Test DVD / La Cache, réalisé par Lionel Baier

LA CACHE réalisé par Lionel Baier, disponible en DVD le 19 juillet 2025 chez Blaq Out.

Acteurs : Michel Blanc, Dominique Reymond, William Lebghil, Liliane Rovère, Adrien Barazzone, Larisa Faber, Aurélien Gabrielli, Ethan Chimienti…

Scénario : Lionel Baier & Catherine Charrier, d’après le roman de Christophe Boltanski

Photographie : Patrick Lindenmaier

Musique : Diego, Lionel & Nora Baldenweg

Durée : 1h28

Année de sortie : 2025

LE FILM

Christophe, 9 ans, observe la vie de sa famille au travers de l’appartement de ses grands parents, rue de Grenelle à Paris, alors que nous sommes début mai 1968…

Pour l’auteur de ces mots, le réalisateur suisse Lionel Baier (né en 1975) est l’auteur d’un film devenu instantanément culte, Les Grandes ondes (à l’ouest), comédie géniale, road movie désopilant, tendre, à la fois réaliste et poétique, portée par l’explosive interprétation de Michel Vuillermoz et Valérie Donzelli. C’était déjà il y a plus de dix ans. Depuis, le cinéaste s’est penché sur le thème du suicide assisté (La Vanité, 2015), avant de bifurquer vers la télévision en 2018 avec le téléfilm Prénom: Mathieu, consacré à la dernière victime du sadique de Romont. 2022, il signe La Dérive des continents (au sud), troisième volet d’une tétralogie annoncée dès 2006 avec Comme des voleurs (à l’est). Ce qui nous amène à La Cache, adaptation personnelle et originale du roman autobiographique de Christophe Boltanski (Prix Femina 2015), qui lui permet d’aborder le thème de la Shoah (il est d’origine polonaise), sans recourir au film historique proprement dit. Un projet de longue date, que Lionel Baier a pu enfin concrétiser en trouvant l’approche qu’il recherchait alors, qui lui permettrait d’inclure également quelques éléments personnels liés à sa propre famille. Toutefois, si La Cache mérite d’être vu, c’est aussi parce qu’il s’agit de l’une des dernières apparitions de Michel Blanc au cinéma, mais surtout de son ultime film emballé avant sa disparition en octobre 2024. On regarde forcément La Cache avec un point de vue « faussé », avec sans doute plus d’empathie que de raison, quand bien même le comédien s’avère bouleversant. Qui plus est, la dernière scène du film, étant aussi la dernière à avoir été filmée par Michel Blanc, renvoie directement au Cirque, ou plutôt aux Temps modernes de Chaplin. Une très belle sortie de scène donc.

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Test Blu-ray / Les Clairons sonnent la charge, réalisé par Roy Rowland

LES CLAIRONS SONNENT LA CHARGE (Buggles in the Afternoon) réalisé par Roy Rowland, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 12 juillet 2025 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Ray Milland, Helena Carter, Hugh Marlowe, Forrest Tucker, Barton MacLane, George Reeves, James Millican, Gertrude Michael…

Scénario : Daniel Mainwaring & Harry Brown, d’après le roman de Ernest Haycox

Photographie : Wilfrid M. Cline

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Dégradé pour avoir giflé sur supérieur pendant la guerre de Sécession, le capitaine Shafter se réengage dans le 7ème de cavalerie en tant que simple soldat. Il se rend vite compte qu’il se trouve sous le commandement de Garnett, l’officier à l’origine de tous ses malheurs. Désireux de se débarrasser définitivement de cette recrue encombrante, Garnett lui confie une mission de reconnaissance contre les Sioux et dont il n’a que très peu de chances de revenir indemne.

Parmi les très nombreux artisans qui ont fleuri et fait le bonheur des studios hollywoodiens durant son âge d’or, un nom est sans aucun doute à réhabiliter, celui de Roy Rowland (1910-1995). Ce réalisateur d’une bonne cinquantaine de films, la moitié étant des courts-métrages, signés entre 1936 et 1941, se spécialisera dans le film noir et le western. Pourtant, aujourd’hui, il est difficile de donner quelques titres liés à ce metteur en scène. En dehors d’une transposition du Dr. Seuss (Les 5000 doigts du Dr. TThe 5,000 Fingers of Dr. T.), ce sont étonnamment ses derniers opus qui demeurent les plus célèbres, Surcouf, le tigre des sept mers Surcouf, l’eroe dei sette mari (coréalisé par Sergio Bergonzelli), avec Gérard Barray, et surtout Solo pour une blondeThe Girl Hunters, qui a pour particularité d’être une adaptation des aventures de Mike Hammer, dont le personnage est incarné par l’écrivain qui l’a créé, Mickey Spillane. Les Clairons sonnent la chargeBugles in the Afternoon est donc l’un des westerns de Roy Rowland et l’un des rares à avoir été tourné par Ray Milland, qui s’est toujours diversifié au fil de sa prolifique carrière. Ainsi, après le drame Ma vie à moiA Life of Her Own de George Cukor, dans lequel il donne la réplique à Lana Turner, le polar L’Enquête est closeCircle of Danger de Jacques Tourneur et la comédie loufoque Rhubarb, le chat millionnaire d’Arthur Lubin, le comédien revient au western, genre qui lui sied à ravir, six ans après Californie terre promise California de John Farrow. Un divertissement soigné, rempli d’action, de poursuites, de gunfights et d’émotion qui tient encore sacrément bien la route et qui vaut le détour. L’art de la série B.

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Test Blu-ray / Les Cavaliers, réalisé par John Ford

LES CAVALIERS (The Horse Soldiers) réalisé par John Ford, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre depuis le 6 novembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : John Wayne, William Holden, Constance Towers, Althea Gibson, Judson Pratt, Hoot Gibson, Ken Curtis, Willis Bouchey…

Scénario : John Lee Mahin & Martin Rackin, d’après le roman de Harold Sinclair

Photographie : William H. Clothier

Musique : David Buttolph

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Durant la guerre de Sécession, un détachement de cavalerie nordiste, sous les ordres du colonel Marlowe, est envoyé derrière les lignes ennemies, pour détruire les voies de chemin de fer. À ses côtés, le major Kendall. Les deux hommes, que tout oppose, sont contraints d’emmener avec eux Hannah Hunter, une aristocrate sudiste.

S’il n’est indubitablement pas le film le plus célèbre de John Ford, et pour cela dresser une liste serait sans doute non exhaustif, Les CavaliersThe Horse Soldiers restera toujours l’un de ceux que la critique et les spectateurs n’ont eu de cesse de réhabiliter. Oeuvre « malade », dans le sens où le cinéaste entreprit le film avec un scénario qu’il jugeait mauvais, voire inachevé, Les Cavaliers marque le retour au western de John Ford, genre qu’il avait « mis de côté » depuis trois ans et quatre films emballés depuis La Prisonnière du désert The Searchers. Juste après l’extraordinaire La Dernière fanfareThe Last Hurrah, son film le plus personnel (c’est dire son importance), le cinéaste retrouve John Wayne, qui de son côté paraît plus préoccupé par Alamo, qu’il s’apprête à produire, à réaliser et à interpréter. La star du western sort de Rio Bravo de Howard Hawks, alors tout va pour le mieux pour lui. Si John Ford accepte de récupérer Les Cavaliers, c’est que ce projet lui permet d’aborder frontalement un des sujets qui le passionnent le plus, la guerre de Sécession. Son expertise ne sera donc pas de trop, surtout pour rattraper l’écriture de John Lee Mahin (Le Grand Sam, Dieu seul le sait, Quo Vadis) et Martin Rackin (Les Aventures du Capitaine Wyatt, Violence à Jericho), également producteurs, basé sur un roman de Harold Sinclair, dont le travail restera vilipendé par le réalisateur. Bien sûr, Les Cavaliers ne saurait rivaliser avec les monuments de John Ford, d’autant plus que le western qui le liera à nouveau avec John Wayne sera L’Homme qui tua Liberty ValanceThe Man Who Shot Liberty Valance, néanmoins le divertissement est intact et total, tandis que le tandem John Wayne-William Holden crève l’écran.

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Test Blu-ray / Sex is Comedy, réalisé par Catherine Breillat

SEX IS COMEDY réalisé par Catherine Breillat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Anne Parillaud, Grégoire Colin, Roxane Mesquida, Ashley Wanninger, Dominique Colladant, Bart Binnema, Yves Osmu, Elisabete Piecho…

Scénario : Catherine Breillat

Photographie : Laurent Machuel

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2002

LE FILM

Jeanne réalise un long métrage intitulé Scènes intimes. Elle doit filmer une scène d’amour entre son acteur et son actrice principale. Jeanne doit gérer leurs sentiments pour les préparer au mieux à cette scène difficile, aidée par son assistant réalisateur qui lui sert de confident. Mais les comédiens ne semblent pas s’entendre et l’acteur rechigne à suivre les instructions de Jeanne.

Au début des années 2000, Catherine Breillat enchaîne les tournages. Portée par ce qui sera alors son plus grand succès, Romance (près de 350.000 entrées), la réalisatrice signe À ma sœur !, présenté à la Berlinale et récompensée dans de nombreux autres festivals, puis elle se tourne vers la télévision, pour le compte d’Arte, avec Brève Traversée. Catherine Breillat revient très vite au cinéma avec Sex is Comedy, dont le X est mis en surbrillance rouge sur l’affiche, comme il surmontait déjà le titre sur celle de Romance. Rétrospectivement, cet opus est sans aucun doute le plus autobiographique de son auteure, puisqu’elle se représente elle-même sur un plateau, en ayant recours à une « doublure », en l’occurrence la magnifique Anne Parillaud, dans un de ses meilleurs rôles. On pense à Prenez garde à la sainte putainWarnung vor einer heiligen Nutte (1971) de Rainer Werner Fassbinder, dans lequel une équipe de cinéma, lors d’un tournage, se trouve en butte à des difficultés de toutes sortes allant du retard du réalisateur, au défaut de matériel, de la jalousie, des conflits multiples. C’est une évidence, Catherine Breillat devait connaître ce grand classique du sulfureux cinéaste allemand avant d’entreprendre Sex is Comedy. Pour ce dernier, elle retrouve Roxane Mesquida, qu’elle avait déjà dirigé dans son précédent long-métrage et qui reprend plus ou moins le même rôle ici, avec une touche forcément méta. Si cette dernière n’a pas beaucoup de dialogues et passe la plus grande partie du film allongée sur un lit ou sur le sable, l’actrice, âgée de 21 ans crève l’écran par sa sensibilité à fleur de peau et sa beauté froide. Mais Anne Parillaud se taille évidemment la part du lion en clone de Catherine Breillat, boss du plateau qui peut être à la fois glaciale et vulgaire, comme extrêmement chaleureuse et tactile avec son équipe et sa distribution. Bien sûr, il y a beaucoup d’ego dans Sex is Comedy et l’on pourra souvent critiquer le fait que Breillat a dressé un autoportrait comme elle le souhaitait, sans contrepoint, mais elle le fait avec honnêteté, en ne se « montrant » pas non plus sous son meilleur jour, ni sous son meilleur profil. Sex is Comedy demeure l’un de ses films les plus accessibles, n’est pas exempt d’humour (loin de là), divertit et s’avère un beau témoignage sur une femme de cinéma.

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Test DVD / Natacha (presque) hôtesse de l’air, réalisé par Noémie Saglio

NATACHA (PRESQUE) HÔTESSE DE L’AIR réalisé par Noémie Saglio, disponible en DVD le 6 août 2025 chez Pathé.

Acteurs : Camille Lou, Vincent Dedienne, Didier Bourdon, Elsa Zylberstein, Antoine Gouy, Fabrice Luchini, Isabelle Adjani, Anne Charrier, Baptiste Lecaplain…

Scénario : Noémie Saglio & Laurent Turner, d’après la bande dessinée de François Walthéry & Gos

Photographie : Nicolas Massart

Musique : Erwann Chandon

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Depuis sa plus tendre enfance, Natacha est bien décidée à devenir hôtesse de l’air pour voyager et découvrir le monde. Quand elle se retrouve mêlée malgré elle au vol de la Joconde, elle y voit l’opportunité de réaliser enfin son rêve. Accompagnée d’un steward maladroit, elle traverse la France et l’Italie dans une course-poursuite qui pourrait bien changer sa vie…

Évoquons tout d’abord le plus brutal. Natacha (presque) hôtesse de l’air est probablement en passe de devenir le plus grand échec commercial français de l’année 2025 au cinéma. 16 millions d’euros de budget d’un côté, un peu plus de 100.000 entrées de l’autre, Minecraft, le film qui sort le même jour et écrase tout sur son passage, le choc a été rude, brutal pour cette comédie dont la réalisatrice Noémie Saglio rêvait depuis longtemps. Révélée grâce à la série Connasse, transposée au cinéma avec succès (Connasse, princesse des coeurs), puis avec l’excellent Toute première fois, coréalisé avec Maxime Govare, la cinéaste a ensuite connu plusieurs revers (Telle mère, telle fille, Parents d’élèves), avant de signer Nice Girls, comédie d’action avec Alice Taglioni et Stefi Celma, pour le compte de Netflix. Il faut croire que la plateforme a senti un potentiel chez Noémie Saglio, puisque le logo « N » accompagné d’un tintin ! apparaît au début de Natacha. Toujours est-il que les spectateurs, petits et grands, se sont complètement désintéressés de cette adaptation de la bande dessinée éponyme créée par le tandem Walthéry & Gos, publiée dès 1970 aux éditions Dupuis, plus d’une vingtaine d’albums vendus à plus de cinq millions d’exemplaires. Autant dire qu’un certain public aurait pu se rendre dans les salles pour découvrir cette pétillante transposition, mais cela n’a pas été le cas. Car oui, Natacha (presque) hôtesse de l’air est une réussite, faite avec le coeur, une âme (nous ne sommes pas ici devant Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu), une envie de cinéma, car le film est très beau à regarder, dynamique, très bien écrit, porté par une Camille Lou craquante et un Vincent Dedienne qui s’éclate. Une bonne humeur contagieuse. Vous l’aurez compris donc, Natacha (presque) hôtesse de l’air mérite plus qu’une seconde chance, une réhabilitation.

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Test 4K UHD / 1984, réalisé par Michael Radford

1984 (Nineteen Eighty-Four) réalisé par Michael Radford, disponible en Combo 4K Ultra HD + Blu-ray + Livret depuis le 18 décembre 2024 chez Rimini Éditions.

Acteurs : John Hurt, Richard Burton, Suzanna Hamilton, Cyril Cusack, Gregor Fisher, James Walker, Andrew Wilde, David Trevena…

Scénario : Michael Radford, d’après le roman de George Orwell

Photographie : Roger Deakins

Musique : Dominic Muldowney & Eurythmics

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Manipulant et contrôlant les moindres détails de la vie de ses sujets, Big Brother est le chef spirituel d’Oceania, l’un des trois États dont la capitale est Londres. Le bureaucrate Winston Smith travaille dans l’un des départements. Mais un jour il tombe amoureux de Julia, ce qui est un crime. Tous les deux vont tenter de s’échapper, mais dans ce monde cauchemardesque divisé en trois, tout être qui se révolte est brisé.

Dans toute bibliothèque normalement constituée trône habituellement un roman, 1984 écrit par George Orwell (1903-1950), dystopie publiée en le 8 juin 1949, sans doute l’un des livres les plus commentés et analysés de tous les temps. Nul besoin de disséquer cet ouvrage, d’ailleurs, nous n’aurons pas l’outrecuidance de contredire ou de seulement affirmer que nous sommes d’accord avec les théories d’un tel ou un autre. Nous nous focaliserons ici sur l’adaptation cinématographique la plus célèbre du roman, à savoir celle réalisée par Michael Radford en…1984. Avant cette transposition, 1984 aura déjà inspiré la petite lucarne et ce dès 1954 avec un téléfilm signé Rudolph Cartier, qui fit scandale outre-Manche par sa radicalité. Deux ans plus tard, c’est sur le grand écran que 1984 fait son apparition dans le film cette fois encore éponyme mis en scène par Michael Anderson (Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Le Secret du rapport Quiller, L’Âge de cristal, Orca), dans lequel on reconnaît Michael Redgrave et Donald Pleasence. D’autres moutures plus tard et nous voilà revenus à celle qui nous intéresse aujourd’hui. Michael Radford s’empare du livre de George Orwell et s’approprie seul le propos dense de l’écrivain, pour livrer son point de vue, sa vision, son interprétation. Et le résultat est magistral du début à la fin, immersif, anxiogène, inoubliable, sur le plan formel, ainsi que par l’interprétation virtuose de John Hurt, qui dans la peau de Winston Smith, signe l’une de ses plus grandes prestations. L’épilogue de 1984 version Radford, est de ceux qu’on n’oublie pas.

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Test Blu-ray / Le Marchand de Venise, réalisé par Michael Radford

LE MARCHAND DE VENISE (The Merchant of Venice) réalisé par Michael Radford, disponible en DVD et Blu-ray le 19 mars 2025 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Al Pacino, Jeremy Irons, Joseph Fiennes, Lynn Collins, Zuleikha Robinson, Kris Marshall, Charlie Cox, Heather Goldenhersh…

Scénario : Michael Radford, d’après la pièce de William Shakespeare

Photographie : Benoît Delhomme

Musique : Jocelyn Pook

Durée : 2h11

Date de diffusion initiale : 2004

LE FILM

Venise 1596. Afin de courtiser la belle Portia, Bassanio demande à son ami Antonio, un talentueux marchand, de lui prêter une forte somme. Contraint d’emprunter l’argent à l’usurier juif Shylock, Antonio promet de lui donner une livre de sa chair s’il ne peut rembourser le prêt à la date convenue.

Ceux qui ont eu la bonne idée de lire l’autobiographie d’Al Pacino intitulé Sonny Boy (Paris, éditions du Seuil, 2024), savent à quel point l’oeuvre de William Sheakespeare a été importante dans la vie du comédien né en 1940 et ce depuis ses débuts. En 1977, il joue Richard III au théâtre, puis Jules César, également sur les planches, avant de passer derrière la caméra pour réaliser et jouer dans Looking for Richard (1996), un documentaire sur la pièce Richard III, mi-adaptation, mi-documentaire sur le tournage de la pièce dans le film. Les années 2000 sont rétrospectivement les pires pour Al Pacino. Quelques titres ? Amours troubles Gigli de Martin Brest, 88 Minutes et La Loi et l’OrdreRighteous Kill de Jon Avnet…on va arrêter là. Certains évoqueront Memento de Christopher Nolan, mais non, cela reste un mauvais remake du film éponyme d’Erik Skjoldbjærg, qui ne vaut que pour la confrontation Pacino/Williams. C’est alors que débarque Le Marchand de VeniseThe Merchant of Venice, tourné entre La Recrue – The Recruit de Roger Donaldson  et Two for the Money de D. J. Caruso, un projet très personnel pour la star, dans lequel il tient le rôle de Shylock. Si la presse sera positive, le film se fera discret dans les salles, au point qu’il ne parviendra même pas en France autrement qu’en DVD en 2006. Cela est d’autant plus dommage que Le Marchand de Venise demeure le plus grand film d’Al Pacino depuis L’Enfer du dimancheAny Given Sunday d’Oliver Stone et il faudra attendre encore 2019 pour que le comédien retrouve encore de sa superbe dans The Irishman de Martin Scorsese, dans lequel il campe Jimmy Hoffa. Mais là nous en sommes en 2004 et Michael Radford, réalisateur acclamé pour 1984 et Le Facteur Il Postino, s’occupe de l’adaptation de la pièce de Shakespeare. Et c’est une immense réussite, plastique tout d’abord, mais aussi une œuvre passionnante à suivre. Si quelques bémols sont à signaler au niveau de la distribution, nous n’avons d’yeux que pour Al Pacino quand il apparaît à l’écran et ses scènes sont en tout point magistrales, virtuoses, inoubliables. Encore méconnu, même plus de vingt ans après, Le Marchand de Venise plaira sûrement aux passionnés et amateurs de Shakespeare, comme aux néophytes.

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Test 4K UHD / Vol à haut risque, réalisé par Mel Gibson

VOL À HAUT RISQUE (Flight Risk) réalisé par Mel Gibson, disponible en DVD, Blu-ray, 4K Ultra HD + Blu-ray – Boîtier SteelBook limité et 4K UHD chez Metropolitan Film & Video.

Acteurs : Mark Wahlberg, Michelle Dockery, Topher Grace, Leah Remini, Maaz Ali, Monib Abhat, Paul Ben-Victor, Eilise Patton…

Scénario : Jared Rosenberg

Photographie : Johnny Durango

Musique : Antonio Pinto

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

L’US Marshal Madelyn Harris est chargée d’escorter Winston, criminel et informateur, jusqu’à New York pour qu’il y témoigne contre un parrain de la mafia. Pendant leur voyage dans un petit avion volant au-dessus de l’Alaska, elle se méfie rapidement du pilote, Daryl Booth, qui ne semble pas être l’homme qu’il prétend être mais bel et bien un tueur à gages psychotique et sans limite.

Pour son sixième long-métrage comme réalisateur, Mel Gibson retrouve comme qui dirait « l’intimité » de son premier, L’Homme sans visageThe Man Without a Face, dans le sens où Vol à haut risqueFlight Risk ne saurait concourir dans la même catégorie que Braveheart, La Passion du ChristThe Passion of the Christ, Apocalypto et Tu ne tueras point Hacksaw Ridge. Presque dix ans après le grand succès rencontré par ce dernier (160 millions de dollars de recette, pour 40 millions de budget), l’ami Mel (oui oui, on l’aime toujours nous) revient par la petite porte, avec une production de 25 millions, un thriller qui fleure bon ce doux parfum des années 1990, tourné dans un décor quasi-unique (la carlingue d’un avion, un Cessna Grand Caravan pour être précis), pendant trois semaines seulement, avec une poignée de comédiens. Et ça marche ! Si le box-office a fait grise mine avec à peine 50 millions de billets verts dans la caisse, Vol à haut risque est un divertissement ô combien jouissif, immersif, nawak, jubilatoire, prenant, un spectacle du samedi soir assumé du début à la fin, qui montre une fois de plus le retour en grâce de la série B.

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Test Blu-ray / La Pie Voleuse, réalisé par Robert Guédiguian

LA PIE VOLEUSE réalisé par Robert Guédiguian, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Marilou Aussilloux, Grégoire Leprince-Ringuet, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Thorvald Sondergaard, Jacques Boudet…

Scénario : Robert Guédiguian & Serge Valletti

Photographie : Pierre Milon

Musique : Michel Petrossian

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2025

LE FILM

Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Pourtant une plainte pour abus de faiblesse conduira Maria en garde à vue…

Et c’est reparti ! À peine venions-nous de laisser Robert Guédiguian et sa clique rue d’Aubagne à Marseille dans Et la fête continue !, que nous retrouvons le cinéaste, toujours accompagné d’une partie de sa troupe, à l’Estaque, quartier du 16ème arrondissement situé au nord-ouest de la Cité Phocéenne. Un lieu qui lui tient particulièrement à coeur, qui l’a vu naître, qu’il a souvent filmé par le passé, mais qu’il avait délaissé depuis le magnifique Les Neiges du Kilimandjaro en 2011. Pour son 24ème long-métrage en près de 45 ans de carrière, Robert Guédiguian livre un opus réussi, du moins beaucoup plus que son précédent, quand bien même on pourra lui reprocher de s’adonner un peu trop au romanesque peu crédible en ce qui concerne ses plus jeunes personnages. Le metteur en scène offre à sa muse et épouse Ariane Ascaride, un personnage ambigu, dont les agissements demeurent condamnables, mais qui reste malgré tout attachant. Sans surprise, les meilleures scènes du film restent celles entre cette dernière et Jean-Pierre Darroussin (sa 19ème collaboration avec Robert Guédiguian), dont la simplicité, la complicité, l’alchimie, la tendresse, la chaleur humaine font mouche à tous les coups. La Pie Voleuse ne surprendra personne, en premier lieu les aficionados, mais ce moment suspendu n’a rien de déplaisant et réchauffe les sens.

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Test Blu-ray / Ailleurs, l’herbe est plus verte, réalisé par Stanley Donen

AILLEURS, L’HERBE EST PLUS VERTE (The Grass is Greener) réalisé par Stanley Donen, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Cary Grant, Deborah Kerr, Robert Mitchum, Jean Simmons, Moray Watson…

Scénario : Hugh Williams & Margaret Vyner, d’après leur pièce de théâtre

Photographie : Christopher Challis

Musique : Noel Coward

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Lord et Lady Rhyall ont dû ouvrir au public leur manoir anglais pour arrondir les fins de mois. Ils vivent avec leurs deux enfants dans quelques pièces du château, pendant que les touristes se bousculent dans le reste de l’immense demeure. Lady Rhyall cultive des champignons qu’elle vend au village, et le majordome supplie qu’on le renvoie pour faire des économies. Un jour, un millionnaire américain, Charles Delacro, pousse la porte marquée « privé » et tombe sous le charme de Lady Rhyall. Elle part à Londres, sous couvert d’habiter chez son amie Hattie et vit quelques jours de rêve avec l’Américain. Lord Rhyall n’est pas dupe, mais tient à garder sa femme sans se montrer jaloux. Il organise un week-end au manoir où les quatre protagonistes vont redistribuer les cartes.

C’est toujours un petit jeu sympa entre cinéphiles. Citez au moins cinq films réalisés par Stanley Donen ! Chantons sous la pluie Singin’ in the Rain (1952), oui évidemment. Drôle de frimousse Funny Face (1957), certes, avec Audrey Hepburn ! On continue ? Charade (1953) ! Bravo, ensuite ? Euh…Voyage à deux Two for the Road (1967) ? Évidemment, un de ses plus beaux d’ailleurs ? Et ? Ah oui, ça coince hein ? Pourtant, Stanley Donen aura signé près de trente longs-métrages en 35 ans. Alors, en regardant sa filmographie on peut aussi citer IndiscretIndiscreet (1958) et Arabesque (1966), mais c’est après que cela devient vraiment très difficile. Ailleurs, l’herbe est plus verteThe Grass Is Greener apparaît au mitan de la carrière du cinéaste. Cette troisième collaboration avec Cary Grant, après Embrasse-la pour moiKiss Them for Me (1957), Indiscret (1958) et trois ans avant Charade (1963), demeure étonnamment oubliée et ce malgré son casting quatre étoiles, qui comprend aussi Deborah Kerr, Robert Mitchum et Jean Simmons. Comédie dite de « remariage », Ailleurs, l’herbe est plus verte est une sucrerie acidulée, qui vaut essentiellement pour ses quatre têtes d’affiche prestigieuse, qui se renvoient la balle avec une dextérité forcément virtuose, même si l’histoire n’a il faut bien le dire rien de transcendant. À l’instar d’Indiscret, Stanley Donen reste enfermé dans un théâtre filmé, d’ailleurs le film est la transposition d’une pièce à succès signée Hugh et Margaret Vyner créée à Londres en 1956, et tout cela s’avère quelque peu étouffant, étant donné que l’action est la plupart du temps enfermée dans le manoir des Rhyall. Mais les cinéphiles ne manqueront pas de se pencher sur The Grass Is Greener, car passer 1h40 en compagnie de tels monstres, cela ne se refuse évidemment pas.

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