Test Blu-ray / Trilogie optimiste de Dino Risi : Pauvres mais beaux + Belles mais pauvres + Pauvres millionnaires

PAUVRES MAIS BEAUX / BELLES MAIS PAUVRES / PAUVRES MILLIONNAIRES (Poveri ma belli / Belle ma povere / Poveri milionari) réalisés par Dino Risi, disponibles en combo Blu-ray/DVD le 3 octobre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Renato Salvatori, Marisa Allasio, Maurizio Arena, Lorella De Luca, Alessandra Panaro, Memmo Carotenuto, Sylva Koscina…

Scénario : Dino Risi, Pasquale Festa Campanile, Massimo Franciosa

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Giorgio Fabor, Piero Morgan, Armando Trovaioli

Durée : 1h41 / 1h39 / 1h32

Date de sortie initiale : 1957 / 1957 / 1959

LES FILMS

Deux séducteurs des faubourgs, Romolo et Salvatore, tombent sous le charme de leur voisine Giovanna, la fille du tailleur. Leur amitié est mise à rude épreuve car Giovanna laisse croire à chacun qu’il est l’élu de son coeur…

À Rome, Romolo et Salvatore mènent une vie insouciante partageant les fêtes et les conquêtes. Chacun s’engage finalement avec la soeur de l’autre. La perspective du mariage ne change rien aux priorités de Salvatore qui continue de s’amuser sans penser au lendemain, alors que Romolo reprend sérieusement ses études pour avoir un métier.

Romolo, Salvatore, Anna Maria et Marisa, en voyage de noces, doivent rejoindre Florence. Mais une série d’incidents les bloquent à Rome, dans un appartement sans fenêtres.

Pauvres mais beaux n’est que le cinquième long métrage de l’immense et prolifique Dino Risi (1916-2008), et c’est déjà magnifique. Doctorant en psychologie, médecin, psychiatre, journaliste, puis devenu metteur en scène presque par hasard, le réalisateur mythique du Fanfaron, Parfum de femme, Il Vedovo, signe une de ses premières grandes réussites en matière de comédie, lui qui deviendra un maître du genre.

Merveilleux film « dans l’air du temps », Pauvres mais beaux n’a finalement pas vieilli et demeure jubilatoire, toujours très attachant et même parfois mélancolique. Cette oeuvre chaleureuse est aussi l’occasion d’admirer le talent et les courbes affriolantes de Marisa Allasio, véritable bombe sexuelle du cinéma italien des années 1950, dont la carrière d’actrice fut interrompue suite à son mariage avec le comte Pier Franco Calvi di Bergolo, fils de la princesse Yolande Marguerite de Savoie (fille aînée du roi Victor-Emmanuel III). Ça c’était pour l’anecdote. Elle est Giovanna, l’objet de toutes les convoitises (et on comprend pourquoi), en particulier de Romolo et Salvatore, interprétés par Maurizio Arena (Le Signe de Vénus) et Renato Salvatori (Un dimanche romain), amis depuis l’enfance, voisins de palier, deux jeunes dragueurs invétérés qui partagent tout (même les conquêtes, habituellement) et surtout leur temps à profiter du soleil et à reluquer les croupes rebondies des jolies demoiselles qui déambulent en bikini devant leurs yeux alanguis.

Pauvres mais beaux est le témoignage d’une époque révolue, mais aussi une comédie vive, dynamique, très sexy, formidablement interprétée, un régal pour les mirettes. Les sentiments amoureux sont abordés avec l’élégance habituelle de Dino Risi, d’autant plus que la femme – et comme toujours chez le cinéaste – y tient tête à l’homme, ce dernier étant alors prêt à tout pour concrétiser ses ambitions et réaliser ses fantasmes. Les deux amis seront décontenancés par la liberté et l’émancipation de Giovanna, qui agit comme eux, avec une tendresse supplémentaire, sans envie de faire de mal, mais en voulant profiter du moment et de l’opportunité. Giovanna ne refuse pas un baiser, ce qui n’est pas pour déplaire à Romolo et Salvatore. Mais les deux ne tardent pas à tomber amoureux de la même jeune femme et leur amitié est alors mise en danger par la jalousie. Pendant ce temps, l’ex-fiancé de Giovanna refait surface.

Suite de quiproquos, de jeux de séduction, mais également portrait d’une jeunesse insouciante en prise avec les «  problèmes d’adultes  » face à des parents complètement dépassés par les événements (voir la scène du rock endiablé), Pauvres mais beaux est une réussite exemplaire, reposant sur des dialogues savoureux et un scénario millimétré écrits par Dino Risi, mais également par Massimo Franciosa et Pasquale Festa Campanile, complices qui plus tard signeront Rocco et ses frères et Le Guépard. Autre atout, le film bénéficie du talent du chef opérateur Tonino Delli Colli (Le Nom de la Rose, Il était une fois en Amérique) à la photo, qui capte les instantanés de vie dans les rues de Rome où le film a été intégralement tourné.

Le triomphe de Pauvres mais beaux entraînera une suite directe avec les mêmes comédiens et Dino Risi toujours derrière la caméra, tout simplement intitulée Beaux mais pauvres. A peine un an après la sortie du précédent volet, nous retrouvons donc Romolo et Salvatore, cette fois fiancés à Anna Maria et Marisa. Mais l’amour ne suffit pas pour se marier, ils doivent également pouvoir subvenir aux besoins de la famille. Mais ni l’un ni l’autre ne travaille, ils se sont alors inscrits à une école, mais seul Romolo réussit.

Cette fois, le film ne se focalise pas sur le duo vedette, mais sur un quatuor formidable. Les divines Lorella De Luca (Marisa) et Alessandra Panaro (Anna Maria) reprennent également leurs rôles respectifs. Si ce second opus ne possède pas la même spontanéité que le précédent, il n’en demeure pas moins bondissant, frais et très drôle. Les deux volets prennent donc la forme de véritables chroniques sur la jeunesse italienne de la fin des années 1950, désireuse de profiter à fond de la vie. Romolo et Salvatore doivent se montrer plus adultes en cherchant un travail, afin de pouvoir subvenir aux besoins de leurs fiancées avant le mariage. Mais ils se retrouvent très vite rattrapés par la réalité et entrer dans le monde adulte n’est pas si facile. D’autant plus que Giovanna (Marisa Allasio) croise à nouveau leur route et que les deux amis se retrouvent une fois de plus hypnotisés par la jeune femme.

Dino Risi et ses scénaristes exploitent habilement l’immaturité de leurs personnages mise en place dans le film précédent, en évitant la facilité. Quelques soucis de rythme peut-être, néanmoins Belles mais pauvres reste un grand moment de la comédie italienne et du néoréalisme rose. Le charme est inaltérable et certains gags seront d’ailleurs repris par d’autres grands maîtres de la comédie, comme Claude Zidi qui s’inspirera du gag du maillot de bain décousu dans Les Sous-Doués en vacances.

Ce qui deviendra alors une trilogie prendra fin en 1959 avec Pauvres millionnaires, le réalisateur retrouvant pour l’occasion Maurizio Arena et Renato Salvatori, mais sans Marisa Allasio qui venait d’arrêter le cinéma.

Pour leur voyage de noces, Salvatore et Romolo, deux jeunes amis inséparables issus des milieux populaires de Rome, décident d’emmener leurs épouses à Florence par le train. Mais une série d’incidents les bloquent à Rome, où les deux couples sont alors contraints de cohabiter dans un appartement en travaux et sans la moindre fenêtre. Renversé un soir par la voiture d’une femme très riche, Salvatore se retrouve soudain amnésique. Un concours de circonstances le rend directeur du grand magasin dans lequel travaille comme vendeur son ami Romolo. Salvatore a tout oublié, dont sa femme Marisa, qui va entreprendre sa reconquête…

Pauvres millionnaires, resté inédit en France jusqu’en 2016, est certes le chapitre le moins « réaliste » de la trilogie optimiste, mais n’en demeure pas moins plein d’entrain, sans cesse inventif, très élégant. La première partie consacrée au voyage de noces de nos héros, est un très grand moment de comédie menée à cent à l’heure, où les personnages se croisent et ratent leur train pour Florence, s’agitent dans tous les sens, mais tout en conservant leur calme et en profitant des chemins de traverse. Si Marisa Allasio n’est plus là, Sylva Koscina fait ici une apparition remarquée et sa beauté n’est pas sans agir sur un Renato Salvatori, ici clairement la star de ce troisième et dernier volet.

Dino Risi et ses scénaristes sortent de Rome et du quartier de la Piazza Novana, mais démontrent finalement rapidement que leurs personnages apparaissent en décalage et inadaptés une fois hors de la capitale italienne. Notre quatuor revient donc très rapidement et le retour à la vie normale reprend son cours. Mais la relation homme-femme peut-elle être identique après le mariage ? Dino Risi ne répond pas vraiment à la question puisque Salvatore est alors embringué dans une aventure surréaliste où, perdant la mémoire, il devient un grand chef d’entreprise doucement manipulé par une jeune femme (Sylva Koscina donc) riche et en manque d’amour. Son épouse, sa sœur et son meilleur ami (et beau-frère) vont essayer de le faire revenir à la raison.

Pauvres millionnaires est représentatif de la mutation du néoréalisme, un chaînon manquant, un essai qui sera définitivement transformé la même année par Mario Monicelli avec Le Pigeon. Sans renier le contexte social (ville de plus en plus surchargée et en pleine transformation), Pauvres millionnaires fait place au burlesque et au comique de situation. C’est le fait de croire aux personnages qui fait passer la pilule des situations extraordinaires qui s’éloignent de toute crédibilité. Au final, les protagonistes n’apprennent pas grand-chose de leurs aventures, Salvatore ne se souvient d’ailleurs de rien, mais tout le monde est finalement heureux de retrouver un quotidien sans esbroufe.

Le final, quelque peu attendu, pouvait annoncer un quatrième chapitre de l’existence de ces romains, mais Dino Risi, ainsi que ses confrères réalisateurs, allaient alors passer à la vitesse supérieure en commençant à gratter le vernis de la société transalpine. Libre aux spectateurs d’imaginer la suite des aventures de Romolo et Salvatore (au chômage), Marisa et Anna Maria (enceintes) et les autres…

LE COFFRET DVD/BLU-RAY

Deux ans après l’édition en DVD de Pauvres mais beaux dans la collection Les Maîtres italiens SNC, le film de Dino Risi est non seulement de retour dans les bacs en Haute-Définition, mais il est également accompagné de Belles mais pauvres et de Pauvres millionnaires, jusqu’alors inédits ! M6 Vidéo édite ce combo 3 Blu-ray/4 DVD pour le plus grand plaisir des cinéphiles et admirateurs du cinéma de Dino Risi et de la comédie italienne. Sur les Blu-ray, les menus principaux sont animés et musicaux. Le quatrième DVD est dédié à un supplément inédit que nous détaillons plus bas. Signalons que cette édition contient également un livret inédit de 24 pages écrit par Lorenzo Codelli, directeur de la Cinémathèque du Frioul.

Le Blu-ray de Pauvres mais beaux reprend le bonus déjà disponible sur le DVD sorti en 2016, à savoir la présentation du film par Jean A. Gili (22’). L’historien du cinéma indique tout d’abord la bonne santé du cinéma italien au milieu des années 1950, avant de dresser le portrait du réalisateur Dino Risi et d’évoquer ses débuts au cinéma. Les thèmes du film sont ensuite analysés, les conditions de tournage abordées avec une grande pertinence et le casting est évidemment passé au peigne fin.

Pas de supplément sur les deux autres films, mais le principal se trouve sur le quatrième DVD. Le documentaire Pauvres mais beaux, les débuts de la comédie à l’italienne (2018 – 1h01) compile les interventions des cinéastes Marco Risi et Enrico Vanzina (également scénariste et producteur, fils du cinéaste Steno), ainsi que de l’auteur Massolino d’Amico (fils de la scénariste Suso Cecchi D’Amico). Si de nombreux extraits de la trilogie viennent ralentir quelque peu le rythme, les propos des trois intervenants sont toujours très intéressants et replacent les trois films, surtout le premier volet, dans le contexte historique, social et cinématographique de l’Italie de la fin des années 1950. Le style de Dino Risi, les thèmes explorés dans les trois volets, le casting, l’évolution de la comédie italienne, les conditions de tournage, le succès retentissant de la trilogie, tout y est intelligemment abordé.

L’Image et le son

Chaque film a été restauré en Haute définition, image par image et bénéficie d’un transfert de haute volée. Le résultat est bluffant et superbe. Le Noir & Blanc offre des contrastes impeccables. Les détails sont précis, tant sur les visages, les décors et les arrière-plans. Les copies, 1.33 (4/3), sont on ne peut plus propres, dépoussiérées de la moindre impureté, stables (sauf sur les fondus enchaînés qui décrochent sensiblement), tandis que le grain demeure parfaitement équilibré et géré. A titre de comparaison, Pauvres millionnaires est peut-être moins défini que les deux autres films, avec un générique qui fourmille légèrement, des visages parfois blafards et des blancs plus cassés, mais l’ensemble est on ne peut plus plaisant. Ces éditions Haute-Définition permettront à cette trilogie de connaître une nouvelle jeunesse.

Proposées en langue italienne, il faut rappeler que les pistes sont entièrement doublées comme l’étaient les films italiens de l’époque. Le mono d’origine restauré offre un parfait rendu des dialogues, très dynamiques, et de la musique qui ne saturent jamais. Le niveau de détails est évident et les sons annexes, tels que les ambiances de rue et bruits de fond sont extrêmement limpides. Les sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray et DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Demi-soeurs, réalisé par Saphia Azzeddine & François-Régis Jeanne

DEMI-SOEURS réalisé par Saphia Azzeddine et François-Régis Jeanne, disponible en DVD le 3 octobre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs : Sabrina Ouazani, Alice David, Charlotte Gabris, Barbara Probst, Patrick Chesnais, Meriem Serbah, Ouidad Elma, Antoine Gouy…

Scénario : Saphia Azzeddine, François-Régis Jeanne, Joris Morio

Photographie : Christophe Graillot

Musique : Damien Bonnel, Hugo Gonzalez Pioli

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Lauren, ravissante it-girl de 29 ans, tente de percer dans le milieu de la mode en écumant les soirées parisiennes. Olivia, 28 ans et un rien psychorigide, a deux obsessions : sauver la confiserie de ses parents, et se trouver le mari idéal. A 26 ans, Salma, jeune professeur d’histoire fougueuse, vit encore chez sa mère en banlieue. Leurs routes n’ont aucune raison de se croiser… Jusqu’au jour où, à la mort de leur père biologique qu’elles n’ont jamais connu, elles héritent ensemble d’un splendide appartement parisien. Pour ces trois sœurs qui n’ont rien en commun, la cohabitation va s’avérer pour le moins explosive…

A mi-chemin entre Les Trois frères, Trois Hommes et un couffin (sans le bébé) et Tout ce qui brille, Demi-sœurs ne révolutionne certes rien dans la comédie française, mais s’avère plutôt une bonne surprise. Co-réalisé par Saphia Azzeddine et François-Régis Jeanne, ce petit film repose essentiellement sur la véritable alchimie entre les trois actrices principales, excellentes et pétillantes, Sabrina Ouazani, Charlotte Gabris et Alice David. Le charme et le bagou de la première l’emportent haut la main, même si ses deux partenaires vues dans les deux Babysitting ne sont pas en reste. S’il y a de gros problèmes de rythme à signaler, Demi-sœurs remplit son contrat doucement, mais sûrement et s’il n’y a rien de nouveau sur les relations inter-communautaires, sujet particulièrement chéri en France, le film divertit et parvient finalement à trouver son rythme de croisière durant 1h40.

Avant tout romancière, la franco-marocaine Saphia Azzeddine, née en 1979, avait signé son premier long métrage en 2011, Mon père est femme de ménage, d’après son roman. Le résultat n’était guère probant, mais avait au moins révélé la comédienne Alison Wheeler. Il aura donc fallu attendre sept ans pour que la réalisatrice revienne derrière la caméra, avec cette fois l’aide technique de François-Régis Jeanne, auréolé du succès dans les salles de Connasse, princesse des coeurs avec 1,2 million d’entrées. On pardonne volontiers à Demi-sœurs son postulat de départ qui fait franchement penser au film des Inconnus, car le récit part dans une autre direction et prend surtout la forme de vignettes juxtaposées, en passant d’un personnage féminin à l’autre, ou lors de leurs confrontations. On comprend très vite que les trois nanas ne vont pas se détester très longtemps. Du coup, les deux cinéastes profitent de la parfaite osmose et de la complémentarité de leur trio vedette.

Tout n’est pas hilarant, forcément et l’on sourit d’ailleurs plus qu’on ne rit, mais l’énergie des actrices est très contagieuse, les apparitions des géniaux Patrick Chesnais et Sam Karmann sont très plaisantes et on s’attache à ces trois jeunes femmes de culture, de classe sociale et de religion différentes. Les dialogues sont souvent amusants – Sabrina Ouazani enchaîne d’ailleurs les punchlines avec un naturel déconcertant – même si on pourra regretter que le phrasé de certains personnages, c’est le cas par exemple pour tous les élèves de Salma, parlent tellement vite en avalant leurs mots qu’on ne comprend absolument rien à ce qu’ils peuvent raconter.

C’est mignon, c’est tendre, c’est rigolo, c’est léger et ça passe le temps avec une touche de glamour. Malgré une réalisation au point mort, une photo au look sitcom, de nombreux clichés à l’instar de la jeune femme de confession juive qui souhaite respecter la tradition ou bien l’autre qui voudrait intégrer le milieu branché de la mode, sans oublier des effets larmoyants qui ne fonctionnent pas (Lauren avec sa mère), on passe un bon moment, sans se forcer. Mission accomplie donc.

LE DVD

Le test du DVD de Demi-sœurs, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est disponible comme supplément.

L’Image et le son

Pas de Blu-ray pour ce titre. Néanmoins, l’éditeur soigne le transfert de Demi-soeurs. Soutenu par une solide définition, le master est parfaitement propre. La copie est exemplaire et lumineuse tout du long, les couleurs excellemment gérées, avec une prédominance de teintes chaudes, tout comme les contrastes très élégants.

Ne vous attendez pas à un déluge d’effets surround sur l’unique Dolby Digital 5.1 qui se contente seulement de faire entendre de très bonnes ambiances naturelles ou tout simplement d’offrir une forte spatialisation de la musique du film. Demi-soeurs ne se prêtant évidemment pas aux exubérances sonores, le principal de l’action se trouve canalisé sur les frontales. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Embrasse-moi, idiot, réalisé par Billy Wilder

EMBRASSE-MOI IDIOT (Kiss me, Stupid) réalisé par Billy Wider, disponible en DVD et Blu-ray le 18 septembre 2018 chez Rimini Editions

Acteurs : Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston, Felicia Farr, Cliff Osmond, Barbara Pepper, Skip Ward, Doro Merande…

Scénario : Billy Wilder, I.A.L. Diamond d’après la pièce L’Ora della Fantasia d’Anna Bonacci

Photographie : Joseph LaShelle

Musique : André Previn

Durée : 2h05

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

D’une jalousie maladive, Orville doit héberger, durant une nuit, Dino, célèbre crooner à la réputation de séducteur. Redoutant que sa femme soit sensible au charme du chanteur, il la renvoie chez sa mère et engage Polly, une entraîneuse de bar, pour jouer son rôle. La nuit va être longue…

Rétrospectivement, Embrasse-moi, idiotKiss Me, Stupid, réalisé en 1964, est le dernier grand film emblématique de l’immense carrière de Billy Wilder. Malgré quelques sursauts avec La Vie privée de Sherlock Holmes (1970), grand film « malade » comme dirait François Truffaut, et surtout Fedora (1978), Embrasse-moi, idiot, charge corrosive, contient toute la sève du cinéma de l’auteur de Sabrina (1954), Certains l’aiment chaud (1959) et La Garçonnière (1960). Dilapidé par la critique américaine, échec commercial, le cinéaste n’arrivera jamais à se remettre totalement de ce procès d’intention. Pourtant, plus d’un demi-siècle après sa sortie, Kiss Me, Stupid demeure un savoureux tour de force qui fustige à la fois l’hypocrisie et la frustration sexuelle américaine, mais aussi la valeur symbolique du mariage à travers une radiographie de la femme épouse et de la femme putain, que la morale bien pensante préfère opposer. Parallèlement, Embrasse-moi, idiot est un modèle de comédie, qui ravit à la fois le coeur et l’âme, qui met en avant les seconds couteaux plutôt que ses stars confirmées, même si le film aurait pu s’intituler Dean Martin chez les ploucs. Souvent dissimulé derrière les deux monuments Some Like It Hot et The Apartment, Kiss Me, Stupid est pourtant largement à reconsidérer.

Orville Spooner et Barney Milsap habitent à Climax, Nevada. L’un donne des leçons de piano, l’autre est garagiste. Tous deux composent des chansons. Un jour Dino, un chanteur de charme sur le retour, s’arrête à Climax. Barney sabote sa voiture de façon à lui faire passer la nuit chez Orville, où il pourra écouter leurs compositions. Mais Orville est extrêmement jaloux concernant sa femme Zelda, et Dino est malheureusement pour lui un grand séducteur. Barney a alors l’idée de faire jouer le rôle de Zelda à Polly, ancienne manucure, devenue serveuse dans un rade et qui se prostitue occasionnellement. Ne reste plus qu’à Orville d’éloigner sa femme.

Si l’on pense souvent à Sept ans de réflexion qui abordait le même thème de la jalousie maladive, Embrasse-moi, idiot est pourtant bien plus frontal. Pour leur cinquième collaboration, Billy Wilder et I. A. L. Diamond, ont décidé de pousser les curseurs à fond, en jouant constamment avec la censure et le fameux code Hays (qui arrivait à sa fin), en abordant la sexualité omniprésente et le faux puritanisme de l’Oncle Sam. Dean Martin interprète quasiment son propre rôle, un crooner proche de la cinquantaine, porté sur la bibine, tombeur de femmes qui se pâment et qui feraient tout pour passer une nuit avec lui. Mais comme dans Irma la Douce sorti l’année précédente, le personnage (à l’origine écrit pour Marilyn Monroe, disparue en 1962) qui représente à la fois le désir refoulé et l’imposture de la supposée bigoterie du citoyen américain moyen est celui de la prostituée, merveilleusement interprétée par Kim Novak. Sulfureuse avec ses costumes qui ne dissimulent rien de ses formes très avantageuses, notamment de sa superbe poitrine débordant largement de son bustier échancré qui a dû donner quelques sueurs froides (et pour cause) aux censeurs, l’immortelle comédienne de Vertigo incarne finalement ce qu’il y a de plus pur. Rejetée par l’American Dream, Polly, partage son temps entre sa caravane plantée dans une cour non loin des ordures, et le bar Le Nombril (le Belly Button) où elle officie comme serveuse qui présente aux clients à la fois la carte et ses propres charmes. Alors, quand un professeur de piano et un garagiste, dont le rêve est de percer avec leurs chansons écrites sur un coin de table, décident de la « louer » afin de la jeter dans les bras d’une star du music-hall pour que ce dernier achète leurs compositions, Polly accepte gentiment, comme une simple passe.

A travers ce portrait de la douce et désirable prostituée, Billy Wilder et I. A. L. Diamond dresse celui des petites gens arrivistes qui ne reculent devant rien pour essayer d’avoir leur part du fameux rêve américain, quitte à sacrifier celui ou celle qui partage leur vie. Cette petite bourgade du nom de Climax (ou Jouy en version française, ce qui signifie « orgasme »), devient le théâtre de la petite vie américaine et fait penser à un village utilisé pour les essais atomiques américains. Si Dean Martin tient le haut de l’affiche et si Kim Novak devient l’atome de cette histoire, ce sont surtout les électrons qui gravitent autour du noyau central qui intéresse Billy Wilder. Jack Lemmon étant indisponible, le cinéaste jette son dévolu sur Peter Sellers pour le rôle d’Orville Spponer. Au bout de quatre semaines de tournage, le comédien est victime d’une crise cardiaque et rapatrié en Angleterre où il est mis au repos forcé. Billy Wilder doit alors lui trouver un remplaçant. Il décide d’engager Ray Walston, star de la série Mon martien favori, qu’il avait dirigé dans La Garçonnière. Si le rapport était très frileux avec le réalisateur et ses partenaires, le comédien s’acquitte très bien de la tâche et campe un personnage malgré tout attachant, en dépit de son aspect quelque peu rigide. Il est également très bien épaulé par le colosse Cliff Osmond, dont le charisme rappelle celui de John Candy. Quant à la femme, « bien sous tous rapports », qui de mieux que la divine Felicia Farr (3 h 10 pour Yuma), épouse de Jack Lemmon, pouvait incarner à la fois l’épouse dévouée et bien apprêtée, qui dissimule en réalité un tempérament de feu. L’actrice aura d’ailleurs le dernier mot du récit et bénéficiera de la réplique qui donne son titre au film.

Les rôles sont interchangeables chez Billy Wilder, ancien disciple d’Ernst Lubisch. Le mari est à la fois le bigot et le libidineux, la femme à la fois la maman et la putain. Tout ce petit monde se mélange, l’un ou l’une prend la place de l’autre dans le but de se laisser aller à ses pulsions personnelles. A la fin, chacun reprend sa « place ». Embrasse-moi, idiot est une comédie sensationnelle, au rythme fou, merveilleusement interprétée, écrite et photographiée (quel beau CinémaScope), une satire brillante, ironique et cynique, qui n’épargne rien ni personne et qui surtout n’a rien perdu de sa force ni de sa virtuosité aujourd’hui.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Embrasse-moi, idiot, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui très élégant. Le menu principal est légèrement animé. N’oublions pas le livret de 28 pages concocté par Marc Toullec intitulé Celui par qui le scandale arrive.

On commence par une passionnante conversation (36’) sur Embrasse-moi, idiot, entre Mathieu Macheret (Le Monde) et Frédéric Mercier (Transfuge). Face à face, les deux journalistes-critiques cinéma croisent le fond et la forme du film de Billy Wilder, en le replaçant tout d’abord dans la carrière du maître. Puis, les interventions des deux confrères se complètent parfaitement, l’un et l’autre rebondissant sur les arguments avancés, sans aucun temps mort. La genèse du film (à partir d’une pièce de théâtre italienne), l’écriture du scénario, les thèmes explorés, les partis pris, les intentions, le casting, la psychologie des personnages, le tournage avec Peter Sellers avant son remplacement par Ray Walston en raison de la crise cardiaque du comédien britannique, et bien d’autres sujets sont abordés avec une passion contagieuse !

L’éditeur propose un documentaire intitulé Billy Wilder, la perfection hollywoodienne, réalisé en 2016 par Julia et Clara Kuperberg (54’). Les deux intervenants principaux sont les historiens du cinéma Tony Maietta et Joseph McBride, qui retracent la carrière hollywoodienne de Billy Wilder, d’Uniformes et jupons courts (1942) à Fedora (1978), même si Victor la gaffe (1981) son dernier film n’est pas évoqué. L’ensemble est illustré par des extraits de films, des bandes-annonces, mais surtout par des propos (en allemand) de Billy Wilder, qui raconte quelques anecdotes de tournage ou sur les acteurs qu’il a côtoyés. Nous apprenons entre autres que le plus grand regret du cinéaste est de ne pas avoir pu tourner La Liste de Schindler, projet qui lui tenait particulièrement à coeur, mais dont les droits étaient détenus par Steven Spielberg. Notons que le fils du scénariste I. A. L. Diamond apparaît brièvement.

Nous retrouvons d’ailleurs ce dernier dans le dernier module de cette interactivité (21’30). Durant cet entretien, le fils du fidèle coscénariste de Billy Wilder, qui aura collaboré avec le cinéaste de Certains l’aiment chaud jusqu’à Victor la gaffe, revient en détails sur le processus créatif des deux amis.

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

La restauration numérique d’Embrasse-moi, idiot est très impressionnante. Le nouveau master HD (codec AVC, 1080p) au format respecté se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Billy Wilder. La photo signée Joseph LaShelle (Laura, Hangover Square, Irma la Douce) retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, malgré un grain d’origine souvent trop lissé.

Les mixages anglais et français DTS-HD Dual Mono distillent parfaitement la musique d’Andre Previn. La piste anglaise manque peut-être un brin de dynamisme, mais se révèle nettement suffisante. Au jeu des différences, la version française se focalise parfois trop sur les dialogues au détriment des ambiances et effets annexes, mais le rendu musical est élevé. La piste originale, souvent exemplaire et limpide, s’accompagne d’un très léger souffle. Cette version est évidemment à privilégier, le confort acoustique étant plus probant.

Crédits images : © Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Gringo, réalisé par Nash Edgerton

GRINGO réalisé par Nash Edgerton, disponible en DVD et Blu-ray le 10 septembre 2018 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton, Amanda Seyfried, Thandie Newton, Sharlto Copley, Bashir Salahuddin, Glenn Kubota, Melonie Diaz, Harry Treadaway, Theo Taplitz, Paris Jackson…

Scénario : Anthony Tambakis, Matthew Stone

Photographie : Eduard Grau

Musique : Christophe Beck

Durée : 1h51

Année de sortie : 2018

LE FILM

Harold Soyinka travaille pour un groupe pharmaceutique dirigé par Elaine Markinson et Richard Rusk. Lorsque ces derniers décident de se lancer dans le commerce lucratif du cannabis médical, ils envoient Harold au Mexique pour le lancement de leur nouvelle usine de production. Ignorant que la société qu’il représente a trahi un dangereux cartel local, l’employé modèle échappe de justesse à un enlèvement. Perdu au fin fond du Mexique, réalisant que ses patrons ont tout intérêt à le voir disparaître, pourchassé par les tueurs du cartel et un mercenaire implacable, Harold ne peut compter que sur lui-même s’il veut rester en vie.

Belle découverte que ce Gringo, réalisé par Nash Edgerton, dix ans après son premier coup d’essai intitulé The Square, à ne pas confondre avec l’immonde film de Ruben Östlund. A la base, l’australien né en 1973 est un cascadeur réputé, qui a officié sur une quantité phénoménale de films en tout genre comme Street Fighter – L’ultime combat, La Ligne rouge, la trilogie Matrix, Star Wars: Épisode II – L’attaque des clones, Zero Dark Thirty. S’il assure très souvent la doublure d’Ewan McGregor, il exécute surtout les scènes à risques pour le compte de son propre frère, le comédien Joel Edgerton. Depuis 1996, Nash Edgerton n’a eu de cesse de tourner des courts-métrages, souvent primés, qui démontraient son aisance à emballer des scènes d’action et à diriger solidement ses comédiens. Portée par un casting quatre étoiles, la comédie noire Gringo emballe du début à la fin et impose le réalisateur comme un metteur en scène à suivre de près.

David Oyelowo, Charlize Theron, Joel Edgerton, Amanda Seyfried, Thandie Newton, Sharlto Copley réunis dans un même film ! Si le premier est excellent, aussi drôle qu’attachant et émouvant, nous n’avons d’yeux que pour Charlize Theron. La comédienne, également productrice ici, crève l’écran à chaque apparition avec ses tailleurs cintrés et ses cheveux blonds platine, mais aussi et surtout pour son langage fleuri, son regard glacial et son immense sens de l’humour, que peu de réalisateurs ont su jusqu’à présent mettre en valeur. Devant cette femme fatale castratrice, pète-sec, nymphomane, arriviste et manipulatrice, le mâle Joel Edgerton fait profil bas. Mais il n’est pas en reste et incarne un homme d’affaires puant et lâche, qui n’hésite pas à sacrifier l’un de ses meilleurs, ou plutôt l’un de ses plus vieux amis, dans le seul but de s’enrichir et de sauver son entreprise. Plus discrètes, mais néanmoins lumineuses à l’écran, Amanda Seyfried et Thandie Newton composent des personnages satellites qui conduiront Harold à prendre ses responsabilités, d’une part pour survivre en milieu hostile, le Mexique donc, mais aussi pour retrouver sa dignité, lui que l’on a trop souvent considéré comme étant l’employé sans intérêt et à la petite vie trop tranquille.

La bonne surprise vient également de l’acteur Sharlto Copley. Habituellement insupportable – ses prestations dans les navets Elysium, Open Grave, Europa Report et Hardcore Henry étaient on ne peut plus irritantes – la révélation de District 9 de Neill Blomkamp est ici beaucoup plus sobre qu’à son habitude. Son rôle de mercenaire qui tente de se racheter une conscience en participant à des œuvres humanitaires est contre toute attente l’un des plus ambigus du film. Signalons également la première apparition à l’écran de Paris Jackson, la fille du King of Pop.

Au-delà ses comédiens en très grande forme, Nash Edgerton fait preuve d’un réel talent derrière la caméra. La mise en scène est très élégante, tout comme la photographie du talentueux chef opérateur Eduard Grau (Buried, A Single Man), le rythme est peut-être lent, mais toujours maîtrisé. Le cinéaste distille ses séquences d’action avec parcimonie et privilégie la psychologie des personnages, à travers un scénario à tiroirs à l’écriture très maîtrisée, signé Matthew Stone (Intolérable Cruauté). Gringo est une indéniable réussite.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Gringo, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est légèrement animé et musical.

Quatre featurettes (14 minutes au total) présentent rapidement les personnages, les enjeux, les partis pris, les cascades et les intentions de Gringo. Le réalisateur, les comédiens, la chef décoratrice et les producteurs interviennent brièvement en mode promo et quelques images de plateau dévoilent l’envers du décor.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

La photographie léchée du chef opérateur Eduard Grau trouve avec cette édition HD un magnifique écrin qui restitue brillamment ses partis-pris esthétiques d’origine avec des teintes froides pour les scènes tournées à Chicago, et évidemment plus chatoyantes pour la partie mexicaine. La définition est exemplaire comme bien souvent chez Metropolitan. Les noirs sont denses, le piqué affûté comme une lame de rasoir, les contrastes tranchants, les séquences diurnes lumineuses.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, efficaces autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques scènes plus agitées peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. Metropolitan livre également une piste française Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / MILF, réalisé par Axelle Laffont

MILF réalisé par Axelle Laffont, disponible en DVD le 4 septembre 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Axelle Laffont, Virginie Ledoyen, Marie-Josée Croze, Waël Sersoub, Matthias Dandois, Victor Meutelet, Rémi Pedevilla, Florence Thomassin…

Scénario : Stéphane Kramer, Jérôme L’hotsky, Jean-François Halin, Axelle Laffont

Photographie : Pierre Aïm

Musique : Benjamin Molinaro

Durée : 1h32

Année de sortie : 2018

LE FILM

Cécile, Sonia et Elise, trois amies d’enfance partent dans le Sud afin de vider la maison de l’une d’entre elles, pour pouvoir la mettre en vente. Pendant ces quelques jours sur la Côte d’Azur, elles vont devenir les cibles privilégiées de trois jeunes garçons, pour qui ces femmes seules, approchant la quarantaine, sont bien plus séduisantes que les filles de leur âge… Se prêtant au jeu, les trois amies vont prendre peu à peu conscience de leur pouvoir de séduction en tant que MILF.

Axelle Laffont passe derrière la caméra ! Vous êtes ravis de l’apprendre hein ? Au fait c’est qui Axelle Laffont ? Fille de l’animateur Patrice Laffont, petite-fille de l’éditeur Robert Laffont, l’actrice et humoriste née 1970 se fait « connaître » en participant à La Grosse Emission au début des années 2000, puis en présentant la météo dans l’émission Nulle part ailleurs sur Canal+. Des moments gênants, jamais drôles. S’ensuivent des apparitions dans Un gars, une fille, H, Caméra Café, avant la création de son one-woman-show coécrit avec Serge Hazavanicius et Maurice Barthélemy de la troupe des Robin des Bois. La suite est faite de petits rôles et de chroniques à la télévision, à la radio, au théâtre, puis elle se lance également dans la BD et même dans la chanson. Tout se solde par des échecs. Alors pourquoi pas le cinéma ? Au point où elle en est, et nous aussi de toute façon…Voici donc MILF, son premier long métrage en tant que réalisatrice et pour lequel elle s’octroie le premier rôle aux côtés de Marie-Josée Croze et Virginie Ledoyen. Cette fois encore, le film est un bide colossal au cinéma. Conspué par la critique, fuit par les spectateurs, MILF est retiré des salles seulement deux semaines après sa sortie. Soyons honnêtes, cet échec n’a rien de surprenant. MILF est un ratage monumental et s’inscrit directement dans le top des pires films de l’année 2018, au même titre que Brillantissime de Michèle Laroque dont nous avons parlé dernièrement.

Rien, absolument rien ne fonctionne dans MILF. Ce qui saute immédiatement aux yeux, c’est cette réalisation fonctionnelle où tout le monde, le chef opérateur, le monteur, le preneur de son, semble se moquer royalement de ce qu’ils sont en train de faire. Alors que la plupart des comédies françaises se contentent du minimum syndical pour faire croire à un semblant de cinéma, MILF ne se donne même pas cette peine. La photo est hideuse, le montage catastrophique, le rythme fait penser à celui d’un épisode de Louis la Brocante, l’émotion est aussi forcée que Cyril Hanouna qui pleure à la mort de Johnny Hallyday. Mais le plus embêtant c’est que la « réalisatrice » a tendance à vouloir se mettre en valeur. MILF prend alors la forme d’un ego-trip, à l’instar de Michèle Laroque avec son premier film. Marie-Josée Croze et Virginie Ledoyen tentent de faire bonne figure en se mettant à oilp, mais Axelle Laffont, la vulgarité incarnée, tire sans cesse la couverture en se filmant le cul et la poitrine dans des poses Snapshat. Curieux de voir comment les plans s’éternisent quand la caméra reste focalisée sur les parties de son anatomie, alors que l’on a à peine le temps d’admirer les jolies courbes de ses partenaires où les plans durent à peine quelques secondes.

Finalement, voir Marie-Josée Croze complètement éteinte fait peine à voir. Si elle n’est que très rarement apparue dans le registre de la comédie, à part dans le formidable Mensonges et trahisons et plus si affinités… de Laurent Tirard en 2004, l’actrice québécoise paraît bien triste et semble trouver le temps aussi long que nous. Quant à Virginie Ledoyen, si elle n’a jamais brillé non plus au cinéma en promenant son regard plissé et sa voix de fumeuse à la sortie d’une boite de nuit, elle est la seule qui parvient à tirer son épingle du jeu et qui apporte le peu d’émotion à cette entreprise. Mais tout de même, proposer un scénario aussi indigent et rempli de clichés sexistes, démontrer l’incapacité à diriger des comédiens, tout comme celle de créer une dynamique comique, cela fait de MILF une nouvelle référence dans ce qui se fait de pire dans notre bon vieux cinéma contemporain. Rendez-nous Max Pécas !

LE DVD

Le DVD de MILF repose dans un boîtier Amaray classique de couleur blanche, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel reprend celui de l’affiche du film et le menu principal est fixe et muet. Pas de Blu-ray pour ce titre.

Le pseudo making of (10’) compile des instantanés de tournage. Tout cela pour montrer que tout le monde s’amusait comme des petits fous sur le plateau, en espérant que cela se voit également à l’écran.

Nous trouvons également six minutes de séquences ratées, divisées en 15 sous-parties ! Autant vous dire que certaines scènes ne durent que cinq secondes, après lesquelles on se demande encore ce qu’on a bien voulu nous montrer.

L’interactivité se clôt sur un clip vidéo.

L’Image et le son

Les partis pris esthétiques quelque peu douteux de la photographie passent sans mal le cap du petit écran. La colorimétrie est vive même si elle manque cruellement de naturel, les teintes chatoyantes sont omniprésentes et la lumière jaune-orangée qui éclaire constamment les comédiens fatigue les yeux. Les détails sont plutôt riches, tout comme les contrastes, la luminosité indéniable et le relief est également appréciable.

La spatialisation profite surtout à la bande originale du film. Les voix sont nerveuses sur la centrale, les ambiances naturelles ne manquent pas et l’ensemble est suffisamment dynamique. Le mixage stéréo se révèle également riche même si les effets latéraux manquent évidemment à l’appel. L’éditeur joint une piste Audiodescription ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD Les Municipaux, ces héros, réalisé par Eric Carrière et Francis Ginibre

LES MUNICIPAUX, CES HÉROS réalisé par Eric Carrière et Francis Ginibre, disponible en DVD le 5 septembre 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Eric Carrière, Francis Ginibre, Bruno Lochet, Sophie Mounicot, Lionel Abelanski, Eric Delcourt, Marthe Villalonga, Annie Grégorio…

ScénarioEric Carrière

Photographie : Jean-Claude Aumont

Musique : Jack Lestrohan, Eric Carrière

Durée : 1h24

Année de sortie : 2018

LE FILM

Port Vendres est un port magnifique situé en Catalogne française… Magnifique et tellement français : un maire bling-bling et des employés municipaux toujours à fond ! À fond dans les acquis sociaux, à fond contre les cadences infernales, à fond… dans la déconne… celle qui fait qu’on les aime… Et si de plus ils deviennent des héros alors il n’y a plus aucune raison de ne pas s’inscrire à ce voyage dans la vraie vie.

Eric Carrière et Francis Ginibre sont plus connus sous le nom des Chevaliers du Fiel. A fin des années 1980, l’ancien étudiant en sociologie et le diplômé des Beaux-Arts font leurs débuts sur scène avec un troisième luron, Gilles Petit. Ce dernier quitte rapidement le groupe, mais les deux autres connaîtront leurs premiers succès à la télévision, à travers des courts métrages comiques et parodiques sur une chaîne locale. Les spectateurs sont alors de plus en plus nombreux à remplir les salles où se produit le tandem. Ils montent alors à Paris où leur popularité n’aura de cesse de croître et de s’affirmer. Depuis 1996, Les Chevaliers du Fiel n’ont eu de cesse d’enchaîner les spectacles, touchant même à la chanson en vendant plus de 400.000 exemplaires de leur titre La Simca 1000.

Après la radio, la télévision, la scène et les tournées dans toute la France, il ne manquait plus que le cinéma à inscrire à leur palmarès. Ils font ainsi leurs premiers pas devant la caméra dans Repas de famille, réalisé par Pierre-Henry Salfati, adaptation de leur pièce éponyme. Sorti en décembre 2014, le film est un échec au box-office. Nullement découragé par ce bide, le duo décide d’écrire et cette fois de réaliser eux-mêmes leur second long métrage, en transposant leurs spectacles La Brigade des feuilles, également connu sous le titre Municipaux 2.0. Bien leur en a pris, car Les Municipaux, ces héros est non seulement une comédie très sympathique, mais qui aura connu cette fois un joli succès dans les salles grâce à un très bon bouche-à-oreille.

Loin de tout le tapage médiatique souvent lié à la sortie d’une comédie mastodonte du type Dany Boon et consorts, Les Municipaux, ces héros aura finalement attiré plus de 600.000 spectateurs. Malgré des problèmes de rythme et si l’ensemble ressemble à une succession de sketches ou de vignettes, le film tient la route grâce à la bonhomie des deux compères, très à l’aise devant la caméra et connaissant leurs personnages sur le bout des doigts. Si certains trouveront la caricature forcée, peut-être même condescendante, des fonctionnaires, Les Municipaux, ces héros n’a pourtant rien de méchant et s’avère même un film populaire dans le sens noble du terme. Avec sa photographie chaleureuse, son ton léger et sa galerie de personnages attachants, le tout ressemble à une bande-dessinée filmée dont on tournerait les pages afin d’y découvrir de nouveaux gags.

Il n’y a rien de nouveau dans Les Municipaux, ces héros, d’autant plus que le film joue sur les clichés véhiculés depuis des décennies sur les agents de la fonction publique d’état. Mais cela est fait dans la bonne humeur, dans l’unique but de divertir les spectateurs, sans aucune vulgarité (y compris dans le traitement de l’image), ni mauvais esprit. Si Francis Ginibre est étonnamment plus effacé que son partenaire, qui détient les meilleurs vannes (les dialogues sont d’ailleurs souvent amusants), leurs partenaires, Bruno Lochet, Lionel Abelanski, Sophie Mounicot et tous les autres ne sont sûrement pas là pour leur servir la soupe et sont bien mis en valeur par les humoristes. Suite à ce succès dans les salles, Eric Carrière et Francis Ginibre sont déjà en plein tournage de la suite, qui se déroulera une fois de plus à Port-Vendres dans les Pyrénées-Orientales, dont le titre provisoire est Trop c’est trop. Sortie prévue en 2019.

LE DVD

Point de Blu-ray pour Les Municipaux, ces héros, l’éditeur M6 Vidéo ayant probablement pensé que les fans des humoristes n’étaient pas un public adepte de la Haute-Définition et ce malgré le succès du film dans les salles. Le visuel de la jaquette saura attirer le chaland et nous parions que le DVD sera remis en avant dans les rayons pour les fêtes de fin d’année. Le menu principal est animé et musical.

Le making of (23’) montre qu’Eric Carrière est plus impliqué à la mise en scène que son comparse. Ce module se compose de nombreuses images de tournage et de quelques prises ratées.

S’ensuit un montage constitué d’images filmées lors des avant-premières du film en Occitanie (8’), où l’on peut voir la popularité du duo et leur proximité avec les spectateurs.

Cette section se clôt sur un entretien avec Les Chevaliers du Fiel (8’). Une fois de plus, c’est surtout Eric Carrière qui se taille la part du lion en revenant sur leurs intentions, leur succès, leurs spectacles et leur envie de cinéma. Les deux humoristes ne manquent pas d’arguments quand ils évoquent l’état de la comédie française, l’industrie cinématographique et leur désir de toucher un public toujours plus large, en respectant ceux qu’ils aiment caricaturer.

L’Image et le son

Point d’édition Blu-ray, mais un beau DVD pour Les Municipaux, ces héros. Le master est soigné avec des contrastes élégants, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté est frappante, le piqué vif, les gros plans détaillés et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

Outre une piste Audiodescription et des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, la version Dolby Digital 5.1 parvient sans mal à instaurer un indéniable confort phonique. Les enceintes sont toutes mises en valeur et spatialisent excellemment les effets naturels, la musique et les ambiances.

Crédits images : © Apollo Films / M6 Vidéo / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Fugitifs, réalisé par Francis Veber

LES FUGITIFS réalisé par Francis Veber, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2018 chez Gaumont

Acteurs : Gérard Depardieu, Pierre Richard, Anaïs Bret, Jean Carmet, Maurice Barrier, Jean Benguigui, Roland Blanche, Philippe Lelièvre, Yveline Ailhaud, Didier Pain…

Scénario : Francis Veber

Photographie : Luciano Tovoli

Musique : Vladimir Cosma

Durée : 1h30

Année de sortie : 1986

LE FILM

Lucas, un dangereux gangster, sort de prison et décide de devenir honnête. Pignon, au chômage depuis trois ans, décide de devenir malhonnête et attaque maladroitement une banque. Cerné par la police, il prend un otage pour se couvrir et choisit justement Lucas, qui était venu ouvrir un compte. La police reconnaît immédiatement l’ancien prisonnier et ne croit pas à son innocence. Lucas, en danger de mort, est obligé de s’enfuir avec son ravisseur.

Je suis pas en cavale, j’ai été pris en otage. Et si mon ravisseur n’est pas là dans 10 secondes, je te tire une balle dans le cul !

Avec Les Fugitifs, Francis Veber, scénariste de renom passé à la mise en scène avec Le Jouet en 1976 sur les conseils de Claude Berri, clôt en beauté sa trilogie reposant sur l’alchimie de l’immense duo Pierre Richard (François Pignon est de retour) – Gérard Depardieu, après La Chèvre (1981) et Les Compères (1983). Moins burlesque que les deux précédents films du réalisateur, Les Fugitifs se révèle beaucoup plus sensible et offre à Pierre Richard, pour sa quatrième et dernière collaboration avec le cinéaste, un de ses plus beaux rôles au cinéma, celui d’un père veuf, prêt à tout pour conserver la garde de sa fille. Le grand blond n’a jamais paru aussi fragile et cassé que dans ce film, un magnifique clown triste qui émeut autant qu’il arrache les larmes de rire. On appelle ça le génie.

Ton pantalon ! Allez vite ton pantalon connard où j’fais un trou d’dans !

Jean Lucas, ancien repris de justice pour de nombreux braquages de banques, est libéré après cinq ans de prison. Lucas est bien décidé à « se ranger » et à mener une vie honnête, ce qui ne manque pas de laisser dubitatif le commissaire Duroc. À sa sortie de prison, il vend les bijoux qui lui ont été restitués lors de sa levée d’écrou, puis se rend dans une banque pour y déposer le chèque qu’il a reçu du bijoutier. Alors qu’il fait la queue pour ouvrir un compte, un individu armé surgit pour effectuer un hold-up. Cet individu, François Pignon, peu expérimenté de l’exercice, mène très maladroitement son forfait et la banque est rapidement cernée par le commissaire Duroc et ses hommes. Contraint de sortir, Pignon prend Lucas comme otage. Le commissaire Duroc est convaincu que Lucas est en fait le braqueur. La situation surréaliste manque de tourner au drame et les deux hommes parviennent in extremis à s’échapper. Le comble est atteint pour Lucas qui reçoit une balle de revolver dans la cuisse, tirée par Pignon ! Acceptant d’être soigné par un vétérinaire ami de Pignon, Lucas découvre la petite fille de François, Jeanne. Cette dernière, très affectée par la mort de sa mère il y a plusieurs années, refuse de parler. Étant au chômage et sans revenus, Pignon était menacé par l’assistance publique de perdre la garde de Jeanne, chose inacceptable et insupportable pour lui. C’est devant cette situation sociale très difficile que Pignon s’est résigné à braquer la banque. Se sentant désormais menacé par la police et la perspective de la prison, Lucas accepte le marché de François qui, en échange de son aide pour quitter le territoire, promet de ne pas compromettre Lucas dans le braquage, son passé et sa réputation auprès du commissaire Duroc jouant en sa défaveur.

Vous me reconnaissez ?
Connard ?
C’est moi, oui ça va mieux ?

Francis Veber continue d’exploiter la relation de deux hommes que tout oppose et qui deviennent pourtant amis. Nous retrouvons les éléments qui font la griffe inimitable du cinéaste : des dialogues finement ciselés, une mécanique d’orfèvre, des seconds rôles soignés en particulier Jean Carmet, nommé pour le César du meilleur second rôle masculin, qui bouffe l’écran en vétérinaire complètement largué, auquel s’ajoutent un caméo non crédité de Michel Blanc et surtout des scènes tendres et sans aucune niaiserie avec l’étonnante petite Anaïs Bret, devant laquelle le monstre Depardieu se fait minuscule. A l’instar d’un remake de La Grande Vadrouille, Les Fugitifs emporte ses personnages et les spectateurs dans une course-poursuite d’1h30 sans aucun temps mort. Plus de trente ans après sa sortie, on est toujours aussi ému de voir ces deux grands comédiens face à cette poupée de 4 ans, surtout quand cette dernière demande au colosse en face d’elle « T’en va pas ! ».

Extraire une balle ? Il a avalé la baballe ? Il a avalé la baballe en jouant !

De son côté, Vladimir Cosma signe une de ses plus belles partitions, surtout durant le final où le trio s’éloigne vers l’Italie, probablement la plus belle séquence de tout le cinéma de Francis Veber. Parallèlement, c’est aussi la fin d’une ère. Après ce film, Pierre Richard ne retrouvera jamais les sommets du box-office, du moins en tant que tête d’affiche et ne tournera plus pour Francis Veber, tandis que ce dernier ne retrouvera Gérard Depardieu que quinze ans plus tard pour Le Placard. Même si le score est inférieur à celui de La Chèvre (7 millions d’entrées) et des Compères (4,8 millions), Les Fugitifs est tout de même un triomphe en 1986. Le film attire près de 4,5 millions de spectateurs en France, plus de 20 millions en Union Soviétique et connaîtra même un remake en 1989 intitulé Les Trois fugitifs, avec Nick Nolte et Martin Schort, réalisé par Francis Veber lui-même, alors parti à Hollywood. Le réalisateur sera également nommé aux César en 1987 pour le meilleur scénario original.

LE BLU-RAY

Un peu plus de quatre ans après sa première édition HD chez EuropaCorp et surtout après le rachat du catalogue des films de Pierre Richard, Les Fugitifs refait son apparition dans les bacs sous la houlette de Gaumont ! Nouvelle édition HD restaurée, visuel différent. Le menu principal est fixe et muet.

L’ancienne édition ne comportait aucun supplément. Faute réparée ici avec un documentaire rétrospectif (28’) donnant en fait la parole à Francis Veber, Pierre Richard et, grand surprise, Anaïs Bret qui interprétait la petite Jeanne dans le film ! Tandis que nous découvrons de superbes images et photos de tournage et des répétitions, le réalisateur explique la difficulté d’écriture du scénario des Fugitifs. De son côté Pierre Richard partage ses souvenirs liés à son complice Gérard Depardieu et à la méthode Veber. Anaïs Bret, très charmante et qui est devenue professeur, se remémore les prises de vues avec ses partenaires, comment toute l’équipe s’occupait d’elle entre les prises.

L’interactivité se clôt sur un comparatif avant/après la restauration, ainsi que la bande-annonce composée de prises alternatives.

L’Image et le son

L’ancien master HD permettait aux couleurs de retrouver un peu de peps, une clarté évidente, une stabilité ainsi qu’un nouveau relief. La propreté de la copie était indéniable, la texture argentique flatteuse et la définition fort appréciable. Quelques fourmillements s’invitaient tout de même à la partie, le piqué était souvent doux et manquait de mordant, surtout sur les séquences sombres et nocturnes, tout comme dans le cabinet du vétérinaire aux lumières vertes et jaunes peu reluisantes. La gestion du grain était également aléatoire et les visages des comédiens tiraient sur le rosé. Nous accueillons donc ce nouveau master HD restauré avec une très grande joie. Les teintes sont nettement plus naturelles que sur le Blu-ray EuropaCorp, la carnation est également plus douce et équilibrée. Ce nouveau Blu-ray permet surtout d’apprécier les éclairages plus stylisés que dans nos souvenirs, du chef opérateur Luciano Tovoli. Même chose concernant les contrastes, plus équilibrés, autant sur les séquences diurnes que nocturne. Le grain est harmonieux, les détails plus éloquents.

La piste française DTS-HD Master Audio Mono 2.0 des Fugitifs est plutôt percutante. Aucun souffle n’est à déplorer, ni aucune saturation dans les aigus. Les dialogues sont vifs, toujours bien détachés, la musique de Vladimir Cosma est délivrée avec une belle ampleur. L’ensemble est aéré, propre, fluide et dynamique. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Gaumont Pathé Archives / Collection Personnelle d’Anaïs Bret / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Bagdad Café, réalisé par Percy Adlon

BAGDAD CAFÉ (Out of Rosenheim) réalisé par Percy Adlon, disponible en Blu-ray – Edition « 30ème anniversaire – Version restaurée » le 17 juillet 2018 chez Studiocanal

Acteurs : Marianne Sägebrecht, CCH Pounder, Jack Palance, Christine Kaufmann, Monica Calhoun, Darron Flagg…

Scénario : Eleonore Adlon, Percy Adlon, Christopher Doherty

Photographie : Bernd Heinl

Musique : Bob Telson

Durée : 1h49

Année de sortie : 1987

LE FILM

Suite à une dispute avec son mari, Jasmin, une femme d’origine bavaroise, atterri dans un petit hôtel miteux situé entre Las Vegas et DisneyLand : le Bagdad Café. L’endroit, dirigée par Brenda, une jeune femme bruyante et revêche, est un repère de routiers et de personnages fantasques. C’est dans ces conditions que va naître une amitié hors du commun entre Jasmin et Brenda, deux personnalités pourtant diamétralement opposées…

C’est l’histoire d’un petit film débarqué de nulle part, distribué sans trop y croire, rapidement devenu un véritable phénomène mondial. Bagdad Café titre international d’Out of Ronseheim, aura entre autres attiré près de 2,5 millions de spectateurs en France à sa sortie en avril 1988, devenant le huitième plus grand succès de l’année, entre Crocodile Dundee II et Liaison fatale. Comme une réaction chimique, les ingrédients ont formé un précipité d’émotions, d’humour et de tendresse qui a conquis le monde entier. Aujourd’hui encore, Bagdad Café reste un véritable miracle cinématographique, une œuvre unique, intemporelle, universelle, quasiment inclassable, tandis que résonne encore et toujours la sublime chanson Calling You avec la voix aérienne de Jevetta Steele, qui a également largement contribué au triomphe ainsi qu’à la postérité du film de Percy Adlon.

Jasmine Münchgstettner, une touriste allemande de la ville de Munich, quitte son mari et échoue en plein désert avec, pour tout bagage, la valise de son époux contenant la garde-robe très bavaroise de celui-ci et un jeu de magie. Elle atterrit au Bagdad Café, un motel poussiéreux, situé non loin de Las Vegas et longeant la célèbre Route 66. Le Bagdad Café est géré par Brenda, une femme épuisée et excédée, qui élève ses enfants, dont un fan de Bach, une ado fantasque et un petit-fils, sans pouvoir compter sur son fainéant de mari qui l’a quittée. Le café est le refuge de gentils marginaux : un serveur amérindien lymphatique, un ancien peintre décorateur d’Hollywood, une tatoueuse misanthrope ainsi qu’un campeur lanceur de boomerang. Jasmine bouleverse la vie de cette petite communauté et ramène la clientèle de routiers qui désertaient ce trou sinistre, grâce à un grand coup de ménage tout germanique et à ses talents de prestidigitatrice. Chacun, y compris Jasmine, voit sa vie transformée, notamment Brenda, qui trouve une amie et sourit à nouveau.

Bagdad Café est comme qui dirait le chaînon manquant entre le cinéma de Rainer Werner Fassbinder et celui David Lynch. Percy Adlon dresse le portrait des laissés pour comptes et des oubliés du célèbre « Rêve Américain ». En adoptant le point de vue d’une étrangère, magnifiquement campée par la comédienne bavaroise et très fellinienne Marianne Sägebrecht (Zuckerbaby, La Guerre des Rose), le réalisateur signe un film hors du temps, comme suspendu, et nimbe ce repère de paumés d’une couleur dorée hypnotique, comme si le soleil venait constamment caresser les personnages qui squattent le motel pourtant cradingue de Brenda, interprétée par l’incroyable CCH Pounder. Comme une peinture de Salvador Dalí, inspiration du chef opérateur Bernd Heinl pour ce qui est de l’utilisation des filtres jaunes, mais aussi d’Edward Hopper en ce qui concerne les décors, on pense d’ailleurs à son œuvre Gas, Bagdad Café révèle les sentiments enfouis de ses personnages solitaires. Chacun se dévoile progressivement, la confiance s’installe, la peur de l’autre fait place à l’amitié la plus intense et la plus intime.

Jasmine et Brenda, mais aussi Rudy le baba-cool (sublime Jack Palance), Debbie la tatoueuse excentrique et les autres portent leurs « bagages » avec eux, une histoire personnelle qui les a conduit dans cet endroit reculé du monde, au milieu de nulle part. Il ne leur manquait qu’un soupçon de magie pour que l’étincelle de la vie renaisse chez chacun, qu’ils voient la beauté de ceux qui les entourent. Avec sa sensibilité européenne et à l’instar de son compatriote Wim Wenders, Percy Adlon parvient à rendre hommage au visage caché de l’Amérique, l’une de ses richesses, le melting-pot. Au-delà de l’apparente rudesse, se cache en fait une infinie douceur, une plénitude, la joie d’être ensemble, de profiter de l’instant présent, de donner et de partager du plaisir et de l’amour même avec ceux qui ne sont que de passage sur cette Route 66. Ou quand les âmes égarées finissent par se reconnaître entre elles.

Bagdad Café est un film d’illusionniste qui procure un immense bien-être et auquel on revient sans cesse. En un mot, un chef d’oeuvre, justement récompensé par le César du meilleur film étranger en 1989.

LE BLU-RAY

Bagdad Café avait déjà bénéficié d’une sortie en Haute-Définition dite « Version longue – Director’s Cut » en 2009. En 2018, l’édition 30ème anniversaire – Version restaurée arrive dans les bacs ! Le disque repose dans un boîtier slim Digipack, reprenant un visuel colorié de la célèbre affiche du film. Le menu principal est fixe et musical. Il s’agit bien entendu du même montage que celui proposé en 2009 et qui contient donc forcément des passages non doublés en français, qui passent directement en version originale sous-titrée.

Cette édition comprend un commentaire audio de Percy Adlon et Marianne Sägebrecht. Les deux collaborateurs et surtout amis s’expriment en allemand (sous-titré en français) et reviennent sur tous les aspects de Bagdad Café, évidemment le film qui aura marqué le plus leur carrière. Bourré d’anecdotes, ce commentaire audio se suit avec un très grand plaisir, même si les deux intervenants peuvent parfois tomber dans l’autosatisfaction. Mais on ne leur en veut pas.

S’ensuit un reportage fort sympathique (24’) où le réalisateur, accompagné de son épouse (et coscénariste) et de leurs petites-filles, reviennent sur les lieux de tournage, quelques semaines avant la présentation du film au Festival de Cannes en séance Cannes Classics. Quelques vestiges demeurent, tandis que Percy Adlon partage quelques souvenirs liés aux prises de vues.

Plus anecdotique, un montage d’une vingtaine de minutes compile quelques images et photos du film, tandis que la voix de Percy Adlon résume l’intégralité de l’intrigue de Bagdad Café.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Bagdad Café refait surface à travers un tout nouveau master 4K ! Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette nouvelle copie comblera les très nombreux amateurs du film de Percy Adlon. La luminosité est éloquente, ainsi que la nouvelle tenue des contrastes, le grain argentique est sublime, tandis que l’usage des filtres colorés n’a jamais été aussi étincelant. Les gros plans regorgent de détails à l’instar de l’éclat des yeux de Marianne Sägebrecht et l’on parvient même à discerner les quelques trucs des tours de magie à la fin du film. Ce Blu-ray 30ème anniversaire est élégant, sans cesse flatteur pour les mirettes, un travail de haute qualité.

Bagdad Café est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio Stéréo. Même si la première est évidemment à privilégier, les deux pistes instaurent un confort acoustique plaisant avec une délivrance affûtée des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique culte. Les deux options acoustiques sont propres et sans souffle. L’éditeur joint également une piste allemande. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © PELEMELE 1987 / Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Madame Hyde, réalisé par Serge Bozon

MADAME HYDE réalisé par Serge Bozon, disponible en DVD le 31 juillet 2018 chez TF1 Studio

Acteurs : Isabelle Huppert, Romain Duris, José Garcia, Adda Senani, Guillaume Verdier, Patricia Barzyk, Pierre Léon, Roxane Arnal…

Scénario : Serge Bozon, Axelle Ropert d’après le roman de Robert Louis Stevenson « L’Etrange cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde » (« The Strange Case of Dr. Jekyll and Mister Hyde« )

Photographie : Céline Bozon

Musique : Benjamin Esdraffo

Durée : 1h31

Année de sortie : 2018

LE FILM

Mme Géquil, timide et maladroite professeure de physique dans un lycée professionnel de banlieue, est méprisée par ses élèves et ses collègues. Un jour, elle est foudroyée et sent en elle une énergie nouvelle, mystérieuse et dangereuse…

Comme dirait le héros du nanar Jaguar Force, « Mais pourquoi ? Pourquoooooooi ??!! ». C’est ce qu’on se dit durant les interminables 90 minutes de Madame Hyde, le nouveau supplice concocté par Serge Bozon (L’Amitié, Mods, La France), de retour derrière la caméra (ah bon?) cinq ans après l’abominable Tip Top. Pour son nouvel opus, il signe à nouveau le scénario avec Axelle Ropert, ce qui d’emblée n’est franchement pas rassurant. Madame Hyde se présente donc comme une libre adaptation contemporaine de l’oeuvre de Robert Louis Stevenson, L’Etrange cas du docteur Jekyll et de M. Hyde (1886). Pure arnaque, ce « film », puisqu’il faut bien le qualifier ainsi s’inscrit directement dans le top des plus mauvais de l’année et l’on se demande encore comment la grande Isabelle Huppert a pu se fourvoyer là-dedans pour la deuxième fois consécutive.

Madame Hyde est représentatif d’un cinéma élitiste, qui pense faire de l’art en se filmant le nombril et en usant de blagues pas drôles qui font se gausser les producteurs en manque de notoriété. Réalisateur, critique de cinéma aux Cahiers et comédien, Serge Bozon pense faire de l’humour, mais ne comprend rien au slapstick, ni même à la mise en scène, encore moins à la direction d’acteurs. Le pauvre José Garcia en fait les frais dans le rôle ingrat de monsieur Géquil, homme au foyer, qui se contente de faire la popote et de prendre soin de sa femme. Rien, absolument rien ne fonctionne dans Madame Hyde. A part peut-être la prestation de Romain Duris, qui a visiblement l’air de se demander ce qu’il fout là-dedans, mais qui du coup s’amuse à composer un personnage infect, un proviseur arrogant tiré à quatre épingles, très précieux avec la mèche Auteuil-Neuilly-Passy. Il est de loin la seule raison valable de se taper le film jusqu’au bout. Sans lui, visionner Madame Hyde serait vraiment une épreuve insoutenable.

La photo est laide, le rythme jamais maîtrisé, les comédiens neurasthéniques, l’ensemble sans intérêt. Le pire, c’est que le film se donne des airs pour finalement ne rien raconter. La mise en scène est impersonnelle, sans âme. On suit donc difficilement (euphémisme) les aventures de cette prof fatiguée, qui ne parvient pas à se faire respecter malgré les années d’enseignement. Suite à une expérience scientifique qui tourne mal, elle se retrouve dotée de pouvoirs et se transforme quand vient la Lune Rousse. Elle devient alors incandescente et s’en va faire respecter la loi dans la cité où s’affrontent quelques jeunes chanteurs de rap. Sinon, Serge Bozon semble se foutre de tout, de son scénario, de ses acteurs. Tout part en sucette dès les premières minutes et finalement Madame Hyde s’apparente à un épisode de l’émission E=M6 qui aurait été déprogrammé car jugé trop ennuyeux pour les spectateurs. Quand le personnage d’Isabelle Huppert entreprend d’expliquer un problème de mathématiques à l’un de ses élèves en difficulté, le réalisateur croit bon de nous faire un cours particulier en plan fixe, qui dure, et qui dure encore, et qui nous renvoie aux cours de madame Baillet au Collège Alfred de Musset de Patay. Franchement, pourquoi ?

Le hic, c’est que des trucs du même genre et aussi bavards fleurissent encore et toujours dans les salles, qu’ils squattent les cinémas et surtout des salles vides puisque même les cinéphiles les plus avertis n’hésitent plus à fuir devant l’ignominie de ce qu’on leur propose. Cinéma d’auteur d’accord, liberté de ton OK, humour loufoque soit, mais il faudrait peut-être arrêter de prendre les spectateurs pour des cons et de penser que l’on peut tenir un discours vieux de plus de vingt ans (ici sur l’éducation, la banlieue, la transmission, le racisme) sous couvert de fausse originalité. Autant revoir Le Plus beau métier du monde de Gérard Lauzier avec un immense Gérard Depardieu ou bien encore De bruit et de fureur de Jean-Claude Brisseau.

LE DVD

Le test du DVD de Madame Hyde, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Ce master (1.66) offre des conditions de visionnage banales et sans esbroufe. La colorimétrie est plutôt bien agencée, aux teintes pastel, mais la définition demeure passable, même sur les quelques plans rapprochés avec des visages très blafards. La clarté est de mise, les contrastes corrects, cependant le piqué manque de précision et certaines séquences apparaissent plus ternes que d’autres.

Madame Hyde n’est pas à proprement parler d’un film à effets, mais la piste Dolby Digital 5.1 parvient à distiller ici et là quelques ambiances. La plupart des séquences reposent sur les dialogues et le mixage se concentre souvent sur les enceintes avant. La spatialisation est essentiellement musicale, les effets latéraux sont rares. Même chose pour la piste Stéréo, amplement suffisante pour un film de cet acabit. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également au programme, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Haut et Court / TF1 Studios / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Game Night, réalisé par Jonathan Goldstein & John Francis Daley

GAME NIGHT réalisé par Jonathan Goldstein & John Francis Daley, disponible en DVD et Blu-ray le 22 août 2018 chez Warner Bros.

Acteurs : Jason Bateman, Rachel McAdams, Kyle Chandler, Sharon Horgan, Billy Magnussen, Lamorne Morris, Kylie Bunbury, Jesse Plemons, Michael C. Hall…

Scénario : Mark Perez

Photographie : Barry Peterson

Musique : Cliff Martinez

Durée : 1h40

Année de sortie : 2018

LE FILM

Pour pimenter leur vie de couple, Max et Annie animent un jeu une nuit par semaine. Cette fois ils comptent sur Brooks, le frère charismatique de Max, pour organiser une super soirée à thème autour du polar, avec vrais faux malfrats et agents fédéraux ! Brooks a même prévu de se faire enlever… sauf qu’il reste introuvable. En tentant de résoudre l’énigme, nos joueurs invétérés commencent à comprendre qu’ils se sont peut-être trompés sur toute la ligne. De fausse piste en rebondissement, ils n’ont plus aucun point de repère et ne savent plus s’il s’agit encore d’un jeu… ou pas. Cette nuit risque bien d’être la plus délirante – et la plus dangereuse – de toute leur carrière de joueurs…

Cela fait plus de trente ans que Jason Bateman (né en 1969) traverse le cinéma américain, en se spécialisant notamment dans la comédie. En tant que second rôle (Allumeuses !, Starsky et Hutch, Dodegball ! Même pas mal !, La Rupture, Hancock) ou au premier plan (Une famille très moderne, Comment tuer son boss ?, Echange standard, Arnaque à la carte), l’acteur a toujours su s’imposer. Son nom reste toutefois méconnu dans nos contrées, même si son visage illuminé par ses petits yeux ronds marque souvent les spectateurs. Pour Game Night, il retrouve les scénaristes de Comment tuer son boss ? (John Francis Daley) et Comment tuer son boss ? 2 (Jonathan Goldstein), déjà passés à la mise en scène en 2015 avec Vive les vacances. Game Night est une comédie savoureuse menée à cent à l’heure, interprétée par des acteurs survoltés menés par Jason Bateman donc, mais aussi par la sublime Rachel McAdams, qui se renvoient la réplique désopilante durant 1h40. Non seulement Game Night est l’un des films les plus drôles de l’année 2018 (la scène du chien tâché de sang est même hilarante), mais il est également excellemment mis en scène (la course à l’oeuf de Fabergé tournée en – faux – plan-séquence !) et se permet même de flirter avec le thriller et le polar, en convoquant notamment le désormais classique de David Fincher, The Game. Excellent jusqu’au générique de fin, également un grand morceau de bravoure.

Des amis se réunissent régulièrement chez Max et Annie pour jouer à des jeux de société. Leur voisin tente avec insistance de se faire inviter. Un jour, Max reçoit la visite de son frère Brooks qui a financièrement réussi dans la vie. Brooks les invite à une soirée de jeux qu’ils n’oublieront pas. Arrivés sur les lieux, ils apprennent que le gagnant de la soirée sera l’heureux propriétaire d’une voiture sport des années 1960. Quelques instants plus tard, un agent du FBI entre dans la maison, leur explique que des kidnappeurs sévissent dans le quartier et qu’ils n’ont que quelques heures pour libérer une personne grâce aux indices se trouvant dans un dossier qu’il leur remet. Deux hommes masqués font irruption dans la maison et enlèvent Brooks devant les yeux des invités qui observent la situation avec insouciance, croyant qu’il s’agit d’une mise en scène. Les kidnappeurs et le frère partis, les trois couples commencent à rechercher des indices.

Quel pied ! Non seulement Game Night est une comédie très bien écrite, mais la réalisation est aussi très inventive, les metteurs en scène transformant la ville d’Atlanta et sa banlieue résidentielle en véritable plateau de jeu de société. Les quiproquos s’enchaînent sur un rythme trépidant, la photo du chef opérateur Barry Peterson (21 Jump Street, Agents presque secrets) est très élégante et les acteurs y vont à fond. Si le couple principal est aussi génial que beau à regarder (forever Rachel…), Kyle Chandler s’éclate dans un rôle à contre-emploi, mais c’est surtout Jesse Plemons qui tire son épingle du jeu et vole toutes les scènes à chaque apparition dans la peau du voisin étrange de Max et Annie. Constamment vêtu de son uniforme de la police, son petit chien dans les bras et avec son faux air de Matt Damon, Jesse Plemons, vu dernièrement dans Pentagon Papers de Steven Spielberg et The Master de Paul Thomas Anderson, crève l’écran et campe l’un des personnages les plus marquants de l’année 2018 au cinéma.

Ce véritable jeu de pistes, gros succès aux Etats-Unis, mais relativement passé inaperçu en France, mérite une seconde chance chez nous, mais on parie que ce film burlesque, à l’humour noir revigorant et absurde parviendra à se faire une petite renommée.

LE BLU-RAY

Game Night tente une nouvelle percée en France avec sa sortie en DVD et Blu-ray chez Warner Bros. L’édition HD repose dans un boîtier écolo (moins de plastique donc) et la jaquette reprend le visuel de l’affiche français d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Edition minimaliste pour Game Night. C’est dommage. Il faudra se contenter d’un pseudo making-of (4’) composé d’images de tournage et d’interviews de l’équipe. On aurait aimé en savoir plus sur la création du plan-séquence de la course à l’oeuf !

L’interactivité se clôt sur un bêtisier (7’).

L’Image et le son

L’éditeur livre un Blu-ray parfait avec son lot de détails confondants sur le cadre large 2.40. La colorimétrie est sublime, la profondeur de champ est éloquente, les blancs brillants et les gros plans, tout comme les superbes panoramas sur Atlanta, bénéficient d’un piqué pointu au relief impressionnant. Les très nombreuses séquences nocturnes sont sublimes, fluides, avec de belles ambiances tamisées, des noirs denses et une restitution des textures appliquées. C’est ce qu’on appelle un transfert élégant.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 anglais, aussi percutant dans les scènes de poursuites que dans les échanges traditionnels. Les séquences sur le tarmac ou durant la course à l’oeuf peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. En revanche, la piste française, proposée dans un pauvre Dolby Digital 5.1, parvient à s’en sortir, même s’il n’y a pas de comparaison possible avec la version originale.

Crédits images : ©  2018 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. AND RATPAC-DUNE ENTERTAINMENT LLC / Hopper Stone / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr