par le jeu hypnotique d’Eric Bogosian qui bouffe littéralement l’écran, qui rend saisissant son personnage, un homme narcissique, haïssable et monstrueux. Une très grande découverte que ce Special Effects !

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Special Effects, réalisé par Larry Cohen »

Test Blu-ray / The Video Dead, réalisé Robert Scott

THE VIDEO DEAD réalisé par Robert Scott, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael St. Michaels, Thaddeus Golas, Douglass Bell, Al Millan, Roxanna Augesen, Lory-Michael Ringuette, George Kernan, Rocky Duvall…

Scénario : Robert Scott

Photographie : Greg Becker

Musique : Leonard Marcel, Kevin McMahon & Stuart Rabinowitsh

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Écrivain de profession, Henry Jordan a la surprise, un jour, de se voir livrer un poste de télévision qu’il n’avait pas commandé. Peu après, il découvre que l’appareil est en fait une sorte de portail permettant aux morts de passer dans le monde des vivants, et très vite, des zombies s’introduisent chez lui et le tuent. La maison trouve rapidement de nouveaux propriétaires : la famille Blair. En l’absence des parents, partis en voyage, les enfants, Zoe et Jeff, commencent à mettre de l’ordre dans la demeure. Ils découvrent le téléviseur dans le grenier, ignorant qu’une horde de zombies va bientôt déferler.

The Video Dead. Réalisé par Robert Scott. Écrit par Robert Scott. Produit par Robert Scott. Avec des acteurs choisis par Robert Scott. Bref, le metteur en scène (qui se nomme Robert Scott donc, vous l’aurez compris) a mis son grain de sel partout dans son seul et unique long-métrage, tourné en 1986 et sorti en 1987, exploité en France sous le titre (raccourci) Video Dead. Rien de plus explicite que ce nom de baptême, nous sommes bien en présence de zombies et non pas d’une cassette VHS, mais d’un film de morts-vivants en N&B intitulé Zombie Blood Nightmare qui passe en boucle sur une vieille télévision…tout irait pour le mieux, si les personnages ne s’étaient pas mis en tête de traverser l’écran pour rendre une petite visite de courtoisie à ceux qui étaient en train de les mater en fumant un pétard. Voilà une série B très intelligente, ambitieuse et prometteuse, qui remplit plus que largement son contrat, tout en réservant de bonnes surprises aux spectateurs et en faisant preuve de beaucoup d’humour. C’est le cas de cette poignée de zombies très bien dépeints, qui se marrent au moment où ils trucident les êtres humains, comme s’ils avaient fait un pari entre eux pour savoir lequel sera le plus inventif pour faire passer leurs victimes de vie à trépas. À ce titre, on retiendra celle mise la tête en bas dans le tambour de la machine à laver, avant d’être essorée comme il le faut, devant des zombies goguenards qui par leur comportement rappellent parfois les Gremlins. Ceux-ci s’en sortent mieux que les comédiens non maquillés, dont le surjeu est assez grandiose. Toujours est-il que The Video Dead (de Robert Scott, mais est-il utile de le rappeler ?) demeure un spectacle ô combien réjouissant, bourré de charme y compris dans ses défauts (on se demande encore pourquoi Jeff apparaît en boitant dans des godillots pourris comme un zombie puisqu’il ne claudique plus tout de suite après), bien emballé avec des effets spéciaux et gore qui participent à cette indéniable réussite.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / The Video Dead, réalisé Robert Scott »

Test Blu-ray / L’Abîme – The Rift, réalisé par Juan Piquer Simón

L’ABÎME (The Rift) réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jack Scalia, R. Lee Ermey, Ray Wise, Deborah Adair, John Toles-Bey, Ely Pouget, Emilio Linder, Tony Isbert…

Scénario : David Coleman & Colin Wilson, d’après une histoire originale de Juan Piquer Simón & Mark Klein

Photographie : Juan Mariné

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Suite à la disparition du sous-marin nucléaire Siren I, en mission secrète dans le Pacifique, une équipe de secours embarque à bord du Siren II afin de le retrouver et d’en récupérer la boîte noire. Plongeant au fond d’une crevasse, puis empruntant un vaste réseau de tunnels, l’équipage, dirigé par le capitaine Phillips, sera bientôt confronté aux dangers causés par de monstrueuses créatures.

Aaaaah revoilà ce cher Juan Piquer Simón (1935-2011), réalisateur espagnol et pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío (1978) de Carlos Puerto, sans oublier le mythique Supersonic Man qui surfait sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Début des années 1990, alors qu’Abyss de James Cameron a fait des émules et ce parfois même avant la sortie au cinéma de ce chef d’oeuvre, comme le génial Leviathan de George Pan Cosmatos (à quand en Blu-ray chez nous???), MAL : Mutant aquatique en liberté de Sean S. Cunningham (Vendredi 13 Friday the 13th), ce bon vieux Juan se retrouve aux manettes d’une petite production américaine d’un peu plus d’un million de dollars, The Rift, titre original de L’Abîme, ou bien encore La Grieta comme le film était intitulé dans le pays d’origine de son metteur en scène. Thriller horrifique et fantastique, cette série BZ, terme que l’on utilise pour situer l’entre-deux de cette entreprise tout en reflétant son côté somnifère (surtout dans la première partie), vaut essentiellement pour son bestiaire sympathique et ses effets spéciaux qui ne manquent pas de charme. Si l’on devait vous donner un conseil, persévérez trois bons quarts d’heure (c’est bavard, mais vous allez y arriver), car l’autre moitié du métrage vaut son pesant avec quelques effets gore bien sentis et des trucs dégueulasses avec lesquels vous vous régalerez.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Abîme – The Rift, réalisé par Juan Piquer Simón »

Test Blu-ray / Scarecrows, réalisé par William Wesley

SCARECROWS réalisé par William Wesley, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Ted Vernon, Michael David Simms, Richard Vidan, Kristina Sanborn, Victoria Christian, David Campbell, B.J. Turner, Dax Vernon…

Scénario : William Wesley & Richard Jefferies

Photographie : Peter Deming

Musique : Terry Plumeri

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En Floride, cinq mercenaires pénètrent dans un camp militaire, dérobent la solde des soldats de la garnison s’élevant à trois millions de dollars, puis s’emparent d’un avion, prenant en otage le pilote et sa fille. Alors que l’équipage se rend au Mexique, Bert, l’un des voleurs, saute en parachute avec le butin. Le groupe part alors à sa recherche, qui les mène à une ferme abandonnée bordée d’un champ de maïs. Ils ignorent que l’endroit est infesté d’épouvantails maléfiques…

Scarecrows est à ce jour le premier des deux longs-métrages réalisés par le cubain Jose Rolando Rodriguez, qui prendra comme nom d’artiste William Wesley, qui signera donc également Route 666 (2001) avec Lou Diamond Phillips, qui sortira en DVD en France. Mais pour l’heure, c’est Scarecrows qui nous intéresse, qui sera d’ailleurs nommé en 1989 au Festival de Fantasporto. En réalité, même si cette série B est souvent très réussie et possède beaucoup de charme, les participants les plus célèbres ne sont pas devant, mais derrière la caméra, en particulier le directeur de la photographie, qui n’est autre que le grand Peter Deming. Ce dernier démarrait son illustre carrière, peu d’années avant Evil Dead 2 de Sam Raimi et ses collaborations avec David Lynch sur Lost Highway, Mulholland Drive et Twin Peaks : The Return (excusez du peu), mais aussi avec Wes Craven sur La Musique de mon coeur, Scream 2, 3 et 4. Ici, le chef opérateur tentait d’éclairer comme il le pouvait une poignée d’acteurs dans des marais paumés en Floride. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Scarecrows doit beaucoup à Peter Deming. L’image a de la gueule et passe bien les décennies, avec ce parfum forcément reconnaissable des années 1980, ce beau grain parfois appuyé, mais qui flatte les rétines des cinéphiles/ages nostalgiques des spectacles fabriqués avec les moyens du bord, efficacité, intelligence et générosité pour emporter l’adhésion encore aujourd’hui. De l’horreur, gore quand il le faut, drôle aussi avec des dialogues limite ringards (« Ce sont des démons démoniaques ! »), du fantastique, tout cela donne un savoureux mélange, qui est un peu long à décanter, mais dont l’arôme satisfera aisément les pupilles gustatives des amateurs du genre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Scarecrows, réalisé par William Wesley »

Test Blu-ray / Breeders, réalisé par Tim Kincaid

BREEDERS réalisé par Tim Kincaid, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Teresa Farley, Lance Lewman, Frances Raines, Natalie O’Connell, Amy Brentano, LeeAnne Baker, Matt Mitler, Adriane Lee…

Scénario : Tim Kincaid

Photographie : Arthur D. Marks

Musique : Don Great & Thomas Milano

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

À Manhattan, plusieurs femmes sont victimes d’un violeur qui les brûle au visage avec de l’acide. Leur point commun est qu’elles sont toutes vierges. Admises au même hôpital, elles vont être soignées par le docteur Gamble Page, qui sera aidé par le détective Dale Andriotti. Le docteur Page aimerait bien trouver l’origine du produit visqueux trouvé sur les jeunes femmes et qui semble ne pas appartenir au monde terrestre…

C’est vendredi ou samedi soir, vous désirez vous scotcher devant la télé pour oublier une semaine pourrie. La qualité des programmes est forcément nullissime et ce qu’il vous faudrait c’est un petit film, très court, mettons 75 minutes, ça serait parfait, mais ce serait surtout pas mal que celui-ci soit drôle, tout en étant bien emballé, sans prise de tête et si possible avec un peu de cul ici et là. Ne cherchez plus, Breeders est exactement ce qu’il vous faut. Réalisé par Tim Kincaid, cet opus d’épouvante tourné avec trois francs six sous (on vous laisse convertir en dollars, en tenant compte de l’inflation, avant de repasser en euros) est produit par Charles Brand, qui a comme qui dirait suivi la doctrine de Roger Corman, autrement dit investir dans des films au budget microscopique, en faisant de larges économies, tout en espérant que les recettes soient ainsi les plus lucratives. Pas étonnant de constater que ce dernier ait produit plus de 400 longs-métrages en cinquante ans de carrière dont le célèbre Le Piège – Tourist Trap (1979) et Fou à tuer – Crawlspace (1986) de David Schmoeller, Ghoulies (1984) de Luca Bercovici, From Beyond: Aux portes de l’au-delà (1986) et Dolls – Les Poupées (1986) de Stuart Gordon. Autant dire que Charles Brand, lui-même réalisateur à ses heures (et qui continue encore à mettre en scène en 2023) a de la suite dans les idées et engage toute une ribambelle d’artistes désireux de percer au cinéma. Ce sera donc le cas pour Tim Kincaid, venu du monde pornographique gay, pour lequel il a signé – souvent sous le pseudo de Joe Gage – moult métrages aux titres explicites (Le Secret des routiers, Tough Guys). Pour Breeders, qu’il a par ailleurs écrit, il imagine une poignée de jeunes et belles vierges être violées par une entité extraterrestre, dans le but d’envahir le monde. Voilà. Le pitch tient en une phrase et le pire c’est que Tim Kincaid s’en sort derrière la caméra et ce en dépit de moyens faméliques. Breeders fait penser au train fantôme d’une fête foraine minable, où tous les trucs se voient à l’avance et ne font pas peur, mais devant lesquels on ne peut s’empêcher de se marrer, par nervosité, mais aussi par compassion. Un gentil ride bien sympathique où toutes les nanas se foutent à poil et sans aucune raison, à part satisfaire les bas et bons instincts des animaux que nous sommes.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Breeders, réalisé par Tim Kincaid »

Test Blu-ray / Miranda, réalisé par Tinto Brass

MIRANDA réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Serena Grandi, Andrea Occhipinti, Franco Interlenghi, Andy J. Forest, Franco Branciaroli, Malisa Longo, Laura Sassi, Isabelle Illiers…

Scénario : Tinto Brass, d’après la pièce de théâtre de Carlo Goldoni

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Italie, début des années 1950. La superbe Miranda tient une auberge. Libertine, elle tente d’oublier son mari, supposé mort à la guerre, dans les bras des hommes de passage dans son établissement : un chauffeur, un Américain, un élu local, un ancien fasciste… Lequel d’entre eux la satisfera à la fois en tant qu’amant et comme mari ? L’heure du choix a sonné et son employé, Toni, espère bien qu’il sera l’heureux élu.

Deux ans après La Clé, Tinto Brass, conforté par son précédent succès, continue sur sa lancée et plonge toujours plus profondément dans l’érotisme avec Miranda. En s’inspirant de la pièce La Locandiera (La Belle aubergiste) de Carlo Goldoni, dont la protagoniste s’appelle Mirandoline, le réalisateur de Caligula dresse un nouveau portrait d’une autre femme libre, qui assume son existence et la dirige comme elle le souhaite, surtout sa sexualité. Après avoir renoncé à engager Stefania Sandrelli, devenue trop chère à la suite du triomphe de La Clé, Tinto Brass jette son dévolu sur Serena Grandi, qui jusqu’à présent n’avait rien fait de vraiment mémorable, en dehors d’AnthropophagousAntropophagus (1980) de Joe d’Amato et quelques apparitions en tant que « silhouette » en tant qu’infirmière, caissière, policière et (c’était alors un passage obligé) prostituée. Le cinéaste remarque ses courbes affolantes (105-60-100) et décide de lui confier le premier rôle de Miranda. Disons-le carrément, les amateurs de poils, de postérieurs proéminents et de poitrines généreuses seront aux anges, Tinto Brass ne reculant devant rien pour mettre en valeur ces trois éléments cinégéniques (et ce dès le tout premier plan), quitte à choquer certains, même si rétrospectivement, la sincérité de la démarche prend le pas sur la vulgarité. Miranda, que son auteur a toujours trouvé supérieur à La Clé, n’est certes pas aussi riche sur le plan thématique, mais n’en reste pas moins une réussite et surtout moderne dans son message féministe.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Miranda, réalisé par Tinto Brass »

Test Blu-ray / La Clé, réalisé par Tinto Brass

LA CLÉ (La Chiave) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Stefania Sandrelli, Frank Finlay, Franco Branciaroli, Barbara Cupisti, Armando Marra, Maria Grazia Bon, Gino Cavalieri, Piero Bortoluzzi…

Scénario : Tinto Brass, d’après le roman de Jun’ichirō Tanizaki

Photographie : Silvano Ippoliti

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Venise, début 1940, alors que l’Italie se prépare à entrer en guerre auprès du Troisième Reich, Nino Rolfe, un aristocrate libertin d’âge mur, ne parvient plus à satisfaire sexuellement Teresa, cette épouse qu’il aime aussi passionnément qu’au premier jour. Tandis que son mari note ses fantasmes dans un journal intime, Teresa dissimule de moins en moins bien son attirance grandissante pour Laszlo, le fiancé de sa fille Lisa. Bravant interdits et tabous, la belle quadragénaire entame une relation avec son futur gendre…

Pour l’ensemble de la critique, il y a eu un avant et un après La CléLa Chiave dans la carrière de Giovanni Brass dit «Tinto » (né en 1933), même si celui-ci l’a toujours réfuté, dans le sens où son quatorzième long-métrage aborde des thèmes qui parcouraient déjà quelques-uns de ses films précédents. Ce que la postérité a surtout retenu de La Clé, c’est avant tout Stefania Sandrelli, volcanique, sans doute la comédienne la plus sexy de l’âge d’or du cinéma italien après Laura Antonelli. Au-delà de son incandescente prestation, l’actrice alors âgé de 37 ans et qui possédait déjà un C.V. qui en ferait jalouser plus d’un/e (Pietro Germi, Jean-Pierre Melville, Lucio Fulci, Bernardo Bertolucci, Mario Monicelli, Sergio Sollima, Luigi Comencini, Ettore Scola, Mauro Bolognini, Sergio Corbucci et bien d’autres), se livre pour la première fois nue en intégralité à la caméra et donc aux spectateurs, mis en situation de voyeur. Car La Clé n’est pas seulement voire pas du tout une œuvre où l’on se rince l’oeil uniquement, mais où l’intellect de l’audience est aussi mise à contribution, à travers une réflexion sur le couple et la sexualité, où l’homme tente de percer le mystère de la femme par n’importe quel moyen, comme si sa vie (ou son vit, c’est selon) en dépendait. Il y a du Visconti chez Tinto Brass, l’ancien assistant de Roberto Rossellini (Inde, terre mère, Le Général de la Rovere), qui adapte le roman La Clef (La Confession impudique) de Jun’ichirō Tanizaki, par ailleurs déjà adapté en 1959 par Kon Ichikawa, à Venise, dont l’atmosphère humide et éthérée convient parfaitement au réalisateur. Furieusement érotique, marqué par des scènes extrêmement crues (une érection par ci, un gros plan sur un sexe féminin par là) et le magnétisme de Stefania Sandrelli, La Clé a marqué l’esprit des cinéphiles du monde entier et continue quarante ans après sa sortie de faire de nouveaux adeptes, tout en s’imprimant de façon indélébile sur les yeux des heureux individus qui le découvriront pour la première fois.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Clé, réalisé par Tinto Brass »

Test Blu-ray / Le Monstre qui vient de l’espace, réalisé par William Sachs

LE MONSTRE QUI VIENT DE L’ESPACE (The Incredible Melting Man) réalisé par William Sachs, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alex Rebar, Burr DeBenning, Myron Healey, Michael Alldredge, Ann Sweeny, Lisle Wilson, Cheryl Smith, Julie Drazen…

Scénario : William Sachs

Photographie : Willy Kurant

Musique : Arlon Ober

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Des astronautes en mission d’exploration des anneaux de Saturne sont victimes de fortes radiations. Seul Steve West parvient à rester vivant. Hospitalisé dans le plus grand secret dans la clinique du docteur Ted Nelson, il s’échappe après avoir découvert les ravages provoqués par les radiations sur son corps. Devenu un monstre hideux qui se désagrège lentement, Steve West déambule dans la nature et massacre tous ceux qui ont le malheur de croiser sa route. Le docteur Nelson, accompagné par le général Perry, va tenter de trouver Steve West afin qu’il ne commette d’autres meurtres…

Alors celui-là il est beau. Un nanar, un grand, un vrai. Celui qui tâche, aussi bien en version originale que dans cette chère langue de Molière avec ses comédiens qui en rajoutent comme si cela ne suffisait jamais. Le Monstre qui vient de l’espace ou The Incredible Melting Man (quel titre merveilleux) est une production Samuel W. Gelfman, celui qui aura donné sa chance à Jonathan Demme (5 femmes à abattre Caged Heat, 1974), financé en grande partie le génial Cockfighter (1974) de Monte Hellman, ainsi que le célèbre Cannonball (1976) de Paul Bartel avec David Carradine. L’ancien vice-président de la United Artists (rien que ça) confie au réalisateur William Sachs, lui-même futur producteur d’Exterminator 2 et Le Leprechaun, un budget dérisoire pour tenter d’emballer Le Monstre qui vient de l’espace, qui est en fait trompeur puisqu’il s’agit d’un astronaute irradié (et donc devenu radioactif), seul rescapé d’une mission (ses moustaches l’ont peut-être protégé un temps) ayant conduit son équipe près des anneaux de Saturne. L’ensemble est prétexte pour montrer l’ancien voyageur et scientifique de l’espace se décomposer petit à petit, tandis qu’il tente de prendre la fuite pour échapper à ceux qui voudraient le cloîtrer, sans doute pour faire de lui un cobaye, et qui le poursuivent avec…un compteur Geiger. The Incredible Melting Man est une série Z où tous les acteurs rivalisent de médiocrité, pour ne pas dire de non-jeu éhonté. Mais c’est en cela que le film est très drôle, avec ses dialogues qui n’ont souvent aucun sens, ses pauvres décors redondants et son absence d’enjeux. Restent les effets spéciaux de maquillage concoctés par le maître Rick Baker (qui inspireront Rob Bottin, assistant de Baker sur le film, pour la scène du type à la peau fondue dans RoboCop), qui venait de débuter avec Schlock de John Landis et qui avait très vite enchaîné avec La Nuit des vers géants, King Kong et Star Wars. La même année que le space opera de George Lucas, le génie du latex confectionnait cet être dégoulinant et repoussant. De ce point de vue-là, cela fonctionne encore très bien, le final est d’ailleurs particulièrement dégueulasse et semble avoir inspiré Street Trash sous certains aspects. Quant à savoir si cela sauve Le Monstre qui vient de l’espace du marasme…même si la photographie de Willy Kurant, oui oui, le chef opérateur de Je t’aime, moi non plus de Serge Gainsbourg, de Masculin féminin de Jean-Luc Godard, de Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat et Le Départ de Jerzy Skolimowski est loin d’être mauvaise.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Monstre qui vient de l’espace, réalisé par William Sachs »

Test Blu-ray / Les Tueurs de l’éclipse, réalisé par Ed Hunt

LES TUEURS DE L’ÉCLIPSE (Bloody Birthday) réalisé par Ed Hunt, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Lori Lethin, Melinda Cordell, Julie Brown, Joe Penny, Bert Kramer, K.C. Martel, Elizabeth Hoy, Billy Jayne

Scénario : Ed Hunt & Barry Pearson

Photographie : Stephen L. Posey

Musique : Arlon Ober

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1981

LE FILM

Une nuit d’éclipse, trois femmes de la même localité de Californie accouchent simultanément de trois bébés en pleine forme. Baptisés Debbie, Curtis et Steven, ils se préparent à fêter leur dixième anniversaire à leur manière. Comme poussés par une force aussi puissante que maléfique, ils éliminent méthodiquement ceux qui ont le tort de leur déplaire. Entre notamment une flèche dans l’œil, une balle dans le coeur et des coups de pelle, ils s’en prennent surtout aux adultes…

Les thrillers avec des enfants tueurs sont plutôt rares. Surtout les bons. Quand on évoque ce sous-genre horrifique, on pense en premier lieu à La Malédiction (1976) de Richard Donner, chef d’oeuvre qui permettra au réalisateur de se voir offrir Superman deux ans plus tard. Citons aussi en vrac Les Enfants du maïs (1994), Dorothy (2008), We Need to Talk About Kevin (2011), Le Village des damnés (1960 et le remake de John Carpenter en 1995), Les Révoltés de l’an 2000 (1976), Les Innocents (1961), The Children (2009) et le méconnu, mais remarquable Attention, les enfants regardent (1978) de Serge Leroy, avec Alain Delon, chasseur devenant la proie de gamins froids comme la mort. Les Tueurs de l’éclipse est un film d’épouvante à la frontière du fantastique, où deux garçons et une fille nés au même moment durant une éclipse solaire, se retrouvent dépourvus de conscience en raison d’un alignement spécifique des planètes et se mettent à tuer leur entourage, ainsi que ceux qu’ils trouvent tout simplement indésirable. Réalisé par un certain Ed Hunt, qui avait signé L’Invasion des soucoupes volantesStarship Invasions en 1977, avec Christopher Lee et Robert Vaughn, Les Tueurs de l’éclipseBloody Birthday surfe sur la vague du slasher alors à la mode, s’avère un opus qui fait froid dans le dos et ce grâce à une très solide distribution menée par trois jeunes acteurs épatants qui campent les effrayants assassins du film. La tension est maintenue du début à la fin, la mise en scène est élégante et prouve qu’Ed Hunt en avait sous le capot, la photographie de Stephen L. Posey (Vendredi 13 – Chapitre 5 : Une nouvelle terreur, Slumber Party Massacre), ainsi que la composition d’Arlon Ober (Le Monstre qui vient de l’espace, le génial Eating Raoul de Paul Bartel) sont très inspirées (même si le second n’hésite pas à piocher chez John Williams et Bernard Herrmann), bref, c’est du tout bon et cela a étonnamment bien vieilli.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Tueurs de l’éclipse, réalisé par Ed Hunt »