Test DVD / Late Night with the Devil, réalisé par Colin & Cameron Cairnes

LATE NIGHT WITH THE DEVIL réalisé par Colin & Cameron Cairnes, disponible en DVD et Blu-ray le 18 septembre 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : David Dastmalchian, Laura Gordon, Ian Bliss, Fayssal Bazzi, Ingrid Torelli, Rhys Auteri, Georgina Haig, Josh Quong Tart…

Scénario : Colin & Cameron Cairnes

Photographie : Matthew Temple

Musique : Glenn Richards

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

31 octobre 1977. Autrefois étoile montante du petit écran, Jack Delroy est confronté à la chute vertigineuse de l’audience de son émission. Déterminé à retrouver sa gloire perdue et à marquer les esprits, il planifie un show en direct «spécial Halloween». Mais durant cette nuit fatidique, Jack réalisera que le prix du succès peut être bien plus effrayant que ce qu’il avait imaginé…Les images des événements tragiques survenus ce soir-là ont été retrouvées.

Il y a des petits films qui sont précédés d’une réputation flatteuse, qui s’accompagnent d’une rumeur enthousiasmante et d’un bouche-à-oreille dithyrambique. C’était le cas pour Late Night with the devil et cela est amplement justifié. Ce long-métrage co-réalisé par les frères Cairnes, Cameron et Colin, leur troisième après 100 Bloody Acres (2012) et Scare Compaign (2016) s’amuse avec le genre périmé du found-footage et prend l’apparence d’un talk-show américain des années 1970, dont les bobines ont été retrouvées (celles de l’émission diffusée en live, mais aussi celles dévoilant les coulisses durant les publicités), divertissement nocturne qui a dégénéré le soir d’Halloween. Mieux vaut en savoir le moins possible sur Late Night with the Devil, petit bijou inattendu venu d’Australie, bourré d’idées et d’inventions, magistralement interprété par David Dastmalchian, formidable comédien croisé chez Denis Villeneuve (Prisoners, Dune, Blade Runner 2049), David Lynch (Twin Peaks : The Return), James Gunn (The Suicide Squad) et Christopher Nolan (Oppenheimer). Véritablement immersif, cet opus d’épouvante, également comédie-fantastique (l’humour noir fonctionne à plein régime), nous agrippe du début à la fin, joue habilement avec les nerfs, au point que l’on oublie le procédé de la « fausse » émission, tandis que l’étau se resserre à mesure que les événements inquiétants s’enchaînent pour notre plus grand plaisir, jusqu’au final aussi culotté que percutant. Les amateurs de frissons ne manqueront pas de réserver un bel accueil à Late Night with the Devil, parabole pertinente sur la course effrénée à l’audimat, qui n’a malheureusement pas connu d’exploitation dans les salles françaises, mais qui s’avère disponible en DVD et Blu-ray dans nos contrées.

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Test DVD / 14 jours pour aller mieux, réalisé par Édouard Pluvieux

14 JOURS POUR ALLER MIEUX réalisé par Édouard Pluvieux, disponible en DVD le 10 juillet 2024 chez Wild Side Vidéo.

Acteurs : Maxime Gasteuil, Romain Lancry, Lionel Abelanski, Estéban, Michel Boujenah, Nader Boussandel, Zabou Breitman, Chantal Lauby…

Scénario : Édouard Pluvieux, Lionel Dutemple & Maxime Gasteuil, d’après une histoire originale de Maxime Gasteuil & Benjamin Demay

Photographie : Laurent Brunet

Musique : Olivier Coursier & Audrey Ismaely

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Maxime, cadre ambitieux et cartésien, ne pense qu’à sa carrière et à son futur mariage avec Nadège, la fille de son patron. Au bord du burn-out, seul à ne pas s’en rendre compte, il se retrouve embarqué par son futur beau-frère Romain au beau milieu de son pire cauchemar… Un stage de bien-être encadré par Clara et Luc, un couple de « clairvoyants », avec des stagiaires plus lunaires les uns que les autres. 14 jours pour aller mieux, au cours desquels ses principes et préjugés vont être soumis au régime zénitude et bienveillance !

L’auteur de ces mots ne connaissait pour ainsi dire pas Maxime Gasteuil, humoriste avoisinant le million de followers sur Instagram et dont il avait eu vent tout de même d’un sketch (réussi) sur les prénoms que les bobos parisiens donnent à leurs enfants. Il accède ici au haut de l’affiche, après avoir fait quelques panouilles au cinéma dans Love Addict de Frank Bellocq, Mon bébé de Lisa Azuelos, Andy de Julien Weill, La Vie pour de vrai de Dany Boon ou bien encore Les SEGPA au ski d’Ali et Hakim Bougheraba. Maxime Gasteuil est un nom qui tourne, dont on entend parler. Après la télévision (La Petite histoire de France, D’argent et de sang), le voilà qu’il débarque sur grand écran, avec un projet monté sur ses épaules, dont il a eu l’idée et pour lequel il a coécrit le scénario avec Lionel Dutemple (Les Cadors, Brillantissime), Olivier Ducray (Et plus si affinités, Jumeaux mais pas trop), sans oublier Edouard Pluvieux, ce dernier signant également la mise en scène de 14 jours pour aller mieux. Complice de Kev Adams, dont il a réalisé Amis publics et la série Super High (ainsi que divers spectacles), Edouard Pluvieux livre un travail honnête derrière la caméra, même s’il se contente de suivre efficacement l’abattage de son épatante troupe de comédiens, menés par le dit Maxime Gasteuil. Si ce dernier manque indéniablement de charisme, il reste amusant, sympathique et attachant dans le rôle principal de 14 jours pour aller mieux, mais se laisse systématiquement voler la vedette par ses camarades de jeu, en premier lieu Zabou Breitman, explosive en clairvoyante à qui on ne le fait pas (et pour cause, puisqu’elle devine tout), et Romain Lancry, visage récurrent aux côtés du Palmashow, vu dans Taxi 5, Demi-sœurs, Les Crevettes pailletées (et sa suite) et 10 jours encore sans maman, hilarant dans le rôle du futur beau-frère de Maxime. Les scénaristes prennent pour cible les stages de bien-être et de développement personnel, cible ô combien facile et qui sont des blagues à part entière. Pourtant, 14 jours pour aller mieux s’inspire de ce que les auteurs ont pu vivre ou connaître en se rendant à ce genre de rencontres. Le film part alors dans tous les sens, enchaîne les petits numéros sans véritable rythme, mais avec un sens du joyeux bordel généralisé où Maxime Gasteuil a cette élégance de ne jamais tirer la couverture. Quelques bons mots, des moments drôles aussi bien sûr, mais typiquement le genre de comédie qui s’autodétruit instantanément après visionnage.

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Test DVD / Et plus si affinités, réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance

ET PLUS SI AFFINITÉS réalisé par Olivier Ducray & Wilfried Méance, disponible en DVD le 7 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : Isabelle Carré, Bernard Campan, Pablo Pauly, Julia Faure…

Scénario : Olivier Ducray, Wilfried Méance & Jean-Paul Bathany, d’après le scénario original de Cesc Gay

Photographie : Stéphan Méance

Musique : Alexis Rault

Durée : 1h13

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Usé par vingt-cinq ans de vie commune, le couple formé par Xavier et Sophie semble à bout de souffle. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’idée de Sophie d’inviter à dîner leurs voisins, Adèle et Alban, n’enchante pas Xavier. Il reproche à ce couple, visiblement très amoureux, son manque de discrétion, surtout la nuit ! Au contact de ces voisins aux mœurs débridées, Xavier et Sophie vont devoir se confronter à leur réalité, avant d’être poussés dans leur retranchement par une proposition quelque peu… indécente.

Indiquer sur une affiche de cinéma qu’un film a été « le coup de coeur du Festival international du film de comédie de l’Alpe d’Huez » n’est certainement pas vendeur auprès du public. Ainsi, après le four monumental rencontré par 38°5 quai des Orfèvres de Benjamin Lehrer, Et plus si affinités d’Olivier Ducray et Wilfried Meance n’a guère traîné les spectateurs dans les salles à sa sortie et ce malgré le double prix d’interprétation remporté au festival en question, sans oublier le Prix du public et le Prix spécial du jury. Il faut dire que cette comédie, par ailleurs remake de Sentimental, film espagnol réalisé par Cesc Gay, ne fonctionne absolument pas, en raison de personnages détestables, méprisants, sectaires et mesquins, nullement sympathiques et qui apparaissent d’emblée antipathiques. Les acteurs font ce qu’ils peuvent, en premier lieu Isabelle Carré et Bernard Campan, dans leur troisième collaboration après Se souvenir des belles choses de Zabou Breitman et La Dégustation d’Ivan Calbérac (qu’ils avaient aussi joué sur scène), mais rien n’y fait, on se désintéresse quasiment instantanément du sort de Xavier et de Sophie, petits bourgeois enfermés dans leur petite vie et leur 100m² (au bas mot) dans un beau quartier de la capitale. Mais c’était sans compter sur la rencontre avec un couple de voisins chauds comme la b(r)aise, devant lesquels ils vont enfin se rendre à l’évidence, ils s’ennuient à fond, chacun de leur côté et ils ne sont plus que l’ombre de ce qu’ils étaient. Olivier Ducray et Wilfried Méance, en collaboration avec Jean-Paul Bathany présentent un homme et une femme dont l’aigreur a eu raison de leurs rêves, espoirs, fantasmes, qui vivent cloîtrés entre quatre murs, en apnée. Et plus si affinités est un huis clos qui ne laisse justement jamais respirer ses protagonistes et encore moins les spectateurs (un ou deux plans en extérieur, le même d’ailleurs, histoire d’aérer un peu), qui trouvent le temps long malgré la très courte durée du film (73 minutes, générique de fin compris) et qui n’a de cesse de s’enliser au fil d’un récit extrêmement maladroit et surtout mal écrit.

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Test DVD / N’avoue jamais, réalisé par Ivan Calbérac

N’AVOUE JAMAIS réalisé par Ivan Calbérac, disponible en DVD le 28 août 2024 chez Wild Side Video.

Acteurs : André Dussollier, Sabine Azéma, Thierry Lhermitte, Joséphine de Meaux, Sébastien Chassagne, Gaël Giraudeau, Michel Boujenah, Céline Esperin, Frédéric Deleersnyder

Scénario : Ivan Calbérac

Photographie : Philippe Guilbert

Musique : Laurent Aknin

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 2024

LE FILM

Après 50 ans de mariage, François Marsault, général à la retraite, est encore fou amoureux d’Annie, sa femme. Lorsqu’il découvre qu’elle l’a trompé 40 ans plus tôt, son sang ne fait qu’un tour. Afin de laver son honneur, une seule solution : la quitter et partir manu militari retrouver Boris, l’ancien amant, pour lui casser la figure. Mais à son âge, l’affaire n’est pas si simple…

Ils forment l’un des couples (ou tandems) les plus connus du cinéma français, à l’écran si cela est nécessaire de le préciser. Au cours de ces quarante dernières années, André Dussollier et Sabine Azéma ont partagé la même affiche plus de dix fois, de Tanguy (et sa suite mal aimée) aux Herbes folles, en passant par La Chambre des Officiers, Coeurs, Aimer, boire et chanter…Avec N’avoue jamais, nous ne sommes sûrement pas chez Alain Resnais, qui les a souvent réunis à l’écran, mais cela n’empêche pas les deux comédiens de s’amuser à fond dans ce vaudeville réalisé par Ivan Calbérac (lauréat du Molière de la meilleure comédie 2019 avec La Dégustation), comédie de boulevard que l’on pourrait très bien imaginer être jouée sur une scène, mais qui bénéficie ici de superbes décors naturels et donc d’une respiration bienvenue. Le duo est évidemment parfait, leur alchimie fait le sel de N’avoue jamais, même s’ils sont excellemment entourés par une distribution aux petits oignons. Tout le monde (y compris le public, heureusement) se délectent de dialogues vachards, finement ciselés à leur attention et quand bien même on pourrait critiquer de grandes et grosses facilités d’écriture, on passe un très bon moment devant ce spectacle très frais, bourré d’énergie (contagieuse), qui a su attirer près de 600.000 spectateurs à sa sortie.

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Test DVD / The Dive, réalisé par Maximilian Erlenwein

THE DIVE réalisé par Maximilian Erlenwein, disponible en DVD & Blu-ray le 18 octobre 2023 chez Wild Side Video.

Acteurs : Sophie Lowe, Louisa Krause & Chris Cleveland

Scénario : Maximilian Erlenwein & Joachim Hedén, d’après une histoire originale de Joachim Hedén

Photographie : Frank Griebe

Musique : Volker Bertelmann & Raffael Seyfried

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 2023

LE FILM

Deux sœurs, Drew et May, sont des plongeuses expérimentées. Lors d’un entraînement, un glissement de terrain se produit et un rocher tombe sur May. Elle est piégée sous l’eau, et Drew doit trouver un moyen de la sauver avec l’oxygène qui se raréfie pour les deux sœurs…

Sorti en 2023, The Dive est ni plus ni moins le copier-coller du film Breaking Surface, quatrième long-métrage de Joachim Hedén, récompensé à deux reprises aux Guldbagge Awards, l’équivalent suédois des Césars. En toute franchise, l’auteur de ces mots a découvert The Dive sans savoir qu’il s’agissait d’un remake et l’a beaucoup apprécié. Néanmoins, afin de pouvoir comparer les deux versions, le film original a été visionné quelques jours après. En restant le plus objectif possible, disons que The Dive est un survival tout ce qu’il y a de plus honnête, bien mis en scène et surtout porté par deux formidables actrices, l’australienne – née au Royaume-Uni – Sophie Lowe (vue dans Perfect Mothers d’Anne Fontaine et en 2011 dans la mini-série La Gifle) et l’américaine Louisa Krause (Skin, Dog Eat Dog, Dark Waters), sur lesquelles reposent quasiment intégralement le film. Mais au jeu des comparaisons, il n’est pas interdit de préférer Breaking Surface, avec ses magnifiques décors norvégiens, naturels et sauvages, qui apportent un cachet supplémentaire au récit, ainsi qu’un côté sans doute plus brut et resserré que The Dive, dont l’histoire parfois composée de flashbacks, ou de réminiscences plutôt, est plus chaotique. Toutefois, la réalisation de l’allemand Maximilian Erlenwein ne plagie pas obligatoirement celle de son confrère et trouve son propre style, même si pour cela il dispose de moyens plus conséquents avec un budget cinq fois supérieur. De ce fait, mettre en parallèle Breaking Surface et The Dive fait penser à la correction une dissertation, pour voir comment deux cinéastes parviennent à donner leur interprétation personnelle sur un sujet identique. Aimer les deux travaux rendus est donc possible et The Dive est largement recommandable et à placer aux côtés du récent Fall de Scott Mann.

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Test Blu-ray / Poker Face, réalisé par Russell Crowe

POKER FACE réalisé par Russell Crowe, disponible en DVD & Blu-ray le 11 octobre 2023 chez Wild Side Video.

Acteurs : Russell Crowe, Liam Hemsworth, RZA, Aden Young, Steve Bastoni, Daniel MacPherson, Brooke Satchwell, Paul Tassone, Elsa Pataky…

Scénario : Russell Crowe & Stephen M. Coates

Photographie : Aaron McLisky

Musique : Matteo Zingales & Antony Partos

Durée : 1h34

Date de sortie initiale: 2022

LE FILM

Dans le monde du poker à gros enjeux et de la finance internationale, un milliardaire de la technologie prend de gros risques…

Cela arrive parfois. On se dit, « tiens il devient quoi ce bon vieux Russell Crowe ? ». Le lauréat de l’Oscar du meilleur acteur pour Gladiator (2000) a pourtant toujours été présent, même si moins sur le devant de la scène ou dans des rôles plus étoffés, comme si le comédien néo-zélandais avait été obligé de prendre du ventre pour apporter une épaisseur aux personnages moins ambitieux qu’on lui offrait d’interpréter. S’il a bossé avec Ridley Scott, Paul Haggis, Tom Hooper, Zack Snyder, Darren Aronofsky et Shane Black, Russell Crowe n’a plus cette stature ou cette aura qui l’accompagnaient à la bonne époque de Révélations The Insider de Michael Mann, Master and Commander : De l’autre côté du monde Master and Commander: The Far Side of the World de Peter Weir et Un homme d’exception A Beautiful Mind de Ron Howard. Hormis l’enthousiasmant Enragé Unhinged de Derrick Borte, ce n’est pas sa minable participation au pitoyable Thor: Love and Thunder de Taika Waititi qui redorera son blason. Qu’à cela ne tienne, le sieur Crowe décide de repasser lui-même derrière la caméra, vingt ans après avoir tâté du documentaire (Texas, 60 Odd hours in Italy), avec le drame historique La Promesse d’une vie The Water Diviner (2014), dans lequel il s’octroie le rôle principal aux côtés d’Olga Kurylenko. Le film obtient de bonnes critiques, mais passe complètement inaperçu. Russell Crowe réitère l’expérience avec Poker Face, étrange thriller qu’il a coécrit avec Stephen M. Coates. Pourquoi « étrange », car Poker Face semble constamment avoir le cul entre deux chaises, autrement dit hésiter entre divers genres, sans véritablement trancher et qui paraît survoler plusieurs sujets du début à la fin, sans chercher à approfondir quoi que ce soit. Accompagné d’avis négatifs, Poker Face n’est pourtant pas déshonorant, surtout au niveau de la mise en scène, élégante et même parfois stylisée, mais le fond demeure tellement opaque que beaucoup de spectateurs risquent d’être décontenancés voire découragés d’aller à la fin. À vous de voir.

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Test Blu-ray / Seuls les anges ont des ailes, réalisé par Howard Hawks

SEULS LES ANGES ONT DES AILES (Only Angels Have Wings) réalisé par Howard Hawks, disponible en Édition Mediabook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 7 juillet 2021 chez Wild Side Video.

Acteurs : Cary Grant, Jean Arthur, Richard Barthelmess, Rita Hayworth, Thomas Mitchell, Allyn Joslyn, Sig Ruman, Victor Kilian…

Scénario : Howard Hawks & Jules Furthman, d’après une histoire Plane From Barranca d’Howard Hawks

Photographie : Joseph Walker

Musique : Dimitri Tiomkin

Durée : 2h01

Date de sortie initiale: 1939

LE FILM

En escale à Barranca, petit port bananier d’Amérique du Sud, Bonnie Lee rencontre les pilotes de l’équipe aéropostale de ce lieu hors du temps, où l’on meurt comme on vit : avec bravoure. D’emblée, l’artiste new-yorkaise est subjuguée par le séduisant et intrépide Geoff Carter, qui dirige la compagnie et n’est pas le genre d’homme à laisser des sentiments interférer dans ses missions et dans son monde, où le danger est omniprésent et où tout peut basculer en un instant, au gré du hasard et des tempêtes…

S’il n’est pas aussi connu que la plupart des autres monuments qui composent l’exceptionnelle filmographie de son réalisateur, Seuls les anges ont des ailes Only Angels Have Wings d’Howard Hawks (1896-1977) n’a eu de cesse d’être réévalué et redécouvert. Plus de 80 ans après sa sortie, cette œuvre magistrale laisse pantois par sa modernité (hormis les modèles réduits bien visibles c’est vrai…), par sa fougue, par sa beauté. Merveilleusement mis en scène, ce film d’aventures condense tous les thèmes, les obsessions et les motifs propres à son auteur : l’amitié virile, l’héroïsme, les rapports entre les hommes et les femmes, la notion de groupe, l’homme face à (ou en osmose avec) la machine (coucou David Cronenberg !), un triangle amoureux (avec ici une ex-compagne qui ressurgit), le courage, la femme forte…Seuls les anges ont des ailes marque également la seconde collaboration (sur cinq) entre le cinéaste et Cary Grant, un an après le sublime – et pourtant échec critique et commercial à sa sortie – L’Impossible monsieur Bébé Bringing Up Baby. Changement de registre pour les deux hommes, car même s’il reste ponctué par quelques touches d’humour, Only Angels Have Wings est savoureux un mélange des genres, entre rires et larmes, un divertissement remarquable, pour ne pas dire total, qui n’omet jamais l’émotion au milieu de séquences spectaculaires, tout en dressant les portraits psychologiques d’une poignée de personnages catapultés au milieu de nulle part, réunis et soudés contre les dangers de leur profession, mais où la vie et le plaisir d’exister sont sans cesse célébrer. C’est beau, superbe même, c’est du grand et vrai cinéma.

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Test Blu-ray / Stars 80, la suite, réalisé par Thomas Langmann

STARS 80, LA SUITE réalisé par Thomas Langmann, disponible en DVD et Blu-ray le 1er août 2018 chez Wild Side Video

Acteurs : Richard Anconina, Patrick Timsit, Bruno Lochet, Lio, Jean-Marc Généreux, Jean-Luc Lahaye, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Sabrina…

Scénario : Thomas Langmann

Photographie : Éric Guichard

Musique : Marc Chouarain

Durée : 1h52

Année de sortie : 2017

LE FILM

Vincent et Antoine, fatigués des tournées qui rencontrent un grand succès depuis quatre ans, décident de partir en vacances avec toute la troupe Stars 80. Mais ils découvrent que leur comptable, Maurice, s’est tiré avec la caisse et qu’ils sont ruinés et menacés de dépôt de bilan. Afin de régulariser la situation, ils vont organiser le concert du siècle au Stade de France avec les plus grandes stars.

Thomas Langmann a eu le nez fin avec Stars 80. Du moins autant qu’il le pouvait s’il ne l’avait pas obstrué par la coke. En réunissant devant la caméra et dans leur propre rôle les chanteurs Début de Soirée, Desireless, Cookie Dingler, François Feldman, Emile et Images, Patrick Hernandez, Jean-Luc Lahaye, Léopold Nord & Vous, Lio, Jean-Pierre Mader, Jeanne Mas, Gilbert Montagné, Peter et Sloane, Sabrina, Jean Schultheis, et même l’animateur Marc Toesca, autour de Richard Anconina et Patrick Timsit, cette « comédie-musicale populaire » aura attiré près de deux millions de spectateurs en 2012 et cartonné lors de sa diffusion sur TF1. Production de 20 millions d’euros, le film aura surtout servi de bande-annonce de luxe pour la tournée du même nom. Autant dire que Thomas Langmann n’allait pas en rester là.

Alors qu’on se doute bien que Frédéric Forestier, co-réalisateur sur le premier opus (ainsi que sur Le Boulet et le navrant/bling-bling Astérix aux Jeux Olympiques), tenait essentiellement la barre (technique) de l’entreprise, Langmann a cette fois décidé de faire cavalier seul. Tant mieux, car le résultat est absolument catastrophique et l’entière responsabilité de cet échec (copyright Lionel J.) est entièrement imputable à son « auteur » et « metteur en scène ». Tandis que Stars 80 faisait office de jukebox et de karaoké en misant sur la nostalgie des années 80, cette suite parvient à repousser les limites de la connerie, de la laideur et devrait même être étudiée dans les écoles de cinéma pour apprendre aux étudiants ce qu’il ne faut pas faire.

Thomas Langmann jette de la poudre aux yeux, pendant ce temps il évite ainsi de s’en mettre ailleurs, filme le vide intersidéral, en se foutant complètement du montage (exécrable), de la narration ou de la direction d’acteurs. Certes, les chanteurs sont quasi-tous mauvais, ce n’est pas leur boulot de jouer la comédie, mais ils parviennent tous à être à côté de la plaque. Thomas Langmann ne s’encombre pas de scénario, faut quand même pas déconner. Il reprend ainsi le canevas du premier opus, change deux ou trois choses, ou plutôt deux ou trois chansons, histoire de faire passer la pilule. D’ailleurs, il semble que tout le budget ait été englouti dans les droits des chansons, plus internationales (Kool & the Gang, Elton John, Frankie Goes to Hollywood) avec même une escapade à Los Angeles et Las Vegas, afin de donner au film un cachet plus « confortable » que le premier.

Mais la grande arnaque du film vient surtout du concept lui-même. Comme la plupart des protagonistes de Stars 80 ont déjà interprété leur principal tube dans le précédent, ils se retrouvent ici à chanter des chansons d’autres interprètes autour d’un piano, ou à voir leurs « performances » sur scène transformées en montage-séquence sur une musique, en l’occurrence le Love Theme de Flashdance de Giorgio Moroder ! Ajoutez à cela des séquences qui s’enchaînent à la truelle, des plans de réaction sur les protagonistes qui passent 1h50 à sourire à s’en décrocher la mâchoire ou à baisser les yeux quand ils sont tristes, un Anconina au bord de la syncope (quelle tristesse), un Timsit qui espère qu’on ne lui en voudra pas. Sans oublier un épisode interminable à Courchevel où l’équipe nous refait Les Bronzés font du ski dans la poudreuse (mais arrêtez avec Langmann !!!), un Gilbert Montagné obligé de faire des blagues sur sa cécité, Jean-Luc Lahaye qui se caresse l’entrejambe en regardant des demoiselles qui s’évanouissent devant lui, Jean Schultheis qui se recoiffe, Phil Barney (qui remplace François Feldman) moulé dans un pull de Noël. C’est apocalyptique, comme une relecture de Freaks où les créatures liftées, aux dents blanchies et emperruquées qui ont leur moment de gloire il y a plus de trente ans seraient exposées à la vue de tous comme en leur temps la femme à barbe ou l’homme tronc. C’est même difficile d’en parler tant ce cirque Barnum est hideux.

La participation du danseur et chorégraphe québécois Jean-Marc Généreux devrait relancer le débat sur l’euthanasie, celle de Sabrina permet à Langmann de plagier les Blues Brothers (comme le premier épisode quoi) et Sister Act en une seule séquence sur fond de I’m so Excited des Pointer Sisters, Chico & les Gypsies ont vu de la lumière et ont installé leurs caravanes sur le plateau. En fait, plus le film avance, plus il devient catastrophique avec une technique qui s’effondre de tous les côtés. Jusqu’au final voulu larmoyant, qui convoque LA star que personne ne s’attendait, sans doute pas l’intéressé lui-même, puisqu’il s’agit de Renaud. Filmé sur fond vert, entouré de gamins habillés comme lui, le chanteur essaye d’entonner Mistral Gagnant, comme s’il était lui-même gêné de se retrouver dans toute cette boue. Le bouzin se termine alors avec sa voix défaillante « Meeerci Stars 80 ! », puis image figée sur le cast principal qui fait la tronche, fondu en noir, générique, karaoké.

Stars 80, la suite est un vrai film expérimental. Seul sur le pont, Thomas Langmann se noie en emportant avec lui tout son équipage. Un bon retour de boomerang dans la tronche qui s’est soldé par un échec cuisant dans les salles cette fois.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Stars 80, la suite, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur Celebration de Kool & The Gang.

Alors…évoquons rapidement les éléments les plus courts, à savoir une bande-annonce, le karaoké du film (6’) et l’avant-première à la Rochelle (2’30) où les stars déambulent sur le tapis rouge.

Deux scènes coupées (3’30), aussi pathétiques que ce qui a été gardé au montage final et dont on se demande pourquoi elles ont donc été écartées, sont également disponibles. Dans la première, Richard Anconina se reçoit un seau d’eau sur la tronche (rires), tandis que dans la seconde, Peter et Sloane se prennent la tête dans la piscine (bis).

L’éditeur joint également six featurettes promotionnelles (de 3 minutes chacune en moyenne) centrées sur les propos de l’équipe (« on est tous des potes », « on est une famille », « Thomas Langmann est le meilleur réalisateur », « Y’avait toujours de la farine sur le plan de travail du metteur en scène ») et l’ambiance du tournage. Un des modules fait de la pub pour une jeune comédienne, qui interprète une serveuse se joignant à la troupe le temps d’une chanson.

L’Image et le son

Ce master HD de Stars 80, la suite en met plein la vue. La photo du chef opérateur Eric Guichard (L’Ecole buissonnière), fait la part belle aux couleurs clinquantes et aux paillettes magnifiquement restitués grâce au Blu-ray. La définition pimpante offre un piqué sans cesse aiguisé, des contrastes léchés, des noirs denses, une luminosité de tous les instants et une profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan du cadre large, le relief ne cesse d’étonner. En un mot, resplendissant.

Cette fausse comédie-musicale à la française vous donne l’occasion de transformer votre installation sonore en véritable jukebox des années 80. Le mixage DTS-HD Master Audio 7.1 (oui oui) ne se fait pas prier avec les basses. La balance frontale est riche et exemplaire, les dialogues solidement plantés sur la centrale et les latérales ne cessent d’exsuder leurs effets et ambiances. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Mika Cotellon / Wild Side Video / Sandrine Gomez / Alain Guizard Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Garde alternée, réalisé par Alexandra Leclère

GARDE ALTERNÉE réalisé par Alexandra Leclère, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2018 chez Wild Side Video

Acteurs :  Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Isabelle Carré, Hélène Vincent, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Jackie Berroyer…

Scénario :  Alexandra Leclère

Photographie : Jean-Marc Fabre

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h44

Année de sortie : 2017

LE FILM

Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d’accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie.

En dehors de Maman en 2012, la réalisatrice Alexandra Leclère demeure abonnée aux succès publics depuis son premier long métrage Les Soeurs fâchées, sorti en 2004, qui avait attiré près d’1,5 million de spectateurs dans les salles. Après la rencontre Catherine Frot / Isabelle Huppert, la cinéaste enchaînait avec une seconde réussite commerciale, Le Prix à payer (2007, 1,4 million d’entrées) avec Christian Clavier et Nathalie Baye. Son quatrième film, Le grand partage, comédie dite chorale, avait réussi à rassembler plus d’un million de spectateurs durant l’hiver 2015 malgré une critique désastreuse. Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour, sort sur les écrans Garde alternée, la nouvelle comédie de la réalisatrice. Elle retrouve ici Didier Bourdon et Valérie Bonneton, qu’elle avait fait tourné dans son précédent long métrage, auxquels se joint l’excellente Isabelle Carré. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté du trio vedette, rien, absolument rien ne fonctionne malgré les quelques bonnes bases en ouverture.

Garde alternée est un film bien consternant, rempli de clichés, de bons sentiments qui prennent le pas sur la soi-disant méchanceté des personnages. Les acteurs ont l’air eux-mêmes fatigués de débiter des dialogues au rabais. La mise en scène et les décors font penser à une série du style Fais pas ci, fais pas ça ou Scènes de ménages, un épisode à rallonge, étouffant, interminable et surtout pas drôle. Et tout devient alors extrêmement gênant.

Sandrine (Valérie Bonneton) et Jean (Didier Bourdon) sont mariés depuis quinze ans et ont deux enfants découlant de leur union. Jean trompe sa femme avec Virginie depuis quelque temps. Sandrine trouve l’idée de garde partagée de son mari afin de conserver l’équilibre familial. Jean partage alors sa vie entre sa femme et sa maîtresse en alternance. Mais tout devient alors plus compliqué.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandra Leclère semble repousser les limites à chaque nouveau film. Si Les Soeurs fâchées était un premier film très prometteur, jamais la réalisatrice n’a su retrouver l’inspiration dans ses opus suivants. Alors oui le casting est sympathique, les trois comédiens principaux rivalisent d’énergie, de grimaces et se mettent même à poil devant la caméra. Ils sont d’ailleurs bien entourés avec Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hélène Vincent (déchaînée) et Jackie Berroyer, mais tout cela au service d’un très mauvais marivaudage, qui met souvent profondément mal à l’aise.

Quel marasme ! Le pire est de voir s’enfoncer les personnages, les acteurs donc, dans des situations de plus en plus déplacées, vulgaires et idiotes, jusqu’au dénouement complètement irresponsable et d’une crétinerie sans nom. On ne sait pas trop où Alexandra Leclère veut en venir. Le polyamour ? L’adultère ? Le ménage à trois ? Le désir dans le couple ? Il y a de tout cela dans Garde alternée, mais c’est tellement mal écrit et réalisé que ces 105 minutes demeurent insupportables du début à la fin.

On ne saurait que trop conseiller à la cinéaste de revoir son premier film, dont l’ambition semble déjà bien loin. Alexandra Leclère semble vouloir se consacrer à la comédie bas de gamme reposant sur des noms susceptibles d’attirer les spectateurs. Ce qui n’a pas été le cas pour Garde alternée puisque le film n’aura pas franchi la barre des 500.000 spectateurs. On souhaite à la réalisatrice de considérer cet échec comme une chance, afin de se remettre en question.

LE BLU-RAY

Le DVD et le Blu-ray de Garde alternée sont édités chez Wild Side. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation et le menu principal est animé et musical.

Pour la sortie de son film au cinéma, la réalisatrice Alexandra Leclère répond aux questions de Carlos Gomez (30’). D’emblée, ce dernier la brosse dans le sens du poil, en fait des tonnes en indiquant – sans trucage – « j’aime beaucoup ce que vous faites, j’aime beaucoup ce que vous êtes, j’aime beaucoup ce que vous écrivez, cette séquence est cataclysmique ». Evidemment ravie, l’invitée revient sur ses thèmes de prédilection, sur la genèse de Garde alternée (elle s’est elle-même retrouvée dans la peau de la maîtresse, bref elle raconte sa life), sur le casting et la collaboration avec les acteurs. Avec ses questions sans intérêt et son art pour flatter son interlocutrice (c’est à croire qu’il n’a jamais vu ses films puisqu’il la compare à une Bertrand Blier au féminin), Carlos Gomez marche sur les plates-bandes d’un certain Laurent Weil, ce qui est un véritable exploit.

Nous trouvons ensuite un lot de scènes coupées (6’30) aussi vulgos que celles finalement gardées au montage, dont une où le personnage joué par Laurent Stoker se masturbe dans le dos de Didier Bourdon. La classe made in Leclère.

L’Image et le son

Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont éclatantes, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble et les rares séquences tournées en extérieur sont très belles.

Garde alternée repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film, omniprésente. Une spatialisation concrète, immersive (la scène de l’anniversaire de mariage) et efficace. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : ©  Pan-Européenne / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Flingueur, réalisé par Michael Winner

LE FLINGUEUR (The Mechanic) réalisé par Michael Winner, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livret DVD et Blu-ray le 15 novembre 2017 chez Wild Side Video

Acteurs :  Charles Bronson, Jan-Michael Vincent, Keenan Wynn, Jill Ireland, Frank De Kova, Lindsay Crosby…

ScénarioLewis John Carlino

Photographie : Richard H. Kline, Robert Paynter

Musique : Jerry Fielding

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Arthur Bishop est un tueur à gages pour le compte de la mafia. Sa rapidité, son professionnalisme et son perfectionnisme lui ont valu d’être surnommé « le flingueur ». Mais Bishop vieillit, et ne semble plus être en mesure d’assurer seul ses contrats. Il décide de prendre sous son aile Steve McKenna, un jeune chien fou  sûr de lui, et de lui apprendre ce qu’il sait du métier…

Le FlingueurThe Mechanic pour les puristes, réalisé par Michael Winner en 1972, est en quelque sorte le Charles Bronson Begins, du moins aux Etats-Unis. Né le 3 novembre 1921, Charles Dennis Buchinsky, d’origine lituanienne, a déjà vingt ans de cinéma derrière lui quand il devient une star sur la terre de l’Oncle Sam. Longtemps cantonné aux seconds rôles, les spectateurs et la critique repèrent néanmoins très vite ce comédien au visage taillé à la serpe, dans Bronco Apache, Vera Cruz et Les 12 Salopards de Robert Aldrich (1954 pour les deux premiers et 1967 pour le troisième), L’Aigle solitaire et L’Homme de nulle part de Delmer Daves (1954 et 1956), La Proie des vautours, Les 7 Mercenaires et La Grande évasion de John Sturges (1959, 1960 et 1963). C’est en Europe que viendra la première consécration quand Sergio Leone confie à Charles Bronson le rôle de L’Homme à l’harmonica dans Il était une fois dans l’Ouest (1968). Les cinéastes René Clément (Le Passager de la pluie) et Terence Young (De la part des copains, Soleil rouge) le font ensuite rapidement tourner, mais la rencontre avec le réalisateur Michael Winner (1935-2013) sera déterminante pour la carrière américaine et même internationale du comédien.

Emballé par la rapidité d’exécution du metteur en scène sur La Colline de la terreurChato’s Land, Charles Bronson souhaite retourner immédiatement avec Michael Winner. Ce dernier jette son dévolu sur un scénario de Lewis John Carlino, passé entre les mains de nombreux confrères (Martin Ritt, Monte Hellman) et acteurs (Kirk Douglas, Burt Lancaster, Cliff Robertson, Jeff Bridges, George C. Scott). Conscient du charisme et de l’aura de son acteur, Michael Winner construit son film sur le mutisme du personnage principal, Arthur Bishop, un tueur à gages méticuleux, attachant un soin particulier à préparer chacun de ses « contrats ». Lorsque son organisation criminelle lui demande de tuer l’un des leurs, Bishop l’exécute en camouflant son assassinat en une banale crise cardiaque. C’est alors que Steve, le fils de la victime, playboy arrogant, s’intéresse de près à Bishop et lui demande de le prendre sous son aile afin d’en faire à son tour un tueur.

Thriller, mais aussi film dramatique sur le temps qui passe, sur la solitude des êtres dans les grandes villes américaines, sur le passage de relais, sur la succession et la rédemption, Le Flingueur est un film beaucoup plus riche qu’il en a l’air au premier abord. Si Michael Winner a effacé l’homosexualité latente entre les deux personnages principaux, qui aurait été rejetée par Charles Bronson, l’ambiguïté demeure et le cinéaste parvient à suggérer le trouble qui s’empare de son Flingueur lorsqu’il rencontre le jeune Steve McKenna. Le premier quart d’heure, virtuose, sans aucun dialogue, installe toute la méticulosité de Bishop, qui a fait de son métier un art, mais aussi la psychologie du « Mechanic », ainsi que son mode de vie, immoral, mais obéissant à un code d’honneur. Calme, posé, le geste précis, le Flingueur est visiblement en mission, même si le spectateur ne comprend pas ce qu’il est en train de réaliser sur une cuisinière à gaz ou la raison pour laquelle Bishop place une substance gluante dans un ouvrage sélectionné dans une bibliothèque. Quelques minutes plus tard, l’appartement dans lequel il s’affairait explose, en tuant également son occupant scruté par Bishop quelques heures auparavant. Extraordinaire introduction.

Ensuite, Bishop est montré chez lui, vivant replié sur lui-même dans sa villa à l’intérieur rococo, robe de chambre flamboyante et aussi rouge que sa voiture de luxe, un verre de vin à la main, découvrant de l’autre un dossier lui apprenant quelle sera sa prochaine cible. Impassible, seule une boule de cire blanche qu’il malaxe sans arrêt montre son anxiété. Si la suite du film se révélera plus classique, Le Flingueur demeure un formidable thriller typique du Nouvel Hollywood alors en pleine explosion, porté le magnétisme de Charles Bronson. Si Jan-Michael Vincent (Hawke dans la série Supercopter), que son partenaire détestait (et qui avait déjà refusé Richard Dreyfuss), n’est guère convaincant et s’avère bien lisse, le duo fonctionne plutôt bien à l’écran, même s’il est vrai que nous n’avons d’yeux que pour Charles Bronson.

Contre toute attente, c’est bel et bien la relation ou plutôt la confrontation de deux générations qui fait l’intérêt du Flingueur, plutôt que les scènes d’action, même si elles s’avèrent très efficaces à l’instar de la poursuite à moto, par ailleurs bien soutenues par la composition de Jerry Fielding. C’est sec, c’est nerveux, c’est malin, teinté d’humour noir et le final inattendu est aussi anthologique que le prologue. Suite à ce grand succès, Michael Winner et Charles Bronson enchaîneront directement avec le polar urbain Un justicier dans la ville, triomphe sans précédent. Les deux hommes collaboreront sur six films au total, dont le dernier en 1985, le nanar Le Justicier de New York. En 2011, Le Flingueur a fait son comeback dans un remake éponyme réalisé par Simon West, avec Jason Statham dans le rôle-titre et Ben Foster à ses côtés, qui a d’ailleurs connu une suite en 2016.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Flingueur, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages, spécialement écrit par Samuel Blumenfield (journaliste et critique de cinéma au Monde), illustré de photos d’archives. Le menu principal est animé et musical.

Le premier supplément de cette édition est un excellent entretien de Dwayne Epstein, historien du cinéma et biographe de Charles Bronson (30’). En une demi-heure, Dwayne Epstein replace Le Flingueur dans la carrière du comédien. Comme l’indique un carton en ouverture, attention aux spoilers puisque les scènes principales du film sont abordées, y compris son épilogue. L’historien du cinéma évoque la fructueuse collaboration entre Charles Bronson et le réalisateur Michael Winner, la naissance du mythe Bronson à partir du Flingueur, mais qui explosera véritablement l’année suivante avec Le Justicier dans la ville. La psychologie des personnages est longuement abordée, tout comme le jeu de Charles Bronson, et d’autres anecdotes liées à la production du Flingueur (comment le comédien a imposé sa compagne Jill Ireland), le tout joliment illustré par de multiples photos de tournage.

Le module intitulé Hired Hand : L’Homme de main (11’), donne la parole au cinéaste Monte Hellman, qui dans un entretien audio datant de décembre 2015, explique qu’il a failli réaliser Le Flingueur. Au cours de cette interview composée de photos d’archives diverses, Monte Hellman, quelque peu amer et même triste quand il évoque quelques-uns de la soixantaine de projets sur lesquels il a travaillé, et dont une douzaine seulement auront abouti, revient sur son projet avorté du Flingueur. La Columbia devait alors distribuer le film, avant que les droits soient finalement rachetés par la United Artists, sans retenir le travail – non rémunéré – de Monte Hellman.

L’Image et le son

Un Blu-ray moyennement convaincant. Le format 1.85 est respecté. Il en est de même pour le grain original, bien que très appuyé, surtout durant le premier quart d’heure. Si cela s’arrange quelque peu par la suite, la définition chancelle à plusieurs reprises, la gestion des contrastes est honnête, les couleurs retrouvent un peu de fraîcheur, mais demeurent globalement assez fanées. Les nombreux zooms occasionnent des plans flous ainsi que des fourmillements. Certes, malgré quelques points et poussières encore présents la copie est propre, mais par rapport aux précédentes éditions HD de Wild Side, le résultat est plutôt décevant.

L’éditeur ne propose pas un remixage inutile, mais encode les pistes originale et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, qui se concentre essentiellement sur le report des voix parfois au détriment de certains effets annexes. L’écoute demeure propre et nette. Elle n’est pas en revanche aussi fluide et homogène que la version originale, même si le report des dialogues aurait pu être plus ardent. Dans les deux cas, aucun souffle n’est à déplorer, les séquences d’action sont restituées avec un beau fracas, tandis que le score de Jerry Fielding, profite d’une excellente exploitation des frontales. Les sous-titres sont imposés sur la version originale.

Crédits images : © United Artists / Wild Side Vide / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr