Test Blu-ray / Logan, réalisé par James Mangold

LOGAN réalisé par James Mangold, disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K Ultra HD le 5 juillet 2017 chez 20th Century Fox

Acteurs : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Stephen Merchant, Elizabeth Rodriguez, Richard E. Grant, Eriq La Salle…

Scénario : Scott Frank, James Mangold, Michael Green

Photographie : John Mathieson

Musique : Marco Beltrami

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

Alors que Bryan Singer s’évertue à détruire une saga qu’il a lui-même engrangée en 2000, avec récemment l’affreux X-Men: Days of Future Past (201) et l’immonde X-Men : Apocalypse (2016), le mutant le plus charismatique, Wolverine, avait également du mal à convaincre de son côté avec ses spin-off. Après l’ignominie réalisée par Gavin Hood en 2009, X-Men Origins: Wolverine (2011), James Mangold avait réussi à relever le niveau deux ans plus tard avec Wolverine : Le Combat de l’immortel. Toutefois, si Wolverine reprenait du poil de la bête, la réussite était loin d’être totale et le film péchait par un manque de rythme et d’intérêt. Les fans du griffu commençaient sérieusement à perdre patience et l’espoir, quand James Mangold et Hugh Jackman se sont enfin décidés à leur offrir LE film qu’ils attendaient. Remarquable, sublime, intelligent, hallucinant, les qualificatifs ne manquent pas pour parler de Logan, film indépendant, classé R donc interdit aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés aux Etats-Unis (aux moins de 12 ans avec avertissement en France), d’une violence inouïe (membres tranchés, décapitations, têtes transpercées), sombre, brutal et crépusculaire, qui fait fi des épisodes précédents, tout en jouant avec la mythologie du personnage principal.

2029. Désabusé et diminué, grisonnant, alcoolique, boitant d’une jambe, les yeux injectés de sang et ses griffes ayant même du mal à s’extraire, Logan veille sur le professeur Xavier dans un refuge isolé près de la frontière mexicaine. Le superhéros aux griffes d’acier veut à tout prix protéger le chef de X-Men. C’est alors qu’il croise le chemin de la petite Laura, qui a le même pouvoir que lui. En raison de son jeune âge, elle ne parvient pas à maîtriser son don. Logan décide de prendre Laura sous son aile. Donald Pierce, qui travaille pour le docteur Zander Rice, veut mettre la main sur l’enfant pour en faire un cobaye. En compagnie du professeur Xavier, Logan va devoir sortir de sa retraite et fuir leurs poursuivants. 17 ans après avoir créé le rôle de Wolverine dans le premier opus de la franchise et explosé aux yeux du monde, Hugh Jackman signe non seulement l’incarnation de Wolverine – la neuvième – telle que nous la rêvions tous, mais il signe également la plus grande prestation de toute sa carrière. S’il a maintes fois prouvé qu’il n’était pas seulement Wolverine à travers ses compositions chez Woody Allen (Scoop), Darren Aronofsky (The Fountain), Christopher Nolan (The Prestige), Baz Luhrmann (Australia) et dernièrement dans le génial Eddie the Eagle de Dexter Fletcher, Hugh Jackman livre une immense prestation dans Logan, qui devrait largement être saluée par une nomination aux prochains Oscars, ce qui serait largement justifié. Pour sa troisième collaboration avec James Mangold (Kate et Léopold en 2001 et le second Wolverine donc), le comédien tire sa révérence de façon magistrale.

Afin d’éviter la redondance auprès des spectateurs et afin de s’éloigner des standards actuels, tout comme des couleurs fluo et du spandex chers à Singer (et paf encore dans la tête), Logan a été pensé comme un opus qui se suffit à lui-même et qui s’adresse à un public adulte, non pas seulement avec ses séquences de violence très graphique à la John Rambo (si si), mais avec les thèmes qu’il explore. C’est ainsi que le personnage est mis face à ce qu’il redoute et ce qui l’effraie le plus au monde, l’amour, l’intimité et l’attachement. A la fois road-movie et récit initiatique, ce qui va souvent de paire, Logan s’avère un drame intimiste et bouleversant sur la transmission et la rédemption. Pensé comme un chaînon manquant entre L’Epreuve de force, Josey Wales hors-la-loi et Impitoyable de Clint Eastwood (Hugh Jackman ne lui a d’ailleurs jamais autant ressemblé physiquement), mâtiné de Little Miss Sunshine (dixit James Mangold) et L’Homme des vallées perdues de Georges Stevens (dont un extrait apparaît dans une scène centrale du film), Logan déjoue toutes les attentes tout en les comblant.

C’est ainsi que Logan se retrouve au milieu de nulle-part dans le désert californien, flanqué d’un professeur Xavier devenu dangereux car incapable de contenir des crises capables d’exterminer toutes les personnes autour de lui et qui ont sûrement (mais rien ne l’indique vraiment) tué les autres mutants. Confiné dans un réservoir délabré, sinistre et renversé qui rappelle furieusement le Cerebro, le professeur ne survit que grâce à Logan, obligé de le droguer. Tout irait presque pour le mieux quand apparaît soudain Laura, version miniature de Wolverine, qui s’avère – ce n’est pas vraiment un spoiler de le dévoiler – la « fille » de Logan, capable de se régénérer et également dotée de griffes rétractables aux mains et d’une autre au bout d’un de ses pieds. La jeune Dafne Keen crève l’écran dans le rôle de Laura et tient la dragée haute à Hugh Jackman. Même si elle ne décroche pas la mâchoire pendant 1h30, son charisme foudroie et sa prestation laisse pantois.

James Mangold avait déjà abordé le western à travers son excellent remake de 3h10 pour Yuma dix ans auparavant. Logan s’inscrit dans ce genre, entre autres, puisqu’il fait également penser aux thrillers des années 1970. Le sang se mélange à la poussière, les effets visuels sont limités et tout le film repose sur les personnages et l’histoire très ambitieuse. En prenant le contre-pied de tout ce qui a été fait jusque-là dans la franchise X-Men, avec un budget plus modeste, sans scène post-générique, sans caméo de Stan Lee, sans aucune surenchère visuelle, Logan s’impose comme l’un des plus grands films de super-héros jamais réalisé, dans lequel le personnage principal est au bout du rouleau, épuisé d’être Wolverine (d’ailleurs son corps se régénère beaucoup moins bien et très lentement) et fuit les responsabilités, les attentes et sa célébrité. Mangold et ses scénaristes, inspirés par le comics Old Man Logan créé par Mark Millar et Steve McNiven, jouent la carte méta en incluant des bandes dessinées X-Men inspirées des propres aventures de Wolverine et de ses camarades, que Logan rejette avec écoeurement. Outre son père spirituel et sa fille, Logan doit également faire face à son double, à une version de lui plus jeune et améliorée, un clone mutant X-23, qui représente le passé extrêmement violent du personnage, qu’il doit donc affronter, accepter, pour finalement partir en paix, tandis que les spectateurs pleurent toutes les larmes de leurs corps.

James Mangold et son chef opérateur John Mathieson (Gladiator, Hannibal) ont réussi à pousser encore plus loin cette expérience cinématographique en réalisant une version N&B de Logan, renforçant encore plus le nihilisme du film. Difficile après de s’en détacher et cette version monochrome s’inscrit instantanément dans les mémoires. Magnifique.

LE BLU-RAY

L’édition HD de Logan contient deux disques comprenant d’un côté la version cinéma et de l’autre la version Noir et Blanc. Ces galettes reposent dans un boîtier bleu classique. Le visuel déçoit quelque peu sur l’édition standard et l’on aurait aimé retrouver celui avec les mains de Logan et de Laura. Le boîtier repose dans un fourreau liseré noir, comme un brassard de deuil. Notons qu’il existe également une déclinaison limitée en Steelbook avec une illustration signée par Steve McNiven, dessinateur de comics (Civil War, Wolverine Old Man Logan). Sur les deux disques, les menus principaux sont identiques, animés et musicaux, en couleur sur le premier, en N&B sur le second.

Les deux Blu-ray contiennent tous les deux le commentaire audio (vostf) de James Mangold, enregistré un mois après la fin du tournage. Pendant 2h15, le réalisateur réalise une véritable leçon de cinéma et revient sur tous les aspects de son film. S’il se présente en disant qu’il faudra l’excuser si jamais il fait quelques pauses, celles-ci s’avèrent très rares et cela faisait un petit bout de temps que nous n’avions pas été en présence d’un aussi bon commentaire. Posément, James Mangold aborde la genèse de Logan, née du désir entre lui et Hugh Jackman d’amener le personnage en bout de course, tout en offrant enfin aux fans du personnage l’incarnation qu’ils désiraient depuis 17 ans. Il fallait pour cela presque reprendre Wolverine à zéro, en faisant fi des conventions liées aux blockbusters actuels (y compris les autres X-Men), en respectant sa mythologie et surtout s’adresser à un public adulte. L’écriture du scénario, l’investissement de Hugh Jackman, le casting, les partis pris, les effets visuels, les cascades, les décors, les personnages, la photographie, la musique, le montage, les intentions, tous ces sujets sont longuement abordés et de façon passionnante par un cinéaste arrivé au sommet de son art et qui a peut-être réalisé le film de sa vie. Nous ne saurons que trop vous conseiller de revoir Logan (une fois de plus, mais ça ne fait pas de mal) avec ce commentaire en tout point éclairant et passionnant.

La section des suppléments propose ensuite six scènes coupées (8’), également proposées avec les commentaires du même James Mangold en option (vostf). Ces séquences non montées essentiellement pour des raisons de rythme valent évidemment le coup d’oeil, notamment celle où le trio se fait arrêter par une femme flic pour vitesse excessive, ou bien encore celle du dîner alternatif durant laquelle Xavier évoque la femme décédée de Logan, une ancienne élève de son école qui s’appelait Jean Grey, que Logan « a assassiné ». Une autre séquence renforçait le côté méta avec un petit garçon mutant qui joue avec sa figurine Wolverine devant Logan, en lui demandant si Dents-de-Sabre a réellement existé.

On l’attendait, le voilà, le making of divisé en six chapitres, d’une durée totale et impressionnante d’1h16, qui propose de suivre le tournage du film dans l’ordre chronologique de l’histoire. Tous les comédiens, le réalisateur, les producteurs, le directeur de la photographie, le compositeur, le chef décorateur, les scénaristes interviennent à tour de rôle au fil de très nombreuses images du plateau, des répétitions, des concepts visuels et même de certains screentests dont celui de l’incroyable Dafne Keen. Un documentaire très bien réalisé et monté, dense, riche et une fois de plus indispensable pour celles et ceux qui ont comme nous succombé devant ce chef d’oeuvre. En plus, ce making of parvient à illustrer les propos de James Mangold dans son commentaire, sans tomber dans la redondance.

Outre trois bandes-annonces, dont une censurée, nous trouvons la version N&B de Logan, que James Mangold évoque dans son commentaire audio. Ruez-vous immédiatement sur cette option qui renforce encore plus les thèmes et les partis pris du film. D’une incroyable beauté, ce N&B (dont nous parlons dans la critique Image ci-dessous) brûle les rétines et il est fort probable que les spectateurs qui auront la chance de découvrir cette version ne jureront que par elle lors des prochains visionnages.

L’Image et le son

Version cinéma : Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les magnifiques partis pris esthétiques du directeur de la photographie John Mathieson (Gladiator, Hannibal, X-Men: Le commencement). Le piqué est constamment vif et acéré aux quatre coins du cadre large (jusque dans la barbe hirsute de Hugh Jackman), la colorimétrie scintillante (la terre sableuse et poussiéreuse s’oppose au bleu-blanc du ciel), les contrastes d’une rare densité, la compression solide comme un roc et la définition subjugue à chaque plan. Ajoutez à cela un grain sensible – tournage en Arri Alexa XT qui crée souvent une patine proche de l’argentique – qui flatte constamment la rétine, un relief impressionnant et une clarté aveuglante sur certains plans diurnes. Le rendu est optimal, y compris sur les séquences nocturnes avec des noirs denses et des détails aussi foisonnants. Un apport HD omniprésent !

Version Noir et Blanc : A l’instar de The Mist de Frank Darabont, qui avait tout d’abord imaginé son film en monochrome, version qui avait ensuite été disponible dans une version DVD limitée chez TF1 Vidéo, puis dans une moindre mesure celle récemment éditée de Mad Max: Fury Road de George Miller qui reprenait le même concept, Logan est donc proposé en N&B pour notre plus grand plaisir. Ce master HD se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué sur les nombreux gros plans, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés (la sueur sur les visages), de clarté et de relief. La copie est sidérante, la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de James Mangold. Logan doit absolument être vu (et revu) ainsi car l’ensemble ravit les yeux et les sens du début à la fin. Quelle beauté ! Pour les cinéphiles, l’éditeur a même intégré l’ancien logo de la Fox et le panneau Cinemascope, renforçant ainsi l’illusion de se retrouver face à un western anachronique.

Passons rapidement sur ce qui nous empêche d’attribuer la note maximale à cette case : la version française. S’il n’est pas déshonorant et remplit parfaitement son office, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 7.1. Cette dernière laisse pantois par son ardeur, son soutien systématique des latérales, ses basses percutantes. Véritablement explosive, la version originale s’impose comme une véritable acoustique de démonstration avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées à l’instar des crises du Professeur Xavier et des bastons Logan/X24. Un excellent spectacle phonique que l’on retrouve sur les deux versions du film.

Crédits images : © Twentieth Century Fox France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Dixième victime, réalisé par Elio Petri

LA DIXIÈME VICTIME (La Decima vittima) réalisé par Elio Petri, disponible en DVD et Blu-ray le 12 juillet 2017 chez Carlotta Films

Acteurs : Marcello Mastroianni, Ursula Andress, Elsa Martinelli, Salvo Randone, Massimo Serato, Milo Quesada

Scénario : Elio Petri, Giorgio Salvioni, Tonino Guerra, Ennio Flaiano d’après la nouvelle « The Seventh Victim » de Robert Sheckley

Photographie : Gianni Di Venanzo

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Dans un futur proche, les gouvernements en place ont instauré un nouveau jeu mondial, appelé la Grande Chasse. Le principe : un chasseur et une victime, désignés au hasard, doivent s’entre-tuer. La règle n°1 : le chasseur connaît l’identité de sa victime, mais la victime ignore tout de lui. C’est au cours d’une de ces manches que l’Américaine Caroline Meredith, en passe de remporter sa dixième victoire consécutive, rencontre sa victime, l’Italien Marcello Poletti. Un jeu de séduction s’installe bientôt entre eux. Mais leur attirance est-elle réelle ou calculée ?

Malgré une Palme d’or remportée en 1972 pour La Classe ouvrière va au paradis, le prix FIPRESCI et le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes en 1970 pour Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, le réalisateur italien Elio Petri (1929-1982) semble avoir été oublié dans le paysage cinématographique, notamment dans son pays. Ce cinéaste brillant, autodidacte, engagé et passionné a d’abord fait ses classes en tant que scénariste avant de se tourner vers le documentaire dans les années 50, puis de se lancer dans la fiction en 1961 avec son premier long métrage L’Assassin, coécrit avec le fidèle Tonino Guerra. Cinquième long métrage d’Elio Petri, La Dixième victimeLa Decima vittima, produit par Carlo Ponti, est un film prophétique et politique sur les dérives des gouvernements et de la télévision qui s’inspire d’une courte nouvelle écrite par l’auteur de science-fiction américain Robert Sheckley (1928-2005), The Seventh Victim, publiée en 1953 dans la revue Galaxy Science Fiction. Fable et satire sociale du devenir de l’humanité, cette dystopie centrée sur une chasse à l’homme autorisée, télévisée et favorisée par les autorités s’accorde avec les sujets de prédilection d’Elio Petri.

En l’absence de guerre, la population mondiale manque cruellement de distraction. Aussi a-t-on remis la chasse à l’homme au goût du jour. Les meurtres sont autorisés – y compris dans la rue au milieu des passants, qui d’ailleurs y prêtent à peine attention – et organisés par le ministère de la Grande chasse, afin de canaliser l’agressivité et la violence des êtres humains. Les joueurs sont des volontaires qui sont, selon le bon vouloir d’un ordinateur, tour à tour chasseurs ou gibiers. Est déclaré vainqueur celui qui aura triomphé successivement de dix adversaires. L’habile Caroline Meredith vient ainsi d’abattre – à l’aide de son soutien-gorge mitrailleur, coucou Austin Powers ! – son poursuivant au cours de sa neuvième chasse, quelque part à New York (séquence d’ouverture réellement tournée sur place), tandis que le brillant Marcello, qui concourt à Rome, a remporté sa sixième chasse. L’ordinateur qui préside au jeu décide que Caroline traquera désormais Marcello à Rome. Les deux décident de passer un contrat publicitaire, afin de maximiser leurs gains au moment où ils abattront leur adversaire devant des millions de téléspectateurs.

Les règles du jeu sont simples. 1) Chaque membre doit participer à 10 chasses, 5 comme chasseur et 5 comme victime, en alternance. Chaque couple chasseur-victime est sélectionné par un ordinateur situé à Genève. 2) Le chasseur sait tout de sa victime, son nom, son adresse, ses habitudes. 3) La victime ignore l’identité de son chasseur. Elle doit l’identifier et le tuer. 4) Le vainqueur de chaque chasse a droit à une récompense. Celui qui sera encore en vie après sa dixième chasse sera proclamé Décaton et recevra les honneurs, ainsi qu’un million de dollars. Il sera également exempté d’impôts et bénéficiera de la gratuité des transports et d’un véhicule diplomatique mis à sa disposition jusqu’à la fin de sa vie.

Dès son premier long métrage, Elio Petri critiquait ouvertement et de manière acerbe l’autorité de son pays à l’aube des années ‘60. Dans La Dixième victime, les personnes âgées doivent être « livrées » au gouvernement, la grande littérature se résume aux fumetti. Cinéaste engagé, Elio Petri n’aura de cesse de dénoncer et de provoquer le débat. Ici, les médias et les gouvernements sont violemment pris à partie. Petri fustige l’absence de déontologie puisque les chaînes de télévision commençaient à rivaliser de bêtise dans le seul but de faire de l’audience. 35 ans avant l’arrivée de Loft Story sur les écrans de télé français, Elio Petri interpellait les spectateurs sur le devenir de la petite lucarne, l’abrutissement de la populace et la déchéance de la société. L’empathie est donc difficile dans La Dixième victime, d’autant plus que le cinéaste cible un personnage merveilleusement ambigu à qui Marcello Mastroianni (teint en blond) prête toute son ironie mordante et son regard désabusé face à une Ursula Andress à se damner, tout aussi manipulatrice que son rival. Mais derrière cette rivalité ambigüe, s’instaure un jeu du chat de la souris, tandis que les sentiments amoureux viennent s’en mêler.

Si le rythme se révèle inégal, notamment durant une deuxième partie longue, bavarde et parfois poussive, le propos n’a rien perdu de sa verve et de sa causticité. A ceci s’ajoutent la photo brûlante de Gianni Di Venanzo et la mise en scène inventive de Petri. L’esthétique vintage-pop donne aujourd’hui à La Dixième victime un cachet suranné mais décalé avec la noirceur du propos, notamment au niveau des décors psychédéliques et des costumes bariolés. Le film demeure toujours d’actualité puisque les chaines se sont multipliées et n’ont de cesse de pondre des programmes de plus en plus décérébrés, vulgaires et violents, manipulant sans cesse le spectateur quant à la supposée « réalité » qui leur est proposé.

A l’instar du pessimiste Fahrenheit 451 de François Truffaut qui sera réalisé l’année suivante, La Dixième victime reste une oeuvre d’anticipation forte, hautement recommandable, passionnante et curieuse, parfois déroutante, mais virulente et marquée par un humour noir très appréciable qui fait glisser le film vers la comédie et même le burlesque dans son dernier acte, qui le rapproche du Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard. L’oeuvre de Robert Sheckley n’aura de cesse d’inspirer certains réalisateurs par la suite, comme Yves Boisset avec son Prix du danger, Paul Michael Glaser avec Running Man (à partir d’un roman de Richard – Stephen King – Bachman inspiré de Sheckley) ou bien encore dernièrement avec la saga Hunger Games et la trilogie American Nightmare.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de La Dixième victime, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical. Le gros bémol de ce Blu-ray est de ne trouver que la bande-annonce en guise de suppléments. Rien de plus. Avec ce titre, Carlotta Films annonce la première partie de sa « Collection Cinéma Italien ».

L’Image et le son

La Dixième victime a été restauré à partir des négatifs d’origine conservés par l’ayant-droit Surf Film. Le négatif image a été scanné à 2K et restauré numériquement. L’étalonnage a été réalisé à partir d’une copie positive d’origine conservée aux archives de la Cineteca di Bologna. La restauration a quant à elle été effectuée en 2012 par les laboratoires de L’immagine ritrovata. Le Blu-ray de La Dixième victime bénéficie d’un rendu méticuleux de la photo d’origine avec de superbes teintes vives et chatoyantes. La propreté de la copie est une fois de plus miraculeuse et flamboyante, tout comme la stabilité, les contrastes profonds et le relief probant surtout sur les séquences tournées en extérieur. Cette restauration définitive permet de (re)découvrir le film d’Elio Petri dans les plus belles conditions techniques, le spectateur pouvant désormais contempler tous les éléments disséminés aux quatre coins de l’écran par le cinéaste pour élaborer son monde futuriste. La définition n’est jamais ou très rarement prise en défaut, les noirs sont denses, la profondeur de champ estimable (merci à la compression AVC), le grain bien géré, la clarté renforce le piqué notamment au niveau des gros plans des comédiens, et la colorimétrie est à l’avenant. La Dixième victime avait été édité en DVD en 2004 chez Studiocanal, avant de renaître ici de ses cendres.

La piste italienne DTS HD Master Audio mono 1.0 se révèle particulièrement efficace. Limpide et fluide, jamais parasitée par un souffle intempestif, la version originale distille ses dialogues avec ardeur, tout comme ses effets sonores. La composition de Piero Piccioni est joliment délivrée et participe à la singularité du film d’Elio Petri. L’éditeur propose également une version italienne PCM 1.0 moins dynamique et aux dialogues qui percent parfois les tympans.

Crédits images : © Surf Film / Carlotta Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Seuls, réalisé par David Moreau

SEULS réalisé par David Moreau, disponible en DVD et Blu-ray le 13 juin 2017 chez Studiocanal

Acteurs : Sofia Lesaffre, Stéphane Bak, Jean-Stan Du Pac, Paul Scarfoglio, Kim Lockhart, Thomas Doret, Renan Madelpuech, Renan Prévot, Inès Spiridonov, Jeanne Guittet, Kamel Isker

Scénario : David Moreau, Guillaume Moulin d’après la bande dessinée de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann

Photographie : Nicolas Loir

Musique : Rob

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Leïla, 16 ans, se réveille en retard comme tous les matins. Sauf qu’aujourd’hui, il n’y a personne pour la presser. Où sont ses parents ? Elle prend son vélo et traverse son quartier, vide. Tout le monde a disparu. Se pensant l’unique survivante d’une catastrophe inexpliquée, elle finit par croiser quatre autres jeunes : Dodji, Yvan, Camille et Terry. Ensemble, ils vont tenter de comprendre ce qui est arrivé, apprendre à survivre dans leur monde devenu hostile… Mais sont-ils vraiment seuls ?

Découvert avec ses films d’horreur Ils et The Eye coréalisés avec Xavier Palud, le cinéaste David Moreau a ensuite connu en 2013 un beau succès public et critique avec 20 ans d’écart, pétillante comédie-romantique avec Pierre Niney et Virginie Efira. Avec Seuls, David Moreau revient au film de genre en suivant le schéma tracé par les américains et leurs franchises destinées au public adolescent, Hunger Games, Divergente ou Le Labyrinthe. Un temps envisagé par Jaco van Dormael, qui imaginait même une trilogie, c’est finalement David Moreau qui adapte ici les cinq premiers tomes de la bande dessinée franco-belge homonyme de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann, publiée depuis 2005 dans le magazine Spirou.

Un matin, Leïla se réveille et se prépare pour aller au lycée. Elle ne sait pas qu’elle sort de ses rêves pour entrer dans un cauchemar. Non seulement l’appartement familial est vide, mais elle se rend compte bien vite que c’est toute la ville qui est déserte. Aucune trace de ses parents ? Où sont passés les habitants ? Apparemment, il n’y a plus âme qui vive… Mais bientôt, Leïla découvre d’autres ados aussi déboussolés qu’elle. Cette poignée de survivants composée de personnalités très contrastées va s’unir pour faire face à cette catastrophe inexpliquée. Un nouveau danger les guette, visiblement, ils ne sont pas aussi « seuls » qu’ils le croyaient. Le Maître des couteaux vient d’arriver et il en a visiblement après eux. En plus, un épais brouillard destructeur entoure la ville (imaginaire) et menace de les engloutir.

Difficile pour David Moreau de transposer à l’écran une série d’albums en cours (une vingtaine est prévue et dix ont déjà été publiés), puisqu’il lui faut à la fois contenter les fans de la bande dessinée originale et attirer des spectateurs qui n’en auraient jamais entendu parler. Si le manque de moyens (6 millions d’euros de budget) a freiné les ambitions du réalisateur et si le film comporte quelques défauts et maladresses, Seuls ne manque pas d’intérêt et s’avère encourageant. Du point de vue technique, David Moreau soigne le cadre, la photographie de Nicolas Loir apporte un plus non négligeable, les décors sont inspirés, tout comme la partition musicale de Rob. Cela fonctionne au premier coup d’oeil. Seuls pèche en revanche par son scénario hésitant, ses dialogues peu inspirés et son interprétation qui frôle parfois l’amateurisme.

Ces points faibles n’empêchent pas le film et les personnages – plus âgés que dans la bande dessinée – d’être attachants et complémentaires : Dodji (Stéphane Bak, vu dans Elle de Paul Verhoeven), un orphelin solitaire, Yvan, un artiste intello, la studieuse et timide Camille, Terry, le plus jeune de la bande et Leïla (Sofia Lesaffre, découverte des Trois frères, le retour) qui s’impose dans le rôle de la leadeuse, bien que la bande dessinée était plus centrée sur Dodji. Ce choix de David Moreau découle de son amour pour les personnages féminins d’action. Si le rythme est en dents de scie, David Moreau est suffisamment malin pour relancer la mécanique chaque fois qu’elle commence à s’enrayer. Les rebondissements ne manquent pas et on sent le metteur en scène à son affaire, fan de cinéma fantastique et d’épouvante, qui donne une véritable identité à son film.

Entre frissons et humour du style buddy-movie, tout était réuni pour faire de Seuls un vrai film de genre, destiné à rencontrer un large public. Malheureusement, le cinéaste a dû faire avec le peu d’argent mis à sa disposition en raison de la frilosité des producteurs français. Avec près de 360.000 entrées, score tout à fait honorable pour un film fantastique hexagonal avec uniquement des jeunes acteurs inconnus au générique, la suite (ou les suites), annoncée dans l’épilogue, paraît compromis. Dommage. Mais sait-on jamais, car Seuls peut connaître une brillante carrière en DVD et Blu-ray, ce qu’on lui souhaite, et peut-être verrons-nous le retour de Leïla et de sa bande.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Seuls, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, musical et reprend le visuel de l’affiche du film, tout comme la jaquette.

Dissimulé dans le sous-menu des langues, nous trouvons le commentaire audio du réalisateur David Moreau. Si le début est un peu décousu et maladroit, le cinéaste s’avère très prolixe et ne marque aucun temps d’arrêt durant l’exercice. Largement conseillé car très sympa, ce commentaire aborde l’adaptation de la bande -dessinée et les partis pris, les personnages, le casting, plus longuement la création et l’utilisation des effets spéciaux (plus de 400 plans), ainsi que le manque de budget lié à la difficulté de vendre un projet ambitieux mais sombre et sans avoir de stars au générique. S’il se dit content du film, David Moreau ne cache pas son amertume d’avoir revu ses ambitions à la baisse – il avait entre autres écrit une version du film beaucoup plus fidèle à la bande dessinée – en fonction des moyens qui lui étaient alloués. Il avoue également qu’il espérait un score plus élevé au box-office. Les anecdotes de tournage s’enchaînent durant plus d’1h30.

La section des suppléments dispose également d’un making of (28’) traditionnel, composé de nombreuses images de tournage et des propos des comédiens. Cette fois, David Moreau n’intervient pas directement, mais le réalisateur est montré à l’oeuvre avec ses jeunes acteurs sur le plateau. Ces derniers présentent leurs personnages et les enjeux du film. Invités par la production, les créateurs de la bande dessinée Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann s’expriment sur l’adaptation.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Studiocanal frôle la perfection avec ce master HD. Si les contrastes affichent une densité impressionnante, le piqué n’est pas aussi ciselé sur les scènes sombres et certaines séquences apparaissent un peu douces, notamment durant la première partie du film, où les visages des comédiens apparaissent un peu cireux. En dehors de cela, la profondeur de champ est éloquente, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, le cadre est idéalement exploité et la colorimétrie bleutée-froide retravaillée à l’étalonnage est idéalement retranscrite. La mise en scène brute de David Moreau entraîne quelques pertes inévitables de la définition, mais l’ensemble demeure la plupart du temps estomaquant de beauté, le tout étant conforté par un encodage AVC solide comme un roc.

La piste DTS-HD Master Audio 5.1 assure le spectacle acoustique avec brio. Dynamique et riche, l’écoute demeure immersive tout du long avec quelques pics particulièrement bluffants. C’est le cas des séquences à la fête foraine, de l’ouverture avec la caméra embarquée dans le casque, du brouillard dévastateur et surtout du passage de la bande de l’autre côté de la matière vaporeuse. La balance frontale est percutante, sans oublier l’usage probant des ambiances latérales et du caisson de basses. La musique profite également d’une belle délivrance, mettant toutes les enceintes à contribution, même à volume peu élevé. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste en Audiodescription et une piste Stéréo de fort bon acabit.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test du coffret Blu-ray / Jack Arnold, géant de la peur : Tarantula + L’Homme qui rétrécit

TARANTULA (Tarantula!) réalisé par Jack Arnold, disponible en coffret combo Blu-ray/DVD le 11 juillet 2017 chez Elephant Films

Acteurs : John Agar, Mara Corday, Leo G. Carroll, Nestor Paiva, Ross Elliott, Edwin Rand, Raymond Bailey, Clint Eastwood

Scénario : Robert M. Fresco, Martin Berkeley

Photographie : George Robinson

Musique : Herman Stein

Durée : 1h20

Date de sortie initiale : 1955

L’HOMME QUI RÉTRÉCIT (The Incredible Shrinking Man) réalisé par Jack Arnold, disponible en coffret combo Blu-ray/DVD le 11 juillet 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Grant Williams, Randy Stuart, April Kent, Paul Langton, Raymond Bailey, William Schallert

Scénario : Richard Matheson, d’après son roman L’Homme qui rétrécit

Photographie : Ellis W. Carter

Musique : Irving Gertz, Earl E. Lawrence, Hans J. Salter, Herman Stein

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1957

LES FILMS

Spécialiste des séries B, Jack Arnold Waks alias Jack Arnold (1916-1992) n’en est pas moins un immense réalisateur. Bien que disposant de budgets très modestes, le cinéaste a toujours su transcender son postulat de départ minimaliste…pour aller vers le gigantisme. Prolifique, Jack Arnold prend son envol dans les années 1950 où il enchaîne les films qui sont depuis devenus de grands classiques : Le Météore de la nuit (1953), L’Etrange Créature du lac noir (1954), La Revanche de la créature (1955), Tarantula (1955), L’Homme qui rétrécit (1957) sans oublier La Souris qui rugissait (1959). Au total, près d’une vingtaine de longs-métrages tournés à la suite, toujours marqués par le professionnalisme et le talent de son auteur, combinant à la fois les effets spéciaux alors à la pointe de la technologie, des personnages ordinaires et attachants, plongés malgré eux dans une histoire extraordinaire.

Tarantula

Dans un laboratoire isolé, le Professeur Gerald Deemer travaille sur la formule d’un nutriment spécial et bénéfique qui permettrait d’éradiquer la famine que menace de provoquer l’accroissement de population. Jusqu’à présent ses expérimentations n’ont pas réellement donné de résultats probants, mais de sérieux déboires. Un jour qu’il s’est absenté, deux de ses collègues s’injectent le nutriment, avec des conséquences effroyables les conduisant progressivement à la mort par ce qui semble être l’acromégalie. L’un des deux meurt, tandis que l’autre attaque le professeur et lui injecte le produit avant de mourir. Pendant leur combat, une tarentule géante qui a elle aussi reçu une injection s’évade de sa cage. Dès lors, elle ne cesse de grandir jusqu’à atteindre une taille exceptionnelle et s’en prend aussi bien au bétail qu’aux humains.

Entre deux westerns, Tornade sur la ville et Crépuscule sanglant, Jack Arnold a le temps d’emballer ce petit film fantastique où toute la population de l’état de l’Arizona est menacée par une gigantesque tarentule née d’expériences scientifiques. Une fois n’est pas coutume, la créature n’est pas d’origine nucléaire, du moins pas entièrement comme cela était souvent le cas à l’époque, mais la résultante d’un sérum spécial qui contient tout de même quelques éléments radioactifs, mis au point par des savants qui ont vu leur cobaye leur échapper et aller bien au-delà de ce qu’ils pouvaient imaginer. Tarantula demeure une référence du genre.

Sur une durée plutôt ramassée (1h20) et même s’il montre un être difforme avant même le générique, Jack Arnold préserve ses effets, à tel point que les spectateurs doivent attendre au moins la moitié du film pour que la tarentule géante fasse réellement son apparition, et encore par petites touches successives. Les personnages sont installés posément, ainsi que le cadre et les enjeux scientifiques. Arnold dose ses effets. Grâce à un montage inspiré, les séquences se suivent sans ennui, d’autant plus que le metteur en scène récompense ensuite largement son audience en enchaînant les scènes de destruction et d’affrontements, sans oublier les maquillages et les incroyables effets visuels (qui donneront quelques frissons aux arachnophobes) particulièrement réussis, réalisés à partir du déplacement d’une véritable araignée incrustée dans de véritables décors.

Pourquoi Tarantula fonctionne-t-il mieux que les autres films du même acabit qui s’affrontaient dans les salles ? Parce que Jack Arnold prend son sujet au sérieux et de ce fait crée une ambiance réaliste et empathique. Evidemment, Tarantula est avant tout un divertissement, mais le réalisateur ne se moque pas des spectateurs et essaye de leur offrir le film le plus réussi possible, même s’il doit le tourner très rapidement, en dix jours seulement, tout en récupérant une partie des partitions musicales de La Créature du lac noir et du Météore de la nuit afin de faire des économies. Ce sera exactement la même chose pour L’Homme qui rétrécit, chef d’oeuvre dont nous parlerons dans un second temps.

Tarantula est une œuvre très élégante, excellemment écrite et mise en scène, magnifiquement photographiée par le grand chef opérateur George Robinson (Le Fils de Frankenstein, La Maison de Frankenstein), et interprété par des acteurs investis (la brûlante Mara Corday, ancienne playmate et Scream Queen) et charismatiques. Pour l’anecdote, le film marque la seconde apparition à l’écran d’un comédien qui allait devenir une des plus grandes stars de l’histoire du cinéma. Il s’agit d’un certain Clint Eastwood (non crédité au générique), qui interprète ici le chef de l’escadron aérien qui affronte la créature dans le dernier acte. Même s’il apparaît masqué, les fans reconnaîtront le regard de l’acteur.

Tarantula n’a absolument rien perdu de son charme, de sa magie et de sa poésie.

L’Homme qui rétrécit

Lors d’un voyage en bateau, Scott Carey est plongé dans un brouillard radioactif et subit d’étranges transformations, jusqu’à voir sa taille réduite à quelques centimètres. Soudain, des situations de la vie quotidienne se transforment en cauchemars : un chat joueur ou une araignée deviennent des monstres sanguinaires qui peuvent vous tuer à chaque instant. Carey doit alors mettre à l’épreuve tout son courage et son intelligence pour survivre dans ce monde devenu hostile…

Deux ans après Tarantula et entre deux thrillers, Fauxmonnayeurs et Le Salaire du diable, Jack Arnold réalise son chef d’oeuvre, L’Homme qui rétrécitThe Incredible Shrinking Man, d’après le roman The Shrinking Man du grand Richard Matheson (1926-2013), publié en 1956. L’écrivain signe d’ailleurs lui-même l’adaptation de son livre de science-fiction pour le grand écran. Soixante ans après sa sortie, L’Homme qui rétrécit demeure un modèle du genre avec la beauté incommensurable de ses effets spéciaux, la poésie et la philosophie du scénario, la direction artistique, la conduite du récit, la science du montage et une direction d’acteurs aussi juste que furieusement moderne.

En croisière dans le Pacifique avec son épouse Louise (Randy Stuart), Scott Carey (Grant Williams) est soudain enveloppé par un mystérieux nuage radioactif. Quelques mois plus tard, il constate avec stupeur que ses vêtements sont devenus trop grands pour lui. Il doit se rendre à l’évidence, aussi incroyable soit-elle : il a rapetissé et son poids va également en diminuant ! Les médecins lui expliquent qu’il a vraisemblablement été exposé à une radioactivité très supérieure à la moyenne. En quelques semaines, Scott passe de 1m85 à 93 centimètres. Le remède qu’on lui propose parvient à stopper sa décroissance. Hélas, ses effets s’avèrent très provisoires. Réduit à la taille d’un clou, Scott se retrouve un jour face à son chat qui le prend pour un insecte et commence à le poursuivre. Il parvient à s’en sortir indemne, mais atterrit dans la cave, qui devient alors un nouveau territoire hostile, où rôde une tarentule géante. Scott doit non seulement affronter ce nouveau danger, mais il doit également trouver de quoi manger, boire et un endroit où il puisse dormir en sécurité. Il s’arme alors d’une aiguille à tricoter qui à son échelle devient une épée, tout en trouvant refuge dans une boîte d’allumettes.

A l’instar de Tarantula, l’immense réussite de L’Homme qui rétrécit découle du sérieux avec lequel Jack Arnold empoigne son sujet. Le cinéaste y croit à fond et met en scène son film comme s’il s’agissait parfois d’un documentaire – Jack Arnold avait d’ailleurs été l’assistant du grand documentariste Robert Flaherty – sur la façon de survivre en milieu inhospitalier. Il n’y aura jamais de réelle explication sur la nature exacte du brouillard qui a enveloppé Scott et qui a entraîné son rapetissement, si ce n’est que l’homme en est une fois de plus la cause. Avec un art virtuose de l’ellipse, Jack Arnold montre les différents stades de la transformation de son personnage, tout d’abord étonné de voir ses vêtements qui se sont visiblement élargis suite à leur passage au pressing, avant de sérieusement commencer à envisager que c’est en fait lui-même qui rétrécit. Après une visite chez le médecin, il doit admettre que son corps continue de diminuer en taille, alors que son alliance glisse de son annulaire. Quelques plans suivants, alors que l’on venait de quitter Scott au volant de sa voiture, nous le retrouvons dans son salon, où il se trouve assis dans le fauteuil. Il fait la taille d’un enfant de 5 ans. La nouvelle commence à se répandre, les journalistes envahissent leur pelouse, le téléphone n’arrête pas de sonner, tout le monde veut avoir un scoop sur ce phénomène et objet de curiosité. Même le frère de Scott, visiblement attiré par l’appât du gain, l’encourage à jouer le jeu avec la presse, tandis que sa femme, très maternelle, semble se résigner à le voir rétrécir.

Louise, la femme de Scott, essaye de rester confiante, d’autant plus que le nouveau traitement semble avoir enrayé la transformation. Alors qu’il semble accepter sa nouvelle condition, surtout après rencontré par hasard une femme de petite taille, belle et épanouie, qui travaille dans un spectacle en tant que freaks, Scott, qui tombe visiblement sous le charme et qui voit que la vie demeure possible, se rend compte que le rétrécissement recommence et perd à nouveau ses moyens. Il s’enfuit. Nouvelle ellipse, il a désormais la taille d’un Playmobile et s’est installé dans une maison de poupées, qui à vrai dire ne change pas beaucoup de son domicile habituel.

Il y a deux films en un dans L’Homme qui rétrécit. Dans la première partie, le cinéaste présente ses personnages, les rend attachants en les plaçant dans le cadre banal de l’American Way of Life, jusqu’à ce que Scott soit contaminé par cette étrange atmosphère et qu’il commence à voir son corps changer. Ou comment le fantastique s’immisce dans le quotidien. Par la magie des décors, des accessoires et des incrustations, Jack Arnold rend crédible et réaliste le fait que son protagoniste rétrécisse à vue d’oeil. La séquence qui vient tout perturber est le combat cauchemardesque que Scott mène avec son chat, qui voit en lui une étrange souris, à l’issue duquel Scott se retrouve dans la cave. Un nouveau film commence, un véritable survival qui n’a absolument rien à envier à d’autres films du genre, même contemporain. De son côté, sa femme croit alors que Scott est mort, tué par son chat.

En dehors d’une voix-off réduite à son minimum à travers laquelle Scott raconte son histoire comme dans un journal de bord, L’Homme qui rétrécit devient un film quasiment dépourvu de dialogues, reposant uniquement sur la mise en scène. Et c’est fabuleux, extraordinaire et passionnant. Le spectateur suit désormais Scott, formidable et charismatique Grant Williams, découvrir ce nouvel environnement menaçant (qui lui était pourtant familier), où les fuites d’un chauffe-eau deviennent des trombes d’eau (le Marvel Ant-Man de Peyton Reed n’a évidemment rien inventé), une grille d’égout devient un précipice sans fond, une toile d’araignée devient un amoncellement de fils barbelés et le morceau de fromage placé sur une tapette à souris devient un festin convoité.

Le génie de Richard Matheson et celui de Jack Arnold s’allient pour offrir aux spectateurs l’un des plus grands, l’un des plus beaux et l’un des plus spectaculaires films fantastiques de l’histoire du cinéma. L’empathie de l’audience pour le personnage est telle qu’il n’est pas rare de cramponner les accoudoirs de son fauteuil au moment où Scott, réduit cette fois à la taille d’un dé à coudre, se retrouve coincé entre les huit pattes velues de son pire ennemi. Film d’aventures et d’action, drame et même tragédie, L’Homme qui rétrécit ne serait pas le même film sans son dénouement déchirant et ambitieux, qui ne cède en rien à la fin heureuse traditionnelle (malgré le souhait original des studios Universal), mais qui se double d’une réflexion métaphysique aussi inattendue qu’inoubliable, au même titre que l’épilogue de 2001 : l’odyssée de l’espace de Stanley Kubrick. Devant se résoudre à accepter sa condition, Scott, désormais débarrassé de la menace de la tarentule, est vivant et prêt à découvrir ce nouveau monde qui s’ouvre à lui et dont il est seul à pouvoir percevoir la beauté, tout comme sa propre place dans l’univers. Scott sort finalement grandi de cette aventure.

L’Homme qui rétrécit, entré au National Film Registry et conservé à la Bibliothèque du Congrès aux Etats-Unis, souvent copié mais jamais égalé, est une étape indispensable pour les cinéphiles.

LE COFFRET

Le test des éditions HD de Tarantula et de L’Homme qui rétrécit, disponibles chez Elephant Films, a été réalisé à partir de check-discs. Cette édition contient également un livret collector rédigé par Matthieu Rostac, journaliste de « SoFilm » (48 pages), non envoyé par l’éditeur. Les menus principaux, sont animés et musicaux, jaune pour Tarantula et bleu pour L’Homme qui rétrécit.

Nous retrouvons sur les deux disques, le même portrait de Jack Arnold, dressé par l’imminent Jean-Pierre Dionnet, que l’on est heureux de retrouver en grande forme (7’). Visiblement passionné par son sujet, notre interlocuteur intervient pour réhabiliter le cinéaste, trop souvent oublié ou dont les films demeurent parfois sous-estimés, même s’il a largement contribué à renouveler le genre fantastique et l’horreur au cinéma après la Seconde Guerre mondiale. Dionnet passe en revue le parcours de Jack Arnold (avec ses débuts aux côtés du documentariste Robert Flaherty), ses sujets de prédilection, son éclectisme. Il évoque également le réalisme avec lequel le réalisateur abordait le fantastique, ce qui contribuait entre autres à la grande réussite de ses films. Jean-Pierre Dionnet clôt cette intervention en indiquant que « Jack Arnold est un maître ».

Chaque film est également présenté par le même Jean-Pierre Dionnet, qui en deux fois dix minutes, revient sur le casting, les effets visuels, les thèmes, la mise en scène, le tout ponctué d’anecdotes amusantes à l’instar des essais passés par Tamara, la tarentule star de Tarantula, qui a tellement convaincu Jack Arnold qu’il la réutilisera dans L’Homme qui rétrécit.

La section des bonus propose également une galerie de photos et des bandes-annonces.

L’Image et le son

Tarantula et L’Homme qui rétrécit sont présentés dans leur format original, dans un master entièrement restauré en Haute-Définition. Le premier avait connu une sortie plutôt confidentielle il y a dix ans chez Bach Films, tandis que le second était jusqu’alors disponible en DVD chez Universal depuis 2006, avant d’intégrer la collection Universal Classics (à la jaquette rouge) en 2012 chez le même éditeur. Les deux films font donc peau neuve chez Elephant Films, qui avait déjà édité Le Météore de la nuit et La Revanche de la créature en 2016, également en Haute-Définition. N’ayons pas peur des mots, ces Blu-ray au format 1080p sont superbes. Certes, quelques points blancs et noirs subsistent parfois, mais dans l’ensemble les copies sont immaculées et la quasi-totalité des scories a été nettoyée. Souvent tourné en extérieur, Tarantula bénéficie d’une image plus lumineuse que celle de L’Homme qui rétrécit et en dehors des stock-shots, essentiellement liés au raid aérien final, la copie HD est supérieure à celle de l’autre film de Jack Arnold, même si le piqué, la gestion du grain et des contrastes, sans oublier l’équilibre au niveau des fondus enchaînés sont du même acabit. Néanmoins, le Blu-ray de L’Homme qui rétrécit s’avère également magnifique. La restauration n’a pas cherché à gommer les couacs liés aux images composites aux images incrustées. De ce fait, les scènes durant lesquelles Scott affronte son chat et l’araignée occasionnent une définition plus vacillante, mais cela fait partie du charme du film.

Les bandes-sons ont été restaurées en version originale, disponibles en DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, sont dynamiques et le confort acoustique très appréciable. Une très grande clarté qui participe également à la redécouverte des films de Jack Arnold, surtout en ce qui concerne L’Homme qui rétrécit, puisque le cinéaste joue également avec le son pour indiquer le rétrécissement du personnage principal. Si Tarantula n’est proposé qu’en version originale aux sous-titres français non imposés, nous trouvons – en plus de version anglaise – une piste française pour L’Homme qui rétrécit. Cette dernière s’avère peu convaincante avec son doublage qui semble avoir été réalisé récemment. Le résultat manque de naturel et se concentre essentiellement sur le report des voix, au détriment des effets et des ambiances annexes. Dans tous les cas, aucun souffle constaté.

Crédits images : © Universal / Elephant Films/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Clown, réalisé par Jon Watts

CLOWN réalisé par Jon Watts, disponible en DVD et Blu-ray le 28 juin 2017 chez Wild Side Vidéo

Acteurs : Andy Powers, Laura Allen, Peter Stormare, Eli Roth, Christian Distefano, Elizabeth Whitmere, Graham Reznick, Chuck Shamata

Scénario : Jon Watts, Christopher Ford

Photographie : Matthew Santo

Musique : Matt Veligdan

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

Lorsque le clown engagé pour animer l’anniversaire de son fils leur fait faux bond, un père de famille doit prendre la relève et lui-même revêtir un déguisement de clown pour assurer le spectacle. Mais très vite, il réalise que le costume est devenu une seconde peau dont il ne pourra se débarrasser. A moins d’accomplir une mission macabre…

Halloween en 2010. Quelques internautes découvrent la bande-annonce d’un film d’horreur intitulé Clown. Tourné en un week-end par Jon Watts et son ami Christopher Ford, ce qui n’est au départ qu’une plaisanterie entre étudiants en cinéma se transforme en véritable phénomène sur internet. Le trailer est échangé partout dans le monde, d’autant plus que le film est annoncé comme étant « le nouveau film d’Eli Roth, le maître de l’horreur » ! Watts et Ford sont dépassés par les événements. Désarçonné quand on le félicite sur la bande-annonce de son prochain film, Eli Roth visionne la vidéo en question. Mais plutôt que d’intenter un procès au duo, ils les félicitent pour leur audace et leur proposent de transformer cette idée en véritable long métrage. Il s’engage même à produire réellement leur film s’ils y parviennent. Clown le film est né.

Sorti en 2014, ce film d’horreur américano-canadien reprend donc le même pitch annoncé dans la fausse bande-annonce. Pour l’anniversaire de son fils, Kent engage un clown devant animer la fête. Quand il lui fait faux bond, Kent est contraint de se déguiser lui-même. Il découvre avec horreur qu’il ne peut pas retirer le costume et cherche à comprendre l’origine de cette malédiction. Il y a de bonnes choses dans Clown, mais il y en a aussi de très mauvaises. Dans l’ensemble, le film est un bon divertissement, qui possède suffisamment de bons points pour emmener le spectateur jusqu’à la fin. Le postulat de départ est excellent, même s’il faut accepter une coïncidence « hénaaaurme ». En effet, alors que son fils et sa femme attendent l’arrivée d’un clown pour la fête d’anniversaire du fiston, Kent McCoy, agent immobilier, apprend que la société d’animation est obligée d’annuler. Kent est désolé pour son fils…mais attendez, le hasard est bien fait ! Alors qu’il se trouve dans une des maisons qu’il cherche à vendre, il trouve un costume de clown dans une vieille malle abandonnée au sous-sol ! « Alors ça par exemple, cela tombe bien » ! Kent débarque alors chez lui, perruque colorée, teint blanc, nez rouge, costume vintage et tralala, le môme aura une fête digne de ce nom ! Il y avait une chance sur combien de trouver un costume de clown, pile-poil au bon moment ? Voilà. Sur ce coup de bol incroyable, Clown démarre et le calvaire de son personnage principal aussi. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus réussi dans le film.

Entre Le Loup-Garou de Londres de John Landis et La Mouche de David Cronenberg, saupoudré du Pennywise de Stephen King, Clown montre la lente transformation physique de Kent (Andy Powers, attachant), qui doit se rendre à l’évidence, le costume prend possession de lui, corps et âme. Il ne peut tout d’abord pas retirer sa perruque, qui semble être devenue sa nouvelle implantation capillaire, tout comme son nez rouge qui reste collé à son visage. Sa femme Meg (Laura Allen, peu convaincante) parvient à lui retirer le nez à l’aide de pinces, mais lui arrache au passage le bout de sa vraie truffe, que leur chien s’empresse de becter.

Franchement, si Clown avait su demeurer aussi fun (avec un humour noir plaisant), efficace et prometteur que cette première partie, le film aurait été une belle réussite. C’est après que les choses se gâtent, comme si Jon Watts et Christopher Ford, quelque peu décontenancés par cette opportunité, n’avaient pas su quoi raconter à partir de leur faux trailer original. Sans toutefois ennuyer l’audience et en devenant un nouvel ennemi des coulrophobes (prenez un dictionnaire), le film entre après dans les rangs du genre, celui de la possession d’un être humain par un démon, histoire évidemment narrée par un ermite (ce cabotin de Peter Stormare) qui connaît tout sur la malédiction et qui attendait patiemment qu’un pauvre couillon mette le costume de clown.

Kent disparaît à mesure que son costume devient organique (maquillage très réussi d’ailleurs) et qu’un pseudo-diable affamé (son ventre gargouille tout le temps) – interprété par Eli Roth lui-même en fin de mutation – prenne définitivement le contrôle de son corps pour aller dévorer quelques enfants. Ces séquences parfois sanglantes et toujours graphiques mettant en scène de très jeunes victimes, pourront d’ailleurs choquer les spectateurs les plus sensibles. Le gros bémol de Clown, ce ne sont pas ses rebondissements improbables, mais l’amateurisme de la mise en scène, le rythme peu maîtrisé (tout est trop lent ou au contraire les événements vont trop vite en besogne) et la paresse du scénario, très mal écrit, jusque dans le dernier acte, mauvais, vite expédié et qui part dans tous les sens.

Clown se regarde avec amusement, quelques scènes d’épouvante fonctionnent à l’instar du démon qui dévore les gamins dans une salle de jeux, comme si Ronald McDonald préparait ses propres Big-Mac. Dommage que la réalisation ne suive pas et avor souvent les effets de surprise ou destinés à faire peur aux spectateurs. Encore une fois, Clown, présenté en compétition au Festival international du Film Fantastique de Gérardmer en 2017, n’est pas déplaisant et se regarde volontiers, mais ne laissera pas un grand souvenir. Le film se situe en entre la série B et la série Z, à regarder avachi dans un BZ quoi. Toujours est-il que cela n’augure rien de bon pour Spider-Man : Homecoming dont la mise en scène a été confiée par Marvel à Jon Watts, suite à son film suivant Cop Car, avec Kevin Bacon, directement sorti en France en DVD. Mais bon, on ne s’attend pas non plus à un miracle pour l’énième retour de l’homme-araignée, mais c’est toujours bien d’y croire quand même. En attendant un autre comeback très attendu, celui de Pennywise en septembre 2017, sous la direction de l’excellent Andrés Muschietti.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Clown, DTV disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Sortie technique, Clown s’accompagne d’un petit making of promotionnel de 6 minutes, constitué d’interviews d’Eli Roth, de la décoratrice Lisa Soper, des comédiens Laura Allen et Peter Stormare, du directeur de la photographie Matthew Santo et du responsable des maquillages David Santo. Très peu d’images de tournage à se mettre sous la dent dans ce module, qui revient essentiellement sur la genèse singulière de Clown.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Un DTV de plus dans l’escarcelle de Wild Side Vidéo ! Ce Blu-ray au format 1080p est encore une fois une grande réussite technique. La Haute-Définition sied à merveille aux films de genre et Clown ne déroge pas à la règle. La patine est délicate et léchée durant 1h40, les partis pris merveilleusement rendus. C’est un quasi-sans-faute technique : luminosité, relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux, y compris sur les scènes moins éclairées. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, et chaque détail aux quatre coins du cadre large est saisissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc, offre les meilleures conditions pour découvrir le film de Jon Watts en France.

Les versions anglaise et française sont disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1. Ces mixages en feront sursauter plus d’un grâce à ses effets latéraux et frontaux particulièrement puissants et immersifs. Le caisson de basses a fort à faire avec des effets bien sentis, les dialogues sont exsudés avec force sur la centrale et les ambiances naturelles et dérangeantes ne manquent pas, surtout durant les vrombissements. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version anglaise.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Dans la forêt, réalisé par Gilles Marchand

DANS LA FORÊT réalisé par Gilles Marchand, disponible en DVD le 20 juin 2017 chez Pyramide Vidéo

Acteurs : Jérémie Elkaïm, Timothé Vom Dorp, Théo Van de Voorde, Mika Zimmerman, Sophie Quinton, Mireille Perrier

Scénario : Gilles Marchand, Dominik Moll

Photographie : Jeanne Lapoirie

Musique : Philippe Schoeller

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Tom et son grand frère Benjamin partent en Suède retrouver leur père pour les vacances d’été. Tom appréhende les retrouvailles avec cet homme étrange et solitaire. Le père, lui, semble convaincu que Tom a le don de voir des choses que les autres ne voient pas. Quand il leur propose d’aller vers le Nord pour passer quelques jours dans une cabane au bord d’un lac, les enfants sont ravis. Mais l’endroit est très isolé, au milieu d’une immense forêt qui exacerbe les peurs de Tom. Et plus les jours passent, moins le père semble envisager leur retour…

Gilles Marchand est avant tout scénariste. Il y a vingt ans, il signe Les Sanguinaires et Ressources humaines (1999) de Laurent Cantet. En 2000, il fait aussi une rencontre déterminante avec le réalisateur Dominik Moll pour lequel il écrit le scénario de Harry, un ami qui vous veut du bien, grand succès public et critique dans le monde entier. Tout en continuant sa collaboration avec divers metteurs en scène, tels que Jean-Paul Rappeneau pour Bon voyage et Cédric Kahn pour Feux rouges, Gilles Marchand passe lui-même derrière la caméra pour son premier long métrage, Qui a tué Bambi ? (2003), avec Laurent Lucas et Sophie Quinton. Il faudra attendre 2010 pour découvrir son deuxième film, L’Autre monde, très bon thriller à la frontière du fantastique, coécrit avec Dominik Moll, avec au casting Louise Bourgoin, Melvil Poupaud, Grégoire Leprince-Ringuet et Pauline Etienne. Malheureusement, même si très réussi, L’Autre monde ne remporte aucun succès dans les salles. Coauteur de Main dans la main et de Marguerite et Julien de Valérie Donzelli, Gilles Marchand revient avec son troisième long métrage, Dans la forêt, coproduit par la réalisatrice de La Guerre est déclarée et par Jérémie Elkaïm, tandis que Dominik Moll coécrit le scénario une fois de plus.

Tom, 8 ans, sent une présence maléfique. Son frère Benjamin, 11 ans, ne le croit pas. Ensemble, ils doivent rejoindre en Suède leur père qu’ils n’ont pas beaucoup vu depuis qu’il a divorcé de leur mère. Insomniaque, celui-ci leur propose de partir en excursion en forêt. Il veut se rendre dans une maison perdue dans les bois. D’emblée, les enfants ne se sentent pas bien et sont de plus en plus effrayés par le comportement étrange de leur père. Quand ils lui demandent de s’en aller, celui-ci voit rouge et jette au feu le téléphone de Benjamin. Il sait que Tom a un don et qu’il perçoit des choses invisibles pour le commun des mortels.

C’est une claque comme il en arrive rarement dans le film de genre français. Dans la forêt joue avec les peurs liées à l’enfance, celles du croquemitaine, comme une version moderne du Petit Poucet, mais pas seulement. Film à la croisée de genres, drame psychologique imprégné d’une aura fantastique, Dans la forêt ne cesse de faire perdre ses repères aux spectateurs, comme à ses jeunes personnages, afin de mieux les plonger dans un univers étouffant et angoissant, à l’instar de cette forêt pourtant sublime qui se referme progressivement sur ses protagonistes de façon angoissante. Inspiré des propres souvenirs d’enfance du cinéaste, liés à de nombreux voyages faits avec son frère pour rejoindre leur père dans un pays étranger, Dans la forêt peut également se lire comme une relecture de La Nuit du chasseur et surtout de Shining avec ce petit garçon – Timothé Vom Dorp vu dans Le Fils de Jean de Philippe Lioret et Ce sentiment de l’été de Mikhaël Hers, incroyable de justesse – qui aurait un don de médium. Comme il l’indique à un psy pour enfants, Tom a « peur de comment ça va se passer » chez son père en Suède. Et il s’agit plus d’un pressentiment que d’une appréhension. Le récit se déroule ensuite lentement, à hauteur d’enfant, où chaque plan, chaque cadre ne cesse d’engloutir le spectateur, sans oublier la beauté de la photographie de Jeanne Lapoirie (8 femmes, Michael Kohlhaas) et la composition de Philippe Schoeller. De plus, Gilles Marchand offre son meilleur rôle à Jérémie Elkaïm. Habituellement monocorde et peu expressif, le comédien est ici incroyablement inquiétant, impressionnant et ambigu. Chaque regard noir ou chaque réplique glaciale font ici l’effet d’une guillotine, tandis qu’une menace semble se rapprocher des enfants et de Tom en particulier. Mais d’ailleurs d’où vient-elle ? Et quel est ce monstre étrange que seul Tom semble apercevoir ? Est-ce juste le fruit de son imagination ? Que veut réellement le père ?

Des questions, on s’en pose beaucoup tout au long du film. Félicitons Gilles Marchand, metteur en scène décidément trop rare, de ne pas y répondre et surtout de laisser son audience se faire sa propre interprétation. Dans la forêt est une œuvre à connaître absolument et gageons qu’un excellent bouche-à-oreille entre cinéphiles lui offrira une seconde vie. Ce qu’il mérite amplement.

LE DVD

Le test du DVD de Dans la forêt, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Dommage de ne pas trouver de making of dans la section des suppléments, tout comme de commentaire audio. Car l’interview scindée en quatre chapitres (42’ au total) de Jérémie Elkaïm et de Gilles Marchand s’avère absolument riche et passionnante. L’acteur et producteur d’un côté (du canapé), le scénariste et metteur en scène de l’autre, reviennent sur la genèse de Dans la forêt, l’écriture du scénario avec Dominik Moll, les thèmes, la part de mystère dans le film, le point de vue des enfants, le casting, les repérages et les lieux de tournage, le travail avec la directrice de la photo Jeanne Lapoirie, la création du monstre et enfin le rapport avec le spectateur. Si comme nous, vous avez adoré Dans la forêt, ne manquez pas cet entretien, également illustré par des photos de tournage et des images provenant des essais en vidéo des deux jeunes comédiens.

La bande-annonce du film est également au programme.

L’Image et le son

Compte tenu de son inadmissible échec dans les salles, Dans la forêt ne dispose pas d’une édition HD. Heureusement le DVD est de fort bonne qualité et permet d’admirer le travail de la directrice de la photographie, Jeanne Lapoirie, avec sa belle luminosité, des couleurs superbes et ses contrastes duveteux toujours plaisants sur toutes les scènes en forêt. Si les séquences sombres dénotent par rapport au reste avec un léger fléchissement de la définition, des noirs tirant sur le bleu et un piqué plus émoussé, les scènes diurnes sont agréables avec des détails plus ciselés sur le cadre large, une profondeur de champ appréciable, un léger grain et des visages plus précis.

Le mixage Dolby Digital 5.1 est très souvent bluffant. Le spectateur est happé dans cette étrange forêt aux côtés des personnages, grâce au soutien constant des enceintes latérales qui environnent l’audience avec de multiples ambiances naturelles. Les voix sont solidement ancrées sur la centrale, la balance frontale est dynamique. D’une précision sans faille, dense, dynamique, le confort acoustique est largement assuré. La Stéréo est par définition frontale, mais de fort bon acabit. Les sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : © Pyramide Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Zeder, les voix de l’au-delà, réalisé par Pupi Avati

ZEDER, LES VOIX DE L’AU-DELÀ (Zeder) réalisé par Pupi Avati, disponible en combo Blu-ray-DVD le 18 mars 2017 chez The Ecstasy of Films

Acteurs : Gabriele Lavia, Anne Canovas, Paola Tanziani, Cesare Barbetti, Bob Tonelli, Ferdinando Orlandi, Enea Ferrario, John Stacy

Scénario : Pupi Avati, Maurizio Costanzo, Antonio Avati

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Stefano, un jeune journaliste, achète une vieille machine à écrire. Il découvre du texte encore imprimé sur le ruban. Il apprend ainsi l’existence d’un certain Paolo Zeder, un scientifique qui aurait découvert dans les années 50 un moyen de faire revivre les morts suivant le lieu de leur enterrement. Stefano entre bientôt en contact avec un obscur groupe de savants qui tentent de prouver la véracité des thèses exposées par Zeder…

Réalisateur, scénariste et producteur, Giuseppe Avati, plus connu sous le nom de Pupi Avati (né en 1938) signe avec Zeder, les voix de l’au-delà – connu aux Etats-Unis sous le titre Revenge of the Dead – un de ses films les plus célèbres, du moins pour les amateurs de cinéma fantastique. Eclectique et plutôt prolifique, le cinéaste de La Mazurka del barone, della santa e del fico fiorone (1975) et de La Cage aux minetsBordella (1976), comédies qui ont fait sa renommée, s’est aussi illustré dans l’épouvante dès son premier long métrage avec le gothique Balsamus, l’homme de Satan (1970). Suivront Thomas e gli indemoniati (1970) et surtout La Maison aux fenêtres qui rient (1976). Passionné par les phénomènes paranormaux, l’ésotérisme et l’occultisme, mais aussi par le macabre, Pupi Avati revient à son genre de prédilection sept ans après ce succès international, avec Zeder, les voix de l’au-delà.

Stefano (le monolithique Gabriele Lavia), un romancier, reçoit une vieille machine à écrire de la part de sa femme Alessandra (la délicieuse Anne Canovas, vue récemment dans la série Plus belle la vie), en guise de présent pour leur anniversaire de mariage. Alors qu’il s’apprête à changer le ruban encreur de la machine, il découvre que les empreintes dactylographiques laissées sur celui-ci par le précédent propriétaire sont encore lisibles. Fasciné par la perspective de cette découverte, Stefano extirpe du ruban la narration d’expériences réalisées par un scientifique du nom de Paolo Zeder qui semblait avoir découvert un moyen de vaincre la mort. Hanté par cette découverte prometteuse sur les théories de Zeder, Stefano va se lancer dans un terrifiant voyage et sera confronté à une conspiration de réanimation des morts !

Zeder, les voix de l’au-delà n’a rien perdu de son pouvoir hypnotique et repose entièrement sur la mise en scène très inspirée de Pupi Avati. Zeder, les voix de l’au-delà est un film très étrange, quasi-inclassable, jouant avec les codes du giallo sans en être un malgré un meurtre réalisé dans le noir avec un objet contondant. A l’instar du personnage principal, le spectateur se retrouve souvent incrédule, mais ne peut s’empêcher de continuer à visionner cette œuvre insolite, poussé par la curiosité, d’autant plus que les événements n’ont de cesse de surprendre et de devenir de plus en plus inquiétants voire franchement dérangeants. Mais cette attraction de l’horreur se manifeste surtout par les partis pris, notamment la photo sombre, poisseuse, étouffante et froide du chef opérateur Franco Delli Colli (Je suis une légende avec Vincent Price), ainsi que par la composition inspirée de Riz Ortolani, les décors fantomatiques, comme cet énorme bâtiment laissé à l’abandon, dans lequel se perd le personnage principal en quête de vérité.

Zeder, les voix de l’au-delà ne manque pas de rebondissements et promène l’audience de Chartres dans les années 1950 à Bologne et plus largement dans la région d’Emilie-Romagne pour ce qui concerne la partie contemporaine. Sans effets gratuits ni ostentatoires, le récit, qui rappelle Simetierre de Stephen King alors publié la même année, se déroule posément, tandis qu’un étau semble se refermer aussi bien sur la gorge du personnage que sur celle du spectateur. Pupi Avati convoque le dernier cri du matériel audiovisuel et les images vidéo renvoyées dans la tombe du terrain K, où les morts peuvent revenir à la vie, sont à la fois drôles et effrayantes. Zeder, les voix de l’au-delà ne verse jamais dans l’excès, bien au contraire, ne joue pas la carte du gore ou des zombies en décomposition, et pourtant se révèle être une œuvre, maîtrisée de A(vati) à Z(eder), pesante et anxiogène, tout en gardant un pied dans un réalisme troublant.

S’il n’est pas sorti dans les salles françaises, le drame de Pupi Avati, car il s’agit bien plus d’un drame que d’un film fantastique, a connu une carrière en VHS et son groupe d’aficionados n’a jamais cessé de croitre. A connaître absolument.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray et le DVD de Zeder, les voix de l’au-delà, disponible chez The Ecstasy of Films, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. L’élégante jaquette (réversible) saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de cinéma Bis, et des autres, avec son visuel mystérieux. Le menu principal est animé et musical. Ce titre intègre la collection Cauchemars italiens.

The Ecstasy of Films ne vient pas les mains vides, mais avec près d’une heure de suppléments.

On commence par l’interview de Pupi et Antonio Avati (31’). Enregistrés séparément, les deux frères, le premier réalisateur et le second producteur, reviennent sur la genèse de Zeder, les voix de l’au-delà (à partir du ruban d’une machine à écrire), l’écriture du scénario, le choix des décors, les partis pris, les intentions, le casting et les lieux de tournage. Pupi Avati indique entre autres que Zeder, les voix de l’au-delà correspond à une période de sa vie où il était fasciné par le sujet de la vie après la mort et constituait beaucoup de recherches sur ce thème.

Dans la seconde interview, nous retrouvons l’illustre compositeur Riz Ortolani (1926-2014). Visiblement enregistré peu de temps avant son décès, cet entretien avec le maestro qui aurait signé près de 230 musiques pour le cinéma et la télévision, permet d’en savoir un peu plus sur le travail de ce passionné qui a oeuvré avec les plus grands. Riz Ortolani passe en revue son enfance placée sous le signe de la musique, ses débuts dans le cinéma, ses rencontres déterminantes et bien évidemment sa longue collaboration avec Pupi Avati. Le tout accompagné d’anecdotes diverses et variées, aussi intéressantes que truculentes à écouter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, une galerie de photos (y compris de tournage), ainsi qu’un comparatif avant/après la restauration, sans oublier la bande-annonce de Re-Animator 2Bride of Re-Animator, bientôt disponible chez The Ecstasy of Films!

N’oublions de mentionner la présence d’un formidable et exclusif petit livret de 20 pages, intitulé De A(vati) à Z(eder), conçu par Frank Lafond, essayiste et directeur de collection, auteur de Jacques Tourneur, les figures de la peur (2007), Joe Dante, l’art du je(u) (2011) et du Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction (2014).

L’Image et le son

Zeder, les voix de l’au-delà est présenté pour la première fois en France en DVD et Blu-ray, dans une version intégrale restaurée en Haute-Définition et dans son format original respecté 1.85. L’éditeur indique s’être occupé de l’étalonnage de restauration à Paris, tandis qu’un laboratoire italien s’est chargé du transfert numérique du négatif original du film. Le film est désormais disponible en Blu-ray, au format 1080p (AVC). Difficile de juger une image comme celle de Zeder, les voix de l’au-delà ! Quelques scories et dépôts résiduels demeurent, surtout durant la première partie française, mais dans l’ensemble la copie s’avère propre et bien nettoyée. Les couleurs ternes de la première partie sont bien restituées, de même pour les teintes plus chaudes du reste du film. Dommage cependant que le teint des comédiens passe souvent du rose au plus saumoné. Le master affiche une belle stabilité, certains effets de pompage peuvent se faire ressentir au cours d’une même séquence, sans que cela perturbe le visionnage. Les contrastes sont fermes et le piqué souvent étonnant. La promotion HD est donc validée pour ce titre et l’éditeur s’en sort très bien, malgré l’évidente complexité à respecter les volontés artistiques originales.

Les versions italienne et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono. Sans surprise, la piste originale s’avère la plus propre et dynamique du lot. Evitez le doublage français, qui privilégient le report des voix – pincées et parfois chuintantes – au détriment des effets et ambiances annexes. Zeder, les voix de l’au-delà est un film qui se déguste avec la musicalité de la langue transalpine. Un panneau indique également que certains éléments audio d’origine ont été perdus.

Crédits images : © OB Films / The Ecstasy of Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Bye Bye Man, réalisé par Stacy Title

THE BYE BYE MAN réalisé par Stacy Title, disponible en DVD et en Blu-ray (version non censurée) le 22 juin 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Douglas Smith, Lucien Laviscount, Cressida Bonas, Carrie-Anne Moss, Faye Dunaway, Doug Jones, Jenna Kanell, Michael Trucco

Scénario : Jonathan Penner d’après la nouvelle The Bridge to Body Island de Robert Damon Schneck

Photographie : James Kniest

Musique : The Newton Brothers

Durée : 1h36 (version cinéma) 1h39 (version non censurée)

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lorsque trois étudiants s’installent dans une vieille maison aux abords de leur campus, ils libèrent inconsciemment le Bye Bye Man, une entité surnaturelle qui ne hante que ceux qui découvrent son nom. Les amis comprennent alors qu’il n’y a qu’un moyen d’échapper à sa malédiction et d’éviter qu’elle ne se propage : ne pas le dire, ne pas y croire. Quand le Bye Bye Man arrive à s’immiscer dans vos pensées, il prend le contrôle et vous fait commettre l’irréparable…

The Bye Bye Man marque le retour au cinéma de la réalisatrice Stacy Title, révélée en 1995 avec L’Ultime souper. Attirée par l’épouvante, la cinéaste a également signé Let the Devil Wear Black en 1999 et Hood of Horror en 2006. A part une participation à un show collectif réalisé pour la télévision, The Greatest Show Ever, nous étions sans nouvelles de Stacy Title. The Bye Bye Man est l’adaptation d’une nouvelle de Robert Damon Schneck intitulée The Bridge to Body Island. Le film aurait dû être distribué dans les salles françaises l’été 2016, sortie finalement annulée en raison du report de l’exploitation américaine (dans une version finalement tronquée) et surtout des critiques très négatives. Pourtant cela partait bien.

On est tout d’abord happé par un prologue filmé en plan-séquence, d’une incroyable brutalité sèche. En octobre 1969, un homme débarque dans une petite bourgade du Wisconsin. Armé d’un fusil, il demande à l’une de ses connaissances si « elle connaît son nom ou l’a dit à quelqu’un ? » avant de lui tirer à bout portant. D’autres meurtres suivent rapidement après, un homme handicapé qui rampe sur le sol, les voisins alertés par les détonations, tandis que l’homme au fusil n’arrête pas de répeter « N’y pense pas. Ne dis pas son nom ». Quoi ? Encore Voldemort ? Passée cette formidable introduction, l’action se déroule de nos jours où nous suivons un jeune couple d’étudiants et leur ami, qui viennent de louer une maison – quelque peu délabrée – en dehors du campus afin d’y être plus tranquilles. C’est alors que The Bye Bye Man adopte un rythme de croisière tout aussi peinard et s’enlise rapidement dans tous les clichés du genre.

Les étudiants restent dans cette baraque qui s’avère évidemment très vite hantée ou tout du moins le lieu de phénomènes paranormaux. Les visions cauchemardesques se multiplient, notamment celle du fameux Bye Bye Man interprété par l’incroyable Doug Jones, qui prête une fois de plus sa longue silhouette filiforme à un personnage fantastique après avoir marqué les cinéphiles dans Le Labyrinthe de Pan, les deux Hellboy et même Gainsbourg (Vie héroïque). Mais à côté de ça, les jeunes comédiens, la mannequin Cressida Bonas (l’ex du prince Harry pour les plus people), Douglas Smith (la série Vinyl, Miss Sloane) et Lucien Laviscount font ce qu’ils peuvent pour rendre leurs personnages bébêtes un peu attachants. S’ils y arrivent au départ, la direction d’acteurs va à vau-l’eau dès que le fantastique s’immisce. Constamment au bord de l’apoplexie, les yeux écarquillés, les comédiens en font trop, des tonnes même et il faut attendre l’apparition inattendue de l’excellente Carrie-Anne Moss pour redonner un peu d’intérêt à l’ensemble. Trop rare, l’actrice canadienne vole les deux scènes où elle apparaît. Un peu plus tard dans le film, on est encore plus surpris de voir, ou plutôt de reconnaître non sans difficulté, Faye Dunaway, dont le visage ravagé par la chirurgie esthétique fait vraiment peine à voir.

The Bye Bye Man se contente de plagier ouvertement Candyman, Wishmaster, Sinister et autres films convoquant un boogeyman, de mélanger tout cela dans un shaker et de déverser ce cocktail dans le bec des spectateurs en essayant d’adopter la forme du merveilleux It Follows de David Robert Mitchell, en espérant que ceux-ci ne voient pas trop l’entourloupe. Non seulement le film cumule les poncifs comme des perles sur un collier (l’amie médium qui organise une séance de spiritisme), mais en plus la réalisatrice ne parvient jamais à instaurer de suspense, les jumpscares ne fonctionnent jamais car trop attendus, le croquemitaine et son clebs en (mauvaises) images de synthèse ne possèdent aucune aura et les quelques scènes « choc » semblent tirées d’un ersatz de Destination Finale. Déception donc.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Bye Bye Man, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

Aucun supplément en dehors d’un lot de bandes-annonces et du montage non censuré (3 minutes en plus) uniquement disponible sur l’édition Blu-ray.

L’Image et le son

The Bye Bye Man, DTV dans nos contrées, est proposé en HD dans un format 1080p. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie et de la luminosité durant le prologue, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, avec un piqué trop doux à notre goût et un manque de détails, notamment au niveau des visages des comédiens. Le codec tente de consolider certains plans avec difficulté, surtout sur les nombreuses séquences sombres. De plus, la profondeur de champ est décevante, quelques légers fourmillements s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief indéniable.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent gentiment les jumpscares. Le caisson de basses se mêle également à la partie. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française (au très mauvais doublage), se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. La version non censurée est uniquement disponible en version anglaise avec les sous-titres français imposés.

Crédits images : © STX Productions, LLC. All rights reserved / Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ssssnake le cobra, réalisé par Bernard L. Kowalski

SSSSNAKE LE COBRA (Sssssss) réalisé par Bernard L. Kowalski, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Strother Martin, Dirk Benedict, Heather Menzies-Urich, Richard B. Shull, Tim O’Connor, Jack Ging, Kathleen King, Reb Brown

Scénario : Hal Dresner d’après une idée originale de Daniel C. Striepeke

Photographie : Gerald Perry Finnerman

Musique : Patrick Williams

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

David, un jeune étudiant, est engagé comme assistant de laboratoire par le docteur Stoner, un herpétologiste spécialisé dans les serpents. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la fille du docteur, tandis que ce dernier décide d’utiliser sur lui un sérum secret, destiné à créer un hybride homme-serpent.

Connu en France sous le titre SSSSnake le cobra ou tout simplement SSSSnake, Sssssss (titre original) est réalisé par Bernard L. Kowalski (1929-2007) en 1973. Oeuvrant habituellement pour la télévision sur des séries aussi diverses que variées que M Squad, Perry Mason, Les Incorruptibles, Rawhide, le metteur en scène signe avec ce petit film d’horreur une de ses rares incursions au cinéma. Après Night of the Blood Beast (1958) et Attack of the Giant Leeches (1959) – ou L’Attaque des sangsues géantes – qui lui avaient déjà donné l’occasion de toucher à l’horreur, Bernard L. Kowalski livre une formidable série B qui risque de donner quelques sueurs froides à ophiophobes, aux spectateurs qui ont peur des serpents.

Le docteur Stoner, herpétologiste réputé, conduit des recherches dont l’audace amène ses confrères et commanditaires à s’éloigner de lui. C’est ainsi qu’il a mis au point un sérum, dérivé de venin de cobra, qui peut transformer un homme en serpent. Tout cela dans le but de créer l’espèce parfaite et ultime. Mais sa première victime, Tim, n’est pas devenu tout-à-fait un serpent, et on le montre désormais comme attraction dans les foires. Après avoir refusé d’appuyer ses demandes de subventions, le docteur Daniels, qui ne se doute pas des véritables recherches de Stoner, lui recommande de prendre comme nouvel assistant un de ses étudiants, David Blake. Dans son laboratoire rempli de serpents, Stoner débute sa nouvelle expérience en lui injectant un sérum de son invention, supposé l’immuniser contre le venin. David commence alors à changer.

Produit par la jeune société Zanuck / Brown Productions (qui se préparait à financer un petit film intitulé Les Dents de la mer) pour Universal avec un budget d’un million de dollars, SSSSnake adopte un rythme lent, mais maîtrisé et repose sur un excellent casting, véritablement investi puisque plus de 150 véritables serpents – certains encore venimeux – ont été utilisés et manipulés par les comédiens pour les besoins du film. Bernard L. Kowalski fait preuve de rigueur dans sa mise en scène et sa direction d’acteurs, tout en distillant une tension maintenue pendant plus d’1h30. Le scénario d’Hal Dresner (Luke la main froide et Folies d’avril de Stuart Rosenberg, The Extraordinary Seaman de John Frankenheimer) joue avec les codes du genre en vigueur à l’époque et parvient à rendre réaliste une histoire extraordinaire.

Connu comme étant l’un des éternels seconds couteaux, le comédien Strother Martin, vu chez John Huston, Robert Aldrich, Delmer Daves, John Ford, Sam Peckinpah et George Roy Hill, accède ici au premier rôle. Peu habitué à cet événement, il porte néanmoins le film en créant un décalage intéressant et en rendant son personnage de savant fou inquiétant, qui tombe de plus en plus dans la démence au fil du récit. A ses côtés, les nostalgiques de la série L’Agence tous risques reconnaîtront Dirk Benedict qui interprétait Futé pendant les six saisons. Dans SSSSnake, c’est lui qui incarne le cobaye malgré-lui et qui va voir son corps se transformer, jusqu’à devenir un véritable cobra aux yeux bleus de plus de deux mètres.

Entre Frankenstein et L’Ile du Docteur Moreau, avec une petite touche de Freaks, la monstrueuse parade, SSSSnake s’avère une excellente surprise, récompensée par le Saturn Award du meilleur film de science-fiction en 1975 et sélectionnée en compétition au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1974. Il n’est pas anodin de penser que SSSSnake ait ensuite largement influencé la série éphémère mais culte Manimal (1983), dans laquelle Simon MacCorkindale possédait la faculté de se transformer en panthère noire, en faucon et même en serpent. Si la mutation est définitive dans SSSSnake, celles dans Manimal font sérieusement penser à la séquence finale du film de Bernard L. Kowalski, par ailleurs la seule à utiliser les effets spéciaux. Le maquillage de Dirk Benedict est par ailleurs très réussi.

Au final, malgré une conclusion quelque peu décevante car trop expédiée, SSSSnake demeure une excellente récréation, relativement ambitieuse et continue de faire le bonheur des adeptes d’histoires horrifiques bien troussées.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de SSSSnake, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique classe de couleur noire. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Dans sa présentation du film (13’30), Marc Toullec rapproche judicieusement SSSSnake de Willard de Daniel Mann, réalisé deux ans plus tôt, et revient sur la genèse du long métrage de Bernard L. Kowalski. Notre spécialiste en films fantastiques évoque ensuite le casting, le producteur Richard D. Zanuck, les effets spéciaux, les maquillages, l’utilisation de véritables serpents sur le plateau, les thèmes et les conditions de tournage. Une introduction simple, concise, bourrée d’anecdotes, enjouée et très sympathique.

L’Image et le son

Fort d’un master au format respecté 1.85 et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble avec brio, ce Blu-ray au format 1080p permet de (re)découvrir SSSSnake dans de très bonnes conditions techniques. Malgré de légères scories, la restauration est souvent impressionnante, les contrastes bien équilibrés, la copie est propre, stable et lumineuse. Les détails étonnent souvent par leur précision, notamment sur les gros plans, détaillés à souhait (la sueur qui brille sur le front de Dirk Benedict au fil du traitement), les couleurs retrouvent un éclat inespéré à l’instar des credits verts. En revanche, certains risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain argentique original, du manque de relief et du piqué trop doux à notre goût.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage Dolby Digital 2.0 Mono. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Doomwatch, réalisé par Peter Sasdy

DOOMWATCH réalisé par Peter Sasdy, disponible en DVD le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Ian Bannen, Judy Geeson, John Paul, Simon Oates, Jean Trend, Joby Blanshard, George Sanders

Scénario : Clive Exton d’après la série « Doomwatch »

Photographie : Kenneth Talbot

Musique : John Scott

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Doomwatch, un laboratoire scientifique anglais repère des anomalies biologiques sur la côte ouest du pays. le laboratoire décide alors d’envoyer Del Shaw sur l’île de Balfe, afin que celui-ci enquête. Le scientifique récolte des algues qu’il envoie à Doomwatch. Après les avoir analysées le laboratoire conclue qu’il s’agit d’une contamination chimique. Mais bientôt Del découvre le corps d’un enfant mort enterré dans la forêt.

D’origine hongroise, Peter Sasdy (né en 1935) est un des réalisateurs emblématiques de la célèbre Hammer Film Productions. On lui doit notamment Une messe pour Dracula (1970), Comtesse Dracula (1971), trois épisodes cultes de la série La Maison de tous les cauchemars (1980) et La Fille de Jack l’Eventreur (1971). Spécialisé dans le film d’horreur, il signe Doomwatch en 1972, qui s’inspire de la série télévisée éponyme de la BBC, 38 épisodes tournés entre 1970 et 1972. Dans cette adaptation cinématographique, trois des comédiens de la série font une apparition, John Paul, Simon Oates et Joby Blanshard. Les médecins interprétés par les deux premiers et la spécialiste en informatique incarnée par la troisième laissent la place à un acteur plus chevronné, l’écossais Ian Bannen, vu dans La colline des hommes perdus et The Offence de Sidney Lumet, Le Vol du Phénix et Trop tard pour les héros de Robert Aldrich. Doomwatch s’inscrit dans le genre science-fiction et d’horreur, mais « réaliste ».

Ian Bannen est le docteur Del Shaw est chargé par l’organisation Doomwatch d’analyser les effets d’une marée noire survenue un an auparavant sur la côte de la petite île de Balfe dans les Cornouailles. Alors qu’il commence ses relevés océanographes, il y découvre une population isolée et hostile, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ce nouveau venu et semble dissimuler un secret. Étonné par leurs comportements, puis par une macabre révélation, Shaw commence à enquêter sur les autochtones, assisté par la jeune institutrice du village, Victoria Brown (Juddy Geeson). Il semble que les villageois soient frappés les uns après les autres d’une maladie mystérieuse, qui déforme leur apparence physique, tout en les rendant extrêmement agressifs. Shaw réalise que les déchets chimiques rejetés dans la mer par un laboratoire travaillant sur de dangereuses expériences, seraient à l’origine de cette étrange malédiction. Mais il se heurte à l’obstination de la population, qui refuse de quitter ses terres, et à l’hypocrisie du laboratoire en question.

Doomwatch démontre l’habileté du réalisateur à rendre inquiétant l’ordinaire, grâce à son sens du cadre et en créant une atmosphère trouble avec des décors en apparence banale. Peter Sasdy bénéficie du travail du chef opérateur Kenneth Talbot, un de ses fidèles collaborateurs, également connu pour avoir éclairé Charley-le-borgne et Solo pour une blonde. Le spectateur plonge dans le brouillard aux côtés du Dr Del Shaw, dans une enquête anxiogène durant laquelle les menaces se multiplient autour du personnage principal. Si Peter Sasdy repousse la révélation jusqu’au dernier acte, le suspense est maintenu, les protagonistes inquiétants et les rebondissements bien menés. Seul faux pas de ce scénario, rendre finalement peu inquiétant, pour ne pas dire inoffensif, le fait que l’armée déverse dans la mer des dizaines de fûts de produits chimiques, puisque les autres, ceux contenant les fameuses hormones de croissance sont les seuls responsables de la mutation de la faune et des habitants !

Doomwatch s’ouvre comme un film de la Hammer, le corps d’une petite fille est transporté dans les bois pour y être enterré en cachette, et se clôt comme une enquête d’Hercule Poirot, pour laquelle Agatha Christie aurait conviée Stephen King à sa table. Autant dire que cette petite série B britannique originale vaut bien d’être découverte en France où elle n’a jamais connu d’exploitation.

LE DVD

Le DVD de Doomwatch, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Si vous êtes fidèles au rendez-vous, vous savez que chaque titre de cette collection est présenté par l’excellent Marc Toullec. C’est évidemment encore le cas pour Doomwatch (13’). Durant cette intervention dynamique et riche en anecdotes de production, Marc Toullec évoque la série originale, inédite en France et passe en revue le casting, les thèmes du film et le célèbre producteur Tony Tenser, jusqu’alors spécialisé dans le cinéma coquin, qui avait décidé d’ajouter une corde à son arc au milieu des années 1960 en finançant des films d’horreur à petit budget. Parmi ceux-ci, Repulsion réalisé par un certain Roman Polanski…

L’Image et le son

Nous ne sommes pas déçus ! C’est avec un plaisir immense que nous découvrons ce film de Peter Sasby dans de pareilles conditions ! D’emblée, la colorimétrie s’impose, le relief est très appréciable et le piqué est souvent tranchant. Le chef-opérateur Kenneth Talbot voit sa photo ouatée merveilleusement restituée et offre un lot de détails conséquents. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable, le grain bien géré et les noirs denses. N’oublions pas non plus la vertueuse restauration et la propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories possibles et imaginables.

Comme Doomwatch n’a pas connu de sortie dans les salles françaises, le film est uniquement disponible en version originale aux sous-titres français non imposés. Le mixage anglais Dolby Digital 2.0 Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches, sans aucun souffle.

Crédits images : © Tigon British Film Productions. All Rights Reserved / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr