Test DVD / Les Indomptés, réalisé par Daniel Minahan

LES INDOMPTÉS (On Swift Horses) réalisé par Daniel Minahan, disponible en DVD le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Daisy Edgar-Jones, Jacob Elordi, Will Poulter, Diego Calva, Sasha Calle, Don Swayze, Ryan Fitzgerald, Andrew Keenan-Bolger…

Scénario : Bryce Kass, d’après le roman Shannon Pufalhl

Photographie : Luc Montpellier

Musique : Mark Orton

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Muriel et son mari Lee démarrent une nouvelle vie en Californie lorsqu’il revient de la guerre de Corée. Rapidement, l’équilibre de leur couple va être bouleversé par l’arrivée du charismatique Julius, le frère de Lee, un flambeur au passé secret. Un triangle amoureux se forme. Mais Julius décide de suivre Henry, un jeune joueur de cartes dont il est tombé amoureux. Ébranlée par ce départ et plus éprise d’indépendance que jamais, Muriel trouve un exutoire dans les courses de chevaux et l’exploration d’un amour qu’elle n’aurait jamais osé imaginer…

L’ombre de Douglas Sirk et celle de Todd Haynes planent sur Les IndomptésOn Swift Horses, réalisé par Daniel Minahan, essentiellement connu pour son colossal travail à la télévision, sur des séries aussi prestigieuses que The L Word, Six Feet under, Deadwood, Grey’s Anatomy, True Blood, Game of Thrones, House of Cards et bien d’autres. Cela faisait quasiment un quart de siècle que le cinéaste n’avait rien signé pour le grand écran, depuis son premier long-métrage en fait (Series 7 : The Contenders), et il revient par la grande porte, avec un casting exceptionnel, en adaptant le premier roman de Shannon Pufahl, publié en 2019. Cette relecture du rêve américain se penche sur le « modèle » familial prôné par l’Oncle Sam, la définition du foyer, questionne la notion du désir, les ambitions et surtout l’identité sexuelle. Daniel Minahan focalise son action à la marge de l’Amérique profonde – dans les casinos, les circuits hippiques, les lieux de drague et les bars-hôtels gays, tandis que la guerre de Corée connaît ses dernières heures. Sur un solide scénario écrit par Bryce Kass (remarqué avec Lizzie de Craig William Macneill), le metteur en scène livre un fabuleux drame qui fait la part belle au romanesque, partis-pris que certains trouveront démodés, mais que Daniel Minahan embrasse pleinement, pour au final signer une peinture bouleversante de la face cachée des États-Unis après la Deuxième Guerre mondiale.

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Test Blu-ray / Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults

HURRY UP TOMORROW réalisé par Trey Edwards Shults, disponible en DVD & Édition Collector Limitée Blu-ray+DVD+Livret le 18 septembre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Abel Tesfaye, Jenna Ortega, Barry Keoghan, Riley Keough, Ash T, Paul L. Davis, Sebastián Villalobos, Roman Mitichyan…

Scénario : Reza Fahim, Trey Edward Shults & Abel Tesfaye

Photographie : Chayse Irvin

Musique : The Weeknd & Daniel Lopatin

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Abel, une star de la musique, est entraîné par une de ses fans dans une odyssée qui l’amènera à remettre en question les fondements mêmes de son existence.

Voilà sans doute l’un des films les plus critiqués (négativement) de l’année 2025, Hurry Up Tomorrow, réalisé par Trey Edward Shults, que l’on avait découvert en 2017 avec It Comes at Night, œuvre post-apocalyptique maîtrisée, ambitieuse, qui révélait un auteur prometteur. Six ans après son précédent long-métrage, Waves, le metteur en scène est de retour avec Hurry Up Tomorrow, titre identique au sixième album de l’artiste The Weeknd, alias Abel Makkonen Tesfaye, célèbre dans le monde entier pour son tube Blinding Lights, devenu la chanson la plus écoutée de tous les temps sur Spotify. Le film et le disque sortent donc à quelques semaines d’intervalle, beau coup marketing, qui prolonge l’expérience musicale, à travers un faux biopic inspiré d’une histoire vraie. Le chanteur « interprète » une version alternative de lui-même et donne la réplique à Jenna Ortega, dans ce thriller psychologique que beaucoup ont gratuitement qualifié de simple et gênant ego trip. On ne va pas nier qu’il y a de cela effectivement, mais réduire Hurry Up Tomorrow à ce simple argument est on ne peut plus facile. Trey Edward Shults, en parfaite harmonie avec Abel Tesfaye, a concocté un véritable essai de cinéma, un roller-coaster visuel et d’émotions, qui plonge le spectateur dans la psyché perturbée d’une superstar de la chanson, qui se retrouve pour la première fois face à lui-même après un accident survenu sur scène. Si la minisérie The Idol, excessivement mal accueillie et qui ne connaîtra d’ailleurs qu’une seule saison, avait montré qu’il en avait sérieusement sous le capot en tant qu’acteur, Abel – The Weeknd – Tesfaye crève l’écran dans Hurry Up Tomorrow. Son face-à-face avec Jenna Ortega, pour une fois supportable, fonctionne à plein régime et on se laisse facilement embarquer dans ce ride survitaminé qui par sa mise en scène mouvementée et inventive, ainsi que par sa splendide photographie signée Chayse Irvin (BlacKkKlansman – J’ai infiltré le Ku Klux Klan), fait penser à une attraction. On en ressort aussi retourné que rassasié. Il est impératif de donner une deuxième chance à Hurry Up Tomorrow, nouvelle production de ceux déjà à la barre de la trilogie XPearlMaXXXine.

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Test Blu-ray / Hot Milk, réalisé par Rebecca Lenkiewicz

HOT MILK réalisé par Rebecca Lenkiewicz, disponible en DVD & Blu-ray le 16 octobre 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Yann Gael, Patsy Ferran, Korina Gougouli, Denia Mimerini…

Scénario : Rebecca Lenkiewicz, d’après le roman de Deborah Levy

Photographie : Christopher Blauvelt

Musique : Matthew Herbert

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Une mère et sa fille débarquent de Grande-Bretagne dans le sud-est de l’Espagne pour un séjour de la dernière chance. La mère, Rose, en fauteuil roulant, a rendez-vous avec un spécialiste pour tenter de retrouver la motricité de ses jambes, qui lui font de plus en plus mal. Sofia, sa fille, l’accompagne, jouant les garde-malades, mais désireuse de s’adonner à quelques activités balnéaires. Sur la plage, celle-ci fait la rencontre d’Ingrid, une énigmatique touriste allemande aux mœurs particulièrement libres…

Scénariste reconnue (Ida de Pawel Pawlikowski, Désobéissance de Sebastián Lelio, Colette de Wash Westmoreland), Rebecca Lenkiewicz passe pour la première fois derrière la caméra avec Hot Milk. Derrière ce titre énigmatique, on trouve l’adaptation du roman éponyme de Deborah Levy, publié en 2016, livre dans lequel la nouvelle réalisatrice a trouvé les thèmes qu’elle souhaitait aborder et sensations qu’elle voulait transmettre à l’écran. Hot Milk au cinéma est une véritable expérience sensorielle, contemplative, marquée par une photographiée solaire, étouffante, presque anxiogène, qui reflète les états d’âme du personnage principal, Sofia. Cette dernière est interprétée par une comédienne qui a désormais le vent en poupe, la franco-britannique Emma Mackey, récemment auréolée du BAFTA de la « star montante ». Après son grand succès rencontré à la télévision avec la série Sex Education, le cinéma lui ouvre désormais les bras et les projets s’accumulent. Ainsi, après les blockbusters Eiffel de Martin Bourboulon et Mort sur le Nil – Death on the Nile de Kenneth Branagh et Barbie de Greta Gerwig, Emma Mackey est à l’affiche de trois films en 2025. Alpha De Julia Ducournau, Hot Milk donc et campera le rôle-titre de Ella McCay, qui signe le grand retour de James L. Brooks au cinéma, quinze ans après Comment savoir – How Do You Know. Avant de la retrouver aussi dans le prochain délire de Quentin Dupieux (Full Phil, avec Kristen Stewart et Woody Harrelson) et le reboot-remake des Chroniques de Narnia, Emma Mackey illumine Hot Milk, dans lequel son charisme sauvage, entre Charlotte Gainsbourg et Asia Argento, fait fureur. Derrière ce masque tendu, Sofia dissimule un ras-le-bol, comme si elle était déjà fatiguée de vivre. Sa mère, malade « imaginaire » lui rend la vie impossible, la rabaisse, la critique et ne peut pourtant s’empêcher de lui demander constamment son aide. L’arrivée en Espagne pour un grand rendez-vous médical, va bouleverser à la fois les repères de Sofia, mais aussi ses sentiments, quand elle rencontre l’énigmatique Ingrid. Hot Milk demande aux spectateurs de se laisser aller, de se laisser porter par l’émotion, l’érotisme qui se dégage de chaque apparition d’Emma Mackey, où la sensualité redouble quand elle est rejointe par Vicky Krieps, qui n’ayons pas peur des mots peut aisément être considérée aujourd’hui comme l’une des plus grandes comédiennes contemporaines. Alors, installez-vous et découvrez Hot Milk.

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Test DVD / Une pointe d’amour, réalisé par Maël Piriou

UNE POINTE D’AMOUR réalisé par Maël Piriou, disponible en DVD le 3 septembre 2025 chez Pathé.

Acteurs : Julia Piaton, Grégory Gadebois, Quentin Dolmaire, Florence Viala, Claude Guyonnet, Louis Meignan, Aude Léger, Roc Esquius…

Scénario : Maël Piriou, d’après le scénario du film Hasta la Vista coécrit par Pierre De Clercq & Mariano Vanhoof

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Pascal Sangla

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Suite à la découverte d’une maladie incurable, Mélanie, avocate, fait le choix de profiter de la vie. Elle embarque son ami Benjamin dans une odyssée en Espagne, pour explorer enfin leur sensualité dans une maison close. Elle emploie Lucas, fraîchement sorti de taule, comme conducteur. Lucas, avec son van de guingois, fait le voyage un peu forcé. Contrairement à Mélanie, Benjamin ne semble pas pressé d’arriver et fait d’ailleurs tout pour prolonger cet improbable voyage à ses côtés…

Encore un premier long-métrage français qui a débarqué dans les salles. Il s’agit d’Une pointe d’amour de Maël Piriou, ancien journaliste, entré dans le monde du cinéma en concoctant quelques documentaires sur les tournages (Bonne pomme, Demain tout commence), avant de devenir scénariste (l’excellent À trois on y va de Jérôme Bonnell). Pour Une pointe d’amour, il réunit un très beau trio de comédiens, Julia Piaton, Grégory Gadebois et Quentin Dolmaire, qui participent beaucoup à la jolie réussite du film, qui d’ailleurs au passage s’avère – une fois de plus – un remake, non pas d’une œuvre sud-américaine comme c’est souvent le cas dans nos contrées, mais d’un film flamand, Hasta la Vista de Geoffrey Enthoven. Ce dernier avait connu un beau succès en France en 2012 avec plus de 120.000 entrées. Mais Maël Piriou transforme beaucoup de choses, les personnages principaux tout d’abord. Dans le film original, il s’agissait de trois jeunes d’une vingtaine d’années, handicapés (un aveugle, un second confiné sur une chaise roulante, le troisième complètement paralysé), encore vierges, qui sous prétexte d’aller faire la route des vins, prenaient en fait la direction de l’Espagne avec l’espoir d’y vivre leur première expérience sexuelle. Dans Une pointe d’amour, il se focalise sur deux trentenaires, qui envisagent le même projet que dans Hasta la Vista, mais accompagnés cette fois par un type paumé qui sera leur chauffeur. Évidemment, les relations ne sont pas aisées au départ, mais les trois compagnons de route apprendront enfin à lâcher du lest, à se confier, sur leurs désirs, leurs peurs aussi, leurs espoirs. Une pointe d’amour est un bon divertissement, un feel-good movie qui manque sans doute d’audace, mais pas de coeur.

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Test 4K UHD / The Monkey, réalisé par Osgood Perkins

THE MONKEY réalisé par Osgood Perkins, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD depuis le 12 juillet 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Theo James, Elijah Wood, Tatiana Maslany, Osgood Perkins, Sarah Levy, Laura Mennell, Christian Convery, Rohan Campbell…

Scénario : Osgood Perkins, d’après la nouvelle The Monkey de Stephen King

Photographie : Nico Aguilar

Musique : Edo Van Breemen

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Lorsque Bill et Hal, des jumeaux, trouvent dans le grenier un vieux jouet ayant appartenu à leur père, une série de morts atroces commence à se produire autour d’eux…

À l’origine, Frank Darabont détenait les droits cinématographiques de la nouvelle de Stephen King intitulée The Monkey, et prévoyait de l’adapter après avoir terminé The Mist. Ce projet n’a jamais vu le jour…avant de revenir sur le devant de la scène en 2023, année où cette transposition est officiellement relancée avec Osgood Perkins (le fils d’Anthony Perkins) aux manettes, au scénario et à la mise en scène, le tout produit par James Wan sous sa bannière Atomic Monster. Une fois la grève des scénaristes passée, le tournage principal est enfin lancé début 2024. Le résultat est à la hauteur des espérances et le réalisateur de l’acclamé Longlegs livre une fois de plus un film quasi-inclassable, véritable comédie noire, fantastique et d’horreur qui confirme la singularité du cinéaste. Il est certain qu’avec son style si particulier, qui fait continuellement le yoyo entre une froideur souvent glaciale et un humour très sombre, The Monkey, qui rappelons-le avait été publié en 1985 dans le recueil Brume, et même avant cela en 1980 dans le magazine Gallery, ne plaira pas à tout le monde. Et c’est tant mieux, car comme Longlegs, The Monkey n’a rien du produit standardisé et fabriqué à la chaîne. Véritable film d’auteur, cet opus ne cesse d’étonner à chaque scène, assume pleinement sa nature de série B titillant le genre Z. Le film offre aux spectateurs de savoureux moments gores, mais toujours marqués par une ironie singulière, comme si Oz Perkins nous disait chaque fois « Je vous ai encore bien eu hein ? », et cela jusqu’à la toute dernière scène. Un vrai train-fantôme à la fois vintage et avant-gardiste.

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Test Blu-ray / Piégé, réalisé par David Yarovesky

PIÉGÉ (Locked) réalisé par David Yarovesky, disponible en DVD & Blu-ray depuis le 9 août 2025 chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Bill Skarsgård, Anthony Hopkins, Ashley Cartwright, Michael Eklund, Navid Charkhi, Ricardo Pequenino, Gaston Morrison, Reese Alexander…

Scénario : Michael Arlen Ross, d’après le scénario du film argentin 4×4 coécrit par Mariano Cohn & Gastón Duprat

Photographie : Michael Dallatorre

Musique : Tim Williams

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Un voleur s’introduit dans une voiture de luxe et se retrouve piégé à l’intérieur. Il découvre que son énigmatique propriétaire en a le contrôle total et qu’il va exercer sur lui une vengeance diabolique.

Voilà, c’est court, direct. Piégé ou Locked en version originale, est réalisé par David Yarovesky. Venu de l’univers du clip musical, il signe en 2014 son premier long-métrage, The Hive, resté inédit dans nos contrées. Il parvient à percer cinq ans plus tard avec son second essai, Brightburn L’Enfant du mal, produit par James Gunn, écrit par le frère de celui-ci, ainsi que par leur cousin, film fantastique qui évoquait déjà Superman en filigrane. 2021, David Yarovesky s’associe avec Netflix pour Nightbooks, qui confirme sa prédilection pour le fantastique. Il change son fusil d’épaule avec Piégé, thriller anxiogène, huis clos, dont l’action se déroule essentiellement dans l’habitacle d’un SUV, qui n’est autre que le remake du film argentin 4 x 4, mis en scène par Mariano Cohn, sorti en 2019. On ne saurait comparer les deux versions, puisque l’auteur de ces mots n’a pas vu le film original, toujours est-il que ce Piégé est un savoureux tour de force, qui offre enfin matière à l’étonnant Bill Skarsgård, débarrassé de ses maquillages récurrents (Ça, The Crow, Nosferatu), présent dans chaque scène, pour ne pas dire dans chaque plan. Grande prestation de ce dernier, quasi-seul en scène pendant 90 minutes, qui parvient à rendre attachant un personnage qui a pourtant tout pour être facilement détestable. Si Anthony Hopkins a peu à faire dans cette histoire, il n’apparaît d’ailleurs que dans le dernier quart d’heure, même si sa voix est entendue tout du long, Piégé fait partie de ces divertissements emballés avec ingéniosité et savoir-faire, qui fonctionne à fond si on accepte un postulat de départ nawak. Le contrat est donc rapidement rempli.

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Test Blu-ray / Un escargot dans la tête, réalisé par Jean-Étienne Siry

UN ESCARGOT DANS LA TÊTE réalisé par Jean-Étienne Siry, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Florence Giorgetti, Renaud Verley, Jeanne Allard, Jean-Claude Bouillon, Marcel Gassouk, Charles Dubois, Hélène Hily, Rose Thiéry…

Scénario : Jean-Étienne Siry

Photographie : François About

Musique : Didier Vasseur

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Hélène Gallois traverse une période de dépression à la suite de son divorce. Lors de son séjour dans une clinique spécialisée, elle fait la connaissance d’Édouard Fournier, artiste peintre en proie à l’alcoolisme. Une amitié naît entre eux et ils décident de séjourner dans une ferme appartenant à Édouard. Cependant, l’ambiance oppressante du lieu ravive leurs traumatismes passés, les confrontant à leurs propres démons intérieurs.

« Entre le rêve et la réalité, il existe une frontière que personne ne devrait jamais franchir… ». Ainsi débute Un escargot dans la tête, dernier long-métrage et par ailleurs ultime film de Jean-Étienne Siry (1940-2019). Ce dernier est surtout connu pour son premier court, le légendaire Poing de force (1976), œuvre sur le sadomasochisme, provenant en réalité du banc de montage de Mâles Hard Corps, que le réalisateur avait signé la même année avec Norbert Terry. Si son nom ne vous dit rien, il en est tout autre pour son travail. Car si vous n’avez pas encore vu Poing de force, vous connaissez les affiches de cinéma dont il est le créateur : Les Tontons flingueurs, Les Monstres, La Tulipe Noire, Le Corniaud, Quoi de neuf, Pussycat ?, Bunny Lake a disparu, Les Centurions, La Carapate…tous ces visuels entrés dans la conscience des spectateurs et cinéphiles sont l’oeuvre de Jean-Étienne Siry. Ce dernier passe une dernière fois derrière la caméra pour Un escargot dans la tête, titre ô combien giallesque, qui n’est autre qu’un remarquable drame psychologique sur le thème de la dépression et celui du trauma. Cet Objet Filmique Non-Identifié sorti en 1980, repose sur l’intense interprétation d’une comédienne aujourd’hui complètement oubliée, Florence Giorgetti (1943-2019), qui passait sa vie professionnelle sur les planches (pendant près d’un demi-siècle), à la télévision et bien sûr au cinéma (Massacre pour une orgie, La Grande Bouffe), tout en prêtant parfois sa voix singulière à Vanessa Redgrave, Anne Bancroft, Susan Sarandon…Dans Un escargot dans la tête, elle incarne magistralement Hélène, internée après avoir mélangé alcool et barbituriques, suite à un divorce malheureux. Dans l’établissement psychiatrique, elle fait la connaissance d’un jeune homme, qui lui aussi a de nombreuses plaies à panser…La suite ? Il vous faudra la découvrir sans trop divulguer ce qui se déroule, tant Jean-Étienne Siry ne cesse d’emmener les spectateurs là où ils s’y attendent le moins. Avec cette ressortie inattendue en 2025 et en Haute-Définition chez Le Chat qui fume, Un escargot dans la tête est non seulement une des expériences les plus originales que vous verrez cette année, mais aussi une véritable expérience de cinéma, dont l’audace manque cruellement au septième art hexagonal contemporain.

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Test Blu-ray / L’Enfant miroir, réalisé par Philip Ridley

L’ENFANT MIROIR (The Reflecting Skin) réalisé par Philip Ridley, disponible en Blu-ray le 27 août 2025 chez Extralucid Films.

Acteurs : Viggo Mortensen, Lindsay Duncan, Jeremy Cooper, Sheila Moore, Duncan Fraser, David Longworth, Robert Koons, David Bloom…

Scénario : Philip Ridley

Photographie : Dick Pope

Musique : Nick Bicât

Durée : 1h36

Année de sortie : 1990

LE FILM

Dans l’Amérique rurale des années 50, Seth, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l’entourent. Il est ainsi convaincu que sa mystérieuse voisine Dolphin Blue qui vit seule sur le bord de la route est un vampire…

D’abord peintre exposé et écrivain publié avant d’être cinéaste, Philip Ridley (né en 1964) doit autant à Edward Hopper, Andrew Wyeth, Ray Bradbury, Philip K. Dick et Lewis Carroll qu’à La Nuit du chasseur et David Lynch. Pour son premier long-métrage, L’Enfant miroirThe Reflecting Skin, sorti en 1990, conte d’apprentissage sur fond d’innocence perdue, il n’hésite pas à faire surgir étrangeté, danger et macabre en plein milieu de ses champs de blés d’or illuminés par un soleil éclatant. Ou comment raconter une histoire d’épouvante dans de magnifiques paysages.

Seth Dove, huit ans, vit dans une communauté isolée des prairies de l’Idaho dans les années 1950. Le film s’ouvre sur Seth et ses amis, Eben et Kim, jouant avec une grenouille trouvée dans les champs. Les garçons gonflent l’amphibien en lui insérant un roseau dans l’arrière-train et la laissent au bord de la route. Lorsqu’une veuve anglaise du coin, Dolphin Blue, s’arrête pour l’inspecter, Seth tire sur la grenouille gonflée avec une fronde, la faisant exploser au visage de Dolphin, alors recouverte de sang. Seth se retire à la petite station-service où il vit avec sa mère Ruth, surmenée, dure et nostalgique, et son père Luke, timide, discret et distant. Le frère aîné de Seth, Cameron, est parti en service militaire dans le Pacifique. Seth fait le plein d’essence à un mystérieux groupe de jeunes hommes au volant d’une Cadillac noire, qui promettent de le revoir bientôt et de repartir. Seth est envoyé chez Dolphin pour s’excuser de la farce de la grenouille. Dolphin est hantée par le souvenir de son mari décédé, qui s’est pendu pour des raisons inconnues une semaine après leur mariage. Entouré d’objets datant du passé baleinier de la famille de son mari, Seth prend au pied de la lettre certaines de ses remarques apitoyées (elle prétend avoir 200 ans). Après avoir appris l’existence des vampires par son père, Seth commence à croire que Dolphin est un vampire.

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Test Blu-ray / La Furie des vampires, réalisé par León Klimovsky

LA FURIE DES VAMPIRES (La Noche de Walpurgis) réalisé par León Klimovsky, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 13 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Paul Naschy, Gaby Fuchs, Barbara Capell, Patty Shepard, Andrés Resino, Yelena Samarina, Julio Peña, José Marco…

Scénario : Paul Naschy & Hans Munkel

Photographie : Leopoldo Villaseñor

Musique : Antón García Abril

Durée : Version courte (1h24) & Version longue non censurée (1h31)

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Deux étudiantes en sciences occultes sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandesa, personnage du Moyen-Âge soupçonnée de vampirisme. Égarées en pleine campagne, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky, condamné à se transformer en loup-garou depuis qu’il a été lui-même mordu.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Docteur DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. La Furie des vampiresLa Noche de Walpurgis est la quatrième « aventure » de ce lycanthrope, après Les Vampires du Docteur DraculaLa Marca del hombre lobo, (1968), Les Nuits du loup-garouLas Noches del Hombre Lobo (1968, que seul Paul Naschy évoquait, puisque le film n’a jamais pu être retrouvé) et Dracula contre FrankensteinLos Monstruos del terror (1970). Rétrospectivement, La Furie des vampires est encore considéré comme l’un des meilleurs opus de cette « saga ». Il est réalisé par l’argentin León Klimovsky (1906-1996), qui signera aussi l’épisode suivant (Dr. Jekyll y el Hombre Lobo), metteur en scène de quelques westerns (Le Colt du révérend avec Guy Madison, Quelques dollars pour Django avec Anthony Steffen), qui s’essaye au film d’épouvante dans cette production germano-espagnole. Paul Naschy y reprend donc son rôle le plus emblématique et cosigne aussi le scénario, comme sur le précédent. On reprend là où les choses s’étaient arrêtées (ce qui ne sera pas toujours le cas), mais cela ne perturbera pas trop les spectateurs qui ne sauraient pas ce qui s’est déroulé juste avant. La Furie des vampires peut se voir indépendamment et demeure un formidable spectacle, solidement interprété par un Paul Naschy (bien grimé) très impliqué et souvent ponctué par d’étonnantes idées formelles, malgré un manque de moyens qui se fait ressentir. Mais cela contribue au charme qui se dégage encore et toujours de ce film d’exploitation fait avec le coeur (sans pieu qui le traverse) par un des plus grands représentants européens du genre.

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Test Blu-ray / La Femme à abattre, réalisé par Bretaigne Windust & Raoul Walsh

LA FEMME À ABATTRE (The Enforcer) réalisé par Bretaigne Windust & Raoul Walsh, disponible en Blu-ray le 17 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Humphrey Bogart, Zero Mostel, Ted De Corsia, Everett Sloane, Roy Roberts, Michael Tolan, King Donovan, Bob Steele…

Scénario : Martin Rackin

Photographie : Robert Burks

Musique : David Buttolph

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Le gangster qui avait accepté de témoigner contre le chef d’une redoutable organisation criminelle se tue accidentellement. Le procureur Martin Ferguson perd son témoin clé et doit repartir à zéro. Il a peu de temps pour éviter que le suspect ne ressorte libre du tribunal.

Le générique indique que La Femme à abattreThe Enforcer a été réalisé par Bretaigne Windust (1906-1960). En réalité, Raoul Walsh (1887-1980) a été appelé à la rescousse pour reprendre le film en main, remplaçant au pied levé son confrère tombé gravement malade. Une autre raison serait que la Warner, s’étant rendu compte aux rushes de la mauvaise direction d’acteurs de Windust, aurait appelé le sieur Walsh afin de sauver l’entreprise. La Femme à abattre demeure un thriller moderne et implacable (la tension de L’enfer est à lui n’est pas loin), inspiré d’un fait divers réel survenu au début des années 40. Si le film est en effet signé Bretaigne Windust, cinéaste habituellement rodé à la comédie et au mélodrame, le film est marqué à chaque plan de l’inimitable griffe de Raoul Walsh. Porté par un immense Humphrey Bogart, qui allait être récompensé par l’Oscar du meilleur acteur l’année suivante pour The African Queen, La Femme à abattre est un pola remarquablement emballé, complexe avec ses plusieurs flashbacks imbriqués, virtuose, passionnant de la première à la dernière image (le final est anthologique), violent et rythmé. N’oublions pas la sublime photo contrastée signée Robert Burks (La Mort aux trousses, Sueurs froides, Les Tueurs de San Francisco) et la composition de David Buttolph qui contribuent à faire de ce film noir un grand spectacle.

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