Test Blu-ray / Attention, on va s’fâcher!, réalisé par Marcello Fondato

ATTENTION, ON VA S’FÂCHER! (…altrimenti ci arrabbiamo!) réalisé par Marcello Fondatto, disponible en DVD & Blu-ray, le 22 octobre 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Bud Spencer, Terence Hill, Patty Shepard, Deogratias Huerta, John Sharp, Manuel de Blas, Luis Barbero, Donald Pleasence…

Scénario : Marcello Fondato & Francesco Scardamaglia

Photographie : Arturo Zavattini

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h42

Date de sortie initiale: 1974

LE FILM

Ayant gagné une course de stock-car, Toto et Ben remportent un superbe Buggy. Mais, peu après, des malfrats détruisent la voiture. Toto et Ben rendent visite au chef de la bande pour réclamer réparation, celui-ci envoie ses hommes de main dont Ben ne fait qu’une bouchée. Le chef décide finalement de faire appel à un tueur à gages pour éliminer les deux compères.

Étrangement moins diffusé à la télévision française que d’autres de leurs célèbres opus (Pair et impair, Deux super-flics !, Salut l’ami, adieu le trésor !), Attention, on va s’fâcher !…altrimenti ci arrabbiamo! reste le second plus grand succès du tandem Terence Hill & Bud Spencer sur le sol italien. Avec 11,250,000 d’entrées cumulées en 1974, ce film réalisé cette fois par Marcello Fondato (1924-2008) n’est dépassé que par On continue à l’appeler Trinita avec ses 14,5 millions de spectateurs. C’est d’ailleurs dans Attention, on va s’fâcher ! que l’on retrouve peut-être le plus de photogrammes emblématiques du duo, visuels souvent tirés de la superbe affiche créée par Renato Casaro. Ancien scénariste de Luigi Comencini (La Grande pagaille), Mario Bava (Les Trois visages de la peur, Six femmes pour l’assassin), Dino Risi (pour son segment des Complexés), Marcello Fondato est un véritable artisan du cinéma, connaît la dynamique et l’efficacité d’un récit, et sait aussi mettre ses comédiens en valeur. Passé derrière la caméra à la fin des années 1960 avec Les Protagonistes I Protagonisti, drame avec la sublime Sylva Koscina, il dirigera également d’autres pointures comme Claudia Cardinale et Catherine Spaak dans Certain, probable et même possibleCerto, certissimo, anzi… probabile, Monica Vitti dans Nini TirebouchonNinì Tirabusciò, la donna che inventò la mossa et “s’empare” du duetto Hill&Spencer en 1974. Les deux viennent de connaître un autre succès foudroyant avec Maintenant, on l’appelle PlataPiù forte, ragazzi! de Giuseppe Colizzi (plus de dix millions d’entrées), tandis que Terence Hill sort du triomphe international de Mon nom est PersonneIl mio nome è Nessuno de Tonino Valerii. De son côté, Bud Spencer devait s’allier le temps d’un film avec le légendaire Giuliano Gemma, pour Les anges mangent aussi des fayotsAnche gli angeli mangiano fagioli d’Enzo Barboni (7,5 millions de spectateurs), qui le confortait au box-office. Autant dire qu’ils sont au top de leur popularité, de leur talent, de leur forme, de leur charisme (ils n’ont jamais été aussi bien filmés qu’ici) et de leur alchimie quand Hill&Spencer entreprennent leur huitième collaboration. Comédie d’action menée à cent à l’heure, impeccablement et même élégamment mise en scène, Attention, on va s’fâcher! demeure un grand spectacle pour petits et grands et démontre une fois de plus le caractère intemporel des films d’un des plus grands duos de tous les temps.

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Test DVD / Cherchez l’erreur…, réalisé par Serge Korber

CHERCHEZ L’ERREUR… réalisé par Serge Korber, disponible en DVD le 16 septembre 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Roland Magdane, Roland Dubillard, Henri Virlojeux, Micheline Luccioni, Jacques Monod, Tanya Lopert, Marthe Villalonga, Henri Attal…

Scénario : Roland Magdane

Photographie : Georges Barsky

Musique : Jean Bouchéty & Roger Candy

Durée : 1h26

Date de diffusion initiale : 1980

LE FILM

Paul est un chercheur qui travaille à la mise au point d’une nouvelle arme nucléaire. Il a pour compagnon un chien qui s’est imposé à lui. L’animal, assez doué, va faire comprendre à Paul le danger de ses recherches…

C’est un OVNI, un OFNI plutôt, un Objet Filmique Non Identifié, sorti du cerveau fécond de Roland Magdane, sorti sur les écrans français en 1980 et qui a peu rameuté les spectateurs dans les salles…Pourtant ce long-métrage a su marquer les esprits. Non pas en raison de son histoire, il n’y en a pour ainsi dire pas, mais pour son non-sens, sa poésie, son délire assumé, son caractère inclassable. On doit Cherchez l’erreur… à Serge Korber (1936-2022), réalisateur quelque peu touche-à-tout, à qui l’on doit le magnifique Un idiot à Paris (1966), adapté d’un roman de René Fallet, offrant son plus beau rôle à Jean Lefebvre, deux films avec Louis de Funès au début des années 1970 (L’Homme orchestre et Sur un arbre perché), deux autres portés par Annie Girardot (Les Feux de la Chandeleur en 1972 et Ursule et Grelu l’année suivante) et un opus avec Les Charlots (Et vive la liberté !). Parallèlement et cela est sans doute moins connu, Serge Korber, sous le pseudonyme de John Thomas, s’adonne au cinéma pornographique avec des titres aussi explicites que À bout de sexe (ou Un grand coup dans le pare-chocs), Dans la chaleur de Julie, Hurlements de plaisir, L’Odyssée de l’extase et Pornotissimo. La même année que Ta gueule, je t’aime !, aventure érotique avec Brigitte Lahaie, Serge Korber revient au cinéma dit classique (quoique) avec Cherchez l’erreur… Nous sommes ici à mi-chemin entre Le Fou du labo 4 (1967) de Jacques Besnard et Le Distrait (1970) de Pierre Richard. Des influences disparates, des ingrédients repris, mixés, réarrangés par Roland Magdane, en charge du scénario et qui obtient ainsi son premier rôle au cinéma. Irracontable, le film enchaîne les saynètes sur un faux rythme étonnant, parfois lassant, enfile les gags mous comme des perles sur un collier, mais en totale décontraction. L’expérience est là, réelle, mais le résultat ne plaira pas à tout le monde…

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Test Blu-ray / Aenigma, réalisé par Lucio Fulci

AENIGMA (Ænigma) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jared Martin, Lara Naszinsky, Milijana Zirojevic, Ulli Reinthaler, Sophie d’Aulan, Jennifer Naud, Riccardo Acerbi, Kathi Wise…

Scénario : Lucio Fulci & Giorgio Mariuzzo

Photographie : Luigi Ciccarese

Musique : Carlo Maria Cordio

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Boston, années 1980 – Au sein du collège Saint Mary’s, Kathy subit les moqueries de la part d’un groupe d’élèves et d’un professeur de gymnastique. Un soir, à la suite d’une très mauvaise plaisanterie, l’adolescente, humiliée, est renversée par une voiture et tombe dans un coma profond. À l’hôpital, victime d’un arrêt cardiaque, une partie de son esprit sort de son corps. Un peu plus tard, une nouvelle élève, Eva, arrive dans l’établissement. Kathy la possède. Elle deviendra l’instrument de sa vengeance.

Il en est où ce bon vieux Lucio Fulci en 1987 ? Tout juste âgé de soixante ans, le cinéaste s’est tenu éloigné des studios en raison d’une maladie déclarée après la sortie de MurdeRock, succès en Europe, mais échec en Italie. Revenu avec Le Miel du diable Il Miele del diavolo, le maestro s’adonne désormais à des productions de moindre envergure, peu aidées par des budgets très limités et des conditions drastiques de tournage. C’est le cas pour Aenigma, qui n’est assurément pas l’opus le plus connu de son auteur, mais qui n’en est pas moins dépourvu de quelques séquences particulièrement réjouissantes et qui témoignent que Lucio Fulci en avait encore sous le capot. Son style inimitable est reconnaissable à plusieurs reprises, quand bien même le cinéaste s’inspire ouvertement et très largement de Suspiria et de Phenomena, réalisés par Dario Argento, avec une touche de Carrie au bal du diable de Brian De Palma, ou même encore de Patrick de Richard Franklin, qui avait connu une suite (non autorisée et donc opportuniste) en Italie, Patrick vive ancora, mis en scène par Mario Landi. Tout cela pour dire que Aenigma est un pot-pourri de tout ce qui se faisait alors dans le genre horrifique, avec tous les codes du slasher qui arrivait franchement en bout de course. Et pourtant, cela fonctionne bien, Lucio Fulci conduit son train-fantôme comme une véritable attraction où certaines surprises font leur effet, d’autres non évidemment, mais on est à l’arrivée ravis d’y avoir pris place.

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Test Blu-ray / Une femme est passée, réalisé par Juan Antonio Bardem

UNE FEMME EST PASSÉE (Nunca pasa nada) réalisé par Juan Antonio Bardem, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 30 septembre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Corinne Marchand, Antonio Casas, Jean-Pierre Cassel, Julia Gutiérrez Caba, Alfonso Godá, José Franco, Rafael Bardem, Matilde Muñoz Sampedro…

Scénario : Juan Antonio Bardem, Henry-François Rey & Alfonso Sastre

Photographie : Juan Julio Baena

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Contrainte à rester hospitalisée dans un village espagnol en raison d’une crise d’appendicite, une artiste française déchaîne les passions et les rumeurs, d’autant plus que le médecin marié qui s’occupe d’elle commence à la désirer.

S’il y a bien un réalisateur espagnol que nous n’aurons de cesse de réhabiliter, c’est assurément Juan Antonio Bardem Muñoz (1922-2002), véritable institution dans son pays, car ayant profité de son art pour lutter contre le régime franquiste. Enfant de la balle, fils de parents comédiens, lui-même le frère de l’actrice Pilar Bardem et oncle du légendaire Javier (voilà, vous avez le lien, si vous vous posiez la question), Juan Antonio Bardem (son nom d’artiste, légèrement raccourci donc) est le metteur en scène du mythique Mort d’un cycliste Muerte de un ciclista, son film le plus célèbre, récompensé par le Prix FIPRESCI au Festival de Cannes, qui traite et dénonce les mœurs bourgeoises espagnoles sous le régime de Franco. On pourra aussi citer l’étonnant La Corruption de Chris MillerLa Corrupción de Chris Miller (1973), véritable giallo ibérique avec Jean Seberg, une adaptation en mini-série de L’Île mystérieuse (1973) de Jules Verne, avec Omar Sharif en capitaine Nemo. Et ce n’est qu’une petite partie d’une filmographie aussi rare que précieuse. Aujourd’hui, nous ajoutons à celle-ci Une femme est passéeNunca pasa nada (1963), l’un de ses plus beaux et grands longs-métrages. Derrière ce drame passionnel, Juan Antonio Bardem dresse le portrait d’une petite communauté, microcosme de la société espagnole, dont les rouages trop bien huilés vont subitement grincer en raison d’un grain de sable coincé dans la mécanique. Celui-ci prend l’apparence d’une jeune femme, une étrangère, une française, artiste, libre, dont la beauté insolente et l’activité de danseuse vont devenir le sujet unique de conversation. Magistralement réalisé par un cinéaste au sommet de son art et magnifiquement interprété par une distribution franco-ibérique, Une femme est passée est un sommet, un chef d’oeuvre dans la carrière d’un auteur qu’il est important de redécouvrir.

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Test DVD / Sur la route de papa, réalisé par Nabil Aitakkaouali & Olivier Dacourt

SUR LA ROUTE DE PAPA réalisé par Nabil Aitakkaouali & Olivier Dacourt, disponible en DVD le 18 octobre 2025 chez UGC.

Acteurs : Redouane Bougheraba, Caroline Anglade, Farida Ouchani, Jean-Stan du Pac, Oussem Kadri, Anouar Akerrouach, Laura Petrone, Lisa Montiège…

Scénario : Nabil Aitakkaouali & Hakim Zouhani

Musique : Cedryck Santens

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Prêt à partir en vacances, Kamel se retrouve obligé de changer ses plans à la dernière minute pour prendre la route du Bled avec sa mère. À bord de la vieille Renault 21, un long périple commence pour Kamel et sa famille. Sur la route de son passé, les souvenirs et les rancœurs refont surface, révélant toute la beauté des liens qui les unissent.

C’est un petit film sorti en catimini juste avant l’été 2025. Une comédie traditionnelle à la française, dont l’affiche s’orne d’un sempiternel et indéboulonnable fond bleu. Pas ou peu de noms connus sur cette devanture, à part celui de la délicieuse Caroline Anglade, révélée au grand public en 2018 par Franck Dubosc, dans le génial Tout le monde debout. Ce premier long métrage aura réussi à attirer 130.000 spectateurs, conquis par la chaleur humaine qui s’en dégage et la spontanéité des comédiens. Sur la route de papa est la première œuvre de deux réalisateurs et amis depuis vingt ans, Nabil Aitakkaouali (inconnu au bataillon) et Olivier Dacourt. Étrange parcours que pour dernier, puisqu’il s’agit d’un ancien joueur de football international français (RC Lens, Leeds United, AS Rome, Inter Milan), devenu consultant, puis réalisateur de documentaire (Ma part d’ombre, Je ne suis pas un singe, Papa, Le Crépuscule des champions), avant de passer à la fiction avec Sur la route de papa. Pas étonnant qu’un certain Robert Pirès, champion du monde 1998, fasse une apparition aussi gratuite que remarquée dans le film qui nous intéresse aujourd’hui. Celui qui se démarque facilement de cette tranche de vie est sans conteste l’excellent Redouane Bougheraba, frère des comédiens Ali Bougheraba et Ichem Bougheraba, ainsi que du réalisateur Hakim Bougheraba, auteurs, scénaristes et metteurs en scène des SEGPA et des SEGPA au ski, deux cartons (mérités) au box-office. Vraie gueule de cinéma, croisée dans Taxi 5 de Franck Gastambide, La Vie scolaire de Grand Corps Malade et Mehdi Idir et 14 Jours pour aller mieux d’Édouard Pluvieux, l’humoriste accède ici au premier rôle et s’en tire merveilleusement bien. Feel Good Movie, Sur la route de papa est sans doute inspiré de souvenirs personnels et fait appel à des acteurs qui apportent une authenticité attachante à ce récit, road movie forcément existentiel, bien écrit et rempli de beaux sentiments.

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Test Blu-ray / Les Copains d’Eddie Coyle, réalisé par Peter Yates

LES COPAINS D’EDDIE COYLE (The Friends of Eddie Coyle) réalisé par Peter Yates, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 22 octobre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Robert Mitchum, Peter Boyle, Richard Jordan, Steven Keats, Alex Rocco, Joe Santos, Mitchell Ryan, Peter MacLean…

Scénario : Paul Monash, d’après le roman de George V. Higgins

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Eddie Coyle est un bandit sans envergure qui vit de petits boulots, de trafic d’armes et de contrebande. Pour échapper à une condamnation et éviter de finir ses jours derrière les barreaux il accepte de travailler comme indicateur pour Dave Foley, un agent du FBI.

Peter Yates (1929-2011) n’est pas l’homme d’un seul film, quand bien même celui auquel on pense quand on évoque le réalisateur est évidemment Bullitt, son plus grand triomphe dans le monde et qui a largement contribué à consolider le mythe Steve McQueen. C’est avec Trois Milliards d’un coupRobbery (1967), polar britannique, qu’il se fait remarquer. Puis, c’est l’aventure américaine et là les années 1970 vont être aussi prolifiques que placées sous le signe du succès avec Les Quatre MalfratsThe Hot Rock (1972), adapté d’une des fabuleuses aventures de Dortmunder, personnage légendaire créé sous la plume de l’immense Donald Westlake, ou bien encore Ma Femme est dingueFor Pete’s Sake (1974), comédie avec Barbra Streisand. Si la postérité gardera aussi Les Grands fondsThe Deep (1977), tiré d’un roman de Peter Benchley, film d’action et d’aventure avec Robert Shaw, Jacqueline Bisset (et son t-shirt mouillé) et Nick Nolte, deux films demeurent obscurs, car passés inaperçus à leur sortie. Outre La Guerre de MurphyMurphy’s War (1971), dans lequel Peter O’Toole donne la réplique à Philippe Noiret, sur lequel nous sommes déjà revenus, l’autre joyau qui n’a eu de cesse de briller à nouveau aux yeux des cinéphiles n’est autre que Les Copains d’Eddie CoyleThe Friends of Eddie Coyle. Rapidement exploité dans les salles en 1973, cette chronique du crime de Boston est l’adaptation du roman éponyme de George V. Higgins, avocat et journaliste, dont l’originalité est de ne dévoiler l’intrigue qu’à travers les (fabuleux) dialogues, les divers personnages s’exprimant dans un argot du cru, ou même en langage codé, les malfrats évitant ainsi tous risques possibles s’ils sont mis sur écoute par les forces de l’ordre. Ou comment l’écrivain plonge ses lecteurs dans le petit monde des petits truands de la pègre. Grand succès dans les librairies, The Friends of Eddie Coyle voit ses droits être achetés par la Paramount, tandis que le scénariste Paul Monash (Les Vampires de Salem de Tobe Hooper), également producteur (Butch Cassidy et le Kid, Abattoir 5, Spéciale première, Carrie au bal du diable) monte le budget et transpose le best-seller pour l’écran. Robert Mitchum, au mitan de sa cinquantaine, entre La Fille de RyanRyan’s Daughter (1970) de David Lean et YakuzaThe Yakuza (1974) de Sydney Pollack, tient le rôle-titre, même si on lui avait dans un premier temps proposé celui qui sera campé par Peter Boyle. S’il n’apparaît qu’en pointillés, surtout dans la première partie, l’aura du monstre Mitchum plane sur tout le film. Longtemps oublié et même méconnu, aujourd’hui plébiscité et porté aux nues par les cinéphiles, Les Copains d’Eddie Coyle fait partie de ces trésors enfouis dans la filmographie de grands artisans – au sens noble du terme – du septième art, à l’instar des Flics ne dorment pas la nuit The New Centurions de Richard Fleischer, sorti quelques mois plus tôt. Peter Yates installe lui aussi une dimension documentaire dans son récit, dans un souci de réalisme, loin de tout romanesque ou refusant le spectaculaire (un braquage n’est après tout que le quotidien des salopards, rien de flamboyant donc), au profit d’une immersion authentique. Réhabilitons encore et toujours Les Copains d’Eddie Coyle !

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Test Blu-ray / L’Aigle à deux têtes, réalisé par Jean Cocteau

L’AIGLE À DEUX TÊTES réalisé par Jean Cocteau, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 16 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Edwige Feuillère, Jean Marais, Silvia Monfort, Jacques Varennes, W. Edward Stirling, Martine de Breteuil, Maurice Nasil, Gilles Quéant, Ahmed Abdallah, Jean Debucourt…

Scénario : Jean Cocteau, d’après sa pièce

Photographie : Christian Matras

Musique : Georges Auric

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Veuve depuis l’assassinat de son mari, la reine d’un royaume imaginaire vit recluse dans ses appartements, tandis que sa belle-mère cherche à s’emparer du trône. Un jeune anarchiste fait irruption dans sa chambre, décidé à la tuer. Contre toute attente, ils tombent amoureux l’un de l’autre, et décident de reprendre le pouvoir du royaume.

Avec plus de quatre millions d’entrées, La Belle et la Bête, premier long-métrage de Jean Cocteau, récompensé par le Prix Louis-Delluc 1946, est un triomphe aussi colossal qu’inattendu pour son auteur. Difficile donc de prévoir quel sera son second film, l’artiste touche-à-tout trouvant avec ce nouveau médium l’occasion d’explorer, d’inventer, de s’exprimer autrement sur ses obsessions, ses peurs, sa vision de l’humanité. Il jette finalement et rapidement son dévolu sur l’adaptation cinématographique de sa pièce – en trois actes – L’Aigle à deux têtes, grand succès des planches, qui s’est jouée pendant plus d’un an à guichets fermés et ce dès sa création en décembre 1946 au théâtre Hébertot à Paris. Pièce dite « historique », dans laquelle Jean Cocteau s’inspire de la mort de Louis II de Bavière (aka le roi fou) et celle de sa cousine Élisabeth d’Autriche (aka Sissi), L’Aigle à deux têtes était par essence un huis clos centré sur les liens entrecroisés et inévitables entre l’amour et le trépas. Pour sa transposition à l’écran, le dramaturge aère sa pièce en tournant quelques scènes en extérieur, afin de mieux planter son décor principal, celui du château, perdu au milieu de la campagne et dans lequel la reine vit avec le souvenir de son mari, mort le jour de leurs noces il y a dix ans, avant que le mariage ait pu être consommé. Souvent marqué par de (très) longues plages de dialogues et un manque de rythme, L’Aigle à deux têtes fascine par la prestation d’Edwige Feuillère, qui reprenait alors le rôle qu’elle avait campé sur scène. Il en est de même pour Jean Marais, étonnamment plus sobre que dans Les Parents terribles, qui sera pourtant filmé dans la foulée et sortira trois mois plus tard, fin 1948. Si l’engouement ne sera pas le même que pour celui rencontré avec La Belle et la Bête, L’Aigle à deux têtes remporte un beau succès dans les salles avec 2,4 millions d’entrées.

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Test Blu-ray / Les Parents terribles, réalisé par Jean Cocteau

LES PARENTS TERRIBLES réalisé par Jean Cocteau, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 16 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Jean Marais, Josette Day, Yvonne de Bray, Marcel André & Gabrielle Dorziat

Scénario : Jean Cocteau, d’après sa pièce

Photographie : Michel Kelber

Musique : Georges Auric

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Michel vit chez ses parents, Yvonne et Georges. Sa mère est possessive et jalouse. Au cours d’une nuit passée hors du domicile familial, le jeune homme fait la connaissance de Madeleine, dont il tombe amoureux. Yvonne est bien décidée à s’opposer à cette liaison.

À la base des Parents terribles, il y a bien sûr une pièce de théâtre, créée par Jean Cocteau lui-même dès novembre 1938 au Théâtre des Ambassadeurs à Paris. Un succès public monstre, mais un accueil froid, ou plutôt incendiaire de la part d’une grande partie de la critique, qui s’en prenait avant tout à l’auteur lui-même, qui selon ses dires, s’était beaucoup amusé à écrire une pièce de boulevard. Accompagnée d’un parfum de scandale, la pièce fut finalement interdite sous l’Occupation, sous prétexte qu’elle véhiculait une image immorale de la famille. Dix ans plus tard, après le triomphe international de La Belle et la Bête (4,2 millions d’entrées rien qu’en France) et le succès (moindre) de L’Aigle à deux têtes, Jean Cocteau décide de revenir à ses fameux Parents terribles et décide d’adapter sa pièce au cinéma, en reprenant quasiment le même casting. S’il faut accepter le fait que Jean Marais est désormais âgé de 35 ans, ce qui n’est guère réaliste pour incarner un jeune homme de 22 printemps, Les Parents terribles version grand écran ne s’enferme pas dans le piège du simple théâtre filmé, malgré l’ouverture montrant un rideau baissé et qui se met en mouvement après les fameux trois coups frappés. Jean Cocteau s’éloigne du simple champ-contrechamp et le réalisateur, très à l’aise avec la grammaire cinématographique, use du gros plan, du hors-champ, tout en livrant une vraie leçon de montage, épaulé pour cela par l’experte en la matière, Jacqueline Sadoul (Échec au porteur, La Femme et le pantin, Meurtre à Montmartre). Loin, très loin de ce que les détracteurs habituels de Jean Cocteau ont souvent fustigé, Les Parents terribles n’a rien de poussiéreux dans sa thématique. Certes, le jeu très emphatique de certains comédiens a pris du plomb dans l’aile, celui de Jean Marais surtout, mais l’histoire demeure foncièrement moderne, culottée, étonnante, bouleversante et teintée d’un humour noir à la fois provocateur et revigorant. Assurément l’un des meilleurs films de l’illustre Jean Cocteau et l’un de ses plus faciles d’accès.

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Test Blu-ray / …Et maintenant on l’appelle El Magnifico, réalisé par Enzo Barboni

…ET MAINTENANT, ON L’APPELLE EL MAGNIFICO (…E poi lo chiamarono il Magnifico) réalisé par Enzo Barboni, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD & Combo Blu-ray + DVD le 22 octobre 2025 chez Bubbel Pop’ Édition.

Acteurs : Terence Hill, Gregory Walcott, Yanti Somer, Dominic Barto, Harry Carey Jr., Dan Sturkie, Enzo Fiermonte, Danika La Loggia….

Photographie : Aldo Giordani

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Sir Thomas Moore, un pied tendre, est envoyé dans l’Ouest américain en espérant devenir un homme, mais il préfère la poésie aux coups de feu et la bicyclette au cheval. Un jour, il se frotte au gunman Morton qui convoite sa fiancée…

En 1971, la suite d’On l’appelle TrinitaLo chiamavano Trinità…, autrement dit On continue à l’appeler TrinitaContinuavano a chiamarlo Trinità pulvérise le score du premier épisode (déjà conséquent avec 8,7 millions d’entrées), en attirant plus de 14,5 millions de spectateurs dans les salles. Encore à ce jour, cette suite demeure dans le top 10 des plus grands succès du cinéma italien de tous les temps. Une troisième aventure de Trinta et Bambino est bien sûr envisagée, mais l’histoire ne convient pas à Bud Spencer, considérant qu’il n’est pas autant mis en valeur que son partenaire. Qu’à cela ne tienne, Terence Hill et le réalisateur Enzo Barboni (sous le nom de E.B. Clucher), remettent le couvert dans le genre comédie de western, mais désirent tenter de nouvelles choses. Ce sera donc …Et maintenant, on l’appelle El Magnifico…E poi lo chiamarono il Magnifico, titre qui fait évidemment le lien avec les deux Trinita, et dans lequel on retrouve une grande partie de l’équipe, devant comme derrière la caméra, tout comme les fayots encore fumants dans l’assiette. Malgré l’absence de l’ami Bud, le film d’Enzo Barboni rempliera encore les cinémas en 1972 et deviendra même le cinquième plus grand succès cette année-là, derrière le rouleau compresseur du Parrain The Godfather (22 millions d’entrées), Le Dernier Tango à Paris Ultimo tango a Parigi (15,6 millions), Maintenant, on l’appelle PlataPiù forte ragazzi! (10 millions, ou les retrouvailles de Bud & Terence) et Mimi métallo blessé dans son honneurMimì metallurgico ferito nell’onore (7,6 millions). Plus rare, surtout sur les écrans français (malgré les 733.000 entrées sur notre territoire), peu diffusé à la télé hexagonale, Et maintenant, on l’appelle El Magnifico reste méconnu chez nous. Il n’en reste pas moins que le spectacle demeure, même si Enzo Barboni assure le service minimum, empêtré d’ailleurs avec trop de personnages dont il ne sait plus quoi faire à un moment donné, au point de délaisser quelque peu sa tête d’affiche, qui met déjà un bon quart d’heure pour apparaître, après une exposition maladroite et un manque d’enjeux qui va persister durant les deux heures du long-métrage. Les amateurs de bastons risquent d’être déçus, puisque la première survient au bout d’une heure, Terence Hill y participant à peine. Les fans devront attendre la toute dernière partie pour cela. Entre-temps, pas grand-chose de mémorable. Mais le charme subsiste malgré tout…

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Test Blu-ray / À cheval sur le tigre, réalisé par Luigi Comencini

À CHEVAL SUR LE TIGRE (A cavallo della tigre) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 14 octobre 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : Nino Manfredi, Mario Adorf, Valeria Moriconi, Gian Maria Volontè, Raymond Bussières, Luciana Buzzanca, Ferruccio De Ceresa, Vincenzo Fortunati…

Scénario : Luigi Comencini, Furio Scarpelli, Agenore Incrocci & Mario Monicelli

Photographie : Aldo Scavarda

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Giacinto Rossi a été condamné à trois ans de prison pour vol et abus de confiance. Il a presque purgé sa peine quand trois codétenus profitent de son poste d’aide-infirmier pour lui demander de faciliter leur évasion. Giacinto devient leur complice sans savoir ce qu’ils mijotent…

Après l’énorme succès (international) du PigeonI Soliti Ignoti (1958), Age, Scarpelli et Mario Monicelli s’associent avec Luigi Comencini pour écrire À cheval sur le tigreÀ cavallo della tigre (ou comment expliquer qu’il est dangereux d’enfourcher un tigre, mais encore plus d’en descendre puisqu’on prend le risque de se faire bouffer), passerelle entre le cinéma néoréaliste et la comédie à l’italienne. Le cinéaste y dépeint la vie carcérale de manière réaliste, son univers, le quotidien des prisonniers et les cellules surchargées, tout en dressant le portrait d’un pauvre type malchanceux qui croyait avoir trouvé la bonne combine pour sortir sa famille de la panade. Nino Manfredi incarne Giacinto, emprisonné pour avoir simulé sa propre agression. C’était sans compter sur le témoignage d’un pêcheur un peu demeuré qui a assisté à toute la scène et qui le dénonce aussitôt que Giacinto lui demande d’appeler les secours. L’immense acteur italien joue à merveille les multiples facettes que lui offre le rôle de Giacinto, faible, mouchard, trouillard, en un mot un type banal. À cheval sur le tigre est un film drôle mais aussi émouvant et violent, mettant souvent mal à l’aise comme lorsque Giacinto est rossé par ses camarades de prison, cette scène étant d’un réalisme brut et inattendu. En préparant le film, Comencini étudie longuement la vie carcérale et va même jusqu’à rencontrer d’anciens évadés. Prenant le temps d’installer les personnages et l’univers de la prison durant les 50 premières minutes du film, À cheval sur le tigre devient ensuite une grande évasion faite de rapports humains, d’espoirs et de doutes où s’impose sans difficulté l’extraordinaire Nino Manfredi. Dissimulé entre deux monuments de la carrière du maître, La Grande PagailleTutti a casa et Le CommissaireIl commissario, À cheval sur le tigre, qui n’avait guère attiré les spectateurs à sa sortie, sans doute rebutés par la noirceur et la crasse du milieu dépeint, est à juste titre réhabilité depuis une vingtaine d’années.

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