Test DVD / Société anonyme anti-crime, réalisé par Stefano Vanzini

SOCIÉTÉ ANONYME ANTI-CRIME (La Polizia ringrazia) réalisé par Stefano Vanzina, disponible en DVD le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Enrico Maria Salerno, Mariangela Melato, Mario Adorf, Franco Fabrizi, Cyril Cusack, Laura Belli, Jürgen Drews, Corrado Gaipa…

Scénario : Stefano Vanzini & Lucio De Caro

Photographie : Riccardo Pallottini

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h34

Année de sortie : 1972

LE FILM

Rome, la corruption a gangrené toutes les institutions. Le commissaire Bertone tente malgré tout de faire son travail correctement. Alors qu’il recherche deux voyous ayant assassiné un joaillier après un braquage, il retrouve l’un d’eux, mort, au bord du canal. Il va peu à peu découvrir qu’un groupe armé a entrepris de faire justice sur les malfrats libérés par une administration trop laxiste.

Rome est aussi à toi ! Aide-nous à la garder propre !

Dans le cinéma d’exploitation, en particulier celui qui a submergé les salles italiennes dans les années 1970, sont dissimulées quelques pépites qui allaient bien au-delà du simple cinéma Bis, qui ont su traverser les années et même les décennies sans (trop) de dommages et dont le propos demeure d’une redoutable efficacité et d’une folle modernité. C’est le cas de Société anonyme anti-crime, réalisé par Stefano Vanzina (1917-1988), plus connu par les cinéphiles sous le pseudonyme de Steno. Pour faire simple, nous dirons purement et simplement que La Polizia ringrazia annonce ni plus ni moins Magnum Force de Ted Post, le deuxième volet de la saga Harry Callahan, co-écrit par John Milius et Michael Cimino. Dans cette deuxième enquête de l’inspecteur Harry, ce dernier se retrouvait face à des meurtres ayant pour cible des proxénètes, des trafiquants et des assassins, commis par une « brigade spéciale » de flics néofascistes, auto-proclamés juges et bourreaux, qui avaient décidé de nettoyer la ville à leur façon. Si dans Société anonyme anti-crime, le personnage principal impeccablement campé par Enrico Maria Salerno est un modèle d’intégrité, Callahan se retrouvait comme qui dirait face à lui-même dans Magnum Force puisque les motards tueurs usaient des mêmes méthodes expéditives. Mais le sujet reste le même et le film de Steno interroge sur cette question de l’autodéfense qui revenait sans cesse dans la bouche de celles et ceux qui étaient victimes ou témoins de vols à main armée, de kidnappings et de meurtres qui régissaient leur quotidien dans les rues des grandes villes dans l’Italie des Années de plomb. Société anonyme anti-crime est un polar solide, excellemment mis en scène et interprété, qui a des choses à dire et les dit bien, sans avoir recours à une violence gratuite. Il en ressort une noirceur et une ironie sombre qui à l’instar du final tragique et pessimiste imprègne le spectateur et le fait s’interroger sur la valeur morale des institutions qui régissent la vie des citoyens.

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Test DVD / Opération K, réalisé par Luigi Petrini

OPÉRATION K (Operazione Kappa: sparate a vista) réalisé par Luigi Petrini, disponible en DVD le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Mario Cutini, Marco Marati, Maria Pia Conte, Patricia Pilchard, Mario Bianchi, Maria Francesca, Linda Sini, Edmondo Tieghi…

Scénario : Luigi Petrini

Photographie : Luigi Ciccarese

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h30

Année de sortie : 1977

LE FILM

Expulsé d’une fête mondaine pour avoir couché avec la fille des propriétaires, le jeune paumé Paolo rencontre Giovanni, le fils rebelle d’un professeur. Sous l’effet de la drogue, les deux amis violent Anna, la fiancée de Giovanni, et tuent la voisine qui voulait intervenir. En fuite, avec la police à leurs trousses, ils décident de prendre un restaurant en otage…

Ne cherchez pas, le nom de Luigi Petrini ne vous dira sûrement rien. Né à Rome en 1934, ce réalisateur ne sera actif que de 1964 à 1988 et mettra en scène une dizaine de longs-métrages, en passant allègrement d’un genre à l’autre. Il débute dans le registre dramatique avec son premier long-métrage, Una storia di notte, avec la sublime Sylva Koscina, puis enchaîne directement sur la romance Le Sedicenni (1965), avant de signer son premier polar, A suon di lupara (1968). En 1970, il s’intéresse à une histoire d’amour entre deux femmes dans Così, così… più forte, puis continue sur cette lancée l’année suivante dans La Ragazza dalle mani di corallo (1971). Luigi Petrini aborde ensuite la comédie avec Scusi, si potrebbe evitare il servizio militare?… No! (1974). Les années 1970 touchent à leur fin et le cinéaste commence à racler les fonds de tiroir en mélangeant un peu de tout, notamment avec A.A.A. cercasi spia… disposta spiare per conto spie, mélange gloubi-boulga de comédie-policière et de comédie-musicale. S’il arrêtera sa carrière sur un « coup d’éclat » intitulé White Pop Jesus (1980) – on vous prévient, vous n’en croirez pas vos yeux – Luigi Petrini livre aussi ce qui est probablement son meilleur film, Opération KOperazione Kappa: sparate a vista. Sorti en 1977, ce polar étrange, mélange de poliziottesco, genre qui tirait alors sur sa fin (comme tout le cinéma d’exploitation en fait), et de rape and revenge n’a rien du grand film, mais s’avère un rejeton quelque peu dégénéré et surtout peu aimable, qui étonne par sa violence sèche et brutale, ainsi que par le traitement de ses personnages, repoussants, abjects, vulgaires, misogynes et puants, filmés néanmoins comme des héros tragiques car montrés comme des victimes de la société dans l’Italie des tristement célèbres Années de plomb.

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Test DVD / La Femme des steppes, le flic et l’oeuf, réalisé par Wang Quan’an

LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’OEUF (Öndög) réalisé par Wang Quan’an, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Diaphana.

Acteurs : Aorigeletu, Arild Gangtemuer, Enkhtaivan Dulamjav, Norovsambuu…

Scénario : Wang Quan’an

Photographie : Aymerick Pilarski

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.

Difficile de mettre des mots sur le septième long-métrage du réalisateur – issu de la sixième génération de cinéastes chinois – Wang Quan’an (né en 1965), diplômé de l’Académie de cinéma de Pékin, rendu célèbre dans le monde entier pour avoir reçu l’Ours d’or au Festival de Berlin en 2007 pour Le Mariage de Tuya, puis l’Ours d’argent du meilleur scénario en 2010 à ce même Festival pour Apart Together. Les néophytes auront sans doute du mal à entrer dans l’univers du cinéaste avec La Femme des steppes, le flic et l’oeufÖndög et nous leur conseillerons plutôt de découvrir ses premiers films, avant de plonger dans cette œuvre insolite, merveilleusement photographiée, contemplative, trop diront certains et on ne pourra pas leur donner tort, mais assurément une expérience cinématographique, sensorielle et pleine de pudeur, qui agit véritablement comme une séance d’hypnose.

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Test Blu-ray / L’Éventreur de New York, réalisé par Lucio Fulci

L’ÉVENTREUR DE NEW YORK (Lo Squartatore di New York) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret + CD chez The Ecstasy of Films.

Acteurs : Jack Hedley, Almanta Suska, Howard Ross, Andrea Occhipinti, Alexandra Delli Colli, Paolo Malco, Cosimo Cinieri, Cinzia De Ponti…

Scénario : Gianfranco Clerici, Lucio Fulci, Vincenzo Mannino & Dardano Sacchetti

Photographie : Luigi Kuveiller

Musique : Francesco De Masi

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

A New York, plusieurs femmes sont assassinées de manière atroce par un tueur en série, connu pour être doté d’une voix de canard. L’inspecteur Williams se charge de l’enquête alors que les meurtres sadiques s’enchaînent…

Nous avons déjà longuement parlé de Lucio Fulci (1927-1996) sur Homepopcorn.fr, mais comme nous aimons tout particulièrement le cinéaste, nous prendrons la peine de nous auto-citer. Lucio Fulci, qui se destinait d’abord au monde de la médecine, décide de se tourner vers le cinéma et intègre le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, en suivant les cours de Michelangelo Antonioni et de Luchino Visconti. Il devient l’assistant du réalisateur Marcel L’Herbier pour Les Derniers Jours de Pompéi en 1950. Mais c’est avec le cinéaste Steno, de son vrai nom Stefano Vanzina, que Fulci fait réellement ses premières classes. Il s’agit de comédies, principalement avec Totò, aux titres aussi évocateurs que Totò et les femmes, L’uomo, la bestia e la virtù, Où est la liberté. Progressivement, Lucio Fulci devient scénariste et signe Une fille formidable de Mauro Bolognini, Un Americano a Roma de Steno avec l’immense Alberto Sordi. Il passe enfin derrière la caméra en 1959 avec I Ladri, une comédie interprétée par… Totò. La boucle est bouclée. Dans les années 1960, Lucio Fulci enchaîne moult comédies avec le duo célèbre en Italie, Franco Franchi et Ciccio Ingrassia. Si le succès est au rendez-vous, il commence sérieusement à vouloir changer son fusil d’épaule et démontrer qu’il est capable de réaliser autre chose que des comédies. Il signe un western avec Franco Nero (Le Temps du massacre, 1966), une comédie policière intitulée (Au diable les anges, 1967), un drame (Liens d’amour et de sang, 1969). Mais le véritable tournant s’opère en 1969 avec le giallo Pervertion StoryLa Machination (Una sull’altra). Si Dario Argento et Mario Bava sont fréquemment annoncés comme étant les réalisateurs phares du giallo, ce genre italien de film d’exploitation, cocktail de cinéma d’horreur, de film policier et d’érotisme soft, il est grand temps aujourd’hui de réhabiliter Lucio Fulci, jusqu’ici surtout défendu par les amateurs de cinéma de genre. Un an après l’onirique, poétique, sensuel, cruel, oppressant, kafkaïen Le Venin de la peurUna lucertola con la pelle di donna, et la même année que sa comédie érotique Obsédé malgré lui, Lucio Fulci signe un de ses films les plus célèbres, La Longue nuit de l’exorcismeNon si sevizia un paperino. Suvront deux aventures de Croc-Blanc (1973 et 1974), Les Quatre de l’apocalypse (1975) et L’Emmurée vivante (1977). A la fin des années 1970, la carrière de Lucio Fulci bat de l’aile après quelques échecs successifs, tandis que sa fille connaît un très grave accident et que son divorce l’a laissé sur la paille. Contre toute attente, le producteur Fabrizio De Angelis lui confie les commandes de L’Enfer des Zombies, titre opportuniste surfant sur le triomphe du Zombie de George A. Romero, dont le montage européen avait été confié à Dario Argento. Sur un scénario écrit par Dardano Sacchetti (Le Chat à neuf queues, La Baie sanglante, Le cynique, l’infâme, le violent, L’emmurée vivante) même si crédité sous le nom de sa femme Elisa Brigranti, L’Enfer des Zombies va non seulement relancer la carrière de Lucio Fulci, comme il n’aurait jamais pu l’espérer, être à l’origine de tout un tas d’ersatz, et surtout devenir et rester un des films les plus emblématiques du genre. Nous voici donc rendu aux années 1980 où Lucio Fulci mettra les bouchées doubles et enchaînera La Guerre des gangsLuca il contrabbandiere, Frayeurs Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir Il Gatto nero, L’Au-delà…E tu vivrai nel terrore! L’aldilà et La Maison près du cimetièreQuella villa accanto al cimitero. L’année 1982 est celle de L’Éventreur de New YorkLo squartatore di New York, légendaire thriller, extrêmement violent, tourné à New York (sans autorisation, ou presque) par un Lucio Fulci très inspiré par la ville qu’il avait déjà filmée et qu’il met en valeur une fois de plus ici. Près de quarante ans après sa sortie, L’Éventreur de New York demeure d’une redoutable efficacité et met à rude épreuve les nerfs des spectateurs avec certaines séquences éprouvantes à ne pas mettre devant tous les yeux ! Et vous ne verrez plus Donald Duck de la même façon…

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Test 4K UHD / Sherlock Holmes : Jeu d’ombres, réalisé par Guy Ritchie

SHERLOCK HOLMES : JEU D’OMBRES (Sherlock Holmes: A Game of Shadows) réalisé par Guy Ritchie, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray le 16 septembre 2020 chez Warner Bros. Entertainment France.

Acteurs : Robert Downey Jr., Jude Law, Noomi Rapace, Rachel McAdams, Jared Harris, Stephen Fry…

Scénario : Michele Mulroney & Kieran Mulroney d’après les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle

Photographie : Philippe Rousselot

Musique : Hans Zimmer

Durée : 2h08

Année de sortie : 2011

LE FILM

Sherlock Holmes a toujours été réputé pour être l’homme à l’esprit le plus affûté de son époque. Jusqu’au jour où le redoutable professeur James Moriarty, criminel d’une puissance intellectuelle comparable à celle du célèbre détective, fait son entrée en scène… Il a même sans doute un net avantage sur Holmes car il met non seulement son intelligence au service de noirs desseins, mais il est totalement dépourvu de sens moral. Partout dans le monde, la presse s’enflamme : on apprend ainsi qu’en Inde un magnat du coton est ruiné par un scandale, ou qu’en Chine un trafiquant d’opium est décédé, en apparence, d’une overdose, ou encore que des attentats se sont produits à Strasbourg et à Vienne et qu’aux Etats-Unis, un baron de l’acier vient de mourir…
Personne ne voit le lien entre ces événements qui semblent sans rapport, hormis le grand Sherlock Holmes qui y discerne la même volonté maléfique de semer la mort et la destruction. Et ces crimes portent tous la marque du sinistre Moriarty.

Avec plus de 200 millions de dollars récoltés sur le sol de l’Oncle Sam et plus de 300 millions dans le reste du monde, un second épisode des aventures de Sherlock Holmes était forcément attendu et ne s’est pas fait attendre. Deux ans plus tard, débarquait sur les écrans Sherlock Holmes : Jeu d’ombresSherlock Holmes: A Game of Shadows. On prend les mêmes – des deux côtés de la caméra – et on recommence ? Certes. Sauf que ce deuxième opus s’avère une franche réussite où l’humour complètement décalé fonctionne à plein régime, comme si Guy Ritchie, conforté par le succès du premier film, avait enfin pu y aller à fond dans le nawak et la relation gay friendly qui unit Holmes et Watson. Contrairement à Sherlock Holmes premier du nom, ce Jeu d’ombres voit les deux héros traverser l’Europe, ce qui donne à l’enquête un côté road movie très plaisant, d’autant plus qu’ils sont accompagnés cette fois par une certaine Madame Simza Heron, interprétée par la géniale Noomi Rapace, qui participe à l’action, complète parfaitement le tandem et qui ne sera pas de trop face au professeur Moriarty, l’ennemi juré de Sherlock Holmes. Tout cela pour dire que Sherlock Holmes : Jeu d’ombres met réellement les bouchées doubles et une fois n’est pas coutume s’avère une suite qui surpasse (et de loin) le premier opus.

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Test 4K UHD / Sherlock Holmes, réalisé par Guy Ritchie

SHERLOCK HOLMES réalisé par Guy Ritchie, disponible en 4K Ultra HD + Blu-ray le 16 septembre 2020 chez Warner Bros. Entertainment France.

Acteurs : Robert Downey Jr., Jude Law, Rachel McAdams, Mark Strong, Eddie Marsan, Robert Maillet, Kelly Reilly…

Scénario : Lionel Wigram, Michael Robert Johnson, Anthony Peckham, Simon Kinberg d’après les personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle

Photographie : Philippe Rousselot

Musique : Hans Zimmer

Durée : 2h08

Année de sortie : 2009

LE FILM

Aucune énigme ne résiste longtemps à Sherlock Holmes… Flanqué de son fidèle ami le Docteur John Watson, l’intrépide et légendaire détective traque sans relâche les criminels de tous poils. Ses armes : un sens aigu de l’observation et de la déduction, une érudition et une curiosité tous azimuts; accessoirement, une droite redoutable. Mais une menace sans précédent plane aujourd’hui sur Londres – et c’est exactement le genre de challenge dont notre homme a besoin pour ne pas sombrer dans l’ennui et la mélancolie. Après qu’une série de meurtres rituels a ensanglanté Londres, Holmes et Watson réussissent à intercepter le coupable : Lord Blackwood. A l’approche de son exécution, ce sinistre adepte de la magie noire annonce qu’il reviendra du royaume des morts pour exercer la plus terrible des vengeances. La panique s’empare de la ville après l’apparente résurrection de Blackwood. Scotland Yard donne sa langue au chat, et Sherlock Holmes se lance aussitôt avec fougue dans la plus étrange et la plus périlleuse de ses enquêtes…

Grand succès commercial de l’année 2009 avec plus d’un demi-milliard de dollars de recettes à l’international, Sherlock Holmes de Guy Ritchie (né en 1968) aura pourtant fait grincer pas mal de dents chez les passionnés du célèbre détective privé. Apparu en 1887 dans le roman Une étude en rouge, le personnage de Sherlock Holmes a été le héros de 4 romans et 56 nouvelles signés Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930). Ce dernier a également mis en scène son héros dans 3 pièces de théâtre et 2 textes parodiques. En fait, Sherlock Holmes version Ritchie est adapté d’un comic book (non édité) de Lionel Wigram, inspiré des personnages créés par Sir Arthur Conan Doyle. On comprend mieux alors pourquoi le réalisateur se laisse aller à quelques expériences visuelles disons « originales », ainsi qu’à un traitement personnel réservé à ses protagonistes. Sherlock Holmes est un divertissement bourrin et sans aucune finesse, mais portée par l’enthousiasme et l’évidente complicité de ses deux stars, Robert Downey Jr. et Jude Law, qui en font des caisses, tout en assurant aussi bien dans la comédie (poussive) que dans les scènes d’action (souvent aberrantes). Tout cela pour dire que Sherlock Holmes n’a pas eu trop de mal à trouver son public dans le monde entier, y compris en France où le film a su rassembler plus de 2,1 millions de spectateurs.

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Test Blu-ray (édition Gaumont) / Mélodie en sous-sol, réalisé par Henri Verneuil

MÉLODIE EN SOUS-SOL réalisé par Henri Verneuil, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2020 chez Gaumont.

Acteurs : Jean Gabin, Alain Delon, Maurice Biraud, Viviane Romance, Claude Cerval, Henri Virlojeux, Jean Carmet, José Luis de Vilallonga, Rita Cadillac, Clara Marlier, Dora Doll…

Scénario : Albert Simonin, Michel Audiard & Henri Verneuil d’après le roman de John Trinian

Photographie : Louis Page

Musique : Michel Magne

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

A peine sorti de prison, Charles, un truand à la retraite, refuse de s’acheter une bonne conduite. Ce dernier décide de monter un gros casse : le cambriolage du casino Palm Beach à Cannes. Pour mener à bien ce projet, Charles aura à ses côtés Francis, un jeune voyou sans scrupules et Louis, beau-frère de celui-ci. Chacun aura un rôle bien défini : Charles surveillera les salles du casino, Francis utilisera ses charmes pour visiter les coulisses du lieu et Louis sera le chauffeur des deux compères.

Dans une situation tendue, quand tu parles fermement avec un calibre en pogne, personne ne conteste. Y’a des statistiques là-dessus.

Henri Verneuil définissait ainsi son duo d’acteurs vedettes de Mélodie en sous-sol : « D’un côté, un pachyderme. Lent. Lourd. Les yeux enfoncés sous des paupières ridées et, dans l’attitude, la force tranquille que confère le poids. Celui du corps. De l’âge. De l’expérience. Quarante ans de carrière. Soixante-dix films : Gabin. De l’autre, un félin. Un jeune fauve, toutes griffes rentrées, pas un rugissement mais des dents longues et, dans le regard bleu acier, la détermination de ceux qui seront un jour au sommet : Delon ». C’est en effet ainsi que le spectateur pourrait définir les personnages incarnés par Gabin et Delon. Le vétéran qui souhaite faire un dernier coup avant de se retirer, accompagné du jeune ambitieux. Henri Verneuil retrouve Jean Gabin après le succès d’Un Singe en Hiver et lui offre une fois de plus un rôle qui lui colle désormais à la peau, celui du cerveau en ébullition dans un corps un peu fatigué, qui souhaite passer le relais, après avoir mis au point le plus gros coup de sa carrière.

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Test Blu-ray / Mississippi Burning, réalisé par Alan Parker

MISSISSIPPI BURNING réalisé par Alan Parker, disponible en DVD et Blu-ray le 12 mai 2020 chez L’Atelier d’Images

Acteurs : Gene Hackman, Willem Dafoe, Frances McDormand, Brad Dourif, Michael Rooker, R. Lee Ermey, Gailard Sartain, Stephen Tobolowsky…

Scénario : Chris Gerolmo

Photographie : Peter Biziou

Musique : Trevor Jones

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

1964. Trois militants d’un comité de défense des droits civiques disparaissent mystérieusement dans l’État du Mississippi. Deux agents du FBI, Ward et Anderson, aux méthodes opposées mais complémentaires sont chargés de l’enquête. Très vite leurs investigations dérangent et des violences sur fond de racisme éclatent dans cette ville où le Ku Klux Klan attise les haines et la violence…

Lorsqu’il réalise Mississippi Burning en 1988, Alan Parker est déjà un cinéaste confirmé avec des films éclectiques. Il commence sa carrière en 1976 avec Du rififi chez les mômes – Bugsy Malone, où il parodie, sous forme d’hommage, les films de gangsters des années 1920/1930, en mettant en scène uniquement des enfants. Deux ans plus tard, sort sur les écrans Midnight Express, film sur l’histoire véridique de William Hayes arrêté et emprisonné en Turquie, qui vaudra à Alan Parker une nomination pour l’Oscar du meilleur réalisateur. Ensuite, il met en scène le film musical Fame, le drame L’Usure du temps – Shoot the Moon, puis The Wall, fondé sur le double album conceptuel du groupe Pink Floyd, Birdy l’adaptation du roman de William Wharton et enfin Angel Heart avec Robert De Niro et Mickey Rourke.

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Test Blu-ray / Maigret voit rouge, réalisé par Gilles Grangier

MAIGRET VOIT ROUGE réalisé par Gilles Grangier, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 septembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Françoise Fabian, Marcel Bozzufi, Paul Carpenter, Michel Constantin, Guy Decomble, Edward Meeks, Ricky Cooper, Vittorio Sanipoli, Paul Frankeur, Paulette Dubost, Jacques Dynam…

Scénario : Jacques Robert & Gilles Grangier, d’après le roman de Georges Simenon.

Photographie : Louis Page

Musique : Michel Legrand & Francis Lemarque

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Trois hommes à bord d’une Chevrolet tirent sur un Américain en plein Pigalle. Lorsqu’un témoin s’approche pour secourir la victime, celle-ci a disparu, emportée par une mystérieuse DS blanche. Le commissaire Maigret se rend d’abord à l’ambassade des Etats-Unis où un diplomate lui conseille de ne pas s’occuper de l’affaire. Il n’en faut pas plus pour que Maigret voit rouge.

Même s’il avait déclaré qu’on ne l’y reprendrait plus et qu’il ferait ses adieux au personnage dans Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, Jean Gabin se laisse convaincre une dernière fois et reprend la pipe de Jules Maigret pour Maigret voit rouge. Si L’Affaire Saint-Fiacre déboule un peu plus d’un an après Maigret tend un piège, Maigret voit rouge sort quasiment quatre ans jour pour jour après le précédent épisode. Cette fois, Jean Delannoy et même Michel Audiard ont refusé poliment ce troisième et dernier round, préférant laisser la place au réalisateur Gilles Grangier et au scénariste Jacques Robert. N’y allons pas par quatre chemins, si Maigret voit rouge vaut le coup d’oeil, c’est uniquement et une fois de plus pour Jean Gabin, qui semble toutefois fatigué par le commissaire divisionnaire qu’il interprète, comme s’il ne savait plus où l’emmener ou quoi lui apporter. Il y a une envie d’ancrer le personnage de Georges Simenon dans son époque moderne et contemporaine, cela se sent dès l’orchestration composée par les illustres Michel Legrand et Francis Lemarque, mais il se crée un décalage qui ne sied guère à Maigret, d’autant plus que l’histoire manque cruellement d’intérêt. Mais Gabin reste Gabin et la magie opère dès qu’il apparaît à l’écran, qu’il ne se gêne pas de bouffer à chaque apparition et c’est entre autres pour cela qu’on l’aime et qu’on l’aimera toujours.

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Test Blu-ray / Maigret et l’affaire Saint-Fiacre, réalisé par Jean Delannoy

MAIGRET ET L’AFFAIRE SAINT-FIACRE réalisé par Jean Delannoy, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 septembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Gabin, Michel Auclair, Valentine Tessier, Jacques Morel, Paul Frankeur, Robert Hirsch, Jacques Marin, Michel Vitold, Armande Navarre, Gabrielle Fontan, Jacques Hilling, Micheline Luccioni…

Scénario : Rodolphe-Maurice Arlaud, Michel Audiard & Jean Delannoy, d’après le roman de Georges Simenon.

Photographie : Louis Page

Musique : Jean Prodromidès

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Le commissaire Maigret revient à Saint-Fiacre, village où il a passé son enfance, à l’invitation de la comtesse de Saint-Fiacre. Celle-ci connaît le « petit Jules » devenu commissaire, car le père de Maigret fut régisseur du domaine du château des Saint-Fiacre. La comtesse a reçu une lettre anonyme lui annonçant sa mort le mercredi des Cendres (premier jour du Carême). Le lendemain, Maigret la retrouve morte à l’église, victime d’une crise cardiaque. Toutefois, le commissaire est convaincu que cette crise cardiaque n’est pas due au hasard et commence son enquête…

Même s’ils n’étaient pas réellement enthousiasmés à l’idée de remettre le couvert et ce malgré le triomphe international de Maigret tend un piège, Jean Gabin et Jean Delannoy acceptent finalement cette nouvelle adaptation des aventures de Jules Maigret, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre. La même année qu’Archimède le clochard de Gilles Grangier et de Rue des prairies de Denys de La Patellière, Jean Gabin reprend la pipe et le chapeau du commissaire divisionnaire créé par Georges Simenon, pour le plus grand plaisir des spectateurs, qui se sont rués en masse à nouveau dans les salles de cinéma en septembre 1959, même si le succès a été moindre que pour le premier opus. Malgré tout, le film attire 2,9 millions de français au cinéma. Maigret et l’affaire Saint-Fiacre délaisse les rues sombres et poisseuses de la capitale, pour emmener le personnage en province, là où il est né et a grandi. L’enquête touchera tout particulièrement Maigret de façon personnelle et le commissaire redoublera de malice pour mettre la main sur l’esprit tordu et malfaisant responsable de la mort de la comtesse de Saint-Fiacre, probablement son premier émoi. Plus aéré, mais toujours aussi passionnant, Maigret et l’affaire Saint-Fiacre est une immense réussite, un chef d’oeuvre qui se permet de surpasser le précédent opus, en y incorporant une émotion inattendue, une nostalgie universelle et une mélancolie troublante, le tout sur fond d’enquête où les suspects sont multiples et les coupables imprévisibles. N’oublions pas le final, absolument extraordinaire, qui fait penser aux célèbres réunions organisées par Hercule Poirot dans l’oeuvre d’Agatha Christie, et qui offre à Jean Gabin l’occasion de livrer l’une des plus grandes performances de sa carrière. Maigret et l’affaire Saint-Fiacre est un film exceptionnel.

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