Test Blu-ray / Les Copains d’Eddie Coyle, réalisé par Peter Yates

LES COPAINS D’EDDIE COYLE (The Friends of Eddie Coyle) réalisé par Peter Yates, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret – Édition limitée le 22 octobre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Robert Mitchum, Peter Boyle, Richard Jordan, Steven Keats, Alex Rocco, Joe Santos, Mitchell Ryan, Peter MacLean…

Scénario : Paul Monash, d’après le roman de George V. Higgins

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Eddie Coyle est un bandit sans envergure qui vit de petits boulots, de trafic d’armes et de contrebande. Pour échapper à une condamnation et éviter de finir ses jours derrière les barreaux il accepte de travailler comme indicateur pour Dave Foley, un agent du FBI.

Peter Yates (1929-2011) n’est pas l’homme d’un seul film, quand bien même celui auquel on pense quand on évoque le réalisateur est évidemment Bullitt, son plus grand triomphe dans le monde et qui a largement contribué à consolider le mythe Steve McQueen. C’est avec Trois Milliards d’un coupRobbery (1967), polar britannique, qu’il se fait remarquer. Puis, c’est l’aventure américaine et là les années 1970 vont être aussi prolifiques que placées sous le signe du succès avec Les Quatre MalfratsThe Hot Rock (1972), adapté d’une des fabuleuses aventures de Dortmunder, personnage légendaire créé sous la plume de l’immense Donald Westlake, ou bien encore Ma Femme est dingueFor Pete’s Sake (1974), comédie avec Barbra Streisand. Si la postérité gardera aussi Les Grands fondsThe Deep (1977), tiré d’un roman de Peter Benchley, film d’action et d’aventure avec Robert Shaw, Jacqueline Bisset (et son t-shirt mouillé) et Nick Nolte, deux films demeurent obscurs, car passés inaperçus à leur sortie. Outre La Guerre de MurphyMurphy’s War (1971), dans lequel Peter O’Toole donne la réplique à Philippe Noiret, sur lequel nous sommes déjà revenus, l’autre joyau qui n’a eu de cesse de briller à nouveau aux yeux des cinéphiles n’est autre que Les Copains d’Eddie CoyleThe Friends of Eddie Coyle. Rapidement exploité dans les salles en 1973, cette chronique du crime de Boston est l’adaptation du roman éponyme de George V. Higgins, avocat et journaliste, dont l’originalité est de ne dévoiler l’intrigue qu’à travers les (fabuleux) dialogues, les divers personnages s’exprimant dans un argot du cru, ou même en langage codé, les malfrats évitant ainsi tous risques possibles s’ils sont mis sur écoute par les forces de l’ordre. Ou comment l’écrivain plonge ses lecteurs dans le petit monde des petits truands de la pègre. Grand succès dans les librairies, The Friends of Eddie Coyle voit ses droits être achetés par la Paramount, tandis que le scénariste Paul Monash (Les Vampires de Salem de Tobe Hooper), également producteur (Butch Cassidy et le Kid, Abattoir 5, Spéciale première, Carrie au bal du diable) monte le budget et transpose le best-seller pour l’écran. Robert Mitchum, au mitan de sa cinquantaine, entre La Fille de RyanRyan’s Daughter (1970) de David Lean et YakuzaThe Yakuza (1974) de Sydney Pollack, tient le rôle-titre, même si on lui avait dans un premier temps proposé celui qui sera campé par Peter Boyle. S’il n’apparaît qu’en pointillés, surtout dans la première partie, l’aura du monstre Mitchum plane sur tout le film. Longtemps oublié et même méconnu, aujourd’hui plébiscité et porté aux nues par les cinéphiles, Les Copains d’Eddie Coyle fait partie de ces trésors enfouis dans la filmographie de grands artisans – au sens noble du terme – du septième art, à l’instar des Flics ne dorment pas la nuit The New Centurions de Richard Fleischer, sorti quelques mois plus tôt. Peter Yates installe lui aussi une dimension documentaire dans son récit, dans un souci de réalisme, loin de tout romanesque ou refusant le spectaculaire (un braquage n’est après tout que le quotidien des salopards, rien de flamboyant donc), au profit d’une immersion authentique. Réhabilitons encore et toujours Les Copains d’Eddie Coyle !

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Test Blu-ray / L’Aigle à deux têtes, réalisé par Jean Cocteau

L’AIGLE À DEUX TÊTES réalisé par Jean Cocteau, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 16 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Edwige Feuillère, Jean Marais, Silvia Monfort, Jacques Varennes, W. Edward Stirling, Martine de Breteuil, Maurice Nasil, Gilles Quéant, Ahmed Abdallah, Jean Debucourt…

Scénario : Jean Cocteau, d’après sa pièce

Photographie : Christian Matras

Musique : Georges Auric

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Veuve depuis l’assassinat de son mari, la reine d’un royaume imaginaire vit recluse dans ses appartements, tandis que sa belle-mère cherche à s’emparer du trône. Un jeune anarchiste fait irruption dans sa chambre, décidé à la tuer. Contre toute attente, ils tombent amoureux l’un de l’autre, et décident de reprendre le pouvoir du royaume.

Avec plus de quatre millions d’entrées, La Belle et la Bête, premier long-métrage de Jean Cocteau, récompensé par le Prix Louis-Delluc 1946, est un triomphe aussi colossal qu’inattendu pour son auteur. Difficile donc de prévoir quel sera son second film, l’artiste touche-à-tout trouvant avec ce nouveau médium l’occasion d’explorer, d’inventer, de s’exprimer autrement sur ses obsessions, ses peurs, sa vision de l’humanité. Il jette finalement et rapidement son dévolu sur l’adaptation cinématographique de sa pièce – en trois actes – L’Aigle à deux têtes, grand succès des planches, qui s’est jouée pendant plus d’un an à guichets fermés et ce dès sa création en décembre 1946 au théâtre Hébertot à Paris. Pièce dite « historique », dans laquelle Jean Cocteau s’inspire de la mort de Louis II de Bavière (aka le roi fou) et celle de sa cousine Élisabeth d’Autriche (aka Sissi), L’Aigle à deux têtes était par essence un huis clos centré sur les liens entrecroisés et inévitables entre l’amour et le trépas. Pour sa transposition à l’écran, le dramaturge aère sa pièce en tournant quelques scènes en extérieur, afin de mieux planter son décor principal, celui du château, perdu au milieu de la campagne et dans lequel la reine vit avec le souvenir de son mari, mort le jour de leurs noces il y a dix ans, avant que le mariage ait pu être consommé. Souvent marqué par de (très) longues plages de dialogues et un manque de rythme, L’Aigle à deux têtes fascine par la prestation d’Edwige Feuillère, qui reprenait alors le rôle qu’elle avait campé sur scène. Il en est de même pour Jean Marais, étonnamment plus sobre que dans Les Parents terribles, qui sera pourtant filmé dans la foulée et sortira trois mois plus tard, fin 1948. Si l’engouement ne sera pas le même que pour celui rencontré avec La Belle et la Bête, L’Aigle à deux têtes remporte un beau succès dans les salles avec 2,4 millions d’entrées.

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Test Blu-ray / Les Parents terribles, réalisé par Jean Cocteau

LES PARENTS TERRIBLES réalisé par Jean Cocteau, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 16 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Jean Marais, Josette Day, Yvonne de Bray, Marcel André & Gabrielle Dorziat

Scénario : Jean Cocteau, d’après sa pièce

Photographie : Michel Kelber

Musique : Georges Auric

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

Michel vit chez ses parents, Yvonne et Georges. Sa mère est possessive et jalouse. Au cours d’une nuit passée hors du domicile familial, le jeune homme fait la connaissance de Madeleine, dont il tombe amoureux. Yvonne est bien décidée à s’opposer à cette liaison.

À la base des Parents terribles, il y a bien sûr une pièce de théâtre, créée par Jean Cocteau lui-même dès novembre 1938 au Théâtre des Ambassadeurs à Paris. Un succès public monstre, mais un accueil froid, ou plutôt incendiaire de la part d’une grande partie de la critique, qui s’en prenait avant tout à l’auteur lui-même, qui selon ses dires, s’était beaucoup amusé à écrire une pièce de boulevard. Accompagnée d’un parfum de scandale, la pièce fut finalement interdite sous l’Occupation, sous prétexte qu’elle véhiculait une image immorale de la famille. Dix ans plus tard, après le triomphe international de La Belle et la Bête (4,2 millions d’entrées rien qu’en France) et le succès (moindre) de L’Aigle à deux têtes, Jean Cocteau décide de revenir à ses fameux Parents terribles et décide d’adapter sa pièce au cinéma, en reprenant quasiment le même casting. S’il faut accepter le fait que Jean Marais est désormais âgé de 35 ans, ce qui n’est guère réaliste pour incarner un jeune homme de 22 printemps, Les Parents terribles version grand écran ne s’enferme pas dans le piège du simple théâtre filmé, malgré l’ouverture montrant un rideau baissé et qui se met en mouvement après les fameux trois coups frappés. Jean Cocteau s’éloigne du simple champ-contrechamp et le réalisateur, très à l’aise avec la grammaire cinématographique, use du gros plan, du hors-champ, tout en livrant une vraie leçon de montage, épaulé pour cela par l’experte en la matière, Jacqueline Sadoul (Échec au porteur, La Femme et le pantin, Meurtre à Montmartre). Loin, très loin de ce que les détracteurs habituels de Jean Cocteau ont souvent fustigé, Les Parents terribles n’a rien de poussiéreux dans sa thématique. Certes, le jeu très emphatique de certains comédiens a pris du plomb dans l’aile, celui de Jean Marais surtout, mais l’histoire demeure foncièrement moderne, culottée, étonnante, bouleversante et teintée d’un humour noir à la fois provocateur et revigorant. Assurément l’un des meilleurs films de l’illustre Jean Cocteau et l’un de ses plus faciles d’accès.

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Test Blu-ray / La Furie des vampires, réalisé par León Klimovsky

LA FURIE DES VAMPIRES (La Noche de Walpurgis) réalisé par León Klimovsky, disponible en Édition Collector Blu-ray + 2 DVD + Livret le 13 février 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Paul Naschy, Gaby Fuchs, Barbara Capell, Patty Shepard, Andrés Resino, Yelena Samarina, Julio Peña, José Marco…

Scénario : Paul Naschy & Hans Munkel

Photographie : Leopoldo Villaseñor

Musique : Antón García Abril

Durée : Version courte (1h24) & Version longue non censurée (1h31)

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Deux étudiantes en sciences occultes sont à la recherche du tombeau de la comtesse Wandesa, personnage du Moyen-Âge soupçonnée de vampirisme. Égarées en pleine campagne, elles sont accueillies dans la demeure isolée du comte Waldemar Daninsky, condamné à se transformer en loup-garou depuis qu’il a été lui-même mordu.

Jacinto Molina, plus connu son nom d’artiste Paul Naschy (1934-2009), ancien haltérophile et catcheur de renom, est fasciné par le cinéma de genre et voue un culte aux films de momies, de vampires, de savants fous et autres créatures mythiques ayant fait le bonheur des studios Universal dans les années 30-40. Il décide de devenir comédien puis en vient à écrire des histoires d’épouvante. Sans le savoir, il vient de créer un nouveau courant au sein d’une production cinématographique espagnole sur le déclin, au point d’en devenir une véritable figure emblématique grâce au succès inattendu des Vampires du Docteur DraculaLa Marca del Hombre lobo en 1968, qui lance alors l’Age d’or du cinéma fantastique ibérique. Il y incarne le Comte loup-garou Waldemar Daninsky dont il reprendra le costume et les prothèses velues dans une douzaine de longs-métrages jusqu’en 2004. La Furie des vampiresLa Noche de Walpurgis est la quatrième « aventure » de ce lycanthrope, après Les Vampires du Docteur DraculaLa Marca del hombre lobo, (1968), Les Nuits du loup-garouLas Noches del Hombre Lobo (1968, que seul Paul Naschy évoquait, puisque le film n’a jamais pu être retrouvé) et Dracula contre FrankensteinLos Monstruos del terror (1970). Rétrospectivement, La Furie des vampires est encore considéré comme l’un des meilleurs opus de cette « saga ». Il est réalisé par l’argentin León Klimovsky (1906-1996), qui signera aussi l’épisode suivant (Dr. Jekyll y el Hombre Lobo), metteur en scène de quelques westerns (Le Colt du révérend avec Guy Madison, Quelques dollars pour Django avec Anthony Steffen), qui s’essaye au film d’épouvante dans cette production germano-espagnole. Paul Naschy y reprend donc son rôle le plus emblématique et cosigne aussi le scénario, comme sur le précédent. On reprend là où les choses s’étaient arrêtées (ce qui ne sera pas toujours le cas), mais cela ne perturbera pas trop les spectateurs qui ne sauraient pas ce qui s’est déroulé juste avant. La Furie des vampires peut se voir indépendamment et demeure un formidable spectacle, solidement interprété par un Paul Naschy (bien grimé) très impliqué et souvent ponctué par d’étonnantes idées formelles, malgré un manque de moyens qui se fait ressentir. Mais cela contribue au charme qui se dégage encore et toujours de ce film d’exploitation fait avec le coeur (sans pieu qui le traverse) par un des plus grands représentants européens du genre.

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Test Blu-ray / La Femme à abattre, réalisé par Bretaigne Windust & Raoul Walsh

LA FEMME À ABATTRE (The Enforcer) réalisé par Bretaigne Windust & Raoul Walsh, disponible en Blu-ray le 17 septembre 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Humphrey Bogart, Zero Mostel, Ted De Corsia, Everett Sloane, Roy Roberts, Michael Tolan, King Donovan, Bob Steele…

Scénario : Martin Rackin

Photographie : Robert Burks

Musique : David Buttolph

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Le gangster qui avait accepté de témoigner contre le chef d’une redoutable organisation criminelle se tue accidentellement. Le procureur Martin Ferguson perd son témoin clé et doit repartir à zéro. Il a peu de temps pour éviter que le suspect ne ressorte libre du tribunal.

Le générique indique que La Femme à abattreThe Enforcer a été réalisé par Bretaigne Windust (1906-1960). En réalité, Raoul Walsh (1887-1980) a été appelé à la rescousse pour reprendre le film en main, remplaçant au pied levé son confrère tombé gravement malade. Une autre raison serait que la Warner, s’étant rendu compte aux rushes de la mauvaise direction d’acteurs de Windust, aurait appelé le sieur Walsh afin de sauver l’entreprise. La Femme à abattre demeure un thriller moderne et implacable (la tension de L’enfer est à lui n’est pas loin), inspiré d’un fait divers réel survenu au début des années 40. Si le film est en effet signé Bretaigne Windust, cinéaste habituellement rodé à la comédie et au mélodrame, le film est marqué à chaque plan de l’inimitable griffe de Raoul Walsh. Porté par un immense Humphrey Bogart, qui allait être récompensé par l’Oscar du meilleur acteur l’année suivante pour The African Queen, La Femme à abattre est un pola remarquablement emballé, complexe avec ses plusieurs flashbacks imbriqués, virtuose, passionnant de la première à la dernière image (le final est anthologique), violent et rythmé. N’oublions pas la sublime photo contrastée signée Robert Burks (La Mort aux trousses, Sueurs froides, Les Tueurs de San Francisco) et la composition de David Buttolph qui contribuent à faire de ce film noir un grand spectacle.

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Test Blu-ray / Ma vie est un enfer, réalisé par Josiane Balasko

MA VIE EST UN ENFER réalisé par Josiane Balasko, disponible en Blu-ray depuis le 19 août 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Josiane Balasko, Daniel Auteuil, Jean Benguigui, Richard Berry, Michael Lonsdale, Catherine Samie, Jessica Forde, Luis Rego …

Scénario : Josiane Balasko & Joël Houssin

Photographie : Dominique Chapuis

Musique : Les Rita Mitsouko

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Leah Lemonnier mène une vie morne et déprimante, entre son travail de secrétaire d’un dentiste qui passe son temps à lui hurler dessus, son psy qui ne voit en elle qu’une source de revenus, son voisin obsédé sexuel et fêtard et sa mère égoïste, avare, méprisante et narcissique. Mais un jour, elle invoque sans le vouloir un séduisant démon, Abargadon qui lui propose un pacte : il se met à son service jusqu’à sa mort en échange de son âme…

Quatre après le succès rencontré par Les Keufs, sons second film comme réalisatrice, Josiane Balasko, qui vient d’être nommée pour le César de la meilleure actrice pour Trop belle pour toi de Bertrand Blier, revient derrière la caméra pour ce qui apparaît comme étant son long-métrage le plus singulier, Ma vie est un enfer. Original à plus d’un titre, puisqu’il s’agit d’une comédie fantastique (et même volontiers trash), pour laquelle elle tient le haut de l’affiche avec Daniel Auteuil. Les deux sont nés la même année (1950) et se sont déjà croisés au cinéma, dans L’An 01 (1973) de Jacques Doillon, Les Héros n’ont pas froid aux oreilles (1979) de Charles Nemes, Clara et les chics types de Jacques Monnet (1980) et Les Hommes préfèrent les grosses (1981) de Jean-Marie Poiré. Autant dire que ces deux-là se connaissent par coeur et que leur alchimie n’est plus à prouver. Dans Ma vie est un enfer, Josiane Balasko offre à son partenaire et ami l’occasion de réaliser un vrai one-man show. Complètement déjanté et survolté (à croire qu’il inspirera plus tard Christian Clavier pour le versant diabolique du père Tarin dans Les Anges gardiens), Daniel Auteuil s’éclate dans le rôle d’Abargadon, diable irrésistible qui va bouleverser le quotidien de celle qui qui l’a invoqué…par erreur. Alors que le box-office de l’année est dominé par Kevin Costner avec Danse avec les loups et Robin des Bois, prince des voleurs, ainsi que par Arnold Schwarzenegger avec Terminator 2, le jugement dernier et Un flic à la maternelle, le septième art français fait de la résistance en parvenant à hisser Tous les matins du monde, Une époque formidable, La Totale, Opération Corned Beef, Mon père ce héros et Delicatessen dans le top 20. Ma vie est un enfer se fait une petite place en passant la barre convoitée du million d’entrées, entre Backdraft de Ron Howard et le Lucky Luke de Terence Hill. Un joli coup pour l’actrice et réalisatrice, puisqu’elle bat son propre record et obtient son meilleur score dans les salles, qui sera alors explosé quatre ans plus tard avec Gazon maudit. Aujourd’hui, Ma vie est un enfer est un opus qu’on redécouvre systématiquement et l’on se rend compte en le visionnant que certaines répliques qui pouvaient revenir en tête appartiennent à ce film. Un petit classique donc.

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Test Blu-ray / Le Hold-up du siècle, réalisé par Jack Donohue

LE HOLD-UP DU SIÈCLE (Assault on a Queen) réalisé par Jack Donohue, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 9 août 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Frank Sinatra, Virna Lisi, Anthony Franciosa, Richard Conte, Alf Kjellin, Errol John, Murray Matheson, Reginald Denny…

Scénario : Rod Serling, d’après le roman de Jack Finney

Photographie : William H. Daniels

Musique : Duke Ellington

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Un groupe de chasseurs de trésors planifie l’attaque à main armée du paquebot de croisière de luxe, Le Queen Mary, en utilisant un sous-marin allemand de la seconde guerre mondiale.

Depuis le Golden Globe et l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle obtenus pour sa prestation dans Tant qu’il y aura des hommes de Fred Zinnemann en 1954, la carrière au cinéma de Frank – The Voice – Sinatra a réellement pris son envol. Celui-ci délaissera volontiers la comédie-musicale (Escale à Hollywood, Un jour à New York, Tout le monde chante), pour embrasser d’autres genres et quelques collaborations avec divers réalisateurs de renom, Stanley Kramer (Pour que vivent les hommes), Otto Preminger (L’Homme au bras d’or), Vincente Minnelli (Comme un torrent), Frank Capra (Un trou dans la tête), John Frankenheimer (Un crime dans la tête) et bien d’autres. Frank Sinatra est très sollicité, tourne au minimum trois films par an, mais il commencera sérieusement à ralentir le rythme dans la deuxième partie des années 1960 et Le Hold-up du siècle Assault on a Queen, sorti en 1966 fait partie de sa dernière période sur grand écran. En effet, après ce film d’aventure, il n’apparaîtra plus que dans une demi-douzaine de longs-métrages, quelques séries et une poignée de téléfilms. Réalisé par Jack Donohue (1908-1984), Le Hold-up du siècle n’est assurément pas l’un des films les plus connus de la star et reste même aujourd’hui complètement oublié. Cette chasse au trésor « vintage » n’a d’ailleurs pas bien vieilli, en raison d’une mise en scène dite fonctionnelle, un manque de rythme flagrant, des effets spéciaux déjà datés à sa sortie et d’un récit peu crédible (euphémisme), sans parler d’un dernier acte que l’on pourrait qualifier de nawak. On ne dépasse pas le stade de la curiosité et Le Hold-up du siècle vaut uniquement le coup d’oeil pour revoir et admirer encore et toujours la sublime Verna Lisi.

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Test Blu-ray / Le Terroriste, réalisé par Gianfranco De Bosio

LE TERRORISTE (Il Terrorista) réalisé par Gianfranco De Bosio, disponible en Édition Blu-ray + DVD + Livret depuis le 4 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Gian Maria Volontè, Philippe Leroy, Giulio Bosetti, Raffaella Carrà, José Quaglio, Cesarino Miceli Picardi, Carlo Bagno, Roberto Seveso, Anouk Aimée…

Scénario : Gianfranco De Bosio & Luigi Squarzina

Photographie : Lamberto Caimi & Alfio Contini

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Venise, hiver 1943. La Résistance italienne prépare une attaque contre le siège de la Kommandantur. Un homme, surnommé l’Ingénieur, joue un rôle central dans ce plan.

Le Terroriste Il Terrorista, réalisé par Gianfranco De Bosio (1924-2022) et sorti en 1963, est spécial à plus d’un titre. En effet, le scénariste et metteur en scène est on ne peut mieux placé puisqu’il a connu et même vécu ce dont il parle, en Vénétie. Méconnu en France, peu se souviennent de son MoïseMoses the Lawgiver (1975) avec Burt Lancaster dans le rôle-titre, dans lequel il croisait Ingrid Thulin, Anthony Quayle, Irène Papas et Laurent Terzieff (le tout sur une musique d’Ennio Morricone), Gianfranco De Bosio a fait essentiellement sa carrière dans le domaine de l’opéra et surtout du théâtre. Mais il a aussi connu la Résistance en Italie, au moment de son lancement et a donc été au centre des discussions qui réunissaient les représentants du Parti Communiste, la Démocratie Chrétienne, le Parti Socialiste, le Parti Libéral et le Parti d’Action au sein des Comités de Libération Nationale. Alors que le régime fasciste s’est écroulé, une crise politique s’installe en Italie, les tensions s’exacerbent, l’incertitude conduit à l’envie d’action et d’affronter l’ennemi. Dans l’ensemble des films de guerre, la Résistance est montrée comme organisée de main de maître, avec les montres synchronisées, les plans pensés sans qu’un grain de sable puisse se glisser dans les rouages d’une mécanique huilée comme il se doit. Le Terroriste désacralise cela et son arrivée inopinée dans le cinéma italien d’après-guerre, où il était tabou d’évoquer le fascisme, les Partisans et la Résistance, va ruer dans les brancards. Comment le pouvoir a-t-il été regagné par les Italiens ? Comment la Deuxième Guerre mondiale a été le nouveau départ de l’organisation politique ? Beaucoup de questions auxquelles Le Terroriste souhaite répondre, avec une légitimité originale et une unique authenticité. Un bel et édifiant objet de cinéma, qui évite le spectaculaire, pour entrer dans les engrenages, dans les coulisses, un peu à la façon d’un John le Carré ou d’un Len Deighton, qui allaient procéder de façon similaire dans leur peinture des arcanes de la guerre froide.

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Test Blu-ray / La Strada, réalisé par Federico Fellini

LA STRADA réalisé par Federico Fellini, disponible en Édition Blu-ray + Blu-ray bonus + Livret depuis le 6 mai 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Anthony Quinn, Giulietta Masina, Richard Basehart, Aldo Silvani, Marcella Rovena, Livia Venturini, Pietro Ceccarelli, Giovanna Galli…

Scénario : Federico Fellini, Ennio Flaiano & Tullio Pinelli

Photographie : Otello Martelli & Carlo Carlini

Musique : Nino Rota

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Gelsomina, une jeune femme naïve et généreuse, a été vendue par sa mère à un bateleur de foire brutal et obtus, Zampano, qui présente un numéro de briseur de chaînes sur les places publiques. À bord d’un étrange équipage – une moto à trois roues aménagée en roulotte – le couple sillonne les routes d’Italie, menant la rude vie des forains. Surgit Il Matto (le fou), violoniste et poète, qui seul sait parler à Gelsomina.

C’est pour ainsi dire là que tout a vraiment commencé pour Federico Fellini. La Strada est le troisième film et demi (et cela a son importance) du réalisateur, après Les Feux du music-hall Luci del varietà (1950), co-réalisé avec Alberto Lattuada, Le Cheik blancLo Sceicco bianco (1952, un échec commercial) et Les Vitelloni I vitelloni (1953). Ce dernier, grand succès, assure à Federico Fellini d’avoir carte blanche pour son prochain long-métrage, quand bien même les producteurs font la fine bouche devant le choix de Giulietta Masina, épouse du cinéaste, qu’il souhaite imposer pour tenir le rôle principal, là où les investisseurs (Carlo Ponti et Dino dDe Laurentiis) auraient largement préféré Sophia Loren ou Silvana Mangano. Le réalisateur a tenu bon, La Strada sera interprété par Anthony Quinn (qui la même année en Italie campera aussi le Hun Attila dans Attila, fléau de Dieu de Pietro Francisci) et donc Giulietta Masina. Point de barrière de la langue, la star américaine dira ses dialogues en anglais, tandis que sa partenaire verra ses répliques réduites au maximum, son époux privilégiant son visage et ses expressions dignes du cinéma muet. Résultat des courses, La Strada sera récompensé par le Lion d’argent à la Biennale de Venise, le Ruban d’argent de la meilleure réalisation, le Bodil du meilleur film européen, le: NYFCC Award du meilleur film étranger et pour couronner le tout, par l’Oscar du meilleur film étranger. Plus grand succès de son auteur dans nos contrées avec plus de 4,5 millions d’entrées (encore plus qu’en Italie où le film restera juste sous la barre des quatre millions), triomphe international, La Strada demeure sans doute le film le plus accessible de Federico Fellini, le plus universel, celui dont les personnages touchent le plus et bouleversent même à jamais.

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Test 4K UHD / La Règle du jeu, réalisé par Jean Renoir

LA RÈGLE DU JEU réalisé par Jean Renoir, disponible en Édition collector – 4K Ultra HD + Blu-ray + Blu-ray bonus + Livre depuis le 4 juin 2025 chez Rimini Éditions.

Acteurs : Roland Toutain, Nora Gregor, Marcel Dalio, Jean Renoir, Paulette Dubost, Mila Parély, Julien Carette, Gaston Modot…

Scénario : Jean Renoir & Carl Koch

Photographie : Jean Bachelet

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1939

LE FILM

En 1939, à Paris et en Sologne, un aviateur amoureux d’une femme du monde, ne respecte pas la règle du jeu qui consiste à sauver les apparences dans une société où maîtres et domestiques ont la même nature, de chaque côté de la barrière des classes.

Incompris lors de sa sortie en 1939, La Règle du jeu de Jean Renoir, son 24e long-métrage, est aujourd’hui considéré comme l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma. Encensé par tous les réalisateurs du monde entier, Bertrand Tavernier, Peter Bogdanovich, Alain Resnais, Robert Altman, Olivier Assayas, mais aussi en particulier par François Truffaut qui lui vouait un véritable culte (« le crédo des cinéphiles de sa génération » disait-il), le chef d’oeuvre de Jean Renoir, le plus grand « drame fantaisiste » de tous les temps ne peut laisser indifférent et s’avère une étape indispensable pour tous les cinéphiles du monde entier. Dense, passionnant, remarquablement mis en scène et interprété par toute une ribambelle d’extraordinaires comédiens qui campent TOUS le rôle principal, La Règle du jeu est un film exceptionnel (dont Jean Renoir lui-même dans la peau d’Octave), magistralement photographié par Jean Bachelet (Nous, les gosses), qui comme la plupart des films de Jacques Tati est encore de nos jours passionnant à analyser, tant sur le fond que sur la forme.

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